Texte intégral
Merci Monsieur le président du Sénat. Mesdames, Messieurs les Ministres, Mesdames et Messieurs les Sénateurs, il y a des votes qui marquent plus que dautres notre histoire commune et en particulier lhistoire parlementaire parce que ce vote auquel je vous invite cet après-midi engage lavenir de notre pays. Ce nest pas simplement un traité européen de plus que le gouvernement soumet à votre approbation, cest un choix davenir que je vous invite à faire, celui de garantir la zone euro, de maintenir la France dans la zone euro, plutôt que, comme certains le préconisent ou ne lassument - pas tout en agissant dans cette direction, - de prendre le chemin inverse. Le choix de la confiance aussi dans la capacité de lUnion européenne à repartir de lavant plutôt que celui de la défiance.
Je sais que dans votre immense majorité, vous êtes attachés à notre destin européen et vous avez conscience de la responsabilité particulière de la France dont la voix porte haut et fort en Europe parce quil ny a pas dEurope sans la France.
Mais la réalité, cest que lUnion européenne est la première puissance économique mondiale et la première puissance commerciale du monde. Cest grâce à elle que nous avons les moyens de peser dans les instances internationales pour défendre notre économie, promouvoir nos standards sociaux et environnementaux. Cest grâce à leuro que nous navons plus à subir des dévaluations dévastatrices pour le pouvoir dachat des plus modestes.
Ma conviction et cest celle, je crois, aussi, sans préjuger de votre vote, de la majorité de votre assemblée , cest que la France ne se relèvera pas durablement et efficacement sans lEurope. Mais en même temps elle ne le fera et ne pourra le faire que si lEurope change car lEurope est en crise et lurgence est là. Il ny a pas de précipitation à voter, y compris cet après-midi. Lurgence est là et donc reporter les décisions serait une faute et une lourde responsabilité parce que la croissance est au plus bas dans la zone euro, le chômage et la pauvreté progressent. Même nos partenaires de lEurope du Nord ne sont plus à labri du ralentissement. Et malgré les efforts accomplis, nos partenaires du sud continuent de subir les effets de la récession.
Partout au sein de lUnion, la crise économique frappe durement tous les peuples qui perdent peu à peu confiance dans la construction de lEurope. Et cette Europe nest plus perçue, par beaucoup de nos concitoyens en France et dans lEurope, comme le projet partagé et mobilisateur que nous avons connu il y a quelques années. Sur lensemble du continent, le populisme prospère, les égoïsmes nationaux, le refus de la solidarité gagnent peu à peu du terrain. Si nous refusons toute avancée au motif que nous la trouvons insuffisante, ce sont ces forces-là, celles du repli, celles du renoncement, qui finiraient par lemporter.
Mesdames et Messieurs les sénateurs, ma volonté, la volonté du Gouvernement, cest de réorienter le cours de la construction européenne, conformément aux engagements que le président de la République a pris devant le pays en mai dernier.
Nous sommes des Européens convaincus, mais nous sommes aussi en désaccord avec le chemin qui a été suivi depuis dix ans. Pour faire face à la crise et à ses conséquences désastreuses, les sommets, que lon appelait les uns après les autres les sommets de la dernière chance, se sont succédés, sans apporter de réponses de fond satisfaisantes. Les gouvernements européens se sont contentés dappliquer des politiques de rigueur budgétaire. Mais sans le soutien de la croissance, et lactualité nous le rappelle, la réduction des déficits, seule, ne peut que conduire à la récession.
Voilà pourquoi il est indispensable, il est nécessaire de bouger les lignes en Europe. Cest le mandat que les Français ont confié au président de la République. Et ce mandat je le dis devant vous , à cette étape, ce mandat a été respecté.
Oui, Mesdames et Messieurs les sénateurs, la réorientation de lEurope est en cours et cest cette réorientation décisive pour lavenir de notre maison commune que je suis venu vous demander de soutenir aujourd'hui pour la consolider et surtout pour lamplifier. Alors vous allez voter pour ou contre la ratification du Traité. Mais à travers votre vote, c'est sur la réorientation de lEurope que vous vous prononcerez.
Et la première des exigences démocratiques, cest de se prononcer sur le Traité en toute connaissance de cause. Il mappartient donc décarter certaines interprétations volontairement erronées.
Certains parlementaires cependant parmi les mieux disposés ont pu s'inquiéter à un moment de l'introduction d'un carcan constitutionnel bridant nos finances publiques. Mais le Conseil constitutionnel et jentendais hier un député qui a voté contre, qui disait que cette décision était politique... Quand une décision du Conseil constitutionnel arrange, on le félicite ; quand elle ne convient pas, on le dénonce politiquement. Mais le Conseil constitutionnel sest prononcé et il sest prononcé justement sur ce sujet et nulle règle dor ne sera inscrite dans notre loi fondamentale. Au point que le Conseil constitutionnel na pas jugé nécessaire de modifier la Constitution et que de ce point de vue, il ny a pas de transfert de souveraineté. Et cest très important pour une Assemblée parlementaire, que ce soit lAssemblée nationale ou le Sénat.
Jai dit lautre jour devant lAssemblée nationale que le traité lui-même ne comporte aucune contrainte sur le niveau de la dépense publique, quil nimpose pas davantage de contrainte sur sa répartition, quil ne dicte pas la méthode à employer pour rééquilibrer les comptes. Alors un ancien Premier ministre mon prédécesseur , quelques heures après, à la radio, ma qualifié "dirresponsable". Mais je ne faisais quaffirmer que la souveraineté du Parlement sur le vote du budget était préservée. Et il sest trouvé quau même moment, jai rencontré le ministre des Affaires étrangères de la République fédérale dAllemagne à loccasion de la fête de lunité allemande et quil ma félicité. Je nattendais pas de félicitation pour mes discours mais il ma félicité davoir dit ça : "Cest-à-dire que vous avez, en effet, affirmé devant lAssemblée nationale que la souveraineté parlementaire sur le budget était préservée. Eh bien nous, Allemands, nous revendiquons aussi la souveraineté budgétaire."
Ce nest pas parce que nous avançons dans la direction dune discipline collective assumée sur les déficits et les grands équilibres, ce nest pas parce que nous avançons vers une plus grande coordination de nos politiques économiques, de nos politiques budgétaires et fiscales que pour autant, nous abandonnons notre souveraineté. Non, le Conseil constitutionnel la dit, Mesdames et Messieurs les Sénateurs, cest vous qui continuerez à voter le budget de la France.
Dailleurs, pour être complet, le traité qui vous est soumis est même plus souple que le traité de Maastricht que beaucoup avaient voté, mais que dautres avaient contesté, puisque, au fond, on connaît la contestation de la construction européenne depuis le début de la création dune monnaie unique et que donc certains points de vue qui perdurent ne sont pas en contradiction avec lopposition à Maastricht.
Mais concernant Maastricht justement et ce nouveau traité, le principe de léquilibre du solde structurel des dépenses publiques, je dis bien structurel, autorise les États à prendre des mesures adaptées pour faire face aux situations de crise économique. Donc il y a, en effet, une différence.
Mais je voudrais ajouter aussi quelque chose, cest quil est un peu facile, face aux difficultés particulièrement graves que connaît notre pays, de se défausser pour lEurope, sur lEurope et de dire que ce que le Gouvernement entreprend pour redresser les finances publiques, pour améliorer la compétitivité de notre pays, pour redonner à la France des marges de manuvre, de revendiquer sa pleine souveraineté, ne serait quune exigence de lUnion européenne, voire même du traité que vous allez ratifier. Eh bien non, ce nest pas cela. Cest notre libre-arbitre, notre décision souveraine de dire : "Stop ! Ça suffit ! On ne peut pas continuer avec de telles situations de déficit, de dette qui plombent notre pays, qui laffaiblissent et qui conduisent à son déclin. Ce que nous refusons."
Donc je revendique ici, au nom du Gouvernement, la loi de finances 2013 qui nest que la reconquête de nos marges de manuvre et de notre autonomie parce que le premier budget de la France ne peut plus être le budget du remboursement des intérêts de la dette. Le premier budget de la France doit être linvestissement dans lindustrie et dans les priorités du redressement du pays.
Nos priorités, vous les connaissez : léducation le président de la République la rappelé encore hier , lemploi, la sécurité, la justice, le logement et le projet de loi de financement de la Sécurité sociale qui vous sera soumis dans quelques jours, le financement de notre protection sociale. À ceux qui nous disent que rien na changé depuis le mois de juin parce que la lettre du traité est identique, je réponds que lesprit avec lequel il sera mis en uvre a profondément changé. Oui, Mesdames et Messieurs les sénateurs, grâce au paquet européen que nous avons obtenu, nous aurons désormais les moyens daffronter la crise avec plus defficacité. Le vote auquel je vous invite est donc aussi un vote de confiance dans la politique européenne engagée depuis quatre mois. Cette politique a réussi à atteindre un certain nombre dobjectifs.
Mais parce que, Mesdames et Messieurs les sénateurs, il y a eu négociation. Dès le lendemain de sa prise de fonction, le président de la République a demandé un rééquilibrage à nos partenaires avec lappui de plusieurs pays européens, y compris des gouvernements conservateurs. Mesdames et Messieurs les sénateurs de lUMP, je reviens du sommet franco-espagnol. Que je sache, le président Rajoy nest pas socialiste et pourtant, les 28 et 29 juin, il a soutenu les efforts de la France pour la réorientation de lEurope en faveur de la croissance. Et il nétait pas le seul parce quen effet, au mois de juin, a été obtenu le pacte pour la croissance et lemploi et qui donne une nouvelle chance à lEurope.
Je rappelle que la Banque européenne d'investissement a reçu laccord pour une recapitalisation dès le premier trimestre 2013. On me dit : "Mais cétait déjà acquis." Mais cest bien faire preuve de légèreté que de dire ça. Il faut laccord des vingt-sept et avant les élections présidentielles, lorsque nous proposions cette augmentation de capital de la BEI, qui doit pouvoir intervenir pour financer les projets structurants, cétait non. La plupart des pays disaient non. Et cest bien parce quil sest passé quelque chose le 6 mai que les Français, par leur vote, ont dit : "Il faut un tournant", que les choses ont bougé. Et au total, ce sont cent vingt milliards deuros qui seront financés, soit léquivalent pour ceux qui disent : "Cest peu" , léquivalent dune année du budget communautaire européen.
Et quant à lunion bancaire, lunion bancaire, elle est en marche. Dici la fin de lannée 2012, il est indispensable que soit mis en place ce qui a été décidé, cest-à-dire la supervision intégrée des systèmes bancaires pour toutes les banques de la zone euro adossée à la Banque centrale européenne qui sera le superviseur. Dailleurs, à propos de la Banque centrale européenne, que na-t-on entendu ces dernières années sur le rôle quelle devrait jouer et quelle ne jouait pas ! Je fais partie de ceux, dailleurs et je nétais pas le seul , qui disaient : "Banque centrale européenne doit pouvoir intervenir pour faire en sorte que les marchés ne pénalisent pas les États et en particulier ceux qui font des efforts pour leur redressement économique. Et quand ils sont obligés demprunter à 5-6 %, ce sont leurs politiques qui sont mises en cause, ce sont les efforts qui sont pénalisés et cest le peuple qui souffre davantage."
Nous avons demandé que la Banque centrale européenne intervienne. Croyez-vous que sil ny avait pas eu ces décisions politiques, que le contexte navait pas changé, quelle aurait pu intervenir comme elle le fait ? Ça aussi cest un changement dont il faut se féliciter !
Et quant à la taxe sur les transactions financières, alors, bon, on nous dit que cétait déjà acquis mais vous savez bien que ce nest pas vrai ! Ça fait des années que nous nous battons pour. Ça fait des années et des années ! Eh bien même les pays les plus réticents et jévoquais lEspagne , le président Rajoy la confirmé il y a quelques instants au président de la République, lEspagne rejoint les dix autres pays qui ont décidé une coopération renforcée qui permettra la mise en place de la taxe sur les transactions financières. Voilà aussi le résultat de ce qui sest passé !
Alors, oui, nous avons fait la preuve que la France nest pas isolée en Europe, quelle a même réussi à créer un mouvement et quil faut persévérer et renforcer ce mouvement. Et de ce point de vue, la ratification du traité nest pas le but, la fin ultime, ce nest quun moyen, ce nest quune étape mais une étape nécessaire pour que des solutions durables, plus volontaires encore, puissent permettre à la zone euro et toute lEurope de redémarrer dans le sens de la croissance. Et je pense quil y a urgence, en effet, à persévérer et à amplifier le mouvement.
Les programmes de stabilité financière nont pas suffi. Et tant que lhypothèse dune sortie de certains pays de la zone euro et en particulier de la Grèce nest pas définitivement écartée, les marchés continueront dimposer à certains pays parmi les plus vulnérables des primes de risque qui asphyxient leur économie et qui ruinent leurs efforts. Cest pour cela que nous avons aussi confirmé ce midi que nous étions, Espagne et France, daccord mais nous ne sommes pas les seuls.
LAllemagne la confirmé aussi. Madame Merkel sest rendue à Athènes pour dire que nous ne voulons pas laisser tomber la Grèce. Il nous faut laider et consolider ainsi non seulement la situation de la Grèce, mais de la zone euro tout entière.
Mesdames et Messieurs les sénateurs, notre réponse, ce sera aussi lapprofondissement de lunion économique et monétaire qui sera une nouvelle étape de notre histoire commune. Cest ce que le président de la République a appelé lintégration solidaire. Cest le fonctionnement même de lunion économique et monétaire qui doit être réformé et qui doit répondre à trois exigences. La première, cest de mettre en place une coordination des politiques économiques ce que nous avons appelé depuis des années le gouvernement économique de la zone euro.
La deuxième, cest léquilibre qui doit être trouvé entre le développement de mécanismes financiers de solidarité, mais aussi la vigilance budgétaire. La zone euro doit disposer dinstruments budgétaires et financiers communs pour permettre aux pays qui rencontrent des difficultés de les surmonter et de retrouver la croissance. Il ne peut pas y avoir dEurope sans solidarité et les pays qui en ont besoin doivent pouvoir désormais bénéficier puisquil est mis en place désormais officiellement du mécanisme européen de stabilité. Agissons sans attendre ! Ne cherchons pas toujours un prétexte pour retarder les décisions.
La France, en tout cas, est favorable à aller même plus loin à travers la perspective dune mutualisation dune partie de la dette par lémission deurobonds. Elle est favorable aussi à une nouvelle législation bancaire qui sépare la gestion des dépôts des activités à risque parce que notre exigence, cest que la finance, en France comme en Europe, doit être exclusivement mise au service de léconomie et non de la spéculation. Et cette réforme bancaire à la suite du rapport Liikanen en Europe, nous la ferons. Mais nous souhaitons quelle soit également réalisée à léchelle de lEurope tout entière.
La troisième exigence, cest la légitimité démocratique. Il ny aura pas détape supplémentaire de la construction et de lapprofondissement de lEurope et dintégration solidaire sans adhésion des peuples. Et dans le processus de décision, larticulation entre le niveau européen et le niveau national doit faire lobjet dune attention particulière, cest-à-dire non seulement le Parlement européen qui doit être davantage reconnu, mais aussi la place des Parlements nationaux.
Et puis aller plus loin, cest aussi relever le défi de lEurope sociale parce que lEurope sociale na jamais bénéficié du même niveau de priorité que la mise en uvre du marché unique et de lintégration monétaire. Il faut que lEurope sociale arrête dêtre un slogan mais devienne peu à peu une réalité je pense à la lutte contre le chômage de masse et les exclusions, les discriminations sociales en favorisant la convergence sociale et fiscale sur notre continent. Cest ainsi que nous réconcilierons lEurope et les citoyens. uvrer pour la convergence fiscale, cela signifie concrètement, Mesdames et Messieurs les sénateurs, que la concurrence fiscale déloyale doit être combattue et la France mènera cette bataille au niveau de lEurope.
Et quant à léducation et la formation tout au long de la vie vous le savez , cest une priorité nationale. Mais la France plaidera pour que tous les Européens, quel que soit leur niveau de qualification, aient la possibilité de se former dans un autre pays de lUnion européenne. Et la France veillera parce quil faut tourner la page de ces dérives au respect du principe de subsidiarité pour en finir avec cette Europe des pratiques tatillonnes, des réglementations inutiles. Et là, on pourrait multiplier les exemples mais je ne vais pas métendre davantage, vous les connaissez tous. LEurope doit se concentrer sur ses missions essentielles.
Et puis pour nous, Français, particulièrement, cest la question des services publics. Mais nous ne sommes pas non plus les seuls en Europe. Cest pour cela que la France travaillera à lélaboration dune directive-cadre sur les services dintérêt économique général pour préserver, justement, une certaine idée des services publics qui est la nôtre.
Et puis lEurope doit se doter enfin dune grande politique industrielle qui ne peut pas se réduire aux règles de la concurrence. Souvent, on a ce sentiment que la politique économique et industrielle de lEurope, cest la seule loi de la concurrence. Et on sait bien que ça ne peut pas marcher ! Cette politique passe par lengagement de deux grands chantiers : celui de linnovation et celui de la réindustrialisation. On sait que la recherche européenne est performante, mais elle est souvent peu traduite en projets innovants. Nous devons donc maintenant inventer les Airbus de demain, éliminer les freins à linnovation, relever le défi de la compétitivité.
Le président de la République sest prononcé pour une Communauté européenne de lénergie et une politique environnementale à léchelle du continent. Voilà un formidable défi pour lavenir ! Si nous savons consacrer les moyens nécessaires, la transition énergétique sera au cur du processus de croissance verte et permettra la création de millions demplois en Europe. Et pour améliorer notre compétitivité, nous avons besoin aussi dune Europe qui sache défendre ses intérêts à léchelle du commerce mondial.
Cette politique doit être fondée sur le juste échange, sur la réciprocité et elle doit être mise en uvre à léchelle de lEurope. Si nous voulons préserver nos intérêts, les intérêts non seulement de la France, mais de lEurope, à léchelle du commerce mondial, il nous faut promouvoir des règles du jeu, les affirmer et les imposer, qui prennent en compte notamment les normes sociales et environnementales auxquelles nous, Européens, nous sommes particulièrement attachés.
Très souvent, lEurope fait preuve de naïveté, même vis-à-vis de partenaires parmi les plus avancés, parmi les mieux intentionnés mais qui savent aussi préserver leurs intérêts. Et donc, sur ce plan-là, face à des concurrents qui nhésitent pas à défendre pied à pied leurs positions, lEurope et la France y veillera doit aussi être capable de le faire. Cest une des conditions non seulement de la confiance des Européens dans lEurope, mais cest une des conditions dune Europe qui continuera dexister avec force sur le plan économique et commercial, sinon nous amorcerons aussi, pas seulement à léchelle de la France mais à léchelle de toute lEurope, un déclin dont nous ne voulons pas.
Mesdames, Messieurs les sénateurs, les dirigeants européens auront à se prononcer aussi sur les perspectives financières et budgétaires de lEurope. La majorité précédente avait fait de la baisse de la contribution française sa seule priorité. Ce nest pas la volonté de mon Gouvernement. Nous sommes favorables au maintien à un niveau élevé, bien-sûr, en tenant compte des contraintes de chacun, y compris les nôtres, sur le plan budgétaire, mais à un niveau élevé parce que si la seule logique, cest la baisse, alors ça ne sert à rien de faire des discours sur la défense de la politique agricole commune, ça ne sert à rien de faire des discours sur la cohésion, sur les fonds structurels, sur le Fonds social européen ! Et donc un budget à un niveau suffisant ! Et là, il y a un accord à trouver, en particulier avec lAllemagne, cest défendre aussi les intérêts de lEurope mais les intérêts de la France. Donc soyons cohérents. Je vous appelle à être vigilants sur ce point.
Mesdames, Messieurs les sénateurs, je vais conclure mon propos et vous laisser débattre. Hier, les députés, à lAssemblée nationale, ont ouvert la voie à la ratification. La très large majorité qui sest exprimée en faveur de la ratification (quatre cent soixante-dix-sept voix contre soixante-dix) donnera à la France je dis bien à la France Et tant mieux quil ny ait pas que les députés de gauche qui aient voté pour ce traité. Ou alors ça voudrait dire que la tactique laurait emporté sur lintérêt national. Et moi, il ny a quune chose qui me préoccupe, cest lintérêt de la France ! Cest lintérêt de la France ! Et de ce point de vue-là, le vote de Sénat sera aussi décisif. Plus le vote sera large, plus lélan que vous donnerez après le vote de lAssemblée nationale, eh bien plus vous donnerez de chance à la réorientation de lEurope qui doit se poursuivre absolument dans lintérêt des Européens et de ses peuples. Cette réorientation est en marche. Elle doit être confortée. Cest ce que les Français, par leur vote, ont voulu, mais cest aussi le vote du Parlement qui en garantira la mise en uvre. Je vous remercie à lavance du soutien que vous apporterez.
Source http://www.gouvernement.fr, le 12 octobre 2012
Je sais que dans votre immense majorité, vous êtes attachés à notre destin européen et vous avez conscience de la responsabilité particulière de la France dont la voix porte haut et fort en Europe parce quil ny a pas dEurope sans la France.
Mais la réalité, cest que lUnion européenne est la première puissance économique mondiale et la première puissance commerciale du monde. Cest grâce à elle que nous avons les moyens de peser dans les instances internationales pour défendre notre économie, promouvoir nos standards sociaux et environnementaux. Cest grâce à leuro que nous navons plus à subir des dévaluations dévastatrices pour le pouvoir dachat des plus modestes.
Ma conviction et cest celle, je crois, aussi, sans préjuger de votre vote, de la majorité de votre assemblée , cest que la France ne se relèvera pas durablement et efficacement sans lEurope. Mais en même temps elle ne le fera et ne pourra le faire que si lEurope change car lEurope est en crise et lurgence est là. Il ny a pas de précipitation à voter, y compris cet après-midi. Lurgence est là et donc reporter les décisions serait une faute et une lourde responsabilité parce que la croissance est au plus bas dans la zone euro, le chômage et la pauvreté progressent. Même nos partenaires de lEurope du Nord ne sont plus à labri du ralentissement. Et malgré les efforts accomplis, nos partenaires du sud continuent de subir les effets de la récession.
Partout au sein de lUnion, la crise économique frappe durement tous les peuples qui perdent peu à peu confiance dans la construction de lEurope. Et cette Europe nest plus perçue, par beaucoup de nos concitoyens en France et dans lEurope, comme le projet partagé et mobilisateur que nous avons connu il y a quelques années. Sur lensemble du continent, le populisme prospère, les égoïsmes nationaux, le refus de la solidarité gagnent peu à peu du terrain. Si nous refusons toute avancée au motif que nous la trouvons insuffisante, ce sont ces forces-là, celles du repli, celles du renoncement, qui finiraient par lemporter.
Mesdames et Messieurs les sénateurs, ma volonté, la volonté du Gouvernement, cest de réorienter le cours de la construction européenne, conformément aux engagements que le président de la République a pris devant le pays en mai dernier.
Nous sommes des Européens convaincus, mais nous sommes aussi en désaccord avec le chemin qui a été suivi depuis dix ans. Pour faire face à la crise et à ses conséquences désastreuses, les sommets, que lon appelait les uns après les autres les sommets de la dernière chance, se sont succédés, sans apporter de réponses de fond satisfaisantes. Les gouvernements européens se sont contentés dappliquer des politiques de rigueur budgétaire. Mais sans le soutien de la croissance, et lactualité nous le rappelle, la réduction des déficits, seule, ne peut que conduire à la récession.
Voilà pourquoi il est indispensable, il est nécessaire de bouger les lignes en Europe. Cest le mandat que les Français ont confié au président de la République. Et ce mandat je le dis devant vous , à cette étape, ce mandat a été respecté.
Oui, Mesdames et Messieurs les sénateurs, la réorientation de lEurope est en cours et cest cette réorientation décisive pour lavenir de notre maison commune que je suis venu vous demander de soutenir aujourd'hui pour la consolider et surtout pour lamplifier. Alors vous allez voter pour ou contre la ratification du Traité. Mais à travers votre vote, c'est sur la réorientation de lEurope que vous vous prononcerez.
Et la première des exigences démocratiques, cest de se prononcer sur le Traité en toute connaissance de cause. Il mappartient donc décarter certaines interprétations volontairement erronées.
Certains parlementaires cependant parmi les mieux disposés ont pu s'inquiéter à un moment de l'introduction d'un carcan constitutionnel bridant nos finances publiques. Mais le Conseil constitutionnel et jentendais hier un député qui a voté contre, qui disait que cette décision était politique... Quand une décision du Conseil constitutionnel arrange, on le félicite ; quand elle ne convient pas, on le dénonce politiquement. Mais le Conseil constitutionnel sest prononcé et il sest prononcé justement sur ce sujet et nulle règle dor ne sera inscrite dans notre loi fondamentale. Au point que le Conseil constitutionnel na pas jugé nécessaire de modifier la Constitution et que de ce point de vue, il ny a pas de transfert de souveraineté. Et cest très important pour une Assemblée parlementaire, que ce soit lAssemblée nationale ou le Sénat.
Jai dit lautre jour devant lAssemblée nationale que le traité lui-même ne comporte aucune contrainte sur le niveau de la dépense publique, quil nimpose pas davantage de contrainte sur sa répartition, quil ne dicte pas la méthode à employer pour rééquilibrer les comptes. Alors un ancien Premier ministre mon prédécesseur , quelques heures après, à la radio, ma qualifié "dirresponsable". Mais je ne faisais quaffirmer que la souveraineté du Parlement sur le vote du budget était préservée. Et il sest trouvé quau même moment, jai rencontré le ministre des Affaires étrangères de la République fédérale dAllemagne à loccasion de la fête de lunité allemande et quil ma félicité. Je nattendais pas de félicitation pour mes discours mais il ma félicité davoir dit ça : "Cest-à-dire que vous avez, en effet, affirmé devant lAssemblée nationale que la souveraineté parlementaire sur le budget était préservée. Eh bien nous, Allemands, nous revendiquons aussi la souveraineté budgétaire."
Ce nest pas parce que nous avançons dans la direction dune discipline collective assumée sur les déficits et les grands équilibres, ce nest pas parce que nous avançons vers une plus grande coordination de nos politiques économiques, de nos politiques budgétaires et fiscales que pour autant, nous abandonnons notre souveraineté. Non, le Conseil constitutionnel la dit, Mesdames et Messieurs les Sénateurs, cest vous qui continuerez à voter le budget de la France.
Dailleurs, pour être complet, le traité qui vous est soumis est même plus souple que le traité de Maastricht que beaucoup avaient voté, mais que dautres avaient contesté, puisque, au fond, on connaît la contestation de la construction européenne depuis le début de la création dune monnaie unique et que donc certains points de vue qui perdurent ne sont pas en contradiction avec lopposition à Maastricht.
Mais concernant Maastricht justement et ce nouveau traité, le principe de léquilibre du solde structurel des dépenses publiques, je dis bien structurel, autorise les États à prendre des mesures adaptées pour faire face aux situations de crise économique. Donc il y a, en effet, une différence.
Mais je voudrais ajouter aussi quelque chose, cest quil est un peu facile, face aux difficultés particulièrement graves que connaît notre pays, de se défausser pour lEurope, sur lEurope et de dire que ce que le Gouvernement entreprend pour redresser les finances publiques, pour améliorer la compétitivité de notre pays, pour redonner à la France des marges de manuvre, de revendiquer sa pleine souveraineté, ne serait quune exigence de lUnion européenne, voire même du traité que vous allez ratifier. Eh bien non, ce nest pas cela. Cest notre libre-arbitre, notre décision souveraine de dire : "Stop ! Ça suffit ! On ne peut pas continuer avec de telles situations de déficit, de dette qui plombent notre pays, qui laffaiblissent et qui conduisent à son déclin. Ce que nous refusons."
Donc je revendique ici, au nom du Gouvernement, la loi de finances 2013 qui nest que la reconquête de nos marges de manuvre et de notre autonomie parce que le premier budget de la France ne peut plus être le budget du remboursement des intérêts de la dette. Le premier budget de la France doit être linvestissement dans lindustrie et dans les priorités du redressement du pays.
Nos priorités, vous les connaissez : léducation le président de la République la rappelé encore hier , lemploi, la sécurité, la justice, le logement et le projet de loi de financement de la Sécurité sociale qui vous sera soumis dans quelques jours, le financement de notre protection sociale. À ceux qui nous disent que rien na changé depuis le mois de juin parce que la lettre du traité est identique, je réponds que lesprit avec lequel il sera mis en uvre a profondément changé. Oui, Mesdames et Messieurs les sénateurs, grâce au paquet européen que nous avons obtenu, nous aurons désormais les moyens daffronter la crise avec plus defficacité. Le vote auquel je vous invite est donc aussi un vote de confiance dans la politique européenne engagée depuis quatre mois. Cette politique a réussi à atteindre un certain nombre dobjectifs.
Mais parce que, Mesdames et Messieurs les sénateurs, il y a eu négociation. Dès le lendemain de sa prise de fonction, le président de la République a demandé un rééquilibrage à nos partenaires avec lappui de plusieurs pays européens, y compris des gouvernements conservateurs. Mesdames et Messieurs les sénateurs de lUMP, je reviens du sommet franco-espagnol. Que je sache, le président Rajoy nest pas socialiste et pourtant, les 28 et 29 juin, il a soutenu les efforts de la France pour la réorientation de lEurope en faveur de la croissance. Et il nétait pas le seul parce quen effet, au mois de juin, a été obtenu le pacte pour la croissance et lemploi et qui donne une nouvelle chance à lEurope.
Je rappelle que la Banque européenne d'investissement a reçu laccord pour une recapitalisation dès le premier trimestre 2013. On me dit : "Mais cétait déjà acquis." Mais cest bien faire preuve de légèreté que de dire ça. Il faut laccord des vingt-sept et avant les élections présidentielles, lorsque nous proposions cette augmentation de capital de la BEI, qui doit pouvoir intervenir pour financer les projets structurants, cétait non. La plupart des pays disaient non. Et cest bien parce quil sest passé quelque chose le 6 mai que les Français, par leur vote, ont dit : "Il faut un tournant", que les choses ont bougé. Et au total, ce sont cent vingt milliards deuros qui seront financés, soit léquivalent pour ceux qui disent : "Cest peu" , léquivalent dune année du budget communautaire européen.
Et quant à lunion bancaire, lunion bancaire, elle est en marche. Dici la fin de lannée 2012, il est indispensable que soit mis en place ce qui a été décidé, cest-à-dire la supervision intégrée des systèmes bancaires pour toutes les banques de la zone euro adossée à la Banque centrale européenne qui sera le superviseur. Dailleurs, à propos de la Banque centrale européenne, que na-t-on entendu ces dernières années sur le rôle quelle devrait jouer et quelle ne jouait pas ! Je fais partie de ceux, dailleurs et je nétais pas le seul , qui disaient : "Banque centrale européenne doit pouvoir intervenir pour faire en sorte que les marchés ne pénalisent pas les États et en particulier ceux qui font des efforts pour leur redressement économique. Et quand ils sont obligés demprunter à 5-6 %, ce sont leurs politiques qui sont mises en cause, ce sont les efforts qui sont pénalisés et cest le peuple qui souffre davantage."
Nous avons demandé que la Banque centrale européenne intervienne. Croyez-vous que sil ny avait pas eu ces décisions politiques, que le contexte navait pas changé, quelle aurait pu intervenir comme elle le fait ? Ça aussi cest un changement dont il faut se féliciter !
Et quant à la taxe sur les transactions financières, alors, bon, on nous dit que cétait déjà acquis mais vous savez bien que ce nest pas vrai ! Ça fait des années que nous nous battons pour. Ça fait des années et des années ! Eh bien même les pays les plus réticents et jévoquais lEspagne , le président Rajoy la confirmé il y a quelques instants au président de la République, lEspagne rejoint les dix autres pays qui ont décidé une coopération renforcée qui permettra la mise en place de la taxe sur les transactions financières. Voilà aussi le résultat de ce qui sest passé !
Alors, oui, nous avons fait la preuve que la France nest pas isolée en Europe, quelle a même réussi à créer un mouvement et quil faut persévérer et renforcer ce mouvement. Et de ce point de vue, la ratification du traité nest pas le but, la fin ultime, ce nest quun moyen, ce nest quune étape mais une étape nécessaire pour que des solutions durables, plus volontaires encore, puissent permettre à la zone euro et toute lEurope de redémarrer dans le sens de la croissance. Et je pense quil y a urgence, en effet, à persévérer et à amplifier le mouvement.
Les programmes de stabilité financière nont pas suffi. Et tant que lhypothèse dune sortie de certains pays de la zone euro et en particulier de la Grèce nest pas définitivement écartée, les marchés continueront dimposer à certains pays parmi les plus vulnérables des primes de risque qui asphyxient leur économie et qui ruinent leurs efforts. Cest pour cela que nous avons aussi confirmé ce midi que nous étions, Espagne et France, daccord mais nous ne sommes pas les seuls.
LAllemagne la confirmé aussi. Madame Merkel sest rendue à Athènes pour dire que nous ne voulons pas laisser tomber la Grèce. Il nous faut laider et consolider ainsi non seulement la situation de la Grèce, mais de la zone euro tout entière.
Mesdames et Messieurs les sénateurs, notre réponse, ce sera aussi lapprofondissement de lunion économique et monétaire qui sera une nouvelle étape de notre histoire commune. Cest ce que le président de la République a appelé lintégration solidaire. Cest le fonctionnement même de lunion économique et monétaire qui doit être réformé et qui doit répondre à trois exigences. La première, cest de mettre en place une coordination des politiques économiques ce que nous avons appelé depuis des années le gouvernement économique de la zone euro.
La deuxième, cest léquilibre qui doit être trouvé entre le développement de mécanismes financiers de solidarité, mais aussi la vigilance budgétaire. La zone euro doit disposer dinstruments budgétaires et financiers communs pour permettre aux pays qui rencontrent des difficultés de les surmonter et de retrouver la croissance. Il ne peut pas y avoir dEurope sans solidarité et les pays qui en ont besoin doivent pouvoir désormais bénéficier puisquil est mis en place désormais officiellement du mécanisme européen de stabilité. Agissons sans attendre ! Ne cherchons pas toujours un prétexte pour retarder les décisions.
La France, en tout cas, est favorable à aller même plus loin à travers la perspective dune mutualisation dune partie de la dette par lémission deurobonds. Elle est favorable aussi à une nouvelle législation bancaire qui sépare la gestion des dépôts des activités à risque parce que notre exigence, cest que la finance, en France comme en Europe, doit être exclusivement mise au service de léconomie et non de la spéculation. Et cette réforme bancaire à la suite du rapport Liikanen en Europe, nous la ferons. Mais nous souhaitons quelle soit également réalisée à léchelle de lEurope tout entière.
La troisième exigence, cest la légitimité démocratique. Il ny aura pas détape supplémentaire de la construction et de lapprofondissement de lEurope et dintégration solidaire sans adhésion des peuples. Et dans le processus de décision, larticulation entre le niveau européen et le niveau national doit faire lobjet dune attention particulière, cest-à-dire non seulement le Parlement européen qui doit être davantage reconnu, mais aussi la place des Parlements nationaux.
Et puis aller plus loin, cest aussi relever le défi de lEurope sociale parce que lEurope sociale na jamais bénéficié du même niveau de priorité que la mise en uvre du marché unique et de lintégration monétaire. Il faut que lEurope sociale arrête dêtre un slogan mais devienne peu à peu une réalité je pense à la lutte contre le chômage de masse et les exclusions, les discriminations sociales en favorisant la convergence sociale et fiscale sur notre continent. Cest ainsi que nous réconcilierons lEurope et les citoyens. uvrer pour la convergence fiscale, cela signifie concrètement, Mesdames et Messieurs les sénateurs, que la concurrence fiscale déloyale doit être combattue et la France mènera cette bataille au niveau de lEurope.
Et quant à léducation et la formation tout au long de la vie vous le savez , cest une priorité nationale. Mais la France plaidera pour que tous les Européens, quel que soit leur niveau de qualification, aient la possibilité de se former dans un autre pays de lUnion européenne. Et la France veillera parce quil faut tourner la page de ces dérives au respect du principe de subsidiarité pour en finir avec cette Europe des pratiques tatillonnes, des réglementations inutiles. Et là, on pourrait multiplier les exemples mais je ne vais pas métendre davantage, vous les connaissez tous. LEurope doit se concentrer sur ses missions essentielles.
Et puis pour nous, Français, particulièrement, cest la question des services publics. Mais nous ne sommes pas non plus les seuls en Europe. Cest pour cela que la France travaillera à lélaboration dune directive-cadre sur les services dintérêt économique général pour préserver, justement, une certaine idée des services publics qui est la nôtre.
Et puis lEurope doit se doter enfin dune grande politique industrielle qui ne peut pas se réduire aux règles de la concurrence. Souvent, on a ce sentiment que la politique économique et industrielle de lEurope, cest la seule loi de la concurrence. Et on sait bien que ça ne peut pas marcher ! Cette politique passe par lengagement de deux grands chantiers : celui de linnovation et celui de la réindustrialisation. On sait que la recherche européenne est performante, mais elle est souvent peu traduite en projets innovants. Nous devons donc maintenant inventer les Airbus de demain, éliminer les freins à linnovation, relever le défi de la compétitivité.
Le président de la République sest prononcé pour une Communauté européenne de lénergie et une politique environnementale à léchelle du continent. Voilà un formidable défi pour lavenir ! Si nous savons consacrer les moyens nécessaires, la transition énergétique sera au cur du processus de croissance verte et permettra la création de millions demplois en Europe. Et pour améliorer notre compétitivité, nous avons besoin aussi dune Europe qui sache défendre ses intérêts à léchelle du commerce mondial.
Cette politique doit être fondée sur le juste échange, sur la réciprocité et elle doit être mise en uvre à léchelle de lEurope. Si nous voulons préserver nos intérêts, les intérêts non seulement de la France, mais de lEurope, à léchelle du commerce mondial, il nous faut promouvoir des règles du jeu, les affirmer et les imposer, qui prennent en compte notamment les normes sociales et environnementales auxquelles nous, Européens, nous sommes particulièrement attachés.
Très souvent, lEurope fait preuve de naïveté, même vis-à-vis de partenaires parmi les plus avancés, parmi les mieux intentionnés mais qui savent aussi préserver leurs intérêts. Et donc, sur ce plan-là, face à des concurrents qui nhésitent pas à défendre pied à pied leurs positions, lEurope et la France y veillera doit aussi être capable de le faire. Cest une des conditions non seulement de la confiance des Européens dans lEurope, mais cest une des conditions dune Europe qui continuera dexister avec force sur le plan économique et commercial, sinon nous amorcerons aussi, pas seulement à léchelle de la France mais à léchelle de toute lEurope, un déclin dont nous ne voulons pas.
Mesdames, Messieurs les sénateurs, les dirigeants européens auront à se prononcer aussi sur les perspectives financières et budgétaires de lEurope. La majorité précédente avait fait de la baisse de la contribution française sa seule priorité. Ce nest pas la volonté de mon Gouvernement. Nous sommes favorables au maintien à un niveau élevé, bien-sûr, en tenant compte des contraintes de chacun, y compris les nôtres, sur le plan budgétaire, mais à un niveau élevé parce que si la seule logique, cest la baisse, alors ça ne sert à rien de faire des discours sur la défense de la politique agricole commune, ça ne sert à rien de faire des discours sur la cohésion, sur les fonds structurels, sur le Fonds social européen ! Et donc un budget à un niveau suffisant ! Et là, il y a un accord à trouver, en particulier avec lAllemagne, cest défendre aussi les intérêts de lEurope mais les intérêts de la France. Donc soyons cohérents. Je vous appelle à être vigilants sur ce point.
Mesdames, Messieurs les sénateurs, je vais conclure mon propos et vous laisser débattre. Hier, les députés, à lAssemblée nationale, ont ouvert la voie à la ratification. La très large majorité qui sest exprimée en faveur de la ratification (quatre cent soixante-dix-sept voix contre soixante-dix) donnera à la France je dis bien à la France Et tant mieux quil ny ait pas que les députés de gauche qui aient voté pour ce traité. Ou alors ça voudrait dire que la tactique laurait emporté sur lintérêt national. Et moi, il ny a quune chose qui me préoccupe, cest lintérêt de la France ! Cest lintérêt de la France ! Et de ce point de vue-là, le vote de Sénat sera aussi décisif. Plus le vote sera large, plus lélan que vous donnerez après le vote de lAssemblée nationale, eh bien plus vous donnerez de chance à la réorientation de lEurope qui doit se poursuivre absolument dans lintérêt des Européens et de ses peuples. Cette réorientation est en marche. Elle doit être confortée. Cest ce que les Français, par leur vote, ont voulu, mais cest aussi le vote du Parlement qui en garantira la mise en uvre. Je vous remercie à lavance du soutien que vous apporterez.
Source http://www.gouvernement.fr, le 12 octobre 2012