Texte intégral
CYRIL VIGUIER
Bonjour à tous, bonne matinale à nos côtés, avec aujourd'hui comme invitée Axelle LEMAIRE, secrétaire d'Etat chargée du Numérique, bonjour.
AXELLE LEMAIRE
Bonjour.
CYRIL VIGUIER
Merci d'être avec nous. Pour vous interroger ce matin Véronique JACQUIER de Sud Radio et Gilles LECLERC de Public Sénat, bonjour.
VERONIQUE JACQUIER
Bonjour.
CYRIL VIGUIER
Axelle LEMAIRE, merci d'être avec nous spécialement ce matin parce que nous inaugurons pour la première fois la diffusion de nos programmes en HD et donc c'est agréable d'accueillir la secrétaire d'Etat chargée du Numérique aujourd'hui sur cette antenne. Axelle LEMAIRE, le Panama Papers, le scandale est là, le déclenchement d'une enquête du Parquet, cela veut dire que c'est le gouvernement qui le souhaitait, vous basez-vous sur des déclarations des journalistes d'investigation du consortium international, ou avez-vous des informations de votre côté pour déclencher cette enquête, le gouvernement ?
AXELLE LEMAIRE
Alors, je n'ai pas la réponse à cette question, je crois que c'est Michel SAPIN et Christian ECKERT, ce qui est certain c'est que c'est la plus grande fuite de données dans l'histoire du journalisme, et j'insiste sur le mot « données », parce qu'on se rend bien compte qu'aujourd'hui la circulation de l'information, l'accès à l'information, est absolument critique pour la transparence des actions, des gouvernements en particulier. Et j'aimerai parler du projet de loi pour une République numérique et de l'action de ce gouvernement parce que c'est le parti pris que nous faisons, qui est celui de cette transparence. Je crois qu'aujourd'hui c'est une exigence démocratique.
GILLES LECLERC
Mais là, cette transparence, c'est les journalistes qui la source elle est journalistique, elle n'est pas gouvernementale, ni politique.
AXELLE LEMAIRE
Non, mais elle vient de ce qu'on pourrait appeler un lanceur d'alerte. Il se trouve que dans sa loi Michel SAPIN va insérer un statut protecteur des lanceurs d'alerte et dans mon texte, qui est présenté au Sénat dans trois semaines, il y a un statut pour les lanceurs d'alerte informatique, des gens qui découvrent des failles informatiques, et qui ne seront pas poursuivis pénalement s'ils les révèlent aux organisations concernées. Tout ça pour dire qu'on voit bien que cet enjeu de l'accès à l'information qui soit le plus transparent possible, il est devenu crucial dans nos sociétés démocratiques.
GILLES LECLERC
Vous avez étonnée quand même de ces révélations ?
AXELLE LEMAIRE
De l'ampleur.
GILLES LECLERC
Vous, vous êtes occupée aussi des activités bancaires, vous avez été rapporteur à l'Assemblée en 2013, quand même il y a des banques impliquées, il y a peut-être même un grand parti politique. Vous avez des lumières là-dessus ?
AXELLE LEMAIRE
Alors, frappée par l'ampleur des découvertes, ça concerne plus de 100 personnalités et pas des moindres, on parle du président POUTINE, vous avez vu les réactions en Islande puisque le chef de l'Etat serait également
CYRIL VIGUIER
Le Premier ministre.
AXELLE LEMAIRE
Le Premier ministre, pardon, également concerné. Ce qui frappe c'est à quel point le Panama, présenté comme le mouton noir de la finance internationale, a pu autoriser de telles pratiques, et on voit que ce paradis fiscal a servi à placer de l'argent sale, issu de la corruption, issu de la fraude fiscale, issu du crime organisé ou encore de la traite des êtres humains. Et tous les efforts faits par les Etats, de l'OCDE en particulier, pour lutter contre les paradis fiscaux, y trouvent une limite quand les Etats principalement concernés ne jouent pas le jeu, et c'est le cas du Panama.
VERONIQUE JACQUIER
Justement, on découvre comment s'organise l'opacité d'un système planétaire, de nombreuses banques sont en première ligne. François HOLLANDE a promis hier des enquêtes, mais y a-t-il, dans notre pays, une volonté politique suffisante pour s'attaquer à ce système organisé ?
AXELLE LEMAIRE
Très forte et double. D'abord, effectivement, au niveau national pour poursuivre les personnes de nationalité française qui seraient impliquées notamment parce qu'elles n'auraient pas contribué à l'impôt à hauteur de leurs revenus
VERONIQUE JACQUIER
Oui, mais est-ce qu'on ne se réveille pas un petit peu tard aujourd'hui ?
AXELLE LEMAIRE
Non, je pense que sur la chasse aux fraudeurs, au plan fiscal, c'est ce gouvernement qui a été le plus ferme dans son action, également au niveau européen et au niveau international, parce que la France est très présente dans les négociations justement, qui doivent permettre d'amener la disparition des paradis fiscaux. Mais on voit bien que tous les pays doivent être embarqués, ce n'est pas évident parce qu'on a des pays
CYRIL VIGUIER
Vous sentez quelques réticences sur certains pays ?
AXELLE LEMAIRE
Bien sûr, au coeur de l'Europe
CYRIL VIGUIER
Lesquels ?
AXELLE LEMAIRE
Qui ont des paradis fiscaux, dont un pays qui je connais très bien parce que j'y ai habité pendant longtemps, qui est le Royaume-Uni. Donc, c'est très compliqué ces négociations.
GILLES LECLERC
Donc, vous voulez dire qu'il n'y a pas unanimité en Europe sur cette question-là.
AXELLE LEMAIRE
Je crois que ce genre d'affaire va aider à construire une unanimité qui est plus urgente que jamais.
GILLES LECLERC
Pour revenir directement à votre secteur, vous y faisiez allusion tout à l'heure, comment concilier justement cette liberté d'Internet et des lanceurs d'alerte, dont vous avez parlé, et je sais que vous y êtes attachée, et en même temps, le contexte dans lequel nous sommes, par exemple pour améliorer le renseignement dans le contexte attentats, terroristes, etc. Vous n'êtes pas un peu gênée quand même, sur cette question-là ?
AXELLE LEMAIRE
Non, c'est tout à fait conciliable, il faut simplement que les frontières soient étanches. On parle de, je dirais trois types de données. Il y a les données qui sont captées, exploitées, par des services de renseignement à des fins de garantir l'ordre et la sécurité publique. Il y a des données à caractère quasiment public, mais qui concernent des personnes, qui, si elles sont divulguées
GILLES LECLERC
Quelquefois la frontière est mince !
AXELLE LEMAIRE
D'où l'importance d'avoir des règles, des règles très précises. C'est vrai que quand la loi sur le renseignement a été présentée par le gouvernement elle a été contestée par une partie notamment des gens de l'écosystème numérique, mais on se rend bien compte qu'un texte comme celui-là était important pour mettre les frontières, pour connaître les règles applicables.
GILLES LECLERC
Donc vous n'avez pas eu d'état d'âme vous-même, en charge de ce secteur ?
AXELLE LEMAIRE
La loi que je défends, au contraire, elle protège plus encore la vie privée sur Internet, les données personnelles des internautes, et c'est très important dans un contexte où les services de renseignement ont potentiellement accès à un certain nombre d'informations. Et la troisième frontière c'est l'open data, les données publiques produites par les administrations, dans un cadre totalement légal, et là aussi il y a des règles spécifiques qui doivent s'appliquer.
VERONIQUE JACQUIER
Votre projet de loi pour une république numérique a été très largement adopté à l'Assemblée, il arrive donc au Sénat dans trois semaines, vous l'avez dit. Il n'y a pas d'ambition pour une réelle égalité des territoires quant à l'accès au numérique, il y a encore beaucoup de zones blanches dans notre pays.
AXELLE LEMAIRE
Alors, s'il y a encore beaucoup de zones mal couvertes dans les territoires en France ce n'est pas à dire qu'il n'y a pas d'ambition sur ce sujet, là aussi ce gouvernement est celui qui a fait et qui aura le plus fait pour lutter contre les inégalités, qui sont réelles, de couverture, en Internet et en téléphonie mobile. Je rappelle que le plan France très haut débit, pour Internet, c'est 3,5 milliards d'euros qui y sont consacrés, c'est le plus grand chantier du quinquennat.
VERONIQUE JACQUIER
Mais on a l'impression que ça n'avance pas bien vite quand même, donc qu'est-ce qu'il faut faire concrètement ?
AXELLE LEMAIRE
Alors, dans ma loi il y a plein de mesures qui visent à supprimer les obstacles réglementaires. Je vous donne un exemple très concret, plus besoin d'autorisation du syndic d'un immeuble si un opérateur de téléphonie veut venir déployer la fibre. Pourquoi ? Parce que ça prenait trop de temps et c'était trop lourd comme procédure, comme démarches administratives. C'est un exemple, mais on fait énormément, et notamment dans les campagnes et les zones rurales, pour financer l'arrivée d'Internet et de la couverture mobile. C'est vrai que ça prend du temps, il faut prévoir les financements, il faut produire la fibre optique par exemple, il faut former les ouvriers qui viennent creuser les tranchées, il faut tirer la fibre, voyez, c'est très concret, mais ça met au minimum 3 ans. Ce grand plan il a été lancé en 2012, aujourd'hui je me déplace souvent pour aller inaugurer des armoires, ou pour aller tirer de la fibre, qui montre que ça arrive dans les villages de France.
GILLES LECLERC
Et pour l'entreprise, notamment les petites entreprises, vous venez de poster, là, il y a quelques heures, quelques jours, « la République numérique est en marche », honnêtement, quand on est patron d'une TPE est-ce qu'on a le temps de procéder à tout ça, il y a tellement de contraintes, est-ce que là ça avance aussi, qu'est-ce que ça va changer à la vie d'une petite entreprise ?
CYRIL VIGUIER
Des contraintes de coût aussi, peut-être, Gilles LECLERC.
AXELLE LEMAIRE
Oui, vous avez raison de le souligner. Dans le cahier des charges de ce plan France très haut débit qui définit les conditions par lesquelles l'Etat accepte de financer l'arrivée d'Internet, qui est absolument essentiel aujourd'hui pour les entreprises, eh bien nous avons modifié ce cahier des charges pour donner la priorité aux entreprises, c'est le premier point. Et le second, c'est que moi je fais le constat que le marché qu'on appelle interentreprises, donc les accès que vendent les opérateurs à des entreprises, et non pas à des particuliers comme vous et moi, eh bien ce marché, aujourd'hui, il est habité par très peu d'acteurs économiques, par très peu d'opérateurs, donc les prix ont tendance à s'envoler, on n'a pas les quatre opérateurs comme dans le marché des télécoms entre particuliers.
GILLES LECLERC
Donc ça veut dire que le rapprochement BOUYGUES TELECOM, qui avait été évoqué, qui n'a pas finalement marché, vous dites c'est bien.
AXELLE LEMAIRE
Moi ce que je dis surtout c'est, à l'Autorité de régulation, qu'on appelle le gendarme des télécoms, l'ARCEP, d'intervenir sur ce marché interentreprises pour s'assurer que la concurrence joue bien
GILLES LECLERC
Quatre opérateurs, dans un petit pays comme la France, franchement, c'est raisonnable ?
AXELLE LEMAIRE
Donc vous m'interrogez sur la fusion
GILLES LECLERC
Sur BOUYGUES/ ORANGE, bien sûr.
AXELLE LEMAIRE
La fusion qui ne s'est pas réalisée entre BOUYGUES et ORANGE, à terme on a intérêt à avoir des grands acteurs susceptibles de peser au niveau européen et international, ce n'était pas le moment, il faut croire.
CYRIL VIGUIER
Axelle LEMAIRE, à propos d'intervention, vous en parliez il y a un instant, face aux volontés d'achat de VIVENDI, de Vincent BOLLORE dans le secteur des jeux vidéo, il veut racheter GAMELOFT et UBISOFT, vous avez plaidé pour l'indépendance de ces deux sociétés. Est-ce, au fond, le rôle d'un membre du gouvernement d'intervenir de cette manière dans les discussions de sociétés privées ?
AXELLE LEMAIRE
Non
CYRIL VIGUIER
Est-ce que c'est ça faire de la politique autrement ? Vous êtes ministre.
AXELLE LEMAIRE
Un journaliste me pose la question, j'ai deux options, je refuse de répondre ou je donne mon avis. Donner son avis ça ne veut pas dire qu'on intervient, et en l'occurrence je ne suis pas intervenue dans ce dossier qui effectivement concerne deux entreprises.
CYRIL VIGUIER
La parole publique d'un ministre Vous êtes pour ce genre d'acquisitions ?
AXELLE LEMAIRE
Non, mais voilà typiquement, sur cette question précise, je ne répondrai pas par du pour ou du contre, parce que je considère que ce n'est pas mon rôle. En revanche, mon rôle peut être celui d'expliquer que le secteur des jeux vidéo c'est un secteur fragile d'abord, qui a un potentiel de forte croissance en France, la France est septième dans ce secteur dans le monde, avec des grosses entreprises qui comptent beaucoup, mais il est spécifique parce que derrière il y a beaucoup de créativité. C'est proche de la culture, c'est proche de l'art finalement. Et donc, cet équilibre
GILLES LECLERC
VIVENDI est déjà présent dans la culture, ils sont une des plus grosses sociétés françaises
AXELLE LEMAIRE
Je me suis contentée de souligner qu'il était important de préserver l'indépendance de cette capacité de création parce que ça compte énormément y compris dans la manière dont les entreprises et le secteur sont perçus depuis l'étranger.
CYRIL VIGUIER
Vous avez eu des discussions avec les dirigeants de GAMELOFT et UBISOFT ou pas du tout ?
AXELLE LEMAIRE
Oui, avec eux et avec d'autres pour connaitre la situation, savoir ce qui se passe, c'est aussi mon rôle.
GILLES LECLERC
Et avec VIVENDI ?
AXELLE LEMAIRE
Tout à fait, c'est mon rôle de savoir ce qui se passe dans la sphère économique qui relève de mon portefeuille.
VERONIQUE JACQUIER
Le mouvement de citoyens Nuit debout a passé sa cinquième nuit place de la République, sur place quelques centaines de personnes, mais ce qui est intéressant c'est qu'il y a plus de 70.000 personnes qui suivent les débats sur Twitter. Est-ce qu'on n'assiste pas à une « ubérisation » de la politique ?
AXELLE LEMAIRE
Une « ubérisation » des journalistes aussi, si je peux me permettre, parce qu'en fait vous avez vu que
CYRIL VIGUIER
C'est de bonne guerre.
AXELLE LEMAIRE
C'est par Periscope sur Twitter, qui est un réseau social, que sont diffusées en direct les vidéos prises par des manifestants, qui font qu'aujourd'hui les manifs elles sont quasiment virtuelles. Il y avait des e-pétitions, maintenant il y a des e-manifestations. Quand on regarde ces vidéos on s'y croirait
VERONIQUE JACQUIER
Il y a des e-débats.
AXELLE LEMAIRE
On a l'impression d'être place de la République en pleine nuit. Ça interpelle les pouvoir publics, vous avez raison
CYRIL VIGUIER
Donc il y a de la e-inquiétude dans le gouvernement ?
VERONIQUE JACQUIER
C'est un appel des politiques.
AXELLE LEMAIRE
Moi je prends le parti inverse, c'est-à-dire de considérer qu'il faut absolument intégrer ces formes d'expression dans la sphère citoyenne et publique, parce qu'aujourd'hui elles sont un moyen d'expression comme un autre et il faut les entendre, et il faut les écouter. On ne l'a peut-être pas fait assez et moi, pour écrire mon projet de loi, j'ai procédé à une consultation citoyenne, il y a eu plus de 147.000 votes de la part des internautes, je crois que c'est une manière de faire action publique qui doit intégrer complètement l'expression citoyenne.
VERONIQUE JACQUIER
Mais c'est une façon de faire qui échappe complétement aux partis traditionnels, c'est un mouvement spontané, autogéré, il y a des gens du PS qui se sont promenés place de la République, Jean-Christophe CAMBADELIS, pour autant je pense que c'est quelque chose qui échappe à la gauche et aux partis traditionnels.
AXELLE LEMAIRE
Moi, à la gauche, à la droite, je ne sais pas si ça échappe, mais en tout cas ça interpelle et il faut en tenir compte, pas pour dire attention, alerte, nous sommes menacés, mais pour se réinventer, pour se reconstruire. Moi j'envisage d'aller aussi faire un tour pour comprendre ces phénomènes sociétaux, ils sont aujourd'hui une réalité, qu'il faut intégrer.
VERONIQUE JACQUIER
Pour vous est-ce que c'est l'expression d'une colère sourde qui dépasse le projet de loi El Khomri ?
AXELLE LEMAIRE
J'ai le sentiment, quand on interroge les personnes qui prennent part à ces événements, qu'effectivement il y a un désenchantement qui est plus large, il y a une désillusion, voire une défiance vis-à-vis des responsables politiques dans leur ensemble.
VERONIQUE JACQUIER
Défiance vis-à-vis de François HOLLANDE.
AXELLE LEMAIRE
Et du gouvernement, là aussi il faut l'entendre, en revanche on ne sait pas toujours quelles sont les revendications. Je dois dire que je ne comprends pas toujours ce qui est demandé très précisément, et quand on veut discuter avec eux de la loi El Khomri, parfois ils n'en connaissent pas le contenu, donc là aussi ça doit servir à augmenter la qualité du débat public et du dialogue.
CYRIL VIGUIER
Axelle LEMAIRE, Manuel VALLS, le Premier ministre, a déclaré que « le salafisme est en train de gagner la bataille idéologique de l'Islam en France », « il s'est imposé à une partie de la jeunesse » a-t-il dit hier soir. Y a-t-il dans le domaine du numérique, qui est votre secteur d'activité, de l'Internet, des mesures nouvelles à prendre de ce point de vue-là ?
AXELLE LEMAIRE
Je crois que beaucoup a été fait et aujourd'hui nous sommes, au sein du gouvernement, dans une démarche de collaboration avec les géants de l'Internet, avec les grands acteurs du numérique.
CYRIL VIGUIER
Ils collaborent ?
AXELLE LEMAIRE
De mieux en mieux et de plus en plus.
CYRIL VIGUIER
On a entendu parler de problèmes entre le FBI et APPLE
AXELLE LEMAIRE
Et APPLE, alors là c'est plus spécifiquement pour des investigations policières ou judiciaires, donc c'est un autre cadre.
CYRIL VIGUIER
Mais d'une manière générale ils collaborent.
AXELLE LEMAIRE
De manière générale c'est vrai qu'il y a un sentiment, de la part du grand public, qu'il est possible de tout dire sur Internet, et sur les réseaux sociaux, ce n'est pas tout à fait conforme à la réalité. Il n'empêche que, il faut être plus efficace dans la réponse, les entreprises de l'Internet, comme les pouvoirs publics, et pour cela ils doivent se coordonner.
CYRIL VIGUIER
La surveillance marche bien ?
AXELLE LEMAIRE
La coordination de ce point de vue est beaucoup plus efficace parce que c'est vrai que les plateformes signalent des contenus totalement illicites aux forces de l'ordre de manière de plus en plus efficace.
CYRIL VIGUIER
Merci Axelle LEMAIRE, secrétaire d'Etat chargée du Numérique, d'avoir été avec nous ce matin pour inaugurer la première journée de diffusion de nos programmes en HD.
AXELLE LEMAIRE
C'était clair.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 8 avril 2016
Bonjour à tous, bonne matinale à nos côtés, avec aujourd'hui comme invitée Axelle LEMAIRE, secrétaire d'Etat chargée du Numérique, bonjour.
AXELLE LEMAIRE
Bonjour.
CYRIL VIGUIER
Merci d'être avec nous. Pour vous interroger ce matin Véronique JACQUIER de Sud Radio et Gilles LECLERC de Public Sénat, bonjour.
VERONIQUE JACQUIER
Bonjour.
CYRIL VIGUIER
Axelle LEMAIRE, merci d'être avec nous spécialement ce matin parce que nous inaugurons pour la première fois la diffusion de nos programmes en HD et donc c'est agréable d'accueillir la secrétaire d'Etat chargée du Numérique aujourd'hui sur cette antenne. Axelle LEMAIRE, le Panama Papers, le scandale est là, le déclenchement d'une enquête du Parquet, cela veut dire que c'est le gouvernement qui le souhaitait, vous basez-vous sur des déclarations des journalistes d'investigation du consortium international, ou avez-vous des informations de votre côté pour déclencher cette enquête, le gouvernement ?
AXELLE LEMAIRE
Alors, je n'ai pas la réponse à cette question, je crois que c'est Michel SAPIN et Christian ECKERT, ce qui est certain c'est que c'est la plus grande fuite de données dans l'histoire du journalisme, et j'insiste sur le mot « données », parce qu'on se rend bien compte qu'aujourd'hui la circulation de l'information, l'accès à l'information, est absolument critique pour la transparence des actions, des gouvernements en particulier. Et j'aimerai parler du projet de loi pour une République numérique et de l'action de ce gouvernement parce que c'est le parti pris que nous faisons, qui est celui de cette transparence. Je crois qu'aujourd'hui c'est une exigence démocratique.
GILLES LECLERC
Mais là, cette transparence, c'est les journalistes qui la source elle est journalistique, elle n'est pas gouvernementale, ni politique.
AXELLE LEMAIRE
Non, mais elle vient de ce qu'on pourrait appeler un lanceur d'alerte. Il se trouve que dans sa loi Michel SAPIN va insérer un statut protecteur des lanceurs d'alerte et dans mon texte, qui est présenté au Sénat dans trois semaines, il y a un statut pour les lanceurs d'alerte informatique, des gens qui découvrent des failles informatiques, et qui ne seront pas poursuivis pénalement s'ils les révèlent aux organisations concernées. Tout ça pour dire qu'on voit bien que cet enjeu de l'accès à l'information qui soit le plus transparent possible, il est devenu crucial dans nos sociétés démocratiques.
GILLES LECLERC
Vous avez étonnée quand même de ces révélations ?
AXELLE LEMAIRE
De l'ampleur.
GILLES LECLERC
Vous, vous êtes occupée aussi des activités bancaires, vous avez été rapporteur à l'Assemblée en 2013, quand même il y a des banques impliquées, il y a peut-être même un grand parti politique. Vous avez des lumières là-dessus ?
AXELLE LEMAIRE
Alors, frappée par l'ampleur des découvertes, ça concerne plus de 100 personnalités et pas des moindres, on parle du président POUTINE, vous avez vu les réactions en Islande puisque le chef de l'Etat serait également
CYRIL VIGUIER
Le Premier ministre.
AXELLE LEMAIRE
Le Premier ministre, pardon, également concerné. Ce qui frappe c'est à quel point le Panama, présenté comme le mouton noir de la finance internationale, a pu autoriser de telles pratiques, et on voit que ce paradis fiscal a servi à placer de l'argent sale, issu de la corruption, issu de la fraude fiscale, issu du crime organisé ou encore de la traite des êtres humains. Et tous les efforts faits par les Etats, de l'OCDE en particulier, pour lutter contre les paradis fiscaux, y trouvent une limite quand les Etats principalement concernés ne jouent pas le jeu, et c'est le cas du Panama.
VERONIQUE JACQUIER
Justement, on découvre comment s'organise l'opacité d'un système planétaire, de nombreuses banques sont en première ligne. François HOLLANDE a promis hier des enquêtes, mais y a-t-il, dans notre pays, une volonté politique suffisante pour s'attaquer à ce système organisé ?
AXELLE LEMAIRE
Très forte et double. D'abord, effectivement, au niveau national pour poursuivre les personnes de nationalité française qui seraient impliquées notamment parce qu'elles n'auraient pas contribué à l'impôt à hauteur de leurs revenus
VERONIQUE JACQUIER
Oui, mais est-ce qu'on ne se réveille pas un petit peu tard aujourd'hui ?
AXELLE LEMAIRE
Non, je pense que sur la chasse aux fraudeurs, au plan fiscal, c'est ce gouvernement qui a été le plus ferme dans son action, également au niveau européen et au niveau international, parce que la France est très présente dans les négociations justement, qui doivent permettre d'amener la disparition des paradis fiscaux. Mais on voit bien que tous les pays doivent être embarqués, ce n'est pas évident parce qu'on a des pays
CYRIL VIGUIER
Vous sentez quelques réticences sur certains pays ?
AXELLE LEMAIRE
Bien sûr, au coeur de l'Europe
CYRIL VIGUIER
Lesquels ?
AXELLE LEMAIRE
Qui ont des paradis fiscaux, dont un pays qui je connais très bien parce que j'y ai habité pendant longtemps, qui est le Royaume-Uni. Donc, c'est très compliqué ces négociations.
GILLES LECLERC
Donc, vous voulez dire qu'il n'y a pas unanimité en Europe sur cette question-là.
AXELLE LEMAIRE
Je crois que ce genre d'affaire va aider à construire une unanimité qui est plus urgente que jamais.
GILLES LECLERC
Pour revenir directement à votre secteur, vous y faisiez allusion tout à l'heure, comment concilier justement cette liberté d'Internet et des lanceurs d'alerte, dont vous avez parlé, et je sais que vous y êtes attachée, et en même temps, le contexte dans lequel nous sommes, par exemple pour améliorer le renseignement dans le contexte attentats, terroristes, etc. Vous n'êtes pas un peu gênée quand même, sur cette question-là ?
AXELLE LEMAIRE
Non, c'est tout à fait conciliable, il faut simplement que les frontières soient étanches. On parle de, je dirais trois types de données. Il y a les données qui sont captées, exploitées, par des services de renseignement à des fins de garantir l'ordre et la sécurité publique. Il y a des données à caractère quasiment public, mais qui concernent des personnes, qui, si elles sont divulguées
GILLES LECLERC
Quelquefois la frontière est mince !
AXELLE LEMAIRE
D'où l'importance d'avoir des règles, des règles très précises. C'est vrai que quand la loi sur le renseignement a été présentée par le gouvernement elle a été contestée par une partie notamment des gens de l'écosystème numérique, mais on se rend bien compte qu'un texte comme celui-là était important pour mettre les frontières, pour connaître les règles applicables.
GILLES LECLERC
Donc vous n'avez pas eu d'état d'âme vous-même, en charge de ce secteur ?
AXELLE LEMAIRE
La loi que je défends, au contraire, elle protège plus encore la vie privée sur Internet, les données personnelles des internautes, et c'est très important dans un contexte où les services de renseignement ont potentiellement accès à un certain nombre d'informations. Et la troisième frontière c'est l'open data, les données publiques produites par les administrations, dans un cadre totalement légal, et là aussi il y a des règles spécifiques qui doivent s'appliquer.
VERONIQUE JACQUIER
Votre projet de loi pour une république numérique a été très largement adopté à l'Assemblée, il arrive donc au Sénat dans trois semaines, vous l'avez dit. Il n'y a pas d'ambition pour une réelle égalité des territoires quant à l'accès au numérique, il y a encore beaucoup de zones blanches dans notre pays.
AXELLE LEMAIRE
Alors, s'il y a encore beaucoup de zones mal couvertes dans les territoires en France ce n'est pas à dire qu'il n'y a pas d'ambition sur ce sujet, là aussi ce gouvernement est celui qui a fait et qui aura le plus fait pour lutter contre les inégalités, qui sont réelles, de couverture, en Internet et en téléphonie mobile. Je rappelle que le plan France très haut débit, pour Internet, c'est 3,5 milliards d'euros qui y sont consacrés, c'est le plus grand chantier du quinquennat.
VERONIQUE JACQUIER
Mais on a l'impression que ça n'avance pas bien vite quand même, donc qu'est-ce qu'il faut faire concrètement ?
AXELLE LEMAIRE
Alors, dans ma loi il y a plein de mesures qui visent à supprimer les obstacles réglementaires. Je vous donne un exemple très concret, plus besoin d'autorisation du syndic d'un immeuble si un opérateur de téléphonie veut venir déployer la fibre. Pourquoi ? Parce que ça prenait trop de temps et c'était trop lourd comme procédure, comme démarches administratives. C'est un exemple, mais on fait énormément, et notamment dans les campagnes et les zones rurales, pour financer l'arrivée d'Internet et de la couverture mobile. C'est vrai que ça prend du temps, il faut prévoir les financements, il faut produire la fibre optique par exemple, il faut former les ouvriers qui viennent creuser les tranchées, il faut tirer la fibre, voyez, c'est très concret, mais ça met au minimum 3 ans. Ce grand plan il a été lancé en 2012, aujourd'hui je me déplace souvent pour aller inaugurer des armoires, ou pour aller tirer de la fibre, qui montre que ça arrive dans les villages de France.
GILLES LECLERC
Et pour l'entreprise, notamment les petites entreprises, vous venez de poster, là, il y a quelques heures, quelques jours, « la République numérique est en marche », honnêtement, quand on est patron d'une TPE est-ce qu'on a le temps de procéder à tout ça, il y a tellement de contraintes, est-ce que là ça avance aussi, qu'est-ce que ça va changer à la vie d'une petite entreprise ?
CYRIL VIGUIER
Des contraintes de coût aussi, peut-être, Gilles LECLERC.
AXELLE LEMAIRE
Oui, vous avez raison de le souligner. Dans le cahier des charges de ce plan France très haut débit qui définit les conditions par lesquelles l'Etat accepte de financer l'arrivée d'Internet, qui est absolument essentiel aujourd'hui pour les entreprises, eh bien nous avons modifié ce cahier des charges pour donner la priorité aux entreprises, c'est le premier point. Et le second, c'est que moi je fais le constat que le marché qu'on appelle interentreprises, donc les accès que vendent les opérateurs à des entreprises, et non pas à des particuliers comme vous et moi, eh bien ce marché, aujourd'hui, il est habité par très peu d'acteurs économiques, par très peu d'opérateurs, donc les prix ont tendance à s'envoler, on n'a pas les quatre opérateurs comme dans le marché des télécoms entre particuliers.
GILLES LECLERC
Donc ça veut dire que le rapprochement BOUYGUES TELECOM, qui avait été évoqué, qui n'a pas finalement marché, vous dites c'est bien.
AXELLE LEMAIRE
Moi ce que je dis surtout c'est, à l'Autorité de régulation, qu'on appelle le gendarme des télécoms, l'ARCEP, d'intervenir sur ce marché interentreprises pour s'assurer que la concurrence joue bien
GILLES LECLERC
Quatre opérateurs, dans un petit pays comme la France, franchement, c'est raisonnable ?
AXELLE LEMAIRE
Donc vous m'interrogez sur la fusion
GILLES LECLERC
Sur BOUYGUES/ ORANGE, bien sûr.
AXELLE LEMAIRE
La fusion qui ne s'est pas réalisée entre BOUYGUES et ORANGE, à terme on a intérêt à avoir des grands acteurs susceptibles de peser au niveau européen et international, ce n'était pas le moment, il faut croire.
CYRIL VIGUIER
Axelle LEMAIRE, à propos d'intervention, vous en parliez il y a un instant, face aux volontés d'achat de VIVENDI, de Vincent BOLLORE dans le secteur des jeux vidéo, il veut racheter GAMELOFT et UBISOFT, vous avez plaidé pour l'indépendance de ces deux sociétés. Est-ce, au fond, le rôle d'un membre du gouvernement d'intervenir de cette manière dans les discussions de sociétés privées ?
AXELLE LEMAIRE
Non
CYRIL VIGUIER
Est-ce que c'est ça faire de la politique autrement ? Vous êtes ministre.
AXELLE LEMAIRE
Un journaliste me pose la question, j'ai deux options, je refuse de répondre ou je donne mon avis. Donner son avis ça ne veut pas dire qu'on intervient, et en l'occurrence je ne suis pas intervenue dans ce dossier qui effectivement concerne deux entreprises.
CYRIL VIGUIER
La parole publique d'un ministre Vous êtes pour ce genre d'acquisitions ?
AXELLE LEMAIRE
Non, mais voilà typiquement, sur cette question précise, je ne répondrai pas par du pour ou du contre, parce que je considère que ce n'est pas mon rôle. En revanche, mon rôle peut être celui d'expliquer que le secteur des jeux vidéo c'est un secteur fragile d'abord, qui a un potentiel de forte croissance en France, la France est septième dans ce secteur dans le monde, avec des grosses entreprises qui comptent beaucoup, mais il est spécifique parce que derrière il y a beaucoup de créativité. C'est proche de la culture, c'est proche de l'art finalement. Et donc, cet équilibre
GILLES LECLERC
VIVENDI est déjà présent dans la culture, ils sont une des plus grosses sociétés françaises
AXELLE LEMAIRE
Je me suis contentée de souligner qu'il était important de préserver l'indépendance de cette capacité de création parce que ça compte énormément y compris dans la manière dont les entreprises et le secteur sont perçus depuis l'étranger.
CYRIL VIGUIER
Vous avez eu des discussions avec les dirigeants de GAMELOFT et UBISOFT ou pas du tout ?
AXELLE LEMAIRE
Oui, avec eux et avec d'autres pour connaitre la situation, savoir ce qui se passe, c'est aussi mon rôle.
GILLES LECLERC
Et avec VIVENDI ?
AXELLE LEMAIRE
Tout à fait, c'est mon rôle de savoir ce qui se passe dans la sphère économique qui relève de mon portefeuille.
VERONIQUE JACQUIER
Le mouvement de citoyens Nuit debout a passé sa cinquième nuit place de la République, sur place quelques centaines de personnes, mais ce qui est intéressant c'est qu'il y a plus de 70.000 personnes qui suivent les débats sur Twitter. Est-ce qu'on n'assiste pas à une « ubérisation » de la politique ?
AXELLE LEMAIRE
Une « ubérisation » des journalistes aussi, si je peux me permettre, parce qu'en fait vous avez vu que
CYRIL VIGUIER
C'est de bonne guerre.
AXELLE LEMAIRE
C'est par Periscope sur Twitter, qui est un réseau social, que sont diffusées en direct les vidéos prises par des manifestants, qui font qu'aujourd'hui les manifs elles sont quasiment virtuelles. Il y avait des e-pétitions, maintenant il y a des e-manifestations. Quand on regarde ces vidéos on s'y croirait
VERONIQUE JACQUIER
Il y a des e-débats.
AXELLE LEMAIRE
On a l'impression d'être place de la République en pleine nuit. Ça interpelle les pouvoir publics, vous avez raison
CYRIL VIGUIER
Donc il y a de la e-inquiétude dans le gouvernement ?
VERONIQUE JACQUIER
C'est un appel des politiques.
AXELLE LEMAIRE
Moi je prends le parti inverse, c'est-à-dire de considérer qu'il faut absolument intégrer ces formes d'expression dans la sphère citoyenne et publique, parce qu'aujourd'hui elles sont un moyen d'expression comme un autre et il faut les entendre, et il faut les écouter. On ne l'a peut-être pas fait assez et moi, pour écrire mon projet de loi, j'ai procédé à une consultation citoyenne, il y a eu plus de 147.000 votes de la part des internautes, je crois que c'est une manière de faire action publique qui doit intégrer complètement l'expression citoyenne.
VERONIQUE JACQUIER
Mais c'est une façon de faire qui échappe complétement aux partis traditionnels, c'est un mouvement spontané, autogéré, il y a des gens du PS qui se sont promenés place de la République, Jean-Christophe CAMBADELIS, pour autant je pense que c'est quelque chose qui échappe à la gauche et aux partis traditionnels.
AXELLE LEMAIRE
Moi, à la gauche, à la droite, je ne sais pas si ça échappe, mais en tout cas ça interpelle et il faut en tenir compte, pas pour dire attention, alerte, nous sommes menacés, mais pour se réinventer, pour se reconstruire. Moi j'envisage d'aller aussi faire un tour pour comprendre ces phénomènes sociétaux, ils sont aujourd'hui une réalité, qu'il faut intégrer.
VERONIQUE JACQUIER
Pour vous est-ce que c'est l'expression d'une colère sourde qui dépasse le projet de loi El Khomri ?
AXELLE LEMAIRE
J'ai le sentiment, quand on interroge les personnes qui prennent part à ces événements, qu'effectivement il y a un désenchantement qui est plus large, il y a une désillusion, voire une défiance vis-à-vis des responsables politiques dans leur ensemble.
VERONIQUE JACQUIER
Défiance vis-à-vis de François HOLLANDE.
AXELLE LEMAIRE
Et du gouvernement, là aussi il faut l'entendre, en revanche on ne sait pas toujours quelles sont les revendications. Je dois dire que je ne comprends pas toujours ce qui est demandé très précisément, et quand on veut discuter avec eux de la loi El Khomri, parfois ils n'en connaissent pas le contenu, donc là aussi ça doit servir à augmenter la qualité du débat public et du dialogue.
CYRIL VIGUIER
Axelle LEMAIRE, Manuel VALLS, le Premier ministre, a déclaré que « le salafisme est en train de gagner la bataille idéologique de l'Islam en France », « il s'est imposé à une partie de la jeunesse » a-t-il dit hier soir. Y a-t-il dans le domaine du numérique, qui est votre secteur d'activité, de l'Internet, des mesures nouvelles à prendre de ce point de vue-là ?
AXELLE LEMAIRE
Je crois que beaucoup a été fait et aujourd'hui nous sommes, au sein du gouvernement, dans une démarche de collaboration avec les géants de l'Internet, avec les grands acteurs du numérique.
CYRIL VIGUIER
Ils collaborent ?
AXELLE LEMAIRE
De mieux en mieux et de plus en plus.
CYRIL VIGUIER
On a entendu parler de problèmes entre le FBI et APPLE
AXELLE LEMAIRE
Et APPLE, alors là c'est plus spécifiquement pour des investigations policières ou judiciaires, donc c'est un autre cadre.
CYRIL VIGUIER
Mais d'une manière générale ils collaborent.
AXELLE LEMAIRE
De manière générale c'est vrai qu'il y a un sentiment, de la part du grand public, qu'il est possible de tout dire sur Internet, et sur les réseaux sociaux, ce n'est pas tout à fait conforme à la réalité. Il n'empêche que, il faut être plus efficace dans la réponse, les entreprises de l'Internet, comme les pouvoirs publics, et pour cela ils doivent se coordonner.
CYRIL VIGUIER
La surveillance marche bien ?
AXELLE LEMAIRE
La coordination de ce point de vue est beaucoup plus efficace parce que c'est vrai que les plateformes signalent des contenus totalement illicites aux forces de l'ordre de manière de plus en plus efficace.
CYRIL VIGUIER
Merci Axelle LEMAIRE, secrétaire d'Etat chargée du Numérique, d'avoir été avec nous ce matin pour inaugurer la première journée de diffusion de nos programmes en HD.
AXELLE LEMAIRE
C'était clair.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 8 avril 2016