Texte intégral
JOURNALISTE
Les cheminots poursuivent donc leur mouvement de grève entamé hier, une action qui provoque d'importantes perturbations, vous l'avez entendu, les grévistes dénoncent le projet de réforme ferroviaire qui sera étudié à partir de mardi à l'Assemblée ; hier soir le Boulonnais Frédéric CUVILLIER a reçu les syndicats et le secrétaire d'Etat aux Transports va de nouveau les rencontrer ce matin dans quelques petites minutes à 8 heures et pour l'instant, Frédéric CUVILLIER est notre invité.
JEAN-MARC PEREZ
Bonjour Frédéric CUVILLIER.
FREDERIC CUVILLIER
Bonjour.
JEAN-MARC PEREZ
Alors vous avez donc rencontré hier soir des représentants de la CFDT qui eux sont opposés à la grève, mais aussi ceux de la CGT, de SUD RAIL et de l'UNSA, alors comment se sont passés ces entretiens ?
FREDERIC CUVILLIER
J'ai souhaité rencontré une fois de plus, je le fais depuis maintenant plus d'un an et demi, dans la discussion autour de ce projet de loi de réforme du service ferroviaire, l'ensemble des organisations représentatives des cheminots. C'est un débat et une discussion qui est franche, qui est ouverte et qui pose la question de fond : peut-on ou non, souhaite-t-on ou non, réformer le secteur, le système ferroviaire français ? A cette question les Français ont répondu dans une enquête d'opinion à 82 % soutenant le projet de loi que je soumets au Parlement, il faut maintenant qu'avec les préoccupations auxquelles nous apportons réponse, l'ensemble des représentations syndicales puissent saisir cette occasion qui est une occasion historique de réformer le ferroviaire, de le rendre plus efficace.
JEAN-MARC PEREZ
Alors justement, cette réforme comment est-ce qu'on pourrait la résumer est-ce que vous pouvez nous expliquer à quoi elle va servir et en quoi elle est importante.
FREDERIC CUVILLIER
C'est une réforme qui doit répondre aux préoccupations des usagers, mais aussi des cheminots et bien sûr des collectivités au premier des titres lesquels l'Etat et les régions sur plus d'efficacité, sur la nécessité d'améliorer ponctualité et sécurité, rénovation du système ferroviaire et des infrastructures. Clairement ça veut dire quoi ? Actuellement le système ferroviaire est éclaté en de multiples structures, je pense par exemple à ceux qui gèrent les infrastructures, les quais, les rails, sont eux-mêmes divisés dans un certain nombre de structures qui s'opposent et ceux qui gèrent le trafic, les trains, et qui doivent donc utiliser l'infrastructure ne sont pas en lien, sont séparés, cela a été voulu par une loi ancienne, par un précédent gouvernement de 97, de séparer strictement les fonctions et les missions. Or on voit combien, et l'illustration en a été faite à plusieurs reprises, je pense notamment aux trains trop larges, je pense à un certain nombre de difficultés que l'on rencontre quotidiennement, en opposant l'infrastructure et le service roulant eh bien on perd en efficacité et souvent on a des personnes qui, au lieu de travailler ensemble parce que ça n'a pas été la volonté de la loi précédente, s'opposent et sont séparées de façon étanche.
JEAN-MARC PEREZ
Alors justement vous parliez tout à l'heure de ponctualité, de sécurité, d'efficacité, justement cette réforme, elle est là normalement pour préparer la libéralisation du rail qui doit arriver d'ici 2020, 2022 et la CGT explique, elle de son côté, que dans tous les pays d'Europe où ça a été mis en place, justement, ça a entrainé une baisse de la qualité de la sécurité, une augmentation des tarifs, ça c'est quand même un vrai risque pour les usagers ?
FREDERIC CUVILLIER
Elle est là non pas pour préparer la libéralisation, elle est là pour renforcer le secteur public du ferroviaire. Parce que dans le même temps, là où depuis plusieurs années, l'Europe et notamment le commissaire européen souhaitait une forme de libéralisation, de séparation stricte entre les missions, je viens d'y faire référence, nous, nous avons plaidé et la France a été entendue, la nécessité d'avoir un système qui est un système et une organisation propre à l'histoire même du ferroviaire. Je pense à la notion de service public, parce qu'on ne peut pas privatiser les profits et nationaliser les déficits, nous souhaitons au contraire et ce combat nous le menons et le gagnons au niveau européen faire que les obligations de service public soient respectées dans un cadre européen. Donc on fait l'inverse de ce qui s'est fait jusqu'à présent. Regardez le fret, lorsqu'il s'est agi de libéraliser le fret, de permettre à des intervenants nouveaux d'intervenir dans le fret ferroviaire, le service public n'avait pas été préparé à cette ouverture et le résultat a été dramatique puisque nous avons connu un effondrement du fret. Eh bien pour le voyageur c'est exactement l'inverse. Nous souhaitons un service public qui soit efficace, qui soit rassemblé, qui soit réunifié et alors il y a certainement des interrogations, des inquiétudes, mais les inquiétudes, elles portent sur des sujets qui ne sont pas dans le texte et qui ne sont pas évoqués dans le texte, tout simplement parce qu'ils ne relèvent pas d'une loi et de cette loi.
JEAN-MARC PEREZ
Alors une dernière question, Frédéric CUVILLIER, on le voit bien l'inquiétude des cheminots qui grandit. Est-ce que ce projet de loi prévoit de modifier leur statut ?
JEAN-MARC PEREZ
Non, pas du tout ! Pas du tout ! Et l'inquiétude, elle est aussi des usagers de savoir si nous réussirons ou non à réformer le ferroviaire. C'est vrai qu'aujourd'hui, nous sommes victimes de choix qui ont été inconsidérés. Je pense notamment au fait d'avoir lancé 4 lignes LGV en même temps alors même que le secteur ferroviaire ne peut financièrement en soutenir, que le lancement d'une ligne tous les 6 ans. Ces choix qui ont été politiques, qui ont été fait par d'autres, laissent planer vraiment un risque sur l'avenir du ferroviaire, sur la capacité à financer le ferroviaire. 40 milliards de dettes qui passeront à 80 milliards de dettes si rien n'est fait, donc l'inquiétude. Mais la question centrale, celle que je pose, celle auquel les parlementaires auront à répondre c'est de savoir si dans ce pays, nous sommes en mesure de pouvoir moderniser, réformer, renforcer le service public ferroviaire.
JEAN-MARC PEREZ
Merci, Frédéric CUVILLIER d'avoir été avec nous ce matin.
FREDERIC CUVILLIER
Merci.
JEAN-MARC PEREZ
Je rappelle donc que vous rencontrez à nouveau les organisations syndicales tout à l'heure à partir de 8 heures.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 13 juin 2014
Les cheminots poursuivent donc leur mouvement de grève entamé hier, une action qui provoque d'importantes perturbations, vous l'avez entendu, les grévistes dénoncent le projet de réforme ferroviaire qui sera étudié à partir de mardi à l'Assemblée ; hier soir le Boulonnais Frédéric CUVILLIER a reçu les syndicats et le secrétaire d'Etat aux Transports va de nouveau les rencontrer ce matin dans quelques petites minutes à 8 heures et pour l'instant, Frédéric CUVILLIER est notre invité.
JEAN-MARC PEREZ
Bonjour Frédéric CUVILLIER.
FREDERIC CUVILLIER
Bonjour.
JEAN-MARC PEREZ
Alors vous avez donc rencontré hier soir des représentants de la CFDT qui eux sont opposés à la grève, mais aussi ceux de la CGT, de SUD RAIL et de l'UNSA, alors comment se sont passés ces entretiens ?
FREDERIC CUVILLIER
J'ai souhaité rencontré une fois de plus, je le fais depuis maintenant plus d'un an et demi, dans la discussion autour de ce projet de loi de réforme du service ferroviaire, l'ensemble des organisations représentatives des cheminots. C'est un débat et une discussion qui est franche, qui est ouverte et qui pose la question de fond : peut-on ou non, souhaite-t-on ou non, réformer le secteur, le système ferroviaire français ? A cette question les Français ont répondu dans une enquête d'opinion à 82 % soutenant le projet de loi que je soumets au Parlement, il faut maintenant qu'avec les préoccupations auxquelles nous apportons réponse, l'ensemble des représentations syndicales puissent saisir cette occasion qui est une occasion historique de réformer le ferroviaire, de le rendre plus efficace.
JEAN-MARC PEREZ
Alors justement, cette réforme comment est-ce qu'on pourrait la résumer est-ce que vous pouvez nous expliquer à quoi elle va servir et en quoi elle est importante.
FREDERIC CUVILLIER
C'est une réforme qui doit répondre aux préoccupations des usagers, mais aussi des cheminots et bien sûr des collectivités au premier des titres lesquels l'Etat et les régions sur plus d'efficacité, sur la nécessité d'améliorer ponctualité et sécurité, rénovation du système ferroviaire et des infrastructures. Clairement ça veut dire quoi ? Actuellement le système ferroviaire est éclaté en de multiples structures, je pense par exemple à ceux qui gèrent les infrastructures, les quais, les rails, sont eux-mêmes divisés dans un certain nombre de structures qui s'opposent et ceux qui gèrent le trafic, les trains, et qui doivent donc utiliser l'infrastructure ne sont pas en lien, sont séparés, cela a été voulu par une loi ancienne, par un précédent gouvernement de 97, de séparer strictement les fonctions et les missions. Or on voit combien, et l'illustration en a été faite à plusieurs reprises, je pense notamment aux trains trop larges, je pense à un certain nombre de difficultés que l'on rencontre quotidiennement, en opposant l'infrastructure et le service roulant eh bien on perd en efficacité et souvent on a des personnes qui, au lieu de travailler ensemble parce que ça n'a pas été la volonté de la loi précédente, s'opposent et sont séparées de façon étanche.
JEAN-MARC PEREZ
Alors justement vous parliez tout à l'heure de ponctualité, de sécurité, d'efficacité, justement cette réforme, elle est là normalement pour préparer la libéralisation du rail qui doit arriver d'ici 2020, 2022 et la CGT explique, elle de son côté, que dans tous les pays d'Europe où ça a été mis en place, justement, ça a entrainé une baisse de la qualité de la sécurité, une augmentation des tarifs, ça c'est quand même un vrai risque pour les usagers ?
FREDERIC CUVILLIER
Elle est là non pas pour préparer la libéralisation, elle est là pour renforcer le secteur public du ferroviaire. Parce que dans le même temps, là où depuis plusieurs années, l'Europe et notamment le commissaire européen souhaitait une forme de libéralisation, de séparation stricte entre les missions, je viens d'y faire référence, nous, nous avons plaidé et la France a été entendue, la nécessité d'avoir un système qui est un système et une organisation propre à l'histoire même du ferroviaire. Je pense à la notion de service public, parce qu'on ne peut pas privatiser les profits et nationaliser les déficits, nous souhaitons au contraire et ce combat nous le menons et le gagnons au niveau européen faire que les obligations de service public soient respectées dans un cadre européen. Donc on fait l'inverse de ce qui s'est fait jusqu'à présent. Regardez le fret, lorsqu'il s'est agi de libéraliser le fret, de permettre à des intervenants nouveaux d'intervenir dans le fret ferroviaire, le service public n'avait pas été préparé à cette ouverture et le résultat a été dramatique puisque nous avons connu un effondrement du fret. Eh bien pour le voyageur c'est exactement l'inverse. Nous souhaitons un service public qui soit efficace, qui soit rassemblé, qui soit réunifié et alors il y a certainement des interrogations, des inquiétudes, mais les inquiétudes, elles portent sur des sujets qui ne sont pas dans le texte et qui ne sont pas évoqués dans le texte, tout simplement parce qu'ils ne relèvent pas d'une loi et de cette loi.
JEAN-MARC PEREZ
Alors une dernière question, Frédéric CUVILLIER, on le voit bien l'inquiétude des cheminots qui grandit. Est-ce que ce projet de loi prévoit de modifier leur statut ?
JEAN-MARC PEREZ
Non, pas du tout ! Pas du tout ! Et l'inquiétude, elle est aussi des usagers de savoir si nous réussirons ou non à réformer le ferroviaire. C'est vrai qu'aujourd'hui, nous sommes victimes de choix qui ont été inconsidérés. Je pense notamment au fait d'avoir lancé 4 lignes LGV en même temps alors même que le secteur ferroviaire ne peut financièrement en soutenir, que le lancement d'une ligne tous les 6 ans. Ces choix qui ont été politiques, qui ont été fait par d'autres, laissent planer vraiment un risque sur l'avenir du ferroviaire, sur la capacité à financer le ferroviaire. 40 milliards de dettes qui passeront à 80 milliards de dettes si rien n'est fait, donc l'inquiétude. Mais la question centrale, celle que je pose, celle auquel les parlementaires auront à répondre c'est de savoir si dans ce pays, nous sommes en mesure de pouvoir moderniser, réformer, renforcer le service public ferroviaire.
JEAN-MARC PEREZ
Merci, Frédéric CUVILLIER d'avoir été avec nous ce matin.
FREDERIC CUVILLIER
Merci.
JEAN-MARC PEREZ
Je rappelle donc que vous rencontrez à nouveau les organisations syndicales tout à l'heure à partir de 8 heures.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 13 juin 2014