Texte intégral
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,
En vous invitant à vous retrouver aujourdhui, le Gouvernement tient lengagement quil avait pris en septembre dernier lors de la Conférence environnementale, concernant linstauration avant la fin de lannée dun dispositif permanent de concertation sur la fiscalité écologique.
Notre réunion daujourdhui concrétise surtout lambition plusieurs fois affirmée par le Président de la République et le Gouvernement de développer une nouvelle fiscalité écologique. Nous lui avions consacré une table ronde lors de la Conférence environnementale, le Gouvernement en a fait une des composantes du Pacte pour la compétitivité et lemploi, et le Président de la République a récemment confirmé quune première série de propositions devraient lui être faites au printemps 2013.
Je suis heureuse dinstaller ce comité aux côtés de Rémy Rioux, directeur de cabinet de Pierre Moscovici, qui souhaitait être présent ce matin, mais qui est retenu à Matignon. Lengagement du ministre de léconomie et des finances, de « Bercy », aux côtés du ministère de lécologie, est une des conditions de la réussite de nos travaux en matière de fiscalité écologique. Ce travail collectif est indispensable pour que les mesures que nous allons élaborer répondent aux enjeux de la transition écologique et sinscrivent pleinement dans notre trajectoire de finances publiques et de réforme des prélèvements obligatoires.
Je remercie à nouveau Christian de Perthuis davoir accepté de présider vos futurs travaux. Grâce à sa précieuse expérience, il sait mieux que quiconque à quel point la mission qui lui est confiée, qui vous est confiée, est difficile.
La fiscalité écologique est en effet victime dun paradoxe. Spontanément, sa vocation environnementale suscite la sympathie de nos concitoyens. Pourtant, les tentatives successives dinstaurer des prélèvements environnementaux ont été laborieuses, quand elles nont pas échoué purement et simplement. Léchec de la taxe carbone et sa censure par le Conseil constitutionnel a été sans doute le plus retentissant. Cet échec avait des causes profondes dont il faut tirer toutes les leçons.
Trois idées fortes me tiennent à coeur pour lancer ce processus sur des bases solides, et durables, afin daboutir à la mise en oeuvre dune véritable fiscalité écologique.
- Première idée : la fiscalité écologique est un moyen, elle nest pas une fin en soi. Lécologie nest pas ici un habillage pour servir de prétexte à je ne sais quelle hausse de la fiscalité dans un contexte éminemment exigeant pour le redressement des finances publiques. La légitimité de la fiscalité écologique tient à son fondement même qui est de lutter contre les pollutions et les nuisances et de financer la transition écologique et énergétique. Celle-ci nécessite des investissements importants de la Nation. Je suis convaincue quun lien aussi concret et direct que possible entre laffectation du produit de cette fiscalité et laction environnementale est nécessaire pour convaincre nos concitoyens de son bien-fondé. Vos travaux devront donc partir de cette recherche defficacité et de légitimité : de quels financements a-t-on besoin pour la transition écologique ? Quelles sont les pollutions qui échappent aujourdhui au principe du pollueur-payeur ? La fiscalité écologique ne doit jamais séloigner de sa raison dêtre. Des articulations devront nécessairement être trouvées à ce titre entre vos travaux et le débat national sur la transition énergétique qui vient de sengager.
- Deuxième idée, que beaucoup dentre vous ont évoquée à la Conférence environnementale : vos propositions devront en permanence être passées au crible de 3 critères :
* lefficacité écologique
* limpact économique
* le respect de la justice sociale
Limpact que cette fiscalité peut avoir sur le pouvoir dachat des ménages et sur la compétitivité des entreprises les plus exposées à la concurrence internationale ne peut, ni ne doit être passé sous silence. Ce sera au contraire un aspect essentiel de vos travaux que dexaminer lucidement les impacts et de chercher à y remédier. Nous ne réussirons que si nous parvenons à résoudre cette quadrature du cercle pour démontrer aux Français que la fiscalité écologique nest pas lantithèse de la justice sociale et du redressement productif, mais bien linstrument de leur réalisation. Sans doute il sera difficile de construire des solutions parfaites. Mais nous devons essayer. Une fiscalité environnementale juste, envoyant un signal-prix clair, progressif et acceptable est un levier puissant de réorientation de lappareil productif et de réduction de notre vulnérabilité à la raréfaction des ressources.
- Troisième idée force : la nécessité dune vision globale et densemble. Vos travaux doivent contribuer à définir une trajectoire globale et cohérente de montée en puissance de la fiscalité écologique, clairement inscrite dans la réforme fiscale voulue par le Gouvernement pour le redressement dans la justice. Nous ne convaincrons personne si nous empilons les mesures au gré des lois de finances, sans expliquer dans quelle direction nous allons. La France est avant-dernière en Europe en matière de fiscalité environnementale. Cest dire si nous avons des marges de progression très grandes ! Mais nous attendons de vous, pas seulement la proposition ou lénoncé de telle ou telle mesure, mais une vision densemble, une stratégie qui puisse sinscrire dans la durée, doù le fait dailleurs que ce groupe soit permanent.
Mesdames, Messieurs,
Lenjeu de vos travaux le plus important sans doute est de construire ensemble un consensus durable autour de la fiscalité écologique. Cest la vocation principale de ce comité, dont la composition doit refléter la diversité des points de vue pour permettre leur expression, et enrichir la réflexion. Il rassemble les représentants des salariés, des employeurs, des ONG, des consommateurs, des élus locaux, des parlementaires.
Je lai dit, le Président de la République attend des propositions au printemps, mais ce comité est pérenne et a vocation à contribuer sur la durée aux réflexions et travaux du Gouvernement. Conformément à la feuille de route pour la transition écologique, votre rôle sera non seulement de rendre un avis sur des propositions de mesures élaborées par nos ministères, mais aussi de formuler des propositions et des recommandations. Ensuite viendra le temps des arbitrages gouvernementaux et de la délibération souveraine du Parlement. Cest là, en cette matière comme dans dautres, plus encore que dans dautres, un choix revendiqué du Gouvernement que de sappuyer sur votre expertise et sur la concertation pour guider la décision publique.
Il vous appartiendra également dinscrire vos travaux dans une perspective internationale, en vous inspirant des expériences étrangères réussies, et dévaluer a posteriori les dispositifs mis en oeuvre.
Pour ce faire, vous bénéficierez de lappui du Commissariat général au développement durable et de la Direction de la législation fiscale, dont je salue les représentants. Le concours de ces administrations de haut niveau garantira à la fois le sérieux des études d'impact économique, écologique et social des mesures étudiées et leur robustesse juridique et technique.
Christian de Perthuis a également souhaité sentourer dexperts issus du monde universitaire pour faire bénéficier votre comité dune analyse complémentaire à celle des services de lEtat et à votre expertise à chacun dentre vous. Je voudrais les remercier, comme je remercie Christian de Perthuis, dapporter leur concours à ces réflexions.
Je conclurai en saluant votre engagement. Je sais aussi la disponibilité, la mobilisation que le fonctionnement de ce type dinstance requiert de votre part. Et je sais aussi pouvoir compter sur votre état desprit constructif et votre contribution, utiles aux travaux.
Source http://www.developpement-durable.gouv.fr, le 19 décembre 2012
Mesdames et Messieurs,
En vous invitant à vous retrouver aujourdhui, le Gouvernement tient lengagement quil avait pris en septembre dernier lors de la Conférence environnementale, concernant linstauration avant la fin de lannée dun dispositif permanent de concertation sur la fiscalité écologique.
Notre réunion daujourdhui concrétise surtout lambition plusieurs fois affirmée par le Président de la République et le Gouvernement de développer une nouvelle fiscalité écologique. Nous lui avions consacré une table ronde lors de la Conférence environnementale, le Gouvernement en a fait une des composantes du Pacte pour la compétitivité et lemploi, et le Président de la République a récemment confirmé quune première série de propositions devraient lui être faites au printemps 2013.
Je suis heureuse dinstaller ce comité aux côtés de Rémy Rioux, directeur de cabinet de Pierre Moscovici, qui souhaitait être présent ce matin, mais qui est retenu à Matignon. Lengagement du ministre de léconomie et des finances, de « Bercy », aux côtés du ministère de lécologie, est une des conditions de la réussite de nos travaux en matière de fiscalité écologique. Ce travail collectif est indispensable pour que les mesures que nous allons élaborer répondent aux enjeux de la transition écologique et sinscrivent pleinement dans notre trajectoire de finances publiques et de réforme des prélèvements obligatoires.
Je remercie à nouveau Christian de Perthuis davoir accepté de présider vos futurs travaux. Grâce à sa précieuse expérience, il sait mieux que quiconque à quel point la mission qui lui est confiée, qui vous est confiée, est difficile.
La fiscalité écologique est en effet victime dun paradoxe. Spontanément, sa vocation environnementale suscite la sympathie de nos concitoyens. Pourtant, les tentatives successives dinstaurer des prélèvements environnementaux ont été laborieuses, quand elles nont pas échoué purement et simplement. Léchec de la taxe carbone et sa censure par le Conseil constitutionnel a été sans doute le plus retentissant. Cet échec avait des causes profondes dont il faut tirer toutes les leçons.
Trois idées fortes me tiennent à coeur pour lancer ce processus sur des bases solides, et durables, afin daboutir à la mise en oeuvre dune véritable fiscalité écologique.
- Première idée : la fiscalité écologique est un moyen, elle nest pas une fin en soi. Lécologie nest pas ici un habillage pour servir de prétexte à je ne sais quelle hausse de la fiscalité dans un contexte éminemment exigeant pour le redressement des finances publiques. La légitimité de la fiscalité écologique tient à son fondement même qui est de lutter contre les pollutions et les nuisances et de financer la transition écologique et énergétique. Celle-ci nécessite des investissements importants de la Nation. Je suis convaincue quun lien aussi concret et direct que possible entre laffectation du produit de cette fiscalité et laction environnementale est nécessaire pour convaincre nos concitoyens de son bien-fondé. Vos travaux devront donc partir de cette recherche defficacité et de légitimité : de quels financements a-t-on besoin pour la transition écologique ? Quelles sont les pollutions qui échappent aujourdhui au principe du pollueur-payeur ? La fiscalité écologique ne doit jamais séloigner de sa raison dêtre. Des articulations devront nécessairement être trouvées à ce titre entre vos travaux et le débat national sur la transition énergétique qui vient de sengager.
- Deuxième idée, que beaucoup dentre vous ont évoquée à la Conférence environnementale : vos propositions devront en permanence être passées au crible de 3 critères :
* lefficacité écologique
* limpact économique
* le respect de la justice sociale
Limpact que cette fiscalité peut avoir sur le pouvoir dachat des ménages et sur la compétitivité des entreprises les plus exposées à la concurrence internationale ne peut, ni ne doit être passé sous silence. Ce sera au contraire un aspect essentiel de vos travaux que dexaminer lucidement les impacts et de chercher à y remédier. Nous ne réussirons que si nous parvenons à résoudre cette quadrature du cercle pour démontrer aux Français que la fiscalité écologique nest pas lantithèse de la justice sociale et du redressement productif, mais bien linstrument de leur réalisation. Sans doute il sera difficile de construire des solutions parfaites. Mais nous devons essayer. Une fiscalité environnementale juste, envoyant un signal-prix clair, progressif et acceptable est un levier puissant de réorientation de lappareil productif et de réduction de notre vulnérabilité à la raréfaction des ressources.
- Troisième idée force : la nécessité dune vision globale et densemble. Vos travaux doivent contribuer à définir une trajectoire globale et cohérente de montée en puissance de la fiscalité écologique, clairement inscrite dans la réforme fiscale voulue par le Gouvernement pour le redressement dans la justice. Nous ne convaincrons personne si nous empilons les mesures au gré des lois de finances, sans expliquer dans quelle direction nous allons. La France est avant-dernière en Europe en matière de fiscalité environnementale. Cest dire si nous avons des marges de progression très grandes ! Mais nous attendons de vous, pas seulement la proposition ou lénoncé de telle ou telle mesure, mais une vision densemble, une stratégie qui puisse sinscrire dans la durée, doù le fait dailleurs que ce groupe soit permanent.
Mesdames, Messieurs,
Lenjeu de vos travaux le plus important sans doute est de construire ensemble un consensus durable autour de la fiscalité écologique. Cest la vocation principale de ce comité, dont la composition doit refléter la diversité des points de vue pour permettre leur expression, et enrichir la réflexion. Il rassemble les représentants des salariés, des employeurs, des ONG, des consommateurs, des élus locaux, des parlementaires.
Je lai dit, le Président de la République attend des propositions au printemps, mais ce comité est pérenne et a vocation à contribuer sur la durée aux réflexions et travaux du Gouvernement. Conformément à la feuille de route pour la transition écologique, votre rôle sera non seulement de rendre un avis sur des propositions de mesures élaborées par nos ministères, mais aussi de formuler des propositions et des recommandations. Ensuite viendra le temps des arbitrages gouvernementaux et de la délibération souveraine du Parlement. Cest là, en cette matière comme dans dautres, plus encore que dans dautres, un choix revendiqué du Gouvernement que de sappuyer sur votre expertise et sur la concertation pour guider la décision publique.
Il vous appartiendra également dinscrire vos travaux dans une perspective internationale, en vous inspirant des expériences étrangères réussies, et dévaluer a posteriori les dispositifs mis en oeuvre.
Pour ce faire, vous bénéficierez de lappui du Commissariat général au développement durable et de la Direction de la législation fiscale, dont je salue les représentants. Le concours de ces administrations de haut niveau garantira à la fois le sérieux des études d'impact économique, écologique et social des mesures étudiées et leur robustesse juridique et technique.
Christian de Perthuis a également souhaité sentourer dexperts issus du monde universitaire pour faire bénéficier votre comité dune analyse complémentaire à celle des services de lEtat et à votre expertise à chacun dentre vous. Je voudrais les remercier, comme je remercie Christian de Perthuis, dapporter leur concours à ces réflexions.
Je conclurai en saluant votre engagement. Je sais aussi la disponibilité, la mobilisation que le fonctionnement de ce type dinstance requiert de votre part. Et je sais aussi pouvoir compter sur votre état desprit constructif et votre contribution, utiles aux travaux.
Source http://www.developpement-durable.gouv.fr, le 19 décembre 2012