Texte intégral
CYRIL VIGUIER
L'invité politique ce matin c'est Jacques MEZARD, le nouveau ministre de l'Agriculture. Bonjour monsieur le ministre, merci d'être avec nous. Le Premier ministre, Edouard PHILIPPE, à la télévision a maintenu sa confiance à Richard FERRAND, il a notamment dit « pas de mise en examen, pas de démission », la presse quotidienne régionale ce matin et la presse nationale bien sûr parlent pour l'affaire FERRAND « de poison du soupçon » pour la Nouvelle république, « l'encombrant monsieur FERRAND » pour le Parisien. Est-ce tenable ?
JACQUES MEZARD
Ecoutez, je ne vais pas vous dire quelque chose de différent de ce qu'a dit le Premier ministre. Je crois que le Premier ministre a fait une déclaration pleine de sagesse. Dans ce pays il ne faudrait pas oublier qu'il y a une justice, qu'il y a des magistrats, ils ont leur travail à faire dans l'indépendance. Je crois que le Premier ministre est sage lorsqu'il dit « s'il y a mise en examen, un ministre doit démissionner, impérativement », et pour le reste faisons confiance en la justice de ce pays ; parce que sinon évidemment le doute, la suspicion c'est un véritable poison. J'ai exercé le noble métier d'avocat pendant trente-huit ans, je ne suis pas un professionnel de la politique, et comme avocat j'ai toujours été convaincu de la nécessité à la fois de respecter la présomption d'innocence et de laisser à la justice de ce pays, quoi que l'on puisse en penser, le soin de faire son travail.
CHRISTOPHE BORDET
Mais alors justement puisque vous parlez de la justice de ce pays, du fait que Richard FERRAND effectivement à l'heure où on se parle n'est pas mis en examen, monsieur SCHWARTZENBERG, du PRG, comme vous ancien ministre, s'étonne ce matin sur Sud Radio du refus du procureur de Brest d'ouvrir une enquête à l'encontre de Richard FERRAND. C'est dysfonctionnel, dit-il. Vous lui répondez quoi à votre collègue ?
JACQUES MEZARD
Ecoutez, monsieur SCHWARTZENBERG a le droit de dire et d'écrire ce qu'il veut. Monsieur SCHWARTZENBERG termine sa carrière politique, son mandat de député, c'est un éminent professeur de droit, il a une opinion sur l'application de la loi, mais moi je fais confiance aux magistrats. C'est je crois dans ce pays quelque chose qu'il faut remettre à l'ordre du jour. Si constamment dès qu'il y a - et j'ai beaucoup de respect vous le savez pour les médias et les journalistes si chaque fois que .
CHRISTOPHE BORDET
Là ce n'est pas un média ou un journaliste, c'est l'un de vos collègues.
JACQUES MEZARD
Mais c'est un de mes collègues, il a le droit d'avoir une opinion, c'est un juriste, éminent, il expose son opinion, mais moi mon opinion elle est différente. Mon opinion c'est de considérer chaque fois qu'il y a un problème, qu'il y a un soupçon, qu'il y a des faits qui sont non pas établis mais énoncés, qu'on laisse la justice de ce pays faire son travail.
CHRISTOPHE BORDET
Cela étant dit, La République En Marche, pendant la campagne de la résidentielle, n'a cessé d'avoir à la bouche la moralisation de la vie politique. Aujourd'hui on voit ce qui se passe avec monsieur FERRAND, avant qu'il ne soit député, pendant qu'il fut député, etc. Est-ce qu'au regard des Français il faut se mettre à leur place est-ce que vous n'avez pas le sentiment que c'est une erreur d'avoir réellement travaillé sur cette idée de moralisation de la vie politique pour en arriver là aujourd'hui ?
JACQUES MEZARD
Si vous lisiez aujourd'hui le compte rendu de mes interventions en séance publique su Sénat vous ne me poseriez pas cette question, et vous avez raison de me la poser, parce que depuis des années je dis attention à ce niveau-là. De la même manière que je le dis aujourd'hui. Je n'ai pas voté la loi transparence non pas que je sois contre la transparence mais lancer des débats de la manière où ils sont lancés dans ce pays je ne pense pas que ce soit la bonne chose. Il faut qu'il y ait de la transparence et il faut que les autorités .
CHRISTOPHE BORDET
Donc ça a été une erreur d'En Marche ! De faire campagne là-dessus ?
JACQUES MEZARD
Je ne sais pas si En Marche ! a fait campagne, moi je sais ce que je dis et moi je considère que mes propos là-dessus ont toujours été les mêmes depuis des années, et en particulier au Sénat comme représentant, comme président de mon groupe, et parfois on me l'a reproché. Donc je ne vais pas vous dire aujourd'hui l'inverse.
ORIANE MANCINI
Richard FERRAND, vous avez fait partie des premiers marcheurs comme lui, vous l'avez vu hier au cours d'une réunion, dans quel état est-il ?
JACQUES MEZARD
Dans quel état est-il ? Ecoutez, on ne peut pas être heureux de voir le déchainement médiatique qui est en place depuis ces derniers jours. D'ailleurs j'ai écouté tout à l'heure en venant dans la voiture un de vos excellents confrères qui trouvait d'ailleurs que c'était excessif. Mais on ne peut pas dire qu'il puisse être heureux de ce qui lui arrive.
ORIANE MANCINI
Qu'est-ce qu'il vous a dit ?
JACQUES MEZARD
Il ne m'a rien dit puisque nous étions nombreux et que nous n'avons pas eu l'occasion de discuter au fond de ce dossier.
CHRISTOPHE BORDET
Est-ce que vous soutiendrez, puisque vous en avez parlé il y a un instant, la loi de moralisation de la vie politique qui est en cours de préparation chez François BAYROU ?
JACQUES MEZARD
Bien sûr. Ecoutez, je suis membre du gouvernement, j'ai été amené à dire ce que je pensais, et ensuite le projet de loi sera présenté, évidemment je vais soutenir le projet de loi du gouvernement parce que j'ai eu l'occasion de dire ici déjà que quand on n'est pas d'accord eh bien on s'en va.
ORIANE MANCINI
Justement la présentation de ce projet de loi en Conseil des ministres a été reportée d'une semaine, elle devait avoir lieu mercredi prochain elle aura lieu le 14 juin, pourquoi ? Est-ce qu'il y a un rapport avec les affaires en cours ?
JACQUES MEZARD
Sérieusement je ne le sais pas. Ce que je sais c'est que c'est un dossier compliqué au point de vue technique, y compris sur les questions concernant les parlementaires. Il est souvent question des indemnités parlementaires, moi j'avais poussé dans le programme à mettre qu'il était nécessaire de fiscaliser la totalité des indemnités des parlementaires, il y a des mises au point techniques qui ne sont pas faciles là-dessus, et je pense que c'est la seule véritable raison.
CYRIL VIGUIER
On va passer aux questions relatives à votre ministère, vous savez que Campagne TV est notre partenaire, la chaine de la ruralité. Des manifestations d'agriculteurs hier en Mayenne, en Bretagne pour dénoncer une fois de plus le prix du lait et du beurre, toujours aussi bas. Qu'allez-vous faire pour améliorer le revenu des producteur laitiers, vous leur nouveau ministre ?
JACQUES MEZARD
D'abord je pense qu'on aura l'occasion d'en reparler, il y a la question du paiement de la PAC qui est pour moi une priorité d'accélérer les choses par rapport à ce qui s'est passé en ce qui concerne la question des prix, nous avons convenu lors de l'établissement du programme pour la présidentielle, de faire de la question du prix payé une priorité, dans le cadre des états généraux de l'alimentation dont j'ai la charge, pour être précis.
ORIANE MANCINI
Ils auront lieu quand ces états généraux ?
JACQUES MEZARD
Ils vont être lancés au cours des prochaines semaines, mais je ne pense pas que nous puissions conclure avant septembre-octobre.
CHRISTOPHE BORDET
Ils serviront à quoi ?
JACQUES MEZARD
Ils serviront à quoi ? A permettre deux choses. La première c'est d'avancer de manière, je l'espère positive, justement sur cette question du prépayé ; aujourd'hui je pense que vous me direz « mais c'est un débat qui remonte à de très nombreuses années, on n'y est jamais arrivé, donc il n'y a pas de raison que vous y arrivez ». Evidemment si on commence à raisonner comme ça on n'avance jamais à rien.
JOURNALISTE
C'est ce que disent les agriculteurs.
JACQUES MEZARD
Ecoutez, moi je ne vais pas me lancer dans ce dossier avec la volonté de ne pas aboutir. C'est un engagement formel vis-à-vis des agriculteurs français du président de la République. Ça a été clairement identifié et dit comme cela. Donc je vais faire le maximum pour que nous arrivions à faire évoluer les choses. Vous savez moi je suis élu d'un département dit très rural.
ORIANE MANCINI
Le Cantal.
JACQUES MEZARD
On nous dit tellement très ruraux qu'à Paris on me demande si je sais lire et écrire. Je caricature un peu.
CHRISTOPHE BORDET
C'est un peu comme en Bretagne.
JACQUES MEZARD
Voilà. Mais cette question du prix payé elle est fondamentale parce qu'on ne peut pas durablement, et nous le savons tous, faire en sorte que des agriculteurs perdent de l'argent
CYRIL VIGUIER
Mais ils attendent des réponses, des délais, monsieur le ministre.
JACQUES MEZARD
Oui, mais je vous ai dit on ne peut pas faire non plus du travail bâclé.
CYRIL VIGUIER
C'est quoi les délais pour des agriculteurs qui vont mal aujourd'hui, vous pouvez leur dire quoi ?
JACQUES MEZARD
Il y a deux choses différentes ; Il y a la question de la préparation de ces états généraux de l'alimentation, je vous donne le cadre. Nous sommes en train d'y travailler. Je vais présenter un premier projet là-dessus d'ailleurs au président de la République dans les heures et les jours qui viennent. Ce que je souhaite et ce que je veux faire c'est que nous puissions déboucher sur des conclusions en septembre-octobre. Voilà de manière claire. Sur la question du paiement de la PAC, d'abord il faut quand même rappeler qu'il y a eu des avances, moi je ne suis pas là pour faire le procès de ce qui s'est passé avant, je suis là pour essayer de trouver un certain nombre de solution. Ce qui s'est passé sur le de la PAC n'est pas normal. J'ai considéré comme d'autres que la négociation sur la PAC avait été plutôt positive et en particulier pour les zones d'élevage. A partir du moment où l'application, c'est-à-dire les paiements prennent le retard que nous avons constatés, sur les mesures agro-environnementales, on n'a pas encore payé 2015.
CYRIL VIGUIER
Et mettent en péril les entreprises.
JACQUES MEZARD
Je comprends parfaitement que les exploitants agricoles ne soient pas contents et la priorité
CYRIL VIGUIER
Et donc on fait quoi ? On accélère.
JACQUES MEZARD
Et la priorité je suis là cher monsieur depuis quelques jours, la première chose que j'ai fait c'est de m'occuper de ça parce que je sais que c'est un vrai problème. Et j'ai donné pour instruction formelle à l'administration que nous avancions dans les jours qui viennent sur ce dossier. Et j'ai fait en sorte de faire venir au ministère, dans les prochains jours, les structures de paiement qu'elles soient gouvernementales ou des sociétés qui sont en charges de ça de venir pour s'expliquer et pour que nous prenions les mesures adéquates, parce que cette situation n'est pas normale.
CHRISTOPHE BORDET
Les éleveurs de canards du Sud-Ouest qui écoutent Sud Radio, qui regardent Public Sénat, beaucoup d'entre eux n'ont toujours pas reçu les aides qu'ils attendaient après avoir été victimes de la grippe aviaire. Donc ces aides-là elles vont arriver quand pour eux.
CYRIL VIGUIER
Les oies et les canards, éleveurs des deux.
JACQUES MEZARD
Dans les jours qui viennent, c'est-à-dire je peux m'engager à donner des réponses, d'ici une huitaine de jours je donnerai de manière précise le calendrier. Sachez que les instructions que j'ai données c'est que nous réglions ce problème dans les jours qui viennent, que les éleveurs sachent de manière précise ce que l'on va faire. On ne peut pas je ne hercher pas de circonstances atténuantes à quiconque, je dis simplement que nous sommes, par rapport à ces dossiers-là, dans la nécessité et c'est le rôle de l'exécutif de dire et de voir avec l'administration qu'on ne peut pas traiter ces dossiers-là de cette manière-là. Ceci étant, il y a aussi eu des avances
ORIANE MANCINI
Juste il ne nous reste pas beaucoup de temps, l'autre priorité pour les agriculteurs c'est surtout la simplification des normes, est-ce qu'il y aura un projet de loi que vous allez présenter dans les jours à venir ?
JACQUES MEZARD
Nous allons d'abord commencer et nous aurons un travail de réflexion avec le président de la République et le Premier ministre, nous allons commencer par le droit à l'erreur. Le droit à l'erreur qui est quelque chose d'important sur lequel nous devons avancer. Moi j'ai une opinion là-dessus, c'est que sur le droit à l'erreur il faut permettre par la déconcentration aux Préfets d'avoir
ORIANE MANCINI
Est-ce qu'il y aura un projet de loi avant l'été sur ce sujet ?
JACQUES MEZARD
Avant l'été ?
ORIANE MANCINI
Oui.
JACQUES MEZARD
Je ne peux pas vous le dire aujourd'hui parce que nous sommes en train de travailler là-dessus.
ORIANE MANCINI
Sur les pesticides, est-ce que vous vous êtes pour l'interdiction du Glyphosate, ce composant du Roundup ?
JACQUES MEZARD
Sur ces questions-là je suis convaincu qu'il faut avoir une approche technique. Moi je fais confiance à la science. J'ai été amené au Sénat à voter un certain nombre de textes pour ou contre. Par exemple sur des dossiers qui sont considérés comme difficiles et en particulier je pense au néo-nicotinamide, j'ai suivi l'avis de l'administration et du gouvernement. Sur les perturbateurs endocriniens, même si ça vous étonne, j'ai voté sans aucun état d'âme la proposition de loi des écologistes. C'est-à-dire que là-dessus il y a le principe de précaution, il y a aussi la nécessité de tenir compte des avis de nos experts. Et c'est ce que je fais.
ORIANE MANCINI
Quelle sera la position de la France puisque la question va se reposer au niveau de la Commission européenne ?
JACQUES MEZARD
J'ai demandé à l'administration de me fournir là-dessus l'état technique et scientifique pour que je puisse prendre, en toute connaissance de cause, une position et une décision. Je ne veux pas là-dessus avoir des positions idéologiques, ni dans un sens ni dans l'autre.
CYRIL VIGUIER
Voilà, Jacques MEZARD, le nouveau ministre de l'Agriculture qui était notre invité ce matin. Merci Jacques MEZARD.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 1er juin 2017
L'invité politique ce matin c'est Jacques MEZARD, le nouveau ministre de l'Agriculture. Bonjour monsieur le ministre, merci d'être avec nous. Le Premier ministre, Edouard PHILIPPE, à la télévision a maintenu sa confiance à Richard FERRAND, il a notamment dit « pas de mise en examen, pas de démission », la presse quotidienne régionale ce matin et la presse nationale bien sûr parlent pour l'affaire FERRAND « de poison du soupçon » pour la Nouvelle république, « l'encombrant monsieur FERRAND » pour le Parisien. Est-ce tenable ?
JACQUES MEZARD
Ecoutez, je ne vais pas vous dire quelque chose de différent de ce qu'a dit le Premier ministre. Je crois que le Premier ministre a fait une déclaration pleine de sagesse. Dans ce pays il ne faudrait pas oublier qu'il y a une justice, qu'il y a des magistrats, ils ont leur travail à faire dans l'indépendance. Je crois que le Premier ministre est sage lorsqu'il dit « s'il y a mise en examen, un ministre doit démissionner, impérativement », et pour le reste faisons confiance en la justice de ce pays ; parce que sinon évidemment le doute, la suspicion c'est un véritable poison. J'ai exercé le noble métier d'avocat pendant trente-huit ans, je ne suis pas un professionnel de la politique, et comme avocat j'ai toujours été convaincu de la nécessité à la fois de respecter la présomption d'innocence et de laisser à la justice de ce pays, quoi que l'on puisse en penser, le soin de faire son travail.
CHRISTOPHE BORDET
Mais alors justement puisque vous parlez de la justice de ce pays, du fait que Richard FERRAND effectivement à l'heure où on se parle n'est pas mis en examen, monsieur SCHWARTZENBERG, du PRG, comme vous ancien ministre, s'étonne ce matin sur Sud Radio du refus du procureur de Brest d'ouvrir une enquête à l'encontre de Richard FERRAND. C'est dysfonctionnel, dit-il. Vous lui répondez quoi à votre collègue ?
JACQUES MEZARD
Ecoutez, monsieur SCHWARTZENBERG a le droit de dire et d'écrire ce qu'il veut. Monsieur SCHWARTZENBERG termine sa carrière politique, son mandat de député, c'est un éminent professeur de droit, il a une opinion sur l'application de la loi, mais moi je fais confiance aux magistrats. C'est je crois dans ce pays quelque chose qu'il faut remettre à l'ordre du jour. Si constamment dès qu'il y a - et j'ai beaucoup de respect vous le savez pour les médias et les journalistes si chaque fois que .
CHRISTOPHE BORDET
Là ce n'est pas un média ou un journaliste, c'est l'un de vos collègues.
JACQUES MEZARD
Mais c'est un de mes collègues, il a le droit d'avoir une opinion, c'est un juriste, éminent, il expose son opinion, mais moi mon opinion elle est différente. Mon opinion c'est de considérer chaque fois qu'il y a un problème, qu'il y a un soupçon, qu'il y a des faits qui sont non pas établis mais énoncés, qu'on laisse la justice de ce pays faire son travail.
CHRISTOPHE BORDET
Cela étant dit, La République En Marche, pendant la campagne de la résidentielle, n'a cessé d'avoir à la bouche la moralisation de la vie politique. Aujourd'hui on voit ce qui se passe avec monsieur FERRAND, avant qu'il ne soit député, pendant qu'il fut député, etc. Est-ce qu'au regard des Français il faut se mettre à leur place est-ce que vous n'avez pas le sentiment que c'est une erreur d'avoir réellement travaillé sur cette idée de moralisation de la vie politique pour en arriver là aujourd'hui ?
JACQUES MEZARD
Si vous lisiez aujourd'hui le compte rendu de mes interventions en séance publique su Sénat vous ne me poseriez pas cette question, et vous avez raison de me la poser, parce que depuis des années je dis attention à ce niveau-là. De la même manière que je le dis aujourd'hui. Je n'ai pas voté la loi transparence non pas que je sois contre la transparence mais lancer des débats de la manière où ils sont lancés dans ce pays je ne pense pas que ce soit la bonne chose. Il faut qu'il y ait de la transparence et il faut que les autorités .
CHRISTOPHE BORDET
Donc ça a été une erreur d'En Marche ! De faire campagne là-dessus ?
JACQUES MEZARD
Je ne sais pas si En Marche ! a fait campagne, moi je sais ce que je dis et moi je considère que mes propos là-dessus ont toujours été les mêmes depuis des années, et en particulier au Sénat comme représentant, comme président de mon groupe, et parfois on me l'a reproché. Donc je ne vais pas vous dire aujourd'hui l'inverse.
ORIANE MANCINI
Richard FERRAND, vous avez fait partie des premiers marcheurs comme lui, vous l'avez vu hier au cours d'une réunion, dans quel état est-il ?
JACQUES MEZARD
Dans quel état est-il ? Ecoutez, on ne peut pas être heureux de voir le déchainement médiatique qui est en place depuis ces derniers jours. D'ailleurs j'ai écouté tout à l'heure en venant dans la voiture un de vos excellents confrères qui trouvait d'ailleurs que c'était excessif. Mais on ne peut pas dire qu'il puisse être heureux de ce qui lui arrive.
ORIANE MANCINI
Qu'est-ce qu'il vous a dit ?
JACQUES MEZARD
Il ne m'a rien dit puisque nous étions nombreux et que nous n'avons pas eu l'occasion de discuter au fond de ce dossier.
CHRISTOPHE BORDET
Est-ce que vous soutiendrez, puisque vous en avez parlé il y a un instant, la loi de moralisation de la vie politique qui est en cours de préparation chez François BAYROU ?
JACQUES MEZARD
Bien sûr. Ecoutez, je suis membre du gouvernement, j'ai été amené à dire ce que je pensais, et ensuite le projet de loi sera présenté, évidemment je vais soutenir le projet de loi du gouvernement parce que j'ai eu l'occasion de dire ici déjà que quand on n'est pas d'accord eh bien on s'en va.
ORIANE MANCINI
Justement la présentation de ce projet de loi en Conseil des ministres a été reportée d'une semaine, elle devait avoir lieu mercredi prochain elle aura lieu le 14 juin, pourquoi ? Est-ce qu'il y a un rapport avec les affaires en cours ?
JACQUES MEZARD
Sérieusement je ne le sais pas. Ce que je sais c'est que c'est un dossier compliqué au point de vue technique, y compris sur les questions concernant les parlementaires. Il est souvent question des indemnités parlementaires, moi j'avais poussé dans le programme à mettre qu'il était nécessaire de fiscaliser la totalité des indemnités des parlementaires, il y a des mises au point techniques qui ne sont pas faciles là-dessus, et je pense que c'est la seule véritable raison.
CYRIL VIGUIER
On va passer aux questions relatives à votre ministère, vous savez que Campagne TV est notre partenaire, la chaine de la ruralité. Des manifestations d'agriculteurs hier en Mayenne, en Bretagne pour dénoncer une fois de plus le prix du lait et du beurre, toujours aussi bas. Qu'allez-vous faire pour améliorer le revenu des producteur laitiers, vous leur nouveau ministre ?
JACQUES MEZARD
D'abord je pense qu'on aura l'occasion d'en reparler, il y a la question du paiement de la PAC qui est pour moi une priorité d'accélérer les choses par rapport à ce qui s'est passé en ce qui concerne la question des prix, nous avons convenu lors de l'établissement du programme pour la présidentielle, de faire de la question du prix payé une priorité, dans le cadre des états généraux de l'alimentation dont j'ai la charge, pour être précis.
ORIANE MANCINI
Ils auront lieu quand ces états généraux ?
JACQUES MEZARD
Ils vont être lancés au cours des prochaines semaines, mais je ne pense pas que nous puissions conclure avant septembre-octobre.
CHRISTOPHE BORDET
Ils serviront à quoi ?
JACQUES MEZARD
Ils serviront à quoi ? A permettre deux choses. La première c'est d'avancer de manière, je l'espère positive, justement sur cette question du prépayé ; aujourd'hui je pense que vous me direz « mais c'est un débat qui remonte à de très nombreuses années, on n'y est jamais arrivé, donc il n'y a pas de raison que vous y arrivez ». Evidemment si on commence à raisonner comme ça on n'avance jamais à rien.
JOURNALISTE
C'est ce que disent les agriculteurs.
JACQUES MEZARD
Ecoutez, moi je ne vais pas me lancer dans ce dossier avec la volonté de ne pas aboutir. C'est un engagement formel vis-à-vis des agriculteurs français du président de la République. Ça a été clairement identifié et dit comme cela. Donc je vais faire le maximum pour que nous arrivions à faire évoluer les choses. Vous savez moi je suis élu d'un département dit très rural.
ORIANE MANCINI
Le Cantal.
JACQUES MEZARD
On nous dit tellement très ruraux qu'à Paris on me demande si je sais lire et écrire. Je caricature un peu.
CHRISTOPHE BORDET
C'est un peu comme en Bretagne.
JACQUES MEZARD
Voilà. Mais cette question du prix payé elle est fondamentale parce qu'on ne peut pas durablement, et nous le savons tous, faire en sorte que des agriculteurs perdent de l'argent
CYRIL VIGUIER
Mais ils attendent des réponses, des délais, monsieur le ministre.
JACQUES MEZARD
Oui, mais je vous ai dit on ne peut pas faire non plus du travail bâclé.
CYRIL VIGUIER
C'est quoi les délais pour des agriculteurs qui vont mal aujourd'hui, vous pouvez leur dire quoi ?
JACQUES MEZARD
Il y a deux choses différentes ; Il y a la question de la préparation de ces états généraux de l'alimentation, je vous donne le cadre. Nous sommes en train d'y travailler. Je vais présenter un premier projet là-dessus d'ailleurs au président de la République dans les heures et les jours qui viennent. Ce que je souhaite et ce que je veux faire c'est que nous puissions déboucher sur des conclusions en septembre-octobre. Voilà de manière claire. Sur la question du paiement de la PAC, d'abord il faut quand même rappeler qu'il y a eu des avances, moi je ne suis pas là pour faire le procès de ce qui s'est passé avant, je suis là pour essayer de trouver un certain nombre de solution. Ce qui s'est passé sur le de la PAC n'est pas normal. J'ai considéré comme d'autres que la négociation sur la PAC avait été plutôt positive et en particulier pour les zones d'élevage. A partir du moment où l'application, c'est-à-dire les paiements prennent le retard que nous avons constatés, sur les mesures agro-environnementales, on n'a pas encore payé 2015.
CYRIL VIGUIER
Et mettent en péril les entreprises.
JACQUES MEZARD
Je comprends parfaitement que les exploitants agricoles ne soient pas contents et la priorité
CYRIL VIGUIER
Et donc on fait quoi ? On accélère.
JACQUES MEZARD
Et la priorité je suis là cher monsieur depuis quelques jours, la première chose que j'ai fait c'est de m'occuper de ça parce que je sais que c'est un vrai problème. Et j'ai donné pour instruction formelle à l'administration que nous avancions dans les jours qui viennent sur ce dossier. Et j'ai fait en sorte de faire venir au ministère, dans les prochains jours, les structures de paiement qu'elles soient gouvernementales ou des sociétés qui sont en charges de ça de venir pour s'expliquer et pour que nous prenions les mesures adéquates, parce que cette situation n'est pas normale.
CHRISTOPHE BORDET
Les éleveurs de canards du Sud-Ouest qui écoutent Sud Radio, qui regardent Public Sénat, beaucoup d'entre eux n'ont toujours pas reçu les aides qu'ils attendaient après avoir été victimes de la grippe aviaire. Donc ces aides-là elles vont arriver quand pour eux.
CYRIL VIGUIER
Les oies et les canards, éleveurs des deux.
JACQUES MEZARD
Dans les jours qui viennent, c'est-à-dire je peux m'engager à donner des réponses, d'ici une huitaine de jours je donnerai de manière précise le calendrier. Sachez que les instructions que j'ai données c'est que nous réglions ce problème dans les jours qui viennent, que les éleveurs sachent de manière précise ce que l'on va faire. On ne peut pas je ne hercher pas de circonstances atténuantes à quiconque, je dis simplement que nous sommes, par rapport à ces dossiers-là, dans la nécessité et c'est le rôle de l'exécutif de dire et de voir avec l'administration qu'on ne peut pas traiter ces dossiers-là de cette manière-là. Ceci étant, il y a aussi eu des avances
ORIANE MANCINI
Juste il ne nous reste pas beaucoup de temps, l'autre priorité pour les agriculteurs c'est surtout la simplification des normes, est-ce qu'il y aura un projet de loi que vous allez présenter dans les jours à venir ?
JACQUES MEZARD
Nous allons d'abord commencer et nous aurons un travail de réflexion avec le président de la République et le Premier ministre, nous allons commencer par le droit à l'erreur. Le droit à l'erreur qui est quelque chose d'important sur lequel nous devons avancer. Moi j'ai une opinion là-dessus, c'est que sur le droit à l'erreur il faut permettre par la déconcentration aux Préfets d'avoir
ORIANE MANCINI
Est-ce qu'il y aura un projet de loi avant l'été sur ce sujet ?
JACQUES MEZARD
Avant l'été ?
ORIANE MANCINI
Oui.
JACQUES MEZARD
Je ne peux pas vous le dire aujourd'hui parce que nous sommes en train de travailler là-dessus.
ORIANE MANCINI
Sur les pesticides, est-ce que vous vous êtes pour l'interdiction du Glyphosate, ce composant du Roundup ?
JACQUES MEZARD
Sur ces questions-là je suis convaincu qu'il faut avoir une approche technique. Moi je fais confiance à la science. J'ai été amené au Sénat à voter un certain nombre de textes pour ou contre. Par exemple sur des dossiers qui sont considérés comme difficiles et en particulier je pense au néo-nicotinamide, j'ai suivi l'avis de l'administration et du gouvernement. Sur les perturbateurs endocriniens, même si ça vous étonne, j'ai voté sans aucun état d'âme la proposition de loi des écologistes. C'est-à-dire que là-dessus il y a le principe de précaution, il y a aussi la nécessité de tenir compte des avis de nos experts. Et c'est ce que je fais.
ORIANE MANCINI
Quelle sera la position de la France puisque la question va se reposer au niveau de la Commission européenne ?
JACQUES MEZARD
J'ai demandé à l'administration de me fournir là-dessus l'état technique et scientifique pour que je puisse prendre, en toute connaissance de cause, une position et une décision. Je ne veux pas là-dessus avoir des positions idéologiques, ni dans un sens ni dans l'autre.
CYRIL VIGUIER
Voilà, Jacques MEZARD, le nouveau ministre de l'Agriculture qui était notre invité ce matin. Merci Jacques MEZARD.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 1er juin 2017