Texte intégral
Dans l'état actuel des décisions et des intentions annoncées par le gouvernement, l'Ouest ne fait manifestement plus partie de ses priorités en matière d'aménagement du territoire. Nous assistons, au contraire, au déshabillage définitif de cette politique prioritaire qui a constitué une constante de l'action de l'Etat ces vingt dernières années. Les faits l'expriment crûment.
La révision de la carte des aides réduit très fortement les zones éligibles au bénéfice de la prime d'aménagement du territoire. La réforme des fonds structurels européens se traduit par la réduction de 37 % du nombre de Ligériens éligibles à ces fonds. Avec 3,5 millions, l'enveloppe de l'Etat pour le prochain contrat de plan se traduit par une perte sèche de 100 millions de francs par an, par comparaison avec le contrat de plan précédent. Plus grave : exprimé en francs par habitant, l'effort de l'Etat pour les sept années à venir serait en Pays de la Loire de 1 102 francs, contre 1 500 francs en moyenne nationale, soit, compte tenu d'une population de 3 218 000 habitants, un manque à gagner supérieur à 1,3 milliard de francs. Ces orientations, si elles ne sont pas corrigées par le gouvernement, ne sont pas acceptables.
Certes l'Ouest connaît depuis cinq ans un développement indiscutable mais qui reste fragile. La crise actuelle des industries de la mode et de la navale militaire, qui succèdent à celles d'hier de la pêche, de l'agriculture, de la navale civile et du nautisme, de l'électronique et de l'électroménager, souligne la permanence de cette fragilité. On ne peut pas compter sur la seule capacité de rebond dont les PME locales ont fait preuve jusqu'à maintenant avec l'appui solidaire des collectivités : régions, départements, communes. Malgré ses indéniables progrès, l'Ouest n'a pas encore achevé le rattrapage de tous ses retards, notamment dans trois domaines où l'Etat détient toujours les clefs de la décision et les moyens financiers : les communications, l'enseignement supérieur, la recherche.
Avec la Bretagne et le Poitou-Charentes, nous avons mis ces trois domaines au cœur de notre stratégie pour que l'Ouest puisse affronter, à temps et sans complexes, la compétition entre les territoires ouverts par la construction de l'Europe et la mondialisation. Le développement des échanges entre l'Ouest et l'Europe se heurte à un certain nombre de barreaux dont la modernisation tarde. L'interconnexion du TGV Atlantique avec les autres lignes TGV bute sur la non-réalisation du barreau sud en Ile-de-France. Quant aux liaisons routières rapides, nous attendons toujours l'achèvement de l'autoroute Angers - Tours - Vierzon, celui de la route des Estuaires, au nord entre la Bretagne et la Normandie et au sud entre les Pays de la Loire et le Poitou-Charentes ainsi que celui de la branche Cholet - Poitiers de la route Centre Europe - Atlantique.
Dans les Pays de la Loire, l'électrification de Nantes - La Roche-sur-Yon - Les Sables-d'Olonne constitue le premier maillon de la desserte ferroviaire de la façade atlantique Nantes - Bordeaux. Pour l'essentiel, ces investissements se situent hors des Pays de la Loire. Cela justifie d'autant plus l'indispensable intervention de l'Etat. Surtout si l'on n'oublie pas que ces choix sont nécessaires pour ·assurer le développement du port de Nantes - Saint-Nazaire. On ne peut pas asseoir la croissance de la France simplement sur deux grands ports, l'un au Nord, l’autre au Sud.
En matière d'enseignement supérieur, l'effort des années passées a porté sur l'accroissement des capacités d'accueil et leur orientation vers des formations longues débouchant sur un métier. Il faut continuer à jouer cette proximité vers les entreprises en développant notamment les IUT et les IUP et se soucier de la qualité de vie des étudiants et des services qui leurs sont offerts. Quant à la recherche le fossé entre le potentiel accumulé en Ile-de-France et la province demeure énorme, de même que les écarts entre les régions, elle seule, la ville de Grenoble rassemble plus de chercheurs que l'Ouest de la France.
Nous le constatons tous, l'attractivité d'un territoire et le maintien des activités qui y existent se jouent sur l'accès facile aux communications – les technologies de l'information et de la communication comprises –, aux centres de formation et d'innovation orientées vers les entreprises. Etablir dans ces domaines des schémas nationaux et régionaux d'orientation c'est bien, mais prendre les décisions clefs dont l'évidence s'impose, c'est encore mieux. Pour l'essentiel, celles-ci relèvent de l'Etat, qui doit affirmer son autorité au bénéfice de la solidarité nationale.