Déclarations de M. Jean-Jack Queyranne, secrétaire d'Etat chargé de l'outre-mer, sur le développement régional de La Réunion, notamment l'insertion professionnelle et l'emploi des jeunes, les questions d'aménagement et de logement et l'intercommunalité, La Réunion du 4 au 6 novembre 1997.

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Circonstance : Voyage de M. Queyranne à La Réunion du 4 au 6 novembre 1997

Texte intégral

Le 4 novembre 1997 - Discours prononcé par monsieur Jean-Jack Queyranne, secrétaire d’État à l’outre-mer à la mairie de Saint-Denis

Monsieur le Député-Maire,
Mesdames, Messieurs,

Je suis très heureux de me trouver ici, avec vous, dans cette maison commune de cette belle ville de Saint-Denis que je découvre avec plaisir.

Je vous remercie de votre accueil qui, tout en étant conforme à une vieille tradition républicaine, apporte ce supplément d’âme, cette spontanéité et cette chaleur humaine qui caractérisent l’outre-mer. Soyez remerciés pour cet accueil et à travers vous la population de Saint-Denis.

Vous avez abordé, Monsieur le député-maire, des sujets qui vous tiennent à cœur et qui préoccupent à juste titre vos administrés.

Il s’agit notamment de l’insertion et de l’emploi des jeunes, des questions d’aménagement et de logement, du développement économique et de l’intercommunalité.

S’agissant de l’emploi des jeunes, je suis tout à fait conscient de la gravité de la situation. A la Réunion, un jeune actif sur deux est privé d’emploi. Nous devons faire face à un véritable défi d’éviter la marginalisation, l’exclusion, la désagrégation du tissu social et le recours à la violence comme dernier moyen d’expression d’une jeunesse à la recherche de sa juste place dans la société. Vous avez été particulièrement confronté dans votre ville à cette désespérance puisque pendant presque un mois se sont succédé des manifestations de jeunes qui ont interpellé les élus locaux et je sais la part active que vous avez eue, Monsieur le Maire, pour maintenir le dialogue avec eux.

Votre commune de Saint-Denis apporte d’ailleurs à la solution de ce problème une contribution décisive avec ses services publics, ainsi qu’avec les nombreuses associations et initiatives qu’elle soutient.

Le rôle des communes est irremplaçable dans le maintien de la cohésion sociale.

Vous avez souligné l’importance du dispositif CES pour apporter une première réponse aux demandes des jeunes. Je souscris à cette analyse. Le Gouvernement ne souhaite pas raréfier ce moyen de procurer de l’activité aux jeunes tout en remplissant une tâche d’intérêt général. Mais la mesure CES a été, à mes yeux, trop largement et trop massivement offerte dans le passé à des publics qui pouvaient espérer d’autres voies d’accès à l’emploi. Les collectivités locales ont par ailleurs été débordées par le nombre de contrats à gérer. Ce dispositif pèse parfois trop lourdement sur leur budget fragile.

C’est pour ces raisons que les gouvernements successifs ont recherché une diversification de l’offrir d’insertion : c’est l’objet des contrats d’insertion par l’activité (C.I.A.) mis en œuvre par l’agence d’insertion et des contrats d’accès à l’emploi permettant une insertion en entreprise.

Les contrats emplois-jeunes constituent, de ce point de vue, une avancée essentielle dans la voie de la diversification et de l’amélioration des dispositifs existants, puisque pour la première fois des activités nouvelles permettant de répondre à de besoins non satisfaits vont pouvoir, grâce à l’action coordonnée de l’État et des collectivités locales, créer de l’emploi durable et à temps plein pour les jeunes.

La réussite de ce nouveau dispositif résidera dans la qualité des projets qui pourront être présentés à l’agrément de l’État. Vous m’avez fait part de votre souhait de voir adopter en ce domaine des procédures qui prennent en compte le contexte local. Je souscris à cette proposition qui pourra être mis en œuvre par le comité de pilotage constitué autour du préfet et qui comporte une large représentation des élus.

Un premier bilan des projets déposés fait déjà apparaître sur la commune de Saint-Denis des projets pour près de 500 emplois portés par le secteur associatif et répartis dans les secteurs appréciés avec souplesse et réalisme. Ils devront néanmoins répondre aux trois critères d’évaluation principaux, à savoir leur utilité sociale, leur caractère innovant et les capacités de pérennisation des emplois qui s’en dégagent.

En tout cas, en 1998, le FEDOM disposera des moyens permettant de stabiliser le nombre de solutions d’insertion offertes et, si la qualité des projets présentés dans le cadre des emplois-jeunes, le justifie de dotations complémentaires pourront être attribuées par la Ministre de l’Emploi et de la Solidarité. C’est l’engagement qui a été pris au cours du débat parlementaire.

S’agissant du développement économique et la zone franche urbaine, je voudrais vous apporter les précisions suivantes :

La politique de la ville prend toute sa signification dans une commune comme Saint-Denis. Aussi, dans la droite ligne des actions qui ont été inscrites dans le contrat de la ville, signé entre l’État et la commune dans le cadre du XIe Plan, la ville de Saint-Denis a bénéficié d’une des six zones franches urbaines (ZFU) instituées outre-mer par la loi du 14 novembre 1996. Cette ZFU contribuera à renforcer la cohésion sociale dans cette partie de la ville grâce à une redynamisation du tissu économique et à la création d’emplois favorisée par le régime d’exonérations fiscales et sociales.

L’État jouera pleinement son rôle en appuyant toutes les initiatives locales qui permettront de transformer ce dispositif fiscal en actions concrètes qui bénéficieront aux Dionysiens et aux Réunionnais.

La programmation en faveur du logement social à Saint-Denis constitue un axe fort dans la mise en œuvre de l’État à la Réunion. Elle bénéficie du partenariat qui existe dans votre département en matière de politique de l’habitat ; je veillerai à ce que ce partenariat puisse encore être renforcé. Il constitue en effet la base indispensable à la mise en œuvre d’un développement de l’habitat équilibré, correspondant aux aspirations des habitants de l’outre-mer, qu’ils soient des acteurs socio-économiques ou de simples habitants.

C’est d’ailleurs dans ce même esprit de partenariat au plus près du terrain que j’ai demandé au préfet, fin août, d’identifier, avec les acteurs du logement social, les verrous freinant la consommation de la LBU. Une telle analyse systématique a permis de rendre visibles les facteurs de blocage et de proposer pour chacun une réponse appropriée.

Je sais que cette démarche a été appréciée et je souhaite qu’elle soit pérennisée dans le cadre d’un groupe rassemblant l’ensemble des acteurs du logement social (partenaires financiers, VAF, collectivités, opérateurs, profession du BTP, service de l’État), groupe qui serait une force de propositions, de suivi, d’analyse, d’évaluation et de prospective.

A partir du 1er janvier 1998, la Résorption de l’Habitat Insalubre sera transférée au Secrétariat d’État à l’outre-mer. Ce transfert sera l’occasion d’une relance de la lutte contre l’insalubrité qui n’est pas un phénomène acceptable à l’aube du XXIe siècle. Soyez assurés que j’y consacrerai toute l’attention et toute l’énergie nécessaires. D’ores et déjà, je peux vous annoncer que l’instruction des dossiers au niveau central se fera plus rapidement que par le passé grâce à la création d’une commission interministérielle spécifique qui traitera de la Résorption de l’Habitat Insalubre à la place du Comité Interministériel des Villes.

De plus, une circulaire spécifique à l’outre-mer viendra dès le premier semestre 1998 actualiser et réformer la procédure en vigueur dans le but d’une plus grande efficacité et d’une parfaite adaptation au contexte domien.

En ce concerne plus spécifiquement Saint-Denis, les efforts conjugués de l’État et de la commune ont permis de résorber l’essentiel des bidonvilles. Cependant, il convient d’être vigilant et de poursuivre dans cette voie pour éliminer les poches d’insalubrité qui demeurent.

Je serais très attentif à l’attribution des moyens permettant à la ville de Saint-Denis de poursuivre dans la voie du développement harmonieux et équilibré de son parc de logement social qui doit s’accompagner par la poursuite de la résorption de l’habitat insalubre.

Vous avez abordé la question de l’intercommunalité. Je me réjouis que les conseils municipaux des trois communes du nord de l’île, - Saint-Denis, Sainte-Marie et Sainte-Suzanne – aient approuvé le 15 octobre dernier les statuts de la Communauté Intercommunale du Nord de la Réunion, la CINOR, dans laquelle les trois villes seront associées. Le conseil de la Communauté chargé d’administrer cette structure a été désigné, ainsi que le Président de la Communauté en la personne de Monsieur Jean-Louis Lagourgue, Maire de Sainte-Marie et Président de l’Association des maires de la Réunion. Au-delà des clivages politiques, vous avez su ainsi mettre en place une structure permettant de regrouper la ville de Saint-Denis et les deux communes périphériques de l’Est pour développer en commun les activités économiques à partir d’une zone franche et de la zone aéroportuaire, et instaurer un réseau de transports en commun sur un même bassin d’emploi.

Cette expérience est de nature à constituer un véritable rôle de développement au service de l’ensemble de l’île. L’État appuie cette initiative et souhaite qu’elle serve d’exemple pour susciter d’autres créations de communautés de communes.

C’est dans les initiatives locales, la concertation avec les acteurs sociaux économiques, la coopération avec les autres collectivités locales que votre ville, comme l’île de la Réunion, pourra avancer. L’État vous y aidera.

Le 5 novembre 1997 - Discours prononcé par monsieur Jean-Jack Queyranne, secrétaire d’État à l’outre-mer, mairie de Saint-Pierre

Monsieur le Député-Maire,
Monsieur le Député,
Messieurs les Maires,
Mesdames, Messieurs,

J’ai suivi avec beaucoup d’attention et d’intérêt vos différentes interventions qui m’ont prouvé, si besoin en était encore, le dynamisme de cette région du sud de la Réunion, de ses élus et de sa population.

Et je tiens à remercier très vivement Monsieur le Député-Maire Élie Hoarau d’avoir organisé la rencontre de ce jour.

Que le sud de la Réunion constitue une région et une entité bien spécifique au sein de l’île, je crois que personne n’en doute. Comme vous l’avez tous souligné, que ce soit du point de vue géographique, humain, économique, social, le sud de la Réunion véhicule une identité qui lui est propre et qui fait toute sa richesse.

L’aménagement du territoire et une meilleure répartition des activités sur l’ile sont l’une des priorités du développement de la Réunion, exprimées notamment dans le schéma d’aménagement régional. Je crois que la présence des services publics doit être renforcée dans cette région afin de donner un impact plus grand encore à vos axes de développement.

La présence des services publics d’abord.

Il appartient à l’État et aux collectivités locales majeures de prendre la particularité du sud de la Réunion et d’y poursuivre le rapprochement entre les services publics et les usagers qu’il a déjà commencé à opérer. Ici, l’État a su adapter ses méthodes habituelles de travail, passé outre ses habituels critères de distance et de démographie pour installer une présente forte de ses services.

Si l’on fait le compte, ce sont la Direction départementale de l’équipement, la Direction régionale des douanes, la Direction régionale de l’industrie et de la recherche, la Direction de l’agriculture et de la forêt qui sont notamment installées dans cet arrondissement Sud, sans compter la présence du Conseil général et du Conseil régional.

Il s’agit là d’une situation tout à fait exceptionnelle outre-mer et elle est justifiée. Je souhaite que nous puissions poursuivre dans cette voie et continuer à accompagner ainsi le développement de votre région.

La prochaine étape sera l’installation définitive de l’administration des Terres australes et antarctiques françaises à Saint-Pierre et j’espère que le premier semestre de l’année 1998 permettra de surmonter les dernières difficultés administratives et financières qui continuent à se poser.

Vous avez évoqué aussi un certain nombre des services nouveaux qui pourraient s’installer ici et notamment le DDCILEC – une installation qui devrait accompagner la mise en service de l’aéroport de Pierrefonds – ou encore une antenne du Rectorat. Je veillerai à ce que les dossiers soient examinés et progressent.

J’ai également été informé des diverses hypothèses concernant le découpage communal. A mon sens, rien ne pourra et ne devra se faire sans l’entier consentement des populations concernées. Il faut prendre garde, également que l’avantage de disposer de communes à la taille significative, avec toutes les conséquences que cela entraîne du point de vue technique et financier, ne soit pas ainsi amenuisé.

Je reste bien entendu ouvert à la discussion, tout en estimant qu’une évolution de la carte communale devra nécessairement s’accompagner de puissantes structures intercommunales.

J’en viens à présent au développement économique et social du sud de l’île pour vous encourager à poursuivre dans les perspectives que vous venez de tracer.

Sur la méthode, je constate tout d’abord que les axes de développement du sud de l’île ont été établis sur place, par les intéressés mêmes. Il s’agit d’une expérience de développement local tout à fait digne d’intérêt par ce partenariat très vivace et très profond qu’elle suscite.

Sur le fond, partant du constat des handicaps amplifiés connus dans le Sud, votre schéma de développement a le mérite de présenter une approche intégrée associant à la fois une politique des infrastructures, le développement d’activités secondaires et tertiaires, la protection d’un environnement et de richesses naturelles hors du commun, enfin un volet d’action social et en matière de logement significatif.

L’État et les collectivités locales accompagnent cet effort de manière significative puisque l’on a pu calculer que 35% des dotations disponibles au titre de la programmation européenne nationale sont affectés au sud de l’île.

Il me semble que c’est ainsi, par un travail tant sur le désenclavement du Sud, que sur le maintien de sa tradition agricole et le développement d’activités de diversification telles que le tourisme vert, que vous contribuerez à créer un véritable pôle d’équilibre à l’agglomération dionysienne qui connaît, depuis près de dix ans, les maux de l’hypertrophie urbaine.

Je voudrais conclure mon propos en vous disant, Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les élus, mes encouragements à persister dans la voie que vous avez ouverte et toute ma disponibilité pour faire en sorte que les paris que vous avez pris, tant en termes de présence des services publics que de développement économique et social réussissent.

Le 5 novembre 1997 - Discours prononcé par monsieur Jean-Jack Queyranne, secrétaire d’État à l’outre-mer à l’occasion de l’inauguration de la Direction de l’agriculture et de la forêt et de la Maison de l’Agriculture

Monsieur le Député-Maire,
Monsieur le Président de la Chambre d’Agriculture,
Messieurs et Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs,

L’inauguration d’un bâtiment administratif, qu’il abrite un service de l’État ou un établissement public, voire les deux comme c’est le cas aujourd’hui, constitue souvent un passage obligé et pour tout dire parfois même une formalité pour les responsables publics.

Si j’ai choisi, ce jour, de procéder à l’inauguration des locaux de la Direction de l’agriculture et de la forêt à Saint-Pierre, c’est bien qu’il s’agit là d’un évènement significatif pour la Réunion et pour le sud de l’île.

Ce caractère exceptionnel de l’évènement tient à deux raisons : affirmer la présence de l’État dans le sud de l’île et dire tout l’intérêt pour les filières agricoles de la Réunion, au premier rang desquelles la filière canne-sucre.

La présence de l’état dans le Sud de la Réunion est une nécessité. En effet, l’arrondissement de Saint-Pierre et, au-delà, la partie sud des arrondissements de Saint-Paul et de Saint-Benoît regroupent une part significative de la population de l’île dans une région au caractère géographique et humain marqué.

Cette région du sud comporte un certain nombre de handicaps et de spécificités qu’il convient de remarquer.

Parmi les handicaps, celui du chômage, qui est proportionnellement plus important ici que dans le reste de l’île, et le revenu de la population, inférieur de près de 20% à la moyenne de l’île.

Ces deux faits suffisent à justifier en soi une présence forte de l’État dans la Région, et des efforts tout particuliers ont d’ores et déjà été consentis jusqu’à présent pour ce faire.

L’installation de la Direction de l’agriculture et de la forêt dans le sud un département vient prendre en compte une réalité locale, la présence d’une part importante de l’activité agricole de l’île dans cette région.

En effet, l’activité agricole du sud de l’île représente plus de 45% des exploitants, 50% des planteurs de canne, une part importante de la filière élevage, des activités de diversification, sans compter l’abattoir porcin construit à partir de 1992.

Dans ces conditions, il était parfaitement légitime, pour ne pas dire normal, que la Direction de l’agriculture et de la forêt s’installe à Saint-Pierre. J’ai tenu à marquer par ma présence à cette inauguration mon attachement à une administration plus proche de citoyens et de réalités de terrain.

Je voudrais saisir l’occasion qui m’est donnée pour m’exprimer sur la filière « canne » à la Réunion. Cette filière est ancrée dans l’histoire, le paysage, le patrimoine réunionnais.

Elle est aussi une réalité économique substantielle puisqu’elle fait vivre 5 000 exploitations représente 50% de la surface agricole utile et maintient plusieurs milliers d’emplois directs et indirects.

La filière canne-sucre a connu au cours de ces derniers mois des difficultés liées à des évènements naturels, la sécheresse et le ver blanc, qui sévissent ici, dans le Sud, mais aussi aux discussions consécutives à la mise en place définitive de la Convention quinquennale de 1996.

Concernant les dégâts causés par le ver blanc et la sécheresse, je voudrais vous dire que le nécessaire a été fait à Paris pour mettre en place les crédits de l’indemnisation prévue depuis la fin du semestre.

Cette mise en place aura été plus longue que prévu et annoncé, je le regrette, mais en tout cas elle est réelle aujourd’hui et les paiements vont intervenir bientôt.

La campagne, qui entre dans ses deux derniers mois, se caractérisera par une récolte de 1,7 millions de tonnes selon les prévisions, pour une richesse qui, si elle croît actuellement, reste en moyenne plus faible que l’an passé.

Je voudrais vous dire solennellement que l’État n’accepte pas un scénario de mort lente de la canne se traduisant par une chute continue de la production de cannes, avec des conséquences inéluctables sur l’équilibre financier des deux usines.

Il est de notre devoir d’affirmer ou, plutôt, de réaffirmer l’objectif d’une production de 2 millions de tonnes et, pour ce faire, de mettre en place les moyens adéquats.

Quels sont ces moyens ?

Je crois qu’ils ont été très largement recensés dans le livre vert du Conseil général et il faut, maintenant, les hiérarchiser pour les mettre en œuvre.

Tout d’abord, nous devons mieux protéger la sole cannière de l’urbanisation, voire, comme l’ont dit en métropole, de la « rurbanisation » dont la pression est très forte à la Réunion.

Protéger les terres agricoles passe par une action coordonnée entre les professionnels, les collectivités locales et notamment les communes qui contrôlent le foncier, la S.A.F.E.R. et l’État.

Il faut que les élus veillent à introduire la problématique de la sole cannière dans les documents réglementaires, et particulièrement les plans d’occupation des sols.

Il faut également remette en valeur les terres incultes, réorganiser le foncier en mettant à profit les départs en retraite.

Deuxième axe de travail : l’amélioration de la production des exploitations. Comparativement à d’autres situations que je connais, la productivité moyenne est bonne à la Réunion. Et je salue là le professionnalisme et l’ardeur à la tâche de planteurs réunionnais.

Mais des marges de productivité peuvent être encore gagnées grâce à trois outils :

- La poursuite du programme de replantation et d’amélioration foncière. J’ai obtenu, le 28 octobre, à Bruxelles, de la Commission Européenne, que le dossier en instance actuellement soit adopté pour le mois de décembre, pour des superficies cohérentes avec vos besoins. Il faudra poursuivre ce plan au-delà de 1999.
- Le « basculement des eaux » va permettre de développer l’irrigation. Il faudra mettre en place un système moderne de gestion des nouvelles ressources en eau.
- L’encadrement technique des exploitants et le lien entre l’encadrement et la recherche devront être encore améliorés. Je crois que vous êtes prêts, localement, à y réfléchir.

Troisième axe de travail : le maintien du revenu des exploitants. Celui-ci est pour l’instant garanti par l’O.C.M. « sucre » et surtout par la convention-cadre entre l’État et les producteurs qui court jusqu’en décembre 2000.

Il faut anticiper la réforme de l’O.C.M. en 2000 et je vous invite d’ores et déjà à y travailler par une démarche interprofessionnelle consensuelle qui sera le préalable à toute ouverture de discussion avec Bruxelles. La réussite de cette démarche conditionnera celle de la négociation à 15 ou plus, si l’Europe continue de s’élargir.

J’en viens enfin au rôle de l’État et des collectivités locales et au dispositif de gestion de ces défis et de ces échéances que je vous propose.

L’État et les collectivités locales sont très impliqués dans la « filière-sucre » et cette implication correspond à l’importance de la canne à la Réunion.

Gestionnaires de dispositifs publics d’aides, l’État et les collectivités sont amenés, trop souvent à mon sens, à arbitrer les discussions interprofessionnelles.

Je crois que l’édification d’un dispositif complet « filière-canne » est désormais une nécessité.

Il pourrait prendre la forme suivante :

1 – Donner vie et installer dans la filière un comité stratégique. Je crois que ce comité stratégique doit être le lieu des discussions sur l’avenir à moyen et long terme de la filière que j’évoquais à l’instant.
2 – Renforcer le rôle de la coordination de l’Association réunionnaise pour la modernisation de l’économie sucrière.

A mon sens, l’A.R.M.E.S., structure existante, doit devenir la cheville ouvrière et l’instrument de coordination du Comité de suivi. Elle doit permettre aux partenaires de se rencontrer et d’échanger sur les grandes orientations de la filière.

3 – Il est indispensable enfin que ce travail d’orientations stratégiques s’articule très étroitement avec les échelons ministériels à Paris et communautaires à Bruxelles. C’est la raison pour laquelle je vous propose, en concertation avec le Ministre de l’agriculture et de la pêche, de charger un ingénieur général du Génie rural des eaux et forêts d’assurer, dans la durée, l’articulation entre les échelons locaux, nationaux et communautaires et d’évaluer les progrès accomplis.

Telles sont, mesdames et Messieurs, les propositions que je souhaitais formuler aujourd’hui devant vous sur la « filière-canne », à l’occasion de l’inauguration de ces locaux de la Direction de l’agriculture et de la forêt.

Il vous appartient désormais, sur le plan local, de vous saisir de ces propositions, de leur donner un contenu opérationnel, accepté de tous, dans le cadre du Comité de suivi du livre vert.

C’est à ce prix, et selon les axes que vous aurez tracés, que la filière canne pourra relever le défi que vous vous êtes assignés, à savoir une production de 2 millions de tonnes et la renégociation, dans de bonnes conditions, de l’O.C.M. -sucre.

Je vous remercie.

Le 5 novembre 1997 - Discours prononcé par monsieur Jean-Jack Queyranne, secrétaire d’État à l’outre-mer à la mairie de Sainte-Marie

Monsieur le Maire,
Mesdames, Messieurs,

C’est avec plaisir que je réponds, Monsieur le Maire, aux propos que vous venez de m’adresser.

J’ai souhaité, dans ce programme très chargé, prendre un peu de temps pour vous rendre visite dans votre commune. Je veux, en effet, que mon déplacement à la Réunion me permette de mieux appréhender la situation locale, en rencontrant, au-delà de tout clivage politique, les élus locaux et notamment les maires qui sont au contact direct des réalités et des difficultés économiques et sociales.

Je souhaite aussi par ma présence dans votre commune souligner l’importance que j’attache à la nécessité d’une meilleure coopération intercommunale.

Je sais, Monsieur le maire, que cette remarque et ce souhait sont particulièrement significatifs à votre égard et à l’égard de votre commune.

Vous êtes le Maire de la commune de Sainte-Marie mais vous êtes aussi le Président de l’Association des Maires du département de la Réunion. Vous avez à travers cette association qui regroupe les 24 communes de la Réunion un instrument de concertation, un lieu de réflexion, d’animation et de proposition, non seulement pour les problèmes spécifiques relatifs aux communes mais aussi pour toutes les questions concernant le développement économique et social de l’île de la Réunion.

Je connais les principales difficultés que vivent les communes. J’en relèverai seulement quelques-unes.

Leur situation financière tout d’abord.

La situation financière des communes est souvent critique et ne leur permet pas de faire face à de nouvelles charges ou à diminution de recettes. Le montant de la dette par habitant s’élève à une moyenne de 6 274 Francs pour les 24 communes de l’île, soit 84% des recettes réelles de fonctionnement. C’est beaucoup trop. Il faut, en outre, ajouter le poids croissant des dépenses de personnel. La gestion financière des communes doit donc être mieux maîtrisés et encadrée. Je sais d’ailleurs, Monsieur le Maire, que, dans votre commune, vous avez été confronté à cette difficulté.

Je sais aussi que vous avez redressé cette situation et que les orientations de développement économiques que vous avez prises, à partir précisément de l’intercommunalité, vont vous y aider encore mieux.

Je suis donc particulièrement sensible à la création de cette communauté de communes, ici à la Réunion, qui rassemble les communes de Saint-Denis, de Sainte-Suzanne et la vôtre. J’y suis d’autant plus sensible que cette communauté de communes, de sensibilités politiques différentes, a su dépasser les clivages politiques pour rechercher avant tout le développement conjoint de deux petites communes autour du pôle de Saint-Denis. C’est là un excellent exemple d’aménagement, du territoire qui cherche dans ces trois communes à mettre en synergie les activités économiques et le développement des transports sur le bassin d’emploi commun à Saint-Denis et aux deux communes de l’est de l’arrondissement.

Je souhaite que cette initiative contribue par là même à l’essor économique de votre propre commune. Elle vous permettra, plus particulièrement, d’être associé à la promotion d’une zone franche industrialo-portuaire, située sur votre territoire, en contiguïté avec l’aéroport de Gillot.

C’est donc cette intercommunalité que je souhaitais souligner. Je vous invite à la promouvoir à la Réunion et, saluant les habitants de votre commune, je vous remercie Monsieur le Maire, de votre accueil.

Le 6 novembre 1997 - Discours prononcé par monsieur Jean-Jack Queyranne, secrétaire d’État à l’outre-mer au Conseil Régional

Madame la Présidente du Conseil Régional,
Mesdames et Messieurs les élus,
Monsieur le Préfet,
Mesdames, Messieurs,

Je vous très vivement de votre accueil ici, au Conseil régional de la Réunion. Depuis deux jours maintenant que je parcours l’île de la réunion, je constate que l’hospitalité réunionnaise n’est ni un vain mot, ni une réputation usurpée.

Vous avez évoqué, Madame la Présidente, lors de votre intervention, la situation économique et sociale de la Réunion. Celle-ci, avec le niveau du chômage connu et notamment le chômage des jeunes, est extrêmement efficace.

Les diverses rencontres que j’ai eues sur Saint-Denis comme dans les parties plus rurales de l’île me renforcent dans la conviction et la nécessité qui s’impose à nous, responsables publics, d’agir vite et de manière efficace.

Cette action efficace doit être conduite par un partenariat étroit entre l’État, les collectivités locales et les acteurs socio-économiques. C’est en quelques sortes le « consensus réunionnais » sur les grands enjeux de développement qu’il nous faut vivre, pour qu’il devienne une forme réunionnaise du pacte républicain proposé aux Français par le Premier ministre, et qui doit vivre à la Réunion.

Je souhaiterais tout d’abord évoquer le développement économique.

Il y a deux façons d’appréhender, je crois, l’économie réunionnaise. La première consiste à rester dans une approche statistique. Avec 100 000 chômeurs pour un peu plus de 675 000 habitants, l’économie réunionnaise semble insuffisamment développée pour satisfaire l’aspiration légitime de nos concitoyens à l’emploi pour tous.

Pourtant, la Réunion a une économie dynamique puisque les séries statistiques pluriannuelles montrent qu’elle est structurellement créatrice d’emplois. Mais ces créations d’emplois sont insuffisantes par rapport à la progression démographique.

Ce constat signifie que le pari du développement des activités marchandes à la Réunion n’est pas un vain objectif.

La réussite de ce pari dépendra d’un certain nombre de facteurs externes que l’Europe, l’État et les collectivités locales devront mieux garantir.

Quels sont ces principaux facteurs ?

* En premier lieu, le désenclavement de l’île.

La construction de la piste « longue » de l’aéroport Roland-Garros, cofinancée dans le cadre des programmes européens et des contrats de plan, a permis d’améliorer la desserte aérienne, d’en réduire le coût et d’augmenter le trafic.

Il faut poursuivre dans cette voie, notamment en mettant à l’étude l’idée d’une desserte de la Réunion à partir d’autres villes européennes que Paris, Lyon, Marseille ou Toulouse et ce, pour favoriser le tourisme et les échanges économiques.

Le désenclavement de la Réunion, c’est aussi assurer des voies de communication internes, sur une île où la géographie est tourmentée. Les communications internes jouent un rôle éminent dans l’aménagement du territoire et dans cet équilibre « Nord-Sud » dont les élus m’ont abondamment parlé hier à Saint-Pierre. Désenclaver l’île, c’est lui assurer un réseau de voies routières satisfaisantes, qu’il s’agisse des voies primaires comme secondaires. A cet égard, il n’est pas certain que dans une région mono-départementale et insulaire, le statut de route nationale soit adapté d’autant que les financements proviennent en majorité du Conseil régional. J’ai demandé à mes services, en liaison avec ceux du Ministère de l’Équipement, d’émettre des propositions sur la question de la priorité, de la gestion et de la maîtrise d’ouvrage des routes nationales.

Il nous faut aussi travailler sur les coûts externes des entreprises. Les services téléphoniques, télématiques et informatiques connaissent régulièrement une amélioration de qualité et une baisse des coûts.

Un mécanisme comme les aides régionales au transport de matières premières mérite d’être sécurisé par une base juridique législative, de même que la prime régionale de promotion industrielle.

* Deuxième facteur, l’investissement.

L’investissement a été fortement encouragé au cours des dix dernières années par la loi de défiscalisation. Je ne reviendrai pas sur les discussions qui ont entouré ce sujet au cours des dernières semaines, mais je souhaite vous dire que j’ai demandé à mes services, en liaison avec ceux du Ministre de l’économie et des finances, d’étudier très précisément les conséquences du système dit de « tunnelisation », voté en première lecture par l’Assemblée nationale. Je pense, en effet, qu’il faut continuer à promouvoir l’investissement des entreprises d’outre-mer.

Je sais également, qu’ici comme aux Antilles-Guyane, mais avec un peu moins d’acuité, se pose la question de l’accès au financement bancaire des entreprises. Un premier a été fait avec la baisse et l’extension du réescompte de l’I.E.D.O.M. Une deuxième phase est en cours avec la réforme de la C.F.D. et vous avez, très récemment encore, Mme la Présidente, sollicité le Directeur général de la Caisse pour que les sociétés de développement régional interviennent sur ce que l’on appelle en termes techniques le financement du « haut de bilan des entreprises ». Je vous soutiens bien entendu dans cette démarche. Mais je crois aussi que nous pouvons aller encore de l’avant. Au cours des discussions que j’ai eues avec madame Wulf-Mathies, Commissaire européen chargé des politiques régionales, la question a été abordée et nous sommes convenus d’avancer sur la question des instruments d’ingénierie financière cofinancés pat l’Union Européenne.

* Troisième facteur de développement des entreprises : les règles fiscales et notamment l’octroi de mer.

Comme vous le savez, la Commission européenne a approuvé, après une procédure fort longue, la délibération du Conseil régional de la Réunion du premier semestre 1996 en matière d’octroi de mer. Nous attendons pour le mois de décembre, semble-t-il, les deux arrêts de la Cour de Justice des Communautés Européennes portant sur le régime en vigueur depuis 1992. Personne n’est en mesure, à ce jour, de présager le contenu de ces deux arrêts et je vous propose, dès la décision connue de travailler très vite avec la Commission Européenne, pour définir un nouveau régime sur la base de l’article du Traité européen sur les régions ultrapériphériques adopté fin juin à Amsterdam.

* Quatrième facteur : la dépense publique.

Elle est, à la Réunion, assurée avec régularité, efficacité, et de plus en plus d rigueur, grâce au partenariat qui entoure la gestion des programmes européens et du contrat de plan. Il est particulièrement important de poursuivre sur cette voie, et ce à un double titre : d’abord parce que la dépense publique, singulièrement outre-mer, entretient et développe l’activité, ensuite parce que c’est à l’aune de la consommation et de l’impact de fonds que la Commission Européenne et le Conseil jaugeront l’opportunité d’une poursuite, voire même d’une augmentation de l’intervention des fonds structurels. Qui plus est, il est clair que ni la Commission, ni le conseil n’accepteront de prolongation des délais d’engagement et de paiement en fin de l’actuelle période.

* J’ajouterai enfin un cinquième facteur, mais qui ne concerne que partiellement le Conseil régional : la formation et le dialogue social.

Je sais que vous vous êtes engagés, à la Réunion, dans une politique volontariste de formation, qu’il s’agisse de l’enseignement, de la formation professionnelle comme dans la formation professionnelle comme dans la formation permanente. Cette politique devra être maintenue notamment dans la prochaine période de programmation.

Je souligne enfin que je tiens à encourager la culture du dialogue social et du paritarisme que je perçois ici, même si les conditions de sa pratique sont parfois difficiles. Une île qui compte 40% de sa population active dans une situation de privation d’emplois, se doit, comme l’ont parfaitement perçu les partenaires sociaux, de privilégier l’effort en commun en vue de développement.

Cette culture du dialogue et du paritarisme n’exclut pas, bien entendu, tel ou tel conflit particulier, et c’est une chose bien normale de la vie en société. Mais savoir se réunir, s’unir au service de développement de l’emploi tel que c’est le cas, ici, à la Réunion, est un acquis précieux qui souligne que ce département d’outre-mer sait aussi montrer la voie.

J’en viens à la coopération régionale et à l’ouverture de la Réunion sur son environnement régional et européen.

J’ai beaucoup insisté, la semaine dernière, lors de mon voyage à Bruxelles, sur le fait que les départements d’outre-mer ne doivent pas être regardés de Bruxelles comme une charge, mais plutôt comme une projection de l’Europe continentale dans des espaces régionaux où naissent les nouveaux courants d’échanges qui seront ceux du XXIème siècle.

Je tiens à ce que l’État continue à associer, comme il le fait ici, les collectivités locales majeures à sa politique de coopération régionale. C’est ainsi que l’État a consulté le Conseil régional et le Conseil général à la veille de prendre la présidence de la Commission de l’Océan indien.

D’autres sujets, plus opérationnels, doivent avancer : le développement d’échanges commerciaux et le soutien aux entreprises exportatrices.

Pour ce qui est des échanges commerciaux, notamment avec les États A.C.P., je sais que deux missions ont lieu actuellement afin que la Réunion ne subisse plus, sur le marché régional, les tarifs douaniers liés à la clause de la nation la plus favorisée et que l’annexe XXIII à la Convention de Lomé prenne une dimension opérationnelle. Je ne puis que soutenir de telles initiatives et je prendrai connaissance avec attention les rapports qui seront produits.

Je tiens à souligner cependant le risque qu’il y aurait à se vouloir être les promoteurs d’une zone locale de libre-échange, notamment avec les pays A.C.P. et dans le même temps à souligner le caractère protecteur de l’octroi de mer pour les entreprises locales, notamment par rapport à la concurrence d’Europe continentale. Votre approche produit par produit est bonne. Prenons garde aux mots trop chargés de sens symbolique, sur place comme à Paris et à Bruxelles.

J’en viens enfin aux entreprises exportatrices. Mes services de la rue Oudinot travaillent à une simplification de ce projet la partie « zonage » au titre de l’aménagement du territoire de ce texte pouvant être traitée dans le cadre de la loi que prépare Madame Voynet et le volet développement des entreprises demeurant, étant entendu qu’on essaiera d’aménager certaines dispositions techniques comme le seuil à partir duquel interviennent les exonérations.

Je pense que l’idée d’un seuil d’activités à l’exportation, progressif dans le temps, tel qu’il a été proposé par les élus et les socio-professionnels de la Réunion, mérite d’être approfondie.

Vous avez aussi, Madame la Présidente, appelé à mon attention sur la mobilité. Comme vous le savez, l’Agence nationale pour l’insertion et la promouvoir des Travailleurs de l’Outre-mer (ANT) continuera d’assurer avec l’aide des collectivités locales, notamment de la Région Réunion, la formation en métropole des originaires d’outre-mer.

Je crois cependant nécessaire d’effectuer l’évaluation de cette action. Les formations sont-elles adaptées ? Le taux de placement sur le marché du travail de bénéficiaires est-il satisfaisant ?

En ce concerne l’égalité sociale, le Gouvernement souhaite poursuivre dans cette voie. L’égalité sociale peut néanmoins se traduire par des formes de discrimination positive.

Tels sont, Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs, les grands axes du pacte de développement économique que je souhaite soutenir pour la Réunion et pour les quatre D.O.M.

Je pense que cette perspective ne doit pas être négligée et la réunion de toutes les approches, de toutes les études, de toutes les perceptions est de nature à approfondir ce pacte de développement économique et social dont les quatre D.O.M., et la réunion en particulier, ont tant besoin.

Le 6 novembre 1997 - Discours prononcé par monsieur Jean-Jack Queyranne, secrétaire d’État à l’outre-mer au Conseil Régional de la Réunion

Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,

Cela fait maintenant deux jours que je suis ici à la Réunion, dans votre département, et que je découvre la diversité de votre île, la jeunesse de sa population, les problèmes et les difficultés dont vous m’entretenez régulièrement par courrier et lors de vos visites à Paris.

Vous en avez évoqué certains aujourd’hui.

Je n’aurai pas de réponse toute faite à tous vos problèmes. Mais, et vous le savez, j’ai la volonté avec vous de trouver des solutions. Je vous remercie d’ailleurs de proposer, à chaque fois que vous décelez un problème, une possibilité de solution.

Je commencerai, Monsieur le Président puisque, c’est la priorité du gouvernement, par la situation préoccupante de l’emploi et notamment de l’emploi des jeunes.

Plus de 100 000 demandeurs d’emploi en fin de mois à ce jour, un jeune Réunionnais sur deux à la recherche d’un emploi. Ces chiffres parlent d’eux-mêmes. Nous avons l’obligation dans un tel contexte, État, collectivités locales, entreprises privées, d’agir pour résoudre ce problème.

Vous avez, Monsieur le président, pris le problème à bras-le-corps en décidant, et je vous en félicite, de lancer le projet de recruter directement 500 jeunes et de contribuer au financement de 2 000 autres emplois dans le cadre de la loi relative au développement d’activités pour l’emploi des jeunes.

Cet effort important sera accompagné des financements correspondants de l’État.

La dotation actuelle du FEDOM – 300 millions de francs – est une première dotation. Comme l’a répété à l’Assemblée nationale Madame la Ministre de l’emploi et de la solidarité, elle sera ajustée en fonction des projets.

La Réunion aura une dotation correspondant à la qualité de ses projets et je sais combien, depuis l’annonce de la préparation de la loi, vous avez tous travaillé pour mettre au point des projets.

Comme vous l’avez souhaité, le dispositif métropolitain s’appliquera pleinement à la Réunion sans restriction aucune.

J’ai voulu que les crédits destinés à ces emplois-jeunes transitent par le Fonds pour l’emploi dans les départements d’outre-mer (FEDOM) afin de permettre aux cinq députés et aux trois sénateurs qui participent au Comité permanent d’être associés à la réflexion globale sur l’emploi.

Je vous rassure tout de suite, il n’y aura pas de fongibilité s’agissant des crédits affectés aux emplois-jeunes, mais je crois que la politique de l’emploi dans les départements d’outre-mer doit être appréhendée globalement, discutée dans une enceinte et ajustée en fonction des spécificités locales. Le FEDOM le permet.

Je ne voudrais pas pour autant négliger les autres mesures en faveur de l’emploi et de l’insertion : contrat emploi solidarité (C.E.S), contrat d‘insertion par l’activité (C.I.A.) et contrat d’accès par l’emploi (C.A.E.).

Ces autres mesures qui ont fortement diminué en 1996 et en 1997 seront stabilisées en volume en 1998 par rapport à 1997.

A côté de l’effort important que vous engagez, l’État se propose de créer à la Réunion 1 008 emplois dans le secteur éducatif et périscolaire et 30 emplois dans le secteur de la police. Ces derniers étant, il est vrai, des emplois de contractuels de droit public et non plus de contrats de droit privé comme ceux de l’éducation.

A ces emplois d’adjoints de sécurité, s’ajouteront des emplois d’agents locaux de médiation dont l’action se situe en amont de celle des forces de police : accueil, aide à l’alerte sociale, prévention de proximité. Ces derniers seront recrutés sur des contrats du droit privé.

Je connais vos interrogations sur le C.I.A. et sur le C.A.E.  Le C.I.A. ne doit-il pas être étendu à tous les publics ? Le C.A.E., ne crée-t-il pas un effet d’aubaine ? Toutes ces questions feront l’objet d’un examen attentif.

Vous avez aussi, Monsieur le Président, fait des observations et des propositions sur l’organisation et le financement des agences d’insertion (A.D.I.).

Vous avez appelé plusieurs fois mon attention sur le fait que près de 130 000 personnes sur 675 000 habitants que compte la Réunion dépend directement ou indirectement du RMI.

C’est l’A.D.I. qui, au travers du programme départemental d’insertion (P.D.I.) et du programme annuel de tâches d’utilité sociale (P.A.T.U.S.) intervient en faveur des bénéficiaires du RMI. J’ai conscience de la lourdeur de la tutelle. Tout est pratiquement contrôlé de Paris. J’ai pris bonne note de la nécessité d’alléger et de déconcentrer la tutelle. Tout est pratiquement contrôlé de Paris. J’ai pris bonne note de la nécessité d’alléger et de déconcentrer la tutelle. Je sais que le personnel attend un statut.

Afin d’avoir une vision complète des problèmes actuels des ADI, j’ai demandé aux trois inspections (Inspections générale des finances, inspection générale de l’administration, Inspection générale des affaires sociales) de bien vouloir venir sur place pour étudier et évaluer l’activité de cet établissement.

Mais cette mission va être replacée dans un cadre plus large. Les inspecteurs généraux devront faire une évaluation de l’ensemble de la politique de l’insertion et de l’emploi dans les quatre DOM et donc à la Réunion.

Vous avez aussi appelé mon attention sur le financement actuel de l’A.D.I. notamment sur le problème des reliquats et les reports. La règle de l’annualité budgétaire est en effet difficilement compatible avec le financement du programme départemental d’insertion.

Le budget d’une année ne se trouve réellement disponible pour les actions prévues par le P.D.I. que sur une période de 8 mois aux plus, saufs reports des crédits utilisés. Or ceux-ci sont plafonnés.

Je souhaite que la mission envisagée étudie cette question et fasse des propositions.

Cependant les reliquats ne sont pas récupérés par l’État. Ils vont abonder le fonds de roulement de l’agence.

Je pense, comme vous, que ces hommes ne peuvent rester inutilisés compte tenu des besoins importants, notamment pour financer les emplois-jeunes. Comme vous l’avez suggéré, la possibilité d’utiliser les crédits d’insertion pour les publics jeunes est une piste de réflexion.

Les pistes que vous avez évoquées pour une meilleure intervention des A.D.I. sont étudiées. Deux pistes ont retenu particulièrement mon attention.

La première consiste à donner compétence aux A.D.I. sur tous les publics jeunes et pas seulement sur le public des Rmistes. Si la mission, qui est aussi chargée d’évaluer la politique de l’insertion, indique que cela ne fragilisera pas financièrement les A.D.I., je suis favorable à cette proposition. Elle permettrait notamment d’utiliser des crédits d’insertion pour les publics non Rmistes. Il me semble en effet judicieux, si des crédits sont inutilisés, qu’ils puissent être affectés ailleurs et pour une bonne cause, celle de la lutte contre le chômage.

De la même façon, l’idée d’une mesure spécifique en faveur des jeunes non Rmistes en grande difficulté est aussi à l’étude dans mes services.

L’un des axes essentiels de lutte contre l’exclusion reste le logement, un logement décent pour tous.

Je crois qu’il faut outre-mer, et à la Réunion en particulier, mettre l’accent sur les logements destinés au public le plus défavorisé et notamment sur la formule du type logement locatif très social (L.L.T.S.).
Je suis conscient que la population qui a été logée dans un premier temps avait de revenus permettant d’équilibrer ces opérations, ce qui est de plus en plus difficile s’agissant des nombreux ménages qu’il reste aujourd’hui à loger.

C’est pourquoi j’envisage de lancer une évaluation du dispositif actuel d’aide au logement afin de procéder aux ajustements nécessaires, d’explorer la piste des aides à la personne en complément des aides à la pierre aujourd’hui dominantes.

L’objectif est, bien entendu, de bâtir avec vous un système souple pouvant évaluer selon les besoins et la solvabilité d’hommes et de femmes qui réclament légitimement un toit.

Vous voyez, Monsieur le Président, que cela va totalement dans le sens de vos propositions.

Vous aurez noté que j’ai dit « bâtir avec vous », car le Conseil Général a un rôle essentiel dans la politique du logement social, étroitement imbriquée avec la politique d’insertion, et je salue les efforts déjà accomplis par le département.

Je me bornerai à citer les principales actions en partenariat avec l’État : l’aménagement de terrains et d’équipements secondaires, les contrats d’objectifs habitats, l’habitat en milieu rural, les aides à l’accession et à l’amélioration, le fonds de solidarité pour le logement, le fonds de garantie des prêts à l’accession sociale…


Ce partenariat se concrétise aussi à travers certains opérateurs. En soutenant, conjointement avec mon collègue chargé de l’Économie et des Finances, la candidature de Monsieur Ivoula, Conseiller Général, à la présidence de la SIDR, je me félicite de l’implication renforcée du département dans cette importance société immobilière.

Car l’efficacité d’une politique de logement social ne dépend pas uniquement du montant de crédits alloués, mais aussi de l’efficacité et de la fiabilité d’opérateurs – maîtres d’ouvrages.

Il ne s’agit pas de dire que ce n’est pas une question de moyens car ce serait démagogique de ma part : une LBU conséquente, abondée par une part importante de la créance de proratisation, est vitale.

Mais faire mieux avec ces crédits dont nous disposons, c’est ce à quoi nous devons nous attaquer pour augmenter l’effet de levier des crédits publics. Et il y a de la marge, comme en témoignent les difficultés de consommation de la LBU !

A ce sujet, dès le mois d’août, j’ai demandé au Préfet d’effectuer, avec nos partenaires, une analyse des facteurs de blocage et de proposer pour chacun une réponse appropriée.

Il y a un facteur important qui a ainsi été validé : il s’agit des problèmes liés au foncier. Et là, je suis d’accord avec vous, il faut pérenniser le FRAFU mais aussi améliorer son fonctionnement, c’est-à-dire en faire un véritable fonds unique au service d’une politique foncière.

Mais il faut aussi creuser l’idée d’un établissement foncier pour que cette mesure soit pleinement efficace et pour éviter une hausse des prix des terrains.

Cette analyse qui est le fruit d’une concertation locale, je souhaite la systématiser.

Je souhaite, comme vous, que tous les acteurs du logement social se rencontrent périodiquement pour des séances de travail afin d’identifier ce qui relève du niveau local et ce qui demande une intervention de mon ministère.

Ces acteurs, ce sont les collectivités locales, les financeurs, les opérateurs, la profession du BTP, les CAF ainsi que les services de l’État.

Je pense à un groupe de réflexion et de suivi qui soit une véritable force de proposition. Cela peut se faire au sein de la cellule économique du BTP ou, comme vous le proposez, au sein d’un CDH élargi.

Dans le domaine du logement, comme dans beaucoup d’autres, je crois que c’est sur le terrain que l’on peut ensemble trouver des solutions pour nos concitoyens en difficulté.

Je voudrais maintenant dire quelques mots à propos de l’investissement.

L’investissement a été fortement encouragé au cours des dix dernières années par la loi et la défiscalisation. Je ne reviendrai pas sur les discussions qui ont entouré ce sujet ces dernières semaines. Mais je souhaite vous dire que j’ai demandé à mes services, en liaison avec ceux du ministère de l’Économie et des Finances, d’étudier très précisément les conséquences du système dit de « tunnelisation » voté en première lecture par l’Assemblée nationale. Je crois en effet qu’il faut continuer à promouvoir l’investissement des entreprises outre-mer.

Je ne voudrais pas terminer sans vous parler de ce qui est marquant quand on arrive à la Réunion. Je sais que tous ceux qui viennent ici en font la remarque, mais dans le contexte actuel il est bon de le souligner : c’est le kaléidoscope de races et l’impression de tolérance ; c’est je crois l’essence même de l’identité réunionnaise.

Enfin, 1998 sera l’année du cent cinquantième anniversaire de l’abolition de l’esclavage. Je sais que votre Assemblée a conçu de nombreux projets. Mon ministère apportera le soutien nécessaire à ces manifestations.

Voilà, Monsieur le Président, les réponses que je voulais apporter à vos interrogations. Certaines méritent d’être encore approfondies. Vous savez que vous pouvez compter sur mon écoute et sur celle de mes services.

Le 6 novembre 1997 - Discours prononcé par monsieur Jean-Jack Queyranne, secrétaire d’État à l’outre-mer, à la mairie de Saint-Benoît

Monsieur le Maire,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,

C’est avec grand plaisir que je réponds, Monsieur le Maire, aux amicaux et chaleureux propos de bienvenue que vous venez de m’adresser. Attentif aux différents aspects de la Réunion, et soucieux de découvrir au cours de ce premier voyage la diversité et la richesse de ses terroirs, je suis en effet heureux d’être aujourd’hui à Saint-Benoît, « capitale de l’Est réunionnais ».

Cette rencontre est placée sous le double thème de l’emploi et du développement économique, et plus spécifiquement touristique. Vous me donnez ainsi l’occasion d’aborder avec vous des dossiers importants pour l’avenir de ce département, au travers de l’exemple de votre cité.

Je n’ignore pas les problèmes que connaissent votre ville et ses habitants sur le plan du chômage et de la faiblesse de l’activité économique. Dans un département déjà si durement touché par ces fléaux, Saint-Benoît est en effet dans une situation encore plus défavorable, avec un taux de chômage supérieur à la moyenne départementale et un réseau d’entreprises moins fourni que dans d’autres communes de l’île d’importance équivalente.

La situation géographique de votre ville a certainement contribué à cet état de fait Saint-Benoît a en effet souffert, pour son développement économique d’un enclavement auquel il convient de remédier.

Le désenclavement routier doit donc être poursuivi. Celui en direction de Saint-Denis est fortement avancé, et la réalisation de la voie Bras-Panon / Saint-Benoît permettra, dans moins d’un an, d’être à moins de vingt minutes de Saint-Denis. Cet axe de liaison, qui vous rapproche de l’aéroport international de Saint-Denis devrait faciliter l’implantation des entreprises à Saint-Benoît et vers l’Est, et l’État veillera à ce qu’un équilibre dans l’implantation des entreprises puisse ainsi être atteint.

Le désenclavement routier doit aussi être recherché vers le Sud par une meilleure liaison avec la Plaine des Cafres et Saint-Pierre. Le principe en a été décidé. Sa réalisation vous permettra de vous placer dans le triangle Saint-Denis – Saint-Benoît – Saint-Pierre dans une situation privilégiée entre l’aéroport de Saint-Denis et celui de Saint-Pierre Pierrefonds promis prochain développement.

Vous n’avez pas attendu cependant la réalisation effective de ce désenclavement et je sais les efforts que votre municipalité a réalisé depuis près de quinze ans pour développer la présence d’activités économiques créatrices d’emplois sur votre territoire. Nous allons, je crois, visiter dans quelques instants la zone d’activités de Bras-Fusil, dont vous êtes légitimement fier.

La réussite incontestable de cette zone, avec notamment sa pépinière d’entreprises, et les disponibilités foncières viabilisées qu’elle offre, démontre que la conjugaison d’efforts des différents partenaires institutionnels, en soutien d’une politique municipale claire et déterminée de promotion des atouts de la commune, peut déboucher sur une augmentation sensible du nombre des entreprises représentées sur son territoire.

Cet exemple démontre, si besoin était, qu’il n’y a pas de fatalité en matière de développement économique. L’Est de la Réunion, parfois considéré comme le parent pauvre de la Réunion, est décidé à soutenir vos initiatives et vos projets en matière économique, et notamment dans le domaine touristique.

Votre ville, en particulier, bénéficie des perspectives encourageantes, et l’État, soucieux de contribuer au rééquilibrage réel entre les quatre bassins d’activités de la Réunion, est décidé à soutenir vos initiatives et vos projets en matière économique, et notamment dans le domaine touristique.

Saint-Benoît et l’Est disposent d’un potentiel d’activités touristiques complémentaires du tourisme balnéaire de l’Ouest, et constituent l’atout majeur du développement du tourisme réunionnais dans l’avenir. Sans que cette liste soit exhaustive, je voudrais citer le tourisme sportif, le tourisme de découverte et de randonnée avec à proximité le cirque de Salazie et la Plaine des Palmistes, mais aussi, des formules originales qu’il faut développer, comme le tourisme industriel permettant de découvrir dans un site majestueux les centrales hydro- électriques EDF de Takama 1 et 2 qui assurent par ailleurs 12% de la production électrique du département… et j’en oublie beaucoup d’autre.

Surtout, votre commune peut s’enorgueillir d’avoir gardé cette touche de charme et d’authenticité créoles, qui aujourd’hui constitue peut-être son atout majeur dans un secteur où le consommateur refuse de plus en plus les produits stéréotypés et sans âme.


C’est en tout cas, cette authenticité que je suis aussi venu rechercher dans votre commune. Je vous remercie de votre accueil et tiens à saluer, à partir de la visite que nous allons faire, tous les habitants de votre commune.

Le 6 novembre 1997 - Discours prononcé par monsieur Jean-Jack Queyranne, secrétaire d’État à l’outre-mer, signature des Conventions Emplois-Jeunes

Mesdames et Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Mesdames et Messieurs,

Je suis très heureux aujourd’hui d’être auprès de vous pour contresigner les premières conventions sur les emplois jeunes avec la Présidente du Conseil régional, le Président du Conseil général et le Député-Maire de Saint-Denis.

C’est une première en France : en même temps, trois collectivités proposent à l’État de signer un contrat d’objectif sur les « Nouveaux Services - Nouveaux Emplois ».

Comme vous le savez, la pérennisation des emplois ne pourra être réalisée que moyennant une formation.

Dans cette perspective, je vais aussi signer une convention de formation professionnelle, avec la Région, le Département et l’Université pour la mise en place d’un dispositif de préparation aux concours administratifs.

A Paris déjà, et dès mon arrivée ici, l’emploi a été le thème essentiel des préoccupations que m’ont exprimées les responsables politiques et sociaux de la Réunion.

Plus de 100 000 demandeurs d’emploi enfin de mis à ce jour, un jeune réunionnais sur deux à la recherche d’un emploi.

Ce chômage des jeunes, de longue durée nécessite une politique volontariste.

En proposant ces contrats d’objectif, vous donnez l’exemple.

L’État sera à vos côtés pour faire émerger les projets et pour financer la part qui lui revient.

Dans son discours de politique général, le 19 juin dernier, le Premier ministre a indiqué que l’emploi constituait la priorité du Gouvernement.

La loi relative au développement d ‘activités pour l’emploi des jeunes préparée et votée par les deux assemblées en un temps record est le premier volet de cette politique.

Elle vise à répondre à des besoins émergeants ou non satisfaits par la création d’activités d’utilité sociale, culturelle, sportive, d’environnement et de proximité.

Je sais que vous avez tous, Parlementaires, Maires, Présidents des collectivités locales, été associés directement ou indirectement à l’élaboration de la loi. Vous avez suggéré des modifications, porté des amendements, beaucoup réfléchi en tout cas et mis au point des projets.

Le dispositif concerne les jeunes de moins de 26 ans. Or, les indicateurs le confirment, ils sont à la Réunion les plus touchés par le chômage et son cortège de pauvreté et de précarité.

Il s’agit d’un signal fort que le Gouvernement souhaite adresser aux jeunes qui ont de plus en plus le sentiment que notre société refuse de leur faire leur place.

Mais c’est aussi un moyen de reconstruire le lien social par la création d’activités destinées à satisfaire des besoins émergents. Ces besoins concernant principalement les services. Ainsi, les services aux personnes.

De même, la protection de l’environnement qui est une priorité pour les générations d’aujourd’hui, pour le tourisme, mais aussi pour les générations futures.

Le maintien de liens sociaux dans la ville, à l’école, entre les générations, implique le développement d’activités nouvelles de médiation, d’alerte sociale, de prévention.

Le champ des possibilités est immense dans votre département.

Il s’agit bien d’une aide à la création d’activités nouvelles et non d’une aide à l’emploi dont le but est de favoriser les initiatives locales et de mobiliser l’ensemble des acteurs de terrain.

Nous devons avoir une grande vigilance sur la qualité des projets.

L’aide apportée par l’État est prévue pour cinq ans. Il est proposé de créer les emplois dans les trois ans qui viennent. Ce délai permettra de professionnaliser les emplois mais aussi de trouver les financements propres à les pérenniser.

L’État n’est pas l’employeur ; ce sont des collectivités locales, les associations, les organismes chargés d’une mission de service public.

Les bénéficiaires de ces emplois auront un contrat de droit privé et c’est le contrat à durée indéterminée qui devra être la règle générale sauf pour les collectivités et les personnes morales de droit public.

L’État apportera 92 000 francs par an (80% du SMIC) pendant 5 ans.

Lancés au niveau d’un bassin d’emploi, d’une agglomération urbaine, d’une communauté de communes, les projets doivent associer tous les acteurs de terrain ; élus, responsables associatifs, partenaires économiques. Une fois le projet retenu, la procédure pour la mise en place des emplois prévus est rapide et efficace.

La direction départementale du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle prend l’avis des services de l’État compétents et consulte les collectivités locales. La décision définitive appartient au Préfet, représentant de l’État.

Les métiers envisagés dans les contrats d’objectif que nous allons signer aujourd’hui, concernent, pour la Région, notamment le tourisme et l’environnement, la protection et la valorisation du patrimoine. L’objectif est de créer 500 emplois jeunes.

En ce qui concerne le Département ces métiers portent sur la médiation de quartier, les éco-gardes, les accompagnateurs de malades après hospitalisation. 500 emplois seraient financés totalement par le département et 2 000 feraient l’objet de cofinancement.

La ville de Saint-Denis se propose elle de créer 460 emplois jeunes dans le secteur de l’écoute sociale, du développement local, des nouvelles technologies par exemple.

Lors de la réunion de la commission locale d’animation des emplois jeunes du Nord (CLADEJE) du 3 novembre, une quarantaine de projets correspond à plus de 600 emplois ont déjà soit reçus un avis favorable, soit été validés.

Je félicite les élus, les associations, les collectivités locales et les administrations pour le travail qu’ils ont fourni alors que les textes ont été publiés au journal officiel, il y a trois semaines.

Le programme « Nouveaux Services – Nouveaux Emplois » doit mobiliser toutes les bonnes volontés. C’est l’opportunité d’améliorer la qualité de vie et de consolider le lien social entre les générations.

Le dispositif offre des perspectives d’emploi et d’avenir aux jeunes. Je souhaite que la Réunion imagine et crée un nombre important d’emplois-jeunes pour donner un avenir et de l’espoir à sa jeunesse.

En ce qui concerne la dernière convention, elle procède de la volonté de préparer les candidats aux concours de catégorie A des fonctions publiques.

Il n’existe en effet à la Réunion aucune structure de type institut ou centre de préparation à l’administration générale (IPAG ou CPAG) permettant d’encadrer la préparation à ces concours. Les Réunionnais doivent pourtant bénéficier des mêmes publiques.

C’est dans cet esprit que l’État, la Région, le Département et l’Université ont décidé par cette convention d’associer leur effort pour mettre en place des cycles de formation.

Pour démarrer cette formation et assurer son fonctionnement pendant les deux premiers cycles suivant sa mise en place l’État et la Région apportent chacun une contribution de 440 000 francs. L’aide du Conseil général permettant l’acquisition d’un fonds documentaire s’élève à 50 00 francs. Quant à l’université elle s’engage à assurer la sélection des candidats, une pédagogie adaptée à la formation de différents concours de catégorie A en s’appuyant sur des méthodes à l’entraînement.

Je suis particulièrement satisfait de signer, au nom de l’État, cette convention qui constitue un nouvel instrument pour faciliter l’accès à la fonction publique et donc à l’emploi.