Texte intégral
Q - Aujourd'hui, à l'Assemblée nationale, les députés de Démocratie libérale, et ceux de la droite vont voter la parité hommes-femmes, contre l'avis des sénateurs de Démocratie libérale et de la droite.
« Non, ils vont voter le texte sur l'égal accès des femmes et des hommes aux fonctions politiques et électives...»
Q - Que ne votent pas les sénateurs
« Les sénateurs avaient voté, par la réforme de l'article 4, aussi l'égal accès, d'une autre manière. Ce n'est pas un débat politique ; il a été caricaturé. C'est une modalité technique différente. »
Q - Pourquoi vous ne votez pas comme les sénateurs ?
« J'ai déposé un amendement ressemblant à celui des sénateurs très proche de la proposition de M. Badinter. Ce n'est pas fondamentalement très différent, en réalité, de la proposition de l'Assemblée nationale. Mais je crois que ce qu'il faut montrer c'est que le Sénat n'était pas hostile à l'égal accès. »
Q - Oui mais en votant différemment, vous donnez plutôt raison au Gouvernement et à la gauche ?
« Non, je ne donne pas raison à la gauche, parce que je trouve que la gauche a mal mené ce débat. Et je viens d'en avoir la preuve hier : le Gouvernement vient d'annoncer son intention, de réformer le scrutin pour les sénateurs. Je dois dire que, le Gouvernement avait voulu que le texte ne passe pas, il n'aurait pas fait autrement. Dans une démocratie, il faudrait que le Premier ministre sache que, quand il y a une opposition, celle-ci est tout fait respectable. Le Sénat n'a pas la même coloration politique que l'Assemblée nationale. Mais dans une démocratie, le pluralisme existe. J'aurais tendance à dire, qu'en ce moment, avec l'annonce que fait le Gouvernement, cet acte vraiment, cette espèce d'acte de guerre que fait le Gouvernement à l'égard du Sénat, que l'Etat-PS est en train de revenir. Quand M. Schroeder est en difficulté, en Allemagne, parce qu'il est battu en Hesse, il discute avec la CDU et il remet en cause des décisions fondamentales. Quand M. Blair est en difficulté avec les Lords, il ne dissout pas les Lords. Quand M. Clinton est ennuyé par la Chambre des représentants il discute avec eux. Or M. Jospin, en difficulté, sur cette affaire de la parité, devant les Sénateurs, ne trouve rien de mieux à faire, avant la discussion, que de dire : je vais reformer le Sénat ; je vais modifier la composition du Sénat. »
Q - ça fait un an qu'il annonce !
« Oui, mais enfin, en ce moment, en plein débat, il ne vous échappe pas quand même qu'il y a une intention politique de vouloir "casser la baraque", comme on dit, de la part du Premier ministre, qui est très inquiétante. »
Q - Vous croyez qu'il n'a pas envie de faire passer sa réforme sur la parité ?
« Ce n'est pas comme ça qu'il va la faire passer, je vous le dis tout net ! C'était vraiment la dernière des choses à faire. Je ne suis pas sûr du tout que M. Jospin n'ait pas quelques arrière-pensées électorale à terme là -dedans. »
Q - Que voulez-vous dire ?
« Je veux dire qu'au fond, le fait-que la parité ne passe pas ne le dérangera pas trop, et qu'on a l'impression qu'il est en train d'engranger sa besace pour l'avenir, son avenir présidentiel qui semble désormais le préoccuper avant tout.»
Q - Si ça ne passe pas; c'est quand même parce que les sénateurs votent différemment. Donc est-ce que ce n'est pas, aussi, une image un peu figée de la droite ?
« Non. »
Q - Ce n'est pas ce qui vous fait peur ?
« Non. Je crois qu'il ne fait pas caricaturer. La droite sénatoriale a fait une proposition. Cette proposition est tout à fait estimable. Elle est une autre vision de l'égalité d'accès. Je le dis d'autant mieux que j'ai voté sans ambiguïté celle aussi, du Gouvernement Je n'y vois pas de différence fondamentale. J'aurais voté les deux de la même manière. »
Q - Sur les fonctionnaires, après tous les rapports qui parlent du temps de travail dans la fonction publique, qu'attendez-vous du Gouvernement ?
« J'espère que le Gouvernement ne va pas entériner l'énième rapport qui sort sur cette question. M. Zuccarelli ne me paraît pas très décidé dans cette affaire. Il faut dire que le sujet est difficile. Ce que je voudrais dire c'est que, s'il y a une réforme à faire, ce n'est pas en tenant compte du temps de travail qui reste quand même très incertain dans un certain nombre de professions “ policiers infirmiers, enseignants“ c'est pas la même chose. Ce qu'il faudrait faire je crois, c'est tenir compte d'abord, des usagers. Je crois que ça changerait beaucoup l'état d'esprit dans la fonction publique. Que le ministre de la fonction publique, pour une fois prenne d'abord l'avis des usagers avant de voir quels sont les intérêts de la fonction publique. »
Q - Avez-vous envie de parler comme votre président, A. Madelin, président de Démocratie Libérale qui, en août 95, parlait de « la révolte des actifs qui grondent, et de la fonction publique, véritable vache sacrée de la société française» ?
« Oui, le terme est un peu fort, mais il est vrai. C'est vrai que beaucoup de Français ont le sentiment que les fonctionnaires “ qui travaillent, dans un certain nombre de secteurs, dans des situations difficiles “, les Français ont l'impression que les fonctionnaires, souvent, ne sont pas suffisamment à la disposition des usagers. C'est ça le vrai problème : c'est que l'Etat doit être au service de l'usager. ça, c'est libéral, mais c'est aussi le bon sens.»
Q - A propos des européennes, vous êtes marié ou pacsé - je ne sais pas - avec P. Séguin. Comment définiriez-vous la vision européenne de P. Séguin ?
« Ce n'est pas P. Séguin, mais c'est P. Séguin-A. Madelin. »
Q - Oui, mais enfin, c'est P. Séguin qui conduit la liste ? Vous avez la même vision de l'Europe que lui ?
« Non, mais il y a un pluralisme, dans la liste d'union de l'opposition, qui est nécessaire. Il faut choisir : ou bien on fait de l'addition électorale - mais un peu pagaille, dans une droite qui a du mal à se reconstituer -, et on ajoute par la division à la confusion. Ou bien on essaye de gérer ces différences à l'intérieur d'une liste d'union, et ça donne la liste Séguin-Madelin, qui est la liste d'union de l'opposition. »
Q - Précisément, vous vous réclamez de J. Chirac. Mais, du côté de l'Elysée, on dit : fichez nous la paix ! On veut les additions de toutes les listes de l'opposition, parce ce que c'est ça qui va représenter le Président de la République !
« La campagne européenne n'est pas la campagne présidentielle. Mais personne ne niera quand même que le duo Madelin-Séguin c'est quelque chose qui rappelle 1995 et qui doit quand même être très proche de J. Chirac, quoi qu'en disent les détracteurs actuels, qui font du chiraquisme, eux aussi, et.je m'en félicite.»
Q - Au printemps dernier, lors de la scission de l'UDF vous aviez quitté les centristes pour rejoindre Démocratie libérale en disant : « le Centre c'est fini ». Aujourd'hui, F. Bayrou vous dément.
« Non, non, je ne crois pas Je crois que ce qu'il faut, c'est créer une véritable force d'alternance, d'opposition, de droite libérale. Je crois que l'idée du Centre - qui est une idée très intéressante, intelligente - ne se comprend que dans l'union de la droite.»
Q - M Bayrou ne dit pas le contraire. Il dit : j'appartiens clairement à l'opposition.
« Oui. Il dit, il dit, mais enfin, il y a eu quelques oeillades appuyées, au mois de janvier, qui laissent perplexes: Ce qui s'est passé en Rhône-Alpes n'est pas un phénomène mineur, même si on ne doit pas le considérer comme un acte majeur de la politique française. Il y a quelques oeillades Je dois dire que M. Pasqua, qui est l'alter ego de M. Bayrou dans le match, fait, lui aussi, des oeillades quand il veut régularisés les sans-papiers. Moi je voudrais que l'opposition puisse s'affirmer sans ambiguïté, en face de la gauche, pour créer une véritable alternance. Que cette alternance soit du Centre, qu'elle soit droite, il y a des différences et des divergences. Chez nous, à Démocratie libérale, J.-P. Raffarin n'a pas forcément le même point de vue que le mien On peut avoir toutes les diversités possibles, à condition de rester dans la norme. Nous créons une alternance en face de la gauche, et le plus rapidement possible. Ce qui va se passer aux européennes, c'est une répétition générale. La bataille pour gagner à Strasbourg, c'est la bataille pour gagner à Paris dans quelques années. Ne multiplions pas les divergences: Les Français de droite et du Centre en ont assez »