Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
Lorsqu'il y a un an nous avons annoncé, Madame Veil, ministre d'État et moi-même, un plan d'urgence contre le SIDA et un plan triennal de prévention, l'usage du préservatif était d'emblée au cœur de nos préoccupations.
La France avait pris beaucoup de retard dans ce domaine avec seulement 100 millions de préservatifs distribués en 1992, contre 170 millions en Allemagne et 160 millions au Royaume-Uni.
Plusieurs rapports, tel celui sur les comportements sexuels en France d'Alfred Spira et Nathalie Bajos, avaient montré que le prix élevé du préservatif était un obstacle à son utilisation, plus particulièrement pour les jeunes.
J'ai considéré qu'il était de mon devoir de responsable de la santé publique, non seulement d'informer les jeunes sur les modes de contamination, mais également de leur donner les moyens de se préserver.
Nous avons donc décidé de mettre en œuvre au plus vite une campagne de mise à disposition de préservatifs de qualité à un tarif-jeune.
Un accord de partenariat a été réalisé avec un certain nombre de fabricants et les pharmaciens pour mettre en place dans les officines ce préservatif vendu à l'unité au prix symbolique de 1 F.
D'emblée les associations de lutte contre le SIDA – Aides, ARCAT SIDA, l'AJCS – ont soutenu ce projet et nous ont apporté leur concours. Je souhaite les en remercier.
Il me faut remercier également les pharmaciens pour leur coopération particulièrement précieuse à cette action de santé publique. Elle marque leur engagement déterminé dans la lutte contre le SIDA. Et je souhaite rendre hommage à leur générosité.
De même je dois remercier les fabricants qui pouvaient redouter que la mise en vente d'une trop grande quantité de préservatifs à 1 F ne vienne casser le marché. Ils ont su prendre ce risque et il faut les en féliciter.
Enfin, je dois remercier ceux qui nous ont aidés à donner à cette campagne toute son ampleur TF1, France Télévision, M6 et les afficheurs qui ont assuré la promotion du préservatif tarif-jeunes.
Je crois que cette opération est exemplaire. Dès lors qu'il y a un enjeu de santé publique, la démonstration est faite que les pouvoirs publics, les professionnels de santé, les industriels, les associations et les médias peuvent faire cause commune.
Au terme de cette campagne que pouvons-nous conclure ?
Deux enquêtes quantitatives et qualitatives menées par l'institut Nielsen et par Carré Latin font apparaître des enseignements particulièrement intéressants :
1. Contrairement à ce qui a pu être dit, ce sont effectivement les jeunes qui ont acheté ces préservatifs, et pour 29 % d'entre eux c'était la première fois qu'ils faisaient un tel achat.
2. Cette campagne n'a pas cassé le marché du préservatif en pharmacie. Bien au contraire elle a enrayé la baisse de la consommation qui s'avérait inquiétante en 1993. D'autre part, elle a créé un nouveau marché, celui des utilisateurs de ce préservatif tarif-jeunes, qui n'en utilisaient pas jusqu'alors.
3. Cette enquête a fait apparaître la participation importante des pharmaciens : 72 % d'entre eux ont vendu ces préservatifs tarif-jeunes dans leurs officines.
Enfin l'enquête annuelle de l'institut Nielsen sur l'évolution du marché du préservatif, fait apparaître que la France a comblé son retard dans la consommation de préservatifs. Avec 150 millions d'unités vendues en 1993, la France se place désormais au niveau des grands pays européens.
Que reste-t-il à faire aujourd'hui ?
Comme nous l'avions espéré, le succès de cette opération nous conduit maintenant à en assurer la pérennité. Nous sommes le premier pays qui aura ainsi réussi à créer ce partenariat avec les industriels pour favoriser la mise à disposition de préservatifs de façon continue auprès des jeunes.
J'ai le plaisir de vous annoncer que nos partenaires renouvellent leur engagement à nos côtés pour 1994. Plus de 9 millions de préservatifs tarif-jeunes seront mis sur le marché (9,4 millions).
Il nous reste à améliorer l'accessibilité au produit. Dans ce but, nous étudions avec les importateurs et les pharmaciens la réalisation d'un présentoir de préservatifs qui sera installé dans les officines. Ce linéaire comprendra le préservatif tarif-jeunes mais aussi la gamme des préservatifs vendus en pharmacie. Il pourrait être proposé aux pharmacies en octobre prochain.
Comme nous l'avons dit un nouveau marché a été créé par cette opération. Il est essentiel que le préservatif tarif-jeunes, devienne maintenant le premier échelon d'une gamme comme il en existe pour d'autres produits d'hygiène ou de santé.
Simultanément, il est essentiel de convaincre les utilisateurs que la qualité de ces préservatifs, assurée par la norme NF, est la même que pour tous les autres produits de cette gamme.
Je voudrais terminer en rappelant qu'il est bien évident que notre action de prévention ne saurait s'identifier à la promotion du préservatif. Il n'a donc jamais été dans notre propos de promouvoir cet objet mais de le rendre accessible à tous ceux qui en ont besoin.