Texte intégral
- Alors qu'elle a fortement recentré son action sur des priorités sociales, l'Anah, comme d'autres opérateurs de l'État, est aujourd'hui mise à contribution pour participer à l'effort de réduction de la dépense publique. Cela remet-il en cause la pertinence et la validité de son intervention ?
Benoist Apparu : Les aides publiques se doivent d'être efficaces et concentrées sur l'essentiel. S'agissant du logement, la priorité est d'aider les ménages les plus modestes à vivre dans des conditions décentes. Le traitement de l'habitat indigne, la lutte contre la précarité énergétique, le redressement des copropriétés en difficulté, qui sont les priorités de l'Anah, s'inscrivent dans cet objectif de cohésion sociale et de solidarité, pour lequel l'intervention de l'État est à la fois légitime et nécessaire. Le recentrage de l'action de l'Anah sur des priorités sociales est donc, à mon sens, un gage de sa pérennité. Un autre atout de l'Anah, dans un contexte budgétaire qui porte à l'optimisation de la dépense, est l'effet levier très important de ses aides. En tant qu'acteur du parc privé, son intervention est inscrite dans les marchés de l'habitat. L'action ciblée sur le logement a ainsi un effet d'entraînement sur la requalification du quartier tout entier. Or, à l'avenir, c'est plus que jamais l'effet levier des aides publiques qui décidera de leur pérennité.
- Comment voyez-vous les perspectives financières de l'Agence pour les années qui viennent ?
B. A. : Les réalités des finances publiques exigent d'être inventif. Pour la période qui s'ouvre, un nouveau modèle de financement devra être mis en place. L'Anah s'est d'ores et déjà engagée dans cette voie, puisqu'en 2012, elle diversifie ses ressources avec la contribution des fournisseurs d'énergie. Ce modèle "public-privé" me semble une voie extrêmement intéressante à poursuivre.
- Quels sont, selon vous, les principaux enjeux pour l'Agence, et plus globalement pour le parc privé, aujourd'hui et demain ?
B. A. : Le parc privé, qui loge, rappelons-le, 81 % de nos concitoyens (58 % de propriétaires et 23 % de locataires), est aussi un parc qui accueille des ménages extrêmement modestes. Les conditions d'habitat y sont parfois très précaires. Ainsi, la part des revenus consacrée aux dépenses de logement ne cesse d'augmenter pour atteindre 22 % en 2010, comme vient de le constater la commission des comptes du logement. Ces difficultés sont d'autant plus importantes que le revenu est faible. Certains ménages du parc privé affichent en effet des taux d'effort très importants : 33 % en zone tendue, tandis que, dans le parc social, le taux d'effort reste modéré quelle que soit la zone (14 % en moyenne). Autre sujet de préoccupation souvent corrélé, la dégradation et l'insalubrité du logement qui touchent environ 2 % du parc. Enfin, la difficulté à se chauffer, liée ou non à des charges de chauffage souvent excessives, est en augmentation. Rappelons que la quasi-totalité du parc en étiquette G, le plus énergivore, se trouve dans le privé.
Ces enjeux se cristallisent parfois sur certains territoires : la dégradation du bâti devient alors un enjeu urbain. Environ 100 à 150 quartiers anciens sont aujourd'hui en voie de dévalorisation et il y aurait entre 300 000 et 1 million de logements en copropriétés en difficulté et/ou potentiellement fragiles. Cette situation conduit à une prise en compte de plus en plus forte des problématiques du parc privé dans les politiques locales de l'habitat. Dans ce contexte, l'Anah doit être en mesure d'accompagner les élus locaux dans la définition de stratégies locales adaptées. Bien perçue comme outil de financement, l'Agence doit être davantage identifiée comme un acteur qui accompagne les politiques locales grâce à son expertise et à la mobilisation d'une palette d'outils dont les financements de l'Agence ne représentent qu'un aspect. C'est pourquoi je me félicite du lancement du FORUM de l'habitat privé en novembre dernier, qui réunit autour de l'Anah un très large partenariat.
- Un an après son lancement, le programme Habiter Mieux est désormais opérationnel sur l'ensemble du territoire. Qu'attendez-vous de l'année 2012 ?
B. A. : Grâce à la formalisation des partenariats avec les conseils généraux mis en uvre en 2011, les conditions de réussite du programme sont désormais réunies. Cette année 2012 doit donc voir sa concrétisation à travers l'engagement financier sur des dossiers de travaux de rénovation thermique de logements de propriétaires occupants. L'objectif est de traiter 300 000 logements d'ici à 2017. Il est ambitieux, il faut tout faire pour s'en approcher. Les résultats observés sur les derniers mois de 2011 montrent que dans une dizaine de départements le rythme de croisière est déjà atteint Cela prouve que l'objectif que l'on se donne est réaliste, pour autant que les acteurs locaux se mobilisent en se dotant des outils de repérage et de communication adaptés. C'est à cette mobilisation que j'appelle pour 2012, car il n'est pas admissible que cette aide, qui a un impact direct sur les dépenses et les conditions de vie de nos concitoyens en proie à la précarité, ne leur soit pas proposée.
- Début d'année oblige, quels vux formulez-vous pour l'Anah, qui vient de franchir le cap de ses 40 ans ?
B. A. : Je souhaite à l'Anah 40 années supplémentaires ainsi qu'une faculté d'adaptation et d'innovation toujours intactes ! Les élus et les Français ont besoin de votre action sur l'ensemble du territoire. Je saisis aussi l'occasion de cet anniversaire pour remercier tous ceux qui uvrent- et qui ont ouvré -au siégé de l'Agence et sur le terrain aux politiques portées par l'Anah.
Source http://www.anah.fr, le 8 février 2012
Benoist Apparu : Les aides publiques se doivent d'être efficaces et concentrées sur l'essentiel. S'agissant du logement, la priorité est d'aider les ménages les plus modestes à vivre dans des conditions décentes. Le traitement de l'habitat indigne, la lutte contre la précarité énergétique, le redressement des copropriétés en difficulté, qui sont les priorités de l'Anah, s'inscrivent dans cet objectif de cohésion sociale et de solidarité, pour lequel l'intervention de l'État est à la fois légitime et nécessaire. Le recentrage de l'action de l'Anah sur des priorités sociales est donc, à mon sens, un gage de sa pérennité. Un autre atout de l'Anah, dans un contexte budgétaire qui porte à l'optimisation de la dépense, est l'effet levier très important de ses aides. En tant qu'acteur du parc privé, son intervention est inscrite dans les marchés de l'habitat. L'action ciblée sur le logement a ainsi un effet d'entraînement sur la requalification du quartier tout entier. Or, à l'avenir, c'est plus que jamais l'effet levier des aides publiques qui décidera de leur pérennité.
- Comment voyez-vous les perspectives financières de l'Agence pour les années qui viennent ?
B. A. : Les réalités des finances publiques exigent d'être inventif. Pour la période qui s'ouvre, un nouveau modèle de financement devra être mis en place. L'Anah s'est d'ores et déjà engagée dans cette voie, puisqu'en 2012, elle diversifie ses ressources avec la contribution des fournisseurs d'énergie. Ce modèle "public-privé" me semble une voie extrêmement intéressante à poursuivre.
- Quels sont, selon vous, les principaux enjeux pour l'Agence, et plus globalement pour le parc privé, aujourd'hui et demain ?
B. A. : Le parc privé, qui loge, rappelons-le, 81 % de nos concitoyens (58 % de propriétaires et 23 % de locataires), est aussi un parc qui accueille des ménages extrêmement modestes. Les conditions d'habitat y sont parfois très précaires. Ainsi, la part des revenus consacrée aux dépenses de logement ne cesse d'augmenter pour atteindre 22 % en 2010, comme vient de le constater la commission des comptes du logement. Ces difficultés sont d'autant plus importantes que le revenu est faible. Certains ménages du parc privé affichent en effet des taux d'effort très importants : 33 % en zone tendue, tandis que, dans le parc social, le taux d'effort reste modéré quelle que soit la zone (14 % en moyenne). Autre sujet de préoccupation souvent corrélé, la dégradation et l'insalubrité du logement qui touchent environ 2 % du parc. Enfin, la difficulté à se chauffer, liée ou non à des charges de chauffage souvent excessives, est en augmentation. Rappelons que la quasi-totalité du parc en étiquette G, le plus énergivore, se trouve dans le privé.
Ces enjeux se cristallisent parfois sur certains territoires : la dégradation du bâti devient alors un enjeu urbain. Environ 100 à 150 quartiers anciens sont aujourd'hui en voie de dévalorisation et il y aurait entre 300 000 et 1 million de logements en copropriétés en difficulté et/ou potentiellement fragiles. Cette situation conduit à une prise en compte de plus en plus forte des problématiques du parc privé dans les politiques locales de l'habitat. Dans ce contexte, l'Anah doit être en mesure d'accompagner les élus locaux dans la définition de stratégies locales adaptées. Bien perçue comme outil de financement, l'Agence doit être davantage identifiée comme un acteur qui accompagne les politiques locales grâce à son expertise et à la mobilisation d'une palette d'outils dont les financements de l'Agence ne représentent qu'un aspect. C'est pourquoi je me félicite du lancement du FORUM de l'habitat privé en novembre dernier, qui réunit autour de l'Anah un très large partenariat.
- Un an après son lancement, le programme Habiter Mieux est désormais opérationnel sur l'ensemble du territoire. Qu'attendez-vous de l'année 2012 ?
B. A. : Grâce à la formalisation des partenariats avec les conseils généraux mis en uvre en 2011, les conditions de réussite du programme sont désormais réunies. Cette année 2012 doit donc voir sa concrétisation à travers l'engagement financier sur des dossiers de travaux de rénovation thermique de logements de propriétaires occupants. L'objectif est de traiter 300 000 logements d'ici à 2017. Il est ambitieux, il faut tout faire pour s'en approcher. Les résultats observés sur les derniers mois de 2011 montrent que dans une dizaine de départements le rythme de croisière est déjà atteint Cela prouve que l'objectif que l'on se donne est réaliste, pour autant que les acteurs locaux se mobilisent en se dotant des outils de repérage et de communication adaptés. C'est à cette mobilisation que j'appelle pour 2012, car il n'est pas admissible que cette aide, qui a un impact direct sur les dépenses et les conditions de vie de nos concitoyens en proie à la précarité, ne leur soit pas proposée.
- Début d'année oblige, quels vux formulez-vous pour l'Anah, qui vient de franchir le cap de ses 40 ans ?
B. A. : Je souhaite à l'Anah 40 années supplémentaires ainsi qu'une faculté d'adaptation et d'innovation toujours intactes ! Les élus et les Français ont besoin de votre action sur l'ensemble du territoire. Je saisis aussi l'occasion de cet anniversaire pour remercier tous ceux qui uvrent- et qui ont ouvré -au siégé de l'Agence et sur le terrain aux politiques portées par l'Anah.
Source http://www.anah.fr, le 8 février 2012