Déclaration de M. Bernard Cazeneuve, ministre de l'intérieur, en réponse à une question sur le renforcement de la lutte contre le terrorisme, à l'Assemblée nationale le 12 janvier 2016.

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Circonstance : Question au gouvernement posée par Mme Colette Langlade, députée (SRC) de Dordogne, à l'Assemblée nationale le 12 janvier 2016

Texte intégral

Madame la Députée, nous sommes confrontés à un niveau de menace qui demeure exceptionnellement élevé. Il faut dire aux Français la vérité : ce n'est pas parce que les attentats qui se sont produits en 2015 s'éloignent que la menace faiblit. Ce qui s'est passé à Istanbul, à Marseille, à Paris, le nombre de personnes que nous arrêtons chaque jour grâce au travail de la direction générale de la sécurité intérieure, le nombre de filières que nous démantelons témoignent du niveau élevé de cette menace.
Dans le courant de l'année 2015, dix-huit filières de recrutement ont été démantelées par les services de police et de renseignement, à Orléans, à Nîmes, partout en France, des filières qui conduisaient des jeunes, parfois vulnérables, à s'engager sur le théâtre des opérations terroristes, sur un chemin sans retour, car, lorsqu'ils reviennent de telles opérations, ils ne sont guidés que par la violence et la haine. Onze attentats ont été déjoués, dont six entre le printemps et la fin de l'année 2015, attentats fomentés par ceux qui avaient préparé les attentats du 13 novembre. Nous sommes donc face à une menace dont le niveau demeure très élevé.
Comment faisons-nous ? Nous augmentons les effectifs des services de police et de renseignement. Nous leur donnons des moyens en véhicules, en armes, en dispositifs de protection, en outils numériques. Nous agissons au plan européen pour augmenter le contrôle aux frontières, mettre en place le PNR, lutter contre la fraude documentaire. Daech a en effet volé de nombreux passeports vierges pour permettre l'arrivée sur le territoire européen, sous de fausses identités, de personnes représentant un véritable danger pour la nation. Nous faisons aussi en sorte, en liaison avec les acteurs internet, de développer un contre-discours...
Mesdames, Messieurs les Députés, je voudrais vous remercier pour la chaleur de votre accueil qui me va droit au coeur. Il est toujours agréable, sur les sujets les plus importants qui devraient appeler le rassemblement le plus grand, que de voir des polémiques inutiles poindre... Mais la lutte contre le terrorisme, vous le savez bien, Monsieur le Député, est un sujet qui appelle l'engagement de nombreux ministères et, en la matière, ceux de la justice et de l'intérieur, comme en témoigne l'excellence des relations entre le parquet antiterroriste, dirigé par François Molins, et les services de police, agissent de concert.
Vous me posez une question extrêmement précise et je vais y répondre : 250 personnes sont revenues des théâtres d'opérations terroristes et il y a eu 232 interpellations, 168 incarcérations, 60 contrôles judiciaires. Par conséquent, Monsieur le Député, lorsque vous laissez entendre à la représentation nationale, et donc aux Français, qu'il n'y aurait pas de fermeté face aux terroristes qui retournent chez nous, vous maniez la contrevérité !
Le sujet de la lutte contre le terrorisme mérite beaucoup mieux que les contrevérités et les mises en cause injustes de ministres qui, comme la garde des sceaux, donnent le meilleur d'eux-mêmes dans la lutte contre le terrorisme ! Ils prennent les décisions qui doivent être prises, et les Français ne s'y trompent pas, car ils savent la détermination qui est la nôtre et ils savent que cette détermination sera sur le métier jour après jour, car la guerre contre le terrorisme, nous la gagnerons !
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 janvier 2016