Texte intégral
R. Sicard.- Vous êtes président de Démocratie libérale, vous êtes aussi candidat à la présidence de la République, et l'un des principaux thèmes de cette campagne sera, bien entendu, la sécurité. Ce qui s'est passé hier à Tours, n'a évidemment aucun rapport avec le banditisme, mais elle pose quand même une question : comment est-ce que quelqu'un peut ainsi se procurer une arme et provoquer un massacre ? Est-ce que des mesures peuvent être prises pour cela, ou bien est-ce une fatalité ?
- "Je ne veux pas commenter ce tragique fait divers, il faut laisser à la police le temps de faire son enquête. Ce qui est sûr, c'est que globalement, il contribue à la montée du sentiment d'insécurité dans ce pays. Pour ma part, je pense que depuis déjà quelques années, l'actuel Gouvernement socialiste a tout fait pour compliquer l'action de la police et ne pas faciliter l'action des juges. On le voit au travers de toutes les procédures qui ont été alourdies, sans que l'on donne des moyens supplémentaires à la justice. C'est très simple en matière de sécurité : tant qu'on ne protégera pas mieux le travail de la police - les policiers doivent être protégés dans le travail extrêmement difficile qu'ils font sur le terrain contre les attaques et les menaces dont ils font l'objet, ainsi que leur famille -, tant que l'on ne se donnera pas, à côté de la nécessaire humanisation des prisons, de nouvelles places de prison - une personne sur trois qui, aujourd'hui, est condamnée à une peine de prison n'effectue pas cette peine, parce qu'il n'y a pas de place dans les prisons -, tant que l'on ne créera pas la palette d'établissements spécialisés pour accueillir les mineurs délinquants et leur donner une nouvelle chance dans la vie, tant que l'on ne mobilisera pas 5.000, 6.000, 10.000 anciens magistrats, anciens juges, anciens commissaires, anciens gendarmes pour faire en sorte que lorsqu'un gamin a commis une bêtise, la justice n'attende pas six mois, mais qu'il y ait quelqu'un pour l'accompagner le lendemain chez ses parents. Tant que l'on ne fera pas tout ça, paroles, paroles et paroles... On fera toujours de beaux discours sur la sécurité, mais l'insécurité grandira dans un certain nombre de quartiers."
Le Gouvernement propose toute une série de mesures pour lutter contre l'insécurité quotidienne, est-ce que vous pensez que ces mesures vont dans le bon sens ?
- "Non, je viens de vous dire, tant qu'on ne prendra pas ces mesures-là - qui sont les vraies mesures - on fera des lois un peu spectacle, avec quelques mesures qui font causer, qui font couler de l'encre mais qui ne résolvent pas les vrais problèmes. Si vous n'augmentez pas le nombre de juges, si vous n'augmentez pas le nombre de places dans les prisons et si la délinquance augmente, si elle est multipliée par deux ou par trois en dix ou quinze ans, cela signifie qu'il est beaucoup moins dangereux d'être délinquant aujourd'hui qu'il y a dix ou quinze ans. Et ceci explique pourquoi la délinquance augmente."
Vous parlez de prisons et justement, D. Vaillant proposait le week-end dernier de regrouper un certain nombre de détenus corses en Corse ; les Basques demandent la même chose ; les Bretons demandent la même chose, est-ce que vous pensez que c'est une maladresse du Gouvernement ?
- "Décidément, ce Gouvernement n'a pas de chance avec ses ministres de l'Intérieur en Corse. Chevènement hier, l'assassinat du préfet Erignac, le ridicule épisode du préfet Bonnet ; aujourd'hui, M. Vaillant qui va annonce cela en Corse et donner ainsi le plus le sentiment que le Gouvernement se livre piteusement à une sorte de marchandage avec les nationalistes et les indépendantistes. C'est profondément ridicule ! Qu'il y ait des mesures de rapprochement pour les détenus de leur famille, mais pour tous les détenus et pas seulement pour les détenus - entre guillemets - "politiques", qui sont d'ailleurs liés plus souvent à des actes de banditisme qu'à des actes de terrorisme. Qu'il y ait des mesures humanitaires pour tous les détenus en France, oui, c'est ce qu'a voulu dire Mme Lebranchu, qui, avec beaucoup de talent, tente tant bien que mal de rattraper les grosses gaffes de M. Vaillant."
Autre dossier d'actualité : le conflit en Afghanistan. On a vu que dans la communauté musulmane de France, ce conflit pouvait avoir des répercussions. Est-ce que vous pensez qu'il faut mieux encadrer la communauté musulmane de France, est-ce qu'il faut donner plus de pouvoirs à ses institutions ?
- "Ce n'est pas tout à fait cela. Il y a un problème de l'islam en France qui n'est pas nouveau. Les mosquées, les fêtes religieuses, les lieux de culte, qui doit payer les imams ? Il y a des lieux de culte qui sont trop souvent des lieux de culte un peu clandestins, avec les imams qui sont auto-désignés et qui sont payés par l'étranger. On ne peut pas continuer comme cela, il faut organiser l'islam de France. Mais une fois qu'on a dit cela, alors là, vraiment, il y a un scandale qui est en train de se passer en ce moment : c'est la représentation initiée par J.-P. Chevènement de l'islam de France et que poursuivent aujourd'hui l'actuel Gouvernement et le ministre de l'Intérieur. On est en train de donner à l'islam de France - je cite un homme modéré, le grand mufti de Marseille -, la plus scandaleuse des représentations ! Car s'il y a la place en France pour un islam modéré, moderne, tolérant vis-à-vis de nos valeurs, qui se marie avec la République, il y a aussi des mouvements, un islam politique, celui des frères musulmans qui est un islam dangereux pour les valeurs de la République que nous portons. Il y a un islam fondamentaliste qui quadrille nos quartiers, notre jeunesse et qui refuse l'intégration dans la société française. Au lieu de donner la parole à celles et ceux qui sont le plus en phase avec notre République dans l'islam de France, tout se passe comme si on était en train de céder, de valoriser, de légitimer les plus extrémistes. Les autorités politiques ont une lourde responsabilité. Au XIXème siècle, pour trouver la place respective entre la République et la religion catholique, il y avait eu des débats. Là, on fait tout cela sans débat, je dis qu'il faut d'urgence attirer l'attention de l'opinion sur ce qui est en train de se passer, que le Premier ministre consulte les grandes familles politiques sur cette affaire et qu'il y ait un débat démocratique au Parlement, qu'on ne fasse pas cela, j'allais dire, "en douce", surtout après les événements du 11 septembre qui montrent qu'il y a bien un problème."
Autre conséquence du conflit en Afghanistan : les répercussions économiques. Le Gouvernement a pris des mesures pour relancer l'activité, est-ce que vous pensez qu'elles sont de nature à relancer la machine ?
- "Non. Le Gouvernement sous-estime aujourd'hui les dangers du ralentissement économique. Nous avons besoin, en Europe et en France, d'un programme choc pour relancer l'économie et l'emploi. Le programme choc, bien évidemment, - il suffit de regarder ce qui se fait autour de nous - passe par un certain nombre de réformes fortes destinées à faire baisser la dépense publique ; cela passe par la baisse des impôts et cela passe par donner un peu de moral et de doper un peu la création d'entreprises dans ce pays."
Ce n'est pas ce qu'a fait L. Fabius ?
- "Non, nous en sommes bien loin ! Nous en sommes à des petits bricolages qui n'ont rigoureusement rien à voir avec les mesures qu'il faudrait mettre en place aujourd'hui pour redonner confiance aux 2 500 000 créateurs d'emplois et d'entreprises qui existent dans notre pays."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 30 octobre 2001)
- "Je ne veux pas commenter ce tragique fait divers, il faut laisser à la police le temps de faire son enquête. Ce qui est sûr, c'est que globalement, il contribue à la montée du sentiment d'insécurité dans ce pays. Pour ma part, je pense que depuis déjà quelques années, l'actuel Gouvernement socialiste a tout fait pour compliquer l'action de la police et ne pas faciliter l'action des juges. On le voit au travers de toutes les procédures qui ont été alourdies, sans que l'on donne des moyens supplémentaires à la justice. C'est très simple en matière de sécurité : tant qu'on ne protégera pas mieux le travail de la police - les policiers doivent être protégés dans le travail extrêmement difficile qu'ils font sur le terrain contre les attaques et les menaces dont ils font l'objet, ainsi que leur famille -, tant que l'on ne se donnera pas, à côté de la nécessaire humanisation des prisons, de nouvelles places de prison - une personne sur trois qui, aujourd'hui, est condamnée à une peine de prison n'effectue pas cette peine, parce qu'il n'y a pas de place dans les prisons -, tant que l'on ne créera pas la palette d'établissements spécialisés pour accueillir les mineurs délinquants et leur donner une nouvelle chance dans la vie, tant que l'on ne mobilisera pas 5.000, 6.000, 10.000 anciens magistrats, anciens juges, anciens commissaires, anciens gendarmes pour faire en sorte que lorsqu'un gamin a commis une bêtise, la justice n'attende pas six mois, mais qu'il y ait quelqu'un pour l'accompagner le lendemain chez ses parents. Tant que l'on ne fera pas tout ça, paroles, paroles et paroles... On fera toujours de beaux discours sur la sécurité, mais l'insécurité grandira dans un certain nombre de quartiers."
Le Gouvernement propose toute une série de mesures pour lutter contre l'insécurité quotidienne, est-ce que vous pensez que ces mesures vont dans le bon sens ?
- "Non, je viens de vous dire, tant qu'on ne prendra pas ces mesures-là - qui sont les vraies mesures - on fera des lois un peu spectacle, avec quelques mesures qui font causer, qui font couler de l'encre mais qui ne résolvent pas les vrais problèmes. Si vous n'augmentez pas le nombre de juges, si vous n'augmentez pas le nombre de places dans les prisons et si la délinquance augmente, si elle est multipliée par deux ou par trois en dix ou quinze ans, cela signifie qu'il est beaucoup moins dangereux d'être délinquant aujourd'hui qu'il y a dix ou quinze ans. Et ceci explique pourquoi la délinquance augmente."
Vous parlez de prisons et justement, D. Vaillant proposait le week-end dernier de regrouper un certain nombre de détenus corses en Corse ; les Basques demandent la même chose ; les Bretons demandent la même chose, est-ce que vous pensez que c'est une maladresse du Gouvernement ?
- "Décidément, ce Gouvernement n'a pas de chance avec ses ministres de l'Intérieur en Corse. Chevènement hier, l'assassinat du préfet Erignac, le ridicule épisode du préfet Bonnet ; aujourd'hui, M. Vaillant qui va annonce cela en Corse et donner ainsi le plus le sentiment que le Gouvernement se livre piteusement à une sorte de marchandage avec les nationalistes et les indépendantistes. C'est profondément ridicule ! Qu'il y ait des mesures de rapprochement pour les détenus de leur famille, mais pour tous les détenus et pas seulement pour les détenus - entre guillemets - "politiques", qui sont d'ailleurs liés plus souvent à des actes de banditisme qu'à des actes de terrorisme. Qu'il y ait des mesures humanitaires pour tous les détenus en France, oui, c'est ce qu'a voulu dire Mme Lebranchu, qui, avec beaucoup de talent, tente tant bien que mal de rattraper les grosses gaffes de M. Vaillant."
Autre dossier d'actualité : le conflit en Afghanistan. On a vu que dans la communauté musulmane de France, ce conflit pouvait avoir des répercussions. Est-ce que vous pensez qu'il faut mieux encadrer la communauté musulmane de France, est-ce qu'il faut donner plus de pouvoirs à ses institutions ?
- "Ce n'est pas tout à fait cela. Il y a un problème de l'islam en France qui n'est pas nouveau. Les mosquées, les fêtes religieuses, les lieux de culte, qui doit payer les imams ? Il y a des lieux de culte qui sont trop souvent des lieux de culte un peu clandestins, avec les imams qui sont auto-désignés et qui sont payés par l'étranger. On ne peut pas continuer comme cela, il faut organiser l'islam de France. Mais une fois qu'on a dit cela, alors là, vraiment, il y a un scandale qui est en train de se passer en ce moment : c'est la représentation initiée par J.-P. Chevènement de l'islam de France et que poursuivent aujourd'hui l'actuel Gouvernement et le ministre de l'Intérieur. On est en train de donner à l'islam de France - je cite un homme modéré, le grand mufti de Marseille -, la plus scandaleuse des représentations ! Car s'il y a la place en France pour un islam modéré, moderne, tolérant vis-à-vis de nos valeurs, qui se marie avec la République, il y a aussi des mouvements, un islam politique, celui des frères musulmans qui est un islam dangereux pour les valeurs de la République que nous portons. Il y a un islam fondamentaliste qui quadrille nos quartiers, notre jeunesse et qui refuse l'intégration dans la société française. Au lieu de donner la parole à celles et ceux qui sont le plus en phase avec notre République dans l'islam de France, tout se passe comme si on était en train de céder, de valoriser, de légitimer les plus extrémistes. Les autorités politiques ont une lourde responsabilité. Au XIXème siècle, pour trouver la place respective entre la République et la religion catholique, il y avait eu des débats. Là, on fait tout cela sans débat, je dis qu'il faut d'urgence attirer l'attention de l'opinion sur ce qui est en train de se passer, que le Premier ministre consulte les grandes familles politiques sur cette affaire et qu'il y ait un débat démocratique au Parlement, qu'on ne fasse pas cela, j'allais dire, "en douce", surtout après les événements du 11 septembre qui montrent qu'il y a bien un problème."
Autre conséquence du conflit en Afghanistan : les répercussions économiques. Le Gouvernement a pris des mesures pour relancer l'activité, est-ce que vous pensez qu'elles sont de nature à relancer la machine ?
- "Non. Le Gouvernement sous-estime aujourd'hui les dangers du ralentissement économique. Nous avons besoin, en Europe et en France, d'un programme choc pour relancer l'économie et l'emploi. Le programme choc, bien évidemment, - il suffit de regarder ce qui se fait autour de nous - passe par un certain nombre de réformes fortes destinées à faire baisser la dépense publique ; cela passe par la baisse des impôts et cela passe par donner un peu de moral et de doper un peu la création d'entreprises dans ce pays."
Ce n'est pas ce qu'a fait L. Fabius ?
- "Non, nous en sommes bien loin ! Nous en sommes à des petits bricolages qui n'ont rigoureusement rien à voir avec les mesures qu'il faudrait mettre en place aujourd'hui pour redonner confiance aux 2 500 000 créateurs d'emplois et d'entreprises qui existent dans notre pays."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 30 octobre 2001)