Texte intégral
Merci à tous, merci beaucoup.
Mes Chers Amis,
Un assassin a voulu selon ses propres mots « mettre la France à genoux » en semant la haine et la terreur, il a été mis hors détat de nuire. Il reste les larmes, il reste la douleur des familles des victimes et ma pensée ce soir comme la vôtre, jen suis sûr, va dabord vers les victimes et leurs familles.
Ces événements tragiques ont endeuillé la France mais ils nous rappellent ces événements que nous sommes forts lorsque nous sommes unis autour de nos valeurs, que nous sommes faibles quand nous oublions nos valeurs.
Je veux vous parler aujourdhui de ces valeurs, ces valeurs morales qui sont le fondement de notre Nation, le fondement de notre République. Des millions de femmes et dhommes dans le monde attendent que la France y soit fidèle.
La France nest elle même que lorsquelle se bat pour un idéal, un idéal de justice, de liberté, un idéal de paix. Si la France compte dans le monde cest parce que la France donne son nom et son visage aux plus beaux idéaux de lhumanité.
La France aujourdhui est meurtrie, elle est meurtrie au plus profond delle-même par ces crimes odieux perpétrés contre des enfants et contre des soldats désarmés.
Ce sont les valeurs de la France qui ont été niées, ce sont les principes de la République qui ont été bafoués. Et je veux dire aujourdhui que ces crimes ne sont pas les crimes dun fou parce quun fou est irresponsable, ces crimes sont ceux dun monstre et dun fanatique. Un monstre capable dachever froidement un homme blessé et une enfant qui pleure au milieu dune cour décole. Chercher une explication au geste de ce fanatique, de ce monstre, laisser entrevoir la moindre compréhension à son égard ou, pire, lui chercher la plus petite excuse serait une faute morale impardonnable.
Mettre en cause la société, montrer du doigt la France, la politique, les institutions cest indigne, ce nest pas faire preuve dun esprit de responsabilité dans un moment où la Nation a besoin dunité.
Non, la France nest pas coupable, non, il ny a pas en France un climat qui puisse expliquer ces crimes parce que ces crimes sont inexplicables et inexcusables !
Non, la République nest pas fautive, non, la société nest pas responsable ! Et, non, rien de ce qui se passe dans le monde et en France, aucune cause, quelle que soit sa nature, quelle que soit sa légitimité, ne peut justifier, ne peut expliquer, ne peut excuser lassassinat dun enfant et dun soldat désarmé.
Ce crime ne sert aucune cause, aucune cause politique, aucune cause religieuse, aucune cause humaine, ce crime abîme toutes les causes. Ce crime doit être regardé pour ce quil est, un acte inacceptable pour la conscience, pour la civilisation et pour la société. Ce geste isolé monstrueux engage la responsabilité de celui qui la commis mais ce geste doit nous faire réfléchir sur nous-mêmes.
Cette tragédie nous prouve une fois de plus que le combat contre le fanatisme, lextrémisme, le racisme, lantisémitisme doit être un combat de tous les jours. La France nest pas raciste, la France nest pas antisémite, la haine de lautre nappartient ni à notre histoire ni à notre culture.
Nos valeurs sont celles de la République, cest la République qui permet à chacun de trouver sa place dans la société, davoir sa chance, dêtre libre. Cest la laïcité qui protège la liberté de conscience, la liberté religieuse. Cest légalité de lhomme et de la femme qui empêche le repliement communautaire. Nous ne transigerons jamais sur ces principes, sur ces droits et sur ces devoirs. Et nous ne transigerons pas sur le respect dû aux institutions de la République, aux autorités de lEtat, le respect dû à la police, le respect dû à la justice et à tous ceux qui dans la société incarnent la République, le respect dû aux enseignants, aux éducateurs, aux médecins dans les hôpitaux qui subissent des violences inacceptables, le respect dû aux élus, aux maires, le respect dû aux soldats qui portent luniforme de la République et qui la défendent, le respect dû aux pompiers auxquels dans certains quartiers on ose jeter des pierres, nous ferons respecter les institutions de la République ! Et à chaque fois que nous acceptons le moindre relâchement dans la défense des valeurs et des institutions républicaines nous affaiblissons le trait dunion qui relie entre tous les citoyens de notre pays, quelles que soient leurs origines, leurs croyances, leurs milieux, et nous ouvrons une brèche pour les semeurs de haine et de violence.
Ceux qui seraient tentés de senfermer dans une hostilité radicale à la République, ceux qui voudraient labattre, ceux qui par leurs propos et leurs comportements encourageraient le fanatisme et feraient prévaloir des idées qui sont contraires à nos valeurs ceux-là doivent bien comprendre que la République naura à leur égard aucune indulgence, nous ne leur passerons rien !
Désormais, toute personne se rendant à létranger pour y suivre des travaux dendoctrinement à des idéologies conduisant au terrorisme sera punie pénalement dune peine de prison !
Toute personne qui consultera de manière habituelle des sites Internet qui font lapologie du terrorisme ou qui appellent à la haine et à la violence sera punie pénalement par des peines de prison ! Et quon ne vienne pas me dire que cest impossible, ce qui est possible contre les pédophiles doit lêtre contre les apprentis terroristes ou ceux qui les soutiennent y compris par les idées !
Et, désormais, la propagation et lapologie didéologies extrémistes incitant au terrorisme seront réprimées par un délit figurant dans le code pénal avec les moyens qui sont ceux de la lutte antiterroriste. Chacun est prévenu, chacun prendra ses responsabilités, de notre côté, cest clair, la République ne cédera pas un millimètre de terrain.
La France est une démocratie, personne ne lui imposera quoi que ce soit par la violence.
La France est un pays où la raison tempère toujours la passion, la France est un pays qui ne se laissera jamais emporter par aucun fanatisme.
La République est un régime dautorité et de fermeté, ceux qui ne veulent pas être dans la République se heurteront à cette fermeté et à cette autorité. Quil me soit dailleurs permis de rendre hommage aux forces de lordre, au ministre de lIntérieur qui ont fait un travail remarquable et à nos services de renseignements, je veux simplement dire que quand jentends proposer quon veut les affaiblir ou les faire disparaitre, cest la République que lon affaiblirait, ce serait totalement irresponsable !
Mes Chers Amis, en 1947, ici à Strasbourg, Cher Philippe RICHERT, Chers Amis, le général de GAULLE disait aux Français : « nous nous trouvons désormais dans un univers entièrement différent de celui où notre pays avait vécu pendant des siècles ». Il disait : « il faut que nous restions nous-mêmes, cest-à-dire des occidentaux fidèles à une conception de lhomme, de la vie, du droit, des rapports entre les Etats qui nous a fait tel que nous sommes ». Il disait encore : « si nous nétions pas le peuple français, nous pourrions reculer devant la tâche et nous asseoir au bord de la route en nous livrant au destin mais nous sommes le peuple français ».
Voilà mes Chers Amis où nous devons puiser nos références, doù nous venons et voilà ce qui éclaire lavenir, « nous sommes le peuple français ». A lintérieur, à lextérieur, la seule politique de la France cest la défense de ses valeurs, cest en défendant ses valeurs que la France est forte, c???est en défendant ses valeurs que la France protège le mieux les Français. Cest en se battant pour les autres que la France se bat le mieux pour elle-même.
A lintérieur donc la République. A lextérieur, la France doit être la voix de ceux qui nont pas de voix, le droit substitué à la force, la liberté des peuples, la solidarité des nations. Voici la politique de la France, à lintérieur et à lextérieur, la justice et la paix, voici la politique de la France.
Depuis le général de GAULLE, le monde a changé, la France, lEurope, lOccident ne pèsent plus de la même manière sur les destinées du monde mais comme au temps de Jean MONNET, de Robert SCHUMAN, de de GAULLE, dADENAUER, le sort de la France, et ici, en Alsace, on le comprend, est lié à celui de lAllemagne, de lEurope et de lOccident.
Les moyens ne sont plus les mêmes, les menaces non plus mais les finalités demeurent parce que la vocation de la France na pas changé. Comme au temps du général de GAULLE, la France doit sadapter à son époque, la France veut construire un monde nouveau où chaque peuple trouve sa place.
La France a des responsabilités particulières en Europe et dans le monde, elle a assumé ses responsabilités la France lors de la conférence de Copenhague sur le climat. Elle les assumées la France lorsquelle sest interposé au nom de lEurope dans le conflit où la Géorgie était menacée de disparaitre. Elle les assumées quand elle a répondu en Côte dIvoire à la demande des Nations Unies pour mettre un terme à un déni honteux de démocratie. Elle les assumées la France ses responsabilités lorsquelle a envoyé ses soldats et ses avions dans le ciel libyen pour empêcher le massacre des habitants de Benghazi !
Cest la même France qui assume ses responsabilités particulières quand le Conseil de sécurité grâce à notre ministre des Affaires étrangères, Alain JUPPE, elle se bat pour sanctionner un régime syrien qui assassine honteusement son peuple innocent victime dun dictateur sans scrupule. Elle les assume la France ses responsabilités quand elle travaille à unir la communauté internationale contre le régime iranien qui cherche à se doter dun armement nucléaire et qui ose affirmer quun pays membre des Nations Unies comme Israël doit être rayé de la carte, la France nacceptera jamais ces menaces et cette attitude ! La France ses responsabilités elle les a assumées quand elle a pris linitiative de lUnion pour la Méditerranée, pour essayer déteindre les haines qui déchirent le monde méditerranéen et qui se répercutent sur le monde entier.
LUnion pour la Méditerranée, une grande idée digne de la France pour quen travaillant ensemble les peuples apprennent à se connaitre pour briser comme la fait lEurope le cercle infernal de la vengeance, pour sceller entre lEurope, lAfrique et le Moyen-Orient une destinée commune. Combien les événements récents ont rendu encore plus nécessaire laccomplissement de ce grand dessein. La France a assumé ses responsabilités lorsquelle présidait la présidence de lEurope en 2008, au moment où une crise financière sans précédent a failli emporter le monde.
Cest la France qui a exigé des Etats-Unis dAmérique la création du G20, instrument indispensable au rétablissement de la confiance ! Cest la France qui a réclamé la réforme de la finance mondiale qui nous a amenés au bord du gouffre, la lutte contre les paradis fiscaux, la taxe sur les transactions financières, la lutte contre la spéculation sur les marchés des matières premières et lavenir de notre agriculture. Dans 40 ans, il faudra nourrir deux milliards de personnes en plus alors quaujourdhui même il y a un milliards de personnes qui meurent de faim et on vient nous expliquer quil ne faudrait pas défendre lavenir de notre agriculture, de nos agriculteurs et de nos paysans, cest la France qui porte ce message !
Cest la France, mes Chers Compatriotes, mes Chers Amis, qui a entraîné toute lEurope dans le soutien à la Grèce menacée de faillite. Et que serait-il arrivé si la Grèce avait été rayée de la carte, si leuro avait implosé, si lEurope avait explosé, si nous navions pas exigé la solidarité pour éviter les drames ! Cest la France avec lAllemagne qui a obtenu la création dun gouvernent économique, qui a mis un terme à la crise qui menaçait demporter notre monnaie.
Le premier enseignement que je tire de toutes ces crises cest que lorsque la France ne place pas ses valeurs en premier, alors elle prend un risque, celui de ne pas être au rendez-vous de lhistoire. Et disons les choses comme elles sont, trop longtemps, trop souvent, la France dans sa politique étrangère a préservé la stabilité plutôt que ses idéaux.
Au nom de la stabilité, nous avons toléré des régimes qui navaient rien à voir avec les valeurs qui étaient les nôtres ! Au nom de la stabilité, nous avons accepté pendant des décennies que presque 100 millions dEuropéens ne bénéficient pas de la liberté, la liberté pour nous, la dictature pour eux au nom de la stabilité. Au nom de la stabilité, nous avons eu peur lorsque lUnion soviétique a implosé. Avec les printemps arabes, la France a senti que sa place ne pouvait être quaux côtés des peuples, des peuples qui voulaient se libérer. La France continuera de respecter le droit des peuples à disposer deux-mêmes mais elle sera plus vigilante sur le respect des valeurs universelles quelle entend opposer à toutes les tyrannies et à tous les fanatismes.
Légalité entre les femmes et les hommes cest une valeur universelle, nous naccepterons aucune entorse à ce principe. Nous sommes solidaires des révolutions arabes et nous avons été bouleversés que les jeunes arabes soient descendus dans la rue au cri de « vive la démocratie », « vive léducation », « vive la croissance ». Et nous avons été bouleversés parce quils nont pas dit « mort à Israël », ils nont pas dit « mort aux Etats-Unis », ils nont pas dit « mort à lOccident ». Et nous avons été bouleversés parce quainsi en quelques semaines étaient démontré que les prophètes, les soi-disant experts qui annonçaient le conflit inéluctable entre lOccident et lOrient avaient tort !
Mais avec la même franchise je veux dire à ces nouveaux régimes que nous avons soutenus et que nous aiderons que pour nous le respect des minorités ça ne se discute pas, le respect des libertés religieuses y compris pour les chrétiens dOrient ça ne se discute pas ! Les droits de lhomme et les droits de la femme ça ne se discute pas !
Nous ne voulons rien imposer, nous navons pas à choisir leur avenir mais nous disons « nous croyons dans vos révolutions, nous croyons dans votre jeunesse mais nous pensons aussi quau XXIe siècle il y a des valeurs universelles dont nous naccepterons pas quelles soient bafouées ni là-bas ni ici ni ailleurs ! Voilà le choix de la France !
Alors la France plaide pour un nouvel ordre mondial, la France dit que les grands pays émergents, la Chine, le Brésil, lAfrique du sud, lInde, le Mexique, ne peuvent plus parler au nom des pays pauvres parce quils ne sont plus des pays pauvres.
Cest toute larchitecture des grandes négociations internationales que la France propose de reconsidérer car si lon continuait à confondre les pays émergents avec les pays pauvres alors il ny aurait aucune issue possible aux grandes négociations commerciales et pas davantage daccords possibles pour les négociations climatiques.
Pour que les choses soient claires, ce que lon peut faire pour lun des pays dAfrique les plus pauvres au monde on ne peut pas le faire pour cette immense puissance quest la Chine, ce nest pas juste de traiter les uns et les autres sur un même pied. Les pays pauvres ont besoin de la solidarité internationale, les pays émergents ont des responsabilités et des devoirs. Le Conseil de sécurité doit être réformé pour que chaque continent y ait ses représentants permanents, pour que des milliards dhommes ne soient pas tenus à lécart, cest un scandale quil ny ait pas un seul pays africain membre permanent du Conseil de sécurité ! Cest un scandale que le pays le plus peuplé du monde dans 20 ans, lInde, ne soit pas membre permanent du Conseil de sécurité ! Et cest un scandale que le Japon et lAllemagne en vertu de ce qui sest passé il y a plus de 60 ans ne soient pas membres permanents du Conseil de sécurité !
Mais en même temps la France dit à ces pays « vous avez de nouveaux droits mais ils vous créent de nouveaux devoirs, le devoir du sang, du sang de vos soldats, pour maintenir la paix dans le monde et le devoir de la solidarité quand un dictateur veut isoler son pays ».
Alors ce monde nouveau nous devons laider à naître car le monde ancien nen finit plus de mourir et le nouveau a du mal à naître, cest à la France de laider à naître. Je veux dire ici à Strasbourg que la mondialisation sans règle, sans réciprocité, cest fini, que la toute puissance des marchés qui ont toujours raison, fini, que laplatissement du monde, la pensée unique, le modèle unique, le mode unique, fini.
De ces années de crise, je tire une conviction profonde, la période que nous vivons est absolument décisive pour lavenir du monde. Si nous échouons, ça sera la balkanisation. Si les gens ne se sentent pas protégés, ils exigeront partout la fermeture. Je vous demande de réfléchir à cela, le repliement sur soi serait tragique mais on ne peut pas continuer à faire souffrir des peuples dans le monde au nom dune idéologie qui consiste à tout accepter, à tout laisser passer et à ne jamais demander la régulation et la justice.
Avec la crise financière, avec la crise des dettes souveraines, la fuite en avant dans la dette nest plus possible, il nous faut construire un monde nouveau. Le message de la France est simple, nous navons pas le droit déchouer.
Je veux aussi à ce moment où lhistoire a une dimension si tragique dire que notre sort est lié plus que jamais à celui de tous les autres. Je veux vous dire avec toutes les fibres patriotiques qui sont les miennes que la souveraineté de chaque pays ne peut sexercer quavec la souveraineté des autres que ceux qui vous expliquent quon peut exercer seul sa souveraineté vous mentent, ils nont rien compris au monde daujourdhui !
Nul dans le monde ne peut exercer seul sa souveraineté, lexercer avec ses voisins, avec ses amis avec ses alliés, cest être plus fort ! Souvenez-vous, le général de GAULLE, « si nous nétions pas le peuple français, nous pourrions reculer devant la tâche » mais, mes Chers Amis, nous sommes le peuple de France, nous ne reculerons pas devant cette tâche ! Dailleurs, si la France ne prend pas dinitiative, qui les prendra ? Si la France ne propose rien, qui mettra des propositions sur la table ? Si la France ne croit pas à la taxation des transactions financières, personne ne le fera ! Si la France ne lutte pas pour la création dune Organisation mondiale de lenvironnement, qui luttera pour cette création ? Si la France ne lutte pas pour un new deal économique et écologique planétaire, qui le fera à notre place ? Personne !
Le libre-échange absolu, je veux le dire en prenant un engagement devant les Français, le libre-échange absolu ne peut pas être la seule et unique règle de léconomie mondiale, on a vu où cela nous conduisait. Dire cela ne signifie en rien que lon veut être protectionniste, en rien que lon condamne léconomie de marché ! Dire cela cest dire quil ny a pas de liberté sil ny a pas de règles !
Il ne sagit pas de chercher à avoir partout le même droit du travail, partout la même protection sociale mais nous exigerons que le monde sentende sur un socle minimum de règles et que les organisations spécialisées comme lOrganisation internationale du travail, le FMI ou lOrganisation mondiale de lenvironnement doivent être chargées de les faire respecter.
Quand un problème de dumping écologique surgira dans un conflit commercial, le juge du commerce international sera alors obligé de saisir lOrganisation mondiale de lenvironnement dont la France réclame la création pour trancher la question.
Quand nous serons face à un problème de dumping monétaire, alors le juge commercial saisira le FMI. Quand nous serons face à un problème de dumping social, alors le juge nous devrions saisir lOrganisation internationale du travail. Quand la santé sera en cause, lOrganisation mondiale de la santé tranchera.
Ce nest pas la liberté du commerce que de faire trancher un conflit entre deux pays par la seule Organisation mondiale du commerce en ignorant que dans un pays on fait travailler les enfants, on fait travailler les prisonniers, on manipule le cours de la monnaie et on ne respecte aucune des règles écologiques et environnementales quon impose aux autres !
Ce nest pas de la concurrence loyale, ce nest pas du libre-échange, cest de la concurrence déloyale, cest un monde que nous en voulons plus ! Voilà ce que la France propose !
Au fond, je veux en votre nom me battre pour que léquité du commerce bien sûr soit mieux garantie mais surtout pour une chose, et dans cette terre dAlsace vous le comprendrez mieux que dautres, que lhomme soit remis au coeur de léconomie parce que pour la première fois dans la mondialisation lhomme pourra faire valoir ses droits sur ceux de la marchandise, on ne parle que de la marchandise, la France demande que lon parle de lhomme !
Bien sûr, bien sûr, bien sûr, ce combat-là nest pas gagné davance. Parce quil bouscule bien des intérêts et bien des habitudes.
Mais mes chers amis, si nous nétions pas le peuple français, nous pourrions reculer devant la tâche, mais nous sommes le peuple de France et nous ne reculerons pas devant la tâche. Alors, bien sûr, ce combat, la France doit le mener avec lEurope, cher Claude ALLEGRE, merci de votre présence.
LEurope, au nom de lEurope, je veux vous dire les choses avec mon coeur, cest avec lEurope que la France peut espérer peser suffisamment sur la scène du monde pour changer les choses.
Dans le monde tel quil est, la France seule, lAllemagne seule, la Grande-Bretagne seule ne peuvent rien. Pour faire avancer nos idées, la France na pas dautre levier que lEurope. Mais pour que lEurope devienne un levier du changement, alors, je le dis en européen convaincu, lEurope doit changer.
Depuis cinq ans, elle a déjà changé, elle a changé à cause des crises, parce que les crises ont obligé lEurope à agir et donc à se doter, enfin, des moyens de décider.
Dans lEurope daujourdhui, il y a plus de politique que dans lEurope dil y a cinq ans. La volonté politique a pris le pas sur la bureaucratie. Mais parce que face aux évènements qui sabattaient sur lEurope, il a bien fallu sortir du cours ordinaire des choses, il a fallu faire quelque chose dépouvantable, transgresser, une chose encore plus épouvantable, inventer, une chose atroce, sortir du cadre, une chose incroyable, bousculer les habitudes, une chose scandaleuse, changer les procédures ! Voilà ce que la crise a permis de faire.
La crise, mes chers amis, a créé beaucoup de souffrance et personne ne peut se dire que la crise ne fut une bonne chose sur rien. Mais la crise a bousculé lEurope et lEurope en avait besoin.
Du coup, une nouvelle Europe est en train de naître. Aucune autre institution européenne naurait pu faire face à la crise que celle du Conseil des chefs dEtat et de gouvernement. Mais un danger, disons les choses et cette campagne électorale doit servir à dire les choses, un danger guette lEurope. Ce danger, cest quune fois les crises calmées, lEurope retombe dans la routine bureaucratique, quelle pense que cest fini, quon est débarrassé, que les gens ont oublié et quon peut recommencer le train-train davant. Ce serait mortel, parce que les mêmes causes produiraient les mêmes effets. Avec une différence, cest quà ce moment-là, les Etats nauraient plus les moyens financiers et les peuples auraient trop souffert. LEurope nest pas là pour faire souffrir les peuples, elle est là pour les protéger.
Alors, lEurope, je le dis comme je le pense, ne peut pas être le seul ensemble politique au monde à ignorer quil a des frontières, le seul ensemble politique au monde à refuser de contrôler son immigration, le seul ensemble politique au monde à navoir aucune politique commerciale crédible, le seul ensemble politique au monde à ouvrir sans contrepartie ses marchés publics, le seul ensemble politique au monde à mettre en oeuvre une politique de la concurrence qui met ses entreprises à la merci de tous les prédateurs du monde. Cela, nous ne pouvons plus laccepter !
Cest au nom de mon idéal européen que je le réclame, car je dénie le droit à ceux qui ont toujours combattu lEurope de proposer la réforme dune Europe à laquelle ils nont jamais cru. Eux nont pas le droit ! Nous, nous avons le devoir !
Alors, lEurope a besoin que ses frontières soient protégées, lEurope a besoin dune politique commerciale, dune politique industrielle, lEurope a le droit de protéger son agriculture, il y en a plus quassez quon impose à nos producteurs, à nos éleveurs, à nos agriculteurs des règles de traçabilité et de bien-être de la condition animale, que je respecte parfaitement, et continue à importer sur le territoire de lEurope des produits en provenance de pays qui ignorent le mot traçabilité, le respect des contraintes environnementales ou le bien-être animal ! Si nous imposons ces règles à nos producteurs, à nos agriculteurs, à nos éleveurs, nimportons pas des produits qui viennent de pays qui ignorent toutes ces règles.
Mes chers amis, tout va se jouer sur notre capacité à nous donner les moyens en Europe de peser sur lévolution de la mondialisation.
Une évidence saute aux yeux, il y a pour moi trois Europe. Il y a lEurope de leuro qui doit sintégrer davantage parce quelle partage une monnaie unique. Il y a lEurope de Schengen, pour laquelle il faut faire ce qui a été fait pour la Zone Euro, une convergence, convergence du droit des étrangers, convergence des politiques migratoires, un gouvernement politique de Schengen, une présidence stable de Schengen, comme il y a désormais une convergence économique et un gouvernement de la Zone Euro.
Il y a enfin lEurope à vingt-sept, bientôt vingt-huit, et plus, qui peut sautoriser davantage de souplesse. Au coeur de cette Europe à trois dimensions, commence à sorganiser un noyau dur où la convergence des politiques sera la règle, parce que lorsquon partage la même monnaie, on ne peut pas avoir des politiques qui divergent.
Au coeur de ce noyau dur, la France et lAllemagne, honte à ceux qui ont défendu des sentiments germanophobes ces derniers mois et ces dernières semaines.
Tout nest pas possible, tout nest pas possible, il y a eu trop de souffrance entre nous, trop daffrontements, trop de haine, le drame de la Shoah, pour quon se laisse aller à autre chose que de dire que dans le trésor que nous ont remis les générations qui nous ont précédé, lamitié entre la France et lAllemagne est ce quil y a de plus précieux.
Rien jamais ne doit remettre en cause cette amitié. Faire converger le plus quil est possible la France et lAllemagne, cest la tâche que je me fixerais pour les cinq années qui viennent. Il ne sagit pas dimiter les autres, mais franchement, y a-t-il un seul citoyen français qui, voyant la situation de la Grèce, voudrait quon sinspire du modèle grec ?
Y a-t-il un seul citoyen qui voudrait que la France sinspire de modèles qui ont connu tant de difficultés, alors même quil y a en Europe le premier pays et le deuxième pays, la première économie et la deuxième économie qui doivent constituer un pôle de stabilité autour dune convergence affirmée, revendiquée ?
Cela ne servira à rien de faire tout cela si lEurope se contente de subir la mondialisation. Au coeur de lEurope, la France et lAllemagne qui convergent et une Europe qui veut être un acteur de la mondialisation.
LEurope qui subit, qui ne protège pas, lEurope qui ne défend pas ses intérêts, éclatera, explosera, parce que les peuples la rejetteront. LEurope est peut-être le projet humain consacré à la paix le plus extraordinaire qui na jamais été inventé. Est-il normal quà chaque fois que lon pose la question dans les pays dEurope sur lEurope, le peuple répond non ? Cest parce que lEurope, en ne se défendant pas, en ne protégeant pas, trahit son idéal humaniste, celui de ses pères fondateurs.
Cest pour cela que lEurope doit être acteur de la mondialisation. LEurope ne peut plus se préoccuper que de lintérêt de ses consommateurs, lEurope doit se préoccuper de lintérêt de ses producteurs et de ses travailleurs.
Parce quune Europe qui ne soccuperait que des consommateurs oublierait quun consommateur qui perd son emploi et son salaire ne peut plus consommer grand-chose ! Tout part du travail, de lemploi, et non pas de la consommation et de la concurrence. Il faut faire lEurope de la production, lEurope de lemploi et pas seulement lEurope de la consommation. Parce que le jour où nous navons plus dusines en Europe, où nous navons que des chômeurs, je me demande bien ce que viendront dire les consommateurs qui ne pourront plus consommer ! Cest une inversion des valeurs à laquelle il nous faut nous livrer.
Enfin, mes chers amis, je dis cela pour tous ceux qui aiment lEurope et je sais quils sont nombreux en Alsace, qui se désespèrent de sa paralysie et, disons les choses, de sa naïveté, je prendrais mes responsabilités au nom de lidée que je me fais de lEurope, lEurope humaniste qui va peser sur les destinées du monde. Ce nest pas lEurope ouverte à tous les vents, lEurope passoire, lEurope impuissante, lEurope au fond qui finirait par renier lhéritage des Lumières et lidéal du progrès.
Ce nest pas lEurope qui étouffe sous les normes et sous la bureaucratie. On na pas fait lEurope pour quon nous explique quil y a trois voies, trois poids possibles et trois circonférences possibles pour les oeufs !
On na pas fait lEurope pour nous expliquer la température des plats qui sont servis dans nos restaurants en Alsace ou dans les autres régions du monde !
On na pas fait lEurope pour fixer la date douverture de la chasse ou de protection de certaines espèces !
On na pas fait lEurope pour empêcher les vaches daller au ruisseau qui traverse la prairie, au prétexte quun bureaucrate a considéré que ce qui se faisait depuis des siècles ne devait plus se faire !
On a fait lEurope parce quon a un modèle social, parce quil y a une civilisation européenne, parce que lhomme est au coeur de tout et parce que lEurope veut compter dans le monde du 21ème siècle, voilà pourquoi nous avons voulu lEurope !
Nous avons voulu une Europe qui se défende, une Europe qui ait une arme, une défense européenne. Je veux dire dailleurs, en terminant, combien jassume et je revendique le choix politique majeur de faire revenir la France au sein des structures de lOTAN.
Parce que la défense européenne, à mes yeux, ne se construit pas contre lAlliance atlantique, mais avec elle. La France sait où se trouvent ses amis et où se trouvent ses adversaires et ses amis sont des deux côtés de lAtlantique !
Parce que la solidarité atlantique, cest la solidarité des démocraties. Moi, je noublie pas une chose, cest que dans nos cimetières, il y a des croix blanches avec de jeunes américains qui sont venus, à deux reprises, défendre la démocratie en Europe !
Cest un lien que nous noublierons jamais, cest une dette que nous avons contractée avec nos amis Américains ! Ils sont nos alliés, nous partageons des valeurs avec eux et je revendique cette amitié et cette solidarité.
Pour autant, la France exerce une influence aujourdhui dans lOTAN qui ne lui a rien fait perdre de sa souveraineté, bien au contraire. Cétait au moment de lintervention en Libye, une belle image que de voir la France diriger les opérations de lOTAN ! Est-ce que nous aurions pu le faire si nous nétions pas revenus dans le commandement intégré de lOTAN ? La France nest inféodée à personne, la France nest pas moins indépendante.
Mais la France, je veux le dire, est plus forte avec ses alliés que toute seule. Sil en est qui veulent rompre lamitié avec les Etats-Unis dAmérique, quils le disent aux Français ! Je combattrais cette idée. Jajoute que lorsque le général de GAULLE, pour des raisons bien précises, sest retiré de lOTAN, les socialistes lont condamné. Quand jai ramené la France dans lOTAN, les socialistes mont condamné. Ils condamnent toujours !
Mais je veux dire une chose, solennellement, devant vous, parce que cest une affaire sérieuse, les alliés de la France savent que lorsque la France engage sa parole, la France la tient, la France na quune seule parole. On ne peut pas avoir dalliés, on ne peut pas avoir de partenaires, si lon ne respecte pas la parole donnée. Cest une question de confiance, cest une question de loyauté. La France est respectée parce que ses alliés savent quils peuvent compter sur elle.
La France a des amis parce que les amis de la France savent que dans lépreuve, la France ne laisse jamais tomber ses amis. Ce que la France a de plus précieux au fond et ce qui lui donne tant dinfluence, cest son honneur.
Lhonneur de la France, cest sa parole. Alors, en Afghanistan, où tant de soldats français sont tombés pour défendre la liberté du monde contre le fanatisme et le terrorisme, je le dis, abandonner nos alliés du jour au lendemain, ce serait les trahir, trahir la mémoire de nos soldats, ce serait donner raison aux assassins, ce serait déshonorer la France.
Quand on est chef de lEtat, on na pas que des décisions faciles à prendre, on a même que des décisions difficiles. Mais quand on a des convictions, on les affirme, on les défend, on ne biaise pas, quel que soit le calendrier, on dit ce que lon a dans le coeur, dans la tête, et on défend pour convaincre.
La France au Moyen-Orient, son honneur, cest de ne pas choisir entre ses amis, cest de ne prendre quun seul parti, celui de la paix et de la justice. Dire aux Palestiniens, nos amis, quils ne seront jamais libres si la sécurité dIsraël nest pas garantie. Jamais. Dire aux Israéliens, qui sont nos amis, quils ne vivront jamais en sécurité tant que le peuple palestinien naura pas un Etat digne de ce nom. Le Moyen-Orient ne connaîtra pas la paix et le monde non plus, tant quil ny aura pas deux Etats, deux Etats-Nations, lun juif, lautre palestinien, tant que linjustice faite aux Palestiniens ne sera pas réparée et que langoisse existentielle dIsraël ne sera pas apaisée. Voilà le message de la France.
Si les Français me font à nouveau confiance, je me rendrai dabord en Allemagne pour redire au peuple allemand lamitié indéfectible du peuple français et sa volonté de construire avec lui un destin commun.
Mais sitôt après, je me rendrai auprès du peuple israélien et du peuple palestinien et la France leur proposera une initiative pour faire avancer la paix. Au Liban, lhonneur de la France, cest dêtre aux côtés dun peuple avec lequel lhistoire a tissé de profonds liens de fraternité. Au Liban, lhonneur de la France, cest de défendre un miracle, le miracle de la diversité et de la tolérance, que des ingérences extérieures scandaleuses ont ruiné. Mais la France ne défendra pas le Liban sans les Libanais, elle ne risquera pas la vie de ses soldats si les Libanais eux-mêmes ne sont pas décidés à préserver lunité dun Liban où vivraient en paix toutes les religions et toutes les cultures.
Mes chers amis, ici, en Alsace, on attache du prix, du prix à lhonneur de la France. Ici, en Alsace, on aime la France parce quon la choisie. Ici, en Alsace, on veut garder sa culture, son mode de vie, ses traditions. Ici, en Alsace, où lidéal européen est si fort, je sais que la fidélité à la France est gravée dans tous les coeurs des Alsaciens.
Ici, en Alsace, on veut garder intact le legs dune histoire si particulière parce que cette histoire si particulière fait partie de lidentité alsacienne. Ici, dans cette Alsace qui veut se réunifier pour être plus forte, ici, on sait mieux quailleurs la nécessité dune France forte dans une Europe forte et les risques dune France affaiblie dans une Europe faible.
Alors, mes chers amis, ce soir, dans cette réunion si particulière, à un moment si particulier, au moment où, dans la même journée, je me dois dêtre président de la République face à la douleur des victimes, président de la République face à des décisions graves, président de la République garant de lunité de la nation, et en même temps candidat, candidat parce quil y a un rythme démocratique, ici, dans cette journée si particulière, je vous ai fait mon discours en pensant à létrangeté de cette journée. Je veux vous dire une chose : Aidez-moi, aidez-moi, aidez-moi, aidez-moi à construire cette France qui entraînera le monde sur la voie dun nouvel ordre mondial. Aidez-moi à construire lEurope forte. Françaises, Français, jai besoin de vous ! Vive lAlsace ! Vive la France ! Vive la République !
Je veux remercier Jean-François COPE de sa présence, Philippe RICHERT, dire à Alain JUPPE combien je le remercie, Michèle ALLIOT-MARIE et dire à Claude ALLEGRE que la France forte, cest une France qui va au-delà de mes propres amis politiques, cest une France rassemblée et quil porte le témoignage de ce rassemblement, avec Eric BESSON, avec Jean-Marie BOCKEL, avec Fabienne KELLER, merci, merci de votre présence.
Source http://www.lafranceforte.fr, le 23 mars 2012
Mes Chers Amis,
Un assassin a voulu selon ses propres mots « mettre la France à genoux » en semant la haine et la terreur, il a été mis hors détat de nuire. Il reste les larmes, il reste la douleur des familles des victimes et ma pensée ce soir comme la vôtre, jen suis sûr, va dabord vers les victimes et leurs familles.
Ces événements tragiques ont endeuillé la France mais ils nous rappellent ces événements que nous sommes forts lorsque nous sommes unis autour de nos valeurs, que nous sommes faibles quand nous oublions nos valeurs.
Je veux vous parler aujourdhui de ces valeurs, ces valeurs morales qui sont le fondement de notre Nation, le fondement de notre République. Des millions de femmes et dhommes dans le monde attendent que la France y soit fidèle.
La France nest elle même que lorsquelle se bat pour un idéal, un idéal de justice, de liberté, un idéal de paix. Si la France compte dans le monde cest parce que la France donne son nom et son visage aux plus beaux idéaux de lhumanité.
La France aujourdhui est meurtrie, elle est meurtrie au plus profond delle-même par ces crimes odieux perpétrés contre des enfants et contre des soldats désarmés.
Ce sont les valeurs de la France qui ont été niées, ce sont les principes de la République qui ont été bafoués. Et je veux dire aujourdhui que ces crimes ne sont pas les crimes dun fou parce quun fou est irresponsable, ces crimes sont ceux dun monstre et dun fanatique. Un monstre capable dachever froidement un homme blessé et une enfant qui pleure au milieu dune cour décole. Chercher une explication au geste de ce fanatique, de ce monstre, laisser entrevoir la moindre compréhension à son égard ou, pire, lui chercher la plus petite excuse serait une faute morale impardonnable.
Mettre en cause la société, montrer du doigt la France, la politique, les institutions cest indigne, ce nest pas faire preuve dun esprit de responsabilité dans un moment où la Nation a besoin dunité.
Non, la France nest pas coupable, non, il ny a pas en France un climat qui puisse expliquer ces crimes parce que ces crimes sont inexplicables et inexcusables !
Non, la République nest pas fautive, non, la société nest pas responsable ! Et, non, rien de ce qui se passe dans le monde et en France, aucune cause, quelle que soit sa nature, quelle que soit sa légitimité, ne peut justifier, ne peut expliquer, ne peut excuser lassassinat dun enfant et dun soldat désarmé.
Ce crime ne sert aucune cause, aucune cause politique, aucune cause religieuse, aucune cause humaine, ce crime abîme toutes les causes. Ce crime doit être regardé pour ce quil est, un acte inacceptable pour la conscience, pour la civilisation et pour la société. Ce geste isolé monstrueux engage la responsabilité de celui qui la commis mais ce geste doit nous faire réfléchir sur nous-mêmes.
Cette tragédie nous prouve une fois de plus que le combat contre le fanatisme, lextrémisme, le racisme, lantisémitisme doit être un combat de tous les jours. La France nest pas raciste, la France nest pas antisémite, la haine de lautre nappartient ni à notre histoire ni à notre culture.
Nos valeurs sont celles de la République, cest la République qui permet à chacun de trouver sa place dans la société, davoir sa chance, dêtre libre. Cest la laïcité qui protège la liberté de conscience, la liberté religieuse. Cest légalité de lhomme et de la femme qui empêche le repliement communautaire. Nous ne transigerons jamais sur ces principes, sur ces droits et sur ces devoirs. Et nous ne transigerons pas sur le respect dû aux institutions de la République, aux autorités de lEtat, le respect dû à la police, le respect dû à la justice et à tous ceux qui dans la société incarnent la République, le respect dû aux enseignants, aux éducateurs, aux médecins dans les hôpitaux qui subissent des violences inacceptables, le respect dû aux élus, aux maires, le respect dû aux soldats qui portent luniforme de la République et qui la défendent, le respect dû aux pompiers auxquels dans certains quartiers on ose jeter des pierres, nous ferons respecter les institutions de la République ! Et à chaque fois que nous acceptons le moindre relâchement dans la défense des valeurs et des institutions républicaines nous affaiblissons le trait dunion qui relie entre tous les citoyens de notre pays, quelles que soient leurs origines, leurs croyances, leurs milieux, et nous ouvrons une brèche pour les semeurs de haine et de violence.
Ceux qui seraient tentés de senfermer dans une hostilité radicale à la République, ceux qui voudraient labattre, ceux qui par leurs propos et leurs comportements encourageraient le fanatisme et feraient prévaloir des idées qui sont contraires à nos valeurs ceux-là doivent bien comprendre que la République naura à leur égard aucune indulgence, nous ne leur passerons rien !
Désormais, toute personne se rendant à létranger pour y suivre des travaux dendoctrinement à des idéologies conduisant au terrorisme sera punie pénalement dune peine de prison !
Toute personne qui consultera de manière habituelle des sites Internet qui font lapologie du terrorisme ou qui appellent à la haine et à la violence sera punie pénalement par des peines de prison ! Et quon ne vienne pas me dire que cest impossible, ce qui est possible contre les pédophiles doit lêtre contre les apprentis terroristes ou ceux qui les soutiennent y compris par les idées !
Et, désormais, la propagation et lapologie didéologies extrémistes incitant au terrorisme seront réprimées par un délit figurant dans le code pénal avec les moyens qui sont ceux de la lutte antiterroriste. Chacun est prévenu, chacun prendra ses responsabilités, de notre côté, cest clair, la République ne cédera pas un millimètre de terrain.
La France est une démocratie, personne ne lui imposera quoi que ce soit par la violence.
La France est un pays où la raison tempère toujours la passion, la France est un pays qui ne se laissera jamais emporter par aucun fanatisme.
La République est un régime dautorité et de fermeté, ceux qui ne veulent pas être dans la République se heurteront à cette fermeté et à cette autorité. Quil me soit dailleurs permis de rendre hommage aux forces de lordre, au ministre de lIntérieur qui ont fait un travail remarquable et à nos services de renseignements, je veux simplement dire que quand jentends proposer quon veut les affaiblir ou les faire disparaitre, cest la République que lon affaiblirait, ce serait totalement irresponsable !
Mes Chers Amis, en 1947, ici à Strasbourg, Cher Philippe RICHERT, Chers Amis, le général de GAULLE disait aux Français : « nous nous trouvons désormais dans un univers entièrement différent de celui où notre pays avait vécu pendant des siècles ». Il disait : « il faut que nous restions nous-mêmes, cest-à-dire des occidentaux fidèles à une conception de lhomme, de la vie, du droit, des rapports entre les Etats qui nous a fait tel que nous sommes ». Il disait encore : « si nous nétions pas le peuple français, nous pourrions reculer devant la tâche et nous asseoir au bord de la route en nous livrant au destin mais nous sommes le peuple français ».
Voilà mes Chers Amis où nous devons puiser nos références, doù nous venons et voilà ce qui éclaire lavenir, « nous sommes le peuple français ». A lintérieur, à lextérieur, la seule politique de la France cest la défense de ses valeurs, cest en défendant ses valeurs que la France est forte, c???est en défendant ses valeurs que la France protège le mieux les Français. Cest en se battant pour les autres que la France se bat le mieux pour elle-même.
A lintérieur donc la République. A lextérieur, la France doit être la voix de ceux qui nont pas de voix, le droit substitué à la force, la liberté des peuples, la solidarité des nations. Voici la politique de la France, à lintérieur et à lextérieur, la justice et la paix, voici la politique de la France.
Depuis le général de GAULLE, le monde a changé, la France, lEurope, lOccident ne pèsent plus de la même manière sur les destinées du monde mais comme au temps de Jean MONNET, de Robert SCHUMAN, de de GAULLE, dADENAUER, le sort de la France, et ici, en Alsace, on le comprend, est lié à celui de lAllemagne, de lEurope et de lOccident.
Les moyens ne sont plus les mêmes, les menaces non plus mais les finalités demeurent parce que la vocation de la France na pas changé. Comme au temps du général de GAULLE, la France doit sadapter à son époque, la France veut construire un monde nouveau où chaque peuple trouve sa place.
La France a des responsabilités particulières en Europe et dans le monde, elle a assumé ses responsabilités la France lors de la conférence de Copenhague sur le climat. Elle les assumées la France lorsquelle sest interposé au nom de lEurope dans le conflit où la Géorgie était menacée de disparaitre. Elle les assumées quand elle a répondu en Côte dIvoire à la demande des Nations Unies pour mettre un terme à un déni honteux de démocratie. Elle les assumées la France ses responsabilités lorsquelle a envoyé ses soldats et ses avions dans le ciel libyen pour empêcher le massacre des habitants de Benghazi !
Cest la même France qui assume ses responsabilités particulières quand le Conseil de sécurité grâce à notre ministre des Affaires étrangères, Alain JUPPE, elle se bat pour sanctionner un régime syrien qui assassine honteusement son peuple innocent victime dun dictateur sans scrupule. Elle les assume la France ses responsabilités quand elle travaille à unir la communauté internationale contre le régime iranien qui cherche à se doter dun armement nucléaire et qui ose affirmer quun pays membre des Nations Unies comme Israël doit être rayé de la carte, la France nacceptera jamais ces menaces et cette attitude ! La France ses responsabilités elle les a assumées quand elle a pris linitiative de lUnion pour la Méditerranée, pour essayer déteindre les haines qui déchirent le monde méditerranéen et qui se répercutent sur le monde entier.
LUnion pour la Méditerranée, une grande idée digne de la France pour quen travaillant ensemble les peuples apprennent à se connaitre pour briser comme la fait lEurope le cercle infernal de la vengeance, pour sceller entre lEurope, lAfrique et le Moyen-Orient une destinée commune. Combien les événements récents ont rendu encore plus nécessaire laccomplissement de ce grand dessein. La France a assumé ses responsabilités lorsquelle présidait la présidence de lEurope en 2008, au moment où une crise financière sans précédent a failli emporter le monde.
Cest la France qui a exigé des Etats-Unis dAmérique la création du G20, instrument indispensable au rétablissement de la confiance ! Cest la France qui a réclamé la réforme de la finance mondiale qui nous a amenés au bord du gouffre, la lutte contre les paradis fiscaux, la taxe sur les transactions financières, la lutte contre la spéculation sur les marchés des matières premières et lavenir de notre agriculture. Dans 40 ans, il faudra nourrir deux milliards de personnes en plus alors quaujourdhui même il y a un milliards de personnes qui meurent de faim et on vient nous expliquer quil ne faudrait pas défendre lavenir de notre agriculture, de nos agriculteurs et de nos paysans, cest la France qui porte ce message !
Cest la France, mes Chers Compatriotes, mes Chers Amis, qui a entraîné toute lEurope dans le soutien à la Grèce menacée de faillite. Et que serait-il arrivé si la Grèce avait été rayée de la carte, si leuro avait implosé, si lEurope avait explosé, si nous navions pas exigé la solidarité pour éviter les drames ! Cest la France avec lAllemagne qui a obtenu la création dun gouvernent économique, qui a mis un terme à la crise qui menaçait demporter notre monnaie.
Le premier enseignement que je tire de toutes ces crises cest que lorsque la France ne place pas ses valeurs en premier, alors elle prend un risque, celui de ne pas être au rendez-vous de lhistoire. Et disons les choses comme elles sont, trop longtemps, trop souvent, la France dans sa politique étrangère a préservé la stabilité plutôt que ses idéaux.
Au nom de la stabilité, nous avons toléré des régimes qui navaient rien à voir avec les valeurs qui étaient les nôtres ! Au nom de la stabilité, nous avons accepté pendant des décennies que presque 100 millions dEuropéens ne bénéficient pas de la liberté, la liberté pour nous, la dictature pour eux au nom de la stabilité. Au nom de la stabilité, nous avons eu peur lorsque lUnion soviétique a implosé. Avec les printemps arabes, la France a senti que sa place ne pouvait être quaux côtés des peuples, des peuples qui voulaient se libérer. La France continuera de respecter le droit des peuples à disposer deux-mêmes mais elle sera plus vigilante sur le respect des valeurs universelles quelle entend opposer à toutes les tyrannies et à tous les fanatismes.
Légalité entre les femmes et les hommes cest une valeur universelle, nous naccepterons aucune entorse à ce principe. Nous sommes solidaires des révolutions arabes et nous avons été bouleversés que les jeunes arabes soient descendus dans la rue au cri de « vive la démocratie », « vive léducation », « vive la croissance ». Et nous avons été bouleversés parce quils nont pas dit « mort à Israël », ils nont pas dit « mort aux Etats-Unis », ils nont pas dit « mort à lOccident ». Et nous avons été bouleversés parce quainsi en quelques semaines étaient démontré que les prophètes, les soi-disant experts qui annonçaient le conflit inéluctable entre lOccident et lOrient avaient tort !
Mais avec la même franchise je veux dire à ces nouveaux régimes que nous avons soutenus et que nous aiderons que pour nous le respect des minorités ça ne se discute pas, le respect des libertés religieuses y compris pour les chrétiens dOrient ça ne se discute pas ! Les droits de lhomme et les droits de la femme ça ne se discute pas !
Nous ne voulons rien imposer, nous navons pas à choisir leur avenir mais nous disons « nous croyons dans vos révolutions, nous croyons dans votre jeunesse mais nous pensons aussi quau XXIe siècle il y a des valeurs universelles dont nous naccepterons pas quelles soient bafouées ni là-bas ni ici ni ailleurs ! Voilà le choix de la France !
Alors la France plaide pour un nouvel ordre mondial, la France dit que les grands pays émergents, la Chine, le Brésil, lAfrique du sud, lInde, le Mexique, ne peuvent plus parler au nom des pays pauvres parce quils ne sont plus des pays pauvres.
Cest toute larchitecture des grandes négociations internationales que la France propose de reconsidérer car si lon continuait à confondre les pays émergents avec les pays pauvres alors il ny aurait aucune issue possible aux grandes négociations commerciales et pas davantage daccords possibles pour les négociations climatiques.
Pour que les choses soient claires, ce que lon peut faire pour lun des pays dAfrique les plus pauvres au monde on ne peut pas le faire pour cette immense puissance quest la Chine, ce nest pas juste de traiter les uns et les autres sur un même pied. Les pays pauvres ont besoin de la solidarité internationale, les pays émergents ont des responsabilités et des devoirs. Le Conseil de sécurité doit être réformé pour que chaque continent y ait ses représentants permanents, pour que des milliards dhommes ne soient pas tenus à lécart, cest un scandale quil ny ait pas un seul pays africain membre permanent du Conseil de sécurité ! Cest un scandale que le pays le plus peuplé du monde dans 20 ans, lInde, ne soit pas membre permanent du Conseil de sécurité ! Et cest un scandale que le Japon et lAllemagne en vertu de ce qui sest passé il y a plus de 60 ans ne soient pas membres permanents du Conseil de sécurité !
Mais en même temps la France dit à ces pays « vous avez de nouveaux droits mais ils vous créent de nouveaux devoirs, le devoir du sang, du sang de vos soldats, pour maintenir la paix dans le monde et le devoir de la solidarité quand un dictateur veut isoler son pays ».
Alors ce monde nouveau nous devons laider à naître car le monde ancien nen finit plus de mourir et le nouveau a du mal à naître, cest à la France de laider à naître. Je veux dire ici à Strasbourg que la mondialisation sans règle, sans réciprocité, cest fini, que la toute puissance des marchés qui ont toujours raison, fini, que laplatissement du monde, la pensée unique, le modèle unique, le mode unique, fini.
De ces années de crise, je tire une conviction profonde, la période que nous vivons est absolument décisive pour lavenir du monde. Si nous échouons, ça sera la balkanisation. Si les gens ne se sentent pas protégés, ils exigeront partout la fermeture. Je vous demande de réfléchir à cela, le repliement sur soi serait tragique mais on ne peut pas continuer à faire souffrir des peuples dans le monde au nom dune idéologie qui consiste à tout accepter, à tout laisser passer et à ne jamais demander la régulation et la justice.
Avec la crise financière, avec la crise des dettes souveraines, la fuite en avant dans la dette nest plus possible, il nous faut construire un monde nouveau. Le message de la France est simple, nous navons pas le droit déchouer.
Je veux aussi à ce moment où lhistoire a une dimension si tragique dire que notre sort est lié plus que jamais à celui de tous les autres. Je veux vous dire avec toutes les fibres patriotiques qui sont les miennes que la souveraineté de chaque pays ne peut sexercer quavec la souveraineté des autres que ceux qui vous expliquent quon peut exercer seul sa souveraineté vous mentent, ils nont rien compris au monde daujourdhui !
Nul dans le monde ne peut exercer seul sa souveraineté, lexercer avec ses voisins, avec ses amis avec ses alliés, cest être plus fort ! Souvenez-vous, le général de GAULLE, « si nous nétions pas le peuple français, nous pourrions reculer devant la tâche » mais, mes Chers Amis, nous sommes le peuple de France, nous ne reculerons pas devant cette tâche ! Dailleurs, si la France ne prend pas dinitiative, qui les prendra ? Si la France ne propose rien, qui mettra des propositions sur la table ? Si la France ne croit pas à la taxation des transactions financières, personne ne le fera ! Si la France ne lutte pas pour la création dune Organisation mondiale de lenvironnement, qui luttera pour cette création ? Si la France ne lutte pas pour un new deal économique et écologique planétaire, qui le fera à notre place ? Personne !
Le libre-échange absolu, je veux le dire en prenant un engagement devant les Français, le libre-échange absolu ne peut pas être la seule et unique règle de léconomie mondiale, on a vu où cela nous conduisait. Dire cela ne signifie en rien que lon veut être protectionniste, en rien que lon condamne léconomie de marché ! Dire cela cest dire quil ny a pas de liberté sil ny a pas de règles !
Il ne sagit pas de chercher à avoir partout le même droit du travail, partout la même protection sociale mais nous exigerons que le monde sentende sur un socle minimum de règles et que les organisations spécialisées comme lOrganisation internationale du travail, le FMI ou lOrganisation mondiale de lenvironnement doivent être chargées de les faire respecter.
Quand un problème de dumping écologique surgira dans un conflit commercial, le juge du commerce international sera alors obligé de saisir lOrganisation mondiale de lenvironnement dont la France réclame la création pour trancher la question.
Quand nous serons face à un problème de dumping monétaire, alors le juge commercial saisira le FMI. Quand nous serons face à un problème de dumping social, alors le juge nous devrions saisir lOrganisation internationale du travail. Quand la santé sera en cause, lOrganisation mondiale de la santé tranchera.
Ce nest pas la liberté du commerce que de faire trancher un conflit entre deux pays par la seule Organisation mondiale du commerce en ignorant que dans un pays on fait travailler les enfants, on fait travailler les prisonniers, on manipule le cours de la monnaie et on ne respecte aucune des règles écologiques et environnementales quon impose aux autres !
Ce nest pas de la concurrence loyale, ce nest pas du libre-échange, cest de la concurrence déloyale, cest un monde que nous en voulons plus ! Voilà ce que la France propose !
Au fond, je veux en votre nom me battre pour que léquité du commerce bien sûr soit mieux garantie mais surtout pour une chose, et dans cette terre dAlsace vous le comprendrez mieux que dautres, que lhomme soit remis au coeur de léconomie parce que pour la première fois dans la mondialisation lhomme pourra faire valoir ses droits sur ceux de la marchandise, on ne parle que de la marchandise, la France demande que lon parle de lhomme !
Bien sûr, bien sûr, bien sûr, ce combat-là nest pas gagné davance. Parce quil bouscule bien des intérêts et bien des habitudes.
Mais mes chers amis, si nous nétions pas le peuple français, nous pourrions reculer devant la tâche, mais nous sommes le peuple de France et nous ne reculerons pas devant la tâche. Alors, bien sûr, ce combat, la France doit le mener avec lEurope, cher Claude ALLEGRE, merci de votre présence.
LEurope, au nom de lEurope, je veux vous dire les choses avec mon coeur, cest avec lEurope que la France peut espérer peser suffisamment sur la scène du monde pour changer les choses.
Dans le monde tel quil est, la France seule, lAllemagne seule, la Grande-Bretagne seule ne peuvent rien. Pour faire avancer nos idées, la France na pas dautre levier que lEurope. Mais pour que lEurope devienne un levier du changement, alors, je le dis en européen convaincu, lEurope doit changer.
Depuis cinq ans, elle a déjà changé, elle a changé à cause des crises, parce que les crises ont obligé lEurope à agir et donc à se doter, enfin, des moyens de décider.
Dans lEurope daujourdhui, il y a plus de politique que dans lEurope dil y a cinq ans. La volonté politique a pris le pas sur la bureaucratie. Mais parce que face aux évènements qui sabattaient sur lEurope, il a bien fallu sortir du cours ordinaire des choses, il a fallu faire quelque chose dépouvantable, transgresser, une chose encore plus épouvantable, inventer, une chose atroce, sortir du cadre, une chose incroyable, bousculer les habitudes, une chose scandaleuse, changer les procédures ! Voilà ce que la crise a permis de faire.
La crise, mes chers amis, a créé beaucoup de souffrance et personne ne peut se dire que la crise ne fut une bonne chose sur rien. Mais la crise a bousculé lEurope et lEurope en avait besoin.
Du coup, une nouvelle Europe est en train de naître. Aucune autre institution européenne naurait pu faire face à la crise que celle du Conseil des chefs dEtat et de gouvernement. Mais un danger, disons les choses et cette campagne électorale doit servir à dire les choses, un danger guette lEurope. Ce danger, cest quune fois les crises calmées, lEurope retombe dans la routine bureaucratique, quelle pense que cest fini, quon est débarrassé, que les gens ont oublié et quon peut recommencer le train-train davant. Ce serait mortel, parce que les mêmes causes produiraient les mêmes effets. Avec une différence, cest quà ce moment-là, les Etats nauraient plus les moyens financiers et les peuples auraient trop souffert. LEurope nest pas là pour faire souffrir les peuples, elle est là pour les protéger.
Alors, lEurope, je le dis comme je le pense, ne peut pas être le seul ensemble politique au monde à ignorer quil a des frontières, le seul ensemble politique au monde à refuser de contrôler son immigration, le seul ensemble politique au monde à navoir aucune politique commerciale crédible, le seul ensemble politique au monde à ouvrir sans contrepartie ses marchés publics, le seul ensemble politique au monde à mettre en oeuvre une politique de la concurrence qui met ses entreprises à la merci de tous les prédateurs du monde. Cela, nous ne pouvons plus laccepter !
Cest au nom de mon idéal européen que je le réclame, car je dénie le droit à ceux qui ont toujours combattu lEurope de proposer la réforme dune Europe à laquelle ils nont jamais cru. Eux nont pas le droit ! Nous, nous avons le devoir !
Alors, lEurope a besoin que ses frontières soient protégées, lEurope a besoin dune politique commerciale, dune politique industrielle, lEurope a le droit de protéger son agriculture, il y en a plus quassez quon impose à nos producteurs, à nos éleveurs, à nos agriculteurs des règles de traçabilité et de bien-être de la condition animale, que je respecte parfaitement, et continue à importer sur le territoire de lEurope des produits en provenance de pays qui ignorent le mot traçabilité, le respect des contraintes environnementales ou le bien-être animal ! Si nous imposons ces règles à nos producteurs, à nos agriculteurs, à nos éleveurs, nimportons pas des produits qui viennent de pays qui ignorent toutes ces règles.
Mes chers amis, tout va se jouer sur notre capacité à nous donner les moyens en Europe de peser sur lévolution de la mondialisation.
Une évidence saute aux yeux, il y a pour moi trois Europe. Il y a lEurope de leuro qui doit sintégrer davantage parce quelle partage une monnaie unique. Il y a lEurope de Schengen, pour laquelle il faut faire ce qui a été fait pour la Zone Euro, une convergence, convergence du droit des étrangers, convergence des politiques migratoires, un gouvernement politique de Schengen, une présidence stable de Schengen, comme il y a désormais une convergence économique et un gouvernement de la Zone Euro.
Il y a enfin lEurope à vingt-sept, bientôt vingt-huit, et plus, qui peut sautoriser davantage de souplesse. Au coeur de cette Europe à trois dimensions, commence à sorganiser un noyau dur où la convergence des politiques sera la règle, parce que lorsquon partage la même monnaie, on ne peut pas avoir des politiques qui divergent.
Au coeur de ce noyau dur, la France et lAllemagne, honte à ceux qui ont défendu des sentiments germanophobes ces derniers mois et ces dernières semaines.
Tout nest pas possible, tout nest pas possible, il y a eu trop de souffrance entre nous, trop daffrontements, trop de haine, le drame de la Shoah, pour quon se laisse aller à autre chose que de dire que dans le trésor que nous ont remis les générations qui nous ont précédé, lamitié entre la France et lAllemagne est ce quil y a de plus précieux.
Rien jamais ne doit remettre en cause cette amitié. Faire converger le plus quil est possible la France et lAllemagne, cest la tâche que je me fixerais pour les cinq années qui viennent. Il ne sagit pas dimiter les autres, mais franchement, y a-t-il un seul citoyen français qui, voyant la situation de la Grèce, voudrait quon sinspire du modèle grec ?
Y a-t-il un seul citoyen qui voudrait que la France sinspire de modèles qui ont connu tant de difficultés, alors même quil y a en Europe le premier pays et le deuxième pays, la première économie et la deuxième économie qui doivent constituer un pôle de stabilité autour dune convergence affirmée, revendiquée ?
Cela ne servira à rien de faire tout cela si lEurope se contente de subir la mondialisation. Au coeur de lEurope, la France et lAllemagne qui convergent et une Europe qui veut être un acteur de la mondialisation.
LEurope qui subit, qui ne protège pas, lEurope qui ne défend pas ses intérêts, éclatera, explosera, parce que les peuples la rejetteront. LEurope est peut-être le projet humain consacré à la paix le plus extraordinaire qui na jamais été inventé. Est-il normal quà chaque fois que lon pose la question dans les pays dEurope sur lEurope, le peuple répond non ? Cest parce que lEurope, en ne se défendant pas, en ne protégeant pas, trahit son idéal humaniste, celui de ses pères fondateurs.
Cest pour cela que lEurope doit être acteur de la mondialisation. LEurope ne peut plus se préoccuper que de lintérêt de ses consommateurs, lEurope doit se préoccuper de lintérêt de ses producteurs et de ses travailleurs.
Parce quune Europe qui ne soccuperait que des consommateurs oublierait quun consommateur qui perd son emploi et son salaire ne peut plus consommer grand-chose ! Tout part du travail, de lemploi, et non pas de la consommation et de la concurrence. Il faut faire lEurope de la production, lEurope de lemploi et pas seulement lEurope de la consommation. Parce que le jour où nous navons plus dusines en Europe, où nous navons que des chômeurs, je me demande bien ce que viendront dire les consommateurs qui ne pourront plus consommer ! Cest une inversion des valeurs à laquelle il nous faut nous livrer.
Enfin, mes chers amis, je dis cela pour tous ceux qui aiment lEurope et je sais quils sont nombreux en Alsace, qui se désespèrent de sa paralysie et, disons les choses, de sa naïveté, je prendrais mes responsabilités au nom de lidée que je me fais de lEurope, lEurope humaniste qui va peser sur les destinées du monde. Ce nest pas lEurope ouverte à tous les vents, lEurope passoire, lEurope impuissante, lEurope au fond qui finirait par renier lhéritage des Lumières et lidéal du progrès.
Ce nest pas lEurope qui étouffe sous les normes et sous la bureaucratie. On na pas fait lEurope pour quon nous explique quil y a trois voies, trois poids possibles et trois circonférences possibles pour les oeufs !
On na pas fait lEurope pour nous expliquer la température des plats qui sont servis dans nos restaurants en Alsace ou dans les autres régions du monde !
On na pas fait lEurope pour fixer la date douverture de la chasse ou de protection de certaines espèces !
On na pas fait lEurope pour empêcher les vaches daller au ruisseau qui traverse la prairie, au prétexte quun bureaucrate a considéré que ce qui se faisait depuis des siècles ne devait plus se faire !
On a fait lEurope parce quon a un modèle social, parce quil y a une civilisation européenne, parce que lhomme est au coeur de tout et parce que lEurope veut compter dans le monde du 21ème siècle, voilà pourquoi nous avons voulu lEurope !
Nous avons voulu une Europe qui se défende, une Europe qui ait une arme, une défense européenne. Je veux dire dailleurs, en terminant, combien jassume et je revendique le choix politique majeur de faire revenir la France au sein des structures de lOTAN.
Parce que la défense européenne, à mes yeux, ne se construit pas contre lAlliance atlantique, mais avec elle. La France sait où se trouvent ses amis et où se trouvent ses adversaires et ses amis sont des deux côtés de lAtlantique !
Parce que la solidarité atlantique, cest la solidarité des démocraties. Moi, je noublie pas une chose, cest que dans nos cimetières, il y a des croix blanches avec de jeunes américains qui sont venus, à deux reprises, défendre la démocratie en Europe !
Cest un lien que nous noublierons jamais, cest une dette que nous avons contractée avec nos amis Américains ! Ils sont nos alliés, nous partageons des valeurs avec eux et je revendique cette amitié et cette solidarité.
Pour autant, la France exerce une influence aujourdhui dans lOTAN qui ne lui a rien fait perdre de sa souveraineté, bien au contraire. Cétait au moment de lintervention en Libye, une belle image que de voir la France diriger les opérations de lOTAN ! Est-ce que nous aurions pu le faire si nous nétions pas revenus dans le commandement intégré de lOTAN ? La France nest inféodée à personne, la France nest pas moins indépendante.
Mais la France, je veux le dire, est plus forte avec ses alliés que toute seule. Sil en est qui veulent rompre lamitié avec les Etats-Unis dAmérique, quils le disent aux Français ! Je combattrais cette idée. Jajoute que lorsque le général de GAULLE, pour des raisons bien précises, sest retiré de lOTAN, les socialistes lont condamné. Quand jai ramené la France dans lOTAN, les socialistes mont condamné. Ils condamnent toujours !
Mais je veux dire une chose, solennellement, devant vous, parce que cest une affaire sérieuse, les alliés de la France savent que lorsque la France engage sa parole, la France la tient, la France na quune seule parole. On ne peut pas avoir dalliés, on ne peut pas avoir de partenaires, si lon ne respecte pas la parole donnée. Cest une question de confiance, cest une question de loyauté. La France est respectée parce que ses alliés savent quils peuvent compter sur elle.
La France a des amis parce que les amis de la France savent que dans lépreuve, la France ne laisse jamais tomber ses amis. Ce que la France a de plus précieux au fond et ce qui lui donne tant dinfluence, cest son honneur.
Lhonneur de la France, cest sa parole. Alors, en Afghanistan, où tant de soldats français sont tombés pour défendre la liberté du monde contre le fanatisme et le terrorisme, je le dis, abandonner nos alliés du jour au lendemain, ce serait les trahir, trahir la mémoire de nos soldats, ce serait donner raison aux assassins, ce serait déshonorer la France.
Quand on est chef de lEtat, on na pas que des décisions faciles à prendre, on a même que des décisions difficiles. Mais quand on a des convictions, on les affirme, on les défend, on ne biaise pas, quel que soit le calendrier, on dit ce que lon a dans le coeur, dans la tête, et on défend pour convaincre.
La France au Moyen-Orient, son honneur, cest de ne pas choisir entre ses amis, cest de ne prendre quun seul parti, celui de la paix et de la justice. Dire aux Palestiniens, nos amis, quils ne seront jamais libres si la sécurité dIsraël nest pas garantie. Jamais. Dire aux Israéliens, qui sont nos amis, quils ne vivront jamais en sécurité tant que le peuple palestinien naura pas un Etat digne de ce nom. Le Moyen-Orient ne connaîtra pas la paix et le monde non plus, tant quil ny aura pas deux Etats, deux Etats-Nations, lun juif, lautre palestinien, tant que linjustice faite aux Palestiniens ne sera pas réparée et que langoisse existentielle dIsraël ne sera pas apaisée. Voilà le message de la France.
Si les Français me font à nouveau confiance, je me rendrai dabord en Allemagne pour redire au peuple allemand lamitié indéfectible du peuple français et sa volonté de construire avec lui un destin commun.
Mais sitôt après, je me rendrai auprès du peuple israélien et du peuple palestinien et la France leur proposera une initiative pour faire avancer la paix. Au Liban, lhonneur de la France, cest dêtre aux côtés dun peuple avec lequel lhistoire a tissé de profonds liens de fraternité. Au Liban, lhonneur de la France, cest de défendre un miracle, le miracle de la diversité et de la tolérance, que des ingérences extérieures scandaleuses ont ruiné. Mais la France ne défendra pas le Liban sans les Libanais, elle ne risquera pas la vie de ses soldats si les Libanais eux-mêmes ne sont pas décidés à préserver lunité dun Liban où vivraient en paix toutes les religions et toutes les cultures.
Mes chers amis, ici, en Alsace, on attache du prix, du prix à lhonneur de la France. Ici, en Alsace, on aime la France parce quon la choisie. Ici, en Alsace, on veut garder sa culture, son mode de vie, ses traditions. Ici, en Alsace, où lidéal européen est si fort, je sais que la fidélité à la France est gravée dans tous les coeurs des Alsaciens.
Ici, en Alsace, on veut garder intact le legs dune histoire si particulière parce que cette histoire si particulière fait partie de lidentité alsacienne. Ici, dans cette Alsace qui veut se réunifier pour être plus forte, ici, on sait mieux quailleurs la nécessité dune France forte dans une Europe forte et les risques dune France affaiblie dans une Europe faible.
Alors, mes chers amis, ce soir, dans cette réunion si particulière, à un moment si particulier, au moment où, dans la même journée, je me dois dêtre président de la République face à la douleur des victimes, président de la République face à des décisions graves, président de la République garant de lunité de la nation, et en même temps candidat, candidat parce quil y a un rythme démocratique, ici, dans cette journée si particulière, je vous ai fait mon discours en pensant à létrangeté de cette journée. Je veux vous dire une chose : Aidez-moi, aidez-moi, aidez-moi, aidez-moi à construire cette France qui entraînera le monde sur la voie dun nouvel ordre mondial. Aidez-moi à construire lEurope forte. Françaises, Français, jai besoin de vous ! Vive lAlsace ! Vive la France ! Vive la République !
Je veux remercier Jean-François COPE de sa présence, Philippe RICHERT, dire à Alain JUPPE combien je le remercie, Michèle ALLIOT-MARIE et dire à Claude ALLEGRE que la France forte, cest une France qui va au-delà de mes propres amis politiques, cest une France rassemblée et quil porte le témoignage de ce rassemblement, avec Eric BESSON, avec Jean-Marie BOCKEL, avec Fabienne KELLER, merci, merci de votre présence.
Source http://www.lafranceforte.fr, le 23 mars 2012