Texte intégral
Q - Vous avez eu peur, j'imagine, comme tous les Français, hier, pour l'équipe de France. Est-ce que vous pensez qu'elle a encore ses chances pour la suite ?
- « Oui, je pense qu'ils ont une semaine maintenant pour bien se préparer et peut-être veiller à pouvoir finaliser leurs actions. Je crois que c'est cela qu'il faut finalement rechercher. Je pense qu'A. Jacquet et les joueurs vont tout faire pour être en super forme le vendredi 3 juillet au Stade de France après-midi. »
Q - Le Gouvernement a de nombreux problèmes à régler.
- « Pour l'instant, il les règle pas mal. »
Q - Mais enfin il y en a toujours. Notamment l'impôt de la solidarité sur la fortune. Le patron du CNPF a lancé un avertissement au Gouvernement, et donc à vous, en disant que l'extension de cet impôt à l'outil de travail serait catastrophique : des milliers d'entrepreneurs pourraient mettre la clé sous la porte ?
- « M. Seillière s'exprime et c'est son droit. Je crois qu'il y a eu un avertissement qui a été quand même clair de la part des Français il y a un an : ils ne voulaient pas que cela continue comme avant. Je crois que le problème, aujourd'hui, des entreprises est que leurs carnets de commandes sont pleins. Il semble que de ce côté-là cela a marché, que la croissance soit au rendez-vous. Et d'avoir par ailleurs une répartition des fruits de la croissance, notamment avec une fiscalité plus juste, c'est la politique du Gouvernement. L'impôt sur la fortune est quelque chose d'important : la gauche l'a fait, la droite l'a défait, la gauche l'a remis. Alors après, faire en sorte qu'il soit plus juste et qu'un certain nombre de gens qui ont de très grosses fortunes n'y échappent pas est une chose. Je ne crois pas que l'idée du Gouvernement soit, dans le budget de 1999, d'augmenter globalement la fiscalité et je ne crois pas que ce soit le problème de l'impôt sur la fortune qui soit au coeur de la politique fiscale du Gouvernement. »
Q - L'outil de travail.
- « C'est assez symbolique. C'est un combat symbolique. »
Q - Vous êtes pour, vous, à titre personnel. Vous pensez que c'est intéressant et utile ?
- « Je pense que l'impôt sur la fortune est utile, il rapporte 8 ou 9 milliards qui vont à la solidarité notamment pour financier le RMI. Je ne crois pas que l'objectif soit de l'alourdir et de faire peser sur l'économie le risque d'évasion. Mais en même temps, il ne faut pas que des grosses fortunes y échappent, parce que cela, je crois que c'est quand même normal. Les salariés payent leurs impôts alors pourquoi pas les grandes fortunes. »
Q - C'est vrai cela ne va pas trop mal en ce moment, mais il y a le problème de la Sécurité sociale, où là le trou est beaucoup plus important que prévu et donc menace l'équilibre des comptes. Le dérapage est important. Est-ce que vous confirmez, ce matin, au nom du Gouvernement, qu'il n'y aura pas de hausse des cotisations ou de baisse des remboursements dans les mois qui viennent pour rétablir les comptes ?
- « Je ne veux rien ni infirmer, ni confirmer. M. Aubry et B. Kouchner s'exprimeront le moment venu quand les décisions auront pu être prises et discutées avec les partenaires parce que c'est quand même cela aussi l'objectif : la caisse nationale d'assurance maladie. Je crois que l'objectif est de pérenniser le système et de faire en sorte que les Français puissent avoir une protection sociale juste et bien gérée. Nous avions, je crois, bien commencé l'année dernière. Il semble que pour les premiers mois de cette année il y ait une dérive dans la dépense. Je crois que c'est du côté de la maîtrise des dépenses qu'il faut regarder les choses. Ce n'est sûrement pas en prélevant sur les salariés - ce qui serait d'une certaine manière plus problématique pour la croissance. On est dans un cycle vertueux sur le plan économique. Je crois qu'il faut y rester, même s'il faut faire une meilleure maîtrise des dépenses de santé. »
Q - Comment ?
- « Par le dialogue. C'est l'intérêt du corps médical. C'est l'intérêt général qui doit prévaloir dans cette affaire donc il faut qu'il y ait des efforts de faits mais évidemment pas au détriment de la santé de Français, parce que c'est quand même cela le but et l'objet de la Sécurité sociale. »
Q - S'il le faut, vous sortirez le bâton contre les médecins ?
- « Justement non : ce Gouvernement ne veut pas gouverner par le bâton mais par le dialogue, la concertation, trouver les voies justes. »
Q - Cela n'a pas marché ?
- « Cela n'a pas marché parce qu'il y a eu au début de l'année - c'est d'ailleurs inexpliqué - un certain nombre de dépenses qui ont crû. Je pense qu'il faut ramener effectivement le niveau de la dépense, y compris en améliorant le système de protection sanitaire des Français. Ce n'est pas en consommant toujours plus de médicaments qu'on améliore sa santé. C'est bien là qu'il faut faire porter l'effort par, encore une fois, un juste équilibre entre tous les partenaires concernés. »
Q - Puisque vous êtes ministre des Relations avec le Parlement, est-ce que vous n'êtes pas énervé par ce que dit le Parti communiste et ce que fait le Parti communiste. Je ne me souviens pas que le Parti communiste ait approuvé un seul projet du Gouvernement depuis les 35 heures. Est-ce que vous trouvez que c'est une situation normale et qui peut durer ? Cela paraît curieux pour les Français !
- « J'ai bien compris votre interrogation. Personne n'est surpris qu'il y ait des débats au sein de la majorité, Elle est plurielle. C'est bien ainsi. L'essentiel, c'est que sur l'essentiel elle soit rassemblée. »
Q - C'est le cas ?
- « Tout à fait. Il y a une déclaration de politique générale du Premier ministre, elle date d'un an. Le Gouvernement veille à l'appliquer. Il n'y a pas de problèmes au niveau du Gouvernement. Alors après, sur un certain nombre de modalités, il est bien normal que chacun fasse entendre sa différence sur la base de son histoire, de sa culture, de sa démarche. L'essentiel est de se rassembler. Je constate que les projets du Gouvernement sont votés et il y a beaucoup plus de projets de loi depuis un an qui sont votés par l'ensemble des partis de la majorité plurielle. Ce n'est pas une surprise, par exemple, que le Parti communiste, le groupe communiste ou les parlementaires communistes - parce que c'est plus compliqué qu'il n'y paraît quelquefois - votent différemment ou s'abstiennent ou votent contre. Cela ne met pas en péril la majorité. La preuve, le Gouvernement gouverne et les Français sont plutôt satisfaits. Je puis vous dire en tant que ministre des Relations avec le Parlement que je ne vois pas du tout la majorité plurielle en péril. Le débat, cela n'est pas grave. Ce qu'il faut c'est que le rassemblement et l'intérêt général l'emportent sur le particularisme. »
Q - Mais si l'opposition, qui était la majorité avant, avait ces problèmes-là, je vous entends déjà à l'avance dire que c'était une incohérence totale.
- « Elle a eu plus que ces problèmes-là. Je vous rappelle qu'il y a une dissolution. Ce n'est pas le problème qui est posé aujourd'hui à la majorité plurielle. L'opposition a beaucoup de difficultés à se rassembler, tout simplement parce qu'il y a un problème de projet politique qui est absent. Posons-nous la question : qu'est-ce que les Français pourraient attendre de la droite aujourd'hui si elle était au Gouvernement ? La croissance ? Eux ne l'avaient pas, nous, nous l'avons. Le chômage ? Il baisse régulièrement même si c'est insuffisant, mais il baisse. Le gouvernement de L. Jospin et L. Jospin lui-même ont pu rassurer les Français. C'est la démonstration d'une solidité, d'un bon cap, l'honnêteté, tous les gens me le disent ! J'étais hier à Magny-Cours, les gens m'ont dit “continuez ! Vous êtes bien. Vous faites votre travail honnêtement et conformément à vos engagements“. Le problème de la droite, c'est qu'ils essaient d'inventer des choses. Ils ont trouvé l'Alliance. Au début, on a pu penser que c'était la Sainte alliance. On a plutôt le sentiment, ce matin, après leur réunion d'hier que c'est la feinte alliance. »
Q - C'est la Sainte alliance aussi dans la majorité plurielle ?
- « Il y a un état d'esprit, si vous voulez. »
Q - Est-ce que vous êtes prêt à accepter que cela continue tel qu'actuellement ?
- « Tout le monde ne va pas être le doigt sur la couture du pantalon. »
Q - On vote contre le Gouvernement sur pratiquement tous les grands textes depuis six mois, cela fait beaucoup ?!
- « Je ne crois pas. Les 35 heures, la loi sur l'exclusion... Sur les lois d'entrée et de séjour des étrangers, par exemple, il est clair qu'il y avait des différences. Cela n'a pas empêché le Gouvernement de pouvoir passer cette loi qui est une loi de juste équilibre entre la fermeté nécessaire pour la maîtrise des flux migratoires et en même temps l'humanité et le respect des droits de l'homme. »