Texte intégral
Date : lundi 2 juin 1997
Source : France 2/Édition du soir
D. Bilalian : Êtes-vous aujourd'hui pour qu'on aille au bout de ce processus de réforme de la protection sociale entamée par A. Juppé ?
Nicole Notat : Nous avons changé de majorité politique, mais à la CFDT c'est la continuité. Donc, les positions, les comportements qui étaient les nôtres hier seront ceux de demain. Et si nous avons jugé la réforme de la protection positive à l'époque, c'est qu'elle l'était et nous continuons à le penser. Donc nous souhaitons que cette réforme aille au bout - car ce n'est pas terminé - en particulier il faut aller au bout des changements de son financement pour les salariés mais aussi pour les entreprises. Il faut voter une loi pour une assurance maladie universelle.
D. Bilalian : Qu'attendez-vous de ce nouveau gouvernement ?
Nicole Notat : J’aborde cette nouvelle donne politique avec un état d'esprit constructif, c'est-à-dire qui veut faire de la CFDT un interlocuteur qui continue à être indépendant, à ne pas faire de confusion des genres avec le rôle du gouvernement et celui du syndicat Et surtout, je voudrais dire qu1il y a trop de problèmes, trop de changements et de réformes qu'il fa·1t réussir. Pour l'intérêt de tous, je souhaite à L. Jospin qu'il se donne les moyens d'une réussite, les moyens d1une vraie ligne politique.
D. Bilalian : Vous serez partenaire de L. Jospin comme d’A. Juppé ?
Nicole Notat : Je n'ai pas changé. Je serai interlocutrice de L. Jospin dans les conditions qui ont toujours été celles de la CFDT. J'ai l’habitude de parler franc, je continuerai. Et je crois que L. Jospin le sait bien, et que je pense même qu'il l'apprécie une certaine manière et qu'il a peut-être aussi un comportement du même genre.
Date : jeudi 3 juin 1997
Source : Europe 1
J.-P. Elkabbach : On va pouvoir maintenant vous entendre à nouveau. Combien d'alternances avez-vous vécues ou connues directement ?
Nicole Notat : Depuis que je suis à la direction de la CFDT, je crois que c'est mon cinquième changement de gouvernement Alors, ça dédramatise, ça permet d'avancer tranquille.
J.-P. Elkabbach : Le Premier ministre de la troisième cohabitation, M. Jospin, affirme : pas tout, tout de suite ». Vers quelles décisions, avez-vous, malgré tout, une forme d'impatience ?
Nicole Notat : Eh bien, mon impatience c'est que L, Jospin sache tenir cette ligne du « pas tout, tout de suite », mais qu'il sache dire vite quelles sont ses intentions, quelles sont les grandes directions de la politique qu'il entend mener et qu'il sache surtout se donner les moyens de réussir. Je crois que, à l'évidence, quand un gouvernement arrive » il y a des mesures symboliques, elles seront prises. On entend beaucoup parler du Smic
J.-P. Elkabbach : Alors ?
Nicole Notat : Chirac est arrivé, il a fait 4 % du Smic, je ne vois pas qu'il n'y ait pas d'augmentation du Smic en juillet.
J.-P. Elkabbach : 500 francs ?
Nicole Notat : Je vois qu'on est passé de 1 000 à 500 francs pour le PC, je n'ai pas encore entendu le PS sur cette question. En tout cas, je crois que la question du Smic sera traitée.
J.-P. Elkabbach : Mais est-ce que 500 francs, ça devient plus acceptable que les 1 000 francs ?
Nicole Notat : Tout dépend comment on gère les 500 francs. Quand on augmente le Smic, on augmente aussi le nombre de smicards. Il faut faire attention de ne pas faire un cadeau aux entreprises. Il faut augmenter le pouvoir d'achat des gens, qui sont au Smic mais, en même temps il y a les charges sociales. Et vous savez que E. Balladur avait réduit ou exonéré les charges sociales jusqu'à 1,3 le Smic. Donc, plus on monte le Smic et plus on exonère, pour les chefs d'entreprises, les charges sociales. Finalement, c'est un moyen de permettre aux entreprises de payer l'augmentation du Smic à bon compte.
J.-P. Elkabbach : Voyons un certain nombre de dossiers très concrets : France Télécom devait lancer après-demain sa campagne de privatisation. Est-ce qu'il faut renoncer à privatiser France télécom, selon vous ?
Nicole Notat : Je crois que, là encore, la France a ce défaut, car cela en est un, de dramatiser le débat politique sur des thèmes qui ne sont pas toujours bien posés : privatisation, nationalisation. En fait, qu'est-ce qui est en cause ? Ce qui est en cause à France Télécom, c’est tout à la fois de permettre à cette entreprise de lui donner les meilleures conditions de Gon développement, d'être une entreprise performante sur le plan français, européen et international et en même temps, de garantir à cette entreprise ce à quoi nous tenons tous je crois, c'est-à-dire sa mission de service public. Le téléphone pour tout le monde quand on en fait la demande, en Lozère ou dans le XVIème arrondissement Le coût de la communication le même pour tout le monde, où qu'on soit sur le territoire français. Et c'est un état de garantie.
J.-P. Elkabbach : Et c'est applicable à d'autres secteurs, si je comprends bien ?
Nicole Notat : Bien évidemment La Poste : on n'imagine pas que le courrier, ça ne soit pas la même chose. On n'imagine pas que l'électricité, ça ne soit pas la énième chose.
J.-P. Elkabbach : Donc, pour vous, si les personnels consultés obtiennent des contreparties, si le service public, en son état, fonctionne selon ses missions et si les personnels sont d'accord, vous acceptez que soit ouvert le capital de certaines entreprises en situation de concurrence mondiale ?
Nicole Notat : Dans ce pays, n'oublions pas ce qui est déjà fait. On ne part pas de zéro à France Télécom. L'ouverture du capital est réalisée ou, en tout cas, il est engagé. J'ai toujours cette surprise, pour ma part, de voir combien le& personnels s'inquiètent avant la privatisation ou avant l'ouverture du capital et se ruent sur les actions au moment où on leur propre des actions.
J.-P. Elkabbach : Donc, vous estimez qu'il faut continuer ?
Nicole Notat : A France Télécom, je vous redis que je ne vois pas aujourd'hui d'incompatibilité avec les conditions telles qu'elles ont été posées, telles que les personnels ont obtenu des garanties à la fois sur leur statut, à la fois sur les services publics ... L'ouverture de capital - qui ne veut pas dire la privatisation à 100 % d'ailleurs, l'Etat reste présent - ne m'apparaît pas incompatible, à condition que l'Etat le veuille et y veille, avec de vraies missions de qualité et de service public.
J.-P. Elkabbach : C'est donc valable dans d'autres domaines, par exemple Air France ?
Nicole Notat : Oui, je crois que, pour les transports, c'est une politique plus globale à laquelle il faut réfléchir. Une politique globale des transports qui associe l'avion, la SNCF, la route. Une vraie politique des transports, c'est l'association de tout ça.
J.-P. Elkabbach : Mais vous n'êtes pas contre ?
Nicole Notat : Le service public c'est des conditions qui s'articulent et oui permettent à chacun de pouvoir se déplacer dans les meilleures conditions, avec des moyens de transport qui ne sont évidemment pas les mêmes -- il ne faut pas faire atterrir un avion au clocher de chaque village.
J.-P. Elkabbach : L. Jospin avait promis d'organiser, avant la fin du mois de juin, la conférence à trois - Etat, patronat, syndicats – sur l'emploi, la durée du travail et les salariés. Est-ce que vous voulez que ça ait lieu en juin, en juillet, en septembre ? Et d'autre part, est-ce que c'est le Gouvernement qui doit fixer et augmenter les salaires ?
Nicole Notat : Vous savez bien que le Gouvernement n'a pas le pouvoir d'augmenter les salaires dans les entreprises privées. Il en a le pouvoir vis-à-vis des fonctionnaires. Sur le moment, nous n'avons encore aucune indication là-dessus. Par contre, sur la conférence en question, je pense que ce n'est pas le moment qui est important, c'est les garanties de son utilité et de son efficacité. Donc, il y a deux conditions à réunir : 1/ il faut que l'objectif soit précisément fixé, qu'il n'y ait pas d'ambiguïté. J'ai trop vécu de conférences à travers les âges des gouvernements précédents, qui étaient non pas inutiles, mais enfin qui n'étaient pas véritablement d'une portée très forte. Et deuxièmement, il faut qu'elle soit énormément préparée. Je ne comprendrais pas que L. Jospin réunisse une conférence sans avoir pris le temps de l'écoute de tous les partenaires sociaux. Et lui qui veut gouverner autrement, n'imagine pas qu'il fasse l'impasse là-dessus.
J.-P. Elkabbach : Donc, vous ne dites pas : là, il y a urgence ; on peut prendre le temps à condition de la préparer ?
Nicole Notat : Il faut la préparer.
J.-P. Elkabbach : Et vous ne souhaitez pas non plus que l'Etat donne un coup de pouce sur les salaires à toute la fonction publique ?
Nicole Notat : Attention, là, nous avons du retard. Cela fait deux années que les fonctionnaires ont un gel de leur pouvoir d'achat, je crois que ça ne peut pas éternellement et qu’il faudra rouvrir des négociations dans les fonctions publiques. Peut-être d'ailleurs faut-il élargir le débat, les conditions de la réduction de la durée du travail aussi, comment l'adapter aux fonctions publiques. C'est un vrai sujet.
J.-P. Elkabbach : Et alors, la réduction du temps de travail ? Comment ? Par qui ?
Nicole Notat : Voilà un domaine sur lequel je souhaite vraiment que k nouveau Gouvernement prenne le temps d'entendre prenne le temps d'évaluer ce qui se fait avant d'avancer trop vite dans une loi qui serait un carcan et qui ne serait plus un cadre qui permettrait l'amplification de la réduction de la durée du travail. Nous tenons trop à la réduction de la durée du travail pour risquer que quelque chose casse la dynamique engagée. Donc, je souhaite vraiment qu’on prenne vraiment le temps de la discussion avant que les mesures législatives se prennent.
J.-P. Elkabbach : La loi Robien passe à la trappe ?
Nicole Notat : J'espère que non, ce serait une erreur. Je pense que L. Jospin saura faire preuve de maturité, car ce n'est pas un déshonneur, quand une autre majorité arrive, que de reconnaître que des choses qui ont été faites avant soi sont utiles, qu'elles peuvent être ajustées bien évidemment, modifiées, mais on ne rase pas gratis.
J.-P. Elkabbach : Vous avez soutenu la réforme de la Sécurité sociale, vous pensez qu'elle sera achevée ?
Nicole Notat : Oui, je le crois vraiment
J.-P. Elkabbach : Vous avez des indications ?
Nicole Notat : Non mais vous avez remarqué comme moi que ce n'était pas un objet de controverse dans la campagne et j'ai entendu quelques déclarations de socialistes qui me font dire que c'est tout juste si, maintenant, ils ne la revendiquent pas eux-mêmes.
J.-P. Elkabbach : Vous avez la réputation de ne pas mâcher vos mots, vous avez appelé la CFDT à rester indépendante ; comme pouvez-vous être à la fois indépendante et partenaire du nouveau gouvernement Jospin ?
Nicole Notat : En restant CFDT, en restant à la place qui est la nôtre, c'est-à-dire celle d'une organisation syndicale qui se situe à un autre niveau que celui du Gouvernement Je pense que moins il y a de confusion des genres, plus il y a d'intérêt pour l'un et pour l'autre de faire avancer dans de bonnes conditions les réformes, les changements que la France attend.
J.-P. Elkabbach : Vous restez européenne ?
Nicole Notat : Plus que jamais.
Date : vendredi 6 juin 1997
Source : France 3
France 3 : Cinq jours après l'élection d'une nouvelle majorité, les syndicats sont bien sûr très attentifs mais avant même que le Premier ministre ait prononcé son discours de politique générale devant l'Assemblée nationale, on a l'impression que chacun prend ses marques et que les syndicats divergent un peu sur les dossiers et priorités économiques et sociales du pays. L. Viannet, par exemple, demande une augmentation significative du Smic. Est-ce que vous êtes d'accord, est-ce que vous croyez qu'il a raison ?
Nicole Notat : A la CFDT, on est assez connus pour être attachés à la réduction des inégalités et à des vraies améliorations pour les bas salaires, pour ne pas être taxés de minimalisme sur ces questions-là. Donc, il faut un coup de pouce au Smic. Quand J. Chirac est arrivé, il a donné 4 %. Là, il y a visiblement de la tension entre le PC et le PS sur le niveau de l'augmentation et j'ai l'impression que ça va se passer entre les deux. Oui, il faut un coup de pouce au Smic, mais j'attire l'attention sur le fait que l'augmentation du Smic doit être normalement payée par les entreprises du secteur privé et si l'on n'y prend garde, cela pourrait se retourner contre l'Etat Car le gouvernement de M. Balladur a exonéré de cotisations sociales tous les salaires jusqu'à 1,3 % du Smic. Ce qui veut dire qu'en ce moment, par exemple, si on augmente le Smic, les employeurs pourraient trouver une bonne manière de le payer par les exonérations qu'ils ne payeront plus au-delà du seuil actuel. Je pense que ce n'est pas le but recherché. C'est la raison pour laquelle je demande qu'en même temps qu'on augmente le Smic, on mette à plat la question des charges sociales. Parce que les cotisations sociales payées par les entreprises, c'est fait pour la protection sociale. Alors, il y en a assez de ce coup par coup. Il y en a assez de "je t'exonère un petit peu de ce côté-là, je t'augmente des exonérations de l'autre côté. « Mettons cela à plat, regardons un autre financement de la protection sociale, plus juste, parce que les entreprises de main-d’œuvre payent plus que celles qui font de la richesse, et qui soit aussi plus solidaire pour la protection sociale.
France 3 : Est-ce que vous êtes d'accord avec cette idée qu'a le gouvernement Jospin d'augmenter le pouvoir d'achat. Parce que si on donne seulement un tout petit coup de pouce au Smic, cela n'augmente pas le pouvoir d'achat. Comment faites-vous ?
Nicole Notat : Mais moi, je ne demande pas un tout petit coup de pouce au Smic, je demande un coup de pouce au Smic que nous définirons, comme nous devons le faire à chaque fois, à la réunion qui a lieu entre le Gouvernement et les syndicats. Et aujourd'hui, je suis frappée de voir comment les positions qu'exprime la CFDT et les commentaires qui sont faits sont assez facilement caricaturés, simplifiés. Je veux mettre les choses au point : la CFDT, je le redis et toute la CFDT - et les salariés ont l'occasion de s'en apercevoir tous les ans dans les négociations annuelles salariales - a pour priorité les bas salaires. Donc, ce que je dis aujourd'hui, c'est que, en même temps, que nous voulons ce coup de pouce pour le Smic, je souhaiterais, mais bien évidemment je ne suis pas à la place du Gouvernement, qu'il pense à mettre à plat la question de l'exonération sociale de manière à ce que ce coup de pouce pour le Smic, positif pour les salariés, ne devienne pas un cadeau pour les entreprises.
France 3 : Sur les 35 heures : vous avez toujours été favorable à la réduction du temps de travail, et cette fois-ci, vous dites « attention, il ne faut pas y aller tout de suite, il ne faut pour y aller sans réduction de salaire » ?
Nicole Notat : Bravo pour cette caricature et cette compréhension simplificatrice de la position de la CFDT. La CFDT est pour la réduction de la durée du travail - merci, vous m'en donnez acte - et cela fait déjà une paire d'années. La CFDT veut justement une réduction de la durée du travail efficace. Donc, nous disons une chose : si nous faisons le passage des 59 heures aux 55 heures comme nous avons fait le passage des 40 heures aux 59 heures, c'est-à-dire sans négocier, y compris la situation salariale, c'est zéro emploi. Nous, nous voulons la réduction de la durée du travail qui marche. Nous ne voulons pas que, systématiquement, les salariés contribuent à ce financement Quand on ne touche que le Smic, on ne finance pas en plus sa réduction de la durée du travail. Mais il n'y a pas de raison que cette question ne fasse pas partie de la négociation pour ceux qui ont des revenus plus décents. Pas d'automatisme dans la contribution des salariés, pas d'exclusion dans la contribution. Merci de bien avoir compris ma position.
Date : jeudi 19 juin 1997
Source : RTL
RTL : D'abord pouvez-vous nous donner une appréciation générale sur le discours du Premier ministre ?
Nicole Notat : Je crois d'abord qu'il y a une philosophie qui place l'éthique et la rénovation de la démocratie au cœur de l'action de l'Etat, au cœur du rôle de l'école, dans la conception de la justice, dans l'approche de l'immigration. Tout cela, ce sont des manières de voir auxquelles nous sommes sensibles et que nous apprécions à la CFDT.
RTL : Concernant la réduction du temps de travail, votre cheval de bataille, L. Jospin parle de 35 heures à l'issue de la législature. Ce n'est pas assez vite pour vous ?
Nicole Notat : Là encore, je crois qu'il va falloir discuter, et discuter beaucoup. En tout cas, si le Premier ministre veut être fidèle à ce qu'il a affirmé, à savoir qu'il faisait de l'emploi la priorité de l'action gouvernementale, il faut, pour le moins, qu'il révise son approche sur la réduction de la durée du travail car si le cadre fixé pour la conférence en question c'est déjà les 55 heures, et seulement les 55 heures, avec systématiquement le maintien des salaires pour tous et, dans cinq ans seulement, alors je le dis : la réduction de la durée du travail n'est plus une arme anti-chômage. Ça deviendrait une balle à blanc et à ce moment-là nous serions vraiment en désaccord.
RTL : Le coup de pouce au Smic de 4 %, est-ce suffisant ?
Nicole Notat : Oui, c'est bien. C'est bien d'autant plus que le Premier ministre - et nous nous en félicitons vous l'imaginez - en annonçant la poursuite de la réforme de l'assurance-maladie, de la poursuite de son financement, a annoncé que des cotisations assurance-maladie, payées aujourd'hui par les seuls salariés, continueront à être basculées sur la CSG ce qui amènera à nouveau un gain de pouvoir d'achat pour tous les salariés, mais les Smicards en particulier. Donc là je crois que c'est une augmentation significative, en tout cas largement supérieure à ce qu'aurait été, en temps normal, l'augmentation conformément à la loi.
RTL : Pour vous le plan Juppé est en péril ou il va continuer ?
Nicole Notat : Non, la réforme de l'assurance-maladie, c'est clair, va être poursuivie - c'est un point sur lequel le Premier ministre a été tout à fait net - puisqu'il a annoncé l'instauration de la loi sur l'assurance universelle, il a annoncé la continuation du transfert des cotisations. Par contre je regrette un oubli, c'est la manière dont les entreprises doivent aussi réformer leur mode de financement sur l'assurance maladie, plutôt sur la valeur ajoutée que sur les salaires. Il y a pourtant un grand chantier qu'il aurait fallu ouvrir, qui est celui de la mise à plat d'une réflexion globale sur la manière dont les cotisations sociales sont favorables ou défavorables à l'emploi, favorables ou défavorables à la protection sociale. Le Premier ministre ne l'a pas évoqué là. J'espère que ça ne veut pas dire que ce chantier ne sera pas ouvert.
RTL : Et sur l'équilibre des comptes sociaux, vous vous estimez satisfaite ? Ou vous auriez voulu que le Premier ministre aille plus dans les détails et en dise plus ?
Nicole Notat : Non, je crois qu'à cette phase d'une déclaration de politique générale, c'est devenu la règle qu'un Gouvernement procède à un certain inventaire, à un certain audit de la situation. J'ai cru comprendre qu'il ne souhaitait pas annoncer prématurément des mesures avant d'y voir clair - cela me semble sage - et j'ai aussi cru comprendre qu'il n'avait pas l'intention de remettre en cause la réduction des déficits publics. Ce qui le prouve c'est la manière dont il a annoncé la réduction possible, si la croissance le permet, de la TV A. Cela montre que sur ce plan il attend et qu'il souhaite prendre son temps et le faire dans des conditions qui ne réduiront pas de manière drastique les moyens dont l'Etat a besoin pour assurer des missions qui ont été, heureusement, bien réaffirmées dans son discours.
RTL : Un mot : les allocations familiales ?
Nicole Notat : Sur le principe des allocations familiales, évidemment qu'on est toujours sensible à une mesure qui va dans le sens de la justice sociale. Mais là, je crains encore une fois que l'annonce de cette mesure, isolée, qui, finalement, touche toute la question de la politique familiale et de son financement, et plus globalement de la question de la redistribution des richesses que constituent les allocations familiales, ait été prise sans annoncer, là encore, une réflexion d'ensemble sur la rénovation de la politique familiale et son financement.
Date : jeudi 19 juin 1997
Source : France Inter
Nicole Notat : Le Premier ministre a dit qu'il faisait de l'emploi sa priorité. Je ne vous apprends rien en vous disant que nous aussi. Mais alors si j'ai bien entendu, il va falloir que sous la réduction de la durée du travail, le Premier ministre revoit son approche, en tout cas qu'on discute encore beaucoup. Car voit son approche, en tout cas qu'on discute encore beaucoup. Car si l'approche reste les 35 heures en 5 ans avec le maintien du salaire pour tous, alors la réduction de la durée du travail ne sera plus l'arme anti-chômage que nous voulons. Ce serait une balle è blanc. Et là évidemment, la CFDT ne saurait admettre cette approche. Et nous nous sommes favorables à une loi-cadre mais à une loi cadre qui ne soit pas un carcan, qui ne fasse pas des 35 heures un taquet, qui permette d'aller vers 32 heures. Mais nous savons maintenant que pour qu'il y ait un impact maximum sur l'emploi, il faut que la réduction qui peut être par étapes mais en tout cas par étapes importantes et dans un calendrier resserré. Sinon, ça risque d'être quasi inexistant en terme d'impact sur l'emploi.
Date : jeudi 19 juin 1997
Source : France 2
Nicole Notat : Il va falloir que, sur la réduction de la durée du travail, le Premier ministre revoit son approche - en tout cas qu'on discute encore beaucoup - car si l'approche reste les 35 heures en cinq ans avec le maintien du salaire pour tous, alors la réduction de la durée du travail ne sera plus l'arme anti-chômage que nous voulons mais ce sera une balle à blanc. La CFDT ne serait admettre cette approche-là.
Date : jeudi 19 juin 1997
Source : France 3
France 3 – 19 h 30
Nicole Notat : 4% c'est un coup de pouce qui est supérieur, largement, à ce qu'aurait été en temps normal l'augmentation pour les Smicards d'autant plus que viendra s'ajouter à cette augmentation au 1er juillet - le Premier ministre l'a annoncé, et c'est quelque chose qui nous réjouit dans le cadre de la poursuite de la réforme de l'assurance-maladie - la poursuite du transfert des cotisations d'assurance-maladie vers la CSG, qui amènera un nouveau gain de pouvoir d'achat pour tous les salariés, mais pour les Smicards aussi.