Texte intégral
Jai tenu absolument à venir à ce Congrès des élus de la montagne afin de marquer mon attachement à une politique ambitieuse pour la montagne. La montagne est un atout considérable pour notre pays. Chacun connaît lattachement de tous les Français aux zones de montagne. Chacun connaît les atouts que représentent les productions de la montagne. Je le dis comme ministre de lagriculture : je pense aux AOP fromagères, je pense aux productions montagnardes, aux vins de la montagne. Chacun connaît aussi lattachement de tous les Français à la beauté des paysages qui représente une source dattractivité majeure pour notre pays. Chacun sait aussi quelles valeurs véhicule la montagne française, lauthenticité et la droiture de ces valeurs. Cest un territoire auquel lensemble de la France est attaché.
Je suis ici comme ministre de lagriculture, comme ministre de la ruralité, comme ministre de laménagement du territoire, comme ministre de la pêche aussi. Chacune de ces compétences correspond aussi à une compétence et à un atout particulier de la montagne. Et chacune mérite dêtre valorisée.
Je connais parfaitement vos inquiétudes concernant le bilan de la Loi Montagne. Patrick Ollier qui est au gouvernement avec moi sait que jessaye de faire mon travail avec le plus de sérieux possible. Donc, avant de venir, jai lu ce bilan de la Loi Montagne. Jai regardé attentivement la Loi qui date maintenant de 25 ans. Jai regardé le rapport. Je lai lu.
Il y a en matière administrative, en matière législative, des bons rapports et des mauvais rapports. Ce rapport, je le dis comme je le pense, est un mauvais rapport.
Il ne correspond pas à nos attentes en faveur de la montagne. Je dis bien nos attentes, pas spécialement les attentes des élus de la montagne. Je suis élu en Haute-Normandie qui est une région absolument magnifique mais qui na comme seul défaut que dêtre assez peu montagneuse. Mais il nempêche que jai un attachement, comme nimporte quel citoyen français, à la défense de la montagne. Et lorsque je vois que ce rapport commence par mettre en avant des notions de ruralité, à essayer de nous expliquer que lon peut confondre la ruralité normande avec la ruralité savoyarde par exemple, ou la ruralité pyrénéenne, je me dis que tout cela na pas de sens. Ce sont des réalités différentes. Ce sont des économies différentes. Et il nest pas question de diluer lidentité de la montagne dans une notion beaucoup plus vaste de ruralité.
Jai vu aussi la manière de mettre en avant les idées de massifs. Bien sûr que les massifs correspondent à une réalité géographique, à une réalité économique, peut-être même dailleurs à une réalité sociale ou identitaire. Il faut en tenir compte mais le message principal que je viens passer ici est quil y a une seule montagne, quil y a une solidarité de la montagne, quil y a un fait de la montagne, quil y a une vérité de la montagne et cela doit être défendu.
Alors on a tous à regarder ce qui na pas fonctionné pour relancer cette Loi Montagne. Relancer aussi les instruments qui ont été créés. Je pense, en particulier, au Conseil national de la montagne dont je reconnais bien volontiers en y prenant toute ma responsabilité quil na pas fonctionné comme il aurait dû fonctionner. Par conséquente, je vous lannonce à la demande du premier ministre : je réunirai le Conseil national de la montagne le 17 novembre pour nous permettre de discuter dans le détail du bilan de la Loi Montagne en associant tous les élus concernés et en essayant de mettre en place un calendrier de réunions du Conseil national de la montagne beaucoup plus régulier que ce qui existait auparavant. Cest ce qui nous permettra de relancer une politique unitaire, une politique coordonnée en faveur de la montagne.
Cette politique, je souhaite quelle avance dans trois directions qui correspondent, je crois, aux intérêts des élus de la montagne et des habitants de la montagne.
Le premier point, cest la garantie de légalité daccès à un certains nombre de technologies, à un certain nombre davantages la modernité pour tous les territoires français, y compris les territoires de montagne.
Je donne juste un exemple qui est celui de laccès au numérique. Bien entendu quy accéder dans les zones de montagne sera toujours plus difficile que dy accéder dans les zones de plaine. Raison de plus pour continuer à se moderniser fortement afin que vous ayez un accès égalitaire à ces technologies modernes. Cest une des conditions majeures du développement des zones de montagne.
Nous avons avancé sur la télévision numérique terrestre. Les Vosges et le Jura ont été équipés en 2010, la région Rhône-Alpes et le Massif Central début 2011. Je souhaite que nous accélérions le mouvement pour les Alpes du Sud et pour les Pyrénées où les opérations de déploiement ont commencé. Elles doivent être achevées dans les meilleurs délais.
Sagissant de la téléphonie mobile dont personne ne peut se passer, y compris dans les zones de montagne, où je fais régulièrement le constat quil reste encore trop de zones blanches. Même si leur plan de résorption touche à sa fin, il faut que nous continuions à accélérer ce déploiement et que pour la 4 G où la vente des licences a déjà été organisée de façon à bénéficier en premier lieu aux zones de massifs, là où les communes sont le mieux regroupées, nous continuions aussi nos efforts afin que la résorption soit totale dans les meilleurs délais possibles.
Troisième orientation sur ces technologies modernes : les investissements en faveur des travaux de couverture numérique de laccès au très haut débit. Cest une priorité absolue. Vous ne ferez pas venir des médecins ou des activités demplois, vous ne ferez pas le maintien dun certain nombre dactivités économiques si vous navez pas dans les zones de montagne un accès au très haut débit.Je sais que cest un défi considérable à relever mais cest un défi dont dépend lavenir de toutes les zones de montagne en France. Il faudra donc que nous retroussions les manches et que nous poursuivions les efforts qui ont été engagés.
Nous avons décidé avec le président de la République et le premier ministre deux milliards deuros des investissements davenir pour le lancement des premiers travaux de couverture numérique. Nous avons décidé de faire un effort pour les zones les moins denses dont font partie naturellement les zones de montagne.
Sur ces deux milliards deuros, neuf cent millions deuros vont être affectés au soutien des projets de collectivité dans des communes sur lesquelles les opérateurs nont pas pris dengagement de déployer leur propre réseau.
LEtat soutiendra par ailleurs, pour cent millions deuros, les projets complémentaires. : montée en débit, déploiement de réseaux hertziens ou satellitaires susceptibles de couvrir les zones les moins denses.
Enfin, lEtat fera en sorte quune fois la majorité de la population couverte par le très haut débit, une démarche systématique soit engagée pour la couverture des zones récentes en très haut débit fixe et/ou en débit mobile.
Quest-ce que cela veut dire au-delà des éléments techniques ? Les choses sont très simples. Les opérateurs privés ont évidemment moins dintérêt à aller investir dans des zones où la population est moins nombreuse et les coûts dinstallation plus élevés. Cest la responsabilité de lEtat de garantir la solidarité et légalité dans laccès à la couverture au très haut débit. Cest la responsabilité de lEtat de faire en sorte que dans les zones où les populations sont moins nombreuses, où laccès est plus difficile, où les voies de communication sont plus compliquées à mettre en oeuvre, tout soit fait pour que vous ayez accès au numérique et au très haut débit. Cest à nous de faire en sorte que les réseaux soient aussi efficaces dans les zones de montagne quailleurs.
Les zones de massif doivent accéder dans les mêmes conditions que les autres à linformation en ligne et au développement en ligne.
Le programme national très haut débit augmentera donc le taux daide en fonction de la ruralité des territoires et des nombres dhabitants. Vous savez que le plan national très haut débit court jusquen 2025. Nous sommes tous parfaitement conscients que les neuf cents millions deuros consacrés en priorité aux zones où la population est moins dense ne suffiront pas à couvrir tous les besoins. Il est donc nécessaire que nous définissions rapidement les modalités de financement du fonds daménagement numérique des territoires. Nous avons un appel à projets qui permet de couvrir les premières difficultés. Nous allons regarder ensuite comment financer ensuite ce fonds daménagement numérique. Mais je le redis : lEtat a vocation à compléter ce que les opérateurs privés ne pourront pas faire pour des raisons dintérêt économique.
Deuxième élément de cette politique de la montagne que je souhaite pouvoir développer dans les mois qui viennent : la valorisation dun certain nombre dactivités économiques qui correspondent aux intérêts de vos territoires. Pour ce qui me concerne, je citerai uniquement la question du potentiel forestier des territoires de montagne qui doit faire partie impérativement des grandes orientations de notre pays. Avoir une forêt qui couvre le tiers du territoire français, avoir une forêt qui pour les territoires de montagne est un atout considérable, avoir des dizaines de milliers demplois dans cette filière bois dans les zones de montagne comme dans les autres zones en France ;et de lautre côté avoir cinq ou six milliards deuros chaque année de déficit commercial sur la filière bois, cest quil y a un problème. Cest que nous navons pas su tirer partie de nos atouts. Cest que nous navons pas sur valoriser nos territoires comme nous devrions les valoriser.
Avec la loi de modernisation de lagriculture et de la pêche, nous avons mis en place un plan pluriannuel régional de développement forestier. Il doit permettre de cibler les aides sur les massifs prioritaires. Le Conseil national de la montagne a dailleurs proposé linstauration dune aide à la mobilisation du bois en montagne. Je souhaite quon étudie cette possibilité. Nous devons repartir à la conquête de la filière bois dans la montagne. Il nest pas question que nous laissions cet atout économique de côté.
Se pose la question des frais de garderie. Afin dassurer le financement de lONF, les communes forestières se sont engagées à apporter une contribution de deux euros par hectare de forêt. Cest la contrepartie du maintien du régime forestier et de la mission de service public quassure lONF au bénéfice de nos communes. Je pense notamment à son action au niveau du service de restauration des terrains de montagne. Je tiens à vous confirmer que nous maintiendrons un taux de garderie réduit pour les zones de montagne de façon à ne pas grever davantage les finances de leurs communes.
Troisième grande orientation qui est peut-être la plus importante aux yeux du ministre de lagriculture : le soutien à lagriculture de montagne. Cest un choix politique, comme le numérique, comme le développement de la filière bois, comme le développement de filières économiques particulières pour les zones de montagne.
Nous ne maintiendrons pas naturellement lagriculture dans la montagne. Nous la maintiendrons si nous en faisons tous le choix : les élus, les citoyens, les Etats européens, la commission européenne. Cest un choix politique. Il serait beaucoup plus facile et en même temps ce serait une faute politique majeure de dire que nous allons concentrer toutes les exploitations agricoles dans des grandes zones de plaine en faisant des exploitations gigantesques, produisant à des coûts réduits des produits agricoles standards. Ca cest la solution de facilité. Cest la solution qui est contraire à lidentité française. Cest la solution qui est contraire aux intérêts de nos régions. Cest la solution qui est contraire aux intérêts de la montagne. Et cest la solution que veulent nous imposer certains Etats et contre laquelle je me bats depuis plus de deux ans que je suis ministre de lagriculture.
Il y a une autre voie qui est une voie, à la fois beaucoup plus difficile, beaucoup plus exigeante et en même temps beaucoup plus rentable pour les intérêts français, quil sagisse dintérêts économiques, dintérêts sociaux, ou simplement de la préservation de notre caractère national.
Cette voie, cest le maintien dune agriculture dans tous les territoires français sans exception. Cest le maintien dune agriculture diversifiée. Cest le maintien dune agriculture attachée à la réalité et aux caractéristiques propres des territoires. Cest une agriculture qui nest pas simplement la production dun produit standardisé au prix le plus bas mais qui est liée à une qualité particulière des produits. Je dirai même à une qualité particulière des hommes et des femmes qui réalisent ces produits, à leur tradition, à leur culture, à leur savoir-faire ancestral. Je défends une vision de lagriculture française. Et cest dans ce cadre là que je défends lagriculture de montagne.
Jai mis en place des mesures structurelles : la taxe sur la consommation du foncier agricole, enjeu essentiel pour le maintien de lagriculture de montagne car les terres agricoles diminuent à un rythme excessif en France. Cest léquivalent dun département que nous perdons tous les deux ans. Et dans les zones de montagne le rythme est encore plus rapide. Il y a donc urgence à ralentir ce rythme de pertes de terres agricoles. Et si jai tenu à taxer la spéculation sur les terres agricoles, cest parce que je souhaite que les jeunes agriculteurs puissent continuer à sinstaller dans de bonnes conditions.
Même logique pour le décret sur les circuits courts de commercialisation. Il consiste à dire très simplement que les collectivités locales doivent avoir le droit de choisir un produit local pour leur cantine scolaire, pour la restauration collective, plutôt quun produit qui aurait parcouru 2.OOO ou 3.000 kms mais qui serait moins cher. Le prix ne doit pas être le seul critère. Il faut que vous tous, élus locaux, élus nationaux, vous puissiez choisir un produit qui a été réalisé à proximité de votre commune de façon à valoriser votre production locale.
Cest la première fois que la Commission européenne a accepté de modifier le droit à la concurrence pour valoriser les circuits courts.
Le plan de développement par filière avec un soutien spécial à la modernisation des bâtiments (300 millions deuros sur trois ans) est absolument essentiel aussi pour les zones de montagne où mettre aux normes une installation revient à 30 % plus cher quailleurs. Cela mérite soutien à partir du moment où on fait ce choix du maintien dune agriculture en montagne.
Avec le bilan de santé de la PAC, nous avons revalorisé lagriculture de montagne. Je rends hommage à mon prédécesseur, Michel Barnier, qui a obtenu la réorientation de plus de 700 millions deuros daide en faveur des élevages à lherbe. Je soutiens cette décision particulièrement opportune.
Nous avons revalorisé lindemnité compensatrice de handicap naturel à hauteur de 50 % pour les 23 premiers hectares. Cest là aussi un choix très clair en faveur de lagriculture de montagne.
45 millions daide ont été consacrés au lait de montagne depuis 2010 avec une aide de 20 euros par 1000 litres de quotas. Cest aussi un signe très tangible du soutien que je tiens à apporter à lagriculture de montagne.
Pour pouvoir maintenir ce montant daide, priorité absolue au maintien du budget de la politique agricole commune qui était pourtant menacé dune diminution de lordre de 30 à 40 % lorsque je suis arrivé au ministère de lagriculture.
Ce qui aurait voulu dire pour toutes les aides à lagriculture de montagne 20, 30 ou 40 % daides en moins. Cétait la fin de lagriculture de montagne.
Jai fait le tour des pays européens. Jai construit une position commune avec lAllemagne. Et nous avons obtenu que la base de négociation qui est aujourdhui sur la table de tous les Etats européens, ce soit un budget de la PAC maintenu à un euro près. En ayant cette base, nous avons la possibilité de maintenir les aides de montage à leuro près.
Je continuerai à me battre afin que dans la future PAC tous les instruments, je dis bien tous les instruments, de soutien à lagriculture de montagne soient maintenus à leuro près.
LICHN est indispensable au maintien de lagriculture de montagne. Elle représente 520 millions deuros. Si nous perdons cette indemnité compensatrice, ce sont des milliers dexploitations qui fermeront. Eh bien je trouve que ça vaut le coup de se battre pour ces 520 millions deuros.
Je souhaiterais que derrière les enveloppes, derrière les budgets, chacun voit bien le travail des hommes et des femmes qui se battent pour maintenir leur exploitation, qui travaillent sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre à élever leurs bêtes ou à produire leur lait pour faire en sorte que nous gardions une production agricole de montagne.
Défendre lagriculture de montagne, cest défendre une certaine idée du modèle agricole européen.
LEurope a un choix très clair à faire en matière agricole. Est-ce quelle se réoriente vers un modèle qui est le modèle du Brésil, de lArgentine, dun certain nombre de grands pays agricoles qui visent à concentrer de plus en plus les exploitations jusquà ce quelles atteignent des tailles démesurées, sans respect de lenvironnement, sans respect du bienêtre animal, sans respect de la qualité des produits pour essayer de produire une alimentation au prix le moins cher possible quitte à sacrifier la qualité et la diversité des produits ?
Ou est-ce quau contraire lEurope se bat pour maintenir une agriculture de qualité, respectueuse de lenvironnement, développant les élevages à lherbe, respectueuse de la diversité des produits, attachée au goût et à la singularité des produits agricoles ? Cest cette bataille que je livre depuis plus de deux ans. Cest cette bataille que je veux continuer à livrer et je veux la livrer avec tous ceux qui sont les plus concernés : vous-mêmes les élus de la montagne, les représentants des citoyens de la montagne.
Je suis de tout coeur avec vous. Nous ferons reconnaître encore davantage la singularité de la montagne et lEtat sera à vos côtés pour maintenir la qualité et la vérité de cette montagne française.
Source http://www.anem.org, le 25 novembre 2011
Je suis ici comme ministre de lagriculture, comme ministre de la ruralité, comme ministre de laménagement du territoire, comme ministre de la pêche aussi. Chacune de ces compétences correspond aussi à une compétence et à un atout particulier de la montagne. Et chacune mérite dêtre valorisée.
Je connais parfaitement vos inquiétudes concernant le bilan de la Loi Montagne. Patrick Ollier qui est au gouvernement avec moi sait que jessaye de faire mon travail avec le plus de sérieux possible. Donc, avant de venir, jai lu ce bilan de la Loi Montagne. Jai regardé attentivement la Loi qui date maintenant de 25 ans. Jai regardé le rapport. Je lai lu.
Il y a en matière administrative, en matière législative, des bons rapports et des mauvais rapports. Ce rapport, je le dis comme je le pense, est un mauvais rapport.
Il ne correspond pas à nos attentes en faveur de la montagne. Je dis bien nos attentes, pas spécialement les attentes des élus de la montagne. Je suis élu en Haute-Normandie qui est une région absolument magnifique mais qui na comme seul défaut que dêtre assez peu montagneuse. Mais il nempêche que jai un attachement, comme nimporte quel citoyen français, à la défense de la montagne. Et lorsque je vois que ce rapport commence par mettre en avant des notions de ruralité, à essayer de nous expliquer que lon peut confondre la ruralité normande avec la ruralité savoyarde par exemple, ou la ruralité pyrénéenne, je me dis que tout cela na pas de sens. Ce sont des réalités différentes. Ce sont des économies différentes. Et il nest pas question de diluer lidentité de la montagne dans une notion beaucoup plus vaste de ruralité.
Jai vu aussi la manière de mettre en avant les idées de massifs. Bien sûr que les massifs correspondent à une réalité géographique, à une réalité économique, peut-être même dailleurs à une réalité sociale ou identitaire. Il faut en tenir compte mais le message principal que je viens passer ici est quil y a une seule montagne, quil y a une solidarité de la montagne, quil y a un fait de la montagne, quil y a une vérité de la montagne et cela doit être défendu.
Alors on a tous à regarder ce qui na pas fonctionné pour relancer cette Loi Montagne. Relancer aussi les instruments qui ont été créés. Je pense, en particulier, au Conseil national de la montagne dont je reconnais bien volontiers en y prenant toute ma responsabilité quil na pas fonctionné comme il aurait dû fonctionner. Par conséquente, je vous lannonce à la demande du premier ministre : je réunirai le Conseil national de la montagne le 17 novembre pour nous permettre de discuter dans le détail du bilan de la Loi Montagne en associant tous les élus concernés et en essayant de mettre en place un calendrier de réunions du Conseil national de la montagne beaucoup plus régulier que ce qui existait auparavant. Cest ce qui nous permettra de relancer une politique unitaire, une politique coordonnée en faveur de la montagne.
Cette politique, je souhaite quelle avance dans trois directions qui correspondent, je crois, aux intérêts des élus de la montagne et des habitants de la montagne.
Le premier point, cest la garantie de légalité daccès à un certains nombre de technologies, à un certain nombre davantages la modernité pour tous les territoires français, y compris les territoires de montagne.
Je donne juste un exemple qui est celui de laccès au numérique. Bien entendu quy accéder dans les zones de montagne sera toujours plus difficile que dy accéder dans les zones de plaine. Raison de plus pour continuer à se moderniser fortement afin que vous ayez un accès égalitaire à ces technologies modernes. Cest une des conditions majeures du développement des zones de montagne.
Nous avons avancé sur la télévision numérique terrestre. Les Vosges et le Jura ont été équipés en 2010, la région Rhône-Alpes et le Massif Central début 2011. Je souhaite que nous accélérions le mouvement pour les Alpes du Sud et pour les Pyrénées où les opérations de déploiement ont commencé. Elles doivent être achevées dans les meilleurs délais.
Sagissant de la téléphonie mobile dont personne ne peut se passer, y compris dans les zones de montagne, où je fais régulièrement le constat quil reste encore trop de zones blanches. Même si leur plan de résorption touche à sa fin, il faut que nous continuions à accélérer ce déploiement et que pour la 4 G où la vente des licences a déjà été organisée de façon à bénéficier en premier lieu aux zones de massifs, là où les communes sont le mieux regroupées, nous continuions aussi nos efforts afin que la résorption soit totale dans les meilleurs délais possibles.
Troisième orientation sur ces technologies modernes : les investissements en faveur des travaux de couverture numérique de laccès au très haut débit. Cest une priorité absolue. Vous ne ferez pas venir des médecins ou des activités demplois, vous ne ferez pas le maintien dun certain nombre dactivités économiques si vous navez pas dans les zones de montagne un accès au très haut débit.Je sais que cest un défi considérable à relever mais cest un défi dont dépend lavenir de toutes les zones de montagne en France. Il faudra donc que nous retroussions les manches et que nous poursuivions les efforts qui ont été engagés.
Nous avons décidé avec le président de la République et le premier ministre deux milliards deuros des investissements davenir pour le lancement des premiers travaux de couverture numérique. Nous avons décidé de faire un effort pour les zones les moins denses dont font partie naturellement les zones de montagne.
Sur ces deux milliards deuros, neuf cent millions deuros vont être affectés au soutien des projets de collectivité dans des communes sur lesquelles les opérateurs nont pas pris dengagement de déployer leur propre réseau.
LEtat soutiendra par ailleurs, pour cent millions deuros, les projets complémentaires. : montée en débit, déploiement de réseaux hertziens ou satellitaires susceptibles de couvrir les zones les moins denses.
Enfin, lEtat fera en sorte quune fois la majorité de la population couverte par le très haut débit, une démarche systématique soit engagée pour la couverture des zones récentes en très haut débit fixe et/ou en débit mobile.
Quest-ce que cela veut dire au-delà des éléments techniques ? Les choses sont très simples. Les opérateurs privés ont évidemment moins dintérêt à aller investir dans des zones où la population est moins nombreuse et les coûts dinstallation plus élevés. Cest la responsabilité de lEtat de garantir la solidarité et légalité dans laccès à la couverture au très haut débit. Cest la responsabilité de lEtat de faire en sorte que dans les zones où les populations sont moins nombreuses, où laccès est plus difficile, où les voies de communication sont plus compliquées à mettre en oeuvre, tout soit fait pour que vous ayez accès au numérique et au très haut débit. Cest à nous de faire en sorte que les réseaux soient aussi efficaces dans les zones de montagne quailleurs.
Les zones de massif doivent accéder dans les mêmes conditions que les autres à linformation en ligne et au développement en ligne.
Le programme national très haut débit augmentera donc le taux daide en fonction de la ruralité des territoires et des nombres dhabitants. Vous savez que le plan national très haut débit court jusquen 2025. Nous sommes tous parfaitement conscients que les neuf cents millions deuros consacrés en priorité aux zones où la population est moins dense ne suffiront pas à couvrir tous les besoins. Il est donc nécessaire que nous définissions rapidement les modalités de financement du fonds daménagement numérique des territoires. Nous avons un appel à projets qui permet de couvrir les premières difficultés. Nous allons regarder ensuite comment financer ensuite ce fonds daménagement numérique. Mais je le redis : lEtat a vocation à compléter ce que les opérateurs privés ne pourront pas faire pour des raisons dintérêt économique.
Deuxième élément de cette politique de la montagne que je souhaite pouvoir développer dans les mois qui viennent : la valorisation dun certain nombre dactivités économiques qui correspondent aux intérêts de vos territoires. Pour ce qui me concerne, je citerai uniquement la question du potentiel forestier des territoires de montagne qui doit faire partie impérativement des grandes orientations de notre pays. Avoir une forêt qui couvre le tiers du territoire français, avoir une forêt qui pour les territoires de montagne est un atout considérable, avoir des dizaines de milliers demplois dans cette filière bois dans les zones de montagne comme dans les autres zones en France ;et de lautre côté avoir cinq ou six milliards deuros chaque année de déficit commercial sur la filière bois, cest quil y a un problème. Cest que nous navons pas su tirer partie de nos atouts. Cest que nous navons pas sur valoriser nos territoires comme nous devrions les valoriser.
Avec la loi de modernisation de lagriculture et de la pêche, nous avons mis en place un plan pluriannuel régional de développement forestier. Il doit permettre de cibler les aides sur les massifs prioritaires. Le Conseil national de la montagne a dailleurs proposé linstauration dune aide à la mobilisation du bois en montagne. Je souhaite quon étudie cette possibilité. Nous devons repartir à la conquête de la filière bois dans la montagne. Il nest pas question que nous laissions cet atout économique de côté.
Se pose la question des frais de garderie. Afin dassurer le financement de lONF, les communes forestières se sont engagées à apporter une contribution de deux euros par hectare de forêt. Cest la contrepartie du maintien du régime forestier et de la mission de service public quassure lONF au bénéfice de nos communes. Je pense notamment à son action au niveau du service de restauration des terrains de montagne. Je tiens à vous confirmer que nous maintiendrons un taux de garderie réduit pour les zones de montagne de façon à ne pas grever davantage les finances de leurs communes.
Troisième grande orientation qui est peut-être la plus importante aux yeux du ministre de lagriculture : le soutien à lagriculture de montagne. Cest un choix politique, comme le numérique, comme le développement de la filière bois, comme le développement de filières économiques particulières pour les zones de montagne.
Nous ne maintiendrons pas naturellement lagriculture dans la montagne. Nous la maintiendrons si nous en faisons tous le choix : les élus, les citoyens, les Etats européens, la commission européenne. Cest un choix politique. Il serait beaucoup plus facile et en même temps ce serait une faute politique majeure de dire que nous allons concentrer toutes les exploitations agricoles dans des grandes zones de plaine en faisant des exploitations gigantesques, produisant à des coûts réduits des produits agricoles standards. Ca cest la solution de facilité. Cest la solution qui est contraire à lidentité française. Cest la solution qui est contraire aux intérêts de nos régions. Cest la solution qui est contraire aux intérêts de la montagne. Et cest la solution que veulent nous imposer certains Etats et contre laquelle je me bats depuis plus de deux ans que je suis ministre de lagriculture.
Il y a une autre voie qui est une voie, à la fois beaucoup plus difficile, beaucoup plus exigeante et en même temps beaucoup plus rentable pour les intérêts français, quil sagisse dintérêts économiques, dintérêts sociaux, ou simplement de la préservation de notre caractère national.
Cette voie, cest le maintien dune agriculture dans tous les territoires français sans exception. Cest le maintien dune agriculture diversifiée. Cest le maintien dune agriculture attachée à la réalité et aux caractéristiques propres des territoires. Cest une agriculture qui nest pas simplement la production dun produit standardisé au prix le plus bas mais qui est liée à une qualité particulière des produits. Je dirai même à une qualité particulière des hommes et des femmes qui réalisent ces produits, à leur tradition, à leur culture, à leur savoir-faire ancestral. Je défends une vision de lagriculture française. Et cest dans ce cadre là que je défends lagriculture de montagne.
Jai mis en place des mesures structurelles : la taxe sur la consommation du foncier agricole, enjeu essentiel pour le maintien de lagriculture de montagne car les terres agricoles diminuent à un rythme excessif en France. Cest léquivalent dun département que nous perdons tous les deux ans. Et dans les zones de montagne le rythme est encore plus rapide. Il y a donc urgence à ralentir ce rythme de pertes de terres agricoles. Et si jai tenu à taxer la spéculation sur les terres agricoles, cest parce que je souhaite que les jeunes agriculteurs puissent continuer à sinstaller dans de bonnes conditions.
Même logique pour le décret sur les circuits courts de commercialisation. Il consiste à dire très simplement que les collectivités locales doivent avoir le droit de choisir un produit local pour leur cantine scolaire, pour la restauration collective, plutôt quun produit qui aurait parcouru 2.OOO ou 3.000 kms mais qui serait moins cher. Le prix ne doit pas être le seul critère. Il faut que vous tous, élus locaux, élus nationaux, vous puissiez choisir un produit qui a été réalisé à proximité de votre commune de façon à valoriser votre production locale.
Cest la première fois que la Commission européenne a accepté de modifier le droit à la concurrence pour valoriser les circuits courts.
Le plan de développement par filière avec un soutien spécial à la modernisation des bâtiments (300 millions deuros sur trois ans) est absolument essentiel aussi pour les zones de montagne où mettre aux normes une installation revient à 30 % plus cher quailleurs. Cela mérite soutien à partir du moment où on fait ce choix du maintien dune agriculture en montagne.
Avec le bilan de santé de la PAC, nous avons revalorisé lagriculture de montagne. Je rends hommage à mon prédécesseur, Michel Barnier, qui a obtenu la réorientation de plus de 700 millions deuros daide en faveur des élevages à lherbe. Je soutiens cette décision particulièrement opportune.
Nous avons revalorisé lindemnité compensatrice de handicap naturel à hauteur de 50 % pour les 23 premiers hectares. Cest là aussi un choix très clair en faveur de lagriculture de montagne.
45 millions daide ont été consacrés au lait de montagne depuis 2010 avec une aide de 20 euros par 1000 litres de quotas. Cest aussi un signe très tangible du soutien que je tiens à apporter à lagriculture de montagne.
Pour pouvoir maintenir ce montant daide, priorité absolue au maintien du budget de la politique agricole commune qui était pourtant menacé dune diminution de lordre de 30 à 40 % lorsque je suis arrivé au ministère de lagriculture.
Ce qui aurait voulu dire pour toutes les aides à lagriculture de montagne 20, 30 ou 40 % daides en moins. Cétait la fin de lagriculture de montagne.
Jai fait le tour des pays européens. Jai construit une position commune avec lAllemagne. Et nous avons obtenu que la base de négociation qui est aujourdhui sur la table de tous les Etats européens, ce soit un budget de la PAC maintenu à un euro près. En ayant cette base, nous avons la possibilité de maintenir les aides de montage à leuro près.
Je continuerai à me battre afin que dans la future PAC tous les instruments, je dis bien tous les instruments, de soutien à lagriculture de montagne soient maintenus à leuro près.
LICHN est indispensable au maintien de lagriculture de montagne. Elle représente 520 millions deuros. Si nous perdons cette indemnité compensatrice, ce sont des milliers dexploitations qui fermeront. Eh bien je trouve que ça vaut le coup de se battre pour ces 520 millions deuros.
Je souhaiterais que derrière les enveloppes, derrière les budgets, chacun voit bien le travail des hommes et des femmes qui se battent pour maintenir leur exploitation, qui travaillent sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre à élever leurs bêtes ou à produire leur lait pour faire en sorte que nous gardions une production agricole de montagne.
Défendre lagriculture de montagne, cest défendre une certaine idée du modèle agricole européen.
LEurope a un choix très clair à faire en matière agricole. Est-ce quelle se réoriente vers un modèle qui est le modèle du Brésil, de lArgentine, dun certain nombre de grands pays agricoles qui visent à concentrer de plus en plus les exploitations jusquà ce quelles atteignent des tailles démesurées, sans respect de lenvironnement, sans respect du bienêtre animal, sans respect de la qualité des produits pour essayer de produire une alimentation au prix le moins cher possible quitte à sacrifier la qualité et la diversité des produits ?
Ou est-ce quau contraire lEurope se bat pour maintenir une agriculture de qualité, respectueuse de lenvironnement, développant les élevages à lherbe, respectueuse de la diversité des produits, attachée au goût et à la singularité des produits agricoles ? Cest cette bataille que je livre depuis plus de deux ans. Cest cette bataille que je veux continuer à livrer et je veux la livrer avec tous ceux qui sont les plus concernés : vous-mêmes les élus de la montagne, les représentants des citoyens de la montagne.
Je suis de tout coeur avec vous. Nous ferons reconnaître encore davantage la singularité de la montagne et lEtat sera à vos côtés pour maintenir la qualité et la vérité de cette montagne française.
Source http://www.anem.org, le 25 novembre 2011