Texte intégral
Monsieur le Président, Cher Christian,
Mesdames et messieurs les Maires,
Je vous remercie très chaleureusement de mavoir invitée à venir clôturer les travaux de votre assemblée générale de la fédération des villes moyennes de France. Je veux saluer laction de son Président Christian Pierret qui défend avec énergie le rôle des villes moyennes. Dès ma nomination, jai échangé avec une délégation de votre association peu de temps après ma prise de fonction. Jai pris connaissance avec attention des quinze propositions de votre fédération pour renforcer la décentralisation. Cest une contribution précieuse.
Mesdames et messieurs, vous êtes dabord des maires.
Le maire de la ville est de loin lélu le plus connu, le mieux identifié par nos concitoyens. Cest ainsi bien souvent linterlocuteur naturel des populations, le premier ou le dernier recours. Cest dabord vers le maire que se tournent nos concitoyens et notamment les plus en difficulté, comme ceux qui cherchent un soutien pour leurs projets.
Si vous êtes en première ligne, sur le terrain, cest aussi parce que laction municipale est le premier niveau de service public local rendu dans notre pays, dont limportance prend tout son sens surtout en cette période de crise. Cette accessibilité, cette simplicité, cette visibilité de linstitution communale est non seulement un repère, une force mais aujourdhui un atout dans la démocratie et la gouvernance locale, dans laction publique locale.
Aujourdhui, un effort important doit justement être entrepris avec courage et détermination pour restaurer laction publique locale, restaurer sa légitimité, restaurer sa valeur ajoutée. Cest le sens de la réforme de laction publique que mont confiée le Président de la République et le Premier ministre.
Cest toute lambition du ministère dont jai la charge : moderniser laction publique pour refonder la puissance publique du conseiller général au Président de Région, du maire au Ministre. Conjuguer réforme de lEtat et la décentralisation avec le concours de toutes les fonctions publiques.
Moderniser laction publique cest le fruit de tous les niveaux de laction publique :
Restaurer la puissance publique en temps de crise, cest réhabiliter la République, la promesse républicaine à travers ses grandes missions tant stratégique que de proximité.
Restaurer la puissance publique, cest restaurer lEtat républicain, dans toutes ses dimensions régaliennes, sur tous les territoires : le canton rural, la commune périurbaines, comme les quartiers et les centres-villes.
Parce la puissance publique est la propriété de chaque citoyen, alors nous devons avoir le souci de lefficacité au service de chacun sur le territoire.
Etat, collectivités locales nous avons le devoir de réarmer la collectivité publique, injustement dénigrée, inopportunément démantelée, au point de faire douter nos concitoyens de son efficacité et de son utilité sociale.
Lobjectif est clair : redéfinir les missions de lEtat et les missions des collectivités.
Nous ny parviendrons quavec le concours des collectivités locales, avec votre concours.
Dans quelques jours, le 1er octobre prochain, le Premier ministre organisera un séminaire gouvernemental sur la modernisation de laction publique. Il lancera ainsi le chantier de la redéfinition des missions de services publics, partie intégrante du modèle républicain.
Nous aurons bien des débats, qui suivront ceux que le Sénat organise avec les Etats généraux de la démocratie territoriale. On écoute les élus et on sappuie sur ce quils disent. Après une rupture du dialogue et de la confiance, nous engageons aujourdhui la réparation, comme le Président de la République sy est engagé.
Il nous faudra dabord nous doter des bons outils pour passer dune consultation de forme, par le passé, à une réelle concertation. Ce sera au Haut conseil des territoires dy veiller, en associant au delà de la réunion permanente des grandes catégories de collectivités, les fédérations comme la vôtres. Le Haut-Conseil des territoires, appuyé sur le Sénat, sera linstance au sein de laquelle sinstaurera un dialogue permanent entre lEtat et les collectivités locales. Le poids des normes croissantes pénalise la réactivité des réponses locales. Le HCT réunira également les comités sectoriels existant entre lEtat et les collectivités : des commissions qui prolongent les travaux des comités : finances locale, évaluation des charges transférées et dévaluation des normes car tous ces sujets sont liés. La limitation sinon la simplification des normes constituera un impératif : alléger les contraintes législatives et règlementaires, cest justement faire davantage confiance au local.
Cette rénovation de laction publique, que je conduis à la demande du Premier ministre ne se fera par ailleurs pas dans une logique verticale imposant depuis Paris un modèle standardisé de compétence pour lEtat ou pour les collectivités.
Les conférences territoriales des compétences que je veux voir organisées avec tous les acteurs locaux seront là pour y veiller.
Ces conférences territoriales concrétisent notre souhait de ne pas enfermer les collectivités locales dans un modèle unique, quil sagisse des compétences transférées ou des formes de leur exercice. Etat et collectivités, les villes, discuteront compétence par compétence des modalités concrètes dexercice, dans le respect du principe de non tutelle dune collectivité sur lautre. Ces conférences doivent nous permettre de mieux prendre en compte la diversité des territoires, ruraux, urbains, péri urbains ou métropolitain. Ce que le Président du Sénat appelle le pacte de Gouvernance.
Pour conduire cette réforme de la décentralisation, nous sommes prêts. Prêts parce que nous concertons toutes les associations d'élus. Elles ont toutes été reçues par le Premier ministre et moi-même avec une méthode claire et annoncée à tous : tous les scénarios de décentralisation ont été travaillés pour le projet de loi. Projet de loi que nous serons ainsi en mesure de présenter en conseil des ministres, comme nous nous y sommes engagés, avant la fin de cette année.
Ce projet de loi va ainsi bénéficier spécifiquement des travaux des élus dans les Etats Généraux organisés par le Sénat la semaine prochain. C'est bien à l'issue de ce processus d'écoute et de prise en considération des attentes des élus locaux que nous pourrons peaufiner la réforme et rédiger l'avant projet de loi. Les parlementaires ont écrit de nombreux rapports, les sénateurs émettent régulièrement des propositions de loi qui doivent nous inspirer, les associations travaillent également sans relâche.
Le projet ne sera pas un projet de ministère mais un projet conçu collectivement. Cest un changement radical de méthode avec le gouvernement précédent. On concerte avec les agents et leurs représentants ; on écoute, on échange comme avec les acteurs territoriaux.
Car cest seulement à cette condition que les missions respectives de lEtat et des collectivités pourront être clarifiées. Cest seulement à cette condition que les politiques publiques y gagneront en légitimité, en responsabilité et en efficacité.
Jen veux pour preuve - justement le bénéfice pour les villes moyennes de notre pays.
Vous vous êtes interrogés cette après-midi sur la place des villes moyennes dans la réorganisation territoriale .Je veux vous dire que la présence de lEtat doit conforter la place de vos villes lorganisation territoriale de demain.
Les villes moyennes occupent une place à part dans notre organisation territoriale : entre les grandes villes régionales et les petites villes, les villes moyennes assurent le maillage de lensemble du territoire français.
Les villes moyennes de France constituent larmature urbaine de notre pays, le réseau de villes centres des bassins de vie au sein desquels sorganise le quotidien de nos concitoyens : travail, école, santé, services, loisirs.
Les villes moyennes sont des « pôles déquilibre » indispensables à léquilibre territorial
Pas un seul département, pas un seul arrondissement qui compte une ou plusieurs villes moyennes.
Je profite davoir devant moi la plupart de ces villes centres des bassins de vie de notre pays pour évoquer lintercommunalité.
Les villes moyennes jouent un rôle essentiel danimation, dimpulsion et de solidarité non seulement pour leurs habitants mais aussi pour les habitants des espaces périurbains. Les résultats des dernières élections présidentielles ont traduit un certain mal être des habitants de ces nouveaux espaces, venant pour certains des villes centres, ainsi fragilisées lorsquelles perdent de la population.
Lintercommunalité équilibrée, durable, acceptée par les communes est la réponse à la prise en charge dune plus grande cohésion sociale à léchelle des bassins de vie. Une intercommunalité acceptée, désirée, équilibrée est la condition dune intercommunalité réussie, et donc dun bénéfice pour les communes « racines », pour reprendre vos termes, autant les villes centres que leurs voisines. Cest la raison pour laquelle, jai demandé que soit menée dans la concertation et avec une certaine souplesse autant que faire se peut, dici le 31 décembre 2012, lachèvement de la carte intercommunale là où elle nest pas encore réalisée.
Lachèvement de la couverture intercommunale est dautant plus nécessaire que lintercommunalité constitue le bon véhicule de la mutualisation : au sein du bloc communal, les coopérations sont justement nécessaires pour mieux exercer des compétences et des services de proximité. Les villes moyennes sont bien souvent les pivots de cette mutualisation de services, qui doit se développer sur la base du contrat.
Les villes moyennes ont donc un rôle central dans notre organisation territoriale comme « pôle déquilibre » qui accueille sur son territoire activités économiques, populations et services publics. Au nom et de laménagement du territoire, nous voulons conforter ces pôles déquilibre que constituent les villes moyennes.
Comment ? En réponse à vos préoccupations légitimes, comme premiers édiles de ces villes « armatures », je veux vous affirmer que notre priorité sera de conforter les capacités opérationnelles de lEtat sur le terrain.
Le Premier ministre a demandé aux ministres de veiller à ce que les services opérationnels, les échelons de proximité, soient protégés. Cette priorité concerne en premier lieu le niveau départemental des services de lEtat, qui a été systématiquement sacrifié alors que cest bien souvent linterlocuteur privilégié des maires et des collectivités. Cest à cet échelon que nous porterons une attention particulière dans toutes les décisions que nous serons amenés à prendre.
Nous voulons un Etat présent et efficace, un service public accessible, qui passe nécessairement par des villes « têtes de pont » dans lanimation des territoires plus vastes que constituent les bassins de vie quotidiens, vécus par les habitants. Un Etat fort est un Etat proche.
La réflexion sur les missions de lEtat et la réforme de lEtat comporte obligatoirement une vision territoriale. Cest pour cela quelle sera menée parallèlement au chantier de la décentralisation.
Lapprofondissement de la décentralisation sappuiera bien sûr sur de nouveaux transferts de compétences mais pas seulement.
On peut dailleurs dores et déjà distinguer deux types de compétences « transférables ».
Le premier correspond aux compétences pour lesquelles le transfert est mûr dans les esprits et sera donc général. Nous savons ainsi que le retour à lemploi des demandeurs demploi, grâce à la formation professionnelle, gagnera à une clarification rapide des rôles respectifs de lEtat, des collectivités et de leurs opérateurs. Nous avons déjà reconnu à travers la création de la Banque Publique dinvestissement le rôle important des régions dans le développement économique de notre pays.
Le second type de compétences sera expérimenté de façon optionnelle par les collectivités territoriales dès lors quelles se seront portées candidates à leur expérimentation, dans le cadre des conférences régionales de 2013.
Mais la nouvelle décentralisation ne sappuiera pas seulement sur de nouveau transferts de compétences comme le précédent acte de décentralisation.
Notre ambition est bien de renouer avec lesprit et le souffle de la première réforme de 1982.
Cest dans le cadre dune rénovation de laction publique, au sens large, que nous trouverons bien des réponses aux enjeux économiques et sociaux de notre siècle. Cest bien vers le citoyen que la rénovation de laction publique doit être tournée.
La reconquête de lautonomie financière des collectivités reste pour ce gouvernement un enjeu.
Pour cela et nous avons engagé une réflexion sur lévolution de la fiscalité locale, en lien avec les services de Bercy, afin de donner plus dautonomie fiscale aux collectivités, qui nen ont plus.
Dans ce cadre, les collectivités territoriales seront associées à leffort de redressement des comptes publics pour les années 2014 et 2015. Les dotations ont été stabilisées en valeur en 2013. Le gel des dotations en valeur représente déjà un effort des collectivités en 2013, cet effort est mesuré par rapport à celui que fournit lEtat. Il sest agi pour le Gouvernement de laisser avant la réforme suffisamment de ressources aux Collectivités pour quelles continuent même si cest difficile à investir et, par conséquent, à participer au maintien de la meilleure croissance possible.
Notre engagement général de « redressement dans la justice » a conduit le Gouvernement à être attentif à la solidarité entre les territoires afin que les collectivités les plus pauvres ne soient pas fragilisées : la péréquation est inscrite à notre agenda territorial.
Nous avons dores et déjà répondu aux risques pesant sur le crédit bancaire. Le besoin annuel de financement bancaire des collectivités est de 18 milliards deuro. Jusquen 2011, la banque DEXIA apportait 7 Md de crédits. Sa cessation dactivité de la banque DEXIA met les projets dinvestissement sous tension. Plusieurs pistes de réflexion sont sur les rails : de la banque publique des territoires aux émissions obligataires en passant par l'agence de financement des collectivités. Pour la banque publique, les négociations avec la Communauté Européenne ralentissent sa mise en place. Le problème de l'agence est lui plus directement lié à la garantie de l'Etat. Nous étudions le modèle avec holding à statut mutualiste en lieu et place de lEPIC.
Sans attendre, plusieurs solutions durgence ont été mises en place par le Gouvernement. La Banque Postale qui a mis sur le marché plus de 4 milliards deuros de financement et vient dobtenir son agrément pour apporter des crédits bancaires de plus longue maturité. La Caisse des dépôts et Consignation a proposé une enveloppe exceptionnelle de crédits de 3 milliards deuros.
Mesdames, messieurs les maires des villes, sachez quà travers cette réforme de laction publique en général et de la décentralisation en particulier, nous accorderons la plus grande attention au bloc communal, aux élus municipaux, avec le souci de la simplification, de la fluidification de laction publique. Parce quelles exercent un rôle structurant au-delà de leurs seules frontières, les villes moyennes constituent un échelon efficace du service public rendu à nos concitoyens. Vous pouvez compter sur moi pour associer pleinement les villes de France à la réussite de ce nouvel acte de décentralisation.
Source http://www.villesmoyennes.asso.fr, le 4 octobre 2012
Mesdames et messieurs les Maires,
Je vous remercie très chaleureusement de mavoir invitée à venir clôturer les travaux de votre assemblée générale de la fédération des villes moyennes de France. Je veux saluer laction de son Président Christian Pierret qui défend avec énergie le rôle des villes moyennes. Dès ma nomination, jai échangé avec une délégation de votre association peu de temps après ma prise de fonction. Jai pris connaissance avec attention des quinze propositions de votre fédération pour renforcer la décentralisation. Cest une contribution précieuse.
Mesdames et messieurs, vous êtes dabord des maires.
Le maire de la ville est de loin lélu le plus connu, le mieux identifié par nos concitoyens. Cest ainsi bien souvent linterlocuteur naturel des populations, le premier ou le dernier recours. Cest dabord vers le maire que se tournent nos concitoyens et notamment les plus en difficulté, comme ceux qui cherchent un soutien pour leurs projets.
Si vous êtes en première ligne, sur le terrain, cest aussi parce que laction municipale est le premier niveau de service public local rendu dans notre pays, dont limportance prend tout son sens surtout en cette période de crise. Cette accessibilité, cette simplicité, cette visibilité de linstitution communale est non seulement un repère, une force mais aujourdhui un atout dans la démocratie et la gouvernance locale, dans laction publique locale.
Aujourdhui, un effort important doit justement être entrepris avec courage et détermination pour restaurer laction publique locale, restaurer sa légitimité, restaurer sa valeur ajoutée. Cest le sens de la réforme de laction publique que mont confiée le Président de la République et le Premier ministre.
Cest toute lambition du ministère dont jai la charge : moderniser laction publique pour refonder la puissance publique du conseiller général au Président de Région, du maire au Ministre. Conjuguer réforme de lEtat et la décentralisation avec le concours de toutes les fonctions publiques.
Moderniser laction publique cest le fruit de tous les niveaux de laction publique :
Restaurer la puissance publique en temps de crise, cest réhabiliter la République, la promesse républicaine à travers ses grandes missions tant stratégique que de proximité.
Restaurer la puissance publique, cest restaurer lEtat républicain, dans toutes ses dimensions régaliennes, sur tous les territoires : le canton rural, la commune périurbaines, comme les quartiers et les centres-villes.
Parce la puissance publique est la propriété de chaque citoyen, alors nous devons avoir le souci de lefficacité au service de chacun sur le territoire.
Etat, collectivités locales nous avons le devoir de réarmer la collectivité publique, injustement dénigrée, inopportunément démantelée, au point de faire douter nos concitoyens de son efficacité et de son utilité sociale.
Lobjectif est clair : redéfinir les missions de lEtat et les missions des collectivités.
Nous ny parviendrons quavec le concours des collectivités locales, avec votre concours.
Dans quelques jours, le 1er octobre prochain, le Premier ministre organisera un séminaire gouvernemental sur la modernisation de laction publique. Il lancera ainsi le chantier de la redéfinition des missions de services publics, partie intégrante du modèle républicain.
Nous aurons bien des débats, qui suivront ceux que le Sénat organise avec les Etats généraux de la démocratie territoriale. On écoute les élus et on sappuie sur ce quils disent. Après une rupture du dialogue et de la confiance, nous engageons aujourdhui la réparation, comme le Président de la République sy est engagé.
Il nous faudra dabord nous doter des bons outils pour passer dune consultation de forme, par le passé, à une réelle concertation. Ce sera au Haut conseil des territoires dy veiller, en associant au delà de la réunion permanente des grandes catégories de collectivités, les fédérations comme la vôtres. Le Haut-Conseil des territoires, appuyé sur le Sénat, sera linstance au sein de laquelle sinstaurera un dialogue permanent entre lEtat et les collectivités locales. Le poids des normes croissantes pénalise la réactivité des réponses locales. Le HCT réunira également les comités sectoriels existant entre lEtat et les collectivités : des commissions qui prolongent les travaux des comités : finances locale, évaluation des charges transférées et dévaluation des normes car tous ces sujets sont liés. La limitation sinon la simplification des normes constituera un impératif : alléger les contraintes législatives et règlementaires, cest justement faire davantage confiance au local.
Cette rénovation de laction publique, que je conduis à la demande du Premier ministre ne se fera par ailleurs pas dans une logique verticale imposant depuis Paris un modèle standardisé de compétence pour lEtat ou pour les collectivités.
Les conférences territoriales des compétences que je veux voir organisées avec tous les acteurs locaux seront là pour y veiller.
Ces conférences territoriales concrétisent notre souhait de ne pas enfermer les collectivités locales dans un modèle unique, quil sagisse des compétences transférées ou des formes de leur exercice. Etat et collectivités, les villes, discuteront compétence par compétence des modalités concrètes dexercice, dans le respect du principe de non tutelle dune collectivité sur lautre. Ces conférences doivent nous permettre de mieux prendre en compte la diversité des territoires, ruraux, urbains, péri urbains ou métropolitain. Ce que le Président du Sénat appelle le pacte de Gouvernance.
Pour conduire cette réforme de la décentralisation, nous sommes prêts. Prêts parce que nous concertons toutes les associations d'élus. Elles ont toutes été reçues par le Premier ministre et moi-même avec une méthode claire et annoncée à tous : tous les scénarios de décentralisation ont été travaillés pour le projet de loi. Projet de loi que nous serons ainsi en mesure de présenter en conseil des ministres, comme nous nous y sommes engagés, avant la fin de cette année.
Ce projet de loi va ainsi bénéficier spécifiquement des travaux des élus dans les Etats Généraux organisés par le Sénat la semaine prochain. C'est bien à l'issue de ce processus d'écoute et de prise en considération des attentes des élus locaux que nous pourrons peaufiner la réforme et rédiger l'avant projet de loi. Les parlementaires ont écrit de nombreux rapports, les sénateurs émettent régulièrement des propositions de loi qui doivent nous inspirer, les associations travaillent également sans relâche.
Le projet ne sera pas un projet de ministère mais un projet conçu collectivement. Cest un changement radical de méthode avec le gouvernement précédent. On concerte avec les agents et leurs représentants ; on écoute, on échange comme avec les acteurs territoriaux.
Car cest seulement à cette condition que les missions respectives de lEtat et des collectivités pourront être clarifiées. Cest seulement à cette condition que les politiques publiques y gagneront en légitimité, en responsabilité et en efficacité.
Jen veux pour preuve - justement le bénéfice pour les villes moyennes de notre pays.
Vous vous êtes interrogés cette après-midi sur la place des villes moyennes dans la réorganisation territoriale .Je veux vous dire que la présence de lEtat doit conforter la place de vos villes lorganisation territoriale de demain.
Les villes moyennes occupent une place à part dans notre organisation territoriale : entre les grandes villes régionales et les petites villes, les villes moyennes assurent le maillage de lensemble du territoire français.
Les villes moyennes de France constituent larmature urbaine de notre pays, le réseau de villes centres des bassins de vie au sein desquels sorganise le quotidien de nos concitoyens : travail, école, santé, services, loisirs.
Les villes moyennes sont des « pôles déquilibre » indispensables à léquilibre territorial
Pas un seul département, pas un seul arrondissement qui compte une ou plusieurs villes moyennes.
Je profite davoir devant moi la plupart de ces villes centres des bassins de vie de notre pays pour évoquer lintercommunalité.
Les villes moyennes jouent un rôle essentiel danimation, dimpulsion et de solidarité non seulement pour leurs habitants mais aussi pour les habitants des espaces périurbains. Les résultats des dernières élections présidentielles ont traduit un certain mal être des habitants de ces nouveaux espaces, venant pour certains des villes centres, ainsi fragilisées lorsquelles perdent de la population.
Lintercommunalité équilibrée, durable, acceptée par les communes est la réponse à la prise en charge dune plus grande cohésion sociale à léchelle des bassins de vie. Une intercommunalité acceptée, désirée, équilibrée est la condition dune intercommunalité réussie, et donc dun bénéfice pour les communes « racines », pour reprendre vos termes, autant les villes centres que leurs voisines. Cest la raison pour laquelle, jai demandé que soit menée dans la concertation et avec une certaine souplesse autant que faire se peut, dici le 31 décembre 2012, lachèvement de la carte intercommunale là où elle nest pas encore réalisée.
Lachèvement de la couverture intercommunale est dautant plus nécessaire que lintercommunalité constitue le bon véhicule de la mutualisation : au sein du bloc communal, les coopérations sont justement nécessaires pour mieux exercer des compétences et des services de proximité. Les villes moyennes sont bien souvent les pivots de cette mutualisation de services, qui doit se développer sur la base du contrat.
Les villes moyennes ont donc un rôle central dans notre organisation territoriale comme « pôle déquilibre » qui accueille sur son territoire activités économiques, populations et services publics. Au nom et de laménagement du territoire, nous voulons conforter ces pôles déquilibre que constituent les villes moyennes.
Comment ? En réponse à vos préoccupations légitimes, comme premiers édiles de ces villes « armatures », je veux vous affirmer que notre priorité sera de conforter les capacités opérationnelles de lEtat sur le terrain.
Le Premier ministre a demandé aux ministres de veiller à ce que les services opérationnels, les échelons de proximité, soient protégés. Cette priorité concerne en premier lieu le niveau départemental des services de lEtat, qui a été systématiquement sacrifié alors que cest bien souvent linterlocuteur privilégié des maires et des collectivités. Cest à cet échelon que nous porterons une attention particulière dans toutes les décisions que nous serons amenés à prendre.
Nous voulons un Etat présent et efficace, un service public accessible, qui passe nécessairement par des villes « têtes de pont » dans lanimation des territoires plus vastes que constituent les bassins de vie quotidiens, vécus par les habitants. Un Etat fort est un Etat proche.
La réflexion sur les missions de lEtat et la réforme de lEtat comporte obligatoirement une vision territoriale. Cest pour cela quelle sera menée parallèlement au chantier de la décentralisation.
Lapprofondissement de la décentralisation sappuiera bien sûr sur de nouveaux transferts de compétences mais pas seulement.
On peut dailleurs dores et déjà distinguer deux types de compétences « transférables ».
Le premier correspond aux compétences pour lesquelles le transfert est mûr dans les esprits et sera donc général. Nous savons ainsi que le retour à lemploi des demandeurs demploi, grâce à la formation professionnelle, gagnera à une clarification rapide des rôles respectifs de lEtat, des collectivités et de leurs opérateurs. Nous avons déjà reconnu à travers la création de la Banque Publique dinvestissement le rôle important des régions dans le développement économique de notre pays.
Le second type de compétences sera expérimenté de façon optionnelle par les collectivités territoriales dès lors quelles se seront portées candidates à leur expérimentation, dans le cadre des conférences régionales de 2013.
Mais la nouvelle décentralisation ne sappuiera pas seulement sur de nouveau transferts de compétences comme le précédent acte de décentralisation.
Notre ambition est bien de renouer avec lesprit et le souffle de la première réforme de 1982.
Cest dans le cadre dune rénovation de laction publique, au sens large, que nous trouverons bien des réponses aux enjeux économiques et sociaux de notre siècle. Cest bien vers le citoyen que la rénovation de laction publique doit être tournée.
La reconquête de lautonomie financière des collectivités reste pour ce gouvernement un enjeu.
Pour cela et nous avons engagé une réflexion sur lévolution de la fiscalité locale, en lien avec les services de Bercy, afin de donner plus dautonomie fiscale aux collectivités, qui nen ont plus.
Dans ce cadre, les collectivités territoriales seront associées à leffort de redressement des comptes publics pour les années 2014 et 2015. Les dotations ont été stabilisées en valeur en 2013. Le gel des dotations en valeur représente déjà un effort des collectivités en 2013, cet effort est mesuré par rapport à celui que fournit lEtat. Il sest agi pour le Gouvernement de laisser avant la réforme suffisamment de ressources aux Collectivités pour quelles continuent même si cest difficile à investir et, par conséquent, à participer au maintien de la meilleure croissance possible.
Notre engagement général de « redressement dans la justice » a conduit le Gouvernement à être attentif à la solidarité entre les territoires afin que les collectivités les plus pauvres ne soient pas fragilisées : la péréquation est inscrite à notre agenda territorial.
Nous avons dores et déjà répondu aux risques pesant sur le crédit bancaire. Le besoin annuel de financement bancaire des collectivités est de 18 milliards deuro. Jusquen 2011, la banque DEXIA apportait 7 Md de crédits. Sa cessation dactivité de la banque DEXIA met les projets dinvestissement sous tension. Plusieurs pistes de réflexion sont sur les rails : de la banque publique des territoires aux émissions obligataires en passant par l'agence de financement des collectivités. Pour la banque publique, les négociations avec la Communauté Européenne ralentissent sa mise en place. Le problème de l'agence est lui plus directement lié à la garantie de l'Etat. Nous étudions le modèle avec holding à statut mutualiste en lieu et place de lEPIC.
Sans attendre, plusieurs solutions durgence ont été mises en place par le Gouvernement. La Banque Postale qui a mis sur le marché plus de 4 milliards deuros de financement et vient dobtenir son agrément pour apporter des crédits bancaires de plus longue maturité. La Caisse des dépôts et Consignation a proposé une enveloppe exceptionnelle de crédits de 3 milliards deuros.
Mesdames, messieurs les maires des villes, sachez quà travers cette réforme de laction publique en général et de la décentralisation en particulier, nous accorderons la plus grande attention au bloc communal, aux élus municipaux, avec le souci de la simplification, de la fluidification de laction publique. Parce quelles exercent un rôle structurant au-delà de leurs seules frontières, les villes moyennes constituent un échelon efficace du service public rendu à nos concitoyens. Vous pouvez compter sur moi pour associer pleinement les villes de France à la réussite de ce nouvel acte de décentralisation.
Source http://www.villesmoyennes.asso.fr, le 4 octobre 2012