Texte intégral
Monsieur le Président,
Monsieur le Secrétaire général,
Mesdames, Messieurs les Ministres,
Mesdames, Messieurs,
La Charte des Nations unies a confié au Conseil de sécurité la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales. Notre organisation reconnaît également la souveraineté des États et la non-ingérence comme principes fondamentaux. Lévolution de notre action nous a conduits à reconnaître en 2005 que notre Conseil avait le devoir dagir lorsque la responsabilité de protéger nest plus assurée, lorsque des violations massives des droits de lHomme se déroulent sous nos yeux, que les gouvernements en soient responsables par leur action ou par leur impuissance.
Cest dans ce contexte que sinscrit notre réunion, dont je remercie le Royaume-Uni davoir pris linitiative. Cest loccasion pour nous dexaminer ce que peut et ce que doit faire notre Conseil pour contribuer à faire du «printemps arabe» un facteur de paix et de sécurité pour la région et pour le monde.
Depuis maintenant plus dun an, le monde arabe connaît des bouleversements sans précédent. Avec un courage hors du commun, les Tunisiens, les Égyptiens, les Libyens, les Yéménites, les Syriens ont bravé loppression pour revendiquer le respect de leurs droits. Avec une détermination admirable, ils se sont levés pour crier leurs aspirations légitimes à la liberté, à la dignité humaine et à la démocratie.
Pour la France, cet élan témoigne de luniversalité de laspiration démocratique. Il confirme les leçons tirées de lhistoire en montrant une fois encore que les régimes qui étouffent la voix de leur peuple nont pas davenir, que tôt ou tard, les gouvernements qui bafouent les droits de lHomme finissent par seffondrer.
Le Conseil de sécurité naurait pas eu à connaître de ces situations si plusieurs dentre elles navaient dégénéré à cause de lobstination criminelle de gouvernements archaïques.
En Tunisie et en Égypte, ce sont les peuples qui, par eux-mêmes, ont obtenu le départ de dirigeants discrédités et louverture de processus démocratiques - non sans difficultés, certes, mais à tout le moins sans bain de sang. En Jordanie et au Maroc, les responsables politiques ont fait le choix courageux du dialogue, de la réforme et des élections. Jétais au Maroc il y a quelques jours à peine et ce pays est un exemple porteur despoir pour lensemble de la région.
Bien sûr, rien nest définitivement réglé. Bien sûr, nous savons tous que chaque révolution démocratique porte en elle des risques de déception et de retour en arrière. Nous savons tous quune transition démocratique demande du temps. Mais lhistoire est en marche et les bouleversements en cours dans le monde arabe constituent une chance pour cette région du monde et pour la paix.
La Libye, cependant, na pas eu cette chance et la responsabilité de notre Conseil a très vite été engagée. Le peuple libyen sest heurté à un dictateur et à un régime déterminés à noyer dans le sang son aspiration à la liberté. Dès le 26 février 2011, expression de la réprobation universelle, le Conseil de sécurité a décidé, avec ladoption à lunanimité de la résolution 1970, dimposer des sanctions et de saisir la Cour pénale internationale face à une répression sauvage que le Procureur de la Cour a qualifiée de crime contre lhumanité. Face à un dictateur qui promettait des massacres à la population de Benghazi, les organisations régionales, au premier rang desquelles la Ligue arabe, mais également lUnion africaine, ont appelé le Conseil de sécurité à agir. Cest tout le sens de la résolution 1973, pour laquelle la France sest battue sans relâche.
Mon pays est fier davoir contribué à faire adopter ce texte. Il est convaincu que nous avons collectivement pris la seule décision honorable et juste. Cest grâce à cette résolution que nous avons pu sauver des milliers de vies et protéger le peuple libyen. Cest grâce à elle que Benghazi est entrée dans lhistoire, non pas comme une ville martyre, mais comme un symbole de liberté. Et je voudrais le dire sans ambigüité devant vous : remettre en cause la légitimité et la légalité de notre action, insinuer quelle serait elle-même responsable de crimes, et ce contre toute évidence, comme la encore confirmé la Commission denquête du Conseil des droits de lHomme, cest travestir lhistoire et insulter tous les Libyens qui se sont battus pour conquérir la liberté. Aujourdhui, en adoptant la résolution qui prolonge le mandat de la mission des Nations unies en Libye (MANUL), notre Conseil continue à assumer sa responsabilité pour aider ce pays à construire lÉtat de droit et les conditions de son progrès démocratique.
Au Yémen, enfin, notre Conseil a su prendre ses responsabilités. Cest grâce à ladoption à lunanimité en octobre dernier de la résolution 2014 quun transfert de pouvoir pacifique a pu être, enfin, engagé sur la base de lInitiative du Conseil de coopération des États arabes du Golfe. Après des mois de crise et daffrontements, un gouvernement dunité nationale a été désigné, un nouveau président a été élu avec un large soutien, les tensions se sont apaisées. Naturellement, toutes les difficultés nont pas encore disparu, mais cest une nouvelle ère qui sest ouverte dans lhistoire du Yémen.
Dans un cas comme dans lautre, si notre Conseil a été efficace, cest quil a su répondre non seulement à lappel des peuples, mais aussi à celui des organisations régionales, qui ont éclairé ses jugements et identifié les paramètres dune solution politique.
Aujourdhui, notre Conseil est confronté à une tragédie : la tragédie syrienne.
Depuis un an et la première grande manifestation pacifique en Syrie, à Deraa le 18 mars 2011, la situation est chaque jour plus inacceptable. Sourd à la voix de son peuple, sourd à tous les appels de la communauté internationale, y compris ceux de la Ligue arabe et de ses proches partenaires, le régime senfonce dans une répression toujours plus sanglante, dans une violence toujours plus barbare. Cette fuite en avant, la communauté internationale la condamne résolument et dans les termes les plus durs, que ce soit à lAssemblée générale ou au Conseil des droits de lHomme, où le rapport de la commission denquête, dont le contenu est accablant pour le régime, a été examiné aujourdhui même, confirmant quun crime contre lhumanité est en cours.
La première urgence cest bien évidemment dobtenir la cessation des violences et laccès des populations à laide humanitaire. Mme Amos rendra très prochainement compte de sa visite sur place à notre Conseil, mais nous savons déjà quelle sest dite horrifiée par ce quelle avait vu, nous savons déjà les crimes, les exactions et les horreurs que vivent au quotidien les populations syriennes. Comme Hama il y a 30 ans, Homs restera dans lhistoire de lHumanité comme lune de ces villes dont le martyre hante les mémoires.
Seules une réponse politique aux aspirations légitimes du peuple et la mise en uvre des réformes réclamées avec tant de vigueur pourront contribuer à résoudre la crise syrienne. Cela passe par une transition fondée sur le plan de la Ligue des États arabes du 22 janvier, largement soutenu par la communauté internationale - la résolution de lAssemblée générale du 16 février et le vote du 4 février du Conseil de sécurité en témoignent. Il ny a pas dautre issue pacifique possible.
Enfin, je lai souligné il y a quelques jours au Conseil des droits de lHomme : les crimes du régime syrien ne sauraient rester impunis. Le jour viendra où les autorités civiles et militaires de ce pays devront répondre de leurs actes devant la justice. Préparons dès à présent les conditions dune saisine de la Cour pénale internationale.
Ne nous y trompons pas : face à la crise syrienne, notre Conseil a une responsabilité historique : la responsabilité de faire cesser les violations massives des droits de lHomme, la responsabilité déviter un engrenage qui pourrait être fatal à la paix au Liban et dans la région. En refusant dagir, on abandonne les opprimés aux oppresseurs, on abandonne les Syriens à la violence et à la barbarie. En refusant dagir, on laisse la guerre civile gagner chaque jour un peu plus de terrain sur la recherche dune solution pacifique. Être membre du Conseil, cest se mobiliser concrètement en faveur de la paix et de la sécurité du monde. Cest aussi placer le bien commun au-dessus de toute autre considération. Notre responsabilité cest dagir. Et cest dagir maintenant, pour mettre enfin un terme au martyre du peuple syrien et lui permettre de retrouver la maîtrise de son destin.
Un projet de résolution est en cours de discussion pour répondre à lurgence et trouver une solution crédible à la crise qui ne cesse de saggraver. Je le dis aujourdhui comme je lai dit le 31 janvier dernier : il est inacceptable que notre Conseil soit empêché dassumer ses responsabilités. Apportons notre soutien à la mission de Kofi Annan et au plan de la Ligue arabe. Après des mois de blocage, jappelle la Chine et la Russie à entendre la voix des Arabes et de la conscience mondiale et à se joindre à nous.
Cette action en faveur de la liberté des peuples en Libye, au Yémen et en Syrie, pose avec acuité la question de limpuissance du Conseil de sécurité face au conflit israélo-palestinien.
Au Proche-Orient, cest un autre peuple dont les aspirations doivent être reconnues - les revendications des Palestiniens ne sont-elles pas aussi légitimes que celles qui sexpriment dans le reste de la région ? Nest-il pas naturel que les Palestiniens souhaitent quun État palestinien voie le jour ? Cest aussi la sécurité de lÉtat dIsraël qui doit être assurée - la France sera toujours aux côtés dIsraël pour garantir sa sécurité et ne transigera pas. Aujourdhui, nous le savons tous, la solution de deux États vivant côte à côte dans la paix et la sécurité est la seule qui soit viable et la meilleure garantie pour la sécurité dIsraël.
Après tant déchecs répétés du processus de paix, après tant dannées de souffrances et despoirs déçus, le moment est venu de changer de méthode. Cest tout le sens de lappel devant lAssemblée générale lancé le 23 septembre dernier par le président Sarkozy. Notre conviction, cest que nous ne pouvons plus continuer à nous priver denceintes multilatérales, comme celle de ce Conseil, et de lappui de lensemble des partenaires, notamment régionaux et européens. Dans les mois qui viennent, la France fera tout ce qui est en son pouvoir pour quune paix juste et durable sinstalle enfin au Proche-Orient.
Alors que nous parlons de la paix et de la sécurité dans cette région du monde, comment ne pas évoquer lIran ? Dans ce pays, la situation devient chaque jour un peu plus préoccupante, avec un régime qui poursuit un programme nucléaire manifestement militaire, en violation des décisions de notre Conseil et de lAgence internationale de lÉnergie atomique, un régime qui promet de rayer Israël de la carte, un régime qui remet en cause la liberté de circulation dans le détroit dOrmuz et inquiète ses voisins, un régime qui réprime les aspirations de son peuple à la liberté et à la démocratie, un régime qui sisole chaque jour un peu plus de la communauté internationale.
Notre Conseil sest exprimé avec force et droit rester ferme, car nous savons quil est deux issues également inacceptables : un Iran doté de larme nucléaire ou un Iran bombardé.
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Ce que nous rappellent les révolutions pacifiques et les évolutions en cours sur la rive sud de la Méditerranée, ce que nous confirme la tragédie qui se déroule en Syrie, cest que le principe de légitimité est un principe cardinal pour tout gouvernement. Le jour où un gouvernement perd sa légitimité aux yeux de son peuple, ce jour-là, ce gouvernement est condamné. Et dans cette région du monde, lune des grandes questions qui se posent est celle de la capacité à faire vivre ensemble des communautés et des minorités dans un pacte national respectueux des droits de chacun et des droits de lHomme pour tous. La promesse du «printemps arabe», cest le droit universel à la liberté, et jai confiance dans sa réalisation.
Je vous remercie.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 mars 2012
Monsieur le Secrétaire général,
Mesdames, Messieurs les Ministres,
Mesdames, Messieurs,
La Charte des Nations unies a confié au Conseil de sécurité la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales. Notre organisation reconnaît également la souveraineté des États et la non-ingérence comme principes fondamentaux. Lévolution de notre action nous a conduits à reconnaître en 2005 que notre Conseil avait le devoir dagir lorsque la responsabilité de protéger nest plus assurée, lorsque des violations massives des droits de lHomme se déroulent sous nos yeux, que les gouvernements en soient responsables par leur action ou par leur impuissance.
Cest dans ce contexte que sinscrit notre réunion, dont je remercie le Royaume-Uni davoir pris linitiative. Cest loccasion pour nous dexaminer ce que peut et ce que doit faire notre Conseil pour contribuer à faire du «printemps arabe» un facteur de paix et de sécurité pour la région et pour le monde.
Depuis maintenant plus dun an, le monde arabe connaît des bouleversements sans précédent. Avec un courage hors du commun, les Tunisiens, les Égyptiens, les Libyens, les Yéménites, les Syriens ont bravé loppression pour revendiquer le respect de leurs droits. Avec une détermination admirable, ils se sont levés pour crier leurs aspirations légitimes à la liberté, à la dignité humaine et à la démocratie.
Pour la France, cet élan témoigne de luniversalité de laspiration démocratique. Il confirme les leçons tirées de lhistoire en montrant une fois encore que les régimes qui étouffent la voix de leur peuple nont pas davenir, que tôt ou tard, les gouvernements qui bafouent les droits de lHomme finissent par seffondrer.
Le Conseil de sécurité naurait pas eu à connaître de ces situations si plusieurs dentre elles navaient dégénéré à cause de lobstination criminelle de gouvernements archaïques.
En Tunisie et en Égypte, ce sont les peuples qui, par eux-mêmes, ont obtenu le départ de dirigeants discrédités et louverture de processus démocratiques - non sans difficultés, certes, mais à tout le moins sans bain de sang. En Jordanie et au Maroc, les responsables politiques ont fait le choix courageux du dialogue, de la réforme et des élections. Jétais au Maroc il y a quelques jours à peine et ce pays est un exemple porteur despoir pour lensemble de la région.
Bien sûr, rien nest définitivement réglé. Bien sûr, nous savons tous que chaque révolution démocratique porte en elle des risques de déception et de retour en arrière. Nous savons tous quune transition démocratique demande du temps. Mais lhistoire est en marche et les bouleversements en cours dans le monde arabe constituent une chance pour cette région du monde et pour la paix.
La Libye, cependant, na pas eu cette chance et la responsabilité de notre Conseil a très vite été engagée. Le peuple libyen sest heurté à un dictateur et à un régime déterminés à noyer dans le sang son aspiration à la liberté. Dès le 26 février 2011, expression de la réprobation universelle, le Conseil de sécurité a décidé, avec ladoption à lunanimité de la résolution 1970, dimposer des sanctions et de saisir la Cour pénale internationale face à une répression sauvage que le Procureur de la Cour a qualifiée de crime contre lhumanité. Face à un dictateur qui promettait des massacres à la population de Benghazi, les organisations régionales, au premier rang desquelles la Ligue arabe, mais également lUnion africaine, ont appelé le Conseil de sécurité à agir. Cest tout le sens de la résolution 1973, pour laquelle la France sest battue sans relâche.
Mon pays est fier davoir contribué à faire adopter ce texte. Il est convaincu que nous avons collectivement pris la seule décision honorable et juste. Cest grâce à cette résolution que nous avons pu sauver des milliers de vies et protéger le peuple libyen. Cest grâce à elle que Benghazi est entrée dans lhistoire, non pas comme une ville martyre, mais comme un symbole de liberté. Et je voudrais le dire sans ambigüité devant vous : remettre en cause la légitimité et la légalité de notre action, insinuer quelle serait elle-même responsable de crimes, et ce contre toute évidence, comme la encore confirmé la Commission denquête du Conseil des droits de lHomme, cest travestir lhistoire et insulter tous les Libyens qui se sont battus pour conquérir la liberté. Aujourdhui, en adoptant la résolution qui prolonge le mandat de la mission des Nations unies en Libye (MANUL), notre Conseil continue à assumer sa responsabilité pour aider ce pays à construire lÉtat de droit et les conditions de son progrès démocratique.
Au Yémen, enfin, notre Conseil a su prendre ses responsabilités. Cest grâce à ladoption à lunanimité en octobre dernier de la résolution 2014 quun transfert de pouvoir pacifique a pu être, enfin, engagé sur la base de lInitiative du Conseil de coopération des États arabes du Golfe. Après des mois de crise et daffrontements, un gouvernement dunité nationale a été désigné, un nouveau président a été élu avec un large soutien, les tensions se sont apaisées. Naturellement, toutes les difficultés nont pas encore disparu, mais cest une nouvelle ère qui sest ouverte dans lhistoire du Yémen.
Dans un cas comme dans lautre, si notre Conseil a été efficace, cest quil a su répondre non seulement à lappel des peuples, mais aussi à celui des organisations régionales, qui ont éclairé ses jugements et identifié les paramètres dune solution politique.
Aujourdhui, notre Conseil est confronté à une tragédie : la tragédie syrienne.
Depuis un an et la première grande manifestation pacifique en Syrie, à Deraa le 18 mars 2011, la situation est chaque jour plus inacceptable. Sourd à la voix de son peuple, sourd à tous les appels de la communauté internationale, y compris ceux de la Ligue arabe et de ses proches partenaires, le régime senfonce dans une répression toujours plus sanglante, dans une violence toujours plus barbare. Cette fuite en avant, la communauté internationale la condamne résolument et dans les termes les plus durs, que ce soit à lAssemblée générale ou au Conseil des droits de lHomme, où le rapport de la commission denquête, dont le contenu est accablant pour le régime, a été examiné aujourdhui même, confirmant quun crime contre lhumanité est en cours.
La première urgence cest bien évidemment dobtenir la cessation des violences et laccès des populations à laide humanitaire. Mme Amos rendra très prochainement compte de sa visite sur place à notre Conseil, mais nous savons déjà quelle sest dite horrifiée par ce quelle avait vu, nous savons déjà les crimes, les exactions et les horreurs que vivent au quotidien les populations syriennes. Comme Hama il y a 30 ans, Homs restera dans lhistoire de lHumanité comme lune de ces villes dont le martyre hante les mémoires.
Seules une réponse politique aux aspirations légitimes du peuple et la mise en uvre des réformes réclamées avec tant de vigueur pourront contribuer à résoudre la crise syrienne. Cela passe par une transition fondée sur le plan de la Ligue des États arabes du 22 janvier, largement soutenu par la communauté internationale - la résolution de lAssemblée générale du 16 février et le vote du 4 février du Conseil de sécurité en témoignent. Il ny a pas dautre issue pacifique possible.
Enfin, je lai souligné il y a quelques jours au Conseil des droits de lHomme : les crimes du régime syrien ne sauraient rester impunis. Le jour viendra où les autorités civiles et militaires de ce pays devront répondre de leurs actes devant la justice. Préparons dès à présent les conditions dune saisine de la Cour pénale internationale.
Ne nous y trompons pas : face à la crise syrienne, notre Conseil a une responsabilité historique : la responsabilité de faire cesser les violations massives des droits de lHomme, la responsabilité déviter un engrenage qui pourrait être fatal à la paix au Liban et dans la région. En refusant dagir, on abandonne les opprimés aux oppresseurs, on abandonne les Syriens à la violence et à la barbarie. En refusant dagir, on laisse la guerre civile gagner chaque jour un peu plus de terrain sur la recherche dune solution pacifique. Être membre du Conseil, cest se mobiliser concrètement en faveur de la paix et de la sécurité du monde. Cest aussi placer le bien commun au-dessus de toute autre considération. Notre responsabilité cest dagir. Et cest dagir maintenant, pour mettre enfin un terme au martyre du peuple syrien et lui permettre de retrouver la maîtrise de son destin.
Un projet de résolution est en cours de discussion pour répondre à lurgence et trouver une solution crédible à la crise qui ne cesse de saggraver. Je le dis aujourdhui comme je lai dit le 31 janvier dernier : il est inacceptable que notre Conseil soit empêché dassumer ses responsabilités. Apportons notre soutien à la mission de Kofi Annan et au plan de la Ligue arabe. Après des mois de blocage, jappelle la Chine et la Russie à entendre la voix des Arabes et de la conscience mondiale et à se joindre à nous.
Cette action en faveur de la liberté des peuples en Libye, au Yémen et en Syrie, pose avec acuité la question de limpuissance du Conseil de sécurité face au conflit israélo-palestinien.
Au Proche-Orient, cest un autre peuple dont les aspirations doivent être reconnues - les revendications des Palestiniens ne sont-elles pas aussi légitimes que celles qui sexpriment dans le reste de la région ? Nest-il pas naturel que les Palestiniens souhaitent quun État palestinien voie le jour ? Cest aussi la sécurité de lÉtat dIsraël qui doit être assurée - la France sera toujours aux côtés dIsraël pour garantir sa sécurité et ne transigera pas. Aujourdhui, nous le savons tous, la solution de deux États vivant côte à côte dans la paix et la sécurité est la seule qui soit viable et la meilleure garantie pour la sécurité dIsraël.
Après tant déchecs répétés du processus de paix, après tant dannées de souffrances et despoirs déçus, le moment est venu de changer de méthode. Cest tout le sens de lappel devant lAssemblée générale lancé le 23 septembre dernier par le président Sarkozy. Notre conviction, cest que nous ne pouvons plus continuer à nous priver denceintes multilatérales, comme celle de ce Conseil, et de lappui de lensemble des partenaires, notamment régionaux et européens. Dans les mois qui viennent, la France fera tout ce qui est en son pouvoir pour quune paix juste et durable sinstalle enfin au Proche-Orient.
Alors que nous parlons de la paix et de la sécurité dans cette région du monde, comment ne pas évoquer lIran ? Dans ce pays, la situation devient chaque jour un peu plus préoccupante, avec un régime qui poursuit un programme nucléaire manifestement militaire, en violation des décisions de notre Conseil et de lAgence internationale de lÉnergie atomique, un régime qui promet de rayer Israël de la carte, un régime qui remet en cause la liberté de circulation dans le détroit dOrmuz et inquiète ses voisins, un régime qui réprime les aspirations de son peuple à la liberté et à la démocratie, un régime qui sisole chaque jour un peu plus de la communauté internationale.
Notre Conseil sest exprimé avec force et droit rester ferme, car nous savons quil est deux issues également inacceptables : un Iran doté de larme nucléaire ou un Iran bombardé.
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Ce que nous rappellent les révolutions pacifiques et les évolutions en cours sur la rive sud de la Méditerranée, ce que nous confirme la tragédie qui se déroule en Syrie, cest que le principe de légitimité est un principe cardinal pour tout gouvernement. Le jour où un gouvernement perd sa légitimité aux yeux de son peuple, ce jour-là, ce gouvernement est condamné. Et dans cette région du monde, lune des grandes questions qui se posent est celle de la capacité à faire vivre ensemble des communautés et des minorités dans un pacte national respectueux des droits de chacun et des droits de lHomme pour tous. La promesse du «printemps arabe», cest le droit universel à la liberté, et jai confiance dans sa réalisation.
Je vous remercie.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 mars 2012