Texte intégral
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Bienvenue Monsieur le Premier ministre, et Jean-Marc AYRAULT, bonjour.
JEAN-MARC AYRAULT
Bonjour.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous intervenez sur EUROPE 1 à un moment décisif. Les critiques, même de gauche, pleuvent sur votre gouvernement et sur vous-même, trop de fausses notes. Vous êtes tous traités, le Premier ministre dabord, damateurs. Damateurs.
JEAN-MARC AYRAULT
Il y a quelques erreurs, cest vrai, il faut les reprendre. Vous savez, quand on dirige un gouvernement, dans une période aussi difficile, je crois que cest la situation la plus difficile quun gouvernement ait connue depuis le début de la Vème République, parce que le grand chantier du redressement exige beaucoup de travail, beaucoup dénergie, le gouvernement est au travail, donc la moindre bavure, si jose dire, se voit, parce que les Français veulent voir tous les ministres au travail, concentrés sur laction de leur ministère, et pas autre chose.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous leur dites, et vous leur demandez dêtre plus disciplinés.
JEAN-MARC AYRAULT
Oui.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais dans lhistoire de la Vème République, chaque Premier ministre qui sinstalle est secoué, mais pour vous cest trop vite, très tôt, cest plus quune mode. Mais, à votre avis, qui est derrière cet acharnement ?
JEAN-MARC AYRAULT
Je ne cherche pas qui est derrière, moi ça ne mintéresse pas. Je ne fais pas denquête là-dessus. Je constate quil y a peut-être une mode, chez certains journalistes, mais qui préfèrent lapparence des choses au travail sérieux
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Au-delà des journalistes, parce que vous savez très bien que ça a déjà des effets sur les derniers sondages, la méfiance et limpopularité montent.
JEAN-MARC AYRAULT
Je crois, Jean-Pierre ELKABBACH, que nous vivons une période extrêmement difficile, et les Français le savent. Ça fait 16 mois consécutifs que le chômage augmente, que nous avons une économie qui est dans une passe difficile. Madame PARISOT le disait elle-même tout à lheure, et je ne conteste pas une partie des analyses quelle a faite sur la situation de nos entreprises, il suffit de regarder les chiffres du commerce extérieur. La France est affaiblie, économiquement, socialement, moralement, et donc il y a
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais le diagnostic on le connaît, on le connaît. Ce quon attend du Premier ministre et du gouvernement ce sont des réponses et pas des ministres qui parlent à tort et à travers, et qui vous affaiblissent.
JEAN-MARC AYRAULT
Ce quon attend ce sont des hommes et des femmes à la tête du gouvernement qui se consacrent essentiellement sur la tâche, pas autre chose, pas sur le commentaire, et on attend lexemplarité, et cela est vrai de chacun des ministres, cest ce que jai rappelé.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, vous leur demandez de se concentrer sur leurs missions, mais ce nest pas la première fois que vous les menacez.
JEAN-MARC AYRAULT
Cest arrivé, cest arrivé sous tous les gouvernements
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, oui.
JEAN-MARC AYRAULT
Vous lavez rappelé ce matin dans vos émissions, donc ce nest pas spécifique à mon gouvernement. Je dirais que simplement, dans une période de tempêtes, parce que nous sommes dans une période de tempêtes, on attend que le cap soit tenu. Il est tenu par le président de la République et le Premier ministre, je peux vous garantir, cest ce que les Français attendent.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous leur dites, si ça devait continuer, chacun prendra ses responsabilités, avez-vous dit, si ça continue, or ils continuent. Pourquoi vous ne prenez pas les vôtres ?
JEAN-MARC AYRAULT
Ecoutez, ce nest pas à la radio que ce genre de choses se règlent, cest clair, mais je peux vous dire, Monsieur ELKABBACH, que le message a été bien compris, il est passé.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire au prochain couac dun ministre, en accord avec le président de la République, vous lui donnerez un bon de sortie ?
JEAN-MARC AYRAULT
Le message est bien passé, vous mavez très bien compris.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais moi oui, mais eux, parce quils recommencent. Tiens, je prends un exemple, ce matin, ce matin, je ne sais pas si vous avez lu linterview cassante de Fleur PELLERIN dans LES ECHOS. « A trop tirer sur la corde » dit-elle, « les entreprises sexposent au risque que les députés reviennent à des dispositions qui leur seront moins favorables. » Est-ce que cest avec la menace quon parle aux chefs dentreprises ?
JEAN-MARC AYRAULT
Non, mais dabord elle ne parle pas des chefs dentreprises, je ne pense pas quelle dise du mal des chefs dentreprises, bien au contraire, elle est la ministre des petites entreprises
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Elle dit « les entreprises sexposent », ça veut dire quelque chose. Non, mais je veux dire, quest-ce que vous allez faire pour que ça sarrête ? Par exemple on dit quà propos de Vincent PEILLON, il a été lobjet « dune engueulade maîtrisée. »
JEAN-MARC AYRAULT
Vincent PEILLON ma appelé hier matin, pour reconnaître son erreur, parce quil a fait effectivement une erreur. Voilà, cest tout, les choses sont rentrées dans lordre, maintenant tout le monde est au travail, je ne vais pas passer ma matinée à parler de ça.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non, on va avancer.
JEAN-MARC AYRAULT
Je crois que les Français attendent que leurs dirigeants soient exemplaires, je lai dit tout à lheure, quils soient au travail et quils ne se laissent pas aller à des commentaires sur eux-mêmes. On nest pas là pour se faire de la pub pour soi-même, on nest pas là pour faire des débats de société, on est là pour défendre son ministère, et en ce qui concerne Vincent PEILLON cest la refondation de lécole, et défendre la politique du gouvernement, il ny a quune politique du gouvernement.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous étiez dans le studio, Monsieur le Premier ministre, Jean-Marc AYRAULT, quand Laurent GUIMIER a rappelé ce que vous aviez dit lautre jour, en juin dernier, « il ne faut pas mettre la poussière sous le tapis », à propos du cannabis.
JEAN-MARC AYRAULT
Oui, et alors ?
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc vous avez évolué ?
JEAN-MARC AYRAULT
Et alors ? Non, je nai pas évolué. Je dis, mettre la poussière sous le tapis cest de ne pas traiter les problèmes. Il y a un problème de santé publique très grave pour la jeunesse de notre pays, moi je ne banalise pas la consommation du cannabis, Monsieur ELKABBACH. Ceux qui la banalisent en disant « il ny a quà mettre librement en vente et vous verrez, ça marchera », ce nest pas la position du gouvernement. Par contre il y a une campagne à mener, et dabord à lécole, contre la consommation excessive, parce que cest dramatique. Quand vous voyez des jeunes qui ont fumé une, deux, trois, quatre, cinq, six, cigarettes, vous croyez quils sont capables de travailler correctement à lécole ?
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais on ne dépénalise pas le cannabis ?
JEAN-MARC AYRAULT
Demain
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Aujourdhui.
JEAN-MARC AYRAULT
Vous voulez quon fasse ça, et quest-ce quon fera après pour les autres drogues ? On dira « il y a beaucoup de consommation de cocaïne, donc si on mettait la cocaïne en vente libre. »
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc, Premier ministre AYRAULT, cest non ?
JEAN-MARC AYRAULT
Je veux me battre contre léconomie souterraine. En ce moment, à Mulhouse, il y a un trafic qui est en train dêtre démantelé, partout en France cette campagne est lancée, nous ne céderons pas. Vous croyez que ce qui se passe à Marseille ce nest pas non plus dramatique, que ce trafic de drogue, une économie souterraine ? Vous avez vu, le week-end dernier, une opération anti-blanchiment qui a été déclenchée. Donc nous mènerons la bataille contre les trafiquants. Mais en même temps cest là que
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et les évadés fiscaux aussi.
JEAN-MARC AYRAULT
Oui, les évadés fiscaux aussi, bien sûr, contre la fraude fiscale, tous ceux qui devraient payer leur impôt en France et qui trafiquent. Nous combattrons toutes les formes de délinquance.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Qui est visé par les critiques, Jean-Marc AYRAULT ou François HOLLANDE, ou les deux ?
JEAN-MARC AYRAULT
Ecoutez, François HOLLANDE et moi-même nous menons la même politique, on essaie dopposer lun à lautre, ça na aucun sens. On dit que nous avons des personnalités qui sont proches, que nous avons
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, vous avez entendu sans doute Jean-Pierre RAFFARIN et Alain JUPPE, ils disaient vous êtes trop proches lun de lautre
JEAN-MARC AYRAULT
Oui, enfin
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous vous ressemblerez trop en quelque sorte, cest lui, cest vous, vous cest lui. Est-ce quil ny a pas vous vous rappelez ce que disait le Général DE GAULLE à monsieur POMPIDOU, il lui disait « faites-vous connaître POMPIDOU. » Est-ce quil ne faut pas faire connaître le vrai Jean-Marc AYRAULT
JEAN-MARC AYRAULT
Merci de minviter
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Emancipez-vous.
JEAN-MARC AYRAULT
Merci de minviter, Monsieur ELKABBACH, mais mon but nest pas de mémanciper par rapport au président de la République, parce que le président de la République il a été élu par tous les Français. Il a un projet pour la France, cest lui qui fixe le cap, et moi je suis le chef du gouvernement, et le gouvernement tous les jours met en oeuvre cette politique, voilà la complémentarité. Il y a deux têtes dans lExécutif, dans la Vème République. Il y a un président de la République élu par tous les Français et moi je suis le chef du gouvernement, cest comme ça. Vous cherchez toujours à mettre de la querelle, eh bien je vous garantie quil ny en a pas. Ce que les Français veulent savoir, écoutez-moi un instant, cest si la politique qui est menée, est menée de façon cohérente, eh bien elle lest.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On y arrive. Mais est-ce que vous êtes sûr, et quand vous dites vous, cest collectivement, mais est-ce que vous êtes sûr davoir toujours un vrai soutien, et durable, du président de la République ?
JEAN-MARC AYRAULT
Absolument. Absolument. Ça ne peut pas marcher autrement, vous savez, je vous lassure totalement, et nous parlons non seulement nous nous voyons deux fois par semaine, en tête-à-tête, mais nous nous parlons tous les jours, parce que nous voulons que la politique qui est menée, c'est-à-dire celle du redressement du pays, et la tâche est immense je me souviens avoir évoqué le mot « redressement » chez vous, vous laviez contesté, cétait pendant la campagne des présidentielles - mais notre pays va mal
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous avez de la mémoire.
JEAN-MARC AYRAULT
Il y a un chantier immense de redressement
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On y va, justement.
JEAN-MARC AYRAULT
Pour que la croissance reparte, que la justice soit au rendez-vous, que notre pays retrouve son rang et son influence, cest ça la bataille pour le redressement.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Daccord, il faut donc des actes. Tout le monde attend les décisions promises par le président de la République et par vous-même, Jean-Marc AYRAULT, concernant la compétitivité. Il est temps que vous disiez ce que vous envisagez. Dabord, ce nest pas un big-bang de compétitivité ?
JEAN-MARC AYRAULT
Vous voulez un big-bang, vous voulez un choc, vous voulez des mots, moi je veux une action, je veux une stratégie, je veux un plan densemble.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors quelle est-elle ?
JEAN-MARC AYRAULT
Jai lancé hier, à Nantes, au milieu des entreprises qui se sont regroupées, qui regroupent à la fois des grandes entreprises, des petites et moyennes entreprises, qui regroupent des chercheurs, du secteur public, du secteur privé, et qui ont un objectif, améliorer les capacités des entreprises à linnovation. Vous faites souvent de la publicité, vous vendez des pages de publicité sur votre radio, quest-ce quon entend ? La marque allemande, cest la marque de la garantie, la marque de la qualité.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Daccord, mais quest-ce que vous apportez comme mesures ?
JEAN-MARC AYRAULT
Eh bien les mesures que nous prendrons vont faciliter laccès au crédit des entreprises, améliorer leurs fonds propres, améliorer leur compétitivité, pour quelles investissent dans linnovation, pour que leurs produits soient des produits de meilleure qualité. Madame PARISOT le disait tout à lheure, il faut retrouver des marges de manoeuvre.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais elle vous demande, elle
JEAN-MARC AYRAULT
Quelle est la décision qui est à lordre du jour cette semaine ? Cest la mise en place de la Banque Publique dInvestissement, cest au Conseil des ministres de demain matin, cest un grand acte de gouvernement qui permettra davancer.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Justement. Justement
JEAN-MARC AYRAULT
Je vais aller la semaine prochaine à Toulouse pour linstallation de
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Attendez, vous ne dites pas toujours ce quil y a comme contenu, pardon
JEAN-MARC AYRAULT
Je viens de vous en parler.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous parlez du
JEAN-MARC AYRAULT
Vous, vous navez quune question en tête, cest le coût du travail, daccord ?
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non, pas du tout.
JEAN-MARC AYRAULT
Cest ce que jentends en permanence.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Pas du tout. Martial YOU expliquait tout à lheure que vous allez peut-être alléger les charges salariales et patronales avec un coût de 8 à 10 milliards par an, ce quon veut savoir cest si cest vrai, et si dautre part, si cest progressif, votre programme est progressif
JEAN-MARC AYRAULT
Nous travaillons avec méthode. Je vais vous dire la méthode.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Parce que quand vous dites trajectoire, on se dit
JEAN-MARC AYRAULT
Je vais vous dire la méthode et le calendrier. Daccord ? La méthode cest un rapport qui a été confié à Louis GALLOIS, un grand industriel, et quil me remet dans quelques jours, le 5 novembre. Le gouvernement se réunit en séminaire aussitôt pour étudier toutes les variantes possibles pour quon puisse mettre en oeuvre un projet pour la relance de la compétitivité du pays, pour nos entreprises, pour notre industrie, cest notre industrie qui est en difficulté, ce nest pas toutes les entreprises. Et puis, dici la fin de lannée
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que ce sera un programme progressif sur tout le quinquennat ou un choc au moins pour 2, 3 ans
JEAN-MARC AYRAULT
Je pense que cest un programme qui pourra se dérouler sur 2 ou 3 ans, je ne suis pas le seul à le penser. Vous avez invité tout à lheure madame PARISOT, et contrairement à ce quon lui a fait dire, et nous sommes dans un dialogue avec elle, comme avec les organisations syndicales, elle dit 2, 3 ans, eh bien cest la position du gouvernement, 2, 3 ans. Et pourquoi 2, 3 ans ? parce que, il ny a aucun gouvernement, celui quon cite toujours en exemple, le gouvernement SCHRÖDER, na fait les choses en 1 an, ça nexiste pas, donc il y a des mesures qui vont être prises, les unes après les autres, mais qui vont avoir une cohérence pour remettre de lénergie dans notre industrie, pour que notre industrie retrouve sa place en France, en Europe et dans le monde.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Jean-Marc AYRAULT, Monsieur le Premier ministre, le budget 2013 doit réduire les déficits et respecter les 3% prévus pour fin 2013, or ce chiffre et ce délai sont contestés, « absurde et impossible » dit Claude BARTOLONE, qui nest pas nimporte qui, président de lAssemblée nationale, le rapporteur Christian ECKERT. Une fois pour toutes, quelle est la stratégie HOLLANDE/ AYRAULT sur les 3% ?
JEAN-MARC AYRAULT
Elle est claire, elle a été dite pendant la campagne électorale, cest un engagement qua pris le président de la République, atteindre les 3% de déficit en 2013, cest le budget 2013 qui est présenté au Parlement, il faut absolument atteindre cet objectif. Ça veut dire quoi Jean-Pierre ELKABBACH ? Ça veut dire quil faut en finir avec cette spirale de la dette. Est-ce que vous voyez que chaque année le premier budget, ce nest pas depuis cette année, cest le remboursement des intérêts de la dette, ce nest pas linvestissement dans lindustrie, ce nest pas dans
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Monsieur le Premier ministre, on le sait, est-ce que vous dites ce matin
JEAN-MARC AYRAULT
Mais non on ne le sait pas.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Personne, dans votre gouvernement, ou votre majorité, ne doit remettre en cause les 3% ?
JEAN-MARC AYRAULT
Absolument.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Cest ce quon veut savoir.
JEAN-MARC AYRAULT
Cest un objectif impératif, cest la souveraineté nationale qui est en jeu, cest les marges de manoeuvre quil faut quon retrouve, parce que sinon le pays ne pourra pas se redresser, cest indispensable. Moi je ne veux pas que nos enfants, nos petits-enfants, payent nos dettes.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous demandez à votre majorité présidentielle et PS, ce matin, de voter le budget ?
JEAN-MARC AYRAULT
Absolument, de se tenir à cet objectif, cest lintérêt du pays, cest lintérêt national du pays.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Dans lunité. Si en 2013 il faut corriger, ajuster, pour les 4, 5 milliards qui seraient nécessaires, est-ce que vous déciderez encore des impôts, ou de nouvelles réductions des dépenses de lEtat ?
JEAN-MARC AYRAULT
Rappelons dabord ce qui a été décidé pour ce budget 2013. Un tiers de diminution de la dépense publique, cest sans précédent, je vous rappelle que cest 10 milliards deuros, en 2007 cest le contraire qui sest passé avec Nicolas SARKOZY et François FILLON, cest 10 milliards de dépenses supplémentaires et des baisses dimpôts pour les plus riches. Un tiers de diminution de la dépense, un tiers deffort pour les ménages les plus aisés, cest 90% de leffort qui sera fait par les 10% des ménages les plus aisés.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Cest ce que conteste Gilles CARREZ, le rapporteur, qui dit cest plutôt 6 Français sur 10 qui vont être frappés.
JEAN-MARC AYRAULT
et sagissant des entreprises, cest essentiellement les grandes entreprises, vous pouvez regarder dans le détail, les petites et moyennes entreprises sont épargnées. Et par ailleurs ce budget finance nos priorités. Les priorités cest léducation, cest la justice, cest la sécurité. Cest ça le budget
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Jean-Marc AYRAULT, comment le budget 2013 va-t-il finalement taxer les plus-values de cessions de valeurs mobilières ? Les 60% cest fini, au lieu des 19 actuelles, quel sera le prélèvement ?
JEAN-MARC AYRAULT
Alors, écoutez, il y a une réforme très importante qui a été engagée pour 2013, écoutez à linstant, cest pour la première fois en France limpôt sur le capital qui sera de la même nature que limpôt sur le travail. Aujourdhui les revenus du capital sont moins taxés que ceux du travail, ça cest la réforme de base. Alors, nous avons été amenés à corriger un certain nombre deffets qui pouvaient être négatifs pour des entreprises, en particulier des entreprises qui sont créées depuis peu, dont les chefs dentreprises cèdent leur part, pour ne pas pénaliser linvestissement.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
60% cest fini ?
JEAN-MARC AYRAULT
Vous aurez des amendements, qui vont être présentés au Parlement, qui vont corriger ces effets, qui auraient pu être pervers pour un certain nombre dentreprises, mais lessentiel de la réforme, c'est-à-dire le capital qui est mis sur le même plan que limpôt sur le revenu, ça cest maintenu.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Deux, trois urgences
JEAN-MARC AYRAULT
On ne veut pas décourager lentrepreneur, ni le créateur, de richesses.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Chaque jour surgit une nouvelle taxe. Christian ECKERT, le rapporteur socialiste de la Commission des finances de lAssemblée, a fait voter lintégration des oeuvres dart qui dépassent 50 000 euros, à limpôt de solidarité sur la fortune. Est-ce que vous acceptez ? Quelle est la position parce quil y a sept présidents de musées
JEAN-MARC AYRAULT
Non non, la position du gouvernement elle est très claire, elle est très claire. Il ny aura pas dintégration dans le calcul de limpôt sur la fortune des oeuvres dart, cest la position du gouvernement.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Le Premier ministre accepte-t-il détendre la redevance télé aux 4 millions de résidences secondaires ?
JEAN-MARC AYRAULT
Non, ce nest pas la position du gouvernement.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Cest clair ?
JEAN-MARC AYRAULT
Cest clair, oui.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Bientôt Christiane TAUBIRA va proposer une loi sur le mariage homosexuel, le mariage et ladoption, cest tout. Pourtant, la ministre de la Santé, madame TOURAINE, le président du groupe PS à lAssemblée nationale Bruno LE ROUX, se disent favorables à la procréation médicalement assistée, qui croire, eux ou vous Premier ministre ?
JEAN-MARC AYRAULT
Le projet du gouvernement, celui qui sera présenté en Conseil des ministres par madame TAUBIRA, cest à la fois le mariage pour tous, et ladoption, il sera limité à cette proposition, après le débat parlementaire aura lieu. Il y a des points de vue, on les connaît, cest aussi un débat dans la société. Mais vous me demandez quel est le projet du gouvernement, cest celui-là. Il est dailleurs conforme, mot pour mot, aux engagements du président de la République.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On voit bien quautour de vous a commencé la danse du scalp, vous avez vu quon réclame votre tête, parfois même certains de vos amis ou de vos ministres, est-ce que vous êtes tenté quelquefois de leur offrir ?
JEAN-MARC AYRAULT
Jamais. Moi je ne renoncerai pas à la mission qui est la mienne. Vous croyez que ça mimpressionne tout ça ? Vous avez interrogé tout à lheure monsieur BALLADUR et vous avez fait allusion
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Cétait un bon défenseur, avec Bruce TOUSSAINT.
JEAN-MARC AYRAULT
Cest quelquun qui agit avec honnêteté, jai apprécié son élégance, parce quil sait que la tâche est difficile et que cest facile de critiquer, de jeter la Pierre, mais moi ça ne mimpressionne pas parce que jai une mission, ma mission cest, je le répète encore une fois, cest de travailler au service des Français, au redressement du pays. Les Français veulent savoir sils peuvent avoir confiance dans une personnalité qui dirige le gouvernement, moi je leur dis vous pouvez avoir confiance, rien ne me fera flancher.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Daccord, mais est-ce que ce matin vous dites, là devant nous tous, le patron cest moi, avec le président de la République, mais le patron cest moi, et je vais vous le démontrer.
JEAN-MARC AYRAULT
Aucune décision nest prise sans laccord du Premier ministre, ça ne pourrait pas marcher autrement, bien entendu, en cohérence avec le président de la République, je lai dit tout à lheure, mais quelle que soit lattitude, linitiative dun ministre, aucune décision nest prise sans mon accord, parce que, je le revendique ici, et cest ce que je fais chaque matin, tous les jours, sans état dâme, je suis le chef du gouvernement au service de la France et des Français.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Merci dêtre venu, Monsieur le Premier ministre.
Source : Service d'Information du Gouvernement, le 16 octobre 2012
Bienvenue Monsieur le Premier ministre, et Jean-Marc AYRAULT, bonjour.
JEAN-MARC AYRAULT
Bonjour.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous intervenez sur EUROPE 1 à un moment décisif. Les critiques, même de gauche, pleuvent sur votre gouvernement et sur vous-même, trop de fausses notes. Vous êtes tous traités, le Premier ministre dabord, damateurs. Damateurs.
JEAN-MARC AYRAULT
Il y a quelques erreurs, cest vrai, il faut les reprendre. Vous savez, quand on dirige un gouvernement, dans une période aussi difficile, je crois que cest la situation la plus difficile quun gouvernement ait connue depuis le début de la Vème République, parce que le grand chantier du redressement exige beaucoup de travail, beaucoup dénergie, le gouvernement est au travail, donc la moindre bavure, si jose dire, se voit, parce que les Français veulent voir tous les ministres au travail, concentrés sur laction de leur ministère, et pas autre chose.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous leur dites, et vous leur demandez dêtre plus disciplinés.
JEAN-MARC AYRAULT
Oui.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais dans lhistoire de la Vème République, chaque Premier ministre qui sinstalle est secoué, mais pour vous cest trop vite, très tôt, cest plus quune mode. Mais, à votre avis, qui est derrière cet acharnement ?
JEAN-MARC AYRAULT
Je ne cherche pas qui est derrière, moi ça ne mintéresse pas. Je ne fais pas denquête là-dessus. Je constate quil y a peut-être une mode, chez certains journalistes, mais qui préfèrent lapparence des choses au travail sérieux
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Au-delà des journalistes, parce que vous savez très bien que ça a déjà des effets sur les derniers sondages, la méfiance et limpopularité montent.
JEAN-MARC AYRAULT
Je crois, Jean-Pierre ELKABBACH, que nous vivons une période extrêmement difficile, et les Français le savent. Ça fait 16 mois consécutifs que le chômage augmente, que nous avons une économie qui est dans une passe difficile. Madame PARISOT le disait elle-même tout à lheure, et je ne conteste pas une partie des analyses quelle a faite sur la situation de nos entreprises, il suffit de regarder les chiffres du commerce extérieur. La France est affaiblie, économiquement, socialement, moralement, et donc il y a
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais le diagnostic on le connaît, on le connaît. Ce quon attend du Premier ministre et du gouvernement ce sont des réponses et pas des ministres qui parlent à tort et à travers, et qui vous affaiblissent.
JEAN-MARC AYRAULT
Ce quon attend ce sont des hommes et des femmes à la tête du gouvernement qui se consacrent essentiellement sur la tâche, pas autre chose, pas sur le commentaire, et on attend lexemplarité, et cela est vrai de chacun des ministres, cest ce que jai rappelé.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, vous leur demandez de se concentrer sur leurs missions, mais ce nest pas la première fois que vous les menacez.
JEAN-MARC AYRAULT
Cest arrivé, cest arrivé sous tous les gouvernements
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, oui.
JEAN-MARC AYRAULT
Vous lavez rappelé ce matin dans vos émissions, donc ce nest pas spécifique à mon gouvernement. Je dirais que simplement, dans une période de tempêtes, parce que nous sommes dans une période de tempêtes, on attend que le cap soit tenu. Il est tenu par le président de la République et le Premier ministre, je peux vous garantir, cest ce que les Français attendent.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous leur dites, si ça devait continuer, chacun prendra ses responsabilités, avez-vous dit, si ça continue, or ils continuent. Pourquoi vous ne prenez pas les vôtres ?
JEAN-MARC AYRAULT
Ecoutez, ce nest pas à la radio que ce genre de choses se règlent, cest clair, mais je peux vous dire, Monsieur ELKABBACH, que le message a été bien compris, il est passé.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire au prochain couac dun ministre, en accord avec le président de la République, vous lui donnerez un bon de sortie ?
JEAN-MARC AYRAULT
Le message est bien passé, vous mavez très bien compris.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais moi oui, mais eux, parce quils recommencent. Tiens, je prends un exemple, ce matin, ce matin, je ne sais pas si vous avez lu linterview cassante de Fleur PELLERIN dans LES ECHOS. « A trop tirer sur la corde » dit-elle, « les entreprises sexposent au risque que les députés reviennent à des dispositions qui leur seront moins favorables. » Est-ce que cest avec la menace quon parle aux chefs dentreprises ?
JEAN-MARC AYRAULT
Non, mais dabord elle ne parle pas des chefs dentreprises, je ne pense pas quelle dise du mal des chefs dentreprises, bien au contraire, elle est la ministre des petites entreprises
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Elle dit « les entreprises sexposent », ça veut dire quelque chose. Non, mais je veux dire, quest-ce que vous allez faire pour que ça sarrête ? Par exemple on dit quà propos de Vincent PEILLON, il a été lobjet « dune engueulade maîtrisée. »
JEAN-MARC AYRAULT
Vincent PEILLON ma appelé hier matin, pour reconnaître son erreur, parce quil a fait effectivement une erreur. Voilà, cest tout, les choses sont rentrées dans lordre, maintenant tout le monde est au travail, je ne vais pas passer ma matinée à parler de ça.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non, on va avancer.
JEAN-MARC AYRAULT
Je crois que les Français attendent que leurs dirigeants soient exemplaires, je lai dit tout à lheure, quils soient au travail et quils ne se laissent pas aller à des commentaires sur eux-mêmes. On nest pas là pour se faire de la pub pour soi-même, on nest pas là pour faire des débats de société, on est là pour défendre son ministère, et en ce qui concerne Vincent PEILLON cest la refondation de lécole, et défendre la politique du gouvernement, il ny a quune politique du gouvernement.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous étiez dans le studio, Monsieur le Premier ministre, Jean-Marc AYRAULT, quand Laurent GUIMIER a rappelé ce que vous aviez dit lautre jour, en juin dernier, « il ne faut pas mettre la poussière sous le tapis », à propos du cannabis.
JEAN-MARC AYRAULT
Oui, et alors ?
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc vous avez évolué ?
JEAN-MARC AYRAULT
Et alors ? Non, je nai pas évolué. Je dis, mettre la poussière sous le tapis cest de ne pas traiter les problèmes. Il y a un problème de santé publique très grave pour la jeunesse de notre pays, moi je ne banalise pas la consommation du cannabis, Monsieur ELKABBACH. Ceux qui la banalisent en disant « il ny a quà mettre librement en vente et vous verrez, ça marchera », ce nest pas la position du gouvernement. Par contre il y a une campagne à mener, et dabord à lécole, contre la consommation excessive, parce que cest dramatique. Quand vous voyez des jeunes qui ont fumé une, deux, trois, quatre, cinq, six, cigarettes, vous croyez quils sont capables de travailler correctement à lécole ?
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais on ne dépénalise pas le cannabis ?
JEAN-MARC AYRAULT
Demain
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Aujourdhui.
JEAN-MARC AYRAULT
Vous voulez quon fasse ça, et quest-ce quon fera après pour les autres drogues ? On dira « il y a beaucoup de consommation de cocaïne, donc si on mettait la cocaïne en vente libre. »
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc, Premier ministre AYRAULT, cest non ?
JEAN-MARC AYRAULT
Je veux me battre contre léconomie souterraine. En ce moment, à Mulhouse, il y a un trafic qui est en train dêtre démantelé, partout en France cette campagne est lancée, nous ne céderons pas. Vous croyez que ce qui se passe à Marseille ce nest pas non plus dramatique, que ce trafic de drogue, une économie souterraine ? Vous avez vu, le week-end dernier, une opération anti-blanchiment qui a été déclenchée. Donc nous mènerons la bataille contre les trafiquants. Mais en même temps cest là que
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et les évadés fiscaux aussi.
JEAN-MARC AYRAULT
Oui, les évadés fiscaux aussi, bien sûr, contre la fraude fiscale, tous ceux qui devraient payer leur impôt en France et qui trafiquent. Nous combattrons toutes les formes de délinquance.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Qui est visé par les critiques, Jean-Marc AYRAULT ou François HOLLANDE, ou les deux ?
JEAN-MARC AYRAULT
Ecoutez, François HOLLANDE et moi-même nous menons la même politique, on essaie dopposer lun à lautre, ça na aucun sens. On dit que nous avons des personnalités qui sont proches, que nous avons
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, vous avez entendu sans doute Jean-Pierre RAFFARIN et Alain JUPPE, ils disaient vous êtes trop proches lun de lautre
JEAN-MARC AYRAULT
Oui, enfin
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous vous ressemblerez trop en quelque sorte, cest lui, cest vous, vous cest lui. Est-ce quil ny a pas vous vous rappelez ce que disait le Général DE GAULLE à monsieur POMPIDOU, il lui disait « faites-vous connaître POMPIDOU. » Est-ce quil ne faut pas faire connaître le vrai Jean-Marc AYRAULT
JEAN-MARC AYRAULT
Merci de minviter
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Emancipez-vous.
JEAN-MARC AYRAULT
Merci de minviter, Monsieur ELKABBACH, mais mon but nest pas de mémanciper par rapport au président de la République, parce que le président de la République il a été élu par tous les Français. Il a un projet pour la France, cest lui qui fixe le cap, et moi je suis le chef du gouvernement, et le gouvernement tous les jours met en oeuvre cette politique, voilà la complémentarité. Il y a deux têtes dans lExécutif, dans la Vème République. Il y a un président de la République élu par tous les Français et moi je suis le chef du gouvernement, cest comme ça. Vous cherchez toujours à mettre de la querelle, eh bien je vous garantie quil ny en a pas. Ce que les Français veulent savoir, écoutez-moi un instant, cest si la politique qui est menée, est menée de façon cohérente, eh bien elle lest.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On y arrive. Mais est-ce que vous êtes sûr, et quand vous dites vous, cest collectivement, mais est-ce que vous êtes sûr davoir toujours un vrai soutien, et durable, du président de la République ?
JEAN-MARC AYRAULT
Absolument. Absolument. Ça ne peut pas marcher autrement, vous savez, je vous lassure totalement, et nous parlons non seulement nous nous voyons deux fois par semaine, en tête-à-tête, mais nous nous parlons tous les jours, parce que nous voulons que la politique qui est menée, c'est-à-dire celle du redressement du pays, et la tâche est immense je me souviens avoir évoqué le mot « redressement » chez vous, vous laviez contesté, cétait pendant la campagne des présidentielles - mais notre pays va mal
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous avez de la mémoire.
JEAN-MARC AYRAULT
Il y a un chantier immense de redressement
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On y va, justement.
JEAN-MARC AYRAULT
Pour que la croissance reparte, que la justice soit au rendez-vous, que notre pays retrouve son rang et son influence, cest ça la bataille pour le redressement.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Daccord, il faut donc des actes. Tout le monde attend les décisions promises par le président de la République et par vous-même, Jean-Marc AYRAULT, concernant la compétitivité. Il est temps que vous disiez ce que vous envisagez. Dabord, ce nest pas un big-bang de compétitivité ?
JEAN-MARC AYRAULT
Vous voulez un big-bang, vous voulez un choc, vous voulez des mots, moi je veux une action, je veux une stratégie, je veux un plan densemble.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors quelle est-elle ?
JEAN-MARC AYRAULT
Jai lancé hier, à Nantes, au milieu des entreprises qui se sont regroupées, qui regroupent à la fois des grandes entreprises, des petites et moyennes entreprises, qui regroupent des chercheurs, du secteur public, du secteur privé, et qui ont un objectif, améliorer les capacités des entreprises à linnovation. Vous faites souvent de la publicité, vous vendez des pages de publicité sur votre radio, quest-ce quon entend ? La marque allemande, cest la marque de la garantie, la marque de la qualité.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Daccord, mais quest-ce que vous apportez comme mesures ?
JEAN-MARC AYRAULT
Eh bien les mesures que nous prendrons vont faciliter laccès au crédit des entreprises, améliorer leurs fonds propres, améliorer leur compétitivité, pour quelles investissent dans linnovation, pour que leurs produits soient des produits de meilleure qualité. Madame PARISOT le disait tout à lheure, il faut retrouver des marges de manoeuvre.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais elle vous demande, elle
JEAN-MARC AYRAULT
Quelle est la décision qui est à lordre du jour cette semaine ? Cest la mise en place de la Banque Publique dInvestissement, cest au Conseil des ministres de demain matin, cest un grand acte de gouvernement qui permettra davancer.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Justement. Justement
JEAN-MARC AYRAULT
Je vais aller la semaine prochaine à Toulouse pour linstallation de
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Attendez, vous ne dites pas toujours ce quil y a comme contenu, pardon
JEAN-MARC AYRAULT
Je viens de vous en parler.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous parlez du
JEAN-MARC AYRAULT
Vous, vous navez quune question en tête, cest le coût du travail, daccord ?
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non, pas du tout.
JEAN-MARC AYRAULT
Cest ce que jentends en permanence.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Pas du tout. Martial YOU expliquait tout à lheure que vous allez peut-être alléger les charges salariales et patronales avec un coût de 8 à 10 milliards par an, ce quon veut savoir cest si cest vrai, et si dautre part, si cest progressif, votre programme est progressif
JEAN-MARC AYRAULT
Nous travaillons avec méthode. Je vais vous dire la méthode.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Parce que quand vous dites trajectoire, on se dit
JEAN-MARC AYRAULT
Je vais vous dire la méthode et le calendrier. Daccord ? La méthode cest un rapport qui a été confié à Louis GALLOIS, un grand industriel, et quil me remet dans quelques jours, le 5 novembre. Le gouvernement se réunit en séminaire aussitôt pour étudier toutes les variantes possibles pour quon puisse mettre en oeuvre un projet pour la relance de la compétitivité du pays, pour nos entreprises, pour notre industrie, cest notre industrie qui est en difficulté, ce nest pas toutes les entreprises. Et puis, dici la fin de lannée
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que ce sera un programme progressif sur tout le quinquennat ou un choc au moins pour 2, 3 ans
JEAN-MARC AYRAULT
Je pense que cest un programme qui pourra se dérouler sur 2 ou 3 ans, je ne suis pas le seul à le penser. Vous avez invité tout à lheure madame PARISOT, et contrairement à ce quon lui a fait dire, et nous sommes dans un dialogue avec elle, comme avec les organisations syndicales, elle dit 2, 3 ans, eh bien cest la position du gouvernement, 2, 3 ans. Et pourquoi 2, 3 ans ? parce que, il ny a aucun gouvernement, celui quon cite toujours en exemple, le gouvernement SCHRÖDER, na fait les choses en 1 an, ça nexiste pas, donc il y a des mesures qui vont être prises, les unes après les autres, mais qui vont avoir une cohérence pour remettre de lénergie dans notre industrie, pour que notre industrie retrouve sa place en France, en Europe et dans le monde.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Jean-Marc AYRAULT, Monsieur le Premier ministre, le budget 2013 doit réduire les déficits et respecter les 3% prévus pour fin 2013, or ce chiffre et ce délai sont contestés, « absurde et impossible » dit Claude BARTOLONE, qui nest pas nimporte qui, président de lAssemblée nationale, le rapporteur Christian ECKERT. Une fois pour toutes, quelle est la stratégie HOLLANDE/ AYRAULT sur les 3% ?
JEAN-MARC AYRAULT
Elle est claire, elle a été dite pendant la campagne électorale, cest un engagement qua pris le président de la République, atteindre les 3% de déficit en 2013, cest le budget 2013 qui est présenté au Parlement, il faut absolument atteindre cet objectif. Ça veut dire quoi Jean-Pierre ELKABBACH ? Ça veut dire quil faut en finir avec cette spirale de la dette. Est-ce que vous voyez que chaque année le premier budget, ce nest pas depuis cette année, cest le remboursement des intérêts de la dette, ce nest pas linvestissement dans lindustrie, ce nest pas dans
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Monsieur le Premier ministre, on le sait, est-ce que vous dites ce matin
JEAN-MARC AYRAULT
Mais non on ne le sait pas.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Personne, dans votre gouvernement, ou votre majorité, ne doit remettre en cause les 3% ?
JEAN-MARC AYRAULT
Absolument.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Cest ce quon veut savoir.
JEAN-MARC AYRAULT
Cest un objectif impératif, cest la souveraineté nationale qui est en jeu, cest les marges de manoeuvre quil faut quon retrouve, parce que sinon le pays ne pourra pas se redresser, cest indispensable. Moi je ne veux pas que nos enfants, nos petits-enfants, payent nos dettes.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous demandez à votre majorité présidentielle et PS, ce matin, de voter le budget ?
JEAN-MARC AYRAULT
Absolument, de se tenir à cet objectif, cest lintérêt du pays, cest lintérêt national du pays.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Dans lunité. Si en 2013 il faut corriger, ajuster, pour les 4, 5 milliards qui seraient nécessaires, est-ce que vous déciderez encore des impôts, ou de nouvelles réductions des dépenses de lEtat ?
JEAN-MARC AYRAULT
Rappelons dabord ce qui a été décidé pour ce budget 2013. Un tiers de diminution de la dépense publique, cest sans précédent, je vous rappelle que cest 10 milliards deuros, en 2007 cest le contraire qui sest passé avec Nicolas SARKOZY et François FILLON, cest 10 milliards de dépenses supplémentaires et des baisses dimpôts pour les plus riches. Un tiers de diminution de la dépense, un tiers deffort pour les ménages les plus aisés, cest 90% de leffort qui sera fait par les 10% des ménages les plus aisés.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Cest ce que conteste Gilles CARREZ, le rapporteur, qui dit cest plutôt 6 Français sur 10 qui vont être frappés.
JEAN-MARC AYRAULT
et sagissant des entreprises, cest essentiellement les grandes entreprises, vous pouvez regarder dans le détail, les petites et moyennes entreprises sont épargnées. Et par ailleurs ce budget finance nos priorités. Les priorités cest léducation, cest la justice, cest la sécurité. Cest ça le budget
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Jean-Marc AYRAULT, comment le budget 2013 va-t-il finalement taxer les plus-values de cessions de valeurs mobilières ? Les 60% cest fini, au lieu des 19 actuelles, quel sera le prélèvement ?
JEAN-MARC AYRAULT
Alors, écoutez, il y a une réforme très importante qui a été engagée pour 2013, écoutez à linstant, cest pour la première fois en France limpôt sur le capital qui sera de la même nature que limpôt sur le travail. Aujourdhui les revenus du capital sont moins taxés que ceux du travail, ça cest la réforme de base. Alors, nous avons été amenés à corriger un certain nombre deffets qui pouvaient être négatifs pour des entreprises, en particulier des entreprises qui sont créées depuis peu, dont les chefs dentreprises cèdent leur part, pour ne pas pénaliser linvestissement.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
60% cest fini ?
JEAN-MARC AYRAULT
Vous aurez des amendements, qui vont être présentés au Parlement, qui vont corriger ces effets, qui auraient pu être pervers pour un certain nombre dentreprises, mais lessentiel de la réforme, c'est-à-dire le capital qui est mis sur le même plan que limpôt sur le revenu, ça cest maintenu.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Deux, trois urgences
JEAN-MARC AYRAULT
On ne veut pas décourager lentrepreneur, ni le créateur, de richesses.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Chaque jour surgit une nouvelle taxe. Christian ECKERT, le rapporteur socialiste de la Commission des finances de lAssemblée, a fait voter lintégration des oeuvres dart qui dépassent 50 000 euros, à limpôt de solidarité sur la fortune. Est-ce que vous acceptez ? Quelle est la position parce quil y a sept présidents de musées
JEAN-MARC AYRAULT
Non non, la position du gouvernement elle est très claire, elle est très claire. Il ny aura pas dintégration dans le calcul de limpôt sur la fortune des oeuvres dart, cest la position du gouvernement.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Le Premier ministre accepte-t-il détendre la redevance télé aux 4 millions de résidences secondaires ?
JEAN-MARC AYRAULT
Non, ce nest pas la position du gouvernement.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Cest clair ?
JEAN-MARC AYRAULT
Cest clair, oui.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Bientôt Christiane TAUBIRA va proposer une loi sur le mariage homosexuel, le mariage et ladoption, cest tout. Pourtant, la ministre de la Santé, madame TOURAINE, le président du groupe PS à lAssemblée nationale Bruno LE ROUX, se disent favorables à la procréation médicalement assistée, qui croire, eux ou vous Premier ministre ?
JEAN-MARC AYRAULT
Le projet du gouvernement, celui qui sera présenté en Conseil des ministres par madame TAUBIRA, cest à la fois le mariage pour tous, et ladoption, il sera limité à cette proposition, après le débat parlementaire aura lieu. Il y a des points de vue, on les connaît, cest aussi un débat dans la société. Mais vous me demandez quel est le projet du gouvernement, cest celui-là. Il est dailleurs conforme, mot pour mot, aux engagements du président de la République.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On voit bien quautour de vous a commencé la danse du scalp, vous avez vu quon réclame votre tête, parfois même certains de vos amis ou de vos ministres, est-ce que vous êtes tenté quelquefois de leur offrir ?
JEAN-MARC AYRAULT
Jamais. Moi je ne renoncerai pas à la mission qui est la mienne. Vous croyez que ça mimpressionne tout ça ? Vous avez interrogé tout à lheure monsieur BALLADUR et vous avez fait allusion
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Cétait un bon défenseur, avec Bruce TOUSSAINT.
JEAN-MARC AYRAULT
Cest quelquun qui agit avec honnêteté, jai apprécié son élégance, parce quil sait que la tâche est difficile et que cest facile de critiquer, de jeter la Pierre, mais moi ça ne mimpressionne pas parce que jai une mission, ma mission cest, je le répète encore une fois, cest de travailler au service des Français, au redressement du pays. Les Français veulent savoir sils peuvent avoir confiance dans une personnalité qui dirige le gouvernement, moi je leur dis vous pouvez avoir confiance, rien ne me fera flancher.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Daccord, mais est-ce que ce matin vous dites, là devant nous tous, le patron cest moi, avec le président de la République, mais le patron cest moi, et je vais vous le démontrer.
JEAN-MARC AYRAULT
Aucune décision nest prise sans laccord du Premier ministre, ça ne pourrait pas marcher autrement, bien entendu, en cohérence avec le président de la République, je lai dit tout à lheure, mais quelle que soit lattitude, linitiative dun ministre, aucune décision nest prise sans mon accord, parce que, je le revendique ici, et cest ce que je fais chaque matin, tous les jours, sans état dâme, je suis le chef du gouvernement au service de la France et des Français.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Merci dêtre venu, Monsieur le Premier ministre.
Source : Service d'Information du Gouvernement, le 16 octobre 2012