Interview de M. Dominique Perben, ministre des DOM TOM, à France Culture le 19 février 1994, sur les problèmes d'environnement dans les DOM TOM.

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Média : France Culture

Texte intégral

Q. : Vous êtes Ministre des Départements et Territoires d'Outre-mer. Je pense que les Antilles ça sonne d'une façon tout à fait particulière pour vous ?

R. : Oui, pour moi comme pour la plupart des Français qui ont une image du rêve. C'est pas toujours aussi simple, mais ce sont des paysages en tout cas magnifiques.

Q. : Oui, justement on va y revenir. Au-delà du rêve il y a quelques problèmes, notamment des problèmes d'environnement. Ce sera l'objet de cette émission puisque nous sommes ensembles pour cette Fréquence Buissonnière exceptionnelle pendant une heure, jusqu'à 8 heures et 4 minutes. Alors, il faut dire que l'attention de l'opinion publique internationale et celle de la Métropole a été attiré récemment sur un Département d'Outre-mer qui est la Guyane. Il s'agissait de la mise en eau d'un barrage qui a suscité des polémiques avec les protecteurs de la nature, entre EDF qui a créé ce barrage, le barrage de Petit-Saut, et les protecteurs de la nature qui n'étaient pas tout à fait d'accord. Alors, vous revenez de Guyane, on va peut-être dire un mot. Votre sentiment sur Petit-Saut, C'est vraiment une catastrophe ?

R. : J'y suis allé. Plus exactement j'y suis retourné. J'étais allé survoler le chantier il y a maintenant neuf mois et j'y suis retourné le chantier terminé puisque la mise en eau a commencé au début de ce mois de Janvier. Je suis allé voir sur place non seulement la fin des travaux mais également l'ensemble des mesures qui ont été prises pour assurer une bonne protection de la nature. Ce barrage, que faut-il en dire ? D'abord pourquoi ce barrage ? Je crois que c'est important. Il faut savoir qu'Outre-mer et en Guyane comme ailleurs, l'utilisation de l'électricité, la consommation électrique augmente considérablement, très vite, pour des raisons qui tiennent à la modernisation de ces Territoires, de ces Régions. Donc la Guyane a été placée devant une difficulté considérable qui était la nécessité de construire des outils pour produire davantage d'électricité. C'est la raison pour laquelle EDF il y a six ou sept ans a projeté un barrage et vient donc de réaliser ce barrage de Petit-Saut qui aura pour avantage de permettre de suivre l'évolution de la consommation électrique, sans autres investissements, jusqu'au début du siècle prochain. C'est important. Je crois que c'est aussi une manière d'éviter d'autres investissements type centrales thermiques qui ne sont pas très décoratives et qui polluent très souvent. Donc ça c'est le fond du débat. Alors maintenant qu'est-ce qui s'est passé ? Je crois que sincèrement, après avoir vu les choses moi-même sans intermédiaire, je crois pouvoir dire que beaucoup de précautions ont été prises. D'abord une étude très précise de ce qu'était la zone inondable : 350 km2 sur 80 000 km2 que représente la forêt guyanaise, donc ça permet de mettre les chiffres en relation les uns avec les autres. D'abord, les choses ont été étudiées de très près, il y a eu des fouilles archéologiques très importantes que l'on n'aurait sans doute pas faites s'il n'y avait pas eu de barrage. Ce qui a permis de découvrir un certain nombre de choses sur la vie il y a 5, 6 siècles en Guyane. Et puis en matière de protection des espèces animales, Je crois que l'essentiel a été fait. Aujourd'hui, en plus, nous avons mis en place avec mon collègue BARNIER tout un système de protection avec des gardes de chasse sur place qui n'existaient pas jusqu'à maintenant, avec des mesures préventives pour sauver les animaux mammifères qui pourraient être menacés au moment de la mise en eau puisqu'il y a un certain nombre de territoires qui vont se retrouver être des îles, donc il peut y avoir un problème pour certains animaux. Je crois que beaucoup a été fait et il me semble que la technologie française au sens large, non seulement la construction du barrage mais aussi les mesures d'accompagnement, est plutôt exemplaire. Je suis d'ailleurs convaincu que beaucoup de pays étrangers vont regarder comment éventuellement réaliser ce type de barrage. Ces barrages sont très bas, ils concernent une grande surface avec peu de dénivelé. C'est cela qu'il faut retenir et qui va produire de l'électricité jusque dans les années 2004-2005.

Q. : Comment avez-vous eu l'impression que ce barrage est perçu par les habitants de Guyane?

R. : Si vous voulez il y a différents problèmes. Il y avait d'abord un problème de qualité de l'eau, puisque le fleuve qui est barré c'est le Sinamari, dont l'eau était utilisée pour l'alimentation humaine en aval et donc il y avait eu des inquiétudes légitimes qui, je crois, maintenant sont dépassées. Je crois que la qualité de l'eau qui sort du barrage est assurée. Donc sur le plan de l'utilisation directe il n'y a plus de soucis. Alors il y avait un autre souci : quelles seront les conséquences sur l'équilibre de la forêt ? Je crois que les mesures ont été prises pour éviter tout inconvénient important.

Je voudrais dire aussi qu'il y a certes une faune qui va se déplacer, il y a une faune qui va disparaître, par exemple vous savez peut-être qu'il y a vingt tonnes d'insectes à l'hectare en Guyane, dans la forêt équatoriale. Alors, ceux-là bien sûr ne seront pas sauvés mais je dirai que sur les 80 000 hectares de la forêt, il y en a beaucoup d'autres et par ailleurs je pense qu'une autre faune va se développer, c'est-à-dire qu'il y a un écosystème nouveau qui va se mettre en place, qu'il nous faudra suivre de façon attentive. Les équipes sont sur place. Il y a un laboratoire environnement écosystème sur place qui travaille et qui continuera à travailler. Il y a, comme je vous l'ai dit, des gardes de chasse qui viennent d'être envoyés pour éviter toute utilisation de cette zone pour la chasse et il y a par ailleurs un suivi de la qualité de l'eau etc. Donc je crois que les conditions, les mesures nécessaires ont été prises.

Q. : Par ailleurs la Guyane connaît quand même quelques problèmes d'environnement. Nous aurons l'occasion d'y revenir tout à l'heure. Je voudrais quand même signaler, Dominique PERBEN, que votre intérêt pour l'environnement ne date pas de votre arrivée à la tête des Départements et Territoires d'Outre-mer, vous êtes également maire de Chalon sur Saône et à ce titre vous avez créé vous-même une maison de l'environnement dans votre ville.

R. : Oui, j'ai souhaité en 1991 créer une structure associative qui regroupe à la fois des particuliers, des associations, des scientifiques mais aussi des entreprises de manière à créer à la fois un climat d'initiatives, de propositions, d'imagination et aussi un lieu je dirais d'éducation puisque la maison de l'environnement de Chalon propose des stages de formation, travaille beaucoup en milieu scolaire et, même, forme à des métiers de l'environnement. Donc c'est une structure de réflexion, de propositions, c'est un peu le poil à gratter des services publics et en même temps c'est un lieu d'éducation, de formation des Jeunes, parce que je pense qu'en matière d'environnement on ne fera vraiment de progrès qu'au fur et à mesure que les nouvelles générations seront moteur dans l'évolution des choses.

Q. : Alors, justement comment vous est venue cette vocation écologiste ? C'est en vous promenant au bord de la Saône que vous avez senti des fibres vertes ?

R. : Oui, c'est à la fois le fait que je pense que nous sommes des humains, la nature c'est aussi important que l'oxygène pour nous. Mais il y a autre chose, je crois que dans le débat sur l'environnement qui s'est ouvert il y a un certain nombre d'années, il y a un certain nombre de choses qui m'ont interrogé, qui m'ont posé question et en particulier comment faire en sorte qu'il n'y ait pas conflit frontal entre les développements économiques et la protection de la nature. Je crois que c'est la question centrale et dans cette idée d'une maison de l'environnement il y a eu beaucoup cela. C'est-à-dire comment faire en sorte que l'environnement ne devienne pas antinomique et adversaire du développement économique mais qu'au contraire le développement économique non seulement serve à l'environnement mais également se nourrisse de la protection de la nature. Je suis convaincu que c'est une idée vraie à condition de se donner un petit peu de mal, de dépasser certains conflits apparents et c'est ainsi qu'à la maison de l'environnement de Chalon nous avons créé un fond pour l'innovation auxquelles cotisent actuellement 35 entreprises locales de toutes tailles de la plus petite à la plus grande, et qui est efficace, c'est-à-dire que non seulement cet argent sert au travail d'éducation que j'évoquais tout à l'heure mais en plus la maison de l'environnement devient prestataire de service de ces entreprises pour faire des audits d'environnement, pour susciter des études techniques, pour faire des contrôles sur l'industrie et ça fait bouger les choses à partir du moment où les entreprises rentrent dans cette logique de protection de l'environnement, de l'amélioration de leurs affluents, je pense qu'on gagne beaucoup de temps, on évite des conflits inutiles et je crois que c'est une façon de progresser de façon concrète en matière de protection de la nature.

Q. : Je crois que c'est une approche que l'on retrouvera à travers les DOM-TOM.

R. : Oui, depuis dix mois que je suis à la tête de ce Ministère, il est évident que au vu de ce que j'ai découvert, des dossiers qui ont été portés à ma connaissance, j'ai bien conscience qu'il nous fallait faire un effort particulier pour l'environnement de l'Outre-mer, ne serait-ce que compte tenu de la qualité des sites qui sont ceux de l'Outre-mer. Vous avez évoqué tous ces noms qui font rêver tous les métropolitains, mais encore faut-il que nous les laissions à nos successeurs, aux générations futures dans le bel état où nous les avons trouvés. Ce serait dommage de saccager cette belle nature qui nous a été apportée.

Q. : Alors nous n'allons pas les voir, si ce n'est qu'en imagination ces splendides Territoires, on va les écouter tout de même par l'ambiance. Je vous propose de jeter un coup d'oreille sur la Guyane et nous allons avoir un solo de gralère turgoïde. Je suis sûre que cet oiseau vous est complètement familier Dominique Perben.

R. : Pas complètement, je vais progresser d'ici quelque temps.

Q. : Si vous le voulez bien, nous allons faire avec vous ce petit tour du monde. Petit tour du monde Français parce que finalement la France est un empire…

R. : Après ce que nous venons d'entendre, je voudrais dire aux Métropolitains qui n'ont pas eu la chance de se rendre dans l'Outre-mer français et en particulier aux Antilles ou en Guyane et même aussi dans le Pacifique que ce qui surprend le plus, la première fois que l'on va dans ces régions, c'est justement le bruit de la nature, la nature est bruyante, extraordinairement bruyante en particulier aux saisons humides, ce qui est toujours le cas en Guyane puisqu'on est en zone équatoriale, donc l'humidité est presque constante. Il y a un bruit et en particulier la nuit fait énormément de bruit. C'est tout à fait prodigieux, c'est très impressionnant et quand on revient ici la nuit paraît épouvantablement silencieuse, c'est-à-dire qu'on s'habitue à ce bruit, c'est très très fascinant d'ailleurs, et quand on rentre en Europe et bien on n'entend plus rien.

Q. : Donc nous avons jeté un coup d'oreille sur la Guyane. Aux Antilles aussi la nuit parle, la nuit est très bruyante mais il n'y a pas que la nuit, ce sont des pays… Bon les cocotiers et les plages de sable ça n'est pas qu'une image, ça existe vraiment.

R. : Cela existe vraiment. Ce n'est pas non plus toujours le quotidien de ceux qui y habitent parce ce qu'il faut vivre, il faut travailler, il faut faire avancer l'économie de ces Départements, bien sûr ces Régions et de ces Territoires mais l'environnement existe et je crois que ceux qui habitent ces Départements, bien sûr y sont très attachés, aiment cette géographie, aiment ces paysages.

Q. : Mais ils sont parfois difficiles à protéger, c'est ainsi que les Antilles en particulier, connaissent en raison de leur succès une forte pression touristique sur le littoral ? Donc c'est un paradis menacé et convoité.

R. : Il y a plusieurs raisons qui rendent nécessaire une ambition forte pour la politique de l'environnement, une protection de la nature. Il y a d'abord le fait que à part la Guyane, qui est très grande, car vous savez que la Guyane représente le cinquième de la surface de la France métropolitaine. C'est immense et seul une petite bande littorale est véritablement habitée mais encore très faiblement puisqu'il n'y a que 130 000 habitants sur le cinquième de la France et l'essentiel du Sud c'est la forêt équatoriale, la forêt amazonienne qui est très peu peuplée, simplement de quelques amérindiens et d'un certain nombre d'autres ethnies mais très peu peuplée.

Tous les autres Départements ou Territoires sort caractérisés par la petitesse de l'espace et une très forte progression de la population. Nous ne sommes plus habitués en France métropolitaine à cela mais certains Territoires ou Collectivités comme Mayotte par exemple, où il y a aujourd'hui 100 000 habitants, la population double tous les trente ans, donc une progression de 6,7 % par an. On n'est plus du tout habitué à cela. Cela veut dire un besoin de logements, donc un besoin de terrains pour construire etc. Donc c'est la deuxième raison la petitesse de l'espace, la pression démographique, la nécessité de préserver l'agriculture, parce que le grand danger lorsque l'on laisse l'urbanisation se faire de façon un petit peu spontanée c'est qu'on utilise les plaines cultivables et en particulier aux Antilles les terres de canne à sucre pour faire des villes, pour construite des quartiers nouveaux, alors on tue à ce moment la culture soit de la canne à sucre, soit de la banane, soit d'autres cultures et ça pose un problème d'emplois, d'équilibre de la Société antillaise. Donc il est tout à fait nécessaire d'avoir une politique de préservation de l'espace foncier, je crois que c'est très important.

Enfin il y a ce que vous avez indiqué : des paysages. Mais des paysages qui sont forcément fragiles ! Beaucoup de Métropolitains ont entendu parler des lagons dans toutes les zones où il y a des barrières de corail. Le lagon c'est par définition une eau qui ne renouvelle peu puisque l'accès à l'océan se fait uniquement par une ou quelques passes et il faut faire attention que l'eau de mer qui est enfermée dans le lagon ne soit pas polluée, ce qui veut dire pas d'eaux usées d'origine humaine ou industrielle, ce qui veut dire aussi pas trop de pollution naturelle. Je prends un exemple dont on reparlera peut-être. À Mayotte, il y a un superbe lagon, un paysage extraordinaire. Mais il se trouve que du fait de la disparition progressive de la forêt il y a une érosion des sols qui entraîne la terre vers le lagon et qui déséquilibre la composition du lagon. Elle provoque une sorte de pollution qui n'est pas d'origine humaine ou industrielle, qui est d'origine au fond naturelle mais qui, n'empêche, déséquilibre complètement le lagon et donc nous allons lancer un programme de replantation d'arbres pour contenir la terre et éviter l'idée de fragilité, Je crois que c'est une idée qu'il faut retenir quand on parle de la culture Outre-mer. Il y a des choses superbes mais il faut faire attention parce que c'est quand même assez fragile.

Q. : Je parlais tout à l'heure de la pression touristique. À Mayotte, il faut en profiter. D'ailleurs, c'est peut-être un des derniers paradis que l'on puisse visiter comme ça. C'est un peu l'Afrique au milieu de l'Océan Indien.

R. : C'est un morceau d'Afrique au milieu de l'Océan Indien avec une population qui en même temps africaine mais aussi de l'Océan Indien. Donc comme toujours dans l'Outre-mer français une synthèse, un mélange tout à fait original, qui a beaucoup de charme.

Q. : Je ne suis pas obsédée par les constructions sur les littorales de Guadeloupe et de Martinique mais c'est quand même un problème. Il faut faire très attention. Maintenant la plupart des espaces constructibles l'ont été, le sont quelquefois sans vraies autorisations.

R. : Il ne faut pas généraliser. Il y a un certain nombre d'endroits où la croissance très rapide du tourisme a provoqué un grand nombre de constructions, c'est le cas de l’île Saint-Martin, mais je dirais que ça reste quand même très exceptionnel. Sur les autres îles soit de l'archipel guadeloupéen, soit de la Martinique, il y a encore beaucoup d'espaces côtiers tout à fait vierges sans construction hôtelière. Cela étant, il faut effectivement faire attention, les régions concernées sont en train de travailler sur des schémas d'aménagement régionaux avec en particulier des précisions sur l'aménagement du littoral. J'ajoute que la loi Littoral s'applique Outre-mer, que par ailleurs, nous sommes très attentifs, et que il y a en plus un texte particulier qui est assez protecteur, même s'il n'est pas toujours respecté par la population qui s'installe un peu de façon spontanée parfois, c'est le fait que le littoral appartient sur cinquante pas – mesure de l'époque – à l'Etat, donc il y a là une mesure de protection relativement importante et puis nous développons des schémas classiques dont on parlera si vous le souhaitez, qui s'appellent parcs nationaux, parcs naturels, réserves naturels, un certain nombre de procédures comparables à ce qui peut se passer en Métropole qui protègent le littoral. J'ajoute que le conservatoire du Littoral est compétent Outre­mer et a donc commencé un certain nombre de terrains très sensible et donc il y a je crois maintenant une prise de conscience. C'est le plus important. Il faut une prise de conscience pour cette protection et faire en sorte que le tourisme ait encore devant lui de très beaux jours en terme de croissance. J'en suis convaincu : aussi bien les Antilles, la Guyane, la Réunion et bien sûr le Pacifique peuvent accueillir beaucoup plus de touristes sans dommage pour l'environnement à condition de faire les choses intelligemment.

Q. : Bien entendu ! Justement, tiens, parlons-en de la Polynésie. Ça fait encore plus rêver peut-être que les Antilles. Vous avez pu vous y rendre, Dominique PERBEN ?

R. : Oui, j'y suis allé au mois de juin dernier et je dois me rendre dans les tous prochains jours, à la fin du mois de février pour voir un peu l'avancement de nos travaux, c'est-­à-dire la mise en place d'une loi de développement dans les dix prochaines années pour la Polynésie française.

Q. : Il nous reste quelques minutes pour terminer cette première partie de Fréquence Buissonnière. C'est un problème d'environnement qu'on évoque lorsque l'on pense Polynésie : on pense essais nucléaires. Est-ce qu'on peut en parler ?

R. : Bien sûr, on peut parler de tout. Vous savez qu'il y a eu suspension. Alors est-ce que cette suspension sera définitive ou temporaire. Ce n'est pas l'objet aujourd'hui. Au fond personne ne le sait trop, cela va dépendre de l'évolution des techniques. Ce qui est certain, ce que l'on peut dire, c'est que le site de Mururoa, puisqu'il s'agit de cet atoll qui est dans le Sud-Est de la Polynésie, des études ont été menées, des recherches ont maintenant abouti sur la nature corallienne, sur le développement des récifs coralliens etc. Ce que je puis indiquer, c'est qu'il y a maintenant des possibilités de restauration complète des sites : les explosions aériennes ont été traumatisantes. Pour les explosions souterraines, c'est un peu différent. Mais nous avons suffisamment avancé maintenant en termes de recherches pour recréer sur Mururoa lorsque le moment sera venu un équilibre écologique satisfaisant. J'ajoute d'ailleurs que dans les îles proches de la Nouvelle-Zélande et proches de l'Australie, dans lesquelles les Anglais avaient fait leurs expériences nucléaires après la guerre, avant de les faire dans les déserts américains, et bien ces îles ont été tout à fait restaurées et sont devenues des îles touristiques, ce que les touristes aujourd'hui ne savent peut-être pas, je ne suis pas sûr qu'on le leur dise quand ils arrivent, mais c'est tout à fait historique. C'est une vérité d'aujourd'hui, mais je ne sais pas si l'on raconte aux touristes que c'était le site des explosions nucléaires britanniques.

Q. : Le touriste à Mururoa ce n'est pas une vue de l'esprit. Ce n'est pas pour tout de suite ?

R. : Les gens qui vont là-bas sont tout à fait étonnés de voir que le site n'est pas détruit contrairement à ce qu'on s'imagine. On s'imagine une espèce de paysage lunaire. Ce n'est pas du tout ça, c'est un atoll comme les autres.

Q. : Tout de même, il y a des conséquences. Les particules radioactives ne disparaissent pas comme ça. Donc on pourra s'y promener sans danger ?

R. : Tout à fait, j'en suis absolument convaincu !

Q. : Alors, il nous restera à visiter les Terres Australes, on change de climat.

R. : Ça, c'est le continent antarctique qui effectivement est aussi de ma responsabilité, qui est peu peuplé. Alors celui-là, il n'y a que des chercheurs, des missions militaires pour soutenir comme appui technique des chercheurs. La France est engagée avec d'autres pays dans un travail de recherches scientifiques intéressantes et je pense que c'est à la fois une présence, c'est à la fois un outil de recherches scientifiques souvent d'ailleurs sur les problèmes écologiques, les problèmes climatiques qui ne posent pas véritablement de problèmes considérables.

Q. : Il n'y a pas encore d'envahissement touristique ?

R. : Non, d'ailleurs une piste aérienne a été réalisée mais il a bien été indiqué que cette piste ne serait utilisée qu'à des fins de recherches scientifiques.

Q. : Et la colonie de manchots qui s'y trouvait, comment se porte-t-elle ?

R. : Elle a dû s'écarter de quelques centaines de mètres.

Q. : Donc un vaste problème de protection de la nature et de l'environnement dans ces DOM-TOM qui connaissent tout de même des problèmes. On a l'impression que les mesures de protection de l'environnement ont pris du retard dans les DOM, quelques années de retard notamment en matière d'équipement, de dépollution, de protection de l'eau et c'est un retard qui sera sans doute difficile à combler.

R. : Oui, il faudra du temps. Tout à l'heure, j'avais évoqué quelques exemples de pollution. J'avais parlé de la pollution de certains lagons, j'avais parlé aussi de l'augmentation de la population etc. Il est évident qu'en matière d'eau, d'assainissement et de déchets il y a de très profonds retards par rapport à la Métropole. Il faut maintenant aller très vite. Alors que pensons-nous faire ? D'abord dans les contrats de plan, c'est­-à-dire les financements de l'Etat des cinq prochaines années, nous allons mettre un accent très particulier sur toutes les opérations d'usines d'eaux, de traitements des eaux usées, et de traitements de déchets. Nous avons également l'intention de mobiliser avec les élus locaux les fonds européens qui peuvent aller sur ce type d'investissements et enfin j'ai obtenu au mois de juin dernier du Parlement la possibilité d'utiliser des crédits défiscalisés pour des usines concédées en matière d'eau, d'assainissement ou de déchets. Donc J'espère qu'avec ces trois sources de financement, nous allons commencer à rattraper le retard. C'est tout à fait indispensable. Je crois que maintenant, Je l'ai vu à l'occasion des débats de ces derniers mois sur place, une prise de conscience de la part de tous de l'obligation de faire cet effort.

Q. : Oui. Il y a un chiffre qui m'a paru tout à fait étonnant dans les DOM en particulier, on consomme deux à trois fois plus d'eau qu'en Métropole.

R. : Oui, alors il y a des phénomènes liés bien sûr à la température. Il y a aussi des cultures qui sont grosses consommatrices d'eau. Une part substantielle des terrains aussi bien pour la canne à sucre que pour la banane sont irrigués. Et puis, il y a aussi une habitude où l'eau ne compte pas, ne coûte pas chère, ne se paie pas. Donc il y a aussi une forme de gaspillage. Il faut là aussi faire un effort d'éducation importante pour réduire cette surconsommation.

Q. : Est-ce qu'il existe une usine de traitement d'eaux usées ? Est-ce que cela existe dans les DOM-TOM ?

R. : Il en existe, mais il y a aussi des endroits où il n'en existe pas. Il n'y a rien à Cayenne, donc ça va directement dans certains canaux qui sont autour de la ville. Il y a là un vrai problème. Il y a un projet d'usine qui doit être financé dans les cinq prochaines années. Mais même sur Fort-de-France, sur Pointe-à-Pitre ou sur Basse-Terre, dans des agglomérations beaucoup mieux équipées, cela n'est pas encore satisfaisant et nous avons un peu partout des programmes importants. Je veux aussi citer une ville dont le nom fait rêver Tahiti où il est indispensable dans les cinq années qui viennent de réaliser l'assainissement de la ville de Tahiti, sinon on va à une grande difficulté non seulement en terme sanitaire parce que cela pose des problèmes sanitaires mais également en terme écologique. Donc il nous faut faire sur toutes les grandes agglomérations un effort important. Il faut aussi qu'en terme industriel il y ait une dépollution des eaux industrielles ce qui n'est la plupart du temps pas le cas aujourd'hui.

Q. : Justement à propos de pollution industrielle. Une cause de pollution en Guyane très importante c'est celle des orpailleurs. Le. Mercure qui est utilisé par les chercheurs d'or se mélange à l'eau et la pollue gravement.

R. : Alors c'est une pollution très ancienne puisque l'orpaillage c'est-à-dire la recherche d'or de manière artisanale est très ancienne en Guyane et pour isoler l'or, on utilise du mercure. Vous savez que le mercure a pour caractéristique redoutable de ne pas s'éliminer dans les organismes vivants. Donc il y a un phénomène d'accumulation au fil des années et c'est très dangereux. Nous faisons un effort de surveillance et de contrôle de l'orpaillage artisanal et progressivement nous allons passer je pense à une exploitation plus industrielle, plus moderne de l'or guyanais qui permettra un meilleur contrôle des conditions d'exploitation de l'or.

Q. : Oui, car il n'est pas possible de dépolluer une eau polluée au mercure ?

R. : C'est très très difficile, c'est quasiment impossible.

Q. : On a parlé tout à l'heure de la protection des lagons et de l'eau. Est-ce qu'on pourrait parler des déchets. Parce que cela aussi, c'est quelque chose qui avait été ignoré. Est-ce qu'on ne produit pas de déchets Outre-mer Dominique PERBEN ?

R. : On produit bien entendu des déchets comme ailleurs. On est dans la situation que nous connaissions il y a 10 ou 15 ans et que l'on connaît ailleurs. Je crois qu'il ne faut pas généraliser ni d'un côté ni de l'autre. En métropole, il y a des zones où le problème est bien géré et puis il y a encore des dépôts tout à fait inadmissibles, d'ailleurs la presse s'en fait parfois l'écho. Donc en Outre-mer il faut avancer, il faut bien sûr améliorer la collecte, il faut essayer de développer autant que faire se peut un certain tri sélectif, la mise en place de déchetteries. Il faut qu'on avance dans le traitement des déchets surtout dans des pays qui sont des iles avec peu de place donc il faut trouver les meilleures formules. Cela peut être l'incinération mais cela peut être aussi autre chose et donc il y a là une recherche sur les différentes possibilités technologiques qu'il faut entreprendre en sachant qu'il n'y a pas de solution miracle. Aujourd'hui, on n'est pas encore sûr de l'intérêt de telle ou telle technologie mais ce qu'il y a de certain, c'est qu'on ne peut pas laisser la fantaisie ou la spontanéité être la règle.

Q. : Oui, parce qu'effectivement ces Territoires sont souvent des îles donc une surface limitée et si on n'élimine pas sur place, où éliminer ?

R. : Il n'y a pas de possibilité de convoyer à l'extérieur. Certains gros déchets, genre carcasses de voitures compactées ou des choses de ce type peuvent éventuellement être éliminées en direction de l'extérieur à condition de trouver des solutions. Mais pour l'essentiel il faut trouver des solutions qui permettent un traitement sur place et là nous aurons avec les Collectivités Locales de gros investissements à réaliser dans les prochaines années. Mais ce que je puis dire après de nombreuses réunions que j'ai tenues dans les différents Départements et Territoires c'est qu'il y a maintenant une vraie prise de conscience de la nécessité de le faire.

Q. : Alors justement à quel niveau se situe cette prise de conscience. Est-ce qu'il y a des associations de protection de la nature. Est-ce que c'est au niveau des pouvoirs publics ?

R. : Il y a quelques associations de protection de la nature, souvent mises en place à la suite de difficultés, de dossiers un peu noirs.

Q. : J'ai eu l'occasion d'accueillir la SOPAMAR qui est une association martiniquaise.

R. : Mais en même temps il y a aussi une prise de conscience des élus qui, comme cela s'est produit au cours de ces quinze dernières années en Métropole, s'aperçoivent qu'il faut avancer sur ces dossiers et puis il y a aussi le côté positif. La protection de la nature, l'environnement ce n'est pas uniquement les déchets, l'eau, l'assainissement, ça peut être aussi des choses plus positives. Vous avez évoqué la Martinique, je crois pouvoir dire que la réserve naturelle de la Caravelle – vous savez, cette presqu'île qui est à l'Est de l’île et qui est superbe – est maintenant une réserve naturelle. J'ai tenu à m'y rendre lors de mon premier voyage en mai dernier et ce projet qui a été soutenu par beaucoup d'associations, de militants pour l'environnement sera une réussite.

Q. : Est-ce qu'il y a d'autres projets ? On parle du parc national en Guyane, ça c'est un très grand projet.

R. : On parle d'un parc. J'ai, il y a quinze jours, installé le comité de pilotage de réalisation de ce parc qui a pour vocation de doter cette forêt équatoriale qui est la plus belle partie de la forêt amazonienne. Il se trouve que c'est la forêt essentiellement française, qui est très intéressante, très riche, qui est habitée comme je l'ai dit tout à l'heure. Mais je crois qu'il faut à la fois protéger ce Sud de la Guyane, cette belle forêt, la mieux connaître, pourquoi ne pas développer un éco-tourisme qui soit protecteur, qui soit respectueux mais qui peut passionner. Et puis il me semble aussi que d'une façon plus générale à travers ce projet du parc de la Guyane, c'est aussi une façon pour la France d'apporter sa contribution à la protection d'un des sites écologiques les plus importants pour l'avenir de la planète. Je crois que ça compte aussi. J'ai voulu prendre le chiffre à l'occasion de cette émission : la France est responsable de 11 millions de km2 à travers l'Outre-mer, c'est-à-dire soit en espace sur la terre, soit en espace maritime, compte tenu des réglementations en zone économique exclusive et en particulier dans le Pacifique. C'est-à-dire une surface qui est 22 fois la surface de la Métropole sous des climats équatoriaux ou tropicaux dans les hémisphères Nord ou Sud. Cela veut dire que là, nous avons au fond une responsabilité en terme de politique de l'environnement à l'échelle mondiale tout à fait évidente et pourquoi ne pas donner l'exemple. Ça me parait important. Je crois qu'à travers notre projet de parc du Sud de la Guyane il y a, en tout cas chez moi je le dis très clairement, le souci de faire en sorte que la France donne l'exemple dans cette affaire.

Q. : Effectivement c'est une chance d'avoir cette forêt sur ce Territoire. Une forêt tropicale sur le Territoire français, cela paraît quand même étonnant. Cela n'a plus rien à voir avec la Métropole. En même temps elle est protégée par rapport à la forêt amazonienne puisque par rapport aux conditions économiques des habitants du Brésil, les Guyanais jouissent de conditions privilégiées.

R. : Il y a à la fois la protection par rapport aux hommes, vous savez qu'il y a eu un certain nombre de difficultés dans d'autres pays à l'égard de la civilisation amérindienne qui est une civilisation tout à fait passionnante, tout à fait fascinante. Il y a des élus amérindiens qui sont dans le comité de pilotage que j'ai installé il y a quinze jours à Cayenne qui représentent la communauté amérindienne et qui souhaitent tout en ne refusant pas le monde moderne préserver leur culture, leur civilisation, leur manière de vivre, leur manière aussi de s'intégrer dans la vie de la forêt, enfin c'est un monde tout à fait extraordinaire. La forêt guyanaise, quand on la voit pour la première fois, c'est fascinant ! En général, on commence par la survoler parce que c'est immense et ensuite on a vraiment envie d'y pénétrer, de remonter les rivières, les fleuves et d'aller voir plus loin. J'espère pouvoir le faire un jour, ministre ou pas, pour aller un petit plus loin dans la connaissance d'un monde qui fascine, qui peut avoir un côté difficile, un peu agressif – parce qu'il y a des caïmans, des serpents etc… il y a vingt tonnes d'insectes à l'hectare – mais en même temps on a envie d'aller voir parce que c'est comme une fascination.

Q. : Je vous sens fasciné par la Guyane peut-être plus que par la Polynésie par exemple.

R. : Non, la Polynésie, c'est autre chose. Ce n'est peut-être pas le mot fascination à ce moment-là. Ce sont des paysages que l'on a beaucoup vu en photos, en films mais entre ce que l'on a pu voir sur des images et ce que l'on ressent lorsqu'on les voit, il y a une grande différence. C'est-à-dire, il y a en plus cet accord entre une population, une culture et un paysage. Cela ne peut pas être rendu par des images. On ne peut le ressentir que sur place. On parle d'environnement ce matin, mais l'environnement c'est pour moi un concept tout à fait culturel et je pense que dans l'idée de protection de l'environnement il y a aussi l'idée de protéger une forme d'équilibre entre les hommes et la nature et, à travers mon expérience ministérielle, – j'ai neuf ou dix Départements ou Territoires différents – je peux dire qu'il y a à chaque fois un équilibre homme-nature qui est différent, qui est particulier parce que c'est un phénomène culturel.

Q. : Donc cette notion de développement durable dont on a beaucoup parlé, c'est devenu une espèce de tarte à la crème de l'écologie depuis la célèbre conférence de Rio, ce développement durable peut s'appliquer aussi à nos Territoires Outre-mer.

R. : Il doit s'appliquer même, à mon sens, encore plus comme nous le disons depuis le début de l'émission. Ce sont des Territoires, des espaces sans doute plus fragiles que les espaces des pays tempérés, pour des raisons qui tiennent à la nature, au climat et donc il nous faut y être plus attentifs si nous souhaitons que ces Départements ou ces Territoires puissent avoir un développement touristique durable, un développement industriel ou agricole durable, donc c'est encore plus nécessaire, je crois, sous des climats tropicaux ou équatoriaux que sous des climats tempérés comme celui de la Métropole.

Q. : Quel avenir voyez-vous pour les DOM-TOM ? Vous parliez du développement économique, est-ce que c'est le tourisme qui vous semble à privilégier ?

Je crois que le tourisme est loin d'avoir apporté tout ce qu'il pourrait apporter aussi bien aux Antilles – bien qu'il y ait beaucoup de touristes – mais je pense qu'il y a encore beaucoup de possibilités à condition de faire un travail de qualité, de former des professionnels. Dans le Pacifique, il y a énormément de possibilités, évidemment c'est plus long et c'est plus cher, il y a très peu de touristes. Il faut savoir qu'en Polynésie cette année, où il y a pourtant eu une augmentation de près de 20 % de la fréquentation, il n'y a que 140.000 touristes par an. C'est dérisoire, mais il n'y que très peu d'hôtels en Polynésie. La Réunion est une très belle île, très différente, ce n'est pas une île aux cocotiers, c'est une île avec des montagnes, des espaces intérieurs superbes, d'ailleurs des espaces qui posent des problèmes d'équilibre car du haut de la Réunion ce sont des montagnes fragiles, des montagnes volcaniques qui souffrent beaucoup des phénomènes d'érosion et sur lesquels nous sommes amenés à investir en matière de reforestation, en manière de protection contre l'érosion des rivières, qui est d'ailleurs un phénomène aussi antillais, donc encore une fois des espaces un peu fragiles.

Q. : Alors, il y a un aspect des activités Outre-mer dont nous avons peu parlé mais qui constitue également une ressource naturelle, c'est la pêche. La pêche, parce que vous rappeliez que le Territoire qui entoure ces îles est immense. Donc la pêche, ça fait partie des ressources non seulement locales mais également pour la Métropole.

R. : Oui, la pêche est à la fois une pratique ancienne, j'allais dire artisanale aussi bien aux Antilles, qu'en Guyane, également en Polynésie ou en Calédonie, moins peut être à la Réunion et c'est devenu progressivement une zone d'activités plus internationales avec des besoins en poissons de pays fortement consommateurs comme par exemple les Japonais qui s'intéressent beaucoup à la zone économique, aux zones de pêche polynésiennes, car vous le savez les Japonais sont de gros consommateurs de poissons, donc il y a des conservations sur ces sujets. Et puis, bien sûr, il y a un autre dossier, qui lui est difficile, c'est celui de Saint-Pierre et Miquelon, dont beaucoup d'auditeurs ont entendu parler, puisque la morue a presque disparu, enfin est beaucoup moins présente dans l'Atlantique Nord, ce qui a amené les autorités internationales et les Canadiens en particulier à suspendre pratiquement complètement la pêche à la morue dans une grande partie de l'Atlantique Nord ce qui a mis en chômage technique total non seulement nos pêcheurs de Saint-Pierre et Miquelon mais aussi les ouvriers des usines de pêche, ce qui veut dire que l'activité économique à Saint-Pierre et Miquelon, depuis un an et demi maintenant est presque arrêtée, ce qui pour le Ministre que je suis est un problème difficile. Nous sommes en train de discuter avec les Canadiens de diversification de la pêche pour essayer de développer d'autres pêches que la morue et puis également pour développer d'autres activités de la pêche.

Q. : Oui, là on s'aperçoit que les ressources naturelles ne sont pas inépuisables.

R. : Il ne faut pas croire que ça dure toujours et il faut faire attention. Donc la décision qui a été prise sur la morue, c'est d'arrêter pendant quelques années la pêche complètement, de voir ce qui se passe, on ne comprend pas vraiment. Il ne semble pas que la surpêche, l'excès, de pêche soit vraiment la raison de celle disparition. Les scientifiques en fait n'ont pas d'explications complètes de cette affaire, ce qui est inquiétant d'ailleurs. Je dirais que si c'était la surpêche ce serait un moindre mal, ça voudrait dire qu'en s'arrêtant de pêcher trois, quatre ou cinq ans on verrait réapparaître la ressource. S'il y a d'autres raisons tenant à la température de l'eau ou à d'autres phénomènes… Il y a des côtés un peu mystérieux, on va voir au fil des deux, trois ans qui viennent ce qui se passe.

Q. : Bien. Dominique PERBEN, merci. Pour terminer ce tour d'horizon des DOM­TOM, on va retourner vers une forêt d'Amérique du Sud, qui est une forêt amazonienne toute proche de celle dont nous parlions tout à l'heure, de la forêt guyanaise.