Texte intégral
Q- Avec quelles informations rentrez-vous de Washington ?
R - Les responsables américains nous sont apparus déterminés avec sang-froid, sans nervosité, engagés dans une action de longue haleine.
Planifiant sans doute des actions à court terme - mais je ne peux vous donner d'indications de date - pour "casser" la tête du ou des réseaux Ben Laden, si possible en l'obtenant via le Pakistan, sinon par d'autres moyens plus directs. Au-delà, ils travaillent en vue d'un assèchement financier de tout le système, ce qui les amènera à exercer des pressions très fortes sur des pays d'où partent des aides au terrorisme par mille canaux privés ou pseudo-caritatifs, même si les gouvernements, en tant que tels, n'y participent pas. Ensuite, la lutte contre le terrorisme passe par un travail de coordination policière, financière, judiciaire, par la mise en commun du renseignement. Et j'ajoute : par le traitement des causes. Un certain nombre de situations alimente le terrorisme. Nous avons trouvé à Washington des responsables travaillant sur ces différents points.
Q - Où sollicitent-ils l'aide de la France ?
R - Pour le moment, ils n'ont pas fait de demandes militaires précises. Rien dans leurs réflexions n'indique qu'ils veuillent se servir de l'OTAN. Mais il y a l'énorme travail politico-diplomatique animé par Colin Powell pour bâtir ce qu'il appelle "la coalition". Il insiste lui-même sur le fait que l'action militaire n'est qu'un aspect parmi d'autres; il emploie ce terme de "coalition" pour l'ensemble des actions qui vont se développer dans tous les domaines de la lutte contre le terrorisme, il ne faut pas lui donner le même sens que lors de la guerre du Golfe. Les Américains ne cherchent pas à monter une coalition militaire stricto sensu.
Q - Pourraient-ils solliciter l'aide de l'Europe ou de la France ?
R - Ce n'est pas le cas à ce stade, mais je ne l'exclus pas. Le président de la République a exprimé avec force sur place notre solidarité. Le Premier ministre a parlé d'une solidarité humaine, politique et fonctionnelle. Cette solidarité n'entame en rien notre liberté de décision. Ils se détermineront si nous sommes face à une demande précise.
Q - Les députés allemands ont voté mercredi une motion qui autorise le gouvernement à engager la Bundeswehr; Tony Blair a quasiment fait des offres de services. Nos partenaires ont répondu en quelque sorte par avance
R - Notre attitude est identique. Chaque pays réagit en fonction de son système institutionnel.
Q - Avez-vous trouvé des dirigeants américains prêts à associer leurs alliés à la définition des cibles, de la méthode, ou demandent-ils d'approuver des décisions déjà prises ?
R - Sur le plan militaire proprement dit, je n'ai pas le sentiment qu'on en soit là. En revanche, ce qui m'a frappé c'est que George Bush et Colin Powell ne parlaient pas ou plus de façon unilatéraliste ; ils parlaient de coalition, d'échange d'informations, de discussion avec les partenaires occidentaux, avec la Russie, la Chine, l'Inde, la plupart des gouvernements arabes. C'est une approche multilatérale de la politique à mener, dans la durée, pour lutter contre le terrorisme et l'éradiquer. Sur l'opération militaire proprement dite, c'est l'Amérique qui est frappée, souffrante, humiliée, et on voit qu'elle veut réagir d'abord elle-même. Ils sont aussi confiants dans les réactions de leurs amis et très sensibles à ce qui a été exprimé par la France. Ils n'ont pas encore exprimé de demande précise parce qu'ils n'en sont pas là. Mais nous n'avons rien exclu. Je ne les crois pas en train d'inventer une riposte urgente pour satisfaire l'opinion. Une gravité nouvelle est apparue chez eux avec la conscience de leur vulnérabilité.
Q - Diriez-vous qu'il existe une adéquation entre les objectifs qu'ils se sont fixés, les cibles et la méthode choisies ?
R - J'ai été le premier à dire qu'il ne faut pas tomber dans le piège diabolique que les terroristes ont sans doute voulu nous tendre, celui du conflit entre civilisations. C'est la conviction des dirigeants français et des autres Européens, et aussi la réaction immédiate des Américains ; nous n'avons donc pas eu besoin de les mettre en garde. Rien ne donne le sentiment que les Etats-Unis se préparent à quelque chose qui déclencherait cet engrenage.
Q - Ont-ils une définition précise de l'adversaire ; est-il uniquement question de Ben Laden ?
R - Ils disent que tous les indices dont ils disposent remontent à des réseaux Ben Laden et qu'ils n'ont pas d'indices allant ailleurs, même si certains médias américains essaient de dire quelque chose d'un peu différent.
Q - Les réseaux Ben Laden ne font-ils pas écran à un ou plusieurs Etats ?
R - On ne peut pas l'exclure mais il n'y a pas aujourd'hui d'indications dans ce sens. Toutefois, il ne suffit pas qu'une organisation transnationale de ce type ait atteint ce terrifiant niveau d'efficacité pour que l'on en conclue qu'il y a un Etat derrière. Il est important que les Américains donnent au monde un maximum d'indications et de précisions.
Q- L'Iraq a été mentionné dans la presse américaine, mais aussi par certains responsables américains.
R - Certains responsables, mais ni le président ni Colin Powell.
Q - Qu'attendent-ils précisément du Pakistan ?
R - Que les Pakistanais livrent les réseaux terroristes. Il est difficile de traiter cette affaire comme étant purement afghane, compte tenu des liens d'une partie de l'armée, de certains services pakistanais, ou de la société, avec les Taleban. Mais il peut y avoir un degré de pression, certaines formes d'action qui entraînent une réaction au Pakistan et qui, à terme, déstabilisent le pays. Mais il m'a semblé que Colin Powell avait ce risque en tête et que les Américains essaieront d'aller aussi loin que possible pour obtenir une coopération opérationnelle du Pakistan, sans provoquer ce choc.
Q - Au-delà de Ben Laden, la fin du régime des Taleban est-il un objectif des Américains que nous partagerions ?
R - La fin du régime des Taleban, ce régime épouvantable, est souhaitée par beaucoup dans le monde. Il faudra aussi penser à l'avenir de ce pays martyrisé. Mais à ce stade, la fin du régime des Taleban ne paraît pas encore un objectif opérationnel des Américains. Cela dépendra des prochains événements.
Q - Le président Chirac a insisté sur le rôle que pourrait jouer l'ONU. Quel est-il ? Les Etats-Unis doivent-ils repasser devant le Conseil de sécurité avant une intervention ?
R - C'est à l'initiative de la France que le Conseil de sécurité a adopté, le 12 septembre, la résolution 1368 qui condamne les attaques terroristes et reconnaît aux Etats-Unis le droit à la légitime défense. L'ONU a ainsi donné aux Etats-Unis et à leurs alliés une large habilitation pour réagir. S'agissant du Conseil de sécurité, on peut penser à des actions plus spécifiques, par exemple des sanctions contre des Etats qui refuseraient de coopérer. Nous, Français, nous pensons qu'au-delà des événements à court terme le Conseil de sécurité est l'enceinte la plus légitime pour définir la politique générale mondiale de lutte contre le terrorisme. Il y a un peu plus d'un an, j'ai présenté à l'assemblée générale de l'ONU une convention pour la répression du financement du terrorisme, malheureusement quatre pays seulement à ce jour l'ont ratifiée et il en faut vingt-deux: il faut accélérer.
Q - Les attentats du 11 septembre bouleversent-ils les données de la politique internationale ?
R - La formule "plus rien ne sera jamais comme avant" risque de faire oublier que certains problèmes du monde, qui étaient déjà très préoccupants avant, sont toujours là. Il fallait déjà que nous nous efforcions de surmonter des fractures multiples : désaccords entre les pays riches et les pays pauvres, entre les Occidentaux et les autres, désaccords sur les institutions de la gouvernance mondiale, sur les conditionnalités, sur les lectures de l'histoire, sur la question israélo-palestinienne Puis est survenue la tragédie du 11 septembre, et il y a naturellement des réactions en chaîne. Cela change la façon dont l'Amérique se voit, son sentiment d'invulnérabilité, cela démontre l'impossibilité de l'isolationnisme et même de l'unilatéralisme. Cela aura des répercussions dans la relation entre les Etats-Unis et les autres Etats et sur les différentes institutions internationales ; confrontés à la lutte contre le terrorisme, tous auront l'obligation de surmonter les verrous qui, jusqu'ici, les empêchaient d'atteindre un niveau supplémentaire d'efficacité. La France, qui est un des plus anciens alliés du peuple américain, qui le manifeste fraternellement, qui a une expérience diplomatique très riche et diversifiée, avec de nombreux pays-clés, notamment arabes, qui a fait des propositions d'harmonisation et de régulation du monde, doit participer à ce moment charnière où nous allons devoir travailler sur tous les problèmes graves du monde, et pas seulement sur le terrorisme. Je pense qu'elle peut beaucoup apporter. C'est une obligation pour nous d'être au premier rang de ceux qui vont agir pour que de cet immense malheur sorte un monde plus juste et plus sûr. Nous sommes bien placés pour cela et nous devons le faire.
Q - Au Proche-Orient, par exemple ?
R - L'administration américaine semble vouloir aujourd'hui agir pour y faire progresser la paix. Nous sommes peut-être au début de la désescalade. Nous nous retrouvons ainsi en phase : vous aviez pu constater, ces dernières semaines, que l'Europe a été très présente sur le terrain, en appelant inlassablement les Etats-Unis à se réengager.
Q - Plus la riposte sera violente et rapide, plus les risques de briser la "coalition" seront grands
R - Si les cibles apparaissent comme légitimes, les Américains pourront continuer à mettre sur pied et à consolider une vraie coalition mondiale dans la durée pour éradiquer le terrorisme. Ils ne donnent pas l'impression de vouloir régler, par une réaction inadaptée, d'autres comptes. Ils parlent plutôt de coalition politique. Ils ont demandé aux pays du monde s'ils étaient d'accord pour lutter contre le terrorisme, tous ont répondu par l'affirmative. Maintenant il faut agir, fort et juste.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 septembre 2001)
R - Les responsables américains nous sont apparus déterminés avec sang-froid, sans nervosité, engagés dans une action de longue haleine.
Planifiant sans doute des actions à court terme - mais je ne peux vous donner d'indications de date - pour "casser" la tête du ou des réseaux Ben Laden, si possible en l'obtenant via le Pakistan, sinon par d'autres moyens plus directs. Au-delà, ils travaillent en vue d'un assèchement financier de tout le système, ce qui les amènera à exercer des pressions très fortes sur des pays d'où partent des aides au terrorisme par mille canaux privés ou pseudo-caritatifs, même si les gouvernements, en tant que tels, n'y participent pas. Ensuite, la lutte contre le terrorisme passe par un travail de coordination policière, financière, judiciaire, par la mise en commun du renseignement. Et j'ajoute : par le traitement des causes. Un certain nombre de situations alimente le terrorisme. Nous avons trouvé à Washington des responsables travaillant sur ces différents points.
Q - Où sollicitent-ils l'aide de la France ?
R - Pour le moment, ils n'ont pas fait de demandes militaires précises. Rien dans leurs réflexions n'indique qu'ils veuillent se servir de l'OTAN. Mais il y a l'énorme travail politico-diplomatique animé par Colin Powell pour bâtir ce qu'il appelle "la coalition". Il insiste lui-même sur le fait que l'action militaire n'est qu'un aspect parmi d'autres; il emploie ce terme de "coalition" pour l'ensemble des actions qui vont se développer dans tous les domaines de la lutte contre le terrorisme, il ne faut pas lui donner le même sens que lors de la guerre du Golfe. Les Américains ne cherchent pas à monter une coalition militaire stricto sensu.
Q - Pourraient-ils solliciter l'aide de l'Europe ou de la France ?
R - Ce n'est pas le cas à ce stade, mais je ne l'exclus pas. Le président de la République a exprimé avec force sur place notre solidarité. Le Premier ministre a parlé d'une solidarité humaine, politique et fonctionnelle. Cette solidarité n'entame en rien notre liberté de décision. Ils se détermineront si nous sommes face à une demande précise.
Q - Les députés allemands ont voté mercredi une motion qui autorise le gouvernement à engager la Bundeswehr; Tony Blair a quasiment fait des offres de services. Nos partenaires ont répondu en quelque sorte par avance
R - Notre attitude est identique. Chaque pays réagit en fonction de son système institutionnel.
Q - Avez-vous trouvé des dirigeants américains prêts à associer leurs alliés à la définition des cibles, de la méthode, ou demandent-ils d'approuver des décisions déjà prises ?
R - Sur le plan militaire proprement dit, je n'ai pas le sentiment qu'on en soit là. En revanche, ce qui m'a frappé c'est que George Bush et Colin Powell ne parlaient pas ou plus de façon unilatéraliste ; ils parlaient de coalition, d'échange d'informations, de discussion avec les partenaires occidentaux, avec la Russie, la Chine, l'Inde, la plupart des gouvernements arabes. C'est une approche multilatérale de la politique à mener, dans la durée, pour lutter contre le terrorisme et l'éradiquer. Sur l'opération militaire proprement dite, c'est l'Amérique qui est frappée, souffrante, humiliée, et on voit qu'elle veut réagir d'abord elle-même. Ils sont aussi confiants dans les réactions de leurs amis et très sensibles à ce qui a été exprimé par la France. Ils n'ont pas encore exprimé de demande précise parce qu'ils n'en sont pas là. Mais nous n'avons rien exclu. Je ne les crois pas en train d'inventer une riposte urgente pour satisfaire l'opinion. Une gravité nouvelle est apparue chez eux avec la conscience de leur vulnérabilité.
Q - Diriez-vous qu'il existe une adéquation entre les objectifs qu'ils se sont fixés, les cibles et la méthode choisies ?
R - J'ai été le premier à dire qu'il ne faut pas tomber dans le piège diabolique que les terroristes ont sans doute voulu nous tendre, celui du conflit entre civilisations. C'est la conviction des dirigeants français et des autres Européens, et aussi la réaction immédiate des Américains ; nous n'avons donc pas eu besoin de les mettre en garde. Rien ne donne le sentiment que les Etats-Unis se préparent à quelque chose qui déclencherait cet engrenage.
Q - Ont-ils une définition précise de l'adversaire ; est-il uniquement question de Ben Laden ?
R - Ils disent que tous les indices dont ils disposent remontent à des réseaux Ben Laden et qu'ils n'ont pas d'indices allant ailleurs, même si certains médias américains essaient de dire quelque chose d'un peu différent.
Q - Les réseaux Ben Laden ne font-ils pas écran à un ou plusieurs Etats ?
R - On ne peut pas l'exclure mais il n'y a pas aujourd'hui d'indications dans ce sens. Toutefois, il ne suffit pas qu'une organisation transnationale de ce type ait atteint ce terrifiant niveau d'efficacité pour que l'on en conclue qu'il y a un Etat derrière. Il est important que les Américains donnent au monde un maximum d'indications et de précisions.
Q- L'Iraq a été mentionné dans la presse américaine, mais aussi par certains responsables américains.
R - Certains responsables, mais ni le président ni Colin Powell.
Q - Qu'attendent-ils précisément du Pakistan ?
R - Que les Pakistanais livrent les réseaux terroristes. Il est difficile de traiter cette affaire comme étant purement afghane, compte tenu des liens d'une partie de l'armée, de certains services pakistanais, ou de la société, avec les Taleban. Mais il peut y avoir un degré de pression, certaines formes d'action qui entraînent une réaction au Pakistan et qui, à terme, déstabilisent le pays. Mais il m'a semblé que Colin Powell avait ce risque en tête et que les Américains essaieront d'aller aussi loin que possible pour obtenir une coopération opérationnelle du Pakistan, sans provoquer ce choc.
Q - Au-delà de Ben Laden, la fin du régime des Taleban est-il un objectif des Américains que nous partagerions ?
R - La fin du régime des Taleban, ce régime épouvantable, est souhaitée par beaucoup dans le monde. Il faudra aussi penser à l'avenir de ce pays martyrisé. Mais à ce stade, la fin du régime des Taleban ne paraît pas encore un objectif opérationnel des Américains. Cela dépendra des prochains événements.
Q - Le président Chirac a insisté sur le rôle que pourrait jouer l'ONU. Quel est-il ? Les Etats-Unis doivent-ils repasser devant le Conseil de sécurité avant une intervention ?
R - C'est à l'initiative de la France que le Conseil de sécurité a adopté, le 12 septembre, la résolution 1368 qui condamne les attaques terroristes et reconnaît aux Etats-Unis le droit à la légitime défense. L'ONU a ainsi donné aux Etats-Unis et à leurs alliés une large habilitation pour réagir. S'agissant du Conseil de sécurité, on peut penser à des actions plus spécifiques, par exemple des sanctions contre des Etats qui refuseraient de coopérer. Nous, Français, nous pensons qu'au-delà des événements à court terme le Conseil de sécurité est l'enceinte la plus légitime pour définir la politique générale mondiale de lutte contre le terrorisme. Il y a un peu plus d'un an, j'ai présenté à l'assemblée générale de l'ONU une convention pour la répression du financement du terrorisme, malheureusement quatre pays seulement à ce jour l'ont ratifiée et il en faut vingt-deux: il faut accélérer.
Q - Les attentats du 11 septembre bouleversent-ils les données de la politique internationale ?
R - La formule "plus rien ne sera jamais comme avant" risque de faire oublier que certains problèmes du monde, qui étaient déjà très préoccupants avant, sont toujours là. Il fallait déjà que nous nous efforcions de surmonter des fractures multiples : désaccords entre les pays riches et les pays pauvres, entre les Occidentaux et les autres, désaccords sur les institutions de la gouvernance mondiale, sur les conditionnalités, sur les lectures de l'histoire, sur la question israélo-palestinienne Puis est survenue la tragédie du 11 septembre, et il y a naturellement des réactions en chaîne. Cela change la façon dont l'Amérique se voit, son sentiment d'invulnérabilité, cela démontre l'impossibilité de l'isolationnisme et même de l'unilatéralisme. Cela aura des répercussions dans la relation entre les Etats-Unis et les autres Etats et sur les différentes institutions internationales ; confrontés à la lutte contre le terrorisme, tous auront l'obligation de surmonter les verrous qui, jusqu'ici, les empêchaient d'atteindre un niveau supplémentaire d'efficacité. La France, qui est un des plus anciens alliés du peuple américain, qui le manifeste fraternellement, qui a une expérience diplomatique très riche et diversifiée, avec de nombreux pays-clés, notamment arabes, qui a fait des propositions d'harmonisation et de régulation du monde, doit participer à ce moment charnière où nous allons devoir travailler sur tous les problèmes graves du monde, et pas seulement sur le terrorisme. Je pense qu'elle peut beaucoup apporter. C'est une obligation pour nous d'être au premier rang de ceux qui vont agir pour que de cet immense malheur sorte un monde plus juste et plus sûr. Nous sommes bien placés pour cela et nous devons le faire.
Q - Au Proche-Orient, par exemple ?
R - L'administration américaine semble vouloir aujourd'hui agir pour y faire progresser la paix. Nous sommes peut-être au début de la désescalade. Nous nous retrouvons ainsi en phase : vous aviez pu constater, ces dernières semaines, que l'Europe a été très présente sur le terrain, en appelant inlassablement les Etats-Unis à se réengager.
Q - Plus la riposte sera violente et rapide, plus les risques de briser la "coalition" seront grands
R - Si les cibles apparaissent comme légitimes, les Américains pourront continuer à mettre sur pied et à consolider une vraie coalition mondiale dans la durée pour éradiquer le terrorisme. Ils ne donnent pas l'impression de vouloir régler, par une réaction inadaptée, d'autres comptes. Ils parlent plutôt de coalition politique. Ils ont demandé aux pays du monde s'ils étaient d'accord pour lutter contre le terrorisme, tous ont répondu par l'affirmative. Maintenant il faut agir, fort et juste.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 septembre 2001)