Texte intégral
Le Figaro : Les conclusions du sommet européen de Madrid vous donnent-elles satisfaction et qu’en tirez-vous sur le plan français ?
Hervé de Charrette : Le cœur de notre politique étrangère, c’est l’Europe. C’est en Europe que se jouent la paix et la prospérité des Français, le rayonnement de la France, autrement dit la puissance de notre pays.
Nous poursuivons deux objectifs différents l’un de l’autre : le premier, qui est nouveau, c’est la réalisation de l’unité du continent. Nous avons engagé à Madrid une procédure destinée à accueillir dans les années à venir douze nouveaux Etats membres de l’est et du sud du Vieux Continent. C’est la première fois qu’un processus aussi vaste est engagé.
L’événement est historique. Il va rattacher à l’Union européenne des pays qui en ont longtemps été séparés par la fracture que l’URSS a imposée à l’Europe pendant un demi-siècle. Nous allons ainsi réaliser un grand marché de quatre cents millions d’habitants. Notre ambition est d’en faire un espace qui soit un marché pour le monde. Un espace capable d’associer des cultures très différentes et de donner à l’Europe une influence dans le monde qu’elle n’a jamais eue.
Le Figaro : Et votre deuxième objectif ?
Hervé de Charrette : Ce second objectif n’apparaît encore que de façon brouillée. Mais je suis persuadé que, dans les années qui viennent, il va prendre de l’importance. Il s’agit de l’émergence progressive d’un pôle plus actif, plus soudé, allant plus loin et plus vite, probablement plus intégré. Ce sera le pôle de l’Europe de l’Ouest qui servira, qu’on le veuille ou non, de point de repère et probablement de guide pour l’ensemble des peuples européens.
Il s’appuiera nécessairement sur un groupe de pays rassemblés autour du couple franco-allemand. La monnaie y jouera un grand rôle. C’est d’ailleurs par elle que nous allons commencer, avec la décision prise à Madrid d’engager définitivement le processus de création de la monnaie unique. Mais il concernera aussi, par nécessité, d’autres domaines : en particulier la défense.
Nous avons, lors du dernier sommet franco-allemand de Baden-Baden, décidé de constituer ce qui deviendra en 1996 un agence franco-allemande de l’armement. C’est une décision très importante qui vient compléter la création de l’euro corps. La monnaie unique sera le facteur le plus puissant d’intégration des pays du pôle d’Europe de l’Ouest. Mais on verra progressivement qu’elle ne sera pas le seul.
Le Figaro : Votre projet n’est-il pas la variante à peine modifiée du concept de « noyau dur » lancé par la CDU allemande en septembre 1994 et tenu en suspicion, jusque-là, par les autorités françaises ?
Hervé de Charrette : Je n’aime pas cette expression qui défigure le projet. Il faut d’abord prendre conscience du caractère positif de l’élargissement. Pour la première fois de notre histoire, nous allons réaliser l’unité de notre continent. Ce sera mieux que Charles-Quint ! Mais, du coup, on n’échappe pas à la question d’un groupe de pays plus allant que d’autres, bien sûr ouvert à ceux qui peuvent et veulent le rejoindre le moment venu. L’unité du continent d’un côté, l’émergence d’un pôle plus intégré en Europe de l’Ouest, de l’autre : on voit poindre deux projets reliés ensemble, mais assez différents. C’est ce que j’appelle l’Europe nouvelle. Et cette Europe nouvelle est en marche : on l’a vue apparaître à Madrid.
Le Figaro : Vous dites que ces deux projets seront reliés ensemble. Mais pourront-ils obéir aux mêmes traités et institutions ?
Hervé de Charrette : Je ne crois pas qu’on puisse entrer aujourd’hui dans les modalités techniques de mise en œuvre. Il faudra d’ailleurs attendre quelque temps pour que cette idée fasse son chemin et pour que les Européens les plus ardents et dynamiques en mesurent toute la nécessité. Il y a place, en tout cas, pour des initiatives nouvelles qui devront naturellement venir, dans mon esprit, de Paris.
Le Figaro : En Bosnie, l’Europe a connu les vicissitudes que l’on sait. L’accord de paix finalement signé à l’Elysée annonce-t-il vraiment la paix ?
Hervé de Charrette : C’est l’histoire du verre à moitié vide et du verre à moitié plein. Il n’est pas douteux que les accords arrachés à Dayton et signés à Paris constituent une avancée sans précédent dans l’histoire de la guerre civile en Bosnie-Herzégovine. Il n’en demeure pas moins que la paix reste à démontrer sur le terrain.
Le Figaro : Tout le monde y est-il disposé ?
Hervé de Charrette : Il reste à prouver que les Serbes, les Croates et les Bosniaques sont déterminés à jouer le jeu. L’avenir le dira. Mais ils doivent avoir bien conscience que l’engagement de la communauté internationale n’est pas indéfini.
Le Figaro : Et le problème de Sarajevo ?
Hervé de Charrette : Il faut assurer la sécurité des Serbes. Nous y travaillons. Le principe du rétablissement de l’unité de la capitale a été acquis. C’est un succès français. Il était inimaginable d’y créer une situation de type Berlin ou Jérusalem avec une ville coupée en deux, comme elle l’a d’ailleurs été pendant quatre ans, avec les drames que vous savez. Il faut désormais y assurer la sécurité des personnes et des biens. Pour tous.
Le Figaro : A ce propos, n’avez-vous pas le sentiment que ce qui a été négocié pour les zones françaises l’a été avec le moins de précision que le reste ?
Hervé de Charrette : Non, je ne crois pas qu’on puisse dire cela. Il y a eu dans un premier temps l’idée d’une démilitarisation de Sarajevo. Il a été convenu que ce n’était pas une bonne solution et je persiste à penser qu’on a eu raison. La difficulté vient de ce que la ligne de cessez-le-feu passe aujourd’hui au milieu de la ville. Mais je crois à l’efficacité des projets de municipalités de quartier qui pourront organiser la gestion des différents ensembles de la ville. Il y a encore deux Sarajevo et tout le problème est de faire en sorte que ces deux Sarajevo se retrouvent.
Le Figaro : En demandant des garanties supplémentaires pour les Serbes, Jacques Chirac n’a-t-il pas donné des arguments à Karadzic et à Mladic pour relever les enchères ?
Hervé de Charrette : Non, non, non. Nous n’avons poursuivi qu’un seul objectif dans cette affaire, c’est la cohérence de l’attitude française et de l’attitude internationale.
Le Figaro : C’est pourquoi vous voulez normaliser les relations de Paris avec Belgrade…
Hervé de Charrette : La France souhaite nommer dans les meilleurs délais un ambassadeur de plein exercice à Belgrade. Elle en a fait la suggestion à ses partenaires européens à Madrid. Il est temps en effet de passer de la logique de guerre à la logique de paix.
Le Figaro : A propos de l’Otan et des Etats-Unis, voici quelques mois encore les Européens se plaignaient de l’isolationnisme américain. Aujourd’hui, ce serait plutôt l’inverse…
Hervé de Charrette : C’est vrai que les relations entre les Etats-Unis et l’Europe prennent souvent un caractère freudien. Je crois que nous devons essayer de simplifier les choses. Les Etats-Unis sont non seulement nos alliés, ils sont nos amis. Mais nous n’avons pas l’intention d’accepter un monde unipolaire dominé par eux. Ce qui apparaît, au contraire, c’est un monde multipolaire. Dans ce monde-là, l’Europe a une place formidable. Et des perspectives extraordinaires. Si elle en est absente, elle ne peut s’en prendre qu’à elle-même.
Le Figaro : Dans ce contexte, quel est le sens et le facteur déclenchant du tout récent rapprochement France-Otan ?
Hervé de Charrette : Voilà un certain nombre d’années déjà que nous plaidons pour l’Europe de la défense. En même temps, nous avons constaté chez nos alliés une très grande réticence largement alimentée par le soupçon que notre projet viserait à détruire l’Alliance atlantique. Nous nous sommes toujours défendus de ce soupçon. Mais il avait la vie tenace. Notre idée a toujours été, au contraire, de faire en sorte qu’avec l’Alliance atlantique l’Union européenne soit capable d’organiser le pilier européen de la défense.
Du coup, il nous est apparu qu’il était préférable d’exprimer par un geste significatif la portée de notre démarche. Nous sommes convenus que les perspectives d’élargissement de l’Alliance et de rénovation de celle-ci rendaient nécessaires que la France soit à l’intérieur plutôt qu’à l’extérieur pour pouvoir contribuer aux travaux et aux débats. Tant qu’il ne se passait rien dans l’Alliance, la question ne se posait pas…
Le Figaro : Si on vous dit : « Vous avez trahi le général de Gaulle. » Qu’est-ce que vous répondez ?
Hervé de Charrette : Je rappelle que nous n’avons pas rejoint les structures intégrées de l’Alliance. De ce point de vue, on ne retourne pas à la situation antérieure à 1966. Mais la France ne pouvait pas rester crispée dans une position immobile, fixée il y a bientôt trente ans. Le général de Gaulle, pour lequel j’ai toujours et beaucoup d’admiration, était un esprit pragmatique qui savait s’adapter aux évolutions.
Le Figaro : Maintenant que la France a fait ce geste, qu’attendez-vous en retour ?
Hervé de Charrette : L’accélération du mouvement des esprits chez nos principaux partenaires européens. Nous n’allons pas rester éternellement dans un océan de faux-semblants. Le moment est venu de poser le problème de l’organisation d’une politique européenne de défense à quelques mois de l’ouverture de la Conférence intergouvernementale de 1996. Le calendrier est bien choisi.
Le Figaro : Vous reconnaissez le poids, l’influence et l’importance de l’Otan. En comparaison, ne diminuez-vous pas ceux de l’Union de l’Europe occidentale (UEO) ?
Hervé de Charrette : Pas du tout. La France attache une grande importance à l’UEO comme la préfiguration possible de ce que pourrait être une politique européenne de défense, sur le plan opérationnel et sur le plan de son organisation.
Le Figaro : Mais comment donner à l’UEO et à l’identité européenne de défense plus de lustre ?
Hervé de Charrette : Pour avoir une défense européenne, nous avons besoin, d’abord, d’un dispositif de commandement, c’est-à-dire d’un état-major ; ensuite, de dispositifs opérationnels, c’est-à-dire de forces ; enfin, d’un cadre institutionnel pour regrouper le tout. L’UEO doit nous le fournir si elle approfondit son lien avec l’Union européenne.
Le Figaro : Ainsi naîtrait le fameux « pilier européen » de l’Alliance atlantique ?
Hervé de Charrette : Oui, en effet, à condition d’installer un état-major européen au sein de l’Alliance pouvant agir sans le concours des Etats-Unis. S’il s’agit d’une intervention décidée en commun entre Européens et Américains, l’Alliance fournit le bon cadre ; s’il s’agit d’interventions convenues entre Européens auxquelles les Américains ne s’associent pas, le pilier européen de la défense doit pouvoir s’exprimer de façon concrète.
Le Figaro : Les choses ne seraient-elles pas plus simples si, à terme, le commandant suprême des forces alliées en Europe (Saceur) était en alternance un Européen et un Américain ?
Hervé de Charrette : La difficulté vient de ce que le Saceur, aujourd’hui, n’est pas simplement le commandant en chef de l’Otan. Il est en même temps le commandant des troupes américaines et celui qui applique à l’Europe la protection nucléaire des Etats-Unis. Il est, autrement dit, le relais direct du chef de la Maison-Blanche en Europe… D’autre part, je vous rappelle que le secrétaire général est un Européen. Nous nous réjouissons à cet égard du choix du ministre espagnol des Affaires étrangères, M. Solana. Cela dit, la répartition des rôles et des fonctions civiles et militaires dans l’Alliance n’est pas forcément inamovible.
Le Figaro : La polémique déclenchée par les essais nucléaires français ne confirme-t-elle pas qu’il y a deux cultures en Europe, celle des neutres et celles des autres ?
Hervé de Charrette : Vous n’avez pas tort. L’Union ne s’est pas simplifiée la tâche. La neutralité, aujourd’hui, est pour moi un sujet de méditation. Qu’est-ce que cela veut dire ? La neutralité de l’Autriche ou de la Finlande avait autrefois un sens, quand l’URSS existait. Mais qu’est-ce que cela veut dire aujourd’hui ? On ne le sait pas.
Je dois dire par exemple que j’avais été assez surpris d’entendre ma collègue, ministre des Affaires étrangères de la Suède, déclarer qu’une politique européenne de défense ne figurait pas parmi ses objectifs. Surpris, tout d’abord parce que c’était contraire au traité que la Suède avait ratifié en entrant dans l’Union, mais aussi parce que cela exprimait une conception de l’Europe très éloignée de celles des pays fondateurs.
C’est sans doute l’une des questions clés que suscitera l’élargissement : les anciens et les nouveaux membres partageront-ils la même philosophie de l’Histoire ? La France est une grande nation. Elle a une politique étrangère à vocation mondiale. Elle peut envisager de la partager avec d’autres, mais elle n’a pas l’intention d’y renoncer. Force est de constater qu’un certain nombre de pays n’ont pas tout à fait la même vision. Ils pratiquent une politique de voisinage immédiat. Ils ne regardent pas le monde avec les mêmes yeux que nous. Il faut laisser au temps de faire son œuvre…
Le Figaro : L’élargissement de l’Otan et de l’Union européenne sera-t-il, selon vous, concomitant ?
Hervé de Charrette : Ce serait souhaitable. Mais je n’en suis pas sûr. Il est vrai que ce sont des questions très différentes. Nous regardons en tout cas l’élargissement de l’Union comme quelque chose de naturel, qui ira d’ailleurs plus vite qu’on ne le croit. Dans les dix ans qui viennent, avec des périodes transitoires, l’Union va passer de quinze à un nombre compris entre vingt et trente. La vraie question qui se pose est de savoir comment la faire fonctionner. Elle avait été imaginée pour six… C’est la tâche principale de la Conférence intergouvernementale (CIG) de 1996 que de répondre à ces questions.
Le Figaro : Et quelle est la position française, ou franco-allemande ?
Hervé de Charrette : Nous voulons mettre en pièce des institutions permettant d’élargir l’Union sans la paralyser. Première proposition : il faut étendre le vote majoritaire au Conseil des ministres pour les affaires communautaires. Mais, en même temps, une nouvelle pondération des voix tenant compte de la démographie, du poids économique, éventuellement de la contribution financière, devra être adoptée. Je me rends bien compte que cela posera des questions à ceux qu’on appelle les « petits » Etats. A vrai dire, il n’y a pas de « petits » Etats. Et les solutions retenues devront respecter les intérêts de chacun. Mais on ne peut pas imaginer que de grandes nations comme la France ou l’Allemagne puissent être mises en minorité par une coalition ne représentant parfois qu’un dixième de leur population…
Le Figaro : Et votre deuxième proposition ?
Hervé de Charrette : Elle concerne la Commission européenne. Actuellement, les Etats membres y sont représentés par un ou par deux commissaires. Cette situation, si vous imaginez une Europe à vingt ou trente membres, n’est plus concevable. Cette institution clé de l’Union doit retrouver son caractère homogène et indépendant. Trop souvent, aujourd’hui, les commissaires se comportent comme les porte-parole de leur propre pays. Pour l’avenir, il faut donc définir les portefeuilles avec soin, fixer en fonction de cela le nombre des commissaires et s’en tenir là. Ce sera au président, désigné selon les modalités que vous connaissez, de faire son choix dans une liste qui lui sera soumise par les Etats membres.
Le Figaro : En matière de politique extérieure et de sécurité commune (PESC), vous préférez toujours l’unanimité à la majorité qualifiée… Or c’est un facteur de blocage.
Hervé de Charrette : Il est vrai que les résultats acquis depuis le traité de Maastricht sont extrêmement modestes, pour ne pas dire symboliques. Il serait donc souhaitable que dans ce domaine, qui relève de l’intergouvernemental, des décisions puissent être prises selon des modalités plus souples. Il faut parvenir à des mécanismes permettant à certains Etats de laisser prendre des décisions sans être obligés de s’y associer eux-mêmes.
Le Figaro : La France sera-t-elle prête pour la monnaie unique – l’euro – le 1er janvier 1999 ?
Hervé de Charrette : La détermination française pour que nous soyons prêts en temps et en heure. Il en va du salut de nos entreprises et du salut de nos emplois. Qu’est-ce qui menace les industries de la chaussure de mon département du Maine-et-Loire ? Qu’est-ce qui menace l’agriculture française ? Qu’est-ce qui fragilise l’industrie de l’habillement si ce n’est les variations erratiques des monnaies européennes ?
Lorsque la monnaie unique aura été constituée, elle sera du jour au lendemain l’une des grandes monnaies du monde. C’est la meilleure assurance d’avoir des taux d’intérêts faibles pour faciliter l’investissement des entreprises ou l’achat d’un logement par les foyers français. Une question ne cesse de revenir : mais pourquoi ne retardez-vous pas un peu le calendrier ? « Encore quelques instants monsieur le bourreau. » Mais, ce qui est en jeu, c’est l’avenir de nos familles et de nos entreprises. Donc plus vite nous aurons la monnaie unique, plus vite nous aurons gagné la partie.
Mais nous voulons, à la fois, la monnaie unique et un système monétaire européen qui associe à cette monnaie unique l’ensemble des monnaies de l’Union européenne pour être à l’abri des manipulations de tel ou tel pays. Car le nombre des participants à l’euro sera en effet minoritaire et, au fur et à mesure de l’élargissement, il le sera même de plus en plus…
Le Figaro : Voyez-vous un lien direct entre les grèves en France et le projet d’union monétaire ?
Hervé de Charrette : A vrai dire, non. La France ne peut plus différer le temps des réformes. Depuis quinze ans, le secteur privé a connu une évolution très rapide. Les entreprises se sont adaptées au changement du monde. Mais le secteur public est resté immobile. L’Etat a pris un retard considérable. Dès lors, la France se trouve à un moment crucial : soit elle entreprend des réformes intérieures et elle gagne, soit elle y renonce et elle perd. La réussite ou l’échec va se mesurer en terme d’emplois.
C’est pour cela que je me suis engagé dans l’élection présidentielle derrière Jacques Chirac. J’entends parfois dire que nous avons changé de ligne après l’élection, mais moi je n’ai pas changé d’avis. Jacques Chirac est l’homme des réformes que je crois nécessaires. Je le pense aujourd’hui, comme je le pensais en mars 1995.
L’autre jour, à Bruxelles, j’ai été frappé par l’attitude de mes collègues. Tous me disaient : « Nous suivons ce qui se passe en France avec beaucoup d’attention. Si vous réussissez, l’Europe est sauvée. Si vous échouez, l’Europe est fichue. » Eux aussi, ils attendent une France qui gagne. Ils en ont besoin. On ne fera pas l’Europe avec des perdants…