Texte intégral
TF1 - lundi 21 juillet 1997
TF1 : Vous sortez de la commission des Finances du Sénat, vous avez expliqué l’ensemble de ces mesures, on va y revenir très largement. Mais d’abord, cette première question : au fond, est-ce que vous aviez vraiment besoin de cet audit sur les comptes de la France ? Est-ce que la note d’Alain Juppé, à son sortir de Matignon, n’était pas suffisante ? Et j’ai envie de dire : est-ce que ce n’était pas un peu un « coup » politique ?
Dominique Strauss-Kahn : Pas du tout ; on en avait absolument besoin. Écoutez, pendant la campagne, la majorité précédente n’a rien dit aux Français. Le jour où l’ancien Premier ministre passe les pouvoirs au nouveau, en catimini, il lui glisse une note, en lui disant : vous savez, peut-être que, finalement, les déficits, c’est supérieur à ce qu’on croyait. Lionel Jospin ne va pas fonder la politique de la France sur ce qu’il lui dit comme ça, entre deux portes ! Surtout que des chiffres très divergents avaient été donnés. Il fallait que la vérité soit dite aux Français ; elle a été demandée à deux magistrats indépendants, nous avons maintenant cette vérité. Et la majorité…
TF1 : Vous la connaissiez il y a plusieurs semaines déjà ?
Dominique Strauss-Kahn : On la sentait, vous avez raison. Dans la déclaration de politique générale, Lionel Jospin a dit : « la situation budgétaire est sérieuse ». C’est donc bien qu’on pensait que ça n’allait pas très bien. Mais l’avoir précisément, savoir exactement où on en est, il fallait que des magistrats indépendants le fassent. Et je crois que Lionel Jospin, qui a toujours voulu que la vérité soit dite aux Français, a bien fait de passer par cette méthode. Écoutez, honnêtement, on aurait cru Alain Juppé, sur sa parole, alors que cette parole pendant la campagne législative, il ne l’avait pas dite aux Français, comme il n’a pas dit, pendant la campagne, qu’il y avait un tel déficit ? Ce n’était pas raisonnable ! Il fallait faire cette investigation.
TF1 : Alors encore un mot sur l’audit : à la lecture de l’audit, on a eu le sentiment que ce sont les déficits publics qui sont en cause, c’est-à-dire qu’en fait, ce sont les rentrées fiscales qui n’ont pas marché. Donc est-ce que c’est la faute à la conjoncture ou est-ce une erreur de pilotage du gouvernement Juppé ?
Dominique Strauss-Kahn : Vous avez raison. Il y a un peu de dépenses qui sont en trop et surtout, il y a des recettes qui ne sont pas là. Est-ce que c’est la faute à l’un ou à l’autre ? Je ne veux pas me prononcer, ce n’est pas un réquisitoire. L’objectif du Gouvernement n’est pas de montrer les prédécesseurs en disant : regardez comme ils ont été mauvais ; c’est de dire : voilà la situation dans laquelle nous sommes ; nous allons la traiter ; et de le dire clairement aux Français.
TF1 : On va être très simples : pourquoi avez-vous choisi de taxer les entreprises, d’épargner les ménages ?
Dominique Strauss-Kahn : Je crois qu’il faut être, effectivement, très simple : il faut des mesures. Évidemment, il faut redresser cette situation. On ne peut pas rester avec un déficit énorme. Pourquoi ? Vous avez dit dans votre petit film : parce qu’il y a nos contraintes européennes, on veut faire l’euro. C’est vrai, mais ce n’est peut-être pas la raison principale. La raison principale, c’est qu’avec un tel déficit, la dette augmente. À mesure que la dette augmente, ce sont les traites sur l’avenir, sur nos enfants qui augmentent. Il faut que nous traitions nos propres problèmes ; on ne peut pas, comme ça, toujours, avoir un niveau d’endettement et de déficit qui augmente. Il fallait le traiter. En plus, c’est vrai, nous voulons être au rendez-vous de l’euro. Alors, quelles sont les mesures ? Eh bien on voulait des mesures qui soient cohérentes avec notre politique. »
TF1 : Surtout, d’abord, les ménages.
Dominique Strauss-Kahn : Je vais y venir. C’est notre politique que nous mettons en œuvre. Quelle est la politique du Gouvernement ? C’est la croissance et l’emploi. Et donc il faut des mesures qui ne nuisent pas à la croissance, et qui ne nuisent pas à l’emploi. D’où la réponse à votre question. Qu’est-ce qu’a fait Alain Juppé en 1995 ? Il a tapé sur les ménages : 116 milliards ! La TVA ! De partout ! Les ménages n’ont plus consommé, la croissance s’est arrêtée. Nous, nous voulons soutenir la croissance, nous voulons l’emploi, donc il faut trouver le moyen de combler le trou, ça oui – même si ce n’est pas le nôtre, mais il faut quand même le combler –, mais par des mesures qui ne nuisent pas à la croissance. C’est le contraire du plan Juppé. Le plan Juppé est un plan d’austérité pour les ménages. Vous vous en souvenez ; on voit bien les résultats que ça a donné. Nous voulons faire le contraire, nous voulons des mesures qui réduisent le déficit, mais qui, pour autant, ne nuisent pas à la croissance. Ça, c’est le premier point, et ça explique pourquoi nous n’avons pas touché les ménages.
TF1 : En même temps, vous aviez promis, en tout cas pendant la campagne, une baisse de la TVA, et pour l’instant, il n’y a pas de calendrier ?
Dominique Strauss-Kahn : Vous avez raison, mais attendez, attendez ! Pendant la campagne aussi, on ne savait pas qu’on était à ce déficit-là, on le découvre. On va organiser plus tard la baisse de la TVA. Sans doute, on le fera ; on l’a promis, on le fera. Mais pour le moment, il faut combler un trou. On n’en est pas à baisser les impôts, on est malheureusement à trouver des ressources en plus. Alors on fait un peu d’économies du côté de l’État, vous l’avez vu, pas mal quand même : dix milliards de francs. En milieu d’année, ce n’est pas si facile. Et puis 22 milliards de prélèvements d’impôts sur les entreprises. Lesquelles ? Alors, on pourrait dire : on va toucher toutes les entreprises. Ce n’est pas raisonnable. Il y a des entreprises qui ne peuvent pas. Car si nous voulons respecter la croissance et l’emploi, on veut aussi que nos principes soient respectés. C’est la solidarité, c’est ceux qui peuvent payer qui doivent payer. Pas toutes les entreprises, il y en qui ne peuvent pas, mais celles qui font des bénéfices et donc des ressources. Et encore, pas toutes, pas toutes celles qui font des bénéfices, pas celles qui créent des emplois. On sait bien que ce sont les petites entreprises, les moyennes, aujourd’hui, qui créent des emplois. Donc il faut sortir de la mesure, ne pas toucher les PME. Et en plus, il faut bien montrer que ceci est temporaire, et donc nous avons dit : c’est 1997, c’est 1998, et ça baissera à partir de 1999. On a dit déjà de combien ça baisserait. Tout cela est annoncé. Donc c’est cohérent avec notre politique : la croissance et l’emploi. C’est juste : ça ne touche pas les ménages ; et c’est simple : c’est une mesure – l’impôt sur les sociétés –, pas 36 mesures, comme dans les plans précédents qui ont pu exister.
TF1 : Alors, les grandes entreprises vont payer la facture. Est-ce que ce n’est pas trop leur demander ? M. Gandois vous reproche ces nouvelles mesures fiscales. Par ailleurs, même de votre bord, je dirais que Julien Dray, dès ce matin, vous reprochait ce genre de mesures, car il dit qu’il n’y aura pas de hausse de salaires, donc il n’y aura pas de reprise, il n’y aura pas d’emploi. C’est un peu les critiques que l’on entend ici et là…
Dominique Strauss-Kahn : Que le CNPF dise qu’il n’est pas très content d’une hausse d’impôts sur les entreprises, honnêtement, on n’en attendait pas autre chose. Je trouve qu’il est très modéré car il sait que cette mesure est une mesure qui est celle qui fait le moins mal à la croissance et à l’emploi, la plus juste. Julien Dray, on est surpris de le retrouver dans cette affaire du côté des patrons, mais ce n’est pas mon affaire. Ce qui me paraît important, c’est bien de montrer que, dans cette mesure, nous ne touchons pas l’emploi, nous ne touchons pas la croissance, nous ne touchons pas l’investissement. Je me suis permis d’amener un petit graphique. Peut-être peut-on le montrer, je ne sais s’il est bien visible ?
TF1 : Oui, il est à l’antenne.
Dominique Strauss-Kahn : Voilà. Qu’est-ce qu’il montre ? Deux courbes : celle qui monte, c’est l’épargne des entreprises. Et celle qui descend, malheureusement, c’est l’investissement. Et on voit bien qu’en 1992, ça s’est croisé. Et où est-ce que nous en sommes aujourd’hui ? Dans une situation dans laquelle les entreprises épargnent plus qu’elles n’investissent, elles ont plus d’argent que pour leurs investissements. Et donc, leur prendre quelques ressources, par l’impôt qui est prévu, à celles qui ont cet argent, qui ne sert pas à l’emploi, cet argent qui n’est pas utilisé pour investir, ça ne va pas nuire à l’investissement. Puisque justement, cet argent, il va où ? Il va être placé sur les marchés, il leur rapporte un peu d’argent, de revenus financiers. Mais ça ne sert pas à l’emploi. Et donc, c’est bien cohérent avec toute la politique que nous voulons conduire : c’est bien la croissance et l’emploi, et donc trouver des ressources quand c’est nécessaire, là ou ça ne nuit pas à l’investissement, et là où c’est juste. Je crois que c’est ce qui a été mis en œuvre.
TF1 : Vous appelez ces mesures « mesures de réajustement ou d’accompagnement. » Est-ce qu’au fond, vous n’êtes pas en train de pratiquer une politique de rigueur qui ne dit pas son nom ? Est-ce que la décision pour les entreprises n’est pas austère et rigoureuse ?
Dominique Strauss-Kahn : Non, non, je ne crois pas. C’est rigoureux car il faut être rigoureux, toute personne qui tient un compte le fait de façon rigoureuse. Il ne s’agit pas de se tromper dans les comptes. Mais çà n’est pas une politique de rigueur. Une politique de rigueur, c’est la politique du plan Juppé, c’est une politique qui tape sur les ménages et qui, par-là, casse la croissance. Ça, c’est une politique…
TF1 : D’accord, alors…
Dominique Strauss-Kahn : Laissez-moi finir. Ça, c’est une politique qui prend de l’argent qui était inutile puisqu’il ne servait pas à l’investissement. C’est pour ça que je me permets d’insister, pardonnez-moi, c’est le point qui est important car c’est de l’argent qui ne servait pas à investir. Si on le prenait à ceux qui n’ont pas de ressources, aux entreprises qui ne font pas de bénéfices, ça serait un vrai problème. Mais, dans l’immense majorité – le graphique le montrait tout à l’heure –, ce sont les entreprises qui ont des ressources qui ne leur servaient à rien.
TF1 : Alors, une question et ça, on se la pose tous : est-ce qu’il n’y aura pas une deuxième salve de mesures, celles-là qui toucheraient le contribuable ? Est-ce qu’ici, vous pouvez nous dire qu’il n’y aura pas d’augmentation sur l’impôt, par exemple sur les grandes fortunes qui est un symbole fort de la gauche ?
Est-ce qu’il n’y aura pas une réforme fiscale où la solidarité sera mise à l’épreuve ? Bien évidemment, on a envie de ce genre de réponse.
Dominique Strauss-Kahn : La situation de 1997, l’héritage du gouvernement Juppé, le dérapage de ses comptes, est réglée. Nous sommes maintenant en situation de revenir à la normale et donc de pouvoir construire l’euro comme il convient. Maintenant, vous me dites : comment ça va continuer ? On le verra avec le budget de 1998.
TF1 : Mais c’est très bientôt ?
Dominique Strauss-Kahn : Mais, en effet, la gauche va mettre en œuvre sa politique. C’est quoi ? C’est qu’il faut rééquilibrer entre les revenus du capital et les revenus du travail. Nous l’avons dit, nous le ferons bien sûr. Mais à cette occasion-là, il ne fallait pas casser la croissance. Dans l’avenir, l’ensemble de la politique que nous avons annoncée, que Lionel Jospin veut mettre en œuvre, sera effectivement mise en œuvre, bien sûr ! Mais quand j’entends les critiques de l’opposition, je me dis que quand même, ils pourraient être un peu plus décents, c’est eux qui laissent le pays avec 0,5 à 0,7 de déficit en plus que ce qu’ils ont voté eux-mêmes il y a six mois ! C’est eux qui, dans le passé, ont mis en place des mesures qui touchaient toutes les entreprises. Rappelez-vous le plan Juppé, toutes les entreprises. Les PME n’étaient pas exonérées. Et ils viennent nous dire maintenant que nous ne faisons pas assez attention aux entreprises. Je crois que ça n’est pas raisonnable. Je crois vraiment que ce plan est cohérent, il est simple, il est juste, il atteint son objectif. Et puis, nous verrons ensemble – peut-être j’aurais la chance d’être à nouveau invité par TF1 –, à l’occasion du budget de 1998, comment la gauche met en œuvre son programme, en rééquilibrant, en effet, entre les revenus du capital et les revenus du travail, mais sans augmenter les impôts au total. Il faut rééquilibrer l’impôt dans notre pays car il n’est pas juste. Mais il ne s’agit pas d’augmenter les impôts, ceux-ci n’augmenteront pas.
TF1 : Sur quelle voie vous travaillez ?
Dominique Strauss-Kahn : Justement, je vous le disais à l’instant, il n’est pas normal que, aujourd’hui, on soit moins imposé pour le même revenu lorsqu’il vient du revenu du capital, lorsqu’il vient du revenu du travail. Ceux qui ont leurs revenus par le travail ne doivent pas être plus imposés que ceux qui l’ont, on disait à une époque rappelez-vous « en dormant ». Je ne sais pas s’ils l’ont en dormant, mais en tout cas, par le revenu de leur capital. Et nous voulons rééquilibrer ça, parce que c’est aussi un soutien à l’effort. Si on veut que les gens fassent des efforts, si on veut que les créateurs créent, si on veut que les gens fassent des études pour être plus qualifiés et par conséquent gagner mieux leur vie, il faut leur dire : quand vous gagnerez votre vie, mieux, par le travail, vous serez moins taxé que si vous la gagnez en ne faisant rien, rien qu’avec votre capital. Voilà le sens dans lequel nous voulons aller. Mais pour le moment, c’est 1998. Ce que nous montrons, là, aux Français, ça a été avec « le décret d’avance » d’il y a quelques jours – c’est un terme technique, pardonnez-moi – qui a permis à Lionel Jospin de financer les différentes mesures pour la rentrée : l’allocation de rentrée scolaire, les cantines scolaires etc. Nous avons montré que nous allions dans le sens de notre politique. Nouvelle étape aujourd’hui – comme au Tour de France, chaque jour une étape : remédier à ce que dit l’audit et aux errements de la politique du gouvernement passé. Nous le faisons dans le sens de notre politique, dans le sens de la croissance, dans le sens de l’emploi. Et puis, prochaine étape : ce sera celle du budget. Nous en parlerons à ce moment-là. Ça soutiendra, de nouveau, notre politique. Ça montre quoi ? Ça montre que, contrairement à ce qui a été beaucoup dit, il peut y avoir une politique de gauche qui est différente d’une politique de droite.
Le Parisien - 23 juillet 1997
Le Parisien : Les mesures fiscales que vous avez annoncées hier épargnent les ménages mais taxent les entreprises. Certains, notamment Alain Madelin, disent que cela va pénaliser l’emploi. Que répondez-vous ?
Dominique Strauss-Kahn : Quand Alain Juppé a instauré une surtaxe de 10 % sur l’impôt sur les sociétés, en 1995, je ne me rappelle pas qu’Alain Madelin, alors ministre de l’Économie, ait fait le moindre commentaire pour expliquer qu’il fallait exonérer une partie des entreprises. Il peut toujours dire maintenant qu’en mettant à l’écart de la mesure 80 % des sociétés, et 32 % des profits, ce n’est pas assez, mais il aurait été bienvenu d’y penser quand il était aux affaires… Je trouve donc les critiques des grands défenseurs de la petite entreprise assez mal venues de leur part. D’autant qu’ils n’ont pas su contrôler la dépense publique sur les six premiers mois de 1997. Dans ce cas-là, il faut quand même respecter une certaine période de décence.
Le Parisien : Au-delà de la polémique, est-il vrai, comme l’affirme Madelin, qu’un salarié sur deux du secteur privé travaille dans les entreprises concernées par la hausse de l’IS ?
Dominique Strauss-Kahn : Écoutez, nous avons choisi la voie qui aurait le moins d’effet négatif possible sur la croissance et l’emploi. Que les grandes entreprises occupent beaucoup de salariés, c’est une évidence. Mais ce ne sont pas elles qui créent des emplois en France, ce sont les PME. Et c’est cela, le critère qui compte. Donc, ponctionner 22 milliards de francs sur les entreprises, à qui il reste 134 milliards par an d’excédents d’épargne sur leurs investissements, ce n’est pas nuisible à l’emploi. Cet argent est placé sur les marchés parce que les entreprises ne savent pas quoi en faire : faute de débouchés, elles n’osent pas investir, et elles ne s’en servent pas pour embaucher en France.
Le Parisien : Le gouvernement a finalement renoncé à toucher, cette année, à la baisse de l’impôt sur le revenu décidée par le gouvernement Juppé. Qu’en sera-t-il l’an prochain ? Allez-vous remettre en cause le principe d’une réduction sur cinq ans mise en place par vos prédécesseurs ?
Dominique Strauss-Kahn : Cette année, nous y avons renoncé essentiellement pour deux raisons : d’abord, ce n’était pas logique de demander un effort supplémentaire aux ménages, même les plus aisés, alors que nous voulons relancer la consommation pour doper la croissance. Ensuite, cette baisse a été votée par le Parlement, pour l’année 1997. La parole de l’État était engagée, et il n’était donc pas question de faire marche arrière. En revanche, rien n’est décidé pour 1998 ni au-delà. Je vous rappelle qu’en France, on vote les dépenses et les impôts année après année. Un engagement sur cinq ans, cela ne veut rien dire.
Le Parisien : Donc, pas de baisse de l’impôt sur le revenu l’année prochaine ?
Dominique Strauss-Kahn : Je ne dis pas qu’on poursuivra la baisse, mais je ne dis pas non plus qu’on ne la fera pas. Pour le moment, tant que l’équilibre d’ensemble du budget 1998 n’est pas arrêté, je ne peux rien décider. Ma philosophie générale est qu’il faut taxer plus les revenus du capital et moins ceux du travail.
Le Parisien : Quoi qu’il arrive, le budget de l’État pour 1998 sera encore placé sous le signe de la rigueur ?
Dominique Strauss-Kahn : Le budget 1998 s’annonce difficile à construire, notamment parce que celui de 1997 a bénéficié des 37,5 milliards de la « soulte » de France Télécom (NDLR : somme payée par l’entreprise en échange de la prise en charge par l’État de la retraite future de ses agents). Cette recette n’existera pas l’an prochain, et comme l’a annoncé le Premier ministre, nous allons élaborer le budget 1998 sur la base d’un déficit limité à 3 %. Je proposerai pour cela des économies sur des dépenses non prioritaires : je suis hostile à la réduction aveugle des dépenses publiques mais si l’on veut un État de qualité, il faut faire des choix.