Texte intégral
Q – Faut-il vraiment punir de prison certains excès de vitesse ?
Jean-Claude Gayssot. – Il existe aujourd'hui une infirme minorité de conducteurs – même pas 1 % du lot – qui confondent la route avec un circuit automobile. Leur comportement fou (appels de phares, passage en force ou par la file de droite) agresse les gens qui respectent les règles, jusqu'à leur faire courir des risques. L'année dernière, 3 300 vies auraient pu être sauvées par le simple respect des limitations. J'ajoute, et j'insiste, que la sanction suprême sera laissée à l'appréciation du juge, et qu'elle ne pourra être appliquée qu'à la suite d'une récidive dans l'année. En quelque sorte, on laisse aux conducteurs fautifs une chance de s'amender.
Q – Vous considérez donc qu'on ne peut pas dépasser les vitesses limites sans s'en rendre compte…
– A partir d'un certain seuil, ces excès ne peuvent pas être involontaires, et la récidive encore moins. C'est une chose de se retrouver inadvertance à 100 km/h sur nationale, c'en est une autre de traverser une agglomération à 100 km/h.
Q – Justement, pourquoi n'a-t-on pas distingue les infractions selon le type de route ?
– J'y avais pensé, mais le souci de rendre la règle simple et donc compréhensible par tous l'a emporté. Cela dit, puisque vous semblez considérer que rouler de jour à 180 km/h sur une quatre voies dégagée est moins criminel que de longer une école à 100 km/h, je vous dirai que toutes les caractéristiques géométriques et tous les équipements des autoroutes, y compris les glissières, sont conçus pour une vitesse maximale de 140 Km/h.
Q – Qu'attendez-vous de ce train de mesures ?
– Un sursaut : Près de 8 300 morts ces douze derniers mois (+ 5 % d'augmentation par rapport à 1997), non seulement c'est un relâchement inacceptable mais, contrairement, à ce que j'entends ici ou là, cela n'a rien de fatal.