Texte intégral
Mes Chers amis, mes chers amis, mes chers amis,
Face aux événements tragiques de Montauban et de Toulouse, la France a été exemplaire.
Les Français ont été exemplaires.
Vous avez été exemplaires.
La France a su rester unie.
La France a su se rassembler.
La France, comme à chaque fois que le malheur frappe, a été solidaire et cest tout le peuple français qui a partagé la souffrance inhumaine quun tueur, quun terroriste a voulu infliger, de sang-froid, à des familles, à des épouses, à des mères, à des enfants.
Devant ces actes monstrueux, la France a tenu bon, elle na cédé, la France, ni à la peur, ni à la colère, ni à la vengeance. Les Français ont refusé tout amalgame.
Et la France a montré le discernement des vieilles nations recrues dépreuves, la France au fond, a refusé de tomber dans le piège qui lui était tendu par un tueur pervers.
Pendant ces quelques jours, notre pays a su rester digne. Notre pays a été rassemblé, toutes croyances confondues.
Et je veux remercier ce soir et de la façon la plus solennelle qui soit, les forces de lordre qui au cours de ces heures terribles ont montré leur sang-froid, leur courage et leur efficacité.
En dix jours, les forces de lordre coalisant leurs efforts ont identifié, localisé, assiégé et finalement mis hors détat de nuire celui qui depuis le 11 mars semait la mort sur son passage.
Les Français doivent savoir que ce tueur avait prévu de tuer à nouveau le matin même du jour où il a été cerné et quil voulait encore tuer à linstant même où il a dû être définitivement mis hors détat de nuire. Il voulait tuer davantage de policiers et il voulait tuer davantage de militaires.
Je rencontrerai tous ceux qui ont participé à ces opérations pour leur dire la fierté et la gratitude du peuple français.
Mais permettez-moi de rendre un hommage particulier à notre ministre de lintérieur, Claude GUEANT, qui a été à la hauteur de la confiance et des espoirs que les Français plaçaient en lui pendant ces journées dangoisse. LÉtat shonore davoir des serviteurs tels que Claude GUEANT.
Alors permettez-moi, chers amis, cher Patrick, à Rueil, dajouter à cet hommage lexpression de mon indignation. Indignation, qui est, je le sais, partagée par une écrasante majorité de Français. Dans une démocratie, chacun est libre. Chacun est libre de poser toutes les questions quil souhaite. Chacun peut légitimement interpeller à tout moment lautorité et lui demander des comptes.
Le droit à la critique est lesprit même de la démocratie, mais je veux que les choses soient claires, je ne laisserai personne, vous mentendez bien, personne, remettre en cause lhonneur des hommes qui, depuis les services de renseignements jusquaux policiers du RAID, en passant par toutes les forces armées, ont mis fin, au risque de leur vie, à la trajectoire sanglante dun terroriste monstrueux.
Ces hommes, comme les victimes du tueur, ont des familles, des femmes, des enfants. Ils auraient pu trouver la mort dans ces assauts - certains ont été blessés- nous aurions pu voir dautres cercueils encore drapés du drapeau tricolore. Nous aurions pu entendre, encore, comme à Montauban jeudi dernier, retentir la sonnerie aux morts.
Je ne laisserai pas mettre en cause ces hommes qui veillent sur notre sécurité, sur nos droits et sur notre liberté, pas plus que je ne laisserai insulter la mémoire des victimes sur Internet où je ferai traquer tout appel à la haine et tous ceux qui chercheraient à faire dun tueur monstrueux, un martyre.
Je ne laisserai pas davantage insulter la mémoire des victimes par le geste inadmissible dune enseignante qui a osé demander à ses élèves dobserver une minute de silence en hommage au tueur. Saluons dailleurs le courage et le discernement des élèves de cette femme qui ont refusé ce qui leur était demandé et qui ont quitté la salle et qui ont prévenu le chef détablissement de ce qui était en train de se passer. Hommage à ces lycéens, honte à cette enseignante !
Ce comportement indigne ne doit pas occulter le travail admirable de ces milliers denseignants qui ont su trouver les mots justes pour parler de cette tragédie aux enfants qui leur sont confiés.
Les polémiques qui ont commencé je le dis comme je le pense - sont indignes. Pour les uns il fallait agir plus vite. Pour les autres, au contraire, qui savent tout, naturellement, il fallait attendre. Pour les uns, si spécialistes, il fallait parlementer. Pour les autres, au contraire, il fallait ruser. Pour les uns il fallait se garder de prendre des décisions hâtives. Pour les autres, il fallait au contraire arrêter lassassin avant quil nagisse. Pour les uns, cest la France qui serait coupable. Pour les autres, cest la société qui serait coupable. Pour dautres encore, la faute en reviendrait au climat. Pire, cest le débat lui-même, le débat démocratique qui encouragerait ces dérives.
La France et les Français seraient donc coupables davoir débattu de leur avenir et des problèmes qui les préoccupent. Coupables de débattre de limmigration (on ny aurait pas droit), coupables de débattre de nos frontières (ce serait scandaleux), coupables de débattre des valeurs de la République, parce quen débattant des valeurs de la République, on stigmatise ceux qui ne veulent pas respecter la République. Et cest curieux, voyez-vous, aux yeux de certains toute critique, même la plus absurde, même la plus indigne, est légitime mais le débat, le débat démocratique, lui, nest jamais légitime à leurs yeux. Seule est légitime leur critique, le débat est illégitime ; la vérité, cest quaux yeux de ces observateurs attentifs, il ne faut débattre de rien, ne parler de rien, nier les faits, effacer les souffrances et si on les écoute, on va résoudre les problèmes en supprimant les mots qui gênent dès lors que ces mots ont le malheur de traduire une réalité que lon est incapable de transformer car on refuse obstinément de regarder la réalité en face.
Je vais vous dire une chose à vous mes amis et je le dis à titre personnel, je nai rien oublié de ce que jai vu, je nai pas oublié la douleur et de leffroi dans les yeux des familles des victimes, notamment de cette jeune mère qui a perdu à la même minute son mari et deux enfants. Je vous le dis comme je le pense, jusquà la fin de mes jours, ces images resteront présentes dans mon esprit. On ne peut pas shabituer à une telle souffrance.
Alors jassume la totalité des décisions qui ont conduit à la neutralisation définitive dun tueur monstrueux. Jai soutenu les forces de lordre et leur ministre car je sais dexpérience que cest la condition de leur pleine efficacité. Si au sommet de lEtat, les ordres ne sont pas clairs, si au sommet de lEtat, la volonté nest pas inébranlable, alors le résultat devient aléatoire. Souvenons-nous du temps quil a fallu pour trouver lassassin dun préfet de la République.
Avec le Premier ministre, nous avons décidé de tirer les premières conclusions de ce drame en prenant immédiatement les décisions suivantes : désormais, toute personne - toute personne qui consultera de manière habituelle des sites internet qui font lapologie du terrorisme ou qui appellent à la haine et à la violence, ces personnes seront punies pénalement, la prison sera la réponse. Et quon ne vienne pas me parler dun délit dopinion car le terrorisme, le Jihad, la violence à ce point monstrueuse, ce nest pas une opinion, on doit convaincre on doit combattre ces idées parce quelles sont interdites sur le territoire de la République française.
Toute personne qui se rendra à létranger pour y suivre des stages dendoctrinement à des idéologies conduisant au terrorisme, sera punie pénalement. La réponse sera la prison. Nous ne voulons pas sur le sol de la République française que de jeunes Français puissent aller suivre des cours dendoctrinement aux méthodes du terrorisme. Nous décidons hors-la-loi ces cours, ces pratiques et cette idéologie.
La propagation et lapologie didéologies extrémistes seront réprimées par un délit figurant dans le code pénal avec les moyens qui sont déjà ceux de la lutte anti-terroriste.
Enfin, jai demandé au Garde des Sceaux de mener une action énergique, et des décisions seront prises dans les jours qui viennent, afin que nos prisons ne deviennent pas le terreau dun endoctrinement à des idéologies de haine et de terrorisme.
Le candidat socialiste peut protester que les lois anti-terroristes ont été modifiées récemment et quelles nont pas besoin de lêtre davantage. Il oublie juste de rappeler quil na voté aucune des lois antiterroristes derrière lesquelles il sabrite aujourdhui. Curieux que ces lois trouvent tant de crédit à ses yeux alors quau moment où elles ont été présentées, il a voté contre et sy est opposé !
Il peut sindigner, il peut tergiverser, il peut hésiter, il peut esquiver, il peut finasser, il peut refuser de voter les lois, ces lois que je propose pour protéger la France et les Français. Cest son droit. Mais je vous le dis, ces lois seront votées si les Français choisissent de me faire confiance.
Ainsi, la situation est claire. Je ferai donc voter ces lois car depuis dix ans je suis comptable de la sécurité des Français ; je nai jamais transigé avec elle.
Je voudrais dailleurs dire : comment le même homme peut laisser sa principale alliée politique, celle-là même à laquelle il a sacrifié lindépendance énergétique de notre pays, ségarer au point dannoncer que la meilleure façon de lutter contre le trafic darmes dans nos banlieues serait de dépénaliser lusage du cannabis ?
On se dit : le Parti socialiste va sindigner ! On se dit : le Parti socialiste va demander un démenti, on se dit : le Parti socialiste va dénoncer laccord électoral indigne passé avec les Verts. On attend, on écoute, et bien non, rien ne se passe. Au fond, on en revient toujours à lambiguïté et à lesquive. Les Français, eux, attendent des réponses claires sur des sujets aussi graves. Je pose donc la question à ceux qui ont sacrifié lavenir du nucléaire et de lindépendance énergétique de la France parce que leurs alliés politiques lexigeaient. Quallez-vous donc sacrifier dautre ? Que leur répondrez-vous, à vos alliés, quand ils vous demanderont dencourager partout le communautarisme quils ont toujours préféré au modèle républicain ? Cèderez-vous là aussi ou répondrez-vous non ?
Que leur répondrez-vous quand ils vous demanderont douvrir en grand les vannes de limmigration et de ne plus expulser les sans-papiers, les étrangers en situation irrégulière comme ils le réclament tous les jours ?
Que leur répondrez-vous quand ils exigeront labolition de toutes les lois qui protègent la sécurité des Français parce quils détestent toute forme dautorité ? Je propose dailleurs quaprès avoir supprimé le mot « race » et le mot « zone », on sinterroge longuement sur la pertinence du mot « autorité ».
Et que leur répondrez-vous, à vos alliés, quand ils vous demanderont la suppression du défilé du 14 juillet et celle de lhommage aux morts pour la France le 11 novembre ?
Les Français ont le droit de connaître les réponses.
Mes chers amis, jirai à cette campagne, en vérité, pour donner nos réponses. Nous navons pas à nous faire dicter ce de quoi nous avons le droit de parler et ce dont on naurait pas le droit dévoquer même la question ; et nous navons pas à nous faire dicter nos réponses. Je fais cette campagne, non pas pour parler à la droite, à la gauche, au centre, non pas parce quil y aurait quelle drôle dexpression des territoires dextrême-droite, comme si on abandonnait - ceux qui parlent de ça dailleurs, cest très intéressant, ne se rendent pas compte quen parlant des territoires de lextrême-droite, il en parle comme sil y avait des territoires abandonnés comme ils avaient abandonné nos quartiers et nos banlieues à la fin des années 90 !
Moi je veux parler au peuple de France, je veux lui dire : il y a des grandes questions. Celle de notre politique dimmigration est une grande question. La France a toujours été un pays ouvert et elle le restera. La France sest toujours enrichie de cette ouverture. Mais refuser de voir quune immigration non contrôlée pose une question essentielle quant à notre modèle dintégration parce que si on ne contrôle pas les entrées, on ne pourra plus intégrer et cest tout notre modèle dintégration qui se trouve paralysé. Cette question-là nest pas illégitime, cest au contraire regarder la réalité.
Que diront-ils devant léquilibre de nos comptes sociaux ? En tant que Président de la République, jai demandé des efforts aux Français pour quon rembourse nos dettes et nos déficits parce quun pays endetté est un pays qui perd une partie de sa souveraineté. Et comment pourrais-je dire aux Français : les efforts, cest pour vous et nous allons continuer une immigration qui naurait pour seul objectif que de bénéficier de prestations sociales que nous ne pouvons plus financer et que nous ne pouvons plus supporter !
Dire cela, cest être parfaitement républicain ! Ce qui nest pas républicain, cest refuser de voir le problème, cest sinterdire de parler de ces questions et laisser tous ceux qui sont excessifs, qui ne connaissent pas la République, parler sur des sujets que les républicains auraient déserté par manque de courage, par manque de fermeté, par manque de lucidité. Voilà la réalité telle quelle se présente !
Jai donc indiqué que désormais le regroupement familial se ferait sous la condition davoir un logement pour accueillir sa famille, davoir un revenu pour faire vivre sa famille, et que la famille qui vous rejoint ait pris le soin dapprendre, avant de venir en France, le français et les valeurs de la République.
Et si quelqu'un ne partage pas cette opinion, quil lexplique aux Français, quil le dise !
Jajoute : cest notre honneur, lorsque quelqu'un est malade, blessé, souffrant, quelle que soit la couleur de sa peau, quel que soit son statut, légal ou illégal, on ne laisse pas quelqu'un à la porte de lhôpital. On nest pas en Amérique, ici, où on vous demande votre Carte Bleue avant de vous opérer. Ici, on soigne toute personne, légale ou illégale, parce que cest un être humain. Mais je le dis avec la même force : la Carte Vitale, je demande quelle soit biométrique, parce que les fraudes sont inacceptables, dans un pays comme le nôtre.
Mes chers amis, toute ma vie jai été toute ma vie jai été un européen convaincu. Jai toujours fait le choix de lEurope. Y compris lorsque dans ma famille politique nous étions divisés. Mais je le dis comme je le pense : nous avons fait lEurope pour être plus forts, pas plus faibles. Nous avons fait lEurope pour être mieux protégés, pas plus exposés. Nous avons fait lEurope parce que nous croyions à un modèle de civilisation européen, pas parce que nous voulions le détruire. Nous avons fait lEurope parce que lEurope, cest une tradition humaniste.
Combien de temps résistera lEurope aux souffrances infligées au peuple grec, et aux autres peuples de notre continent ? Croyez-vous que lorsquil ny aura plus une usine, on pourra dire aux ouvriers qui souffrent des délocalisations : Votez pour lEurope, lEurope vous protège ?
Croyez-vous vraiment que lorsque nous naurons plus contrôlé les flux migratoires, parce que Schengen aujourd'hui fait de lEurope une passoire, croyez-vous vraiment quon pourra dire aux peuples dEurope : Vous avez bien fait de confier la gestion de vos frontières à ceux qui ne sen occupent pas ?
Et avons-nous créé lEurope pour que la bureaucratie sempare de lEurope, multiplie les normes, définisse les trois tailles des oeufs que lon a le droit de consommer, précise la température des cinq catégories de plats qui, dans nos restaurants, doivent être servis, ou interdisent à des vaches daller boire au ruisseau qui passe au milieu du champ depuis des siècles, parce que ça met en cause la biodiversité en-dessous ? Nous navons pas fait lEurope pour cela ! Et je dis que cest les Européens qui doivent défendre ce discours, parce que justement nous avons toujours cru en lEurope.
Alors je dis simplement les choses telles quelles sont : si dans un délai dun an, lEurope ne se ressaisit pas sur Schengen, ne décide pas un gouvernement politique pour animer Schengen, avec un président politique de Schengen pour gérer Schengen et pour gérer les crises, ne décide pas dune convergence du droit des étrangers à lintérieur de Schengen, ne décide pas dune sanction à lendroit de pays membres de Schengen qui ne respecteraient pas les règles, je le dis comme je le pense, à ce moment-là, au bout dun an dinaction, la France prendra ses responsabilités et sortira de Schengen.
Je ne le souhaite pas, mais que les choses soient claires. Les leçons de la crise financière doivent servir. Parce quil y a eu la crise, lEurope a bougé. LEurope est sortie de son train-train. Et finalement, tous ceux qui ont leur bureau à Bruxelles ou ailleurs, se sont rendu compte que finalement, quand il y a une crise, il vaut mieux que ça soit les chefs dEtat et de gouvernement démocratiquement élus qui soccupent des choses. De ce côté-là, on na pas été gêné, ils nous ont laissé les manettes.
Mais je ne veux pas que, la crise passée, on revienne dans la même situation, celle davant. Il nen est pas question. Ce qui a été fait pour leuro, nous devons le faire pour Schengen.
Jajoute, pour les chefs dentreprises, que je ne peux pas accepter que tous les marchés publics soient ouverts en Europe, et quaucun marché public ne soit ouvert dans certains grands pays du monde. Je crois à la liberté des échanges. Je crois à léconomie de marché. Mais je crois à la concurrence loyale, pas à la concurrence déloyale.
Quon impose aux chefs dentreprises des règles environnementales, cest normal ; quon leur impose des règles sociales, cest naturel ; quon impose aux éleveurs des règles de traçabilité ou de bien-être de la condition animale, naturellement.
Mais alors pourquoi importe-t-on en Europe des produits venant de pays qui ne font respecter aucune règle sociale, aucune règle environnementale, aucune règle sanitaire ? Là ce nest pas normal, ce nest pas acceptable.
Les choses sont claires : si dans un an nous avons obtenu la réciprocité, pas de problème ; si dans un an nous navons pas obtenu la réciprocité, la France appliquera un « European Buy Act » qui permettra de réserver nos marchés publics aux entreprises qui produisent et qui fabriquent sur le territoire du continent européen.
Et à ceux qui viendraient me dire que ce nest pas libéral, je voudrais rappeler que la plus grande nation, le plus grand pays libéral au monde, les Etats-Unis dAmérique, appliquent cette règle depuis 1933. Ce qui est permis aux Etats-Unis dAmérique, je ne vois pas au nom de quoi on devrait linterdire à lEurope. Je dirais dailleurs la même chose pour les PME : je demande que dans nos marchés publics, 20 % au moins des commandes puissent être réservées aux PME.
Le processus est toujours le même, et les élus le savent bien : appel doffres ; les plus grandes sociétés se précipitent, avec des prix défiant toute concurrence, qui cassent les reins des petites et moyennes entreprises ; ces petites et moyennes entreprises disparaissent ; et une fois disparues, selon un processus incroyable, les prix, dont on pensait quils étaient à la baisse, reviennent à la hausse.
Je demande donc que dans un délai dun an, nous puissions réserver 20 % de nos marchés publics aux PME. Cest la diversité, et cest le tissu industriel de la France qui en a besoin.
La vérité, mes chers amis, de tout cela, cest que lEurope se trompe en ne pensant quaux consommateurs. Car le jour où le consommateur devient chômeur, quest-ce quil peut consommer ? LEurope se trompe en parlant de la concurrence seulement, et en oubliant les travailleurs et les producteurs.
Nous devons construire lEurope pour les travailleurs et pour les producteurs, avec une véritable politique industrielle, avec une politique de concurrence, fondée sur la réciprocité, et penser que le consommateur sera servi parce quon aura gardé les emplois et de la croissance en Europe. Le jour où on ne fait que lEurope de la consommation, on aura lEurope du chômage et de la décroissance, et cette Europe-là, nous nen voulons pas.
On me disait : Mais cest impossible ! Les mêmes mexpliquaient que le gouvernement économique, on narriverait pas à convaincre les Allemands. Les mêmes mexpliquaient que lEurope ne pouvait avancer que par lintermédiaire de la Commission, et que lintergouvernemental cétait impossible. Les mêmes mexpliquaient que la convergence des politiques économiques et fiscales cétait impossible.
Lorsquil a fallu sauver un pays comme la Grèce, diviser par deux sa dette, convaincre les créanciers dabandonner 105 milliards deuros, de façon volontaire, sortir lEurope dune crise financière dont vous nimaginez pas les conséquences que cette crise aurait pu avoir sur chacun dentre vous, on me disait : Cest impossible.
Et puis, dos au mur, ce qui était impossible est devenu possible. Ce qui navait pas avancé pendant dix ans est devenu possible en six mois. Ce que nous avons fait pour léconomie et pour la finance, il faut que nous le fassions dans les mêmes conditions pour les frontières, pour la réciprocité, pour la politique commerciale.
Et pendant quon y est, dailleurs, je souhaite que les objectifs de politique commerciale de lEurope soient fixés par les chefs dEtat et de gouvernement, et que la Commission applique la politique définie par les chefs dEtat et de gouvernement.
Mes chers amis, ce sont nos idées.
Je veux vous dire une chose grave : si nous ne réussissons pas, cest toute lEurope qui risquera limplosion. Je vous le dis comme je le pense, lEurope ne peut pas supporter quà chaque fois quon interroge un peuple, il réponde non. LEurope ne peut pas supporter que son nom soit associé à la souffrance, à la désespérance, et à labsence de protection.
Lenjeu est très clair : si nous faisons cela, nous réhabiliterons le projet humaniste de lEurope aux yeux des Européens. Si nous ne le faisons pas, alors la plus belle construction imaginée par lhomme au service de la paix risquera limplosion, et personne ne pourra résoudre les crises qui se produiraient dans lavenir, si on ne change rien, parce que les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets.
Voilà lenjeu.
Je dirai, durant cette campagne, que la France cest le pays le plus généreux du monde, et que nous en avons assez de la culpabilisation organisée par une petite partie des élites françaises, qui ne pensent quà leur image, et pas aux Français.
Qui sont-ils, ceux que je vise ? Cest tout simple : cest ceux qui vont à la télévision avec un miroir, et qui sy regardent avec attention. Ils ne vous parlent pas à vous, ils se parlent entre eux. Et ce nest pas à eux que je veux madresser.
Je veux dire : refusez toute forme damalgame, tendez toujours la main aux autres. La France nest pas un pays de haine. La France est un pays fort. La France na pas peur.
Je veux dailleurs le dire : deux de nos compatriotes musulmans ont perdu leur vie dans cet attentat monstrueux.
Cette ouverture, cette générosité, cette solidarité de la France, cest ce qui fait le statut de notre pays. Mais dans le même temps, nous avons un mode de vie, des valeurs, des croyances, qui nous ont été enseignés par nos parents, par nos grands-parents. La France nest pas une page blanche, nous avons une histoire.
Sur le territoire de la République française, nous ne voulons pas de la burqa. Cest la raison pour laquelle jai fait voter cette loi.
Sur le territoire de la République française, nous ne voulons pas que dans les piscines municipales il y ait des horaires pour les femmes et des horaires pour les hommes. Sur le territoire de la République française, nous voulons que dans les hôpitaux les femmes et les hommes aient affaire aux mêmes médecins, parce que nous croyons à légalité entre les femmes et les hommes. Et nous voulons que dans les cantines scolaires de nos écoles, les enfants aient le même menu, parce que la République est laïque !
Voilà ce que nous voulons !
Enfin, je voudrais vous dire un mot, ce mot dont on entend tellement parler, et tellement mal : le mot « juste ». Les Français ne supportent pas les injustices, et ils ont raison. Et ils ont été légitimement choqués par le comportement dévoyé, les salaires exorbitants dune minorité dans la finance.
Mais en même temps, les Français ne pensent pas quêtre juste, cest vouloir légalitarisme et le nivellement.
Les Français ne veulent pas vivre dans un pays où le talent serait puni, et non pas récompensé. Les Français ne veulent pas vivre dans un pays où la réussite serait suspecte, et non pas encouragée. Les Français ne veulent pas vivre dans un pays où celui qui ne travaille pas et ne paye pas ses cotisations, gagne davantage que celui qui travaille et qui paye ses cotisations !
Je nai pas peur douvrir le dossier de la justice. Je nai pas peur de parler de ce qui est juste. Mais ayons le courage daller jusquau bout : ce qui est juste, cest quand on a des droits, on ait également des devoirs.
Ce qui est juste, cest quune femme ou un homme, quel que soit son âge, ait le droit dapprendre un nouveau métier. Mais ce qui est injuste, cest que celui qui est indemnisé parce quil est au chômage, puisse refuser une offre demploi qui lui est proposée.
Mes chers amis, tout finit et tout commence par le travail, sa récompense, sa considération, la façon dont on limagine, lidéal que lon propose à nos propres enfants.
Le travail est une valeur démancipation ; le travail nest pas une aliénation. Quand on fait croire que le bonheur dans la vie, cétait de travailler 35 heures, on ignore et on passe à côté dun sujet considérable qui est la qualité de vie au travail. Je connais des femmes et des hommes qui travaillent beaucoup plus que 35 heures et qui sont heureux parce quils sont considérés, respectés dans leur travail ! Et je connais des femmes et des hommes qui travaillent 35 heures et qui sont malheureux dans leur travail !
Je le dis comme je le pense, les 35 heures ont été une erreur économique, on le sait, une erreur sociale mais surtout une erreur morale, en laissant à penser quen travaillant moins, notre pays pouvait se sortir daffaire dans une compétition internationale de plus en plus rude. Et je le dis là encore comme je le pense, je naccepterai pas de prendre des leçons de la part de ceux qui ont fait la retraite à 60 ans sans avoir un centime pour la financer et les 35 heures qui ont ruiné la compétitivité des entreprises françaises !
Alors mes chers amis, je me tourne vers vous, je me tourne vers le peuple de France, je me tourne vers vous pour quensemble nous écrivions la plus formidable histoire de la vie politique récente ; dans un mois et demi, cest vous qui choisirez, cest vous qui direz la vérité ; vous ne vous laisserez dicter votre choix par personne !
Vous êtes la majorité, la majorité silencieuse que lon va entendre pendant ce mois et demi, qui dira « voilà la France que nous voulons, voilà la République dans laquelle nous croyons, voilà les idées que nous voulons défendre avec vous » !
Jai besoin de vous ! Aidez-moi ! Aidez notre pays, aidez la République !
Cest vous qui avez dans les mains les clefs de cette élection, ce tournant historique pour notre pays. Un mois et demi repose sur vous, sur votre engagement, sur votre force, sur votre idéal.
Oui, mes chers amis, aidez-moi ! Peuple de France !
Vive la République et vive la France !
Source http://www.lafranceforte.fr, le 26 mars 2012
Face aux événements tragiques de Montauban et de Toulouse, la France a été exemplaire.
Les Français ont été exemplaires.
Vous avez été exemplaires.
La France a su rester unie.
La France a su se rassembler.
La France, comme à chaque fois que le malheur frappe, a été solidaire et cest tout le peuple français qui a partagé la souffrance inhumaine quun tueur, quun terroriste a voulu infliger, de sang-froid, à des familles, à des épouses, à des mères, à des enfants.
Devant ces actes monstrueux, la France a tenu bon, elle na cédé, la France, ni à la peur, ni à la colère, ni à la vengeance. Les Français ont refusé tout amalgame.
Et la France a montré le discernement des vieilles nations recrues dépreuves, la France au fond, a refusé de tomber dans le piège qui lui était tendu par un tueur pervers.
Pendant ces quelques jours, notre pays a su rester digne. Notre pays a été rassemblé, toutes croyances confondues.
Et je veux remercier ce soir et de la façon la plus solennelle qui soit, les forces de lordre qui au cours de ces heures terribles ont montré leur sang-froid, leur courage et leur efficacité.
En dix jours, les forces de lordre coalisant leurs efforts ont identifié, localisé, assiégé et finalement mis hors détat de nuire celui qui depuis le 11 mars semait la mort sur son passage.
Les Français doivent savoir que ce tueur avait prévu de tuer à nouveau le matin même du jour où il a été cerné et quil voulait encore tuer à linstant même où il a dû être définitivement mis hors détat de nuire. Il voulait tuer davantage de policiers et il voulait tuer davantage de militaires.
Je rencontrerai tous ceux qui ont participé à ces opérations pour leur dire la fierté et la gratitude du peuple français.
Mais permettez-moi de rendre un hommage particulier à notre ministre de lintérieur, Claude GUEANT, qui a été à la hauteur de la confiance et des espoirs que les Français plaçaient en lui pendant ces journées dangoisse. LÉtat shonore davoir des serviteurs tels que Claude GUEANT.
Alors permettez-moi, chers amis, cher Patrick, à Rueil, dajouter à cet hommage lexpression de mon indignation. Indignation, qui est, je le sais, partagée par une écrasante majorité de Français. Dans une démocratie, chacun est libre. Chacun est libre de poser toutes les questions quil souhaite. Chacun peut légitimement interpeller à tout moment lautorité et lui demander des comptes.
Le droit à la critique est lesprit même de la démocratie, mais je veux que les choses soient claires, je ne laisserai personne, vous mentendez bien, personne, remettre en cause lhonneur des hommes qui, depuis les services de renseignements jusquaux policiers du RAID, en passant par toutes les forces armées, ont mis fin, au risque de leur vie, à la trajectoire sanglante dun terroriste monstrueux.
Ces hommes, comme les victimes du tueur, ont des familles, des femmes, des enfants. Ils auraient pu trouver la mort dans ces assauts - certains ont été blessés- nous aurions pu voir dautres cercueils encore drapés du drapeau tricolore. Nous aurions pu entendre, encore, comme à Montauban jeudi dernier, retentir la sonnerie aux morts.
Je ne laisserai pas mettre en cause ces hommes qui veillent sur notre sécurité, sur nos droits et sur notre liberté, pas plus que je ne laisserai insulter la mémoire des victimes sur Internet où je ferai traquer tout appel à la haine et tous ceux qui chercheraient à faire dun tueur monstrueux, un martyre.
Je ne laisserai pas davantage insulter la mémoire des victimes par le geste inadmissible dune enseignante qui a osé demander à ses élèves dobserver une minute de silence en hommage au tueur. Saluons dailleurs le courage et le discernement des élèves de cette femme qui ont refusé ce qui leur était demandé et qui ont quitté la salle et qui ont prévenu le chef détablissement de ce qui était en train de se passer. Hommage à ces lycéens, honte à cette enseignante !
Ce comportement indigne ne doit pas occulter le travail admirable de ces milliers denseignants qui ont su trouver les mots justes pour parler de cette tragédie aux enfants qui leur sont confiés.
Les polémiques qui ont commencé je le dis comme je le pense - sont indignes. Pour les uns il fallait agir plus vite. Pour les autres, au contraire, qui savent tout, naturellement, il fallait attendre. Pour les uns, si spécialistes, il fallait parlementer. Pour les autres, au contraire, il fallait ruser. Pour les uns il fallait se garder de prendre des décisions hâtives. Pour les autres, il fallait au contraire arrêter lassassin avant quil nagisse. Pour les uns, cest la France qui serait coupable. Pour les autres, cest la société qui serait coupable. Pour dautres encore, la faute en reviendrait au climat. Pire, cest le débat lui-même, le débat démocratique qui encouragerait ces dérives.
La France et les Français seraient donc coupables davoir débattu de leur avenir et des problèmes qui les préoccupent. Coupables de débattre de limmigration (on ny aurait pas droit), coupables de débattre de nos frontières (ce serait scandaleux), coupables de débattre des valeurs de la République, parce quen débattant des valeurs de la République, on stigmatise ceux qui ne veulent pas respecter la République. Et cest curieux, voyez-vous, aux yeux de certains toute critique, même la plus absurde, même la plus indigne, est légitime mais le débat, le débat démocratique, lui, nest jamais légitime à leurs yeux. Seule est légitime leur critique, le débat est illégitime ; la vérité, cest quaux yeux de ces observateurs attentifs, il ne faut débattre de rien, ne parler de rien, nier les faits, effacer les souffrances et si on les écoute, on va résoudre les problèmes en supprimant les mots qui gênent dès lors que ces mots ont le malheur de traduire une réalité que lon est incapable de transformer car on refuse obstinément de regarder la réalité en face.
Je vais vous dire une chose à vous mes amis et je le dis à titre personnel, je nai rien oublié de ce que jai vu, je nai pas oublié la douleur et de leffroi dans les yeux des familles des victimes, notamment de cette jeune mère qui a perdu à la même minute son mari et deux enfants. Je vous le dis comme je le pense, jusquà la fin de mes jours, ces images resteront présentes dans mon esprit. On ne peut pas shabituer à une telle souffrance.
Alors jassume la totalité des décisions qui ont conduit à la neutralisation définitive dun tueur monstrueux. Jai soutenu les forces de lordre et leur ministre car je sais dexpérience que cest la condition de leur pleine efficacité. Si au sommet de lEtat, les ordres ne sont pas clairs, si au sommet de lEtat, la volonté nest pas inébranlable, alors le résultat devient aléatoire. Souvenons-nous du temps quil a fallu pour trouver lassassin dun préfet de la République.
Avec le Premier ministre, nous avons décidé de tirer les premières conclusions de ce drame en prenant immédiatement les décisions suivantes : désormais, toute personne - toute personne qui consultera de manière habituelle des sites internet qui font lapologie du terrorisme ou qui appellent à la haine et à la violence, ces personnes seront punies pénalement, la prison sera la réponse. Et quon ne vienne pas me parler dun délit dopinion car le terrorisme, le Jihad, la violence à ce point monstrueuse, ce nest pas une opinion, on doit convaincre on doit combattre ces idées parce quelles sont interdites sur le territoire de la République française.
Toute personne qui se rendra à létranger pour y suivre des stages dendoctrinement à des idéologies conduisant au terrorisme, sera punie pénalement. La réponse sera la prison. Nous ne voulons pas sur le sol de la République française que de jeunes Français puissent aller suivre des cours dendoctrinement aux méthodes du terrorisme. Nous décidons hors-la-loi ces cours, ces pratiques et cette idéologie.
La propagation et lapologie didéologies extrémistes seront réprimées par un délit figurant dans le code pénal avec les moyens qui sont déjà ceux de la lutte anti-terroriste.
Enfin, jai demandé au Garde des Sceaux de mener une action énergique, et des décisions seront prises dans les jours qui viennent, afin que nos prisons ne deviennent pas le terreau dun endoctrinement à des idéologies de haine et de terrorisme.
Le candidat socialiste peut protester que les lois anti-terroristes ont été modifiées récemment et quelles nont pas besoin de lêtre davantage. Il oublie juste de rappeler quil na voté aucune des lois antiterroristes derrière lesquelles il sabrite aujourdhui. Curieux que ces lois trouvent tant de crédit à ses yeux alors quau moment où elles ont été présentées, il a voté contre et sy est opposé !
Il peut sindigner, il peut tergiverser, il peut hésiter, il peut esquiver, il peut finasser, il peut refuser de voter les lois, ces lois que je propose pour protéger la France et les Français. Cest son droit. Mais je vous le dis, ces lois seront votées si les Français choisissent de me faire confiance.
Ainsi, la situation est claire. Je ferai donc voter ces lois car depuis dix ans je suis comptable de la sécurité des Français ; je nai jamais transigé avec elle.
Je voudrais dailleurs dire : comment le même homme peut laisser sa principale alliée politique, celle-là même à laquelle il a sacrifié lindépendance énergétique de notre pays, ségarer au point dannoncer que la meilleure façon de lutter contre le trafic darmes dans nos banlieues serait de dépénaliser lusage du cannabis ?
On se dit : le Parti socialiste va sindigner ! On se dit : le Parti socialiste va demander un démenti, on se dit : le Parti socialiste va dénoncer laccord électoral indigne passé avec les Verts. On attend, on écoute, et bien non, rien ne se passe. Au fond, on en revient toujours à lambiguïté et à lesquive. Les Français, eux, attendent des réponses claires sur des sujets aussi graves. Je pose donc la question à ceux qui ont sacrifié lavenir du nucléaire et de lindépendance énergétique de la France parce que leurs alliés politiques lexigeaient. Quallez-vous donc sacrifier dautre ? Que leur répondrez-vous, à vos alliés, quand ils vous demanderont dencourager partout le communautarisme quils ont toujours préféré au modèle républicain ? Cèderez-vous là aussi ou répondrez-vous non ?
Que leur répondrez-vous quand ils vous demanderont douvrir en grand les vannes de limmigration et de ne plus expulser les sans-papiers, les étrangers en situation irrégulière comme ils le réclament tous les jours ?
Que leur répondrez-vous quand ils exigeront labolition de toutes les lois qui protègent la sécurité des Français parce quils détestent toute forme dautorité ? Je propose dailleurs quaprès avoir supprimé le mot « race » et le mot « zone », on sinterroge longuement sur la pertinence du mot « autorité ».
Et que leur répondrez-vous, à vos alliés, quand ils vous demanderont la suppression du défilé du 14 juillet et celle de lhommage aux morts pour la France le 11 novembre ?
Les Français ont le droit de connaître les réponses.
Mes chers amis, jirai à cette campagne, en vérité, pour donner nos réponses. Nous navons pas à nous faire dicter ce de quoi nous avons le droit de parler et ce dont on naurait pas le droit dévoquer même la question ; et nous navons pas à nous faire dicter nos réponses. Je fais cette campagne, non pas pour parler à la droite, à la gauche, au centre, non pas parce quil y aurait quelle drôle dexpression des territoires dextrême-droite, comme si on abandonnait - ceux qui parlent de ça dailleurs, cest très intéressant, ne se rendent pas compte quen parlant des territoires de lextrême-droite, il en parle comme sil y avait des territoires abandonnés comme ils avaient abandonné nos quartiers et nos banlieues à la fin des années 90 !
Moi je veux parler au peuple de France, je veux lui dire : il y a des grandes questions. Celle de notre politique dimmigration est une grande question. La France a toujours été un pays ouvert et elle le restera. La France sest toujours enrichie de cette ouverture. Mais refuser de voir quune immigration non contrôlée pose une question essentielle quant à notre modèle dintégration parce que si on ne contrôle pas les entrées, on ne pourra plus intégrer et cest tout notre modèle dintégration qui se trouve paralysé. Cette question-là nest pas illégitime, cest au contraire regarder la réalité.
Que diront-ils devant léquilibre de nos comptes sociaux ? En tant que Président de la République, jai demandé des efforts aux Français pour quon rembourse nos dettes et nos déficits parce quun pays endetté est un pays qui perd une partie de sa souveraineté. Et comment pourrais-je dire aux Français : les efforts, cest pour vous et nous allons continuer une immigration qui naurait pour seul objectif que de bénéficier de prestations sociales que nous ne pouvons plus financer et que nous ne pouvons plus supporter !
Dire cela, cest être parfaitement républicain ! Ce qui nest pas républicain, cest refuser de voir le problème, cest sinterdire de parler de ces questions et laisser tous ceux qui sont excessifs, qui ne connaissent pas la République, parler sur des sujets que les républicains auraient déserté par manque de courage, par manque de fermeté, par manque de lucidité. Voilà la réalité telle quelle se présente !
Jai donc indiqué que désormais le regroupement familial se ferait sous la condition davoir un logement pour accueillir sa famille, davoir un revenu pour faire vivre sa famille, et que la famille qui vous rejoint ait pris le soin dapprendre, avant de venir en France, le français et les valeurs de la République.
Et si quelqu'un ne partage pas cette opinion, quil lexplique aux Français, quil le dise !
Jajoute : cest notre honneur, lorsque quelqu'un est malade, blessé, souffrant, quelle que soit la couleur de sa peau, quel que soit son statut, légal ou illégal, on ne laisse pas quelqu'un à la porte de lhôpital. On nest pas en Amérique, ici, où on vous demande votre Carte Bleue avant de vous opérer. Ici, on soigne toute personne, légale ou illégale, parce que cest un être humain. Mais je le dis avec la même force : la Carte Vitale, je demande quelle soit biométrique, parce que les fraudes sont inacceptables, dans un pays comme le nôtre.
Mes chers amis, toute ma vie jai été toute ma vie jai été un européen convaincu. Jai toujours fait le choix de lEurope. Y compris lorsque dans ma famille politique nous étions divisés. Mais je le dis comme je le pense : nous avons fait lEurope pour être plus forts, pas plus faibles. Nous avons fait lEurope pour être mieux protégés, pas plus exposés. Nous avons fait lEurope parce que nous croyions à un modèle de civilisation européen, pas parce que nous voulions le détruire. Nous avons fait lEurope parce que lEurope, cest une tradition humaniste.
Combien de temps résistera lEurope aux souffrances infligées au peuple grec, et aux autres peuples de notre continent ? Croyez-vous que lorsquil ny aura plus une usine, on pourra dire aux ouvriers qui souffrent des délocalisations : Votez pour lEurope, lEurope vous protège ?
Croyez-vous vraiment que lorsque nous naurons plus contrôlé les flux migratoires, parce que Schengen aujourd'hui fait de lEurope une passoire, croyez-vous vraiment quon pourra dire aux peuples dEurope : Vous avez bien fait de confier la gestion de vos frontières à ceux qui ne sen occupent pas ?
Et avons-nous créé lEurope pour que la bureaucratie sempare de lEurope, multiplie les normes, définisse les trois tailles des oeufs que lon a le droit de consommer, précise la température des cinq catégories de plats qui, dans nos restaurants, doivent être servis, ou interdisent à des vaches daller boire au ruisseau qui passe au milieu du champ depuis des siècles, parce que ça met en cause la biodiversité en-dessous ? Nous navons pas fait lEurope pour cela ! Et je dis que cest les Européens qui doivent défendre ce discours, parce que justement nous avons toujours cru en lEurope.
Alors je dis simplement les choses telles quelles sont : si dans un délai dun an, lEurope ne se ressaisit pas sur Schengen, ne décide pas un gouvernement politique pour animer Schengen, avec un président politique de Schengen pour gérer Schengen et pour gérer les crises, ne décide pas dune convergence du droit des étrangers à lintérieur de Schengen, ne décide pas dune sanction à lendroit de pays membres de Schengen qui ne respecteraient pas les règles, je le dis comme je le pense, à ce moment-là, au bout dun an dinaction, la France prendra ses responsabilités et sortira de Schengen.
Je ne le souhaite pas, mais que les choses soient claires. Les leçons de la crise financière doivent servir. Parce quil y a eu la crise, lEurope a bougé. LEurope est sortie de son train-train. Et finalement, tous ceux qui ont leur bureau à Bruxelles ou ailleurs, se sont rendu compte que finalement, quand il y a une crise, il vaut mieux que ça soit les chefs dEtat et de gouvernement démocratiquement élus qui soccupent des choses. De ce côté-là, on na pas été gêné, ils nous ont laissé les manettes.
Mais je ne veux pas que, la crise passée, on revienne dans la même situation, celle davant. Il nen est pas question. Ce qui a été fait pour leuro, nous devons le faire pour Schengen.
Jajoute, pour les chefs dentreprises, que je ne peux pas accepter que tous les marchés publics soient ouverts en Europe, et quaucun marché public ne soit ouvert dans certains grands pays du monde. Je crois à la liberté des échanges. Je crois à léconomie de marché. Mais je crois à la concurrence loyale, pas à la concurrence déloyale.
Quon impose aux chefs dentreprises des règles environnementales, cest normal ; quon leur impose des règles sociales, cest naturel ; quon impose aux éleveurs des règles de traçabilité ou de bien-être de la condition animale, naturellement.
Mais alors pourquoi importe-t-on en Europe des produits venant de pays qui ne font respecter aucune règle sociale, aucune règle environnementale, aucune règle sanitaire ? Là ce nest pas normal, ce nest pas acceptable.
Les choses sont claires : si dans un an nous avons obtenu la réciprocité, pas de problème ; si dans un an nous navons pas obtenu la réciprocité, la France appliquera un « European Buy Act » qui permettra de réserver nos marchés publics aux entreprises qui produisent et qui fabriquent sur le territoire du continent européen.
Et à ceux qui viendraient me dire que ce nest pas libéral, je voudrais rappeler que la plus grande nation, le plus grand pays libéral au monde, les Etats-Unis dAmérique, appliquent cette règle depuis 1933. Ce qui est permis aux Etats-Unis dAmérique, je ne vois pas au nom de quoi on devrait linterdire à lEurope. Je dirais dailleurs la même chose pour les PME : je demande que dans nos marchés publics, 20 % au moins des commandes puissent être réservées aux PME.
Le processus est toujours le même, et les élus le savent bien : appel doffres ; les plus grandes sociétés se précipitent, avec des prix défiant toute concurrence, qui cassent les reins des petites et moyennes entreprises ; ces petites et moyennes entreprises disparaissent ; et une fois disparues, selon un processus incroyable, les prix, dont on pensait quils étaient à la baisse, reviennent à la hausse.
Je demande donc que dans un délai dun an, nous puissions réserver 20 % de nos marchés publics aux PME. Cest la diversité, et cest le tissu industriel de la France qui en a besoin.
La vérité, mes chers amis, de tout cela, cest que lEurope se trompe en ne pensant quaux consommateurs. Car le jour où le consommateur devient chômeur, quest-ce quil peut consommer ? LEurope se trompe en parlant de la concurrence seulement, et en oubliant les travailleurs et les producteurs.
Nous devons construire lEurope pour les travailleurs et pour les producteurs, avec une véritable politique industrielle, avec une politique de concurrence, fondée sur la réciprocité, et penser que le consommateur sera servi parce quon aura gardé les emplois et de la croissance en Europe. Le jour où on ne fait que lEurope de la consommation, on aura lEurope du chômage et de la décroissance, et cette Europe-là, nous nen voulons pas.
On me disait : Mais cest impossible ! Les mêmes mexpliquaient que le gouvernement économique, on narriverait pas à convaincre les Allemands. Les mêmes mexpliquaient que lEurope ne pouvait avancer que par lintermédiaire de la Commission, et que lintergouvernemental cétait impossible. Les mêmes mexpliquaient que la convergence des politiques économiques et fiscales cétait impossible.
Lorsquil a fallu sauver un pays comme la Grèce, diviser par deux sa dette, convaincre les créanciers dabandonner 105 milliards deuros, de façon volontaire, sortir lEurope dune crise financière dont vous nimaginez pas les conséquences que cette crise aurait pu avoir sur chacun dentre vous, on me disait : Cest impossible.
Et puis, dos au mur, ce qui était impossible est devenu possible. Ce qui navait pas avancé pendant dix ans est devenu possible en six mois. Ce que nous avons fait pour léconomie et pour la finance, il faut que nous le fassions dans les mêmes conditions pour les frontières, pour la réciprocité, pour la politique commerciale.
Et pendant quon y est, dailleurs, je souhaite que les objectifs de politique commerciale de lEurope soient fixés par les chefs dEtat et de gouvernement, et que la Commission applique la politique définie par les chefs dEtat et de gouvernement.
Mes chers amis, ce sont nos idées.
Je veux vous dire une chose grave : si nous ne réussissons pas, cest toute lEurope qui risquera limplosion. Je vous le dis comme je le pense, lEurope ne peut pas supporter quà chaque fois quon interroge un peuple, il réponde non. LEurope ne peut pas supporter que son nom soit associé à la souffrance, à la désespérance, et à labsence de protection.
Lenjeu est très clair : si nous faisons cela, nous réhabiliterons le projet humaniste de lEurope aux yeux des Européens. Si nous ne le faisons pas, alors la plus belle construction imaginée par lhomme au service de la paix risquera limplosion, et personne ne pourra résoudre les crises qui se produiraient dans lavenir, si on ne change rien, parce que les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets.
Voilà lenjeu.
Je dirai, durant cette campagne, que la France cest le pays le plus généreux du monde, et que nous en avons assez de la culpabilisation organisée par une petite partie des élites françaises, qui ne pensent quà leur image, et pas aux Français.
Qui sont-ils, ceux que je vise ? Cest tout simple : cest ceux qui vont à la télévision avec un miroir, et qui sy regardent avec attention. Ils ne vous parlent pas à vous, ils se parlent entre eux. Et ce nest pas à eux que je veux madresser.
Je veux dire : refusez toute forme damalgame, tendez toujours la main aux autres. La France nest pas un pays de haine. La France est un pays fort. La France na pas peur.
Je veux dailleurs le dire : deux de nos compatriotes musulmans ont perdu leur vie dans cet attentat monstrueux.
Cette ouverture, cette générosité, cette solidarité de la France, cest ce qui fait le statut de notre pays. Mais dans le même temps, nous avons un mode de vie, des valeurs, des croyances, qui nous ont été enseignés par nos parents, par nos grands-parents. La France nest pas une page blanche, nous avons une histoire.
Sur le territoire de la République française, nous ne voulons pas de la burqa. Cest la raison pour laquelle jai fait voter cette loi.
Sur le territoire de la République française, nous ne voulons pas que dans les piscines municipales il y ait des horaires pour les femmes et des horaires pour les hommes. Sur le territoire de la République française, nous voulons que dans les hôpitaux les femmes et les hommes aient affaire aux mêmes médecins, parce que nous croyons à légalité entre les femmes et les hommes. Et nous voulons que dans les cantines scolaires de nos écoles, les enfants aient le même menu, parce que la République est laïque !
Voilà ce que nous voulons !
Enfin, je voudrais vous dire un mot, ce mot dont on entend tellement parler, et tellement mal : le mot « juste ». Les Français ne supportent pas les injustices, et ils ont raison. Et ils ont été légitimement choqués par le comportement dévoyé, les salaires exorbitants dune minorité dans la finance.
Mais en même temps, les Français ne pensent pas quêtre juste, cest vouloir légalitarisme et le nivellement.
Les Français ne veulent pas vivre dans un pays où le talent serait puni, et non pas récompensé. Les Français ne veulent pas vivre dans un pays où la réussite serait suspecte, et non pas encouragée. Les Français ne veulent pas vivre dans un pays où celui qui ne travaille pas et ne paye pas ses cotisations, gagne davantage que celui qui travaille et qui paye ses cotisations !
Je nai pas peur douvrir le dossier de la justice. Je nai pas peur de parler de ce qui est juste. Mais ayons le courage daller jusquau bout : ce qui est juste, cest quand on a des droits, on ait également des devoirs.
Ce qui est juste, cest quune femme ou un homme, quel que soit son âge, ait le droit dapprendre un nouveau métier. Mais ce qui est injuste, cest que celui qui est indemnisé parce quil est au chômage, puisse refuser une offre demploi qui lui est proposée.
Mes chers amis, tout finit et tout commence par le travail, sa récompense, sa considération, la façon dont on limagine, lidéal que lon propose à nos propres enfants.
Le travail est une valeur démancipation ; le travail nest pas une aliénation. Quand on fait croire que le bonheur dans la vie, cétait de travailler 35 heures, on ignore et on passe à côté dun sujet considérable qui est la qualité de vie au travail. Je connais des femmes et des hommes qui travaillent beaucoup plus que 35 heures et qui sont heureux parce quils sont considérés, respectés dans leur travail ! Et je connais des femmes et des hommes qui travaillent 35 heures et qui sont malheureux dans leur travail !
Je le dis comme je le pense, les 35 heures ont été une erreur économique, on le sait, une erreur sociale mais surtout une erreur morale, en laissant à penser quen travaillant moins, notre pays pouvait se sortir daffaire dans une compétition internationale de plus en plus rude. Et je le dis là encore comme je le pense, je naccepterai pas de prendre des leçons de la part de ceux qui ont fait la retraite à 60 ans sans avoir un centime pour la financer et les 35 heures qui ont ruiné la compétitivité des entreprises françaises !
Alors mes chers amis, je me tourne vers vous, je me tourne vers le peuple de France, je me tourne vers vous pour quensemble nous écrivions la plus formidable histoire de la vie politique récente ; dans un mois et demi, cest vous qui choisirez, cest vous qui direz la vérité ; vous ne vous laisserez dicter votre choix par personne !
Vous êtes la majorité, la majorité silencieuse que lon va entendre pendant ce mois et demi, qui dira « voilà la France que nous voulons, voilà la République dans laquelle nous croyons, voilà les idées que nous voulons défendre avec vous » !
Jai besoin de vous ! Aidez-moi ! Aidez notre pays, aidez la République !
Cest vous qui avez dans les mains les clefs de cette élection, ce tournant historique pour notre pays. Un mois et demi repose sur vous, sur votre engagement, sur votre force, sur votre idéal.
Oui, mes chers amis, aidez-moi ! Peuple de France !
Vive la République et vive la France !
Source http://www.lafranceforte.fr, le 26 mars 2012