Texte intégral
Messieurs les ministres,
Monsieur le Président de la Communauté urbaine de Fès,
Mesdames et messieurs les élus,
Mesdames et messieurs les responsables d'associations et d'organisations non gouvernementales,
Mesdames et messieurs,
Je voudrais d'abord, avant de commencer mon discours, vous présenter toutes mes excuses pour ce changement de dernière minute dans l'ordre de mon intervention. Des impératifs auxquels je ne peux me distraire, m'obligent à être à Paris en fin de journée, ce qui explique que je prends la parole devant vous en cette fin de matinée.
Je suis très heureux d'être parmi vous aujourd'hui dans le cadre de ces journées franco - marocaines de la coopération décentralisée.
Ces journées de Fès font suite à celles organisées en octobre 1996 à Marrakech. En cinq ans, les relations et les collaborations entre collectivités territoriales françaises et marocaines se sont accrues de manière très significative en volume, en financement et en qualité. En tant que ministre de la Ville du gouvernement de Lionel Jospin, je ne peux que m'en féliciter, d'autant plus que je vois ici des visages et des noms d'élus français que je connais bien, car la grande majorité des villes et collectivités territoriales françaises, présentes à ces journées sont des partenaires importants du ministère dont j'ai la charge ; j'y reviendrai dans un instant.
La coopération bilatérale franco - marocaine est exemplaire à bien des égards, tant les relations entre nos deux pays et nos deux peuples sont intimes, d'une rare qualité. Mais la coopération d'Etat à Etat, même si elle est fondamentale, n'est pas suffisante pour tisser au plus près du terrain des relations entre les hommes et les femmes qui apprennent ensemble à se connaître et à travailler.
La coopération décentralisée s'est développée ces dernières années pour répondre justement aux besoins à la fois des états, des collectivités territoriales et des associations de développement. Cet essor se traduit notamment par l'augmentation sensible des finances qui sont consacrées aux différents projets de coopération entre les collectivités et par la multiplication des rencontres, des échanges de savoir et de savoir-faire. Mon collègue et ami, Charles Josselin, ministre délégué à la Coopération et à la Francophonie vous a longuement développé hier dans son discours, le nouveau cours que prend aujourd'hui, la coopération décentralisée entre la France et le Maroc. Une fois encore, le Maroc sera le pays pilote dans ce domaine avec la création d'un fonds de solidarité prioritaire consacré exclusivement à la coopération décentralisée et géré de manière tout à fait déconcentrée par les services de l'Ambassade de France au Maroc.
Cette évolution extrêmement positive, démontre s'il le fallait encore, le niveau de confiance et de solidarité active qui caractérise entre autres, les relations entre nos deux pays.
C'est en cela que ces journées et les recommandations qui en sortiront sont importantes afin d'approfondir et d'élargir les champs de cette coopération décentralisée à des domaines fondamentaux dont certains me tiennent particulièrement à cur ; je pense en particulier à l'immense chantier, en France comme au Maroc, du développement et du renouvellement urbain et à la politique de développement social qui doit l'accompagner.
Cette coopération entre nos collectivités territoriales n'aurait pas été possible sans le grand mouvement de décentralisation que connaît la France depuis près de vingt ans aujourd'hui et la montée en puissance, depuis quelques années maintenant, du même mouvement au Maroc.
En France, monsieur Pierre Mauroy vous en a parlé longuement hier, la décentralisation reste à la fois un chantier institutionnel et administratif et un magnifique défi politique que l'ensemble des institutions et des organisations politiques doit relever. Ce mouvement vital et nécessaire qui transfère des compétences jadis du seul ressort d'un état central et centralisateur à des collectivités locales, est aujourd'hui irréversible tant il correspond à une évolution de nos institutions et de notre culture politique.
Le Maroc est aujourd'hui sur la même voie, menant ses réformes selon ses propres rythmes institutionnels et politiques. Cependant, le mouvement est enclenché et aboutira, à ne pas en douter, à l'existence de collectivités locales marocaines plus fortes, plus autonomes et donc plus responsables.
En renforçant et en consolidant les processus de décentralisation dans nos deux pays, nous renforçons par la même les capacités des collectivités locales et territoriales à inventer de nouvelles solidarités et à agir là où elles en ressentent, d'un commun accord, la nécessité.
Dans ce cadre, le rôle des associations et des organisations non gouvernementales est d'une importance capitale car, qui mieux qu'elles, ici et là-bas, connaît le terrain, les besoins des habitants et des citoyens et leur aspiration à un mieux vivre et mieux être. Toutes les collectivités ici présentes travaillent avec des associations et des ONG et elles ont tout à fait raison de le faire, car il ne peut y avoir de véritables décentralisation et coopération décentralisée sans qu'il y ait en même temps le développement d'une démocratie participative, associant les citoyens et les habitants les plus actifs de nos villes et nos quartiers aux projets et à leur réalisation.
Là aussi, l'histoire doit faire son chemin car si les états font preuve de quelque résistance face au mouvement irréversible de la décentralisation, les élus, que nous sommes pour beaucoup ici, ont aussi parfois quelque mal à déléguer des pouvoirs à des citoyens organisés. Les évolutions se feront bien sûr avec des textes de lois, mais surtout avec les pratiques qui amèneront forcément des changements qu'il faudra maîtriser.
Je suis pour ma part, comme vous pouvez le constater, extrêmement volontariste et optimiste quant à l'évolution de nos institutions démocratiques, que ce soit en France ou au Maroc, car la démocratie et un des rares champs infinis proposé à l'humanité. Nous devons tous les jours y uvrer, nous devons tous les jours rester vigilants face aux possibles régressions.
Mesdames et Messieurs,
Le détour par les vertus de la décentralisation que je viens de faire, me permet d'aborder devant vous, quelques constats et propositions.
A la lecture des projets et des programmes de coopération décentralisée entre les collectivités locales françaises et marocaines, j'ai constaté comme beaucoup d'autres certainement, la richesse et la grande diversité des domaines que cette coopération aborde : échanges culturels et scolaires, artisanat, tourisme, environnement, administration locale, développement agricole, etc
Les domaines auxquels s'applique ou pourrait s'appliquer la coopération décentralisée apparaissent dans leur grande diversité, leur grande richesse, surtout lorsqu'ils aboutissent ici ou là à la réalisation concrète des projets engagés. Charles Josselin vous a présenté hier les quatre conditions qui doivent présider à une coopération décentralisée solide et durable : la continuité, la visibilité, la cohérence et le professionnalisme sont en effet des éléments constitutifs de tout acte de coopération. J'y ajouterai pour ma part - et sans trahir la pensée de mon collègue du gouvernement - la condition de la participation des habitants et des citoyens à l'élaboration et la mise en uvre de ces projets.
Je suis donc, comme beaucoup d'autres responsables politiques certainement, agréablement surpris par la montée en puissance de la coopération entre nos collectivités. En tant que ministre de la Ville je souhaiterai vivement qu'il y ait plus de coopérations dans les domaines de l'habitat, du développement et de la gouvernance urbaine, du développement social et urbain des quartiers.
Ceci est d'autant plus important aujourd'hui que Sa Majesté Mohammed VI, a dans son discours du mois d'août, dernier élevé la question urbaine au titre de priorité nationale.
La plupart des villes et des collectivités locales françaises présentes à ces journées de Fès, ont signé avec mon ministère des contrats de ville sur la période 2000/2006. Ces contrats réunissent de nombreux partenaires : les communes, les services de l'Etat, les structures intercommunales - quand elles existent -, les conseils généraux, les conseils régionaux et le Fonds d'action sociale pour les travailleurs immigrés et leurs familles. Ils constituent le cadre contractuel de ce que nous appelons la politique de la ville.
Depuis 1998, dans un contexte de reprise économique, qui continue malgré des effets de conjoncture dû à la situation internationale, le gouvernement de Lionel Jospin a souhaité donner un nouveau souffle à la politique de la ville.
C'est ainsi que les moyens de cette politique ont été considérablement renforcés, car en plus des contrats de ville un vaste programme de rénovation urbaine et de solidarité a été engagé, en vue de recoudre le tissu urbain et de réinscrire les quartiers les plus dévalorisés et leurs habitants dans les dynamiques de développement des agglomérations.
Ces programmes vont consister à démolir en tout ou en partie certains quartiers qui sont devenus invivables. Ces grands ensembles, trop grands et trop ensembles ont fait leur temps, il nous faut refaire la ville sur elle-même et pour cela ne pas hésiter à démolir pour reconstruire. Cela doit se passer, bien évidemment, et c'est une exigence inscrite dans tous les Contrats de ville, dans tous les Grands projets de ville, dans toutes les Opérations de renouvellement urbain, tout cela doit se passer en concertation permanente et avec l'accord des habitants et de leurs représentants associatifs.
Pour mettre en uvre sur le terrain cette politique contractuelle, nous avons aujourd'hui des professionnels dont les plus anciens ont appris sur le tas à animer une politique aussi complexe, mais dont les plus jeunes sortent aujourd'hui de formations qualifiantes, universitaires ou autres. Les filières de formation aux métiers de la ville sont en train de devenir des voies d'excellence qu'il nous faudra consolider.
Pour revenir à la coopération décentralisée je voudrais en tant que Ministre de la Ville lancer un appel à toutes les collectivités françaises ici présentes et avec lesquelles mon ministère a signé un Contrat de ville, pour qu'elles engagent avec les collectivités territoriales marocaines des coopérations renforcées dans le domaine du développement urbain et social. Nous trouverons ensemble - car je sais que la question va être posée - au coup par coup les moyens de financer ce type de projets.
Ceci est d'autant plus souhaitable que dans de nombreux quartiers populaires de nos villes il y a une forte population marocaine ou française d'origine marocaine qui ne demande qu'à s'investir dans des projets et des actions qui concilient à la fois son profond attachement au Maroc et sa vie en France. A nous d'agir pour permettre à cette ressource humaine extraordinaire de trouver les voies et les moyens de participer à la coopération décentralisée.
J'ai pour ma part signé hier, à Rabat, avec mon collègue monsieur Mohamed M'BARKI, secrétaire d'Etat à l'Habitat, un protocole d'accord dans les domaines de la formation aux métiers de la ville, de l'ingénierie des projets, de la maîtrise d'uvre urbaine et sociale et de l'aide au programme de résorption de l'habitat insalubre devenu priorité nationale au Maroc depuis le discours prononcé par Sa Majesté Mohamed VI, Roi du Maroc en juillet dernier.
A travers ce protocole d'accord, nous apportons une modeste contribution aux efforts importants qu'entreprend le Maroc pour vaincre la misère urbaine et sociale et pour inscrire ce pays dans une logique de développement social, urbain et économique durable. Nous savons que nous pouvons compter sur le soutien institutionnel et financier de la Caisse des dépôts et consignations en France, ainsi que du savoir faire des salariés et bénévoles des Pact-Arim.
Nous devons tous, chacun à son niveau, contribuer à cette tâche car le Maroc, pour nous citoyens et responsables Français, n'est pas n'importe quel pays. Nous avons, avec le Maroc et les Marocains, des relations exceptionnelles par leur ancienneté, leur chaleur, leur solidité et leur franchise. Cette alchimie rare qui caractérise notre amitié et notre respect mutuel, ne doit pas se nourrir de mots et de belles déclarations d'intention. Elle exige de nous, dans l'intérêt des générations futures, d'agir en commun afin que nos deux pays puissent connaître chacun à son rythme, un développement harmonieux dans des sociétés ouvertes, apaisées et démocratiques.
Je ne voudrais pas conclure, sans remercier monsieur l'Ambassadeur Michel de Bonnecorse, ainsi que l'ensemble du personnel du service de coopération et d'action culturelle de l'Ambassade de France et du Consulat de Fès pour le travail exceptionnel qu'ils ont entrepris pour organiser ces journées. Je voudrais aussi remercier monsieur Driss Jettou, ministre de l'Intérieur du Royaume du Maroc ainsi que les responsables de la Direction générale des collectivités locales pour l'intérêt et le soutien décisifs qu'ils ont apporté pour la réussite de cette manifestation. Un grand merci à monsieur le Président de la Communauté urbaine de Fès qui nous a, dans la bonne tradition marocaine que nous aimons tant, reçu avec amitiés et chaleur humaine. Mes remerciements vont aussi à monsieur Bernard Stasi, Président de Cités Unies France et des responsables de la Fédération mondiale des cités unies et à toutes leurs équipes qui ont assuré l'organisation matérielle de ces journées.
Merci à vous.
Au revoir.
(Source http://www.ville.gouv.fr, le 16 novembre 2001)
Monsieur le Président de la Communauté urbaine de Fès,
Mesdames et messieurs les élus,
Mesdames et messieurs les responsables d'associations et d'organisations non gouvernementales,
Mesdames et messieurs,
Je voudrais d'abord, avant de commencer mon discours, vous présenter toutes mes excuses pour ce changement de dernière minute dans l'ordre de mon intervention. Des impératifs auxquels je ne peux me distraire, m'obligent à être à Paris en fin de journée, ce qui explique que je prends la parole devant vous en cette fin de matinée.
Je suis très heureux d'être parmi vous aujourd'hui dans le cadre de ces journées franco - marocaines de la coopération décentralisée.
Ces journées de Fès font suite à celles organisées en octobre 1996 à Marrakech. En cinq ans, les relations et les collaborations entre collectivités territoriales françaises et marocaines se sont accrues de manière très significative en volume, en financement et en qualité. En tant que ministre de la Ville du gouvernement de Lionel Jospin, je ne peux que m'en féliciter, d'autant plus que je vois ici des visages et des noms d'élus français que je connais bien, car la grande majorité des villes et collectivités territoriales françaises, présentes à ces journées sont des partenaires importants du ministère dont j'ai la charge ; j'y reviendrai dans un instant.
La coopération bilatérale franco - marocaine est exemplaire à bien des égards, tant les relations entre nos deux pays et nos deux peuples sont intimes, d'une rare qualité. Mais la coopération d'Etat à Etat, même si elle est fondamentale, n'est pas suffisante pour tisser au plus près du terrain des relations entre les hommes et les femmes qui apprennent ensemble à se connaître et à travailler.
La coopération décentralisée s'est développée ces dernières années pour répondre justement aux besoins à la fois des états, des collectivités territoriales et des associations de développement. Cet essor se traduit notamment par l'augmentation sensible des finances qui sont consacrées aux différents projets de coopération entre les collectivités et par la multiplication des rencontres, des échanges de savoir et de savoir-faire. Mon collègue et ami, Charles Josselin, ministre délégué à la Coopération et à la Francophonie vous a longuement développé hier dans son discours, le nouveau cours que prend aujourd'hui, la coopération décentralisée entre la France et le Maroc. Une fois encore, le Maroc sera le pays pilote dans ce domaine avec la création d'un fonds de solidarité prioritaire consacré exclusivement à la coopération décentralisée et géré de manière tout à fait déconcentrée par les services de l'Ambassade de France au Maroc.
Cette évolution extrêmement positive, démontre s'il le fallait encore, le niveau de confiance et de solidarité active qui caractérise entre autres, les relations entre nos deux pays.
C'est en cela que ces journées et les recommandations qui en sortiront sont importantes afin d'approfondir et d'élargir les champs de cette coopération décentralisée à des domaines fondamentaux dont certains me tiennent particulièrement à cur ; je pense en particulier à l'immense chantier, en France comme au Maroc, du développement et du renouvellement urbain et à la politique de développement social qui doit l'accompagner.
Cette coopération entre nos collectivités territoriales n'aurait pas été possible sans le grand mouvement de décentralisation que connaît la France depuis près de vingt ans aujourd'hui et la montée en puissance, depuis quelques années maintenant, du même mouvement au Maroc.
En France, monsieur Pierre Mauroy vous en a parlé longuement hier, la décentralisation reste à la fois un chantier institutionnel et administratif et un magnifique défi politique que l'ensemble des institutions et des organisations politiques doit relever. Ce mouvement vital et nécessaire qui transfère des compétences jadis du seul ressort d'un état central et centralisateur à des collectivités locales, est aujourd'hui irréversible tant il correspond à une évolution de nos institutions et de notre culture politique.
Le Maroc est aujourd'hui sur la même voie, menant ses réformes selon ses propres rythmes institutionnels et politiques. Cependant, le mouvement est enclenché et aboutira, à ne pas en douter, à l'existence de collectivités locales marocaines plus fortes, plus autonomes et donc plus responsables.
En renforçant et en consolidant les processus de décentralisation dans nos deux pays, nous renforçons par la même les capacités des collectivités locales et territoriales à inventer de nouvelles solidarités et à agir là où elles en ressentent, d'un commun accord, la nécessité.
Dans ce cadre, le rôle des associations et des organisations non gouvernementales est d'une importance capitale car, qui mieux qu'elles, ici et là-bas, connaît le terrain, les besoins des habitants et des citoyens et leur aspiration à un mieux vivre et mieux être. Toutes les collectivités ici présentes travaillent avec des associations et des ONG et elles ont tout à fait raison de le faire, car il ne peut y avoir de véritables décentralisation et coopération décentralisée sans qu'il y ait en même temps le développement d'une démocratie participative, associant les citoyens et les habitants les plus actifs de nos villes et nos quartiers aux projets et à leur réalisation.
Là aussi, l'histoire doit faire son chemin car si les états font preuve de quelque résistance face au mouvement irréversible de la décentralisation, les élus, que nous sommes pour beaucoup ici, ont aussi parfois quelque mal à déléguer des pouvoirs à des citoyens organisés. Les évolutions se feront bien sûr avec des textes de lois, mais surtout avec les pratiques qui amèneront forcément des changements qu'il faudra maîtriser.
Je suis pour ma part, comme vous pouvez le constater, extrêmement volontariste et optimiste quant à l'évolution de nos institutions démocratiques, que ce soit en France ou au Maroc, car la démocratie et un des rares champs infinis proposé à l'humanité. Nous devons tous les jours y uvrer, nous devons tous les jours rester vigilants face aux possibles régressions.
Mesdames et Messieurs,
Le détour par les vertus de la décentralisation que je viens de faire, me permet d'aborder devant vous, quelques constats et propositions.
A la lecture des projets et des programmes de coopération décentralisée entre les collectivités locales françaises et marocaines, j'ai constaté comme beaucoup d'autres certainement, la richesse et la grande diversité des domaines que cette coopération aborde : échanges culturels et scolaires, artisanat, tourisme, environnement, administration locale, développement agricole, etc
Les domaines auxquels s'applique ou pourrait s'appliquer la coopération décentralisée apparaissent dans leur grande diversité, leur grande richesse, surtout lorsqu'ils aboutissent ici ou là à la réalisation concrète des projets engagés. Charles Josselin vous a présenté hier les quatre conditions qui doivent présider à une coopération décentralisée solide et durable : la continuité, la visibilité, la cohérence et le professionnalisme sont en effet des éléments constitutifs de tout acte de coopération. J'y ajouterai pour ma part - et sans trahir la pensée de mon collègue du gouvernement - la condition de la participation des habitants et des citoyens à l'élaboration et la mise en uvre de ces projets.
Je suis donc, comme beaucoup d'autres responsables politiques certainement, agréablement surpris par la montée en puissance de la coopération entre nos collectivités. En tant que ministre de la Ville je souhaiterai vivement qu'il y ait plus de coopérations dans les domaines de l'habitat, du développement et de la gouvernance urbaine, du développement social et urbain des quartiers.
Ceci est d'autant plus important aujourd'hui que Sa Majesté Mohammed VI, a dans son discours du mois d'août, dernier élevé la question urbaine au titre de priorité nationale.
La plupart des villes et des collectivités locales françaises présentes à ces journées de Fès, ont signé avec mon ministère des contrats de ville sur la période 2000/2006. Ces contrats réunissent de nombreux partenaires : les communes, les services de l'Etat, les structures intercommunales - quand elles existent -, les conseils généraux, les conseils régionaux et le Fonds d'action sociale pour les travailleurs immigrés et leurs familles. Ils constituent le cadre contractuel de ce que nous appelons la politique de la ville.
Depuis 1998, dans un contexte de reprise économique, qui continue malgré des effets de conjoncture dû à la situation internationale, le gouvernement de Lionel Jospin a souhaité donner un nouveau souffle à la politique de la ville.
C'est ainsi que les moyens de cette politique ont été considérablement renforcés, car en plus des contrats de ville un vaste programme de rénovation urbaine et de solidarité a été engagé, en vue de recoudre le tissu urbain et de réinscrire les quartiers les plus dévalorisés et leurs habitants dans les dynamiques de développement des agglomérations.
Ces programmes vont consister à démolir en tout ou en partie certains quartiers qui sont devenus invivables. Ces grands ensembles, trop grands et trop ensembles ont fait leur temps, il nous faut refaire la ville sur elle-même et pour cela ne pas hésiter à démolir pour reconstruire. Cela doit se passer, bien évidemment, et c'est une exigence inscrite dans tous les Contrats de ville, dans tous les Grands projets de ville, dans toutes les Opérations de renouvellement urbain, tout cela doit se passer en concertation permanente et avec l'accord des habitants et de leurs représentants associatifs.
Pour mettre en uvre sur le terrain cette politique contractuelle, nous avons aujourd'hui des professionnels dont les plus anciens ont appris sur le tas à animer une politique aussi complexe, mais dont les plus jeunes sortent aujourd'hui de formations qualifiantes, universitaires ou autres. Les filières de formation aux métiers de la ville sont en train de devenir des voies d'excellence qu'il nous faudra consolider.
Pour revenir à la coopération décentralisée je voudrais en tant que Ministre de la Ville lancer un appel à toutes les collectivités françaises ici présentes et avec lesquelles mon ministère a signé un Contrat de ville, pour qu'elles engagent avec les collectivités territoriales marocaines des coopérations renforcées dans le domaine du développement urbain et social. Nous trouverons ensemble - car je sais que la question va être posée - au coup par coup les moyens de financer ce type de projets.
Ceci est d'autant plus souhaitable que dans de nombreux quartiers populaires de nos villes il y a une forte population marocaine ou française d'origine marocaine qui ne demande qu'à s'investir dans des projets et des actions qui concilient à la fois son profond attachement au Maroc et sa vie en France. A nous d'agir pour permettre à cette ressource humaine extraordinaire de trouver les voies et les moyens de participer à la coopération décentralisée.
J'ai pour ma part signé hier, à Rabat, avec mon collègue monsieur Mohamed M'BARKI, secrétaire d'Etat à l'Habitat, un protocole d'accord dans les domaines de la formation aux métiers de la ville, de l'ingénierie des projets, de la maîtrise d'uvre urbaine et sociale et de l'aide au programme de résorption de l'habitat insalubre devenu priorité nationale au Maroc depuis le discours prononcé par Sa Majesté Mohamed VI, Roi du Maroc en juillet dernier.
A travers ce protocole d'accord, nous apportons une modeste contribution aux efforts importants qu'entreprend le Maroc pour vaincre la misère urbaine et sociale et pour inscrire ce pays dans une logique de développement social, urbain et économique durable. Nous savons que nous pouvons compter sur le soutien institutionnel et financier de la Caisse des dépôts et consignations en France, ainsi que du savoir faire des salariés et bénévoles des Pact-Arim.
Nous devons tous, chacun à son niveau, contribuer à cette tâche car le Maroc, pour nous citoyens et responsables Français, n'est pas n'importe quel pays. Nous avons, avec le Maroc et les Marocains, des relations exceptionnelles par leur ancienneté, leur chaleur, leur solidité et leur franchise. Cette alchimie rare qui caractérise notre amitié et notre respect mutuel, ne doit pas se nourrir de mots et de belles déclarations d'intention. Elle exige de nous, dans l'intérêt des générations futures, d'agir en commun afin que nos deux pays puissent connaître chacun à son rythme, un développement harmonieux dans des sociétés ouvertes, apaisées et démocratiques.
Je ne voudrais pas conclure, sans remercier monsieur l'Ambassadeur Michel de Bonnecorse, ainsi que l'ensemble du personnel du service de coopération et d'action culturelle de l'Ambassade de France et du Consulat de Fès pour le travail exceptionnel qu'ils ont entrepris pour organiser ces journées. Je voudrais aussi remercier monsieur Driss Jettou, ministre de l'Intérieur du Royaume du Maroc ainsi que les responsables de la Direction générale des collectivités locales pour l'intérêt et le soutien décisifs qu'ils ont apporté pour la réussite de cette manifestation. Un grand merci à monsieur le Président de la Communauté urbaine de Fès qui nous a, dans la bonne tradition marocaine que nous aimons tant, reçu avec amitiés et chaleur humaine. Mes remerciements vont aussi à monsieur Bernard Stasi, Président de Cités Unies France et des responsables de la Fédération mondiale des cités unies et à toutes leurs équipes qui ont assuré l'organisation matérielle de ces journées.
Merci à vous.
Au revoir.
(Source http://www.ville.gouv.fr, le 16 novembre 2001)