Interview de M. Manuel Valls, Premier ministre, à RTL le 6 septembre 2016, sur le procès de l'ancien ministre M. Jérôme Cahuzac, l'engagement d'une baisse de l'impôt sur le revenu en 2017, la controverse par articles interposés avec le New York Times au sujet des musulmanes européennes et la situation au Gabon.

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Média : Emission L'Invité de RTL - RTL

Texte intégral

YVES CALVI
Bonjour Manuel VALLS.
MANUEL VALLS
Bonjour Yves CALVI.
YVES CALVI
Bonjour Monsieur le Premier ministre. Merci d'être avec nous ce matin en direct sur RTL. Vous allez répondre dans quelques instants aux questions d'Elizabeth MARTICHOUX, et puis, à partir de 08h20, vous discuterez aussi avec les auditeurs de RTL, qui nous appellent au 32.10. Je crois avoir bien lu, fin août, que vous ne souhaitiez pas que la gauche soit identifiée à l'impôt, je viens d'écouter la chronique de François, et j'avais envie de vous dire : c'est raté.
MANUEL VALLS
Non, je ne le crois pas précisément, parce que depuis que je suis Premier ministre, depuis 2014, les impôts et l'impôt sur le revenu baissent, et nous allons continuer ce mouvement.
YVES CALVI
On discute de tout ça dans quelques instants avec Elizabeth MARTICHOUX. Bienvenue à tous les deux.
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Bienvenue à ceux qui nous rejoignent. Elizabeth MARTICHOUX, vous recevez ce matin le Premier ministre, Manuel VALLS.
ELIZABETH MARTICHOUX
Bonjour Manuel VALLS.
MANUEL VALLS
Bonjour Elizabeth MARTICHOUX.
ELIZABETH MARTICHOUX
Merci d'être avec nous ce matin. Jérôme CAHUZAC a lâché une bombe hier au premier jour de son procès, le premier compte – dit-il – qu'il a ouvert en Suisse a servi à financer les activités politiques de Michel ROCARD. Vous étiez au courant ?
MANUEL VALLS
Non, je ne suis évidemment au courant de rien. Jérôme CAHUZAC s'exprime dans le cadre du procès qui le concerne directement, je ne vais pas commenter un procès en cours, je suis chef du gouvernement, la justice est indépendante, c'est bien la démonstration qu'il n'y a pas deux poids, deux mesures. L'ancien membre du gouvernement, d'un gouvernement socialiste, est aujourd'hui devant la justice. Je sais deux choses, c'est que Michel ROCARD est le premier responsable politique à avoir permis une loi, le vote d'une loi, instaurant enfin, en 1990, la transparence sur…
ELIZABETH MARTICHOUX
Alors Jérôme CAHUZAC affirme que ça serait fait à son insu…
MANUEL VALLS
Bien sûr…
ELIZABETH MARTICHOUX
Son équipe savait, dit-il…
MANUEL VALLS
Bien sûr, comme Michel…
ELIZABETH MARTICHOUX
Michel ROCARD ne le savait pas, vous étiez dans son équipe, vous ne le saviez pas ?
MANUEL VALLS
Et comme Michel ROCARD est décédé, comme un ami, très proche, y compris de Jérôme CAHUZAC, il est de Carcassonne, il était le principal conseiller à ce moment-là de Michel ROCARD, qui est décédé, on a du mal à suivre Jérôme CAHUZAC. Mais vous savez, je n'ai pas envie de rentrer dans cette discussion par respect…
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais c'est important parce qu'on sait que les Français sont en ce moment très, très sensibles à ces questions…
MANUEL VALLS
Oui, mais précisément, la journée d'hier a été, je n'en doute pas, difficile…
ELIZABETH MARTICHOUX
Encore de ce point de vue-là… difficile pour la politique française…
MANUEL VALLS
Et donc, du coup, je me dois de respecter, c'est mon éthique, l'indépendance de la justice, et je sais que Michel ROCARD a fait voter une loi qui a permis la transparence des comptes, la légalisation des comptes de campagne, et je sais aussi quelle était l'éthique de Michel ROCARD et de son entourage.
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous êtes donc fondé à penser que c'est encore CAHUZAC le menteur ?
MANUEL VALLS
Mais je ne fais pas de commentaires.
ELIZABETH MARTICHOUX
Et dernière question, est-ce qu'une des campagnes de ROCARD, de Michel ROCARD, à son insu, a pu être financée par l'industrie pharmaceutique ? Pour vous, c'est invraisemblable ?
MANUEL VALLS
Je ne le conçois pas un seul instant, mais vous voyez, ce type de déclaration, elle est faite pour instiller le doute, y compris à l'égard d'un homme qui vient de disparaître, et dont la vie politique…
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous êtes choqué ? Vous êtes choqué finalement d'avoir à commenter cette déclaration de Jérôme CAHUZAC, qui doit répondre de manquements graves à la loi française ?
MANUEL VALLS
Mais c'est à lui de s'expliquer, à ses manquements. Et moi, je suis triste, et je rajouterais peut-être, dégoûté.
ELIZABETH MARTICHOUX
A propos d'argent et politique, vous y faisiez allusion, faut-il voir dans la demande de renvoi de Nicolas SARKOZY en correctionnelle, dans l'affaire BYGMALION, une basse manoeuvre des socialistes, c'est ce qu'ont laissé entendre hier certains Sarkozystes ?
MANUEL VALLS
Deux principes, je les évoquais le premier, c'est l'indépendance de la justice, et le deuxième, c'est la présomption d'innocence, et au-delà encore, et c'est mon éthique, dans mes fonctions, je ne peux pas commenter des décisions de justice, au nom même de ces deux principes, le seul message que je peux faire passer…
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous pouvez commenter les commentaires, Thierry HERZOG, l'avocat de Nicolas SARKOZY, était hier soir sur RTL. A la question de Marc-Olivier FOGIEL, est-ce que ça vient de l'Elysée ? Il répond – je cite – je n'ai aucun doute. Donc lui, il commente aussi.
MANUEL VALLS
Mais la justice est indépendante, nous le voyons bien, y compris sur l'affaire que nous venons de commenter il y a un instant. Les mêmes qui parlent d'une autorité de l'Etat, qui serait en cause, qui remettent en permanence en cause la capacité qui serait celle du pouvoir aujourd'hui de l'exécutif d'assumer cette autorité, sont les mêmes qui, par ces commentaires, dégradants d'ailleurs, à l'égard de la justice, mettent en cause l'autorité de l'Etat. Quand on a été président de la République, quand on aspire à le devenir, quand on exerce ou quand on a exercé une responsabilité d'Etat, il faut respecter les règles de la Constitution, dont l'indépendance de la justice. La justice est indépendante dans ce pays, elle travaille bien, elle est sous la critique, bien sûr, de la presse, comme de nos concitoyens. Mais les responsables publics n'ont pas à la mettre en cause, et à insinuer, à chaque fois que la justice agit en toute indépendance, que ça serait l'oeuvre de je ne sais quelle manoeuvre politique. C'est insupportable, même pour l'idée qu'on se fait de la séparation des pouvoirs et du rôle de la justice. Vous imaginez n'importe quel…
ELIZABETH MARTICHOUX
Si vous étiez mis en examen, Monsieur le Premier ministre, vous ne brigueriez pas le pouvoir suprême ?
MANUEL VALLS
Je pense que je m'en remettrais alors profondément en cause, mais vous voyez, vous m'entraînez déjà dans ce qui est la campagne des primaires et dans cette polémique, dont je m'en tiens à ces deux principes, indépendance de la justice, présomption d'innocence, et peut-être, en effet, rappel de ce que peut être l'éthique de l'engagement, ce fut cette éthique que Michel ROCARD ou Lionel JOSPIN m'ont appris.
ELIZABETH MARTICHOUX
Alors, votre mission, c'est peut-être sans doute de rendre un peu d'oxygène aux Français, qui n'ont jamais été aussi prélevés qu'en cette année, c'était déjà le cas en 2015, ça va l'être sans doute aussi en 2016, je parle du taux des prélèvements obligatoires. Selon Les Echos, c'est la piste d'une baisse forfaitaire de l'impôt sur le revenu qui tient la corde, pour le geste fiscal que vous aviez confirmé ?
MANUEL VALLS
Les arbitrages ne sont pas encore rendus, même si le journal Les Echos est toujours très bien informé. Mais ces arbitrages auront lieu au retour du président de la République, de Chine et du Vietnam, c'est-à-dire jeudi.
ELIZABETH MARTICHOUX
Jeudi. Est-ce que c'est la piste que vous privilégiez ?
MANUEL VALLS
Mais depuis que je suis Premier ministre, nous l'abordions il y a un instant, en répondant à la saillie de Yves CALVI, j'agis, pour baisser les impôts des ménages modestes et des classes moyennes, parce que c'est vrai que les impôts sur les ménages ont trop augmenté entre 2010 et 2014, quand la droite et quand la gauche étaient au pouvoir. Et les impôts ont baissé en 2014, en 2015, en 2016, pour douze millions de ménages. Je m'étais engagé en avril…
ELIZABETH MARTICHOUX
Oui, pas le taux de prélèvements obligatoires moyens sur les Français…
MANUEL VALLS
Je vous parle des impôts sur le revenu, et je m'étais engagé à la tribune de l'Assemblée nationale, en avril 2014, à l'occasion de mon discours de politique générale, pour une baisse des impôts de cinq milliards d'euros. Nous avons fait davantage. Alors, pour ce qui concerne 2017, puisque déjà, pour cette rentrée 2016, il y a déjà une baisse de l'impôt sur le revenu, il y aura des arbitrages en fonction d'abord du niveau de croissance, le président de la République l'avait dit…
ELIZABETH MARTICHOUX
Ça veut dire que ce sera autour du milliard la totalité du geste fiscal, vous pouvez dire en tout cas que ça ne dépassera pas un milliard, compte tenu de la croissance justement ?
MANUEL VALLS
Nous devons contenir cette somme, puisque c'est la somme pour 2017, ce sera vraisemblablement, même s'il faut être prudent, de 1,5 %, et non pas de 1,7, comme nous pouvions le penser.
ELIZABETH MARTICHOUX
1,7 comme prévu…
MANUEL VALLS
Et avec un autre objectif, qui est de maîtriser les déficits, nous avons pris des engagements, Michel SAPIN, le ministre de l'Economie et des finances, a pris ces engagements, et ces déficits doivent être en dessous de 3 %, et pour être bien précis, le chiffre sur lequel nous nous sommes engagés, c'est de 2,7 %. Mais nous voulons rendre du pouvoir d'achat aux Français…
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous l'avez dit, vous l'avez promis, vous allez le faire, mais l'arbitrage semble douloureux, effectivement…
MANUEL VALLS
Non, il n'est pas douloureux, mais il faut rendre cet arbitrage, puisqu'il faut envoyer les textes au Conseil d'Etat pour ensuite qu'ils puissent être adoptés en Conseil des ministres. Moi, je respecte tout simplement les procédures, mais il faut continuer cette baisse de l'impôt, tout en rappelant cependant, et je crois que c'est important, que l'impôt, comme les prélèvements obligatoires servent aussi à financer notre modèle de protection sociale, nos services publics, c'est-à-dire à payer les fonctionnaires, qui protègent les Français, policiers et gendarmes…
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais Manuel VALLS, votre ancien collègue, Emmanuel MACRON, affirme que, en toute chose, dans ce gouvernement, on a fait les choses à moitié, il est gonflé, comme disait Najat VALLAUD-BELKACEM, il y a une semaine à ce micro ?
MANUEL VALLS
A propos de quoi on les a faits à moitié ?
ELIZABETH MARTICHOUX
A propos des réformes en particulier, ce qui…
MANUEL VALLS
Ah, ça, c'est autre chose. Mais on peut toujours réformer…
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais, les réformes, c'est justement ce que vous incarnez, Manuel VALLS…
MANUEL VALLS
Mais pour pouvoir réformer…
ELIZABETH MARTICHOUX
Le changement, c'est maintenant, c'était ça le slogan de 2012…
MANUEL VALLS
Mais pour pouvoir réformer, il faut agir, et pour agir, il faut être au gouvernement, et moi, je suis chef du gouvernement, donc je continue à agir, à réformer, bien sûr…
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais quand il dit ça : on a fait les choses à moitié, il a une part de responsabilité, il était à Bercy ?
MANUEL VALLS
Mais chacun a une part de responsabilité, Emmanuel MACRON était l'un des principaux conseillers du président de la République, entre 2012 et 2014, et ministre de mon gouvernement. Mais moi, je n'ai pas envie de rentrer dans ces débats et dans ces polémiques…
ELIZABETH MARTICHOUX
Non, mais vous-même, on sait, Manuel VALLS, que vous souhaiteriez aussi, vous, aller plus loin, vous souhaiteriez aussi, vous, aller plus vite, vos convictions parfois se heurtent à l'exercice du pouvoir !
MANUEL VALLS
Et c'est normal, parce que la vie est un compromis, et quand vous gouvernez, vous êtes dans le compromis. J'aurais peut-être même souhaité aller plus loin, nous l'avions dit, pour ce qui concerne la réforme du travail, mais elle s'est heurtée au sentiment, pas seulement des partenaires sociaux, mais aussi des Français, il a fallu bâtir des compromis, heureusement avec la majorité, avec les syndicats réformistes…
ELIZABETH MARTICHOUX
Au risque de vider largement le texte, mais…
MANUEL VALLS
Non, il n'a pas été vidé, puisque pour la première fois, le dialogue social se fera dans l'entreprise, et c'est une de mes priorités avec Myriam El KHOMRI, c'est que les décrets d'application sortent très vite, et il donne aussi de nouveaux droits aux salariés. Non, la vie est un compromis, et donc gouverner, c'est aussi bâtir des compromis, ça ne peut pas être la brutalité, bien sûr que dans mon for intérieur, sur tel ou tel sujet, je souhaiterais qu'on aille plus loin, et d'ailleurs, s'il faut donner un nouveau quinquennat à la gauche, ça ne peut pas être au nom uniquement du bilan, c'est sans doute pour aller plus loin, dans le domaine…
ELIZABETH MARTICHOUX
Il faudra le défendre et ce ne sera pas chose facile…
MANUEL VALLS
Il faut le défendre, bien sûr…
ELIZABETH MARTICHOUX
Compte tenu des résultats.
MANUEL VALLS
Il faut le défendre ; mais il y a des résultats, Elizabeth MARTICHOUX. Quand, aujourd'hui, vous avez 70.000 chômeurs de moins, et que l'économie crée 135.000 postes, quand vous avez de la croissance qui revient grâce à la politique, que nous avons menée, en faveur aussi des entreprises, il y a des résultats, mais il faut aller sans doute plus loin, pour lutter contre les inégalités dans l'école. Il faudra aller sans doute plus loin pour conforter notre modèle social.
ELIZABETH MARTICHOUX
On aura l'occasion de reparler de la façon dont vous voyez… on en parlera avec les auditeurs.
MANUEL VALLS
Et puis il faut aller encore plus loin, parce que nous voyons bien que la grande priorité reste la sécurité des Français, et cela va peser énormément dans les années qui viennent.
ELIZABETH MARTICHOUX
Justement, il nous reste très peu de temps, mais, évidemment, aborder la révélation du Parisien ce matin, il y a une certaine stupeur à découvrir que dans votre ancienne ville, une école coranique a été fermée par votre successeur à Evry – pardon – des enfants de 3 à 6 ans qui fréquentaient cette école, ouverte dans le dos de la mosquée. Vous l'avez découvert, comme nous, d'abord ?
MANUEL VALLS
D'abord ce n'est pas mon ancienne ville, je suis toujours conseiller municipal, profondément attaché…
ELIZABETH MARTICHOUX
Votre ancienne mairie, pardon, vous étiez maire pendant des années.
MANUEL VALLS
Mes enfants y vivent. Oui, bien sûr, le maire d'Evry, Francis CHOUAT, m'en a parlé la semaine dernière, et il a décidé hier, avec la préfète du département, de communiquer sur ce dossier.
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais ça en dit long sur les tentatives de contournement de la loi par certaines associations musulmanes, dont on ne connaît pas réellement le contenu pédagogique, c'était dans votre ville.
MANUEL VALLS
Mais ça en dit long sur ce qui se passe, en effet, dans notre pays, sur les phénomènes de radicalisation. Vous savez, aujourd'hui, 15.000 individus radicalisés sont suivis, je ne vous donne même pas les chiffres, vous les connaissez, près de 700 individus qui sont en Syrie et en Irak.
ELIZABETH MARTICHOUX
On a un chiffre sur les retours d'ailleurs, actuellement, qui semble préoccupant.
MANUEL VALLS
Il y a aujourd'hui 689 personnes qui sont présentes en Irak et en Syrie, dont, je veux toujours le rappeler, 275 femmes, et 17 mineurs, il y a 203 personnes qui sont revenues, il y a 195 qui sont décédées, mais attention aux confusions. Et puis, par ailleurs, il y a la nécessité de bâtir un Islam de France, profondément républicain, c'est la tâche de Bernard CAZENEUVE. Moi, j'ai la conviction profonde que l'immense majorité de nos concitoyens, de confession et de culture musulmane, partage l'idée d'un Islam français et républicain, mais il y a une minorité qui veut imposer sa vision des choses, et celle-là que nous devons combattre…
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous avez publié une tribune, c'est de ça dont on parle…
MANUEL VALLS
Et je veux rappeler que c'est l'école de la République, l'école laïque, qui transmet aujourd'hui les savoirs et les valeurs, nous devons combattre tous ceux qui la mettent en cause.
ELIZABETH MARTICHOUX
Justement, c'est une question, pardon Manuel VALLS, qui porte sur ce que vous dites. Vous avez vu rouge en découvrant dans le New York Times une compilation de témoignages de femmes musulmanes qui se plaignent d'être victimes de la chasse aux burkinis. Ce qui vous a choqué, en quelques mots, c'est la teneur des propos ou la complaisance d'un journal américain à l'endroit de ces femmes qui disent que finalement la France est presque comme sous Vichy, où on avait une étoile jaune ?
MANUEL VALLS
Evidemment, c'est ça qui m'a choqué, la complaisance vis-à-vis de femmes qui fréquentent un campement interdit aux blancs et, ensuite, la vision que ce papier donnait de la France, pas n'importe quel journal, le New York Times. Donc, j'ai voulu préciser les choses. Nous protégeons les musulmans de France, nous avons un modèle…
ELIZABETH MARTICHOUX
Votre responsabilité c'est de réparer les fractures, ce n'est pas de critiquer les journaux. Ces femmes se sentent discriminées. La République ne sait plus intégrer, disent-elles.
MANUEL VALLS
Ma responsabilité, c'est de défendre mon pays que j'aime par-dessus tout, et contre toutes les caricatures, et la critique d'un modèle, qui est le modèle laïc, que parfois les anglo-saxons ne comprennent pas, puisqu'ils ont une vision très libérale, très différencialiste, de ce qu'est, aujourd'hui, la vie en société. Ce n'est pas ma vision des choses, et notamment au nom même de l'idée que je me fais de l'égalité entre les femmes et les hommes.
ELIZABETH MARTICHOUX
Merci beaucoup Manuel VALLS.
Spéciale Manuel Valls sur RTL (2ème partie)
YVES CALVI
Le Premier ministre Manuel VALLS est donc l'invité exceptionnel de cette matinale sur RTL. Manuel VALLS, merci d'être resté avec nous pour débattre et discuter avec les auditeurs dans un instant. Monsieur le Premier ministre, avant de donner la parole aux auditeurs de RTL au 32 10, une première question d'actualité. La France est sans nouvelles de plusieurs ressortissants au Gabon. Avez-vous de nouvelles informations ?
MANUEL VALLS
Non. Le Quai d'Orsay, Jean-Marc AYRAULT s'est exprimé hier. Nous sommes, c'est vrai, sans nouvelles de plusieurs de nos ressortissants souvent binationaux, franco-gabonais.
YVES CALVI
Combien ?
MANUEL VALLS
Une quinzaine sans doute de personnes et nous demandons aux autorités gabonaises que tout soit fait pour les retrouver. C'est une exigence de notre part et nous espérons avoir le plus vite possible des informations les concernant.
YVES CALVI
Vous estimez que la présidence d'Ali BONGO est légitime aujourd'hui ?
MANUEL VALLS
Il faut un processus électoral clair. Nous avons déjà eu cette expression. Il y a contestation et doute. Les observateurs européens sur place, car ces élections ont été observées, ont émis des critiques sur la base de faits objectifs. La sagesse commanderait de faire un nouveau décompte des résultats mais aujourd'hui notre priorité, c'est la sécurité des quinze mille Français qui vivent et travaillent au Gabon. Je veux rappeler que la France a rompu avec ce qu'on a appelé la Françafrique. Nous avons installé, avec le président HOLLANDE, une nouvelle relation avec l'Afrique, et c'est ma conviction par ailleurs.
L'Afrique, c'est le grand continent d'avenir. C'est la nouvelle frontière plus que jamais pour la France et pour l'Europe. Le grand défi climatique, migratoire, économique, démographique, celui de la jeunesse nous concerne très directement. Cette nouvelle relation avec l'Afrique est tout à fait essentielle. Ça passe aussi, bien sûr, par d'autres modes de gouvernance, sans donner aucune leçon, mais comme beaucoup de pays s'y sont engagés. Je pense à la Côte d'Ivoire, au Sénégal, au Mali. Nous sommes intervenus au Mali pour sauver ce pays et pour sauver la démocratie. La démocratie fait partie du développement.
YVES CALVI
En quelques mots, à ce titre vous encourageriez monsieur PING à organiser un recours devant le Conseil constitutionnel ?
MANUEL VALLS
Je n'encourage rien. Ce pays comme tant d'autres a besoin de la stabilité nécessaire.
YVES CALVI
On dialogue maintenant avec les auditeurs de RTL. Bonjour Alan.
ALAN, AUDITEUR DU MORBIHAN
Bonjour Yves. Bonjour à toute votre équipe et bonjour à monsieur le Premier ministre.
MANUEL VALLS
Bonjour monsieur.
YVES CALVI
Vous nous appelez du département du Morbihan et le Premier ministre vous écoute.
ALAN
Oui. Monsieur le Premier ministre, j'ai vingt et un ans actuellement ; j'ai un bac pro de conducteur routier et je voudrais savoir, vu que je galère à trouver du travail vu que je n'ai pas d'expérience, qu'est-ce que vous pouvez répondre aux jeunes qui font des formations, qui ont des diplômes mais qui n'ont pas d'avenir vu qu'ils n'ont pas d'expérience et que les patrons les refusent ?
YVES CALVI
Diplômé sans expérience, que peut-on faire pour eux ?
MANUEL VALLS
Dans quel secteur vous disiez ?
YVES CALVI
Transport routier.
MANUEL VALLS
Transport routier, et pourtant c'est un secteur qui aujourd'hui se développe, d'ailleurs grâce à la loi portée par Emmanuel MACRON dans le secteur des transports.
YVES CALVI
Il sera heureux que vous lui rendiez hommage.
MANUEL VALLS
Mais je rends hommage à une action toujours collective et puis aux ministres tels qu'ils se sont engagés. Vous savez, moi je ne change pas de langage quelle que soit ma situation et ma fonction. Non, moi j'encourage moi les patrons, les chefs d'entreprise - c'est d'ailleurs le sens aussi de la loi Travail – à embaucher des jeunes, à embaucher des jeunes notamment en CDI, à les former. L'apprentissage, la formation, la formation continue, la formation tout au long de la vie puisqu'on peut changer de métier et la révolution numérique va changer énormément la relation au travail et le métier oblige à ce changement. C'est le rôle aussi de l'éducation nationale que de former les jeunes aux métiers d'aujourd'hui et de demain.
YVES CALVI
Bien sûr Manuel VALLS, mais la question que vous pose Alan, c'est avec un bac pro – en plus, on sait que ces filières sont professionalisantes au sens premier du terme – il n'a pas d'expérience et c'est finalement ce qu'on utilise aujourd'hui pour ne pas lui proposer un premier boulot. Est-ce qu'on peut les aider ou vous lui dites tout simplement : « Non, il faut continuer à frapper à des portes, prendre votre téléphone ».
MANUEL VALLS
Bien sûr, mais évidemment qu'il faut les aider. Et c'est le rôle des chambres de commerce, des chambres consulaires, c'est le rôle des régions dans le rapport aux entreprises. Il faut continuer en effet à aider ces jeunes même si ensuite il y a un certain nombre de secteurs qui peuvent être plus ou moins en difficulté.
YVES CALVI
Merci, Alan, de nous avoir appelés. On continue avec Françoise qui, elle, nous appelle de Nancy. Bonjour Françoise, le Premier ministre vous écoute.
FRANÇOISE, AUDITRICE DE NANCY
Bonjour Yves, bonjour monsieur le Premier ministre.
MANUEL VALLS
Bonjour madame.
FRANÇOISE
Bonjour. Je vous appelle concernant les boues rouges de l'usine de Gardanne qui se déversent dans les calanques de Cassis. Je le suis de loin parce que j'ai de la famille qui habite là-bas et ça m'a vraiment choquée, l'émission de vendredi soir. En fait, ça pollue, ça tue les poissons, ça pollue la Méditerranée. Je souhaitais savoir si vous aviez l'intention de revenir sur la décision que vous aviez prise au mois de décembre, je crois.
YVES CALVI
Je précise pour nos auditeurs que l'émission en question est « Thalassa » et que dans cette émission, Ségolène ROYAL disait très simplement que vous aviez pris une décision contre son avis et qui aboutissait à la situation que dénonce Françoise, en tout cas sur laquelle elle vous interroge, Manuel VALLS.
MANUEL VALLS
L'usine de Gardanne existe depuis 1894. Ce n'est pas un argument d'autorité, je le reconnais. Elle a commencé à rejeter des boues rouges en mer dans les calanques en 1966, il y a donc déjà cinquante ans. Un arrêté préfectoral pris trente ans après, en 1996, a mis en demeure cette usine de cesser ces rejets solides – c'est ça les boues rouges – en mer à compter du 31 décembre 2015. L'usine a travaillé sur un nouveau processus de filtrage de ces rejets qui aboutit à une demande d'autorisation en date du 10 mai 2014. Celui-ci comporte l'arrêt total de rejets de résidus solides et il n'y aura plus que des rejets - c'était à ce moment-là cet arrêté qui avait été pris – d'effluents liquides, c'est-à-dire des eaux de procédés, des eaux utilitaires, des eaux pluviales.
Ces rejets liquides peuvent être encore pour certains polluants, supérieurs aux normes autorisées. C'est pour cela qu'un avis avait été demandé au Conseil supérieur de la prévention des risques technologiques. Pour prendre la décision, alors qu'aujourd'hui il n'y a plus de rejets des boues rouges. Je veux quand même rappeler ce fait. J'ai eu l'autorisation, l'avis positif de l'Autorité environnementale du parc national des calanques qui est très directement concernée et du Conseil départemental de l'environnement et des risques sanitaires et technologiques.
J'ai donc eu cet avis. A partir de ce moment-là, dans une discussion avec la ministre de l'Environnement et c'est son rôle que de protéger l'environnement…
ELIZABETH MARTICHOUX
C'est son rôle de vous défier deux fois, de vous contredire deux fois ? Vous l'avez encore recadrée hier matin.
MANUEL VALLS
Moi je ne recadre pas. Je rappelle uniquement les processus. Nous avons donc eu une discussion avec Ségolène ROYAL, avec le ministre de l'Economie et le ministre de l'industrie Emmanuel MACRON, et j'ai pris en connaissance de cause et avec ces avis positifs de ces trois instances, avec ces avis obligatoires, j'ai pris cette décision à partir du moment où je considérais qu'il y avait de très nets progrès, qu'il n'y avait plus de rejets de boues rouges. Parce que c'est ça ma préoccupation, comme celle des ministres qui ont travaillé avec moi pour privilégier la santé des Français.
Donc le préfet à la fin de l'année 2015, le 28 décembre, le préfet des Bouches-du-Rhône a signé un arrêté qui définit les modalités autorisées de fonctionnement de l'usine et les obligations de contrôle. Cet arrêté reprend toutes les recommandations des trois autorités que je viens de citer, qui ont émis cet avis positif et dont l'avis, je veux le rappeler, est obligatoire. Le parc des calanques est totalement associé à ce travail. Cette autorisation a été donnée pour six ans et donc il y a un contrôle…
YVES CALVI
C'est suffisant ? On n'y revient pas pour l'instant ?
MANUEL VALLS
On n'y revient pas, il y a une décision qui a été prise. Vous savez moi, c'est comme ça que je gouverne.
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais elle a un double discours Ségolène ROYAL alors. Elle est d'accord avec vous pendant les réunions de concertation et puis devant les médias, elle dit : « Mais moi, je ne suis pas d'accord avec la décision qui est prise. »
MANUEL VALLS
Dans la réunion que nous avons eue ensemble, elle a émis un avis négatif. D'une certaine manière, encore une fois, ça peut être le rôle du ministre de l'Environnement mais c'est ma conception. C'est comme ça, je crois, qu'on gouverne. C'est d'ailleurs le rôle du chef du gouvernement de procéder à des arbitrages après un travail interministériel et, encore une fois, avec l'avis positif, les recommandations des autorités que j'ai citées. Moi, je ne polémique pas et encore moins avec les ministres parce que c'est ça…
ELIZABETH MARTICHOUX
Donc vous lui demandez d'arrêter aussi.
MANUEL VALLS
C'est ma conception de l'Etat et du gouvernement. Vous savez, on parlait, Elizabeth MARTICHOUX, il y a un instant des affaires, de ces procès ou de ces procédures judiciaires qui, à tort je crois mais c'est ainsi, donnent une image terrible d'une action publique et c'est insupportable. Les commentaires d'ailleurs de ceux qui sont concernés sur la justice sont tout autant insupportables. Leur manière de se défendre en se défaussant sur d'autres ou sur la justice, parce que ça atteint l'autorité-même de l'Etat. Il y a un doute profond sur la manière dont on gouverne d'une manière générale et pas qu'en France.
Comme chef du gouvernement agissant jusqu'au bout, fier de gouverner parce que je pense que c'est une magnifique responsabilité, je pense que gouverner ce n'est pas facile mais c'est passionnant, et c'est un collectif au service de la France. Quand une décision est prise, elle est prise et moi je l'assume. C'est ainsi qu'on gouverne et qu'on rend aussi ses lettres de noblesse à la politique et vous ne m'entendrez pas dire du mal de l'un des ministres parce que, encore une fois, moi j'ai une conception haute de l'action qui est la mienne.
YVES CALVI
Françoise, six ans. C'est finalement la réponse définitive du Premier ministre après les éléments de concertation sur lesquels il vient de revenir. Vous restez avec nous, Manuel VALLS, et on se retrouve dans quelques instants. […] Manuel VALLS, nous continuons de discuter avec les auditeurs de RTL qui nous appellent au 32.10. Bonjour Marc.
MARC, AUDITEUR
Bonjour Yves. Bonjour Monsieur le Premier ministre.
MANUEL VALLS
Bonjour monsieur.
MARC
La France a été victime ces derniers mois de terribles attentats, et on constate que le débat politique tourne toujours autour de l'aspect sécuritaire, à savoir faut-il ou non augmenter les effectifs de police, faut-il prolonger ou non l'état d'urgence, sur les renseignements généraux. Par contre, on n'entend pas les causes de pourquoi tous ces jeunes se radicalisent, pourquoi ils se convertissent, ils se radicalisent, quel est le projet de société, qu'est-ce qui est fait pour éviter tout cela ?
YVES CALVI
Ce n'est pas facile d'essayer de répondre dans des délais concis, mais je compte sur vous Monsieur le Premier ministre.
MANUEL VALLS
Trois choses. Il faut protéger les Français, donc tous les moyens doivent être mis, et nous le faisons, pour protéger les Français face à la menace terroriste, qui n'a jamais été aussi élevée, et le ministre de l'Intérieur le rappelle, me semble-t-il, tous les jours. Deux, il faut lutter contre la radicalisation. 15.000 individus, aujourd'hui, sont observés, par nos services, comme étant radicalisés, comme présentant des menaces en matière de radicalisation.
YVES CALVI
De 500 à 600 signalements dans nos écoles notamment.
MANUEL VALLS
Avec un certain nombre de signalements par les écoles, par les services sociaux. Et puis, sans chercher la moindre excuse à ceux qui commettent… des terroristes, il faut aussi s'attaquer aux causes profondes, qui d'ailleurs n'existent pas forcément dans notre pays seulement, puisque c'est une guerre qu'on nous mène. Et cette guerre elle est mondiale, d'autres pays sont concernés, au Proche, au Moyen-Orient, en Afrique, et bien sûr aussi en Europe. Et il me semble qu'il y a deux éléments, mais je réponds très rapidement. Il faut construire cet Islam, de France, d'Europe, totalement compatible, ce que je crois, avec la démocratie, la laïcité, l'égalité homme/ femme, la séparation des cultes avec l'Etat.
Et c'est un formidable message qu'il faut envoyer au monde entier, parce que, si les terroristes nous attaquent c'est parce que nous sommes la France, parce que nous intervenons bien sûr à l'extérieur, mais parce que nous sommes le pays de la lacité, aux origines chrétiennes, avec la plus vieille communauté juive d'Europe, et parce que l'Islam est la deuxième religion de notre prendre, parce qu'ils veulent prendre en otages, d'une certaine manière, les musulmans de France. Et puis il faut donner du sens, il faut donner un sens.
Quand on parle de l'identité de la France, ça ne peut pas être une identité repliée, rabougrie, rance, pensant que le passé était meilleur que le présent et l'avenir, et donc il faut entraîner la communauté nationale ; moi je crois qu'il n'y a qu'une seule communauté, la communauté nationale ; et redonner de l'espoir. Mais, je le dis à cet auditeur, qui a raison, il faut un projet pour le pays, davantage de sens, davantage d'engagement, d'optimisme, d'envie, mais malgré tout nous allons vivre, pendant 10 ans, avec cette menace, avec ces processus de radicalisation, et donc ça demande à chaque Français un changement de culture de sécurité et d'engagement.
YVES CALVI
Merci de votre appel Marc. Bonjour Fabien, le Premier ministre vous écoute, vous nous appelez d'Agen.
FABIEN, AUDITEUR D'AGEN
Bonjour. Ma question sera courte et j'espère que votre réponse le sera aussi pour que vous puissiez avoir davantage de questions. Vous vous êtes inscrit en faux contre les réformes faites à moitié selon Emmanuel MACRON. Prenons celle qui pourrait m'intéresser, la possibilité pour les jeunes notaires de s'installer dans des postes nouvellement créés. La loi a été votée, l'autorité de la concurrence a fait son travail, mais cela fait plusieurs mois que moi, et mes collègues, sommes dans l'attente des décrets d'application. Pouvez-nous nous dire s'ils sortiront bientôt s'il vous plaît.
MANUEL VALLS
Ils sortiront bientôt. Je l'avais évoqué d'ailleurs avec Emmanuel MACRON quelques jours avant son départ, puisque nous parlions de son action et de l'avenir, et je l'ai aussi évoqué avec le garde des Sceaux, Jean-Jacques URVOAS, donc c'est une question de jours ou de semaines, parce que, en effet, là aussi, il faut de la souplesse pour permettre l'installation de jeunes et nouveaux notaires.
YVES CALVI
Souhaitons que ce soit une question de jours et non de semaines, mais en tout cas la réponse a été brève et claire. Du coup j'en ajoute une. Emmanuel MACRON aujourd'hui, selon vous, c'est un allié ou un rival ?
MANUEL VALLS
C'est à lui de le dire. Vous savez, Emmanuel MACRON, il parle de la gauche du réel, de la gauche sociale réformiste qu'il veut incarner, mais cette gauche du réel, cette gauche sociale réformiste, cette gauche qui assume les responsabilités dans l'exercice du pouvoir, c'est moi, et par rapport, parfois, à une gauche qui tourne le dos au projet européen, qui est réaliste sur le plan économique ou qui a une autre conception de la laïcité. L'idée du dépassement du Parti socialiste, mais je le dis depuis des mois, sinon des années, et dans la décomposition politique d'aujourd'hui, la déconstruction des formations politiques, on a besoin de ce dépassement.
YVES CALVI
Vous êtes en train de me dire qu'il a mené une grande opération de communication avec vos idées, donc il fallait les préserver.
MANUEL VALLS
Non. Sur le rassemblement face à l'extrême droite et aux blocs réactionnaires incarnés par une partie de la droite et de l'extrême droite, je ne cesse de le dire, et d'ailleurs je ne suis pas le seul, mais ce que je crois c'est que nous avons uns histoire, une longue histoire, la gauche française, pas par nostalgie, JAURES, BLUM, MITTERRAND, ROCARD, et je rajouterais bien sûr CLEMENCEAU dans les grands débats qu'il avait avec JAURES. On ne coupe pas avec cette histoire. Il faut rassembler sa famille politique, il faut rassembler la gauche, mais il faudra aller bien au-delà.
Donc, il ne me pique pas mes idées, ce n'est pas un sujet, il a le droit d'avoir évidemment ses idées, mais il n'y a pas deux voies possibles en dehors de cette famille politique, même si elle doit se dépasser. On ne peut pas le faire contre l'histoire de la gauche, et on ne peut pas le faire, encore moins, contre les femmes et les hommes de gauche, parfois déboussolés, parfois perdus, mais à qui il faut offrir un chemin. Et j'espère que, notamment François HOLLANDE, dans un discours attendu dans 2 jours, le 8 septembre…
YVES CALVI
A la fondation Jean Jaurès.
MANUEL VALLS
A la fondation Jean Jaurès, salle Wagram, il aura l'occasion de donner du sens, et d'être non seulement le garant, ce qu'il est, des institutions et de la République, mais de montrer qu'un autre quinquennat, avec la gauche, est possible, à condition, encore une fois, de dire pourquoi et donner du sens. Et donc, la place d'Emmanuel MACRON, elle est là-dedans, il n'y a pas deux places, me semble-t-il. Vous savez, aujourd'hui, le monde tel qu'il est, cette menace terroriste, ce regard des Français sur la politique, les grands défis du moment, le défi migratoire, le défi climatique, on ne s'improvise pas candidat à l'élection présidentielle. Moi je suis étonné par le nombre de candidats à l'élection présidentielle qu'il y a, alors qu'il s'agit de la France, de la cinquième puissance économique mondiale, d'un pays qui est membre permanent du Conseil de sécurité, qui a l'Histoire qu'on connaît, mais une influence dans le monde.
Regardez le regard qu'on porte sur la France de l'extérieur, sur l'admiration que suscitent les Français dans leur capacité de résilience, de résistance, face au terrorisme, donc… Il y a des candidats tous les jours à l'élection présidentielle, non, on ne s'improvise pas candidat à l'élection présidentielle, c'est une fonction majeure et on ne peut pas la préparer en divisant. Aujourd'hui l'essentiel ce n'est pas seulement de rassembler une famille politique, c'est de rassembler les Français. C'est pour cela que je pense que le président de la République, François HOLLANDE, le président de la République sortant, est le plus à même de faire cela, ça sera à lui de le dire, ça sera à lui de dire pourquoi il faut un nouveau quinquennat.
YVES CALVI
Donc vous souhaiteriez qu'il se déclare, par exemple jeudi, qu'il nous annonce qu'il est candidat à l'élection présidentielle ?
MANUEL VALLS
Non, il a donné rendez-vous…
YVES CALVI
Ça réglerait le problème !
MANUEL VALLS
Il a donné rendez-vous aux Français au mois de décembre, mais je crois qu'il faut qu'il indique le cap dès jeudi.
YVES CALVI
Merci Manuel VALLS d'être venu aujourd'hui sur RTL pour répondre aux questions d'Elizabeth MARTICHOUX et des auditeurs qui nous ont appelés au 32.10. Bonne journée à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 13 septembre 2016