Texte intégral
YVES CALVI
Olivier MAZEROLLE, vous recevez ce matin le secrétaire d'Etat chargé du Budget Christian ECKERT.
OLIVIER MAZEROLLE
Bonjour Christian ECKERT.
CHRISTIAN ECKERT
Bonjour.
OLIVIER MAZEROLLE
Les syndicats et le patronat sont contre la réforme du prélèvement à la source de l'impôt sur le revenu. De plus, vos services disent eux-mêmes que 91 % de Français ne paient pas l'impôt ou bien paient moins de 10 % de leurs revenus. Pourquoi faire cette réforme, pourquoi vous fatiguer
CHRISTIAN ECKERT
C'est une réforme de justice, c'est une réforme de modernité et puis je crois que les réactions sont parfois des réactions de surprise ou avec des petites interrogations auxquelles maintenant nous allons répondre. La concertation .
OLIVIER MAZEROLLE
Alors la confidentialité...
CHRISTIAN ECKERT
Oui, la confidentialité
OLIVIER MAZEROLLE
Parce que quand même, le taux d'imposition va peser sur les augmentations dans les entreprises, quand on verra qu'untel est taxé à 30 %, on se dira : celui-ci, ce n'est pas la peine de l'augmenter.
CHRISTIAN ECKERT
30 %, il n'y en a pas beaucoup. Non, la plupart des gens ont des taux d'imposition qui sont compris effectivement entre 0 et 10 % ; et puis derrière un taux d'imposition c'est le seul renseignement dont l'employeur va disposer
OLIVIER MAZEROLLE
Ce n'est pas mal.
CHRISTIAN ECKERT
L'administration fiscale va lui communiquer un taux et ce taux d'ailleurs pourra être adapté par le salarié lui-même. Par exemple dans un couple, c'est une grande nouveauté, c'est un progrès, on pourra sur demande, sur option d'un des membres du foyer fiscal avoir un taux d'imposition suivant
OLIVIER MAZEROLLE
Ça, ça met la puce à l'oreille du patron
CHRISTIAN ECKERT
Absolument pas puisque ce n'est pas lui
OLIVIER MAZEROLLE
S'il veut cacher ce que gagne le conjoint, c'est qu'il gagne beaucoup.
CHRISTIAN ECKERT
Non, non parce que ce n'est pas lui qui le saura. Il n'y aura pas de relation entre le salarié et l'employeur...
OLIVIER MAZEROLLE
D'accord mais enfin si on demande
CHRISTIAN ECKERT
C'est toujours l'administration fiscale
OLIVIER MAZEROLLE
A ne pas être taxé en même temps que le conjoint, c'est que
CHRISTIAN ECKERT
L'employeur ne le saura pas, l'employeur lui, il recevra simplement un taux d'imposition qui sera communiqué par l'administration fiscale
OLIVIER MAZEROLLE
Alors l'employeur, il a un comptable qui sait à quel niveau d'imposition doit être taxé le salarié qui gagne tant. S'il est taxé à plus ou à moins, c'est qu'il y a quelque chose ailleurs.
CHRISTIAN ECKERT
Mais écoutez ! Il peut y avoir des choses positives, il peut aussi y avoir des choses négatives. Vous savez, un même taux d'imposition recouvre des situations extrêmement différentes suivant qu'on est marié, qu'on a des enfants, qu'on a effectivement peut-être des revenus à côté ; mais aussi qu'on paie des pensions alimentaires ou alors qu'on bénéficie de crédit d'impôt, de réduction d'impôts. Vous savez l'employeur moi-même, pardon de le dire comme ça, si je connais votre taux d'imposition, je serai incapable d'en déduire votre salaire, je ne connais pas l'ensemble des détails, des situations qui conduisent
OLIVIER MAZEROLLE
Non mais ça peut peser au moment de décider d'une augmentation.
CHRISTIAN ECKERT
Non, non, pas du tout puisque je vous le répète, l'employeur n'aura pas connaissance de la situation fiscale. Il n'aura qu'un taux d'imposition et ce taux d'ailleurs pourra évoluer, être modulé.
OLIVIER MAZEROLLE
Et si la situation du ménage change en cours d'année pour des raisons de chômage du conjoint, de maladie, de divorce, qui il faut prévenir et quand ?
CHRISTIAN ECKERT
L'administration fiscale, justement ce que je vous disais, il n'y a pas de relation
OLIVIER MAZEROLLE
Qui va dire au patron « ah, il a changé le monsieur » ou « elle a changé la dame, ce n'est plus pareil ».
CHRISTIAN ECKERT
Non, encore une fois le changement, il peut venir de beaucoup de choses. Vous avez un conjoint qui peut perdre ou trouver du travail, vous avez un enfant qui peut naître, vous avez un mariage qui peut se réaliser, vous pouvez avoir différentes raisons pour changer de taux d'imposition en cours d'année, avec des variations d'ailleurs souvent assez faibles
OLIVIER MAZEROLLE
Alors les syndicats et les patrons sont complètement bornés quoi, ils ne comprennent pas, eux ils s'inquiètent vraiment, les patrons se disent : on risque d'avoir des conflits avec les salariés
CHRISTIAN ECKERT
Figurez-vous monsieur MAZEROLLE, figurez-vous que je les ai rencontrés déjà une première fois avec quelques éléments des premiers éléments, que durant les semaines qui viennent je vois cet après-midi la CGPME, je rencontre le MEDEF cette semaine
OLIVIER MAZEROLLE
Après l'annonce !
CHRISTIAN ECKERT
Je les ai déjà vus avant, je vous l'ai dit, ils ont eu la courtoisie de laisser les choses se construire, d'ailleurs elles sont toujours en construction. Nous allons discuter avec les parlementaires, je vois avec Michel SAPIN les organisations salariales des salariés, nous allons parler, nous allons éventuellement modifier un certain nombre de choses. La concertation c'est de mise sur cette réforme.
OLIVIER MAZEROLLE
En tout cas, c'est une promesse de François HOLLANDE qui ne sera pas tenue, Jean-Marc AYRAULT avant qu'il entre au gouvernement c'est vrai, depuis qu'il est au gouvernement il ne dit plus rien soulignait que la vraie réforme c'était la fusion de l'impôt sur le revenu et de la CSG.
CHRISTIAN ECKERT
Ce n'est pas à l'ordre du jour, ce qui est à l'ordre du jour c'est d'avoir un impôt moderne qui, encore une fois, présente l'avantage
OLIVIER MAZEROLLE
Non, non, attendez, là il y a
CHRISTIAN ECKERT
Ah si !
OLIVIER MAZEROLLE
C'est uniquement le mode de prélèvement qui change, la fiscalité ne change en aucune manière.
CHRISTIAN ECKERT
La fiscalité, elle a déjà pas mal changé mais là n'est pas la question ce matin. Mais les revenus du travail mis au barème de l'impôt sur le revenu, une nouvelle tranche à 45 %, plafonnement des niches fiscales, il y a déjà eu beaucoup de réformes qui ont été faites sur l'impôt sur le revenu, trop nous dit-on parfois. Et pour pourtant
OLIVIER MAZEROLLE
La CSG, François HOLLANDE avait beaucoup parlé de ça.
CHRISTIAN ECKERT
Pour autant, profiter des moyens de communication informatique dématérialisés, avoir un impôt qui peut s'adapter en fonction de l'évolution des revenus, en fonction de l'évolution de la situation familiale en cours d'année, immédiatement tenez, quelqu'un qui part à la retraite, il payait auparavant l'année où il était parti, lorsque ses revenus avaient diminué il payait l'impôt des années précédentes, c'est-à-dire il avait la double peine. Son salaire, ses revenus diminuaient mais son impôt était toujours celui de la période où il avait des revenus à part entière. Eh bien ! Cette situation va prendre fin.
OLIVIER MAZEROLLE
Alors le budget avec toutes les dépenses nouvelles qui sont annoncées, les fonctionnaires, Garantie jeune, plan de formation des chômeurs, agriculteurs, etc., etc., à quand un budget rectificatif pour trouver un peu de sous ?
CHRISTIAN ECKERT
Il est possible que ce soit avant l'été mais ce n'est pas indispensable, on peut traiter
OLIVIER MAZEROLLE
Ah bon !
CHRISTIAN ECKERT
On peut traiter des dépenses nouvelles par des décrets d'avance, des décrets d'annulation, c'est ce que nous avons fait l'année dernière. Nous sommes dans une situation tout à fait comparable à celle de l'an dernier. L'an dernier, nous avions eu des attentats, nous avons mis en place des dépenses nouvelles pour lutter contre le terrorisme, nous avons eu à faire face en cours d'année de nouvelles dépenses
OLIVIER MAZEROLLE
C'est génial, c'est génial monsieur le ministre. Le gouvernement nous explique qu'on sue sang et eau pour essayer de réduire les déficits, que c'est dur, que c'est terrible et puis il y a des augmentations de dépenses, ben ! Tout va bien, il y a une cagnotte cachée ?
CHRISTIAN ECKERT
Non, il n'y a pas de cagnotte, il y a tout simplement une gestion rigoureuse. Faire des économies quand le pétrole est moins cher, faire des économies quand l'inflation est plus faible que prévu c'est quelque chose qui est possible et qui nous donne des marges de manoeuvre pour répondre à des priorités, nous l'avons fait l'année dernière En fin de semaine, je crois le 25, les chiffres définitifs des comptes de 2015, où tout le monde s'attend à des chiffres un peu meilleurs
OLIVIER MAZEROLLE
Meilleurs !
CHRISTIAN ECKERT
Moins mauvais que prévu
OLIVIER MAZEROLLE
Moins mauvais !
CHRISTIAN ECKERT
Certains diront comme ça, vous savez il y en a toujours qui voient la bouteille à moitié vide ou à moitié pleine, nous verrons ces chiffres-là. Nous avons eu à faire face l'année dernière à des dépenses nouvelles pour lutter contre le terrorisme, pour faire la révision de la loi de programmation militaire
OLIVIER MAZEROLLE
Moi je trouve ça génial, il y a des miracles en France.
CHRISTIAN ECKERT
Non mais parce que dans un budget
OLIVIER MAZEROLLE
On trouve des sous là où paraît-il il n'y en a plus.
CHRISTIAN ECKERT
Monsieur MAZEROLLE, dans un budget bien géré, vous vous gardez toujours un certain nombre de possibilités d'adaptation en cours d'année, parce que la vie n'est pas un long fleuve tranquille. Dans une année budgétaire, il y a des événements positifs, il y a des événements plus négatifs, il faut savoir s'adapter et être pragmatique.
OLIVIER MAZEROLLE
Il y en a qui vont souffrir, ce sont les départements qui disent déjà qu'ils ne pourront pas régler la hausse des salaires des fonctionnaires. Donc ils ont le choix, soit ils augmentent les impôts, soit ils virent des fonctionnaires.
CHRISTIAN ECKERT
Nous sommes en dialogue avec les départements qui sont confrontés à l'augmentation des dépenses d'Allocations de solidarité, c'est vrai, nous le savons, le Premier ministre les a vus. Nous continuons à être en dialogue avec eux, nous avons posé le principe de la recentralisation
OLIVIER MAZEROLLE
Vous leur avez mis la hausse des fonctionnaires en plus.
CHRISTIAN ECKERT
Non, non. Monsieur MAZEROLLE, le Premier ministre et c'est une grande première a posé le principe de la possibilité de la recentralisation des Allocations, c'est-à-dire le RSA notamment, pour être
OLIVIER MAZEROLLE
Non mais je vous parlais des fonctionnaires moi.
CHRISTIAN ECKERT
Mais justement, c'est lié. Si on les soulage, si j'ose dire, sur les dépenses sociales, je pense qu'ils pourront trouver des marges de manoeuvre pour assurer les quelques centaines de millions, même pas, que ça représente pour l'ensemble des départements. Ils feront comme le budget de l'Etat, ils s'adapteront
OLIVIER MAZEROLLE
Quelques centaines de millions.
CHRISTIAN ECKERT
Oui mais sur l'ensemble des départements, ça représente une charge qui encore une fois, si on libère de l'espace avec la recentralisation du RSA et le Premier ministre l'a proposé, il y a une discussion sur l'année de référence mais je ne veux pas rentrer dans cette technique à cette heure-ci. Si en tout cas on fait cette recentralisation, ce que pour la première fois le Premier ministre a proposé, je pense que les départements pourront faire face à ces quelques pour cent d'augmentation, à ce 1,2 % d'augmentation du salaire de leurs fonctionnaires.
OLIVIER MAZEROLLE
Merci Christian ECKERT.
CHRISTIAN ECKERT
Merci à vous.
YVES CALVI
Une précision Christian ECKERT parce que je pense que vous avez surpris beaucoup des auditeurs de RTL en citant ces chiffres en début d'entretien avec Olivier MAZEROLLE, vous nous avez rappelé ce que l'on sait, qu'un Français sur deux ne paie pas d'impôt sur le revenu ; et j'ai bien compris, 90 % ne paient que jusqu'à 10 %.
CHRISTIAN ECKERT
Oui, c'est vrai parce qu'on retient souvent le taux marginal, c'est-à-dire celui qui est le plus important, mais le taux moyen d'imposition effectivement de 90 % des Français est inférieur pour l'impôt sur le revenu à 10 %.
YVES CALVI
C'est une information qui intéressera tous ceux qui nous écoutaient. Le prélèvement à la source, c'est une réforme de justice et de modernité, vient de nous dire le secrétaire d'Etat chargé du Budget Christian ECKERT.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 22 mars 2016
Olivier MAZEROLLE, vous recevez ce matin le secrétaire d'Etat chargé du Budget Christian ECKERT.
OLIVIER MAZEROLLE
Bonjour Christian ECKERT.
CHRISTIAN ECKERT
Bonjour.
OLIVIER MAZEROLLE
Les syndicats et le patronat sont contre la réforme du prélèvement à la source de l'impôt sur le revenu. De plus, vos services disent eux-mêmes que 91 % de Français ne paient pas l'impôt ou bien paient moins de 10 % de leurs revenus. Pourquoi faire cette réforme, pourquoi vous fatiguer
CHRISTIAN ECKERT
C'est une réforme de justice, c'est une réforme de modernité et puis je crois que les réactions sont parfois des réactions de surprise ou avec des petites interrogations auxquelles maintenant nous allons répondre. La concertation .
OLIVIER MAZEROLLE
Alors la confidentialité...
CHRISTIAN ECKERT
Oui, la confidentialité
OLIVIER MAZEROLLE
Parce que quand même, le taux d'imposition va peser sur les augmentations dans les entreprises, quand on verra qu'untel est taxé à 30 %, on se dira : celui-ci, ce n'est pas la peine de l'augmenter.
CHRISTIAN ECKERT
30 %, il n'y en a pas beaucoup. Non, la plupart des gens ont des taux d'imposition qui sont compris effectivement entre 0 et 10 % ; et puis derrière un taux d'imposition c'est le seul renseignement dont l'employeur va disposer
OLIVIER MAZEROLLE
Ce n'est pas mal.
CHRISTIAN ECKERT
L'administration fiscale va lui communiquer un taux et ce taux d'ailleurs pourra être adapté par le salarié lui-même. Par exemple dans un couple, c'est une grande nouveauté, c'est un progrès, on pourra sur demande, sur option d'un des membres du foyer fiscal avoir un taux d'imposition suivant
OLIVIER MAZEROLLE
Ça, ça met la puce à l'oreille du patron
CHRISTIAN ECKERT
Absolument pas puisque ce n'est pas lui
OLIVIER MAZEROLLE
S'il veut cacher ce que gagne le conjoint, c'est qu'il gagne beaucoup.
CHRISTIAN ECKERT
Non, non parce que ce n'est pas lui qui le saura. Il n'y aura pas de relation entre le salarié et l'employeur...
OLIVIER MAZEROLLE
D'accord mais enfin si on demande
CHRISTIAN ECKERT
C'est toujours l'administration fiscale
OLIVIER MAZEROLLE
A ne pas être taxé en même temps que le conjoint, c'est que
CHRISTIAN ECKERT
L'employeur ne le saura pas, l'employeur lui, il recevra simplement un taux d'imposition qui sera communiqué par l'administration fiscale
OLIVIER MAZEROLLE
Alors l'employeur, il a un comptable qui sait à quel niveau d'imposition doit être taxé le salarié qui gagne tant. S'il est taxé à plus ou à moins, c'est qu'il y a quelque chose ailleurs.
CHRISTIAN ECKERT
Mais écoutez ! Il peut y avoir des choses positives, il peut aussi y avoir des choses négatives. Vous savez, un même taux d'imposition recouvre des situations extrêmement différentes suivant qu'on est marié, qu'on a des enfants, qu'on a effectivement peut-être des revenus à côté ; mais aussi qu'on paie des pensions alimentaires ou alors qu'on bénéficie de crédit d'impôt, de réduction d'impôts. Vous savez l'employeur moi-même, pardon de le dire comme ça, si je connais votre taux d'imposition, je serai incapable d'en déduire votre salaire, je ne connais pas l'ensemble des détails, des situations qui conduisent
OLIVIER MAZEROLLE
Non mais ça peut peser au moment de décider d'une augmentation.
CHRISTIAN ECKERT
Non, non, pas du tout puisque je vous le répète, l'employeur n'aura pas connaissance de la situation fiscale. Il n'aura qu'un taux d'imposition et ce taux d'ailleurs pourra évoluer, être modulé.
OLIVIER MAZEROLLE
Et si la situation du ménage change en cours d'année pour des raisons de chômage du conjoint, de maladie, de divorce, qui il faut prévenir et quand ?
CHRISTIAN ECKERT
L'administration fiscale, justement ce que je vous disais, il n'y a pas de relation
OLIVIER MAZEROLLE
Qui va dire au patron « ah, il a changé le monsieur » ou « elle a changé la dame, ce n'est plus pareil ».
CHRISTIAN ECKERT
Non, encore une fois le changement, il peut venir de beaucoup de choses. Vous avez un conjoint qui peut perdre ou trouver du travail, vous avez un enfant qui peut naître, vous avez un mariage qui peut se réaliser, vous pouvez avoir différentes raisons pour changer de taux d'imposition en cours d'année, avec des variations d'ailleurs souvent assez faibles
OLIVIER MAZEROLLE
Alors les syndicats et les patrons sont complètement bornés quoi, ils ne comprennent pas, eux ils s'inquiètent vraiment, les patrons se disent : on risque d'avoir des conflits avec les salariés
CHRISTIAN ECKERT
Figurez-vous monsieur MAZEROLLE, figurez-vous que je les ai rencontrés déjà une première fois avec quelques éléments des premiers éléments, que durant les semaines qui viennent je vois cet après-midi la CGPME, je rencontre le MEDEF cette semaine
OLIVIER MAZEROLLE
Après l'annonce !
CHRISTIAN ECKERT
Je les ai déjà vus avant, je vous l'ai dit, ils ont eu la courtoisie de laisser les choses se construire, d'ailleurs elles sont toujours en construction. Nous allons discuter avec les parlementaires, je vois avec Michel SAPIN les organisations salariales des salariés, nous allons parler, nous allons éventuellement modifier un certain nombre de choses. La concertation c'est de mise sur cette réforme.
OLIVIER MAZEROLLE
En tout cas, c'est une promesse de François HOLLANDE qui ne sera pas tenue, Jean-Marc AYRAULT avant qu'il entre au gouvernement c'est vrai, depuis qu'il est au gouvernement il ne dit plus rien soulignait que la vraie réforme c'était la fusion de l'impôt sur le revenu et de la CSG.
CHRISTIAN ECKERT
Ce n'est pas à l'ordre du jour, ce qui est à l'ordre du jour c'est d'avoir un impôt moderne qui, encore une fois, présente l'avantage
OLIVIER MAZEROLLE
Non, non, attendez, là il y a
CHRISTIAN ECKERT
Ah si !
OLIVIER MAZEROLLE
C'est uniquement le mode de prélèvement qui change, la fiscalité ne change en aucune manière.
CHRISTIAN ECKERT
La fiscalité, elle a déjà pas mal changé mais là n'est pas la question ce matin. Mais les revenus du travail mis au barème de l'impôt sur le revenu, une nouvelle tranche à 45 %, plafonnement des niches fiscales, il y a déjà eu beaucoup de réformes qui ont été faites sur l'impôt sur le revenu, trop nous dit-on parfois. Et pour pourtant
OLIVIER MAZEROLLE
La CSG, François HOLLANDE avait beaucoup parlé de ça.
CHRISTIAN ECKERT
Pour autant, profiter des moyens de communication informatique dématérialisés, avoir un impôt qui peut s'adapter en fonction de l'évolution des revenus, en fonction de l'évolution de la situation familiale en cours d'année, immédiatement tenez, quelqu'un qui part à la retraite, il payait auparavant l'année où il était parti, lorsque ses revenus avaient diminué il payait l'impôt des années précédentes, c'est-à-dire il avait la double peine. Son salaire, ses revenus diminuaient mais son impôt était toujours celui de la période où il avait des revenus à part entière. Eh bien ! Cette situation va prendre fin.
OLIVIER MAZEROLLE
Alors le budget avec toutes les dépenses nouvelles qui sont annoncées, les fonctionnaires, Garantie jeune, plan de formation des chômeurs, agriculteurs, etc., etc., à quand un budget rectificatif pour trouver un peu de sous ?
CHRISTIAN ECKERT
Il est possible que ce soit avant l'été mais ce n'est pas indispensable, on peut traiter
OLIVIER MAZEROLLE
Ah bon !
CHRISTIAN ECKERT
On peut traiter des dépenses nouvelles par des décrets d'avance, des décrets d'annulation, c'est ce que nous avons fait l'année dernière. Nous sommes dans une situation tout à fait comparable à celle de l'an dernier. L'an dernier, nous avions eu des attentats, nous avons mis en place des dépenses nouvelles pour lutter contre le terrorisme, nous avons eu à faire face en cours d'année de nouvelles dépenses
OLIVIER MAZEROLLE
C'est génial, c'est génial monsieur le ministre. Le gouvernement nous explique qu'on sue sang et eau pour essayer de réduire les déficits, que c'est dur, que c'est terrible et puis il y a des augmentations de dépenses, ben ! Tout va bien, il y a une cagnotte cachée ?
CHRISTIAN ECKERT
Non, il n'y a pas de cagnotte, il y a tout simplement une gestion rigoureuse. Faire des économies quand le pétrole est moins cher, faire des économies quand l'inflation est plus faible que prévu c'est quelque chose qui est possible et qui nous donne des marges de manoeuvre pour répondre à des priorités, nous l'avons fait l'année dernière En fin de semaine, je crois le 25, les chiffres définitifs des comptes de 2015, où tout le monde s'attend à des chiffres un peu meilleurs
OLIVIER MAZEROLLE
Meilleurs !
CHRISTIAN ECKERT
Moins mauvais que prévu
OLIVIER MAZEROLLE
Moins mauvais !
CHRISTIAN ECKERT
Certains diront comme ça, vous savez il y en a toujours qui voient la bouteille à moitié vide ou à moitié pleine, nous verrons ces chiffres-là. Nous avons eu à faire face l'année dernière à des dépenses nouvelles pour lutter contre le terrorisme, pour faire la révision de la loi de programmation militaire
OLIVIER MAZEROLLE
Moi je trouve ça génial, il y a des miracles en France.
CHRISTIAN ECKERT
Non mais parce que dans un budget
OLIVIER MAZEROLLE
On trouve des sous là où paraît-il il n'y en a plus.
CHRISTIAN ECKERT
Monsieur MAZEROLLE, dans un budget bien géré, vous vous gardez toujours un certain nombre de possibilités d'adaptation en cours d'année, parce que la vie n'est pas un long fleuve tranquille. Dans une année budgétaire, il y a des événements positifs, il y a des événements plus négatifs, il faut savoir s'adapter et être pragmatique.
OLIVIER MAZEROLLE
Il y en a qui vont souffrir, ce sont les départements qui disent déjà qu'ils ne pourront pas régler la hausse des salaires des fonctionnaires. Donc ils ont le choix, soit ils augmentent les impôts, soit ils virent des fonctionnaires.
CHRISTIAN ECKERT
Nous sommes en dialogue avec les départements qui sont confrontés à l'augmentation des dépenses d'Allocations de solidarité, c'est vrai, nous le savons, le Premier ministre les a vus. Nous continuons à être en dialogue avec eux, nous avons posé le principe de la recentralisation
OLIVIER MAZEROLLE
Vous leur avez mis la hausse des fonctionnaires en plus.
CHRISTIAN ECKERT
Non, non. Monsieur MAZEROLLE, le Premier ministre et c'est une grande première a posé le principe de la possibilité de la recentralisation des Allocations, c'est-à-dire le RSA notamment, pour être
OLIVIER MAZEROLLE
Non mais je vous parlais des fonctionnaires moi.
CHRISTIAN ECKERT
Mais justement, c'est lié. Si on les soulage, si j'ose dire, sur les dépenses sociales, je pense qu'ils pourront trouver des marges de manoeuvre pour assurer les quelques centaines de millions, même pas, que ça représente pour l'ensemble des départements. Ils feront comme le budget de l'Etat, ils s'adapteront
OLIVIER MAZEROLLE
Quelques centaines de millions.
CHRISTIAN ECKERT
Oui mais sur l'ensemble des départements, ça représente une charge qui encore une fois, si on libère de l'espace avec la recentralisation du RSA et le Premier ministre l'a proposé, il y a une discussion sur l'année de référence mais je ne veux pas rentrer dans cette technique à cette heure-ci. Si en tout cas on fait cette recentralisation, ce que pour la première fois le Premier ministre a proposé, je pense que les départements pourront faire face à ces quelques pour cent d'augmentation, à ce 1,2 % d'augmentation du salaire de leurs fonctionnaires.
OLIVIER MAZEROLLE
Merci Christian ECKERT.
CHRISTIAN ECKERT
Merci à vous.
YVES CALVI
Une précision Christian ECKERT parce que je pense que vous avez surpris beaucoup des auditeurs de RTL en citant ces chiffres en début d'entretien avec Olivier MAZEROLLE, vous nous avez rappelé ce que l'on sait, qu'un Français sur deux ne paie pas d'impôt sur le revenu ; et j'ai bien compris, 90 % ne paient que jusqu'à 10 %.
CHRISTIAN ECKERT
Oui, c'est vrai parce qu'on retient souvent le taux marginal, c'est-à-dire celui qui est le plus important, mais le taux moyen d'imposition effectivement de 90 % des Français est inférieur pour l'impôt sur le revenu à 10 %.
YVES CALVI
C'est une information qui intéressera tous ceux qui nous écoutaient. Le prélèvement à la source, c'est une réforme de justice et de modernité, vient de nous dire le secrétaire d'Etat chargé du Budget Christian ECKERT.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 22 mars 2016