Texte intégral
Madame la Ministre,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames Messieurs,
Je me réjouis de vous présenter avec mes collègues du Gouvernement ce nouveau programme de prévention et de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale. Il vient conforter et renforcer la politique menée par le Gouvernement de Lionel Jospin depuis 1997 et vise à réduire les inégalités, toutes les inégalités.
Dans le domaine de la santé, comme ailleurs, réduire les inégalités est avant tout une question morale. Nous ne pouvons en effet nous satisfaire d'un système de santé performant, le meilleur du monde selon l'OMS ! s'il recouvre des inégalités d'accès aux soins ou des inégalités d'espérance de vie liées à des facteurs sociaux, économiques ou géographiques.
L'objectif des politiques de santé publique n'est pas seulement de mettre en place un système de soins de haute technicité mais aussi, et peut-être surtout d'améliorer l'état de santé de la population, c'est-à-dire de chacun !
Réduire les inégalités sociales en matière de santé passe à la fois par une meilleure prise en charge des personnes exclues et par une prévention de l'exclusion.
La loi relative à la lutte contre les exclusions et celle relative à la mise en place de la CMU ont permis à notre pays de faire des progrès considérables dans la réduction des inégalités en matière de santé.
Plus de 5 millions de personnes ont aujourd'hui, grâce à la CMU, accès à un droit fondamental, la santé.
Les programmes régionaux d'accès à la prévention et aux soins (PRAPS) pour les populations en situation de précarité, mis en place dans chaque région de France, ont permis de mobiliser plus de 10.000 acteurs de santé sur le terrain et de financer plus de mille actions - à hauteur de 138 MF de crédits d'Etat en 2001 -, soutenues par de multiples partenaires (collectivités locales, organismes d'assurance maladie).
Malgré cela, une analyse fine montre que dans les faits, certaines catégories de la population n'ont toujours pas un accès satisfaisant à la prévention et aux soins : femmes isolées, jeunes en difficulté, personnes âgées en milieu rural, personnes sortant de prison, étrangers en situation irrégulière, personnes se prostituant, etc.
Aussi d'une politique d'accès à la prévention et aux soins, qui repose surtout sur un dispositif de type quantitatif, il nous faut maintenant passer à une politique de recours à la prévention et aux soins, basée sur des actions de qualité et de proximité, permettant de développer, avec les plus démunis, une démarche de santé leur permettant, effectivement, de recourir à la prévention et aux soins.
Dans ce cadre, le concours des associations est fondamental ; elles sont seules à même d'accompagner, au quotidien, les personnes et les familles. La mobilisation des professionnels de santé - et pas seulement les médecins - est tout aussi indispensable ; ils doivent être davantage sensibilisés et associés à cette nécessité d'accompagner, d'aller vers les personnes les plus démunies, en très étroite collaboration avec les associations. Plus qu'un changement institutionnel, il s'agit de favoriser un changement culturel permettant aux professionnels des différents champs - le soin, la santé mentale, le social - de se rapprocher afin de pouvoir offrir - dans la proximité nécessaire : bassins de vie, quartiers- les réponses les plus adaptées.
C'est le sens des mesures que le Gouvernement présente aujourd'hui dans le domaine de la santé et qui mobiliseront 150 MF de crédits spécifiques.
1. Renforcer les Programmes régionaux d'accès à la prévention et aux soins
La dynamique née dans les régions sera amplifiée et soutenue. Points d'accueil et d'écoute pour les jeunes en situation de mal-être ou de souffrance psychologique, permanences de soins dans les lieux d'hébergement, formation des professionnels à l'accueil des publics en situation de précarité, sessions d'information sur la santé et le système de santé, appui aux réseaux rassemblant les professionnels de la santé et de l'action sociale, etc Ce travail sera développé avec les associations compétentes et avec les collectivités locales en tirant les leçons des expériences menées en France ou dans les autres pays européens.
30 MF supplémentaires seront consacrés en 2002 à ces actions, dont 10 MF pour développer et mieux articuler les points d'écoute et d'accueil pour les jeunes.
2. Soutenir les actions santé de la politique de la ville, cadre favorable à une approche globale et de proximité.
Les actions seront centrées sur la santé des enfants et des jeunes vivant dans des quartiers de la politique de la ville, et notamment sur le suivi des visites médicales effectuées par la PMI et la santé scolaire et sur la prévention des problèmes bucco-dentaires.
La mise en place des " ateliers santé-ville " décidée en décembre 1999 sera renforcée. Cette mesure, permet de développer une véritable coopération entre l'Etat et ses partenaires territoriaux, pour mettre en uvre, avec les habitants, des actions ciblées sur les quartiers identifiés comme prioritaires, dans le champ de la prévention primaire, de l'accès aux soins et de la prise en charge, ou de l'accompagnement vers la santé.
En tout ce sont 25 MF qui seront consacrés à la santé des jeunes et aux actions santé ville.
3. Développer l'éducation pour la santé, outil majeur d'une politique de prévention
Les inégalités sociales en matière de prévention sont plus grandes qu'en matière de soins. Il convient d'aider les personnes en situation de précarité à mieux exprimer leurs attentes par rapport au système de santé et à s'engager dans une démarche de santé active. Les actions d'éducation pour la santé, mises en uvre par des personnes formées, seront développées et soutenues dans la durée.
15 MF supplémentaires y seront consacrés en 2002.
4. Améliorer l'accès aux soins de santé
300 hôpitaux se sont engagés dans la création d'une permanence d'accès aux soins de santé (PASS) pour mieux accueillir et suivre les personnes en situation de précarité. Ce dispositif sera qualitativement renforcé, en lien très étroit avec le tissu associatif et d'action sociale, pour mieux répondre aux besoins des personnes. Un effort particulier sera fait afin que l'accès aux soins soit mieux adapté aux territoires de la ville et aux problèmes particuliers du monde rural.
Le renforcement des PASS existantes mobilisera 30 MF tandis que 35 MF seront consacrés à de nouveaux dispositifs.
5. Répondre aux besoins de santé mentale des publics les plus démunis
L'élaboration des Programmes régionaux d'accès à la prévention et aux soins a laissé émerger la question de la souffrance psychique dans les situations de précarité et d'exclusion, identifiée dans la plupart des régions comme un problème de santé prioritaire. Les schémas régionaux de psychiatrie ont, dans huit régions, pris en compte de façon plus spécifique les publics démunis.
Trois grands axes d'intervention permettront de favoriser l'accès aux soins psychiques des publics les plus démunis. Au-delà de l'action globale en faveur de la santé mentale, ce sont 15 MF supplémentaires qui seront spécifiquement dédiés à ces actions en vue :
- d'adapter l'offre de soin et les pratiques professionnelles aux personnes démunies,
- de renforcer le partenariat local entre la psychiatrie et les autres acteurs sociaux afin d'améliorer le repérage, l'écoute et l'accompagnement des personnes souffrantes,
- mais aussi d'agir directement auprès des publics démunis, de développer la prévention en favorisant l'intervention d'un professionnel de la psychiatrie - ou d'une équipe pluridisciplinaire - dans les lieux de vie et de passage de ces populations (centres sociaux, missions locales, foyers de jeunes travailleurs, centres d'hébergement et de réinsertion sociale).
Pour conclure, je souhaiterais insister sur deux points :
- si les inégalités de santé sont encore trop présentes, c'est aussi que notre système de santé guidé par l'excellence, certes, privilégie encore trop la réparation et les soins au détriment de l'éducation, de la prévention et de la promotion de la santé. Ce qui pénalise un peu plus encore les publics les plus précaires.
- Les Etats généraux de la santé ont montré la nécessité de redonner une place centrale aux personnes, aux habitants, aux usagers. Cela confirme donc l'importance du niveau territorial - quartier, bassin de vie, commune notamment - comme espace d'expression collective favorable à une meilleure compréhension des besoins ainsi qu'à une approche plus globale de la santé.
Je vous remercie
(Source http://www.social.gouv.fr, le 25 juillet 2001)
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames Messieurs,
Je me réjouis de vous présenter avec mes collègues du Gouvernement ce nouveau programme de prévention et de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale. Il vient conforter et renforcer la politique menée par le Gouvernement de Lionel Jospin depuis 1997 et vise à réduire les inégalités, toutes les inégalités.
Dans le domaine de la santé, comme ailleurs, réduire les inégalités est avant tout une question morale. Nous ne pouvons en effet nous satisfaire d'un système de santé performant, le meilleur du monde selon l'OMS ! s'il recouvre des inégalités d'accès aux soins ou des inégalités d'espérance de vie liées à des facteurs sociaux, économiques ou géographiques.
L'objectif des politiques de santé publique n'est pas seulement de mettre en place un système de soins de haute technicité mais aussi, et peut-être surtout d'améliorer l'état de santé de la population, c'est-à-dire de chacun !
Réduire les inégalités sociales en matière de santé passe à la fois par une meilleure prise en charge des personnes exclues et par une prévention de l'exclusion.
La loi relative à la lutte contre les exclusions et celle relative à la mise en place de la CMU ont permis à notre pays de faire des progrès considérables dans la réduction des inégalités en matière de santé.
Plus de 5 millions de personnes ont aujourd'hui, grâce à la CMU, accès à un droit fondamental, la santé.
Les programmes régionaux d'accès à la prévention et aux soins (PRAPS) pour les populations en situation de précarité, mis en place dans chaque région de France, ont permis de mobiliser plus de 10.000 acteurs de santé sur le terrain et de financer plus de mille actions - à hauteur de 138 MF de crédits d'Etat en 2001 -, soutenues par de multiples partenaires (collectivités locales, organismes d'assurance maladie).
Malgré cela, une analyse fine montre que dans les faits, certaines catégories de la population n'ont toujours pas un accès satisfaisant à la prévention et aux soins : femmes isolées, jeunes en difficulté, personnes âgées en milieu rural, personnes sortant de prison, étrangers en situation irrégulière, personnes se prostituant, etc.
Aussi d'une politique d'accès à la prévention et aux soins, qui repose surtout sur un dispositif de type quantitatif, il nous faut maintenant passer à une politique de recours à la prévention et aux soins, basée sur des actions de qualité et de proximité, permettant de développer, avec les plus démunis, une démarche de santé leur permettant, effectivement, de recourir à la prévention et aux soins.
Dans ce cadre, le concours des associations est fondamental ; elles sont seules à même d'accompagner, au quotidien, les personnes et les familles. La mobilisation des professionnels de santé - et pas seulement les médecins - est tout aussi indispensable ; ils doivent être davantage sensibilisés et associés à cette nécessité d'accompagner, d'aller vers les personnes les plus démunies, en très étroite collaboration avec les associations. Plus qu'un changement institutionnel, il s'agit de favoriser un changement culturel permettant aux professionnels des différents champs - le soin, la santé mentale, le social - de se rapprocher afin de pouvoir offrir - dans la proximité nécessaire : bassins de vie, quartiers- les réponses les plus adaptées.
C'est le sens des mesures que le Gouvernement présente aujourd'hui dans le domaine de la santé et qui mobiliseront 150 MF de crédits spécifiques.
1. Renforcer les Programmes régionaux d'accès à la prévention et aux soins
La dynamique née dans les régions sera amplifiée et soutenue. Points d'accueil et d'écoute pour les jeunes en situation de mal-être ou de souffrance psychologique, permanences de soins dans les lieux d'hébergement, formation des professionnels à l'accueil des publics en situation de précarité, sessions d'information sur la santé et le système de santé, appui aux réseaux rassemblant les professionnels de la santé et de l'action sociale, etc Ce travail sera développé avec les associations compétentes et avec les collectivités locales en tirant les leçons des expériences menées en France ou dans les autres pays européens.
30 MF supplémentaires seront consacrés en 2002 à ces actions, dont 10 MF pour développer et mieux articuler les points d'écoute et d'accueil pour les jeunes.
2. Soutenir les actions santé de la politique de la ville, cadre favorable à une approche globale et de proximité.
Les actions seront centrées sur la santé des enfants et des jeunes vivant dans des quartiers de la politique de la ville, et notamment sur le suivi des visites médicales effectuées par la PMI et la santé scolaire et sur la prévention des problèmes bucco-dentaires.
La mise en place des " ateliers santé-ville " décidée en décembre 1999 sera renforcée. Cette mesure, permet de développer une véritable coopération entre l'Etat et ses partenaires territoriaux, pour mettre en uvre, avec les habitants, des actions ciblées sur les quartiers identifiés comme prioritaires, dans le champ de la prévention primaire, de l'accès aux soins et de la prise en charge, ou de l'accompagnement vers la santé.
En tout ce sont 25 MF qui seront consacrés à la santé des jeunes et aux actions santé ville.
3. Développer l'éducation pour la santé, outil majeur d'une politique de prévention
Les inégalités sociales en matière de prévention sont plus grandes qu'en matière de soins. Il convient d'aider les personnes en situation de précarité à mieux exprimer leurs attentes par rapport au système de santé et à s'engager dans une démarche de santé active. Les actions d'éducation pour la santé, mises en uvre par des personnes formées, seront développées et soutenues dans la durée.
15 MF supplémentaires y seront consacrés en 2002.
4. Améliorer l'accès aux soins de santé
300 hôpitaux se sont engagés dans la création d'une permanence d'accès aux soins de santé (PASS) pour mieux accueillir et suivre les personnes en situation de précarité. Ce dispositif sera qualitativement renforcé, en lien très étroit avec le tissu associatif et d'action sociale, pour mieux répondre aux besoins des personnes. Un effort particulier sera fait afin que l'accès aux soins soit mieux adapté aux territoires de la ville et aux problèmes particuliers du monde rural.
Le renforcement des PASS existantes mobilisera 30 MF tandis que 35 MF seront consacrés à de nouveaux dispositifs.
5. Répondre aux besoins de santé mentale des publics les plus démunis
L'élaboration des Programmes régionaux d'accès à la prévention et aux soins a laissé émerger la question de la souffrance psychique dans les situations de précarité et d'exclusion, identifiée dans la plupart des régions comme un problème de santé prioritaire. Les schémas régionaux de psychiatrie ont, dans huit régions, pris en compte de façon plus spécifique les publics démunis.
Trois grands axes d'intervention permettront de favoriser l'accès aux soins psychiques des publics les plus démunis. Au-delà de l'action globale en faveur de la santé mentale, ce sont 15 MF supplémentaires qui seront spécifiquement dédiés à ces actions en vue :
- d'adapter l'offre de soin et les pratiques professionnelles aux personnes démunies,
- de renforcer le partenariat local entre la psychiatrie et les autres acteurs sociaux afin d'améliorer le repérage, l'écoute et l'accompagnement des personnes souffrantes,
- mais aussi d'agir directement auprès des publics démunis, de développer la prévention en favorisant l'intervention d'un professionnel de la psychiatrie - ou d'une équipe pluridisciplinaire - dans les lieux de vie et de passage de ces populations (centres sociaux, missions locales, foyers de jeunes travailleurs, centres d'hébergement et de réinsertion sociale).
Pour conclure, je souhaiterais insister sur deux points :
- si les inégalités de santé sont encore trop présentes, c'est aussi que notre système de santé guidé par l'excellence, certes, privilégie encore trop la réparation et les soins au détriment de l'éducation, de la prévention et de la promotion de la santé. Ce qui pénalise un peu plus encore les publics les plus précaires.
- Les Etats généraux de la santé ont montré la nécessité de redonner une place centrale aux personnes, aux habitants, aux usagers. Cela confirme donc l'importance du niveau territorial - quartier, bassin de vie, commune notamment - comme espace d'expression collective favorable à une meilleure compréhension des besoins ainsi qu'à une approche plus globale de la santé.
Je vous remercie
(Source http://www.social.gouv.fr, le 25 juillet 2001)