Interview de M. Goasguen, vice-président de Démocratie libérale, à RTL le 29 octobre 1998, sur le débat au Sénat sur le cumul des mandats, sur le PACS, et sur l'avenir de L'Alliance RPR UDF Démocratie libérale.

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Média : Emission L'Invité de RTL - RTL

Texte intégral

Q - Vous venez d'entendre B. Roman. En gros, ce n'est pas le Sénat en tant que tel qui bloque la réforme, mais la droite. Alors pourquoi cette droite dit non ?

« Je tiens à dire que le propos de mon collègue parlementaire porte à sourire. Parce qu'on peut aller loin dans la démagogie mais pas trop. Parce que si vraiment, la modernité ce sont les propos de M. Mauroy, si la modernité ça consiste à remplacer le maire de Sarcelles, en en faisant le premier adjoint à la délégation générale, dans le même bureau, à Sarcelles, vous comprenez que la modernisation de la vie publique fait sourire de la part des socialistes. Cela, étant, moi je suis tout à fait conscient que, tôt ou tard, il faudra régler ces problèmes de cumul des mandats. Mais est-ce que le Gouvernement s'y prend bien. Le Sénat fait partie des institutions de la République ; il n'est pas à gauche ; les socialistes ont l'air de le regretter. Mais c'est comme cela ! Une constitution c'est fait pour être respectée. Alors est-ce que le Gouvernement est en train de faire une espèce de chantage au Sénat, notamment sur le plan électoral. Parce que ce que l'on ne dit pas assez souvent, c'est que le Gouvernement ne peut pas imposer au Sénat une loi organique sur le cumul de mandats. Mais il peut parfaitement imposer une réforme de scrutin et une réforme électorale pour les sénateurs. »

Q - Sur le fond ?

« Et je ne trouve pas correct ce chantage ; je crois que le Gouvernement aurait dû dire aux sénateurs l'ensemble des choses. »

Q - D'accord. Etes-vous pour ou contre le cumul des mandats ?

 «  On ne peut pas être pour ou contre. Moi je suis très hostile au cumul des mandats en ce qui me concerne. Mais je comprends parfaitement que d'autres aient une autre acception. Cela étant, je crois que la modernisation de la vie publique passera, à terme, vers une limitation du cumul des mandats. J'en suis intimement convaincu.   »

Q - Donc vous êtes dans la voie du Gouvernement  ?

 «  Je ne suis pas du tout dans la voie du Gouvernement  ; je trouve que Gouvernement s'y prend très mal  ; je trouve que les propos de M. Roman, tout à l'heure contribuent à, en plus, rendre plus difficile la résolution de ce problème. On ne met pas une épée de Damoclès sur une institution de la République  ; on ne traite pas de cette manière, dans un système bicamériste, le Sénat de la République  ! On le respecte, on discute et on écoute. Ce que les socialistes ne font plus d'ailleurs depuis quelques mois.   »

Q - La voie référendaire  ?

 «  Elle appartient, sur une proposition du Premier ministre, à la décision du Président de la République. Le Premier ministre vient d'y renoncer après avoir, là encore, laissé planer l'épée de Damoclès sur la tête des sénateurs. Ce qui n'est pas correct, là encore, dans un débat parlementaire.   »

Q - Autre sujet où droite et gauche vont croiser le fer de nouveau  : le Pacs. Démocratie Libérale a l'intention, à partir de mardi prochain, à l'Assemblée nationale, de tout faire pour que le Parlement ne soit pas en mesure de voter dans les délais fixés  ? Vous allez jouer l'obstruction, prononcer des discours fleuve  ?

 «  Non. Si vous me permettez, c'est encore l'illustration d'une certaine méthode gouvernementale qui, sous couvert de sourires, en réalité, fait pression sur l'opposition. Parce qu'on nous présentés un texte il y a 15  jours, et ce texte a été refusé, démocratiquement. Et puis voilà qu'on nous représente le même texte, avec quelques virgules en plus ou en moins, et on nous dit qu'il faut recommencer. Moi je trouve que c'est tout à fait anormal  ! Sur la forme, là encore, le Gouvernement s'y prend très mal.   »

Q - Mais sur le fond  ?

 «  Sur le fond, ce texte n'est pas bon. Incontestablement, les socialistes, d'ailleurs, en sont conscients. D'ailleurs, en première lecture, tous n'étaient pas pris dans leur circonscription. Il y a eu des actes politiques qui ont été faits. Les socialistes ne laissent même pas à leurs parlementaires la liberté des votes  ; ils font un vote bloqué. Ce qui montre tout l'enthousiasme que suscite ce texte. Ce texte est mauvais au plan politique -  et les socialistes en feront la dure expérience à terme. Il est mauvais parce que, au fond, ils avaient fait des promesses électorales, eh bien ils n'avaient qu'à les tenir, et les tenir clairement. Qu'est-ce que c'est que ce système qu'on nous invente et qu'on nous propulse dans notre système social, mélangeant les problèmes des homosexuels -  qui sont réels -, les problèmes du concubinage qui sont d'autres problèmes, auxquels on rajoute les fratries  ! Ce qui est contestable dans l'affaire du Pacs, c'est qu'on a mélangé des choses qui sont complètement différentes. Je crois que les socialistes n'ont pas voulu affronter le problème de l'homosexualité  ; ils ont eu tort. Et l'opinion les sanctionnera  ! Car il faut être clair en politique et loyal.   »

Q - L'Alliance RPR-UDF-Démocratie Libérale a tenu, ce matin, son premier comité politique, cinq mois après sa création. Comme a dit Philippe Séguin  : «  Il ne nous reste plus qu'à devenir crédibles et efficaces »  ?

 «  Oui. Je crois que le président de l'Alliance a parfaitement résumé une réunion qui était une réunion courtoise, agréable et qui a traduit l'esprit d'union. Je crois que ce qui est important, c'est que l'Alliance doit désormais devenir un mouvement, avec un vrai débat, et peut-être des antagonismes d'idées. Je crois qu'il convient désormais que l'opposition passe à la phase d'élaboration de son projet  ; et d'un projet dynamique. «  Il ne faut pas que l'Alliance -  pour reprendre une boutade   - ça soit le musée Grévin de l'opposition   ». Ca fera sûrement des grincements de dents, mais je dis  : tant mieux  ! S'il y a des grincements de dents, ça veut dire qu'il y aura renouvellement. Et nous reprendrons nos électeurs -  qui se sont abstenus, qui ont voté pour d'autres   -, si nous sommes capables de moderniser complètement notre programme politique.   »