Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, parlons d'énergie. Est-ce que les prix de l'électricité vont augmenter de 30% d'ici la fin du quinquennat de François HOLLANDE ?
DELPHINE BATHO
C'est ce que dit la Commission de Régulation de l'Energie. Je rappelle que sous le précédent quinquennat les prix de l'électricité ont augmenté de 14%, et moi ma politique ne sera pas celle de l'impuissance face à la hausse des prix de l'énergie. Les gens voient les prix augmenter sur leur facture, ils se demandent où ça va s'arrêter, et ce problème, voyez, prouve que le débat sur la transition énergétique ce n'est pas un sujet lointain, c'est un sujet quotidien, dans la facture d'énergie des gens. Et donc on a les moyens d'agir, d'abord en étendant les tarifs sociaux de l'énergie, c'est ce qu'on a fait, c'est la décision que le gouvernement a pris, ce qui permet aujourd'hui de concerner 8 millions de Français, qui, par exemple pour quelqu'un qui se chauffe au gaz ça va faire une réduction de 200 euros par an de la facture de chauffage, donc c'est une mesure très importante. Ensuite, il y a le fait de permettre à tous les ménages d'accéder aux économies d'énergie, et donc de réduire leur facture de 25 à 30%.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On va en parler.
DELPHINE BATHO
On va en parler, c'est ce qui nous mobilisait hier avec Cécile DUFLOT, voilà les mesures qu'on peut prendre. Ensuite, il y a effectivement cette tendance structurelle qui je crois qu'il ne faut pas mentir il y a malheureusement
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça va augmenter.
DELPHINE BATHO
Non, il y a malheureusement aujourd'hui une hausse du pétrole, une hausse de l'électricité, donc il faut faire quelque chose. Donc j'ai annoncé hier à Henri PROGLIO, que j'allais demander à la Commission de Régulation de l'Energie un audit des coûts de production, des coûts commerciaux d'EDF, puisque vous savez qu'il y a un principe qui est que les prix doivent couvrir les coûts, et donc il faut qu'on sache ce qu'il y a derrière ces coûts.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sache quoi ? Qu'on sache, et qu'on contrôle, et qu'on regarde de près les dépenses d'EDF, le fonctionnement d'EDF ?
DELPHINE BATHO
Il y a besoin de transparence, il y a besoin
JEAN-JACQUES BOURDIN
D'un peu plus de transparence
DELPHINE BATHO
Il y a besoin que les Français comprennent ce qui est en train de se passer sur les prix de l'énergie, et que l'on y fasse
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire, ça veut dire quoi, ça veut dire qu'EDF fait trop de bénéfices ?
DELPHINE BATHO
Non, ça veut dire qu'il y a des investissements à faire, aujourd'hui, c'est une charge pour la nation, et que cette charge ne peut pas être insoutenable. Vous savez, on hérite déjà d'un boulot, puisque le précédent gouvernement a laissé une dette de 5 milliards d'euros, sur ce qu'on appelle la CSPE, la Contribution au Service Public de l'Electricité, qui est une dette qu'on doit résorber, et donc il faut regarder aujourd'hui le problème des prix de l'énergie en face pour pouvoir mieux protéger le pouvoir d'achat des Français. Moi je suis une battante, et je veux me battre pour protéger le pouvoir d'achat des Français.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça veut dire que 30%, vous dites non ? 30% d'ici 2017, vous dites non ?
DELPHINE BATHO
Ça veut dire qu'on n'est pas impuissant et qu'on a les moyens, Jean-Jacques BOURDIN, non seulement d'alléger la facture d'énergie des ménages
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous dites non
DELPHINE BATHO
Par les économies
JEAN-JACQUES BOURDIN
A une augmentation de 30% ?
DELPHINE BATHO
Par les économies d'énergie, et aussi celle de la France.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais ça j'ai compris, que vous allez vous battre
DELPHINE BATHO
Non, excusez-moi
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais ça veut dire non, pas d'augmentation, pas de 30% de hausse.
DELPHINE BATHO
Ça veut dire qu'il faut d'abord la transparence, ça veut dire qu'il faut, dans le débat national sur la transition énergétique, mettre cette question des coûts sur la table et regarder ce qui va se passer, parce que les Français veulent savoir où on va. On ne peut plus aborder cette question, du jour au lendemain, en étant au fil de l'eau.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, Delphine BATHO, les salariés d'EDF paient seulement 10% de leur facture d'électricité, est-ce normal ?
DELPHINE BATHO
Oui, parce que ça fait partie de leur statut.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il ne faut pas revenir là-dessus ?
DELPHINE BATHO
Ça fait partie, Jean-Jacques BOURDIN, de leur statut, comme d'autres salariés dans des entreprises privées peuvent avoir un véhicule, peuvent avoir tel ou tel avantage, c'est un avantage qui est fiscalisé
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il faut qu'on le garde.
DELPHINE BATHO
C'est une évolution qui a été faite ces dernières années, je constate que les gouvernements de droite ne l'ont pas supprimé, certainement parce que c'est un élément du statut social des agents de ces entreprises, et moi je préfère
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous ne le supprimerez pas.
DELPHINE BATHO
Je préfère le dire de façon honnête et claire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Delphine BATHO, puisqu'on parle d'électricité, on sait que, pour beaucoup, elle vient de l'énergie nucléaire, du nucléaire. Fessenheim, fermeture en 2016, vous confirmez ?
DELPHINE BATHO
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que d'autres centrales fermeront, après ?
DELPHINE BATHO
C'est l'objet du débat national sur la transition énergétique. Vous savez qu'on a fixé un objectif
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que vous êtes favorable à la fermeture de vieilles, d'autres vieilles centrales ?
DELPHINE BATHO
C'est une question qui se posera tôt ou tard. Vous savez qu'on a pour ambition de diminuer
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça elle se posera, oui, ça c'est sûr, tôt ou tard.
DELPHINE BATHO
De diminuer la part du nucléaire à l'horizon 2025
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est pour ça que je vous pose la question.
DELPHINE BATHO
Pour développer les énergies renouvelables, et un des enjeux du débat national sur la transition énergétique, ce n'est pas à moi seule de répondre à cette question
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, c'est certain.
DELPHINE BATHO
C'est à l'ensemble des Français de répondre à cette question.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous êtes favorable à la fermeture d'autres vieilles centrales ?
DELPHINE BATHO
Moi je suis favorable à l'évolution de la part du nucléaire, je crois que la France
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc à la fermeture d'autres vieilles centrales nucléaires ?
DELPHINE BATHO
La France a, Jean-Jacques BOURDIN, eu pendant longtemps un avantage compétitif sur un prix de l'énergie pas chère, qui a assuré notre indépendance nationale, notre sécurité d'approvisionnement en électricité, cet avantage nous devons le conserver, donc ça veut dire qu'il faut garder une part de nucléaire
JEAN-JACQUES BOURDIN
Du nucléaire.
DELPHINE BATHO
Moi je préfère le dire clairement, on en a besoin, et on continuera d'avoir besoin d'une part de nucléaire pour des raisons économiques évidentes, parce qu'on a fait un investissement dans les centrales nucléaires. Maintenant ces centrales, nécessitent aujourd'hui des investissements, de maintenance, de sécurité dans le cadre des normes post-Fukushima, et donc il va falloir examiner cette question. On a un parc de centrales nucléaires vieillissant
JEAN-JACQUES BOURDIN
Voilà.
DELPHINE BATHO
Cette question se posera, bien sûr.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Se posera, donc la fermeture de vieilles centrales nucléaires, des plus anciennes ?
DELPHINE BATHO
Oui, c'est d'ailleurs ce que nous faisons avec Fessenheim, l'enjeu c'est d'avoir aussi un exemple français, de démantèlement, parce que tôt ou tard cette question se posera et donc on ne peut pas, Jean-Jacques BOURDIN
JEAN-JACQUES BOURDIN
On fermera d'autres centrales, mais ça paraît logique Delphine BATHO.
DELPHINE BATHO
Non, on ne peut pas, on ne peut pas aller dans une situation où en 2025, parce qu'elles auront 40 ans, ou un petit peu plus tard si elles sont prolongées un petit peu, toutes les centrales nucléaires d'un tout, puisqu'elles ont été à peu près toutes construites dans la même période, devront s'arrêter parce qu'elles seront vieillissantes. Donc, c'est cette question-là aujourd'hui qu'il faut
JEAN-JACQUES BOURDIN
Petit à petit. On les fermera petit à petit.
DELPHINE BATHO
Non, qu'il faut anticiper, c'est maintenant qu'il faut répondre à votre question, c'est l'objet du débat national sur la transition énergétique, et je pense que votre question permet de mieux comprendre pourquoi on a besoin maintenant de ce débat, parce que ça fait trop longtemps que les décisions ont été reportées, et si on ne prend pas les décisions maintenant, en 2025, les générations futures se trouveront au pied du mur, avec des investissements insoutenables.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le diesel, Delphine BATHO, vous êtes ministre de l'Energie, ça rapporterait entre 3 et 4 milliards d'euros par an si l'on alignait la fiscalité du diesel sur celle de l'essence. On cherche de l'argent aujourd'hui.
DELPHINE BATHO
Ce n'est pas un sujet de recettes fiscales, la question
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah bon ?
DELPHINE BATHO
Non, c'est un problème de santé publique. Il y a aujourd'hui 40 000 décès prématurés chaque année liés à la pollution de l'atmosphère, et une des raisons de la pollution de l'atmosphère, dans les grandes villes notamment, c'est le problème du diesel, et notamment des vieux véhicules au diesel, par exemple les véhicules d'avant 1997, d'avant 2000, qui polluent 30 fois plus qu'un véhicule récent, donc il y a un vrai problème de santé publique, qu'on doit regarder en face
JEAN-JACQUES BOURDIN
Justement, regardons-le en face
DELPHINE BATHO
Avec méthode.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Avec méthode.
DELPHINE BATHO
En prenant en compte aussi moi je pense que cette question de la fiscalité du diesel elle est sur le table pour cette raison-là
JEAN-JACQUES BOURDIN
Elle est sur la table.
DELPHINE BATHO
Qu'on ne peut l'aborder que de façon progressive, Jean-Jacques BOURDIN
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, augmentation progressive, mais je comprends ça, augmentation progressive de la fiscalité du diesel.
DELPHINE BATHO
Ce n'est pas décidé, c'est quelque chose qui est en train d'être étudié actuellement, et d'être discuté.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes favorable à cette augmentation progressive ?
DELPHINE BATHO
Je pense que ce sera incontournable, et si nous ne le faisons pas nous-mêmes vous savez, le précédent gouvernement a défendu cette position à Bruxelles, il faut quand même le dire, sans le dire honnêtement aux Français. La France, au niveau européen, a défendu le rapprochement de la fiscalité de l'essence et du diesel.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc il y aura une augmentation progressive de la fiscalité
DELPHINE BATHO
Ce n'est pas décidé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, mais vous y êtes favorable.
DELPHINE BATHO
Moi j'y suis favorable, je pense que c'est incontournable, et ça sera aussi quelque chose qui est attendu par le secteur des raffineries en France, puisque le paradoxe, Jean-Jacques BOURDIN, c'est qu'on importe du diesel et qu'on exporte de l'essence, donc ce sera aussi quelque chose de positif pour la balance commerciale.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Notre santé, vous voulez préserver notre santé, mais il faut aussi préserver les finances publiques de notre pays, Delphine BATHO, parce qu'elles ne sont pas au mieux. Le candidat François HOLLANDE, « 1,7 de croissance en 2013 », c'était en mai dernier, le président de la République, François HOLLANDE, à l'automne, « non non, pas 1,7, 0,8 de croissance en 2013. » Mois de janvier, fin janvier, début février, « ah non mais, 0,8, peut-être que nous sommes un peu optimistes. » Le ministre des Affaires étrangères, 0,2, 0,3. Et voilà maintenant que l'Europe pourrait nous annoncer, peut-être, une 0 ou un 0,1 de croissance pour la France en 2013. Il va falloir trouver, quoi, entre 10 et 15 milliards d'euros de plus, Delphine BATHO.
DELPHINE BATHO
Moi je ne veux pas commenter des chiffres qui seront officiels demain
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, non, je ne vous demande pas de les commenter mais, c'est une réalité, il va falloir trouver de l'argent.
DELPHINE BATHO
Il y a une difficulté économique qui ne concerne pas que la France d'ailleurs, donc il y a une dégradation et un durcissement de la crise, il ne faut pas le cacher. Il y a la nécessité de désendetter la France, c'est la stratégie sur laquelle on s'est engagé. On a déjà, Jean-Jacques BOURDIN, avec les mesures qu'on a pris l'année dernière, fait 2,4 milliards d'euros d'économies rien qu'en taux d'intérêts, ce que la France paye comme facture, parce qu'on a rétabli, avec le travail qu'ont fait Jérôme CAHUZAC et Pierre MOSCOVICI, on a rétabli la crédibilité budgétaire de la France, son sérieux, et on doit continuer dans cette voix, il faut faire des économies, moi je l'assume parfaitement, et ce sérieux budgétaire est indispensable. Et en même temps
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, est-ce qu'il faut faire des économies dans le domaine environnemental et écologique ?
DELPHINE BATHO
En même temps, Jean-Jacques BOURDIN, dans la crise, il faut avoir un coup d'avance, on ne peut pas seulement subir l'aggravation de la situation économique, et donc la politique du gouvernement c'est aussi celle du pacte de compétitivité pour donner des marges de manoeuvre aux entreprises, c'est aussi celle des investissements d'avenir, parce qu'il y a une manière d'investir 1 euro, aujourd'hui, qui peut permettre de créer des emplois et qui sont des investissements utiles, pour sortir de la crise, et c'est le cas des investissements écologiques.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parlons-en. Mi-septembre le président de la République est devant le Conseil Economique, Social et Environnemental, voilà ce qu'il dit : « l'une des grandes priorités du quinquennat sera l'isolation des bâtiments, la rénovation thermique, 75 000 emplois directs ou indirects devraient être créés, 500 000 logements concernés chaque année, coût 600 millions d'euros, pour renforcer le crédit d'impôt développement durable, afin que les propriétaires puissent engager ces travaux d'isolation et récupérer les sommes investies. » Ah ! Et Matignon vous dit « ce n'est pas une priorité. »
DELPHINE BATHO
Non, pas du tout.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ?
DELPHINE BATHO
Jean-Marc AYRAULT il pense tout à fait que c'est
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah bon ?
DELPHINE BATHO
Non, non, que c'est une priorité. Moi je me bats pour gagner des arbitrages, c'est normal, c'est le travail qui est attendu de moi.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire que
DELPHINE BATHO
Si on peut parler du fond
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'était l'une des grandes priorités du quinquennat à l'automne
DELPHINE BATHO
Ça l'est toujours.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça l'est toujours ?
DELPHINE BATHO
Absolument.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous avez cet argent, il va être débloqué cet argent ?
DELPHINE BATHO
Il va y avoir un engagement
JEAN-JACQUES BOURDIN
Un crédit d'impôt, il y aura un crédit d'impôt pour ceux ?
DELPHINE BATHO
Je vais répondre sur le crédit d'impôt. Il va y avoir un engagement de l'Etat, il va y avoir une mobilisation générale, c'est ce que nous avons dit hier avec Cécile DUFLOT, pour l'isolation des maisons. Je vais prendre un exemple pour qu'on comprenne.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Allez-y.
DELPHINE BATHO
Hier, la réalisation que nous visitions du programme « Habiter mieux. » une maison de 1956, le monsieur qui habite dedans, avant était chauffé au fuel, la chaudière est changée, on met une pompe à chaleur, on isole les fenêtres, la toiture et les murs, moralité il a gagné plus de la moitié de sa facture d'énergie. Il payait 4500 euros par an
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il va payer 2000.
DELPHINE BATHO
Il va payer 2000. Voilà.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je connais l'exemple.
DELPHINE BATHO
C'est considérable. Donc le problème, si je poursuis cet exemple-là, c'est que, il y a des aides, et il y a un reste à charge, et ce reste à charge, ce monsieur-là, dans l'exemple que je prends, peut l'amortir en 4 ans, et donc ce que nous voulons créer c'est un modèle de financement, par ce qu'on appelle le tiers financement, qui permette de financer, si vous voulez, ce reste à charge, par le remboursement sur les économies d'énergie. Donc, c'est le travail que Jean-Marc AYRAULT a demandé à la CAISSE DES DEPOTS ET CONSIGNATIONS, d'aller chercher cette modalité de financement innovante, pour financer les économies d'énergie.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc on n'a pas, pour l'instant, les 600 millions d'euros prévus ?
DELPHINE BATHO
Ça fait partie des discussions qui sont en cours au sein du gouvernement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous allez vous battre ?
DELPHINE BATHO
Oui. Mais nous sommes tous
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pour vous c'est une ligne rouge Delphine BATHO ?
DELPHINE BATHO
Moi je me bats pour convaincre que c'est une politique qui est utile.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce que, dites-moi, il va falloir trouver de l'argent, vous allez voir, les budgets de vos ministères vont être fermés, le robinet fermé.
DELPHINE BATHO
J'assume qu'il faille faire des économies dans les ministères.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Même chez vous ?
DELPHINE BATHO
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Même dans l'environnement, même dans un secteur qui est porteur d'avenir ?
DELPHINE BATHO
On en fait des économies, on a supprimé
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non non, mais attendez, vous allez en faire plus, vous allez en faire encore, vous pouvez en faire encore ?
DELPHINE BATHO
Mais comme tout le monde.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous pouvez ?
DELPHINE BATHO
Pas plus que tout le monde, c'est ça peut-être, pour répondre à votre question.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous pouvez couper attendez, c'est un domaine majeur, vous le savez bien, pour le développement de l'économie française, et on couperait des crédits accordés à ce secteur qui est si porteur d'espoir ?
DELPHINE BATHO
Moi j'assume le fait que ce ministère fasse comme les autres, des efforts, je demande qu'il ne fasse pas plus d'efforts que d'autres, parce que comme vous le dites, pour l'avenir de la France c'est absolument stratégique, et surtout ça crée de l'emploi, Jean-Jacques BOURDIN.
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'attends de voir venir ces 600 millions d'euros. J'attends de voir sur ce sujet. Nous verrons Delphine BATHO.
DELPHINE BATHO
Nous verrons alors.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Nous verrons quel sera l'arbitrage du Premier ministre sur la question.
DELPHINE BATHO
Mais vous verrez, il y aura un engagement très fort de l'Etat, mais pas sur le crédit d'impôt, Jean-Jacques BOURDIN, parce que le crédit d'impôt il concerne les gens qui sont imposables, il ne concerne pas la personne qui aujourd'hui a plus de 60 ans, qui habite dans le milieu rural, qui n'est pas imposable, et qui a un chauffage au fuel et une maison mal isolée. Et c'est ces personnes-là que nous voulons pouvoir toucher.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Que vous voulez aider.
DELPHINE BATHO
Absolument. C'est-à-dire qu'on veut pouvoir d'abord concentrer le soutien vers les personnes qui vivent aujourd'hui dans des passoirs thermiques et qui appartiennent aux catégories populaires et moyennes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Attention au renoncement, parce que vous savez, les renoncements, là ça plane au-dessus
DELPHINE BATHO
Il n'y aura pas de renoncement parce que, vous savez, Jean-Jacques BOURDIN, on n'a pas des milliers de façons de relancer l'économie aujourd'hui, et le secteur du bâtiment vous savez, le bon Dieu, quand le bâtiment va, tout va, et aujourd'hui, avec cet engagement national en faveur des économies d'énergie, dans les maisons, dans les logements, on peut créer des emplois.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Avec une TVA qui va augmenter, sur la rénovation.
DELPHINE BATHO
Oui, mais en même temps ils bénéficient du pacte de compétitivité, donc les entreprises ont aussi un soutien, plus fort qu'avant, grâce au pacte de compétitivité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Delphine BATHO, le gaz de schiste, j'ai lu Arnaud MONTEBOURG et vous aussi, je suis favorable à ce que les recherches sur le gaz de schiste soient conduites par une compagnie nationale, ça veut dire quoi ça ? Ça veut dire qu'il autorise les recherches sur le gaz de schiste, Arnaud MONTEBOURG ?
DELPHINE BATHO
Ecoutez, je pense qu'on vient de parler de la situation
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous l'avez appelé là, vous ne l'avez pas appelé là ?
DELPHINE BATHO
On vient de parler de la situation économique du pays, de l'état des finances publiques, et donc je pense qu'il n'y a pas d'argent à mettre aujourd'hui dans la recherche sur les gaz de schiste, en plus, les compagnies pétrolières ont fait l'année dernière des bénéfices très importants, les bénéfices les plus importants depuis l'année 2007, et donc moi, je ne crois pas qu'il y ait d'argent public à mettre dans les gaz de schiste
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous l'avez appelé, Arnaud MONTEBOURG, vous le lui avez dit ?
DELPHINE BATHO
Non, mais j'assume parfaitement ce débat, je suis prête à ce débat jusqu'au bout, Jean-Jacques BOURDIN, je pense que dans la politique de l'énergie, moi, je suis socialiste, et donc il y a aussi un enjeu
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous en parlez avec lui ?
DELPHINE BATHO
Oui, il y a aussi un enjeu de redistribution des richesses au travers de la politique de l'énergie, et la redistribution des richesses, ce n'est pas de demander à l'Etat de payer les recherches que les compagnies pétrolières peuvent payer elles-mêmes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vendredi dernier, le PDG de TOTAL était avec moi, il nous disait, il s'étonnait que la France soit l'un des seuls pays au monde à ne pas vouloir savoir quelle était la richesse de son sous-sol.
DELPHINE BATHO
Vous avez vu ce qui est en train de se passer en Allemagne, Jean-Jacques BOURDIN, je dis par rapport à « le seul pays au monde », l'Allemagne est en train d'adopter une législation sur la fracturation hydraulique, en suivant l'exemple de la France, vous avez vu ce qui est en train de se passer aux Etats-Unis, il y a eu 35.000 personnes qui ont manifesté en début de semaine, devant la Maison Blanche pour dénoncer les dégâts des gaz de schiste. Il y a un film qui va sortir le 13 mars en France avec Matt DAMON, sur comment a fonctionné cet essor des gaz de schiste aux Etats-Unis. Donc voilà, je pense que les choses ne sont pas aussi simples
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc on ne bouge pas, on ne revient pas sur toutes les décisions qui ont été prises
DELPHINE BATHO
Mais il y a une technique aujourd'hui, vous le savez très bien
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, je sais, je connais très bien le sujet
DELPHINE BATHO
Qui a des dégâts considérables.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon. Donc exploration/exploitation impossibles, on est d'accord, du gaz de schiste ?
DELPHINE BATHO
C'est la seule technique qui existe aujourd'hui, Jean-Jacques BOURDIN
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et dans le code minier, est-ce qu'on pourra explorer ou exploiter d'autres ressources ?
DELPHINE BATHO
Mais bien sûr, des ressources minières, oui, bien sûr.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ? Eh bien, l'huile de schiste par exemple ?
DELPHINE BATHO
Non, enfin, c'est la même chose, l'huile de schiste et gaz de schiste, c'est le même problème de fracturation hydraulique
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce n'est pas ce que nous dit Arnaud MONTEBOURG, il dit que c'est formidable, qu'il faut absolument aller chercher
DELPHINE BATHO
Alors, vous confondez peut-être avec le gaz de houille.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, le gaz de houille, oui, oui
DELPHINE BATHO
Ce n'est d'ailleurs pas un service à rendre au gaz de houille de le comparer au gaz de schiste.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, oui, vous avez raison, remarquez, oui, mais le gaz de houille ?
DELPHINE BATHO
Eh bien, le gaz de houille, il est exploité depuis 1992 en France, donc ce n'est pas une nouveauté.
JEAN-JACQUES BOURDIN
TOTAL ne s'y intéresse pas d'ailleurs, j'ai vu que TOTAL ne s'y intéresse pas
DELPHINE BATHO
Non, parce que, enfin, pour l'instant, si vous voulez, sur le gaz de houille, pour dire ce qui est, il y a des recherches, mais il n'y a pas eu la démonstration que ça pouvait être rentable d'exploiter cette ressource, et il n'y a pas de demande d'exploitation aujourd'hui en France du gaz de houille, mais c'est une question qu'on peut regarder.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les farines animales ?
DELPHINE BATHO
Oui ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Delphine BATHO, où est-ce qu'on en est ? Vous avez vu ça, avec effarement, j'imagine, tout à coup, Bruxelles qui décide qu'on va pouvoir nourrir les poissons d'élevage avec des farines animales.
DELPHINE BATHO
Oui, donc avec de la viande.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Avec de la viande.
DELPHINE BATHO
Oui, ce n'est pas dans la logique de la chaîne alimentaire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh bien oui, ça, on est bien d'accord. Alors, qu'allez-vous faire ?
DELPHINE BATHO
Donc ce qui se passe, c'est que la filière piscicole française, elle a un cahier des charges dans lequel elle interdit déjà les farines animales. Et donc ce que nous voulons, avec Stéphane Le FOLL, avec Guillaume GAROT, avec Frédéric CUVILLIER, c'est que lorsque vous allez acheter votre poisson, vous puissiez savoir que le poisson a été nourri sans farine animale
JEAN-JACQUES BOURDIN
On le saura ?
DELPHINE BATHO
Mais c'est le travail qui est en train d'être fait pour qu'il y ait un label
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce sera étiqueté ?
DELPHINE BATHO
Pour qu'il y ait un label !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y aura un label.
DELPHINE BATHO
Et qu'il y ait une information du consommateur
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et il y aura un label
DELPHINE BATHO
Vous comprenez, les producteurs font un effort de ne pas nourrir leurs poissons avec des farines animales, il faut qu'ils puissent valoriser cet effort
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais alors, si c'est absurde, pourquoi ne pas l'interdire en France ?
DELPHINE BATHO
Mais on s'est battu contre
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce qu'on ne peut pas ? Parce que l'Europe nous impose cette obligation ?
DELPHINE BATHO
Il y a un cadre européen qui nous engage, mais elle n'interdit pas
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qui nous contraint, qui nous contraint ?
DELPHINE BATHO
C'est au niveau européen que ces décisions sont prises aujourd'hui, dans l'agroalimentaire
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, donc on est contraint
DELPHINE BATHO
Dans beaucoup de domaines, on est contraint, mais on peut vous voyez faire appel
JEAN-JACQUES BOURDIN
Contourner
DELPHINE BATHO
Oui
JEAN-JACQUES BOURDIN
Contourner les prérogatives européennes
DELPHINE BATHO
Contourner, non, mais informer le consommateur, et que chacun, au moment de son choix, soit pleinement informé, et à partir de là, vous savez, en réorientant la consommation, c'est aussi un moyen de réorienter la production, et puis, le débat au niveau européen n'est pas fini.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 26 février 2013
Alors, parlons d'énergie. Est-ce que les prix de l'électricité vont augmenter de 30% d'ici la fin du quinquennat de François HOLLANDE ?
DELPHINE BATHO
C'est ce que dit la Commission de Régulation de l'Energie. Je rappelle que sous le précédent quinquennat les prix de l'électricité ont augmenté de 14%, et moi ma politique ne sera pas celle de l'impuissance face à la hausse des prix de l'énergie. Les gens voient les prix augmenter sur leur facture, ils se demandent où ça va s'arrêter, et ce problème, voyez, prouve que le débat sur la transition énergétique ce n'est pas un sujet lointain, c'est un sujet quotidien, dans la facture d'énergie des gens. Et donc on a les moyens d'agir, d'abord en étendant les tarifs sociaux de l'énergie, c'est ce qu'on a fait, c'est la décision que le gouvernement a pris, ce qui permet aujourd'hui de concerner 8 millions de Français, qui, par exemple pour quelqu'un qui se chauffe au gaz ça va faire une réduction de 200 euros par an de la facture de chauffage, donc c'est une mesure très importante. Ensuite, il y a le fait de permettre à tous les ménages d'accéder aux économies d'énergie, et donc de réduire leur facture de 25 à 30%.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On va en parler.
DELPHINE BATHO
On va en parler, c'est ce qui nous mobilisait hier avec Cécile DUFLOT, voilà les mesures qu'on peut prendre. Ensuite, il y a effectivement cette tendance structurelle qui je crois qu'il ne faut pas mentir il y a malheureusement
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça va augmenter.
DELPHINE BATHO
Non, il y a malheureusement aujourd'hui une hausse du pétrole, une hausse de l'électricité, donc il faut faire quelque chose. Donc j'ai annoncé hier à Henri PROGLIO, que j'allais demander à la Commission de Régulation de l'Energie un audit des coûts de production, des coûts commerciaux d'EDF, puisque vous savez qu'il y a un principe qui est que les prix doivent couvrir les coûts, et donc il faut qu'on sache ce qu'il y a derrière ces coûts.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sache quoi ? Qu'on sache, et qu'on contrôle, et qu'on regarde de près les dépenses d'EDF, le fonctionnement d'EDF ?
DELPHINE BATHO
Il y a besoin de transparence, il y a besoin
JEAN-JACQUES BOURDIN
D'un peu plus de transparence
DELPHINE BATHO
Il y a besoin que les Français comprennent ce qui est en train de se passer sur les prix de l'énergie, et que l'on y fasse
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire, ça veut dire quoi, ça veut dire qu'EDF fait trop de bénéfices ?
DELPHINE BATHO
Non, ça veut dire qu'il y a des investissements à faire, aujourd'hui, c'est une charge pour la nation, et que cette charge ne peut pas être insoutenable. Vous savez, on hérite déjà d'un boulot, puisque le précédent gouvernement a laissé une dette de 5 milliards d'euros, sur ce qu'on appelle la CSPE, la Contribution au Service Public de l'Electricité, qui est une dette qu'on doit résorber, et donc il faut regarder aujourd'hui le problème des prix de l'énergie en face pour pouvoir mieux protéger le pouvoir d'achat des Français. Moi je suis une battante, et je veux me battre pour protéger le pouvoir d'achat des Français.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça veut dire que 30%, vous dites non ? 30% d'ici 2017, vous dites non ?
DELPHINE BATHO
Ça veut dire qu'on n'est pas impuissant et qu'on a les moyens, Jean-Jacques BOURDIN, non seulement d'alléger la facture d'énergie des ménages
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous dites non
DELPHINE BATHO
Par les économies
JEAN-JACQUES BOURDIN
A une augmentation de 30% ?
DELPHINE BATHO
Par les économies d'énergie, et aussi celle de la France.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais ça j'ai compris, que vous allez vous battre
DELPHINE BATHO
Non, excusez-moi
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais ça veut dire non, pas d'augmentation, pas de 30% de hausse.
DELPHINE BATHO
Ça veut dire qu'il faut d'abord la transparence, ça veut dire qu'il faut, dans le débat national sur la transition énergétique, mettre cette question des coûts sur la table et regarder ce qui va se passer, parce que les Français veulent savoir où on va. On ne peut plus aborder cette question, du jour au lendemain, en étant au fil de l'eau.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, Delphine BATHO, les salariés d'EDF paient seulement 10% de leur facture d'électricité, est-ce normal ?
DELPHINE BATHO
Oui, parce que ça fait partie de leur statut.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il ne faut pas revenir là-dessus ?
DELPHINE BATHO
Ça fait partie, Jean-Jacques BOURDIN, de leur statut, comme d'autres salariés dans des entreprises privées peuvent avoir un véhicule, peuvent avoir tel ou tel avantage, c'est un avantage qui est fiscalisé
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il faut qu'on le garde.
DELPHINE BATHO
C'est une évolution qui a été faite ces dernières années, je constate que les gouvernements de droite ne l'ont pas supprimé, certainement parce que c'est un élément du statut social des agents de ces entreprises, et moi je préfère
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous ne le supprimerez pas.
DELPHINE BATHO
Je préfère le dire de façon honnête et claire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Delphine BATHO, puisqu'on parle d'électricité, on sait que, pour beaucoup, elle vient de l'énergie nucléaire, du nucléaire. Fessenheim, fermeture en 2016, vous confirmez ?
DELPHINE BATHO
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que d'autres centrales fermeront, après ?
DELPHINE BATHO
C'est l'objet du débat national sur la transition énergétique. Vous savez qu'on a fixé un objectif
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que vous êtes favorable à la fermeture de vieilles, d'autres vieilles centrales ?
DELPHINE BATHO
C'est une question qui se posera tôt ou tard. Vous savez qu'on a pour ambition de diminuer
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça elle se posera, oui, ça c'est sûr, tôt ou tard.
DELPHINE BATHO
De diminuer la part du nucléaire à l'horizon 2025
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est pour ça que je vous pose la question.
DELPHINE BATHO
Pour développer les énergies renouvelables, et un des enjeux du débat national sur la transition énergétique, ce n'est pas à moi seule de répondre à cette question
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, c'est certain.
DELPHINE BATHO
C'est à l'ensemble des Français de répondre à cette question.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous êtes favorable à la fermeture d'autres vieilles centrales ?
DELPHINE BATHO
Moi je suis favorable à l'évolution de la part du nucléaire, je crois que la France
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc à la fermeture d'autres vieilles centrales nucléaires ?
DELPHINE BATHO
La France a, Jean-Jacques BOURDIN, eu pendant longtemps un avantage compétitif sur un prix de l'énergie pas chère, qui a assuré notre indépendance nationale, notre sécurité d'approvisionnement en électricité, cet avantage nous devons le conserver, donc ça veut dire qu'il faut garder une part de nucléaire
JEAN-JACQUES BOURDIN
Du nucléaire.
DELPHINE BATHO
Moi je préfère le dire clairement, on en a besoin, et on continuera d'avoir besoin d'une part de nucléaire pour des raisons économiques évidentes, parce qu'on a fait un investissement dans les centrales nucléaires. Maintenant ces centrales, nécessitent aujourd'hui des investissements, de maintenance, de sécurité dans le cadre des normes post-Fukushima, et donc il va falloir examiner cette question. On a un parc de centrales nucléaires vieillissant
JEAN-JACQUES BOURDIN
Voilà.
DELPHINE BATHO
Cette question se posera, bien sûr.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Se posera, donc la fermeture de vieilles centrales nucléaires, des plus anciennes ?
DELPHINE BATHO
Oui, c'est d'ailleurs ce que nous faisons avec Fessenheim, l'enjeu c'est d'avoir aussi un exemple français, de démantèlement, parce que tôt ou tard cette question se posera et donc on ne peut pas, Jean-Jacques BOURDIN
JEAN-JACQUES BOURDIN
On fermera d'autres centrales, mais ça paraît logique Delphine BATHO.
DELPHINE BATHO
Non, on ne peut pas, on ne peut pas aller dans une situation où en 2025, parce qu'elles auront 40 ans, ou un petit peu plus tard si elles sont prolongées un petit peu, toutes les centrales nucléaires d'un tout, puisqu'elles ont été à peu près toutes construites dans la même période, devront s'arrêter parce qu'elles seront vieillissantes. Donc, c'est cette question-là aujourd'hui qu'il faut
JEAN-JACQUES BOURDIN
Petit à petit. On les fermera petit à petit.
DELPHINE BATHO
Non, qu'il faut anticiper, c'est maintenant qu'il faut répondre à votre question, c'est l'objet du débat national sur la transition énergétique, et je pense que votre question permet de mieux comprendre pourquoi on a besoin maintenant de ce débat, parce que ça fait trop longtemps que les décisions ont été reportées, et si on ne prend pas les décisions maintenant, en 2025, les générations futures se trouveront au pied du mur, avec des investissements insoutenables.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le diesel, Delphine BATHO, vous êtes ministre de l'Energie, ça rapporterait entre 3 et 4 milliards d'euros par an si l'on alignait la fiscalité du diesel sur celle de l'essence. On cherche de l'argent aujourd'hui.
DELPHINE BATHO
Ce n'est pas un sujet de recettes fiscales, la question
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah bon ?
DELPHINE BATHO
Non, c'est un problème de santé publique. Il y a aujourd'hui 40 000 décès prématurés chaque année liés à la pollution de l'atmosphère, et une des raisons de la pollution de l'atmosphère, dans les grandes villes notamment, c'est le problème du diesel, et notamment des vieux véhicules au diesel, par exemple les véhicules d'avant 1997, d'avant 2000, qui polluent 30 fois plus qu'un véhicule récent, donc il y a un vrai problème de santé publique, qu'on doit regarder en face
JEAN-JACQUES BOURDIN
Justement, regardons-le en face
DELPHINE BATHO
Avec méthode.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Avec méthode.
DELPHINE BATHO
En prenant en compte aussi moi je pense que cette question de la fiscalité du diesel elle est sur le table pour cette raison-là
JEAN-JACQUES BOURDIN
Elle est sur la table.
DELPHINE BATHO
Qu'on ne peut l'aborder que de façon progressive, Jean-Jacques BOURDIN
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, augmentation progressive, mais je comprends ça, augmentation progressive de la fiscalité du diesel.
DELPHINE BATHO
Ce n'est pas décidé, c'est quelque chose qui est en train d'être étudié actuellement, et d'être discuté.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes favorable à cette augmentation progressive ?
DELPHINE BATHO
Je pense que ce sera incontournable, et si nous ne le faisons pas nous-mêmes vous savez, le précédent gouvernement a défendu cette position à Bruxelles, il faut quand même le dire, sans le dire honnêtement aux Français. La France, au niveau européen, a défendu le rapprochement de la fiscalité de l'essence et du diesel.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc il y aura une augmentation progressive de la fiscalité
DELPHINE BATHO
Ce n'est pas décidé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, mais vous y êtes favorable.
DELPHINE BATHO
Moi j'y suis favorable, je pense que c'est incontournable, et ça sera aussi quelque chose qui est attendu par le secteur des raffineries en France, puisque le paradoxe, Jean-Jacques BOURDIN, c'est qu'on importe du diesel et qu'on exporte de l'essence, donc ce sera aussi quelque chose de positif pour la balance commerciale.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Notre santé, vous voulez préserver notre santé, mais il faut aussi préserver les finances publiques de notre pays, Delphine BATHO, parce qu'elles ne sont pas au mieux. Le candidat François HOLLANDE, « 1,7 de croissance en 2013 », c'était en mai dernier, le président de la République, François HOLLANDE, à l'automne, « non non, pas 1,7, 0,8 de croissance en 2013. » Mois de janvier, fin janvier, début février, « ah non mais, 0,8, peut-être que nous sommes un peu optimistes. » Le ministre des Affaires étrangères, 0,2, 0,3. Et voilà maintenant que l'Europe pourrait nous annoncer, peut-être, une 0 ou un 0,1 de croissance pour la France en 2013. Il va falloir trouver, quoi, entre 10 et 15 milliards d'euros de plus, Delphine BATHO.
DELPHINE BATHO
Moi je ne veux pas commenter des chiffres qui seront officiels demain
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, non, je ne vous demande pas de les commenter mais, c'est une réalité, il va falloir trouver de l'argent.
DELPHINE BATHO
Il y a une difficulté économique qui ne concerne pas que la France d'ailleurs, donc il y a une dégradation et un durcissement de la crise, il ne faut pas le cacher. Il y a la nécessité de désendetter la France, c'est la stratégie sur laquelle on s'est engagé. On a déjà, Jean-Jacques BOURDIN, avec les mesures qu'on a pris l'année dernière, fait 2,4 milliards d'euros d'économies rien qu'en taux d'intérêts, ce que la France paye comme facture, parce qu'on a rétabli, avec le travail qu'ont fait Jérôme CAHUZAC et Pierre MOSCOVICI, on a rétabli la crédibilité budgétaire de la France, son sérieux, et on doit continuer dans cette voix, il faut faire des économies, moi je l'assume parfaitement, et ce sérieux budgétaire est indispensable. Et en même temps
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, est-ce qu'il faut faire des économies dans le domaine environnemental et écologique ?
DELPHINE BATHO
En même temps, Jean-Jacques BOURDIN, dans la crise, il faut avoir un coup d'avance, on ne peut pas seulement subir l'aggravation de la situation économique, et donc la politique du gouvernement c'est aussi celle du pacte de compétitivité pour donner des marges de manoeuvre aux entreprises, c'est aussi celle des investissements d'avenir, parce qu'il y a une manière d'investir 1 euro, aujourd'hui, qui peut permettre de créer des emplois et qui sont des investissements utiles, pour sortir de la crise, et c'est le cas des investissements écologiques.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parlons-en. Mi-septembre le président de la République est devant le Conseil Economique, Social et Environnemental, voilà ce qu'il dit : « l'une des grandes priorités du quinquennat sera l'isolation des bâtiments, la rénovation thermique, 75 000 emplois directs ou indirects devraient être créés, 500 000 logements concernés chaque année, coût 600 millions d'euros, pour renforcer le crédit d'impôt développement durable, afin que les propriétaires puissent engager ces travaux d'isolation et récupérer les sommes investies. » Ah ! Et Matignon vous dit « ce n'est pas une priorité. »
DELPHINE BATHO
Non, pas du tout.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ?
DELPHINE BATHO
Jean-Marc AYRAULT il pense tout à fait que c'est
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah bon ?
DELPHINE BATHO
Non, non, que c'est une priorité. Moi je me bats pour gagner des arbitrages, c'est normal, c'est le travail qui est attendu de moi.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire que
DELPHINE BATHO
Si on peut parler du fond
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'était l'une des grandes priorités du quinquennat à l'automne
DELPHINE BATHO
Ça l'est toujours.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça l'est toujours ?
DELPHINE BATHO
Absolument.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous avez cet argent, il va être débloqué cet argent ?
DELPHINE BATHO
Il va y avoir un engagement
JEAN-JACQUES BOURDIN
Un crédit d'impôt, il y aura un crédit d'impôt pour ceux ?
DELPHINE BATHO
Je vais répondre sur le crédit d'impôt. Il va y avoir un engagement de l'Etat, il va y avoir une mobilisation générale, c'est ce que nous avons dit hier avec Cécile DUFLOT, pour l'isolation des maisons. Je vais prendre un exemple pour qu'on comprenne.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Allez-y.
DELPHINE BATHO
Hier, la réalisation que nous visitions du programme « Habiter mieux. » une maison de 1956, le monsieur qui habite dedans, avant était chauffé au fuel, la chaudière est changée, on met une pompe à chaleur, on isole les fenêtres, la toiture et les murs, moralité il a gagné plus de la moitié de sa facture d'énergie. Il payait 4500 euros par an
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il va payer 2000.
DELPHINE BATHO
Il va payer 2000. Voilà.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je connais l'exemple.
DELPHINE BATHO
C'est considérable. Donc le problème, si je poursuis cet exemple-là, c'est que, il y a des aides, et il y a un reste à charge, et ce reste à charge, ce monsieur-là, dans l'exemple que je prends, peut l'amortir en 4 ans, et donc ce que nous voulons créer c'est un modèle de financement, par ce qu'on appelle le tiers financement, qui permette de financer, si vous voulez, ce reste à charge, par le remboursement sur les économies d'énergie. Donc, c'est le travail que Jean-Marc AYRAULT a demandé à la CAISSE DES DEPOTS ET CONSIGNATIONS, d'aller chercher cette modalité de financement innovante, pour financer les économies d'énergie.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc on n'a pas, pour l'instant, les 600 millions d'euros prévus ?
DELPHINE BATHO
Ça fait partie des discussions qui sont en cours au sein du gouvernement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous allez vous battre ?
DELPHINE BATHO
Oui. Mais nous sommes tous
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pour vous c'est une ligne rouge Delphine BATHO ?
DELPHINE BATHO
Moi je me bats pour convaincre que c'est une politique qui est utile.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce que, dites-moi, il va falloir trouver de l'argent, vous allez voir, les budgets de vos ministères vont être fermés, le robinet fermé.
DELPHINE BATHO
J'assume qu'il faille faire des économies dans les ministères.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Même chez vous ?
DELPHINE BATHO
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Même dans l'environnement, même dans un secteur qui est porteur d'avenir ?
DELPHINE BATHO
On en fait des économies, on a supprimé
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non non, mais attendez, vous allez en faire plus, vous allez en faire encore, vous pouvez en faire encore ?
DELPHINE BATHO
Mais comme tout le monde.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous pouvez ?
DELPHINE BATHO
Pas plus que tout le monde, c'est ça peut-être, pour répondre à votre question.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous pouvez couper attendez, c'est un domaine majeur, vous le savez bien, pour le développement de l'économie française, et on couperait des crédits accordés à ce secteur qui est si porteur d'espoir ?
DELPHINE BATHO
Moi j'assume le fait que ce ministère fasse comme les autres, des efforts, je demande qu'il ne fasse pas plus d'efforts que d'autres, parce que comme vous le dites, pour l'avenir de la France c'est absolument stratégique, et surtout ça crée de l'emploi, Jean-Jacques BOURDIN.
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'attends de voir venir ces 600 millions d'euros. J'attends de voir sur ce sujet. Nous verrons Delphine BATHO.
DELPHINE BATHO
Nous verrons alors.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Nous verrons quel sera l'arbitrage du Premier ministre sur la question.
DELPHINE BATHO
Mais vous verrez, il y aura un engagement très fort de l'Etat, mais pas sur le crédit d'impôt, Jean-Jacques BOURDIN, parce que le crédit d'impôt il concerne les gens qui sont imposables, il ne concerne pas la personne qui aujourd'hui a plus de 60 ans, qui habite dans le milieu rural, qui n'est pas imposable, et qui a un chauffage au fuel et une maison mal isolée. Et c'est ces personnes-là que nous voulons pouvoir toucher.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Que vous voulez aider.
DELPHINE BATHO
Absolument. C'est-à-dire qu'on veut pouvoir d'abord concentrer le soutien vers les personnes qui vivent aujourd'hui dans des passoirs thermiques et qui appartiennent aux catégories populaires et moyennes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Attention au renoncement, parce que vous savez, les renoncements, là ça plane au-dessus
DELPHINE BATHO
Il n'y aura pas de renoncement parce que, vous savez, Jean-Jacques BOURDIN, on n'a pas des milliers de façons de relancer l'économie aujourd'hui, et le secteur du bâtiment vous savez, le bon Dieu, quand le bâtiment va, tout va, et aujourd'hui, avec cet engagement national en faveur des économies d'énergie, dans les maisons, dans les logements, on peut créer des emplois.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Avec une TVA qui va augmenter, sur la rénovation.
DELPHINE BATHO
Oui, mais en même temps ils bénéficient du pacte de compétitivité, donc les entreprises ont aussi un soutien, plus fort qu'avant, grâce au pacte de compétitivité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Delphine BATHO, le gaz de schiste, j'ai lu Arnaud MONTEBOURG et vous aussi, je suis favorable à ce que les recherches sur le gaz de schiste soient conduites par une compagnie nationale, ça veut dire quoi ça ? Ça veut dire qu'il autorise les recherches sur le gaz de schiste, Arnaud MONTEBOURG ?
DELPHINE BATHO
Ecoutez, je pense qu'on vient de parler de la situation
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous l'avez appelé là, vous ne l'avez pas appelé là ?
DELPHINE BATHO
On vient de parler de la situation économique du pays, de l'état des finances publiques, et donc je pense qu'il n'y a pas d'argent à mettre aujourd'hui dans la recherche sur les gaz de schiste, en plus, les compagnies pétrolières ont fait l'année dernière des bénéfices très importants, les bénéfices les plus importants depuis l'année 2007, et donc moi, je ne crois pas qu'il y ait d'argent public à mettre dans les gaz de schiste
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous l'avez appelé, Arnaud MONTEBOURG, vous le lui avez dit ?
DELPHINE BATHO
Non, mais j'assume parfaitement ce débat, je suis prête à ce débat jusqu'au bout, Jean-Jacques BOURDIN, je pense que dans la politique de l'énergie, moi, je suis socialiste, et donc il y a aussi un enjeu
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous en parlez avec lui ?
DELPHINE BATHO
Oui, il y a aussi un enjeu de redistribution des richesses au travers de la politique de l'énergie, et la redistribution des richesses, ce n'est pas de demander à l'Etat de payer les recherches que les compagnies pétrolières peuvent payer elles-mêmes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vendredi dernier, le PDG de TOTAL était avec moi, il nous disait, il s'étonnait que la France soit l'un des seuls pays au monde à ne pas vouloir savoir quelle était la richesse de son sous-sol.
DELPHINE BATHO
Vous avez vu ce qui est en train de se passer en Allemagne, Jean-Jacques BOURDIN, je dis par rapport à « le seul pays au monde », l'Allemagne est en train d'adopter une législation sur la fracturation hydraulique, en suivant l'exemple de la France, vous avez vu ce qui est en train de se passer aux Etats-Unis, il y a eu 35.000 personnes qui ont manifesté en début de semaine, devant la Maison Blanche pour dénoncer les dégâts des gaz de schiste. Il y a un film qui va sortir le 13 mars en France avec Matt DAMON, sur comment a fonctionné cet essor des gaz de schiste aux Etats-Unis. Donc voilà, je pense que les choses ne sont pas aussi simples
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc on ne bouge pas, on ne revient pas sur toutes les décisions qui ont été prises
DELPHINE BATHO
Mais il y a une technique aujourd'hui, vous le savez très bien
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, je sais, je connais très bien le sujet
DELPHINE BATHO
Qui a des dégâts considérables.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon. Donc exploration/exploitation impossibles, on est d'accord, du gaz de schiste ?
DELPHINE BATHO
C'est la seule technique qui existe aujourd'hui, Jean-Jacques BOURDIN
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et dans le code minier, est-ce qu'on pourra explorer ou exploiter d'autres ressources ?
DELPHINE BATHO
Mais bien sûr, des ressources minières, oui, bien sûr.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ? Eh bien, l'huile de schiste par exemple ?
DELPHINE BATHO
Non, enfin, c'est la même chose, l'huile de schiste et gaz de schiste, c'est le même problème de fracturation hydraulique
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce n'est pas ce que nous dit Arnaud MONTEBOURG, il dit que c'est formidable, qu'il faut absolument aller chercher
DELPHINE BATHO
Alors, vous confondez peut-être avec le gaz de houille.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, le gaz de houille, oui, oui
DELPHINE BATHO
Ce n'est d'ailleurs pas un service à rendre au gaz de houille de le comparer au gaz de schiste.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, oui, vous avez raison, remarquez, oui, mais le gaz de houille ?
DELPHINE BATHO
Eh bien, le gaz de houille, il est exploité depuis 1992 en France, donc ce n'est pas une nouveauté.
JEAN-JACQUES BOURDIN
TOTAL ne s'y intéresse pas d'ailleurs, j'ai vu que TOTAL ne s'y intéresse pas
DELPHINE BATHO
Non, parce que, enfin, pour l'instant, si vous voulez, sur le gaz de houille, pour dire ce qui est, il y a des recherches, mais il n'y a pas eu la démonstration que ça pouvait être rentable d'exploiter cette ressource, et il n'y a pas de demande d'exploitation aujourd'hui en France du gaz de houille, mais c'est une question qu'on peut regarder.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les farines animales ?
DELPHINE BATHO
Oui ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Delphine BATHO, où est-ce qu'on en est ? Vous avez vu ça, avec effarement, j'imagine, tout à coup, Bruxelles qui décide qu'on va pouvoir nourrir les poissons d'élevage avec des farines animales.
DELPHINE BATHO
Oui, donc avec de la viande.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Avec de la viande.
DELPHINE BATHO
Oui, ce n'est pas dans la logique de la chaîne alimentaire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh bien oui, ça, on est bien d'accord. Alors, qu'allez-vous faire ?
DELPHINE BATHO
Donc ce qui se passe, c'est que la filière piscicole française, elle a un cahier des charges dans lequel elle interdit déjà les farines animales. Et donc ce que nous voulons, avec Stéphane Le FOLL, avec Guillaume GAROT, avec Frédéric CUVILLIER, c'est que lorsque vous allez acheter votre poisson, vous puissiez savoir que le poisson a été nourri sans farine animale
JEAN-JACQUES BOURDIN
On le saura ?
DELPHINE BATHO
Mais c'est le travail qui est en train d'être fait pour qu'il y ait un label
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce sera étiqueté ?
DELPHINE BATHO
Pour qu'il y ait un label !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y aura un label.
DELPHINE BATHO
Et qu'il y ait une information du consommateur
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et il y aura un label
DELPHINE BATHO
Vous comprenez, les producteurs font un effort de ne pas nourrir leurs poissons avec des farines animales, il faut qu'ils puissent valoriser cet effort
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais alors, si c'est absurde, pourquoi ne pas l'interdire en France ?
DELPHINE BATHO
Mais on s'est battu contre
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce qu'on ne peut pas ? Parce que l'Europe nous impose cette obligation ?
DELPHINE BATHO
Il y a un cadre européen qui nous engage, mais elle n'interdit pas
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qui nous contraint, qui nous contraint ?
DELPHINE BATHO
C'est au niveau européen que ces décisions sont prises aujourd'hui, dans l'agroalimentaire
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, donc on est contraint
DELPHINE BATHO
Dans beaucoup de domaines, on est contraint, mais on peut vous voyez faire appel
JEAN-JACQUES BOURDIN
Contourner
DELPHINE BATHO
Oui
JEAN-JACQUES BOURDIN
Contourner les prérogatives européennes
DELPHINE BATHO
Contourner, non, mais informer le consommateur, et que chacun, au moment de son choix, soit pleinement informé, et à partir de là, vous savez, en réorientant la consommation, c'est aussi un moyen de réorienter la production, et puis, le débat au niveau européen n'est pas fini.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 26 février 2013