Déclarations de Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports, sur les rencontres locales avec la jeunesse, les mesures en faveur des jeunes, et les droits des jeunes notamment le droit à l'emploi et à la formation, Marly-le-Roi les 29 et 30 novembre 1997.

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Circonstance : Rencontres nationales de la jeunesse à Marly-le-Roi les 29 et 30 novembre 1997

Texte intégral

Samedi 29 novembre 1997

Discours d’ouverture de Marie-George Buffet

Je veux d’abord vous remercier d’être venus aussi nombreux, et parfois de très loin. Cette rencontre nationale a déjà une histoire. Certains d’entre nous s’en souviennent sans doute.

C’était le 21 juin dernier, à Paris. Ministre de la Jeunesse et des sports, mon premier acte public était tourné vers la jeunesse. Ce choix était délibéré. Il fallait affirmer d’emblée la volonté de donner à ce ministère le rôle d’interlocuteur direct et permanent des jeunes. Ce premier contact fut particulièrement instructif. Vous avez tout de suite exprimé des demandes précises. Vous avez insisté pour qu’une suite soit donnée à cette première rencontre. Vous avez voulu des actes.

Ce chantier ouvert le 21 juin s’est poursuivi. 1 700 rencontres locales se sont tenues depuis le 1er octobre. Environ 100 000 jeunes y ont participé. Certes, je sais que dans un certain nombre de départements, ces rencontres n’ont pas eu la dimension souhaitée. Mais je dois souligner que dans une majorité d’endroits, ces rencontres ont suscité beaucoup d’intérêt. Dans bien des cas, vous avez investi ces espaces de dialogue. La diversité des âges et des situations sociales n’a jamais été un frein à la qualité des débats.

Toutes les comptes rendus de ces rencontres constituent une matière extraordinairement riche. Tous font apparaître une jeunesse multiple qui se retrouve sur des points essentiels : elle veut qu’on lui donne de responsabilités, qu’on lui permette de vivre comme elle l’entend, qu’on lui reconnaisse des droits de citoyens à part entière.

Ces aspirations se sont traduites par des dizaines de propositions concrètes. Nous avons commencé à y travailler en partenariat avec les autres ministères concernés. Nous allons en débattre aujourd’hui et demain.

Le premier objectif que je vous propose, est de sortir de ces rencontres nationales avec la perspective de décider une série de mesures, et la mise en place d’un dispositif qui aura pour mission de suivre l’adoption de ces mesures, et leur rentrée en vigueur.

Ces deux journées n’ont donc rien d’un coup médiatique organisé sur mesure. Je sais que vous n’êtes pas là pour qu’on vous raconte des histoires ou pour assister à une suite de monologues ministériels. Ni vous, ni les membres du gouvernement qui participent à ces rencontres, ni le Premier ministre qui sera avec nous demain, ne le veulent.

Dans deux jours durant, je souhaite que cette salle soit un lieu d’écoute, de débats, d’échanges d’expériences, de confrontations d’idées et des propositions.

Cela n’a rien à voir avec la recherche d’un consensus minimum.

La pluralité des points de vue n’est pas un obstacle, mais au contraire un atout, pour construire ensemble des réponses positives aux difficultés que rencontrent des millions de jeunes.

Ces difficultés, ces problèmes, ces incertitudes qui taraudent toute une partie de la jeunesse sont connus. Nul besoin d’une consultation de plus, pour dresser l’inventaire des angoisses liées au chômage, à l’échec scolaire, à la violence, au manque de moyens, aux exclusions et discriminations.

Non seulement nous n’ignorons pas la réalité de ces souffrances, mais je crois pouvoir dire que c’est la volonté d’y remédier, qui nous rassemble ici.

De quelle manière ? Pour déboucher sur quoi ? Pour prendre quelles décisions précises ? Les réponses à ces questions sont la raison d’être de ces rencontres nationales. Nous allons les construire ensemble. Disant cela, je ne confonds pas les rôles. J’exerce une responsabilité gouvernementale, et j’entends l’assurer.

Vous-même, que ce soit à travers les associations que vous représentez, ou individuellement, vous êtes attachés à une indépendance d’esprit, de jugement et d’action ; et il n’est pas question de chercher à vous instrumentaliser.

Le choix de vous donner la parole dans un rapport direct avec plusieurs ministres n’est pas la dernière trouvaille de spécialistes en communication. Il s’agit bien, dans mon esprit, de modifier le rapport à la politique et au pouvoir, des citoyens en général, et des jeunes en particulier.

Le droit à la politique, c’est-à-dire le droit d’être informé, de débattre, de proposer, de décider, doit vous être restitué.

Si beaucoup de jeunes se sont éloignés de l’exercice de ce droit fondamental de chaque citoyen ; si la notion même de politique peut susciter de la distance, de la méfiance, du rejet ; ce n’est pas parce que les jeunes ne seraient pas aptes à comprendre la politique, mais plutôt parce que certains politiques ont donné réellement le sentiment de ne rien comprendre aux jeunes.

Cet éloignement trouve en grande partie son origine dans l’expérience douloureuse de promesses non tenues et d’espérances déçues. Faisons simplement ce que nous disons, et la politique regagnera le terrain perdu.

Pour le gouvernement, et je m’implique totalement dans cette démarche, la réhabilitation de la politique passe donc d’abord par la volonté de répondre à vos attentes.

Ces attentes sont fortes, nombreuses et précises. Ce qui m’a frappé dans toutes les rencontres locales auxquelles j’ai participé, c’est de constater à quel point les jeunes les expriment avec le souci du détail, du concret, de l’immédiat.

Faut-il s’inquiéter et y voir, comme certains le prétendent le signe d’une jeunesse repliée et raisonnable ?

Après les clichés successifs sur la génération présumée utopique, suivie de la soi-disant bof-génération et de la gentille génération morale, il y aurait donc désormais la génération du concret, en panne d’idéal et d’ambition. Un cliché de plus qui passe à côté d’une réalité infiniment plus riche, pour peu qu’on se donne la peine d’ouvrir les yeux et d’écouter.

Depuis mon entrée en fonction en juin dernier, j’ai tenu à multiplier les rencontres avec les jeunes, là où ils vivent.

En banlieue parisienne comme dans les quartiers Nord de Marseille, dans les cités de l’agglomération Lyonnaise comme dans la Z. U. P. de Bastia, à Calais ou à Limoges ; comme à Toulouse ou à La Rochelle ; celles et ceux que j’ai rencontrés ne se lamentent pas sur leur sort.

Elles et ils disent avoir avant tout une formidable envie de s’en sortir. Et pour s’en sortir, contrairement à une idée trop répandue, ces jeunes n’attendent pas tout d’en haut. Leur première démarche est souvent de prendre les choses en main en réunissant, en montant un projet, en créant un groupe informel ou une association.

Elles et ils s’investissent dans la vie associative, dans des activités culturelles et sportives, dans l’aide aux devoirs scolaires, dans l’organisation de vacances, dans des actions contre la violence, dans la prévention de la toxicomanie et du sida, dans la lutte contre les discriminations ; dans des créations d’activités et d’emplois.

Cette énumération, qu’il faudrait encore largement compléter, exprime des valeurs de solidarité, de citoyenneté, d’émancipation humaine. Elle exprime la recherche la plus actuelle qui soit d’égalité, de liberté de justice et de considération.

C’est en tout cas ainsi que j’ai entendu les nombreuses propositions qui ont surgi des rencontres locales.

Je ne vais pas en dresser la liste complète Nous aurons l’occasion de le faire et d’en débattre tout au long de la journée, dans les différents ateliers, et je reviendrai devant vous demain matin, avec des propositions qui devront intégrer vos propres réflexions et suggestions.

Mais sans anticiper sur les résultats de nos travaux, et à partir de tout ce qui est remonté des rencontres locales, nous pouvons explorer plusieurs pistes.

La première, – et cela ne vous surprendra pas – concerne bien sûr l’emploi. Vous le savez, le plan emploi-jeunes vise à créer, dans un premier volet, 350 000 emplois publics et associatifs. Mon ministère s’est immédiatement impliqué dans ce dispositif, avec l’objectif de créer 8 000 emplois de ce type dans le secteur sport, jeunesse et éducation populaire.

La finalité de ces emplois n’est pas d’occuper un jeune pendant cinq ans. Ils doivent être conçus comme une porte d’entrée à une activité reconnue, et à l’acquisition d’une formation débouchant sur un statut de salarié à part entière. C’est d’ailleurs pour cette raison que les emploi-jeunes liés à nos domaines de compétence, pourront bénéficier des formations jeunesse et sport.

Emploi, éducation et formation sont intimement liés. Vous en parlerez longuement dans la soirée avec Claude Allègre, ministre de l’Éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Plusieurs mesures sont d’ores et déjà envisagées, à partir des besoins exprimés. Je pense en particulier à un plan social étudiant, à la création de bourses de formation, à une amélioration sensible de l’orientation, à la prise en compte des besoins exprimés par les étudiants-stagiaires.

Vous avez aussi exprimé fortement vos difficultés à accéder à un logement et à faire face au coût des transports quand on est lycéen, étudiant, chômeur ou stagiaire. Sur ce point, et vous en débattrez cet après-midi M. Louis Besson, secrétaire d’État au Logement, le gouvernement travaille à plusieurs mesures précises, et en particulier à la mobilisation du 1 % logement au bénéfice des jeunes. Des conventions signées entre l’État, les syndicats, le patronat, doivent aboutir avant la fin de l’année, à la mise en place de fonds spéciaux pour faciliter le versement des cautions et dépôts de garantie.

D’autre part, pour répondre à un besoin croissant de déplacement des jeunes et, au-delà des transports, pour faciliter votre accès aux loisirs et à la culture ; je vous propose de relancer complètement la Carte jeunes. Aujourd’hui cette carte ne sert plus à grand-chose, ce qui explique que très peu de jeunes la possèdent. En collaboration avec une série de partenaires, il faut redonner à cette carte sa vocation initiale, c’est-à-dire la possibilité pour les lycéens, les étudiants, les jeunes chômeurs, de bénéficier d’une série de réductions.

Vous nous avez fait part des difficultés à trouver des aides publiques ou privées quand on veut créer une activité et des emplois. Sur ce point, nous pouvons aller à l’adoption de mesures précises. Je pense en particulier à une réorientation nécessaire du dispositif « Défi jeunes », qui doit soutenir en priorité des projets d’insertion économique et sociale, et des actions associatives de lutte contre l’exclusion.

La deuxième piste sur laquelle nous pouvons avancer, est celle des droits des jeunes à la citoyenneté. Vous nous l’avez dit partout : vous voulez être consultés, écoutés et entendus ? Vous voulez un droit de regard et de décision là où se jouent votre présent et votre avenir : dans le quartier, la commune et l’entreprise ; au collège, au lycée et à la fac.

Sur ce point, les mesures que nous proposons peuvent constituer une avancée significative. Je pense en particulier à la mise en place, au plan national et départemental, de commissions de la jeunesse, qui devront être systématiquement consultées et écoutées sur tout projet ou décision vous concernant.

Nous inciterons également à la mise en place des comités locaux consultatifs de la jeunesse, afin que les jeunes soient réellement associés aux décisions qui concernent leur quartier et leur ville.

Cet exercice de la citoyenneté ne saurait rester à la porte des lieux où les jeunes passent l’essentiel de leur temps. Dans les collèges et lycées, la création d’une « heure de vie » répondra à des besoins d’ouverture sur la société et d’enrichissement personnel. Dans le même esprit, l’élaboration et l’adoption, par les collégiens et lycées, d’une « charte de vie » peut contribuer à la création de liens sociaux et solidaires.

L’information est une condition de la citoyenneté. Dans bien des cas, le seul fait de ne pas savoir est déjà un élément d’exclusion. Il nous faut y répondre par des mesures précises. Je pense en particulier à la nécessité d’une information proche des lieux de vie, facilement accessible, et répondant aux demandes en temps réel, grâce à l’utilisation des nouvelles technologies de communication. La mise en place de kiosques uniques Informations-jeunesse, comme cela a été proposé dans plusieurs rencontres, aura cette vocation.

Le troisième domaine que j’évoquerai, est celui du droit à la santé. Vous en débattrez cet après-midi avec mon collègue Bernard Kouchner. Dans la manière d’aborder ce sujet, il y a, chez de plus en plus de jeunes, un véritable état d’urgence. Nous devons absolument répondre à des situations d’exclusions de soins, d’absence de couverture sociale, de montée de l’alcoolisme et du tabagisme. Il nous faut également redynamiser les actions sur la contraception, la prévention de la toxicomanie et du sida.

Le quatrième et dernier axe porte sur la nécessité de vous faciliter l’accès au sport, aux loisirs et aux vacances, aux pratiques culturelles multiples. Vous nous l’avez dit dans les rencontres :
    - la licence d’un club est souvent trop chère. Nous répondrons à ce problème par la gratuite de la première licence pour les jeunes en difficulté, dans le cadre de conventions avec les fédérations, par la création d’un chèque-sport et l’extension du ticket-sport.

Vous l’avez dit également :
    - ce qu’on appelle les nouvelles cultures urbaines ont bien du mal à exister librement ;
    - il est aussi particulièrement insupportable de se voir refuser l’entrée d’une discothèque à cause de son visage, de la couleur de sa peau, ou du nom de la cité.

Là encore, avec mes collègues directement concernés par ces sujets, nous avons la volonté d’apporter des réponses précises à ces problèmes soit par des mesures nouvelles, soit par une application plus vigoureuse de dispositifs existants, notamment en matière de sanction des discriminations.

En ouvrant ces rencontres nationales, je veux particulièrement insister sur le fait que votre participation va beaucoup compter. Ce ne sont pas de vagues promesses que vous attendez, mais de paroles sincères et des décisions concrètes.

À ce propos, je dois d’ailleurs vous avouer qu’à mon arrivée au ministère, ma première idée était d’élaborer un projet de loi d’orientation sur les droits des jeunes. Les rencontres sur le terrain m’ont fait changer d’avis.

Au lieu d’un texte aussi généreux que général, nous avons préféré travailler, avec vous, à des mesures concrètes qui permettent d’avancer et qui ouvrent des perspectives. Au rêve inconsistant du « demain tout ira bien », nous avons préféré la réalité de ce qui peut changer sans attendre.

Dans un discours qu’il prononça au début du siècle, Jean Jaurès appelait la jeunesse à bousculer la société. Après un long développement politique, et pour être tout à fait certain de les convaincre, il ajouta simplement : « le soleil lui-même a été jadis une nouveauté. La terre fut une nouveauté. L’homme fut une nouveauté ».

Je vous remercie.

 

Dimanche 30 novembre 1997

Intervention de madame la ministre de la jeunesse et des sports aux rencontres nationales de la jeunesse à Marly-le-Roi

La vie ne doit plus être ressentie comme une suite d’obstacles qui ne finissent jamais.

La première série de mesures que nous prendrons aura pour objectif d’améliorer les conditions de vie quotidienne des jeunes.

Mesures santé

En partenariat avec le secrétaire d’État à la Santé, nous déciderons en particulier :
    - l’instauration d’une assurance maladie universelle. Aucun jeune ne doit être exclu de l’accès aux soins. C’est notre objectif ;
    - les actions de soins gratuits et anonymes, en particulier dans les centres de santé, seront renforcées ;
    - une action spécifique sera menée auprès des jeunes filles dans le cadre d’une campagne nationale d’information sur la contraception.

Enfin, afin de mieux suivre et maîtriser les indicateurs sur l’évolution de la santé des jeunes, un baromètre santé jeunes sera mis en place, et il sera procédé à un bilan annuel de l’état de santé des jeunes.

Mesures logement

Pour améliorer votre accès à un premier logement le secrétaire d’État au Logement, Louis Besson, vous l’a confirmé hier, plusieurs dispositions seront mises en place :
    - la mobilisation du 1 % logement au bénéfice des jeunes ;
    - l’augmentation de 22 % du fonds de solidarité pour les aides à l’accès au logement, ces aides devant servir en priorité à des versements de caution et de dépôts de garantie.

Par ailleurs, une loi mise en débat en 1998 créera un statut du bailleur privé qui, en échange d’exonérations fiscales, se traduira par une réduction d’au moins 50 % de la caution et par une diminution des loyers.

Enfin, les associations qui se porteront caution pour l’accès au logement de jeunes en difficultés bénéficieront de nouvelles aides publiques.

Mesures transports

L’amélioration de vos conditions de vie quotidienne passe nécessairement par la possibilité de vous déplacer. À cette fin, et en partenariat avec le ministère des Transports, des dispositions seront arrêtées :
    - la relance de la Carte jeunes comme une carte ouvrant notamment le droit à des tarifs réduits dans les transports en commun ;
    - la mise en place d’un chèque transport, dont devront bénéficier en premier lieu les gens à la recherche d’un emploi ;
    - une meilleure information à destination des personnes handicapées.

Mesures loisirs, sports, vacances, culture

Vous l’avez encore dit hier : l’accès aux loisirs, à la pratique du sport, aux vacances et à la culture, dans la diversité de ses expressions, doit être facilité.

À cette fin, l’une des principales dispositions portera sur une relance complète de la Carte jeunes. Cette carte devra donner des avantages réels. Nous allons donc travailler à établir une série de partenariats.
Dans le domaine du sport, pour renfoncer les animations de proximité et l’accès aux clubs, nous déciderons :
    - la création d’un chèque sportif ;
    - l’extension du ticket sport.

Pour permettre à un plus grand nombre de jeunes de partir en vacances, en partenariat avec la secrétaire d’État au Tourisme, la possibilité d’ouvrir aux jeunes des villages de vacances et leur adaptation feront l’objet d’un doublement des crédits en 1998 et pour leur rénovation d’un investissement de 10 millions de francs.

Enfin, et je sais que vous y êtes très sensibles, les jeunes doivent avoir plus de facilité pour accéder aux pratiques culturelles et artistiques de leur choix.

En partenariat avec le ministère de la Culture, des mesures seront prises pour :
    - un développement des scènes de musiques actuelles ;
    - l’ouverture des écoles de musique aux musiques actuelles.

Des mesures pour améliorer la concertation et la participation des jeunes à la vie publique

Vous avez exprimé avec force le souci d’être non seulement écouté mais entendu.

En mettant en place dès fin janvier 1998 la Commission nationale de la jeunesse auprès du ministère de la Jeunesse et des sports, nous garantissons que les mesures que nous avons décidées aujourd’hui entrent dans la vie.

Cette commission devra représenter la jeunesse de notre pays dans sa diversité géographique, sociologique et d’implication dans la vie citoyenne. Les instances départementales seront aussi à cette image.

Nous inciterons les collectivités locales à créer des comités consultatifs qui devront répondre aux mêmes exigences de diversité que les commissions nationales et départementales.

Des mesures pour améliorer l’accès des jeunes à l’éducation

Seront pris en compte dès 1998 les points suivants :

Au lycée et au collège :
    - création d’une heure de vie hebdomadaire et réaffirmation de l’attribution d’un lieu de vie ;
    - application effective des droits des élèves : élaboration de la charte de vie commune en début d’année avec les élèves et les partenaires éducatifs ;
    - amélioration des procédures d’orientation, impliquant davantage les jeunes eux-mêmes, notamment par la rénovation prévue des conseils de classe, la mise en place de passerelles entre formation générale et professionnelle ;
    - l’encadrement médico-social, qui sera renforcé par la création de 300 postes d’infirmière et de 300 postes d’assistante sociale, en 1998 dans les zones prioritaires.

À l’université :
    - création d’un plan social étudiant, pour lequel une concertation est en cours, et doit déboucher sur un projet de loi au printemps 1998 ;
    - réduction des délais de paiement des bourses, afin que les bénéficiaires perçoivent leur premier versement avant la fin du premier trimestre ;
    - mise en place d’une prise en charge complète du coût des études pour les jeunes d’origine très modeste qui se destinent aux études de sciences politiques ou aux concours de la magistrature.

Des mesures en faveur de la vie associative, creuset de la citoyenneté

La réorientation du dispositif « Défi jeunes », pour que celui-ci corresponde mieux aux attentes des jeunes eux-mêmes, et qu’il soit orienté vers la création d’activités et d’emplois.

Des subventions seront données pour aider à la création d’associations de jeunes.

Des mesures pour un meilleur accès à l’information :
    - création de kiosques Info-jeunes de proximité ;
    - création de 1 000 emplois jeunes dans le réseau Information-jeunesse ;
    - édition et diffusion gratuite d’un guide du droit des mineurs.

Il nous faut, en liaison avec le ministère de Justice, permettre aux jeunes de mieux connaître leurs droits et pouvoir ainsi mieux se défendre et être mieux défendus.


Des mesures pour améliorer l’accès des jeunes à la formation

Faire connaître à tous les jeunes leurs droits en matière de formation professionnelle et de droit du travail.

Le réseau d’Information-jeunesse avec les missions locales et les PAIO, sera chargé de donner ces informations et de créer des « espaces jeunes » où soient rassemblées les sources d’information.

Rouvrir le dossier « formation des handicapés » pour améliorer l’accessibilité de toutes les formations professionnelles et de tous les centres de formation aux différents handicapés (moteurs, mentaux).

Diminuer les coûts des formations et des diplômes de Jeunesse et sports, non seulement pour le BAFA mais aussi pour les BEATEP, BESAPT et BESS (brevets d’État sportifs).

Mise en place d’un groupe de travail réunissant les ministères de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des sports et les représentants des étudiants et des formateurs sur l’évolution des formations aux métiers du sport (UFR STAPS, brevets d’État sportifs).

Des mesures pour améliorer l’accès à l’emploi

Mise en place avec tous les ministères concernés (Éducation nationale, Emploi, Agriculture…) d’un projet de Charte nationale des stages lycéens et étudiants qui ait pour objectif de construire des compétences professionnelles, en relation avec la formation reçue au lycée ou à l’université et ainsi de préparer à l’emploi qualifié.

Cette charte précisera :
    - les conditions d’offre de stages et les critères de choix des entreprises ;
    - les conditions de travail et de remboursement ou de rémunération des jeunes ;
    - les conditions de suivi pédagogique et de tutorat.

Un groupe de travail interministériel va être proposé par Jeunesse et sports aux autres ministères pour améliorer l’intégration des jeunes handicapés dans les entreprises et les administrations.

Une concertation avec les partenaires sociaux est à ouvrir pour assurer aux apprentis et à tous les jeunes en contrat d’alternance et en contrat précaire, de meilleures garanties individuelles et collectives, y compris en matière de médecine préventive.

Mais la démarche des rencontres n’est pas close. Hier, dans les 6 ateliers de travail, les jeunes ne se sont pas contentés de valider les premières mesures. Ils les ont amendées. Hier, lors des séances plénières, le débat nourri entre les jeunes et les ministres présents a ouvert de nouvelles pistes.

Le rétablissement et la généralisation des conseils de la vie lycéenne. Claude Allègre l’a approuvé devant vous.

La participation des lycéens aux colloques sur la réforme des programmes scolaires. Le ministre vous l’a confirmé.

La mise à l’étude d’une allocation de rentrée pour les étudiants.

D’autres propositions seront travaillées.

La création de points d’écoute pour les jeunes sur les sexualités.

L’engagement du gouvernement sur le contrat d’union sociale sera tenu, comme vient de le confirmer le Premier ministre.

L’obligation de visites médicales tant dans les écoles que sur les lieux de travail des jeunes, notamment pour les jeunes en contrat à durée déterminée.

Faire en sorte que les jeunes qui pratiquent plusieurs sports dans les clubs ne cotisent qu’une fois pour leur assurance sportive.

Une autre demande forte s’est exprimée ici : la demande de reconnaissance des spécificités. Nous veillerons particulièrement à ce que les jeunes issus des départements d’outre-mer ainsi que les jeunes handicapés ne soient écartés d’aucune des mesures ainsi décidées. L’ensemble de ces mesures, vous les avez construites ensemble. C’est aussi par votre intervention qu’elles entreront dans la vie.