Interview de Mme Marie-Noëlle Lienemann, secrétaire d'Etat au logement, à "Chaîne Immo" en octobre 2001, sur la situation du secteur immobilier et les mesures gouvernementales en faveur du logement, Paris, octobre 2001.

Prononcé le 1er octobre 2001

Média : Chaîne Immo

Texte intégral

Chaîne Immo : Tout d'abord vue la conjoncture internationale et le climat de relatif attentisme qu'attendez-vous de ce salon ?
Marie-Noëlle Lienemann : J'attends de ce salon qu'il convainc les Français d'investir dans la pierre, car c'est un bel investissement très performant aujourd'hui, surtout avec la bourse qui ne va pas très fort. De plus, en ce moment les taux d'intérêt sont assez bas, le contexte économique est donc plutôt favorable. Deuxièmement c'est un placement sûr, qui prépare l'avenir en répondant à de vrais besoins. J'espère donc que le salon de l'immobilier sera l'occasion de les convaincre encore d'avantage.
CI : Quelles sont, dans les grandes lignes, les intentions du gouvernement pour favoriser le logement et notamment l'accession à la propriété ?
M.N L. : Il y a 3 grandes applications qui vont être marquées dans la loi de finance. Premièrement une amélioration pour l'investissement locatif social, c'est à dire pour des gens qui ont des ressources moyennes. C'est ce qu'on appelle l'investissement Besson. L'investissement nettement aidé lorsque le propriétaire prendra des garanties sur l'utilisation sociale du logement pendant 3 ans.
Deuxième chose : le secteur de l'accession à la propriété. Pour une accession très sociale nous allons donner une prime de 70.000 F aux personnes qui s'installeront et qui ont des salaires très faibles. Cela leur facilitera l'accès à la propriété en plus du prêt à taux zéro.
Le troisième volet, très important, concerne les économies d'énergie, puisqu'il y aura un fort crédit d'impôt correspondant à 15 % des travaux pour changer la chaudière ou faire de gros travaux d'isolation. L'effet de serre doit être combattu aussi par l'habitat, car ce dernier entre à hauteur de 40 % dans les causes de l'effet de serre.
CI : La situation est difficile pour le logement en région parisienne, quel est votre avis sur la situation et que peuvent faire les autorités ?
M.N. L. : Pour commencer, je me réjouis de voir des élus locaux qui se mobilisent sur le logement. Pendant longtemps on a considéré le logement comme une politique économique assez lointaine, alors c'est toute une palette d'actions qui sont menées avec le conseil régional. Premièrement, il faut trouver des terrains bien situés, et non au milieu des champs de betteraves comme par le passé. C'est un travail que nous avons engagé avec la région, grâce à la création d'une convention sur le foncier. La région Ile de France investit fortement, ce qui est très important.
Deuxièmement, il faut veiller à ce que le logement social soit bien réparti. J'ai annoncé un grand programme de démolition, mais il faut aussi reconstruire des logements sociaux par petites opérations dans le tissu urbain. Là, notre contrat de relance a bien fonctionné et nous avons de bons chiffres pour les 3 années à venir.
Et puis enfin, il faut repérer tous les logements vides en région parisienne. Et je veux ici lancer un appel aux gens qui ont un logement vide. Il faut qu'ils aillent voir une agence immobilière, leurs élus locaux ou leur notaire. Même s'ils n'ont pas beaucoup de ressources, et il y a beaucoup de dispositifs qui les aident à remettre en état leur logement, pour pouvoir le remettre en location. Cela donnera l'opportunité à d'autres personnes d'être correctement logés dans nos centres-ville et les zones urbaines.
La région, les villes et l'état vont signer des conventions : une avec la ville de Paris, une avec la région Ile de France, d'autres avec certaines communes de la petite couronne qui sont touchées par des secteurs d'insalubrité. Il s'agit donc d'une palette d'actions pour que nous mettions nos efforts en commun pour mieux loger les Franciliens.
CI : Vous avez fait le tour du salon et vous avez rencontré les exposants, quelle est votre impression sur l'état du marché et le moral des professionnels ?
M.N. L. : Plutôt bonne mais vigilance. Ils se demandent si la conjoncture internationale va avoir des impacts sur leur secteur. On était tellement sur le haut de la crête qu'à la moindre petite baisse on se demande ce qui va se passer. Mais pour l'instant non, il n'y a pas d'affolement du tout, plutôt de la confiance. Les professionnels ont, en tous cas, la volonté de nouer des partenariats avec l'état pour que, justement, nous maintenions ce haut niveau d'activité de l'immobilier.
CI : L'état serait-il prêt à intervenir fortement s'il y avait une tendance à la baisse sur l'activité ?
M.N. L. : Dans ce secteur là il faut faire attention aux grands " trucs " brutaux, et il ne faut surtout pas paniquer. Très objectivement dans le secteur de l'immobilier il n'y a aucune raison. Donc de toute façon l'état veillera à ce que cela se maintienne au niveau actuel. Je ne vois pas d'urgence ni de gravité, même si dans l'immobilier il faut toujours prévoir.
Pour l'instant les signes sont bons.
Propos recueillis par Christophe GUYON.
(Le Salon de l'immobilier de Paris et le Salon Renova se tiennent jusqu'au 7 Octobre à l'Espace Champerret à Paris)
(source http://immobilier.voila.fr, le 29 novembre 2001)