Texte intégral
Date : 8 novembre 1995
Source : TF1
Jean-Claude Narcy : Qu’il ne reste que quatre femmes au gouvernement, ça vous choque ?
René Monory : Ça me choque surtout qu’on en ait pris beaucoup et qu’on ne les ait pas gardées, parce qu’il ne faut pas les culpabiliser. C’est trop facile de dire qu’elles n’ont pas réussi. Je crois que l’erreur a été au départ de mettre trop de monde dans le gouvernement et après il a fallu rectifier. Je suis un peu triste parce que beaucoup d’entre elles n’étaient pas mal.
Jean-Claude Narcy : Vous auriez préféré un remaniement plus profond que celui qui a eu lieu ?
René Monory : Plus profond, non, on verra bien. Ce qui est important ce n’est pas le remaniement qui a eu lieu, c’est ce qu’on va faire après. Est-ce qu’on aura le courage de faire des économies – ce qui est toujours difficile à faire – ou est-ce qu’on va mettre des recettes supplémentaires ? Moi, je penche pour les économies, c’est possible, c’est faisable. Il faut absolument en faire et ça naturellement ce n’est pas toujours populaire, mais je crois qu’il faut franchir cette barrière de l’impopularité pour pouvoir faire ce qu’il faut faire. Et là, cette fois, je vais être plus sévère avec le gouvernement si besoin est, si à mon avis il ne fait pas assez d’économies.
Jean-Claude Narcy : Faire des économies sur quel budget ?
René Monory : D’abord, je crois qu’en ce qui concerne le social, la Sécurité sociale, je pense que si elle était davantage décentralisée, si ceux qui la gèrent étaient davantage responsabilisés et s’il y avait beaucoup plus de contrôles sur les abus, on trouverait déjà 5 à 10% d’économies sans faire grand-chose autour.
Jean-Claude Narcy : Mais est-ce que c’est possible ?
René Monory : Je crois que c’est possible.
Jean-Claude Narcy : Les contrôles par exemple ?
René Monory : Les contrôles, c’est possible. Moi, j’en ai bien fait faire dans mon département sur l’aide sociale et ça a marché et on n’a pas dépensé plus. Naturellement, c’est moins populaire, mais enfin d’un autre côté il faut quand même penser que ce n’est pas un dû. C’est une cotisation qu’on paie, c’est un remboursement qu’on a, ce n’est pas un dû pour n’importe quoi.
Jean-Claude Narcy : À part la Sécurité sociale, dans quel budget faut-il couper ? Le budget des armées, le budget de l’Éducation nationale ?
René Monory : Non, je crois que si déjà on avait comblé nos déficits sociaux, c’est quand même 65 milliards par an, ce n’est pas rien. C’est un point de croissance ou à peu près. Un point de croissance, c’est 75 milliards. Si d’autre part on fait attention à ne pas handicaper par des dépenses somptuaires ou parfois par des dépenses de fonctionnement, il faut surtout taper sur le fonctionnement. Je crois que plus nous réduirons les dépenses de fonctionnement, plus nous ferons d’investissement, plus nous avons de chances de pouvoir passer. Les efforts à faire ne sont pas tellement grands, la situation de la France au fond n’est pas tellement mauvaise. Le déficit extérieur n’existe plus, il y a des excédents qui sont bons, l’inflation n’est pas forte et enfin la croissance n’est pas nulle. Donc on a des atouts pour se battre. Il faut donner confiance aux marchés. Pour donner confiance aux marchés il faut faire des économies, il ne faut plus continuer à créer des emplois comme on en a créé pendant très longtemps.
Jean-Claude Narcy : Vous publiez un livre, Les Clés du futur, qui s’adresse particulièrement aux jeunes et vous dites que la formation c’est une priorité pour les jeunes ?
René Monory : Complètement. D’abord, vous n’auriez plus les problèmes des banlieues si vous aviez davantage de jeunes dans le circuit actif et moi ce que je regrette beaucoup c’est que ce soit Édouard Balladur ou Alain Juppé, j’aurais souhaité qu’ils fassent un effort beaucoup plus grand à partir des entreprises. Le jeune sort de l’école avec une culture générale, mais il n’a pas de culture d’activité. Il faut donc le placer obligatoirement, comme font les Allemands, pendant deux ans dans l’entreprise. Ça fera d’une part des créateurs d’entreprise potentiels, ça fera moins d’encombrement dans les premiers cycles et ça fera des heureux et je crois que ça c’est quelque chose de simple à faire. On n’a pas voulu le faire jusqu’à présent. J’explique comment le faire, mais j’ai pas été entendu. Ça viendra peut-être.
Jean-Claude Narcy : À 72 ans vous êtes un optimiste impénitent ?
René Monory : Non, mais on dit parfois que quand les regrets remplacent les rêves, c’est qu’on a vieilli. J’ai encore plein de rêves dans la tête alors je souhaite pouvoir les exaucer.
Date : 8 novembre 1995
Source : Europe 1
Olivier de Rincquesen : M. Monory, vous avez dit de l’économie que c’était « la fille du bon sens ». Alors, comment est-ce que vous faites pour qu’elle accouche d’une réforme de la Sécurité sociale ?
René Monory : La Sécurité sociale, c’est un monstre sous-marin qu’on n’arrive pas à maîtriser. Je crois qu’il y a trois choses qu’il faudrait faire pour la Sécurité sociale. Je viens de sortir un livre, là, j’en dis un mot parce que vous m’avez invité pour ça. Je comprends tout à fait qu’on parle davantage du remaniement ministériel, mais il faut aussi donner espoir aux gens et aux jeunes en particulier. La Sécurité sociale, il faut la régionaliser. Il faut la responsabiliser ; il faut qu’il y ait des gens à la tête qui soient responsables de leurs actes. Et enfin il faut la contrôler car il y a un abus formidable si vous ne contrôlez pas. Si vous réalisez ces trois projets : décentraliser, responsabiliser et contrôler, vous gagnerez 10% immédiatement sans autre mesure
Alain Duhamel : Tout le monde dit toujours qu’il faut réduire les dépenses de la Sécurité sociale. Est-ce que, concrètement, c’est possible ? Si on vous dit, à vous René Monory, qu’est-ce que vous faites pour couper dans les dépenses ? Où est-ce que vous coupez ?
René Monory : Je vais vous dire, pardonnez-moi de parler de moi… Les dépenses sociales, elles sont aussi bien Sécurité sociale que dépenses sociales de tous ordres. Les départements sont confrontés à cela. J’ai contrôlé chez moi, j’ai décentralisé les responsabilités dans mon département. Mes dépenses sociales sur dix ans ont augmenté de 42%. Partout ailleurs, c’est plutôt 60, 70, 80%. Pendant ce temps-là, j’ai investi beaucoup, et en investissant, j’ai créé beaucoup d’emplois, puisque le taux de chômage chez moi a augmenté de 10% en dix ans, alors que sur le plan national, il a augmenté de 35%.
Alain Duhamel : Les autres gèrent mal donc.
René Monory : Non, je ne dis pas ça du tout. Personne ne gère mal. Il faut avoir la volonté d’être impopulaire parce que quand on contrôle les dépenses sociales, on devient impopulaire. Ce n’est pas très grave, il faut le faire et après vous avez les moyens de faire autre chose.
Olivier de Rincquesen : Dans le même temps, Alain Juppé fixe comme priorité de l’action gouvernementale la réforme de la fiscalité. Ça fait quand même deux fois la quadrature du cercle à résoudre.
René Monory : Il faudra bien la faire la réforme de la fiscalité. Mais d’abord, l’urgence, c’est d’arrêter les hémorragies des déficits. Après, on verra. On ne peut faire une bonne réforme de la fiscalité que si on a maîtrisé les dépenses. Autrement, ce sera une réforme de fiscalité avec des impôts supplémentaires. Maîtrisons les dépenses et on fera une réforme de la fiscalité qui est tout à fait souhaitable.
Alain Duhamel : Là encore, où est-ce que vous coupez dans les dépenses ?
René Monory : On coupe d’abord dans toute dépense passive. Ce que j’appelle passive, c’est les dépenses qui ne sont pas créatrices d’emplois. Il faut couper les dépenses qui sont des dépenses de luxe. On est habitué à se faire rembourser de tout. Finalement, la Sécurité sociale n’est pas devenue un service, c’est devenu un dû. Les gens regardent chez eux. Quand ils regardent leur feuille, ils disent : qu’est-ce qu’on me doit ? C’est terrible.
Alain Duhamel : Donc vous êtes pour, par exemple, le principe selon lequel il faudrait, pour chaque feuille de maladie, payer cinq francs ou dix francs… Vous êtes pour ou contre ?
René Monory : Je ne crois pas que ça avancera à grand-chose, même si les gens paient cinq ou dix francs, parce qu’ils ont des mutuelles et ils vont se les faire rembourser. Je me souviens qu’avec Raymond Barre, on avait, à l’époque, réduit les remboursements des mutuelles et on avait eu un tollé général et on avait été obligé de reculer. Vous vous souvenez de ça sans doute ?
Olivier de Rincquesen : Est-ce que Jacques Barrot vous semble le ministre adéquat pour mener à bien cette grande réforme ?
René Monory : Oui, parce que je crois que Jacques Barrot est un homme rond, un homme qui a connu des charges gouvernementales. Il a été au gouvernement avec moi en 1977, 78, 79, 80. Donc, il a déjà un passé ministériel qui doit lui permettre d’aborder les choses, je crois avec sérieux mais avec doigté. J’espère beaucoup qu’il réussira.
Alain Duhamel : Alain Juppé, parmi les objectifs qu’il s’est fixés, a expliqué qu’il fallait surtout donner le sentiment de l’équité. Est-ce que c’est possible de faire croire aux Français qu’ils sont tous traités de façon comparable ?
René Monory : Je crois que oui c’est possible. Mais vous savez, tout ce qui est abus, même si c’est fait par les plus pauvres, qui ne le font pas volontairement, mais qui le font par habitude, ce n’est pas de l’équité. L’équité c’est de rembourser ce qu’on doit rembourser, point à la ligne. Ce n’est pas la peine d’en rajouter. Je connais des cas flagrants où on ne s’occupe pas de qui paie. Mais on paie. Le drame des dépenses sociales, c’est que contrairement aux dépenses fiscales, 99,99% des Français sont des acteurs de la dépense. Et c’est ça la difficulté.
Catherine Nay : Quand on résiste, on peut imposer des décisions autoritaires ?
René Monory : Les événements s’imposeront d’eux-mêmes. Malheureusement, ça peut se faire dans un certain temps trop long car on ne peut pas continuer à avoir des déficits qui nous obligent à emprunter tous les ans 500 milliards. 500 milliards, ça compte au point de vue budgétaire, dans les remboursements et ça nous met loin, si on continue comme ça, d’être prêts pour rentrer dans la monnaie unique. Donc tout cela n’est pas sérieux. Il faut qu’on arrête l’hémorragie.
Catherine Nay : Alain Juppé veut freiner l’implantation des grandes surfaces. Pensez-vous que les méthodes d’achat des grandes surfaces ruinent l’artisanat et les PME ?
René Monory : Je pense que maintenant, nous sommes arrivés à une saturation des grandes surfaces et je suis parfaitement d’accord avec le gouvernement quand il dit qu’il faut freiner l’implantation des grandes surfaces. À force de dire que l’on favorise le consommateur, on pénalise le contribuable. Quand on détruit complètement un tissu commercial, à la fois dans les petites, moyennes et grandes communes, ça devient très dangereux.
Catherine Nay : Mais vous avez des expériences chez vous ?
René Monory : J’ai des expériences. Chez moi, dans les grandes villes de Poitiers et de Châtellerault, il commence à y avoir une densité trop forte. J’ai un exemple assez amusant dans le sud du département. Il y avait un élevage de lapins qui a eu besoin de faire des investissements ; ils se sont vendus à un groupe plus important qui fournissait des grandes surfaces. Un jour, le PDG a dit : « On continuera à vous prendre des lapins s’ils sont meilleur marché sinon on ira les prendre en Hongrie. » C’est ce qu’ils ont fait de temps en temps ; ils ont mis un peu par terre toute une série de petites exploitations. Tout ça, c’était bien pour favoriser le consommateur, mais il ne faut pas en abuser. Je dis aujourd’hui, les grandes surfaces, il faut faire la pause, comme le Premier ministre l’a dit, comme le ministre des PME l’a dit. Je les soutiens tout à fait dans cette action.
Jean-François Rabilloud : Vous avez été ministre de l’Éducation. Les étudiants de la faculté des lettres d’Aix sont en grève depuis hier soir. 24000 étudiants pour 8000 places : est-ce que ça n’est pas un double constat de faillite ?
René Monory : Je ne veux pas faire de démagogie dans cette affaire parce que dans mon département et dans ma région, on a fait énormément d’investissements pour justement loger des étudiants. Ce que je crois, c’est qu’il faut considérer les étudiants, l’enseignement supérieur et la recherche comme un investissement. Notre seul point de combat qu’on peut gagner vis-à-vis des pays en développement, comme la Chine, c’est dans le domaine de la formation. On peut former rapidement un ouvrier pour faire une maison dans un pays comme la Chine ; on ne forme pas rapidement un chercheur. Cela dit, si on avait fait ce que j’avais souhaité depuis longtemps – introduire 300 ou 400 000 jeunes ne formation dans l’entreprise pendant deux ans –, il n’y aurait pas les problèmes des premiers cycles comme on les a actuellement.
Jean-François Rabilloud : Et toute une génération au niveau bac, cela a été une erreur ou pas ?
René Monory : Ce n’est pas cela. C’est indispensable que les gens aient une culture générale. Ce qui leur manque après, la culture d’activité, c’est le saut à franchir entre la culture générale et la culture d’activité que seule l’entreprise peut donner. Prenez l’exemple allemand : 1,2 million de jeunes sont en formation dans l’entreprise. Cela ne les empêche pas, deux ou trois ans plus tard, de retourner dans l’université s’ils le souhaitent. Mais au moins ça soulage les premiers cycles et ça donne une possibilité de réussir dans la vie. Pensez que ce jeune, qui rentre en premier cycle, qui va y rester deux ans, va sortir sans doute au bout des deux ans avec le même diplôme qui lui aura permis de rentrer. Donc, c’est tout à fait démoralisant. Je viens d’écrire un bouquin pour les jeunes, pour leur expliquer des solutions. Ce qui est important, c’est qu’on comprenne qu’il faut donner une culture d’activité aux jeunes quand ils ont une culture générale.
Jean-François Rabilloud : M. Monory, il y a une nouvelle épreuve de force qui s’engage à Air France et à Air Inter avec une grève à partir de demain jusqu’à dimanche. Est-ce que le PDG d’Air France, Christian Blanc, a raison de menacer les grévistes de modifier leurs contrats de travail s’ils persistent ?
René Monory : Je crois que nous sommes dans une période de remise en cause. Il a complètement raison. Moi, je l’appuie complètement, il est courageux. Il faut savoir être impopulaire pour sauver les meubles. Air France a un gros déficit. Toutes les autres compagnies aériennes en ont fait autant avant nous. Elles ont réussi à convaincre leur opinion. Il faut absolument qu’on en fasse autant.
Jean-François Rabilloud : Et si on va au dépôt de bilan ?
René Monory : Eh bien, écoutez, ça sera bien la responsabilité à ce moment-là de l’irresponsabilité. C’est le moment de le dire parce que vraiment, le PDG Christian Blanc est un homme de grande qualité. Je crois qu’il faut qu’on le soutienne. Il faut que le gouvernement le soutienne et il faut qu’il le dise.
Catherine Nay : Il n’y a pas de quotidiens nationaux ce matin dans les kiosques. Ni Le Figaro, ni Libé, ni La Tribune…
René Monory : C’est dommage, c’est le jour où ça se vend le mieux pourtant…
Catherine Nay : Oui, il y a juste Le Parisien et L’Équipe. Alors pourquoi ? Parce qu’il y a une nouvelle grève du syndicat du Livre. Alors, est-ce que ça vous inquiète ?
René Monory : Tout ce qui résiste à la remise en cause ou la remise en état de notre pays m’inquiète. Parce qu’on est parti sur des habitudes ou des résistances qui ne sont plus de mise. Aujourd’hui, la France est en danger ; parce que la France a des déficits importants, parce que la France a sans doute vécu, depuis dix ans, douze ans, un peu au-dessus de ses moyens. Mais bon, ce n’est pas grave, ça peut se passer, on a les atouts pour s’en sortir. Faut-il que tout le monde comprenne qu’il faut faire un sacrifice pendant quelques mois ou deux ou trois ans et ça repartira. Alors, tout ce qui résiste à la remise en cause, à mon avis, ça n’est pas bon.
Jean-François Rabilloud : Jacques Barrot est en vedette dans ce deuxième gouvernement Juppé, puisqu’il récupère les affaires sociales. Est-ce que vous trouvez, M. Monory, que les centristes sont bien traités dans ce gouvernement ?
René Monory : Je pense qu’ils ne sont pas mal traités. Ils étaient déjà bien traités dans le précédent gouvernement. Et je trouve qu’ils sont pas mal traités encore. J’ai un peu de regret parce que mon ami Claude Goasguen n’est pas du voyage, mais enfin, ça peut arriver. Cela dit, ils sont pas mal traités puisqu’on à la fois le social, les finances, la culture et l’éducation. C’est pas mal.
Jean-François Rabilloud : François Bayrou, grand patron du centre, c’est une idée qui vous plaît ?
René Monory : J’ai participé à son élection comme président. Je l’aiderai beaucoup à réussir s’il peut réussir.
Catherine Nay : M. Monory, l’enquête sur les attentats terroristes se déplace à Londres. Apparemment, les bombes ont parlé. La piste Kelkal aussi. Est-ce que vous dites que la police a bien travaillé ?
René Monory : Oui, je dis que la police a bien travaillé, parce que, tout de même, c’est pas simple, c’est quand même une épingle dans une botte de foin qu’on cherchait. On a trouvé l’épingle. C’est-à-dire qu’il a fallu trouver les indices, il a fallu trouver les hommes. Je trouve qu’on peut féliciter et remercier à la fois les policiers, tous ceux qui ont travaillé autour de ça et les politiques aussi.
Catherine Nay : Jean-Louis Debré vous voulez dire ?
René Monory : Oui, tout à fait. On l’a critiqué un peu de temps en temps. C’était tout à fait une erreur car on ne peut pas dire sur la place publique ce qu’il faut dire parce qu’il faut garder beaucoup de silence et c’est peut-être ce qui l’a pénalisé un moment, mais vraiment je trouve que c’est une enquête qui a été bien menée.
Jean-François Rabilloud : Dans votre livre Des clefs pour le futur publié aux éditions Futuroscope, vous parlez beaucoup de l’avenir à travers votre région, ce département de la Vienne. Est-ce qu’il y a un mal français aujourd’hui ?
René Monory : Il y a un mal français parce que les gens n’ont pas compris que dans l’évolution des démocraties, il ne faut pas aller trop vite dans la consommation. Je crois que le mal français, c’est qu’on croit que tout est possible, tout est permis, tout est dû. Et maintenant, il faut responsabiliser les gens de plus en plus et la décentralisation, qui est une très bonne loi, peut aider à cette responsabilisation. Il faut leur expliquer. C’est une société de communication dans laquelle il faut faire beaucoup de communication. Il faut faire comprendre aux gens que tout n’est pas possible. Il faut qu’ils attendent. Ce qui est le plus dur c’est de penser que les jeunes ne peuvent pas entrer en activité. Il faut tout mettre le paquet là-dessus. Il ne faut plus augmenter nos dépenses sociales. Il faut les maintenir, il faut même les réduire un peu. Garder de l’argent pour investir car c’est l’investissement qui fera l’emploi.