Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
Le bruit constitue une des préoccupations majeures des Français dans leur approche des problèmes de la vie quotidienne.
De simple désagrément, il est devenu un problème de santé publique. Il s’étend de plus en plus sur les périodes de repos nocturne et de fin de semaine.
Dans les villes notamment, le caractère inégalitaire de l’exposition de la population au bruit est particulièrement marqué ; ce sont souvent les mêmes personnes qui subissent le bruit dû aux transports, sur les lieux de travail et au domicile.
D’un autre côté, certaines activités qui génèrent du bruit, comme l’exercice de pratiques musicales, doivent pouvoir se pratiquer librement.
Depuis le début des années 70, des efforts importants ont été engagés pour les pouvoirs publics et les milieux professionnels concernés pour maîtriser les nuisances sonores.
Dans cette perspective, le Gouvernement a décidé d’améliorer la qualité acoustique des bâtiments en apportant un soutien financier aux collectivités territoriales qui engagent des opérations de protection acoustique.
Les salles d’expression musicale font souvent l’objet de rapport contentieux avec le voisinage, tout particulièrement lorsqu’il s’agit de pratiques musicales amplifiées.
Tous les élus connaissent les problèmes complexes de gestion de la musique (concerts, enseignements, répétitions…) qui révèlent l’insuffisance d’une réflexion globale sur l’intégration des lieux de loisirs « bruyants » dans l’environnement urbain.
La loi du 31 décembre 1992 contre le bruit a prévu des obligations de prévention des nuisances sonores susceptibles d’être créées par ces activités.
Il n’en demeure pas moins que de nombreux équipements existants mal insonorisés sont inadaptés aux pratiques musicales des jeunes.
Certains sont même fermés du fait des troubles causés à l’environnement sonore.
Or, la lutte contre le bruit n’a pas pour objectif d’empêcher la pratique de la musique, notamment pour les jeunes, mais de fixer des règles techniques favorisant une insertion heureuse des équipements dans l’environnement.
C’est pourquoi, il a paru souhaitable d’aider financièrement les communes confrontées à un problème de réalisation ou de réhabilitation acoustique d’une salle musicale.
L’opération lancée en 1994 par le ministère de l’environnement vise à aider 100 projets de ce type à raison d’environ 100 000 F de subventions pour des travaux qui s’élèvent en moyenne à 200 000 F.
J’attache une importance toute particulière à ce domaine que constitue la qualité de l’environnement sonore. En effet :
- j’ai participé, dans le passé, aux travaux du Conseil national du bruit, instance qui formule des recommandations au plan réglementaire et qui a contribué pour une large part à l’élaboration des textes d’application de la loi de 1992 ;
- j’ai eu à traiter au travers de mes activités d’avocat, des litiges concernant des problèmes de troubles de voisinage liés au bruit ;
- enfin, en tant que ministre, je considère que la qualité de vie, à laquelle les Français sont attachés, passe nécessairement par une meilleure prise en compte de la qualité sonore des espaces dans lesquels nous évoluons, que ce soit dans les habitations, les lieux de travail, les transports ou les lieux de loisirs.
C’est pourquoi, il me semble important que l’ensemble des acteurs impliqués dans la mise en œuvre d’actions visant à réduire les nuisances sonores, agissent ensemble.
Les élus qui sont confrontés journellement à la demande sociale de leurs administrés.
Les architectes et les maîtres d’ouvrage chargés de concevoir et de construire les bâtiments en mettant l’accent sur la qualité sonore.
Les chercheurs appliqués à développer une meilleure compréhension des mécanismes fondamentaux tels que le rayonnement acoustique, la propagation à longue distance ou l’exploitation « aux faibles doses sonores ».
La lutte contre le bruit ne doit pas conduire à empêcher les pratiques musicales dans la ville, mais au contraire, à favoriser l’insertion d’équipements de loisirs insonorisés garantissant la protection du voisinage.
Il est indispensable de sortir les groupes musicaux des caves et des sous-sols, souvent exigus et mal aérés et de prévenir les conflits de voisinage.
Trop souvent, les musiciens n’ont pas de solution privée viable à long terme pour répéter seul ou en groupe et connaissent des conflits de voisinage ou familiaux.
L’exemple des deux studios de répétition musicale que nous inaugurons aujourd’hui démontre que les technologies modernes acoustiques permettent désormais d’installer en pleine ville des équipements dédiés à la musique.
Ainsi sont conciliées la tranquillité des riverains et la création artistique.