Interview de M. Manuel Valls, Premier ministre, à Europe 1 le 16 mai 2014, sur le décret étendant à l'énergie et aux transports le mécanisme de protection des entreprises "stratégiques", la baisse de l'impôt sur le revenu pour les ménages à faible revenu et la mise en oeuvre de la loi de programmation militaire.

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Média : Europe 1

Texte intégral

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Bienvenue Monsieur le Premier ministre.
MANUEL VALLS
Bonjour.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On vous prête deux qualités, le courage et la vérité, nous allons voir ce matin. Manuel VALLS, bonjour, et encore une fois merci d'être là. ORANGE plus BOUYGUES, c'est bien ?
MANUEL VALLS
Moi je n'ai pas vocation à commenter des rumeurs, qui ont d'ailleurs été démenties par les intéressés. Je rappelle qu'il s'agit d'entreprises cotées, et donc il faut de la retenue dans ce domaine-là. En tout cas sachez qu'Arnaud MONTEBOURG et Axelle LEMAIRE, qui sont les ministres en charge de ces dossiers, suivent avec beaucoup d'attention ce secteur, des télécoms, avec deux priorités, l'emploi et l'investissement.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais est-ce que l'Etat encourage – vous dites que l'Etat n'est pas tellement au courant, vous dites ce sont des rumeurs – mais est-ce que l'Etat encourage parce que les deux sont français ?
MANUEL VALLS
L'Etat a une préoccupation, c'est favoriser l'investissement et l'emploi, et sur des secteurs aussi sensibles et aussi stratégiques que celui-ci, et il faut être dans la discrétion et ne pas commenter les rumeurs.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
La philosophie du gouvernement de gauche, Manuel VALLS, est-ce d'attirer les investissements étrangers, pas n'importe lesquels, mais intervenir, empêcher et protéger ?
MANUEL VALLS
Notre stratégie est bien sûr de faire en sorte que notre pays, notre économie, nos industries, soient davantage attractifs, c'est la stratégie qui est la nôtre, et c'est pour cela aussi que dans le Pacte de responsabilité, de solidarité, nous soutenons d'abord les entreprises, par la baisse du coût du travail, pour favoriser, et l'investissement, et l'emploi. Et en même temps un Etat doit être stratège, il doit se protéger, et vous y faites référence, défendre nos intérêts stratégiques, dans toute une série de secteurs, c'est vrai pour l'eau, la santé, l'énergie, les transports, les télécoms, et nous nous sommes dotés d'une arme qui, me semble-t-il, est juste et proportionnée.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et alors, est-ce que ce que disait le 17 février 2014 à l'Elysée le président de la République reste valable ? Il disait « nous n'avons pas peur des capitaux qui viennent s'investir en France. Nous ne voulons pas nous protéger, nous n'avons pas une conception qui serait étriquée de notre intérêt national. »
MANUEL VALLS
La France est totalement ouverte aux investissements étrangers, mais on ne peut pas laisser faire, et encore moins laisser dépecer nos entreprises. Nous devons…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais est-ce que vous dites ce matin, ceux qui sont à l'étranger, qui étaient venus à Paris il n'y a pas longtemps, des Anglais, des Allemands, des Chinois, des Américains, venez toujours, mais il y a certains secteurs qui seront un peu contrôlés, mais venez toujours, est-ce que vous le dites ?
MANUEL VALLS
Ils le savent parfaitement, parce qu'ils viennent souvent de pays où ces armes, pour empêcher le dépeçage des entreprises, existent. C'est vrai en Grande-Bretagne, il y a d'ailleurs tout un débat autour de PFIZER, c'est vrai en Italie, et c'est vrai surtout aux Etats-Unis avec ce système CFIUS qui a permis déjà en 2012, au gouvernement américain, de contrôler, de vérifier, plus d'une centaine d'entreprises, et de notifier, d'ailleurs, pour 10 d'entre elles, un retrait ou un blocage, et cela a concerné, parfois, des entreprises françaises, je pense à ALCATEL ou à SAFRAN. Nous nouons des alliances, non aux dépeçages, oui aux alliances, c'est vrai dans le cas d'AIRBUS, c'est vrai dans le cas de PSA.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On va voir avec ALSTOM le moment venu.
MANUEL VALLS
La France est ouverte aux investissements, mais il nous fait protéger nos secteurs stratégiques et bâtir de grandes stratégies industrielles au niveau européen et mondial.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Au passage, comment appeler le décret qui donne justement à l'Etat un droit de veto, est-ce que c'est le décret VALLS, vous l'avez signé, le décret MONTEBOURG, ou le décret ALSTOM ?
MANUEL VALLS
C'est le décret du gouvernement de la France que j'ai signé avec Arnaud MONTEBOURG…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, mais un jour on dit le décret du gouvernement de la France, ou on dit décret X, VALLS…
MANUEL VALLS
C'est le décret de la France pour protéger, il ne s'agit pas là de tirer la couverture à soi, il s'agit d'abord de favoriser l'investissement et l'emploi.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Monsieur le Premier ministre, avec une croissance zéro comment en trois trimestres vous atteindrez 1 % de croissance ?
MANUEL VALLS
Vous savez, tous les instituts nous laissent penser que nous atteindrons cet objectif, mais l'essentiel n'est pas là. Il y a une reprise de la croissance, en Europe, et aussi en France…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On en bénéficie moins que d'autres.
MANUEL VALLS
Nous sommes sortis de la phase de récession, mais elle est beaucoup trop faible, vous avez raison, donc tout doit être fait pour la soutenir, et c'est toute la stratégie qui a été annoncée par le président de la République en janvier dernier, je vous le disais il y a un instant, le pacte pour favoriser la compétitivité, l'attractivité, le soutien aux entreprises…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Très bien, mais à quel moment on en verra les résultats ? Parce que pour le moment c'est, Allemagne +0,8, France 0. Elle nous bat encore et elle creuse l'écart. Ça veut dire que le retournement n'arrive pas, pas encore, mais est-ce qu'on va se retourner, je parle au niveau de la France, ou on va s'enfoncer ?
MANUEL VALLS
Il y a une cohérence de notre politique, le pacte, la réduction des déficits, les mesures de soutien au pouvoir d'achat, pour les bas salaires et à travers la baisse des prélèvements obligatoires, nous y reviendrons, j'imagine, dans un instant…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Tout de suite.
MANUEL VALLS
Et les grandes réformes structurelles, c'est vrai pour la transition énergétique, mais c'est vrai aussi, d'abord, pour notre millefeuille territorial. Je voudrais vous dire une seule chose là-dessus. Nous avons une dépense publique qui représente 57 % de notre Produit Intérieur Brut, de notre richesse nationale, nous ne pouvons plus supporter cela. Il nous faut baisser nos dépenses publiques pour retrouver nos marges. Les Allemands l'ont fait pendant des années, aujourd'hui ils peuvent investir dans leur économie 50 milliards. C'est bon pour l'Allemagne, c'est bon pour l'Europe, et cela peut même contribuer à faire baisser l'euro. Donc, dans notre politique, il y a d'abord ce sérieux, cette cohérence, qui vise à soutenir notre économie.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et puis comme vous dites que l'impôt tue l'impôt, ou trop d'impôts tuent l'impôt, c'est bien de le dire maintenant, votre stratégie reste toujours de baisser les impôts ?
MANUEL VALLS
Oui, bien sûr, mais il y a une stratégie de baisse de la dépense publique, de baisse des impôts, parce que, d'une part, nous avons vécu pendant des années au-dessus de nos moyens, la dette et l'endettement ont … la dette publique et l'endettement ont explosé au cours de ces dix dernières années, et notamment sous la présidence de Nicolas SARKOZY, aujourd'hui nous devons baisser cette dette, nous devons baisser ces déficits, et nous devons, aussi, baisser les impôts, les deux sont liés parce que nous devons favoriser la compétitivité de notre pays.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est peut-être plus facile parce qu'on commence à sortir de la crise. Les socialistes ont voté la loi qui prévoit pour 2014 plus de 4,5 milliards d'impôts supplémentaires par rapport à 2013. Vous avez promis, Manuel VALLS, de corriger, ou de compenser, en sortant de l'impôt sur le revenu, dans un premier temps vous avez dit 650.000 foyers fiscaux, peut-être davantage. Alors, est-ce que c'est le jour, là, aujourd'hui, de votre geste fiscal ?
MANUEL VALLS
J'ai déjà dit, vous l'avez rappelé il y a un instant, qu'il y avait trop d'impôts. En 2010 il y avait 17 millions de Français qui payaient l'impôt sur le revenu, suite à toutes les mesures qui ont été prises d'abord par la droite, mais, il faut aussi le reconnaître, depuis 2012. En 2013, le chiffre des Français qui payent l'impôt sur le revenu atteint 20 millions. C'est insupportable.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors, cette fois-ci… alors aujourd'hui…
MANUEL VALLS
Donc il faut prendre un certain nombre de mesures pour faire sortir d'abord, et de manière lisible, claire, et massive, beaucoup de Français qui payent l'impôt sur le revenu.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Combien de Français ?
MANUEL VALLS
La mesure que nous allons prendre permettra à 1,8 million de ménages de sortir de l'impôt sur le revenu.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
1,8 million ?
MANUEL VALLS
De ne plus être soumis à l'impôt, et la mesure…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire 3 fois plus que ce qui avait été annoncé initialement.
MANUEL VALLS
Absolument, parce que nous avons regardé de près les choses avec le président de la République, avec les ministres en charge des Finances et du Budget, Michel SAPIN et Christian ECKERT, et nous avons pensé qu'il fallait une mesure encore plus forte pour montrer aux Français notre engagement. Il faut sortir de cette logique de l'impôt qui empêche, qui entrave, qui empêche les ménages de consommer, et qui empêche notre économie de retrouver la compétitivité. La mesure va bénéficier à plus de 3 millions de ménages, elle va faire sortir de l'impôt sur le revenu 1,8 million de ménages.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ça représente, pour Bercy et pour vous, quel montant ?
MANUEL VALLS
C'est 1 milliard d'euros d'impôts en moins, 1 milliard d'euros de pouvoir d'achat en plus, pour les Français, et notamment les plus modestes, et la mesure sera en grande partie financée grâce à la lutte contre la fraude fiscale. Nous avions déjà provisionné 500 millions d'euros, cela nous permettra d'atteindre ce milliard.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc, 1 milliard sur les 4,5 milliards, qui seront…
MANUEL VALLS
Oui, mais il faut être précis, parce que…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, oui…
MANUEL VALLS
Quand on parle aux Français, il faut des exemples précis.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Qui est concerné ?
MANUEL VALLS
Pour un célibataire ça sera un revenu fiscal d'environ 14.000 euros, soit pour un salarié, un peu plus que le SMIC, autour donc de 1,1 SMIC, et pour un couple avec 3 enfants il sera d'environ 38.000 euros. De combien sera la baisse ? C'est votre question. Pour les Français concernés l'impôt sera réduit de 350 euros pour un célibataire, et il sera réduit de 700 euros pour un couple.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et un couple de retraités qui a eu 3 enfants et qui a deux retraites, qui touche deux SMIC, est-ce que ce couple verra ses impôts augmenter ou baisser ?
MANUEL VALLS
Alors, prenons trois exemples. Un couple de retraités percevant chacun une pension de 1200 euros, verra son impôt passer d'environ 1000 euros à environ 300 euros. Deux autres exemples. Un salarié célibataire au SMIC verra son impôt totalement annulé, il bénéficiera donc d'une restitution plus importante, au titre de la prime pour l'emploi, d'environ 170 euros. Dernier exemple. Un couple de salariés avec 2 enfants et un salaire brut d'environ 3600 euros par mois, à deux, verra son impôt annulé, alors qu'il est actuellement d'environ 700 euros. Ce sont des exemples précis.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ce sont des questions importantes et avec des exemples. Ça veut dire que pour le 1,8 million, ceux-là voient leur impôt annulé ?
MANUEL VALLS
Ils voient leur impôt annulé, et, c'est important de le dire maintenant. Pourquoi je fais cette annonce ? Parce que nous préparons la loi de Finances rectificative, qui sera votée avant l'été, et parce que, surtout, nos concitoyens sont en train de faire les déclarations d'impôts, et depuis 5 ans ils subissent des augmentations d'impôts, c'est trop, d'où, non pas le geste, d'où le choix…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est effectif à partir de la rentrée ?
MANUEL VALLS
C'est applicable…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est pour 2014 ?
MANUEL VALLS
Ça sera applicable pour l'automne, pour octobre, quand on reçoit ses feuilles d'impôt. Ce n'est pas, Jean-Pierre ELKABBACH, ce n'est pas un geste, c'est un acte, au coeur d'une stratégie pour rendre du pouvoir d'achat à nos compatriotes, qui s'ajoute déjà aux choix que nous avons faits, et qui s'appliqueront au 1er janvier 2015, et qui concernent là aussi les revenus les plus modestes, les couches populaires, mais aussi les classes moyennes, qui bénéficieront, comme vous le savez…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Quand viendra le tour des classes moyennes ? Vous avez dit que vous les baisseriez vers 2015…
MANUEL VALLS
Mais là aussi il y a des classes moyennes qui sont concernées, et notamment les classes moyennes qu'on pourrait appeler inférieures qui ont subi les hausses d'impôt, qui sont rentrées dans l'impôt …
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et les autres, les supérieures par rapport aux inférieures, c'est quand ?
MANUEL VALLS
Ce sera tout le débat de la loi de finances 2015, et il faut là aussi être au clair, il faut faire baisser les impôts dans notre pays pour redonner du pouvoir d'achat à nos concitoyens aux couches populaires comme aux classes moyennes.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que ces décisions, monsieur le Premier sont également valables pour 2015 ?
MANUEL VALLS
Cette mesure concerne, je vous le disais, l'impôt payé à la rentrer en septembre 2014 sur les revenus de l'année 2013. Dans le débat que nous aurons, et nous venons d'en parler pour 2015-2016-2017, il faudra intégrer d'autres mesures et on verra si ce type de mesure se poursuit ou on la corrige, ou on l'intègre dans une autre réforme de l'impôt sur le revenu.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que vous allez décider également des aménagements ou des délais sur l'entrée de la taxe d'habitation, on en parlait tout à l'heure, avec Anne-Laure JUMET.
MANUEL VALLS
J'ai également demandé au gouvernement, et nous allons beaucoup en discuter avec les Parlementaires au cours de ce mois de juin, de travailler à une mesure qui améliore l'articulation entre la fiscalité locale et l'impôt sur le revenu. Mais en faisant sortir 1, 8 million de ménages de l'impôt sur le revenu, ils vont sortir automatiquement ou ils vont bénéficier de dégrèvement concernant l'impôt local.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous savez ce qu'on dit de ce qui n'est pas geste est pour vous un acte, que c'est un acte politique, de court terme, et un acte électoraliste.
MANUEL VALLS
Mais on ne peut pas d'un côté constater ou se plaindre de l'augmentation des impôts et considérer que cet acte que je viens de vous annoncer serait un geste électoraliste ? Nous tirons les leçons et d'abord le président de la République du message que les Français nous ont fait passer à l'occasion des élections municipales.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais il y a les élections européennes dans pas longtemps et l'année prochaine vous aurez peut-être des élections régionales ou un peu plus tard ? Donc la mesure peut-être prolongée.
MANUEL VALLS
Moi je n'ai qu'un seul objectif, que les Français vivent mieux. Je n'ai qu'un seul objectif, l'intérêt général. Je n'ai qu'un seul objectif, mettre en oeuvre les orientations que le président de la République a décidé, redonner du pouvoir d'achat, renforcer notre industrie, renforcer nos PME, soutenir ….
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Justement, on va voir, Manuel VALLS, vous n'appréciez pas les dissimulateurs, et vous aimez la vérité. Monsieur le Premier ministre, est-ce vous qui avez réclamé et obtenu de Bercy, ou de je ne sais pas qui, de nouvelles économies sur les crédits de la Défense ? Pendant trois ans ce sera moins 2 milliards par an pendant trois ans, est-ce que vous le confirmez ?
MANUEL VALLS
Ce sont des chiffres tout à fait fantaisistes.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Quels sont les vrais chiffres alors, pour ne pas rester dans la fantaisie, quelle est la vérité ?
MANUEL VALLS
Une loi de programmation militaire a été votée, elle doit s'appliquer pendant cinq ans. C'est important pour notre souveraineté.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que vous dites qu'elle reste valable ? On va essayer d'être très clair, est-ce qu'elle reste valable ?
MANUEL VALLS
Elle reste totalement valable. Ça ne veut pas dire qu'il ne peut pas y avoir ici ou là des ajustements…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est quoi ici ou là et des montants.
MANUEL VALLS
Nous verrons, mais les montants qui ont été annoncés n'ont rien à voir avec la réalité. La loi de programmation militaire a été votée, le président de la République est engagé, parce qu'il est lui le garant de notre souveraineté, et je veux apporter encore une fois un soutien à nos armées, qui interviennent sur les théâtres extérieurs, et c'est important aussi pour nos industries de défense. Donc la LPM, la loi de programmation militaire, sera mise en oeuvre.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et vous dites ici qu'il n'y aura pas d'augmentation ni de 2 milliards, ni de 1 milliard, soyons précis ?
MANUEL VALLS
Non mais ces chiffres qui ont été annoncés n'ont rien…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ce qui est formidable c'est que vous … les vrais.
MANUEL VALLS
Mais les vrais vous les connaissez Jean-Pierre ELKABBACH.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non…
MANUEL VALLS
C'est la loi de programmation militaire. De l'autre côté nous devons faire des économies, 50 milliards, je l'ai annoncé, ça n'a jamais été fait dans ce pays….
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Très bien très bien.
MANUEL VALLS
Ca n'a jamais été fait.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
La loi de programmation militaire a été douloureuse, a été calculée, élaborée par Jean-Yves LE DRIAN et les chefs des armées. Est-ce qu'on en reste là où vous allez leur demander un effort ?
MANUEL VALLS
Nous en resterons là, s'il y a des efforts possibles qui ne remettent pas en cause le format de nos armées, notre capacité à intervenir à l'extérieur et nos industries de défense, ces efforts seront trouvés, mais le cadre a été défini et il sera respecté.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ca veut dire que le président de la République qui s'est engagé à trois reprises à sanctuariser le budget de la Défense, prévu jusqu'en 2019, la loi de programmation militaire, cela reste vrai ? Quand il va parler il va le dire lui-même ?
MANUEL VALLS
Le président de la République s'exprime suffisamment régulièrement pour pouvoir le dire, mais vous savez pour moi c'est un plaisir de travailler avec un président de la République qui prend des engagements devant les Français et qui les tient, je viens d'en faire la démonstration pour ce qui concerne la baisse de la fiscalité.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il y avait une inquiétude de l'armée etc, qu'est-ce qu'il faut pour que vos relations restent bonnes avec François HOLLANDE ?
MANUEL VALLS
Mais elles sont forcément bonnes parce que nous n'avons qu'un seul objectif tous les deux, c'est la réussite de notre pays.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous avancez, vous apprenez, vous improvisez, Manuel VALLS, vous anticipez, est-ce que pour vous il y a un style ou une méthode VALLS ?
MANUEL VALLS
Mais moi je n'ai pas besoin d'écrire ma méthode et mon style, il y a un besoin de vérité, vous le rappeliez tout à l'heure, et ce besoin de vérité je le tiendrais parce que la parole publique est devenue, et je l'ai dit souvent, une langue morte, et ce besoin de vérité nous l'appliquerons dans tous les domaines et je crois que je viens d'en faire la démonstration, la nécessité de la réforme, ce qui implique évidemment d'aller vite. Voilà je pense … les éléments qui peuvent peut-être vous conduire à décrire ma méthode, mais ce qui intéresse les Français c'est l'efficacité, ce sont des résultats.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc la cohérence et la discipline dans les rangs ?
MANUEL VALLS
Mais la cohérence, l'exemplarité de ceux qui gouvernent sont indispensables aux yeux des Français. Ceux qui souffrent, ceux qui sont au chômage, ceux qui ont vu leur pouvoir d'achat érodé, ceux qui ont vu leur feuille d'impôt augmenter, ceux qui ne peuvent plus se payer des loisirs, ils ont besoin de responsables politiques et notamment de ceux qui gouvernent qu'ils soient solidaires et qu'ils n'ont qu'un seul objectif le redressement du pays.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous vous êtes engagé pour l'Europe, une question, les sondages donnent un front national à 25, l'UMP à 21 et le PS à 18, un peu mieux. Qui préférez vous voir en tête ? Le front national ou l'UMP ?
MANUEL VALLS
Je suis profondément patriote français et parce que je suis profondément français et patriote je suis profondément européen. L'Europe reste une magnifique idée qu'il faut défendre et moi je me bats dans cette campagne pour qu'au Parlement européen il y ait une majorité progressiste autour de Martin SCHULZ, je souhaite que le 25 mai prochain les Français se déplacent et donnent à Martin SCHULZ, ce social-démocrate allemand qui parle tellement bien le français, lui donnent une majorité ….
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais comment voulez-vous que les Français s'enthousiasment pour Martin SCHULZ ?
MANUEL VALLS
Et la France en sortira plus forte et parce que la France en sortira plus forte, l'Europe sera beaucoup plus forte.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Merci Manuel VALLS, merci d'être venu.
THOMAS SOTTO
Une petite dernière question, je ne sais pas si vous avez entendu, je crois que vous avez écouté Europe 1 ce matin, Caroline ROUX à 7h25 qui disait que Christiane TAUBIRA avait un peu le blues, qu'elle ne savait pas si elle resterait au gouvernement au-delà de sa réforme pénale, est-ce que vous vous lui dites « je veux que tu restes après la réforme pénale, j'ai besoin de toi au gouvernement », ce matin ?
MANUEL VALLS
Mais aucun ministre n'a le blues, et aucun ministre n'a à avoir le blues, servir les Français, servir le gouvernement de la France c'est un honneur.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Si on a le blues on s'en va ?
MANUEL VALLS
Mais je suis convaincu que Christiane TAUBIRA, vous connaissez son enthousiasme, sa dynamique…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Qu'elle a perdue.
MANUEL VALLS
Elle est profondément attaquée, elle est blessée par un certain nombre d'attaques, et elle prépare surtout, c'est ça qui est important, la réforme pénale au mois de juin prochain.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que vous irez au Brésil voir jouer les bleus ?
MANUEL VALLS
Je crains que je sois devant mon poste de télé ou en écoutant Europe 1.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous avez raison d'écouter Europe 1.
THOMAS SOTTO
Merci, elle sera très bien couverte la coupe du monde sur Europe 1. Merci beaucoup Manuel VALLS d'être venu ce matin sur Europe 1. Je rappelle vous nous annoncez ce matin qu'un million 800 000 personnes voient leur impôt annuler pour cette année…
MANUEL VALLS
De ménages.
THOMAS SOTTO
De ménages pardon, dès le mois de septembre. Ca concerne les revenus 2013 pour 2014, et puis pour la suite on verra plus tard, nous avez-vous dit ce matin. Merci d'être venu sur Europe 1, bonne journée.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 16 mai 2014