Déclaration de Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication, sur sa politique en faveur de la musique et sur la Fête de la musique, Paris le 10 juin 1998.

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Circonstance : 17ème édition de la fête de la musique, à Paris, le 10 juin 1998

Texte intégral

Mesdames, Messieurs,

Je suis particulièrement heureuse de vous retrouver pour la 17e édition de la Fête de la musique. Je vous donnerai dans un instant quelques indications sur les grandes tendances de la Fête en 1998, mais je voudrais d’abord mettre à profit ce rendez-vous traditionnel pour vous présenter les lignes de force de ma politique en faveur de la musique.

En 1997, j’ai annoncé des axes de réflexion pour une politique musicale ambitieuse, concernant l’éducation et l’enseignement musical, le renforcement des institutions de diffusion, la création musicale, le tout devant s’inscrire dans une perspective d’aménagement du territoire. Ces axes de réflexion sont devenus aujourd’hui des orientations concrètes.

On ne comprendrait pas qu’à l’occasion de la Fête de la musique, je ne commence pas en évoquant la réforme administrative que j’ai décidée en fusionnant la direction de la musique et de la danse avec la direction du théâtre et des spectacles. Cette décision, qui sera effective dès cet été, a pu, je le sais, susciter quelques interrogations, notamment dans le monde de la musique. Celles-ci sont aujourd’hui apaisées.

Il est en effet de plus en plus évident que les préoccupations concernant la musique, la danse et le théâtre, appellent souvent un traitement commun. Les enjeux qui justifient l’action de l’État sont la plupart du temps communs, qu’il s’agisse notamment de création ou de recherche, de la mise en forme publique du spectacle vivant, de la formation et de l’insertion professionnelle, de l’enseignement et des pratiques des amateurs, ou des question juridiques et économiques. En outre, l’émergence constante de formes artistiques neuves, notamment pluridisciplinaires, appelle également ce rapprochement.

L’ensemble des arts vivants, vont être, au travers de ceux qui les font vivre, amateurs et professionnels, spectateurs et praticiens, élèves et enseignants, les gagnants de cette réforme.

Je considère cette réforme comme une des conditions essentielles à la mise en œuvre d’une politique musicale renouvelée autour des grandes orientations que je vais maintenant préciser et qui trouveront pour la plupart des applications concrètes dès la rentrée prochaine.

Les ambitions que je nourris pour la musique s’articulent autour des principes de liberté, d’égalité et de responsabilité.

Plus de liberté pour les professionnels de la musique, pour les artistes : celle de jouer, de créer, de programmer… Mais aussi plus d’égalité dans l’accès aux pratiques artistiques, qu’il s’agisse d’écouter ou de faire de la musique, quel que soit son lieu de résidence, quelle que soi son origine sociale, et, enfin, des responsabilités mieux identifiées grâce, notamment, à la charte des missions de service public.

La liberté, cela veut dire permettre à la création musicale de se développer. Vous connaissez l’attachement que j’ai toujours porté, à la musique de création, comme en témoigne le soutien indéfectible apporté au festival Musica. Je veux que les artistes d’aujourd’hui soient libres de constituer le répertoire de demain. On sait que l’État a toujours eu, en France, un rôle éminent dans le soutien à la composition musicale. L’école française est florissante ; les initiatives nouvelles se multiplient, les formes progressent, évoluent, se mêlent à d’autres esthétiques, d’autres arts. L’État doit encore mieux accompagner cette évolution.

C’est pourquoi j’ai décidé de relancer la politique des commandes. Le directeur de la musique, de la danse, du théâtre et des spectacles doit me proposer, pour l’automne prochain, des mesures simples et concrètes pour développer l’aide à la création musicale, et ce, sous toutes ses formes.

Il s’agit pour moi de faciliter la recherche musicale, génératrice d’outils que les compositeurs peuvent utiliser. Il s’agit d’appuyer les projets particulièrement innovants. Il s’agit de faciliter la mise à disposition du public d’une musique de création qui procède par évolutions et par métissages plutôt que par ruptures. Il faut aussi que les musiciens amateurs puissent s’approprier le répertoire contemporain.

La liberté, c’est également pouvoir disposer d’un tissu artistique professionnel d’orchestres, d’ensembles instrumentaux, de solistes, de chœurs et d’ensembles vocaux, de théâtres lyriques, de lieux de production et de diffusion. Il faut, en partenariat avec les collectivités locales, procéder à la nécessaire revitalisation du tissu décentralisé. Des marges artistiques nouvelles doivent être trouvées ; l’emploi des artistes doit être préservé ; à cet effet les équipes artistiques permanentes doivent être confortées.

Dans cette ligne, j’entends que l’État maintienne sa capacité d’intervention dans des structures de production et de diffusion. Je suis particulièrement attachée à l’existence de pôles lyriques et symphoniques qui seront d’autant plus forts que nous parviendrons à regrouper l’ensemble des volontés locales.

Cette vision volontaire ne me fait pas oublier les problèmes, non seulement financiers, mais aussi statutaires, juridiques, fiscaux, qui se posent aux grandes structures locales de production et de diffusion. Je m’attache à trouver des solutions durables à ces problèmes : j’ai demandé à mes services de travailler à des propositions réalistes quant à la fiscalité et au statut juridique des entreprises culturelles.

La liberté, cela veut dire également que les amateurs doivent pouvoir pratiquer librement leur art, et dans de bonnes conditions. Cela suppose la mise à disposition facile de lieux de répétition et de diffusion adaptés. Cela suppose également, pour les amateurs qui le souhaitent, la possibilité de bénéficier d’un encadrement professionnel, ou d’une formation complémentaire.

Les actions existantes en faveur des pratiques instrumentales et vocales, des musiques traditionnelles, seront poursuivies et développées. En outre, ces besoins seront d’autant mieux connus et satisfaits que l’on aura une meilleure connaissance des ressources existantes et qu’on favorisera leur mise à disposition pour les amateurs : c’est le sens d’un partenariat que le ministère de la culture et le ministère de la jeunesse et de sports ont décidé de développer.

Cela suppose aussi l’existence d’un cadre juridique qui, tout en protégeant l’activité professionnelle, notamment au regard du droit social, permette aux amateurs, intervenant dans un contexte non concurrentiel, d’exercer leurs pratiques dans des conditions acceptables sur le plan économique et au regard des formalités administratives.

Ce sujet, qui me tient particulièrement à cœur, sera débattu lors d’un colloque, le premier du genre, organisé à l’initiative de l’association nationale des délégués départementaux à la musique et à la danse, qui se tiendra à la fin de cette semaine, les 13 et 14 juin à Boulogne-sur-Mer.

Liberté donc. Mais aussi une égalité des chances plus affirmée. Cela signifie, permettre à tous d’avoir, dans de bonnes conditions, un accès aux pratiques musicales. En la matière, deux priorités me semblent importantes. L’une concerne les jeunes, l’autre la résorption des inégalités géographiques.

Avec Claude Allègre, nous avons souligné récemment, à Vaison-la-Romaine, combien la musique pouvait être structurante pour la construction de la personnalité de l’enfant et le développement de ses aptitudes. On sait en effet qu’un enfant ayant bénéficié d’une éducation musicale acquerra plus rapidement et plus complètement les autres apprentissages fondamentaux. Pour le développement personnel, comme pour la structuration du lien social, c’est à juste titre que l’enseignement de la musique est un enseignement obligatoire.

Pour autant, sur le terrain, en dépit des efforts remarquables des maîtres, et des expériences de partenariat local entre l’école primaire et l’école de musique, il faut constater une grande inégalité de traitement. L’inégalité existe aujourd’hui entre les enfants qui bénéficient d’un véritable enseignement musical, avec un maître ou un musicien-intervenant spécialement formé et ceux qui malheureusement n’en bénéficient pas. De même, les enfants dont les parents sont en mesure de pallier les lacunes de l’éducation nationale en ayant recours au réseau d’enseignement spécialisé (les écoles et les conservatoires de musique) ont évidemment plus de chances que les autres. Pour moi, il est donc clair que le ministère de la culture et celui de l’éducation nationale doivent renforcer leurs liens, apprendre à travailler en plus étroite collaboration au service du développement de l’enfant, pour mettre fin à cette discrimination de fait.

Cette priorité que j’accorde aux jeunes, se concrétisera également par un soutien au réseau des scènes de musiques actuelles, dont le succès ne se dément pas. Je n’en veux pour preuve que l’ouverture, l’an passé, du Grand Mix à Tourcoing ou du Médiator à Perpignan ; l’ouverture prochaine des Marquisats à Annecy. Les publics des villes de taille plus modeste bénéficient aussi de cette politique (par exemple avec l’ouverture de La Gare à Coustellet dans le Vaucluse ou de La Cigale à Nyons dans la Drôme).

J’ai mis en place, vous le savez, une commission nationale des musiques actuelles, qui, à l’instar du travail remarquable de la commission pour le jazz et les musiques improvisées, et à partir d’un état des lieux, me présentera en septembre des propositions pour une intervention renforcée de l’État dans ce secteur.

Priorité aux jeunes donc, et aux esthétiques nouvelles, par une juste prise en compte du véritable phénomène de société qu’est devenue la musique techno.

Priorité aux jeunes professionnels enfin, en facilitant leur formation et leur insertion dans la vie professionnelle.

C’est ainsi que j’ai décidé d’accélérer la mise en place de dispositifs nouveaux, en demandant à l’Office national de diffusion artistique de renforcer ses interventions dans le domaine du spectacle musical. J’ai demandé également de développer l’aide à des structures existantes, dans le but de faciliter une irrigation du territoire en des lieux dépourvus de centres de production : il s’agit du soutien aux associations lyriques, telles la Péniche-Opéra, l’Opéra Éclaté, l’ARCAL, Justiniana, et aux ensembles missionnés qui sont les outils d’un diffusion musicale large et décentralisée.

La liberté de jouer, de créer, l’égalité d’accès aux pratiques supposent que soient clairement identifiées les responsabilités de tous. Celles de l’État sont évidentes, dans le domaine de la musique comme dans d’autres secteurs artistiques et culturels. Elles font partie d’un idéal républicain plus que jamais nécessaire.

Mais cette politique ne peut exister et réussir que si elle est relayée. C’est pourquoi il revient également à l’État de veiller à ce que les relais qu’il soutient, et à la création desquels il a souvent contribué, prennent leur part dans un effort national qui mobilise près de 2 milliards de francs au service de la musique ; je pense aux associations départementales et régionales de développement musical, aux orchestres et ensembles instrumentaux professionnels, aux théâtres et associations lyriques.

C’est le sens du projet de charte des missions de service public, qui a déjà reçu un large assentiment de la part du secteur du spectacle vivant, et qui met l’accent sur les responsabilités des équipes et des structures subventionnées, dès lors qu’elles sont bénéficiaires de fonds publics. Des obligations claires vont naître pour ce secteur, sinon nouvelles, du moins plus insistantes, mieux identifiées, et appelées à s’inscrire dans le cadre juridique de conventions et de contrats d’objectifs.

L’État accompagnera ce processus, y compris sur le plan financier. En effet, la mise en œuvre de la responsabilité artistique suppose un accompagnement de la prise de risque qu’impose a priori la programmation de créations contemporaines et la nécessité de témoigner de la diversité des courants esthétiques.

Elle appelle le soutien à la reconstitution progressive d’équipes artistiques permanentes, travaillant au plus près de la population.

De plus en plus, et à bon droit, le partenariat avec les collectivités locales et les équipes artistiques est structuré par des démarches conventionnelles. C’est ainsi que plusieurs conventions d’objectifs avec des orchestres sont en cours (Lyon, Pays de Savoie, Bretagne, Strasbourg, Mulhouse). La responsabilité territoriale impose, par exemple, qu’on accroisse dans ces conventions les obligations tenant à la diffusion de proximité, de manière à toucher des publics géographiquement éloignés des pôles de diffusion traditionnels.

D’un autre côté, la responsabilité sociale, demandée aux entreprises culturelles, nécessite de nouveaux partenariats avec les populations jeunes, par le biais d’accords avec l’éducation nationale ; elle appelle aussi la mise en place de politiques tarifaires adaptées.

De même, la responsabilité professionnelle implique la mise en œuvre de mesures d’accompagnement, qu’il s’agisse de permettre à des équipes d’amateurs d’obtenir assistance et conseil, voire une aide à la mise en forme publique de leurs productions ou de mettre en œuvre des aides spécifiques, pour permettre aux réseaux institutionnels de devenir des espaces d’apprentissage et d’insertion pour les futurs professionnels de l’art et de la culture : artistes, médiateurs, techniciens.

J’entends mener, dans ce domaine comme dans tous les autres, un travail obstiné, progressif, proche du terrain. On ne s’étonnera donc pas que je privilégie les chantiers de fond, dont chacun pourra bientôt, près de chez lui, dans sa ville, son village, son quartier, mesurer les effets tangibles : une liberté d’expression et de création plus grande, des pratiques musicales accessibles au plus grand nombre et dans des conditions de haute qualité, des équipes de musiciens, d’enseignants, de médiateurs, renforcées, responsables, proches.

C’est l’ambition que je nourris pour la vie musicale en France, dont la Fête de la musique ponctue heureusement, et de façon particulièrement attachante, la qualité, la spontanéité, la diversité, l’enracinement. Fête de la musique dont je vais maintenant vous annoncer les grandes tendances de l’édition 1998.

Chaque année, dans son intensité, dans son foisonnement, dans cet immense tourbillon de sons et de voix qui fait de l’ensemble de notre territoire une vaste scène, la Fête de la musique offre à l’observateur attentif une occasion unique d’appréhender l’ensemble de notre vie musicale, dans ses réalités, ses tendances et ses attentes.

Cette édition se déroulera bien entendu sous le regard des milliers de visiteurs spécialement pour la Coupe du monde de football. À mi-parcours de la compétition, elle constituera l’une des principales animations culturelles qui leur seront proposées de découvrir. Proposition d’autant plus forte qu’elle se déroule chaque année et que nos invités sauront, qu’indépendamment de la Coupe du monde, il se passe toujours des choses passionnantes en France.

L’année 98 est placée sous le double signe de la déclaration universelle des Droits de l’homme et de l’abolition de l’esclavage : à Paris comme en région, la Fête de la musique se joint à ces célébrations à travers de grandes manifestations empreintes de cette générosité et de cette convivialité que j’entends placer au cœur de notre vie musicale. Ainsi à Paris, un grand cortège symbolique ira de la porte Dorée à la place des Antilles, au rythme des tambours d’Akyo, tandis que l’on remarquera en région des rassemblements privilégiant la rencontre avec les musiques africaines.

La présence de milliers d’enfants est cette année une autre tendance forte de la Fête. Leur participation, facilitée par le jour de la fête – un dimanche – sera exceptionnelle. De nombreux exemples appellent l’attention : ouverture d’écoles de musique et de conservatoires sur la cité, tel le conservatoire Massenet à Saint-Étienne, pour une gigantesque manifestation, « Planète môme », rassemblant une véritable foule sur un espace de 10 hectares… rapprochement des générations, autour de chœurs d’enfants… restauration du lien social en musique, par et pour des enfants, comme à Toul, où la médiathèque et la MJC impliquent des très jeunes gitans non scolarisés, de moins de 8 ans, dans la réalisation d’un conte musical…

Oui, vraiment, partout les enfants seront présents… je serai donc particulièrement attentive au déroulement du projet commun dont le ministère de l’éducation nationale et le ministère de la culture et de la communication sont porteurs : un choix de neuf chansons de notre patrimoine d’hier et d’aujourd’hui, réunies dans un livret, a été proposé aussi bien aux collèges, lycées et écoles de l’enseignement général, qu’aux écoles de musique et autres, pour développer les échanges entre les uns et les autres, affirmer le rôle de la musique d’ensemble et de la pratique chorale au cœur de la cité, et présenter ainsi les actions pédagogiques de fond engagées sur le long terme.

La Fête de la musique telle qu’elle s’offre à nous cette année révèle une autre tendance significative : la forte présence des musiques acoustiques. Les municipalités cette année ont su particulièrement veiller à ce nouvel équilibre, assurant une bonne coordination des lieux et des programmes.

Les institutions musicales quant à elles sont fidèles au rendez-vous du 21 juin, dont elles sont une composante essentielle. Orchestres en régions, maisons d’opéra, ensembles instrumentaux et vocaux, chœurs et maîtrises offrent des concerts gratuits à un vaste public qui vient écouter Ravel, Mozart, Haydn, Strauss, Vivaldi ou Pierre Henry, Paul Méfano, Philippe Hurel…

La chanson et la pratique vocale, enfin, ne sont pas les moindres éléments de cette forte présence de la musique acoustique, avec de grands rassemblements, de grands rendez-vous, et un bonheur évident de chanter ensemble, en région comme à Paris : ainsi, le long du canal Saint-Martin livré aux piétons et aux chanteurs, ne résonneront, un après-midi durant, que « Des voix sur berges » venues du monde entier…

Si l’on chante ensemble, l’on déambulera aussi… c’est, me semble-t-il, l’année des « parcours musicaux » : outre le désormais traditionnel « Couleur Carnaval » qui traverse Paris, on voit se multiplier les musiques déambulatoires, les balades musicales, les défilés de bagads, les randonnées musicales, les défilés hip-hop… et cette musique en mouvement est un magnifique trait d’union : elle irrigue campagnes et grandes villes, va des centres-villes aux banlieues ou l’inverse et réunit les communautés…

Les musiques actuelles et les musiques amplifiées, rock, rap, reggae, techno, hip­hop, n’en sont pas moins présentes, avec toujours le soutien des scènes de musiques actuelles, des centres sociaux ou des antennes du Printemps de Bourges… Les efforts de coordination accomplis cette année par les municipalités devraient leur permettre de s’exprimer, non seulement dans le respect des musiques acoustiques et des autres manifestations, mais aussi dans le respect de leur propre diversité.

Quelques exemples d’initiatives : à Annecy, 60 groupes de musiques actuelles prévus au soir du 21 juin ; à Thonon plus de 40 groupes et une grande soirée techno en centre-ville ; à Grenoble, 6 plateaux en ville et 5 dans les quartiers ; à Tarbes de nombreux groupes réunis dans un projet « rock contre la haine » ; à Bastia et à Rennes des plateaux organisés dans les quartiers par les jeunes… tous dédiés au rock, aux musiques du monde, au folk, à la chanson, à la techno. La palette des musiques actuelles, l’explosion du hip-hop : ce sont donc bien là certaines des données qui parcourent la Fête.

De ces quelques observations se dégage un autre trait, essentiel, de la Fête : dédiée, dès sa création, aux amateurs, dont elle demeure la manifestation par excellence, et à la pratique musicale sous toutes ses formes, elle n’a depuis lors jamais manqué à la spontanéité qui en fait tout le sel.

C’est toujours avec le même bonheur que, le soir du 21 juin, nous allons à la rencontre d’ensembles ou de chorales impromptus. Mais il est très intéressant de remarquer qu’aujourd’hui, la spontanéité et la liberté de la Fête ne s’expriment plus uniquement dans l’improvisation et l’immédiateté – et c’est bien pourquoi la Fête s’est développée, avec cette vitalité, je crois, sans aucun précédent, sans équivalent possible pour un phénomène culturel.

Aujourd’hui plus que jamais en effet, cette grande fête populaire, ce rendez-vous de toutes les musiques et de tous les musiciens avec tous les publics, permet de lancer des projets, de créer des liens, de voir se rapprocher institutions musicales permanentes et populations en difficulté, artistes confirmés et jeunes publics, amateurs et professionnels…

Je me félicite par exemple de voir la musique franchir les murs des hôpitaux, des centres pénitentiaires et des maisons d’arrêt, où le 21 juin est bien souvent devenu le repère autour duquel s’organisent parfois des actions à plus long terme.

Hors de nos frontières, et au moment même où se construit l’Europe de la culture, c’est bien comme un événement précurseur qu’apparaît la Fête du 21 juin. Une charte de la Fête européenne de la musique a en effet été signée en 1997 à Budapest fixant le cadre de la collaboration entre les municipalités de Berlin, Barcelone, Rome, Naples et Paris, la communauté française de Belgique, les États des républiques tchèque et hongroise, qui constituent un véritable réseau de partenaires européens.

Je tiens à saluer les partenaires qui viennent de toute l’Europe préparer les prochaines éditions de la Fête de la musique, et plus particulièrement celle du 21 juin 2000. Soutenue en outre par la commission européenne/DG X et par le département des affaires internationales de notre ministère, la Fête européenne de la musique est l’occasion d’échanges d’artistes, et s’inscrit elle-même dans un contexte international plus vaste encore, s’étendant à 90 pays du monde entier.

Cette dimension internationale est renforcée cette année par une grande première : l’ouverture dès aujourd’hui du site internet Fête de la musique, qui met à la disposition de ses multiples acteurs et utilisateurs toutes les informations sur la Fête ainsi que l’historique de l’événement, et l’intégralité du préprogramme national et international disponible aujourd’hui…

Ce sont là, Mesdames et Messieurs, quelques-unes des tendances et perspectives d’une manifestation exceptionnelle par son esprit, sa diversité, son amplitude.

Je ne voudrais pas terminer sans souligner que rien ne serait possible, sur notre territoire, sans le rôle essentiel des municipalités dans le développement et le bon déroulement de la Fête, ni sans celui des DRAC, des associations régionales et des associations départementales de développement musical et chorégraphique.

Je tiens à remercier aussi les associations et les fédérations de pratique amateur, dont le rôle structurant pour notre vie musicale est pleinement mis en valeur par la Fête de la musique.

Je salue également les partenaires qui cette année participeront, traditionnellement ou pour la première fois selon les cas, au déroulement de la Fête :
– toute l’équipe de coordination de la fête qui travaille autour de Jean-François Millier ;
– la SACEM, partenaire « historique », qui abandonne ce jour-là la perception de ses droits ;
– le ministère des affaires étrangères qui mobilise l’ensemble de son réseau culturel français à l’étranger et l’association française d’action artistique (AFAA) ;
– la commission européenne qui, depuis quatre ans, a aidé le développement de la Fête européenne de la musique ;
– Radio France qui propose, entre autres, cette année un concert de l’Orchestre national de France dirigé par Jeffrey Tate dans la cour du Palais Royal, et qui, avec FIP la radio service de la Fête de la musique, qui, met son standard à disposition des auditeurs à partir du 19 juin pour tout savoir sur les programmes à Paris et en Île-de-France ;
– Le Parisien qui, depuis huit ans, publie le programme complet de la Fête de la musique à Paris et en Île-de-France ;
– RFI, qui produit notamment un CD rassemblant les artistes de la grande Europe présents sur les différentes scènes de la Fête européenne de la musique.
– l’Assemblée nationale qui, pour la première fois, ouvre ses grilles au public et organise un grand concert sur son parvis ;
– le Sénat qui, comme chaque année, offre une belle programmation au Kiosque du Luxembourg, dans la cour d’honneur et dans ses salons ;
– le ministère de l’éducation nationale, qui, pour la deuxième année consécutive, mobilise l’ensemble de son réseau sur la Fête de la musique, et fait participer enfants et enseignants à cette grande fête populaire ;
– le ministère délégué à la coopération et à la francophonie, qui, comme chaque année, offre à un large public un grand concert dans ses jardins ;
– la mairie de Paris qui organise un parcours musical dans les lieux historiques du Marais, avec une très belle programmation européenne ;
– le parc de la Villette et la Cité de la musique qui s’associent pour une journée de programmation variée, dédiée à un public de tous âges ;
– l’association art, culture et foi qui mobilise l’ensemble des églises parisiennes ;
– la FNAC, qui, à l’occasion du cinquantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, organise trente heures de concert sur les Champs-Élysées, chaque heure illustrant un des trente articles de la déclaration ;
– l’association Couleur carnaval, qui, cette année encore, a su mobiliser des centaines d’énergies bénévoles pour un parcours coloré à travers Paris ;
– Ricard live music qui, depuis plus de dix ans, organise les deux plus grosses scènes parisiennes ;
– le réseau Printemps qui, comme chaque année, mobilise l’ensemble de ses correspondants en région ;
– Le Divan du monde, à Paris, qui s’associe au développement de la Fête européenne de la musique, en accueillant des artistes de sept pays de la grande Europe ;
– la SNCF et la RATP, qui mettent en place un dispositif spécial, avec des trains en circulation toute la nuit sur l’Île-de-France, permettant ainsi aux Franciliens mélomanes d’assister aux concerts jusqu’à une heure avancée de la nuit !
– La Poste qui salue cette année la Fête de la musique à travers l’édition d’un timbre spécialement dédié à l’événement, mis en vente à la Cité de la musique les 13 et 14 juin.

Mesdames et Messieurs, je vous souhaite à tous une excellente Fête de la musique. Elle est déjà présente ici même parmi vous, avec l’affiche de William Wilson, avec les musiciens de la rue, Riton la Manivelle, Émile et Minelle, et avec un aperçu de la superbe exposition du Musée des arts et traditions populaires : « Les musiciens des rues de Paris ».

Je vous remercie de votre attention.