Interview de M. Christian Sautter, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie à RTL le 5 décembre 1999, sur la réunion de l'OMC à Seattle, les réformes fiscales, l'euro, la lutte contre le chômage et la réduction du temps de travail.

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Média : Emission L'Invité de RTL - Emission Le Grand Jury RTL Le Monde LCI - RTL

Texte intégral

Olivier Mazerolle : Bonsoir monsieur Sautter.

Christian Sautter : Bonsoir.

Olivier Mazerolle : Vous avez, depuis plus d’un mois, succédé à Dominique Strauss Kahn qui venait de démissionner. Vous étiez auprès de lui secrétaire d’État au budget, le ministère de l’économie et des finances ne vous est donc pas inconnu. Mais cette succession est sans doute rendue plus complexe par l’importance et le rôle politique que jouait Dominique Strauss Kahn au sein du Gouvernement, on disait qu’il contribuait à l’équilibre de l’action gouvernementale qui, sans lui, pouvait basculer à gauche toute. Alors nous allons parler avec vous de sos options dans la politique économique, des grandes lignes de force qui marqueront votre action dans les mois qui viennent. Anita Hausser et Patrick Jarreau participeront à ce grand Jury ; retransmis sur RTL et LCI, Le Monde publiera l’essentiel de vos déclarations dans son édition de demain. Tout d’abord l’actualité, la réunion de l’OMC à Seattle s’est terminée par un échec, il n’y a pas eu d’accord, l’échec est-il grave, lourd de conséquences pour la France et pour l’Europe ?

Christian Sautter : Vous parlez d’échec monsieur Mazerolle, je parlerais de déception, même si je pense que la France peut aussi avoir quelques motifs de satisfaction et je commencerais par cela. Moi je suis très satisfait que l’Europe ait d’abord travaillé ensemble, les 15 pays, pour définir ce qu’on appelle un mandat de négociations ; l’Europe savait clairement ce qu’elle voulait à Seattle et elle avait un projet cohérent et généreux et je crois aussi qu’en France nous avons bien préparé cette conférence de Seattle, ça n’a pas été la même chose partout, nous l’avons bien préparée avec le Parlement, avec les forces économiques et sociales, d’ailleurs il y avait 17 parlementaires avec François Huart et avec moi à Seattle, ça ce sont les points de satisfaction. Et puis dernier point de satisfaction, nous avons tous, les européens, avec notre excellent négociateur Pascal Lamy, bien résisté à une très forte pression américaine qui voulait véritablement mettre à bas la politique agricole commune. Ceci dit, c’est la déception qui prédomine parce que il y a eu un double malentendu. Premier malentendu entre les pays du nord et les pays du sud, on y reviendra si vous le voulez, l’Europe avait un projet généreux en direction des pays moins avancées et ce projet, je crois, n’a pas été suffisamment compris et puis il y a eu aussi un malentendu entre les politiques car c’était un ensemble de 135 ministres, ce n’était pas ces états ou des technocrates qui négociaient, c’était des responsables politiques, entre ces ministres et la société civile, les organisations non gouvernementales.

Olivier Mazerolle : Justement beaucoup disent mais dans le fond ce sommet ça a été le succès, en résumant un peu et en symbolisant un peu les choses, ça a été le succès de José Bosé.

Christian Sautter : Il a certainement tenu beaucoup l’affiche et à l’évidence il a…

Anita Hausser : Trop à votre gré ?

Christian Sautter : Non je pense qu’il a bien montré que les négociations qui allaient se dérouler à l’OMC intéressaient chacun, chacun des citoyens des pays développés, aussi des pays en voie de développement, les agriculteurs mais pas seulement les agriculteurs, donc de ce côté là il a été très positif. Par contre, le fait de dénoncer sans mélange tout projet de donner des règles du jeu au commerce international, était à mon avis excessif parce que, s’il n’y a pas de règles du jeu, c’est le plus fort qui l’emporte.

Patrick Jarreau : Alors est ce que justement le risque ce n’est pas que la situation créée par l’échec de Seattle ce soit au fond la porte ouverte à des négociations bilatérales que conduiront les Etats Unis et dans lesquels ils seront à chaque fois en position de force ?

Christian Sautter : Non mais cet échec dont vous parlez, c’est l’échec d’une première conférence ministérielle, ce qui a été décidé c’était de retravailler plus sérieusement peut-être à Genève dès le début de l’an prochain, donc d’arriver par des discussions entre les pays développés, Etats Unis, Europe, Japon et avec les pays en voie de développement qui sont très divers, d’arriver à un agenda commun donc nous poursuivons et l’Europe est attachés à ce que le commerce mondial soit réglé par des règles qui soient universelles.

Patrick Jarreau : Et est-ce que les Etats Unis le sont autant à votre avis parce qu’on avait vu qu’ils ont passé cet accord avec la Chine juste avant Seattle et ma fois, ils pourraient continuer sur la même voie.

Christian Sautter : Il peut exister ici ou là aux Etats-Unis et notamment au congrès une tentation de l’unilatéralisme, c’est-à-dire de poser un principe que toute règle bonne pour les Etats Unis est une bonne règle et toute règle mauvaise pour les Etats-Unis est une mauvaise règle, mais ça, disons que c’est une fraction de l’opinion publique américaine.

Anita Hausser : Mais pourquoi minimiser la portée de cet échec ? Vous dites il faut retravailler sur l’agenda mais Seattle devait préparer l’agenda, c’était même ça le but de la conférence, alors on a envoyé de nombreuses délégations, vous même, vous dites que vous étiez à la tête d’une délégation de plusieurs dizaines de personnes. Finalement on en attendait beaucoup !

Christian Sautter : On en attendait beaucoup mais pour relativiser cet échec, comme vous dites, je rappellerais que le cycle précédent dit de l’Uruguay Round, il a fallu trois conférences de Seattle pour y arriver, donc…

Anita Hausser : Mais moins médiatisées !

Christian Sautter : Si le fait que la société civile, les organisations non gouvernementales se soient, si je puis dire, invitées à la table de négociation, le fait que les pays en voie de développement ne soient pas restés dans les gradins à regarder un match de tennis entre l’Europe et les Etats Unis, ça c’est nouveau mais c’est la première conférence pour préparer le futur cycle, je pense qu’il faut continuer et l’Europe y est tout à fait prête, la France y est prête.

Olivier Mazerolle : Tout de même monsieur Sautter, simplement pour un auditeur ou téléspectateur de base, bon ils ont suivi cette conférence, on leur a dit c’est extrêmement important, il n’y a pas eu d’accord. En quoi cet accord pourrait-il être pénalisant, cette absence d’accord pardon, pourrait-elle être pénalisante pour la France, pour l’Europe, si dans les mois qui viennent on ne parvenait pas, si l’Europe, la France ne parvenait pas à obtenir des Etats unis l’ouverture d’une réelle négociation ?

Christian Sautter : Mais ce n’est pas l’Europe qui va souffrir principalement de cet échec temporaire, ceux qui vont souffrir temporairement de cet échec temporaire, ce sont d’abord les pays les moins avancés, je rappelle que depuis 25 ans le niveau de vie, mesuré par le produit national brut par tête, a progressé de 71 % dans les pays riches, de 6 % dans les pays les plus pauvres, donc dans l’esprit de la France qui a des relations privilégiée, pour l’Europe qui a des liens de coopération, nous voulions que l’OMC, que Seattle sorte sur un bon accord pour les pays en voie de développement, c’est un premier point. Et puis deuxièmement, nous voulions que les préoccupations d’environnement, le principe de précaution dans le domaine alimentaire soit bien pris en compte. Que l’on prenne aussi en considération un certain nombre de normes sociales comme on dit par exemple en matière de travail des enfants. Donc on va rester, l’Europe ne va pas souffrir, la France ne va pas souffrir dans l’immédiat, la croissance française est solide, la croissance européenne est solide donc elle ne sera affectée. Je dis simplement que nous avons marqué un temps d’arrêt et peut-être un recul en matière de solidarité.

Olivier Mazerolle : Mais est-ce que ça veut dire qu’on peut voir proliférer de batailles comme celles qu’il existe par exemple entre l’Europe et les Etats Unis au sujet du bœuf aux hormones et les mesures de rétorsions prises par les Américains ?

Christian Sautter : Mais il y aura toujours des frictions commerciales entre tel ou tel pays et vous savez que l’OMC c’est la différence avec ce qui existait antérieurement à un organisme pour arbitrer les différends et il est arrivé que les Etats Unis soient condamnés et il est arrivé que l’Europe soit condamnée aussi. Donc il y aura des frictions commerciales, ça, ça fait si je puis dire, partie de la vie quotidienne de l’économie mondiale.

Patrick Jarreau : Mais vous dites que les pays en voie de développement sont ceux qui vont le plus souffrir de l’échec de Seattle et en même temps, c’était ceux qui étaient le plus opposé à l’agenda de Seattle, notamment pour les deux raisons que vous avez évoquées, c’est-à-dire les normes d’environnement.

Christian Sautter : Je pense que nous n’avons pas eu suffisamment de temps pour les persuader que nous, européens, enfin nous français aussi, nous voulions conclure un nouveau contrat avec eux, non seulement l’aide et nous allons renouveler les accords de Lomé vous savez qui lient les pays européens et des pays en voie de développement dits, Afrique, Caraïbes, Pacifique, d’ici février 2000, l’aide, l’annulation de la dette, c’est une grande idée qui est venue vaguement des Etats Unis mais l’Europe va le faire alors que les Etats unis le Congrès l’a refusée, et l’ouverture commerciale. Dans la proposition européenne, il y avait cette idée forte que, d’ici 2003, dans le cadre d’un paquet d’ensemble, nous allions ouvrir nos marchés à la plupart des produits de ces pays moins avancés.

Patrick Jarreau : Mais les pays en développement, ils ont pas eu peur de l’Europe, ils ont eu peur des Etats Unis dans cette affaire !

Christian Sautter : Oui mais je pense que…

Anita Hausser : Disons que c’est nous qui avons mal fait notre travail de persuasion si je comprend bien.

Christian Sautter :Non je ne dis pas que nous avons fait mal notre travail, ce n’est pas nous qui avons été intransigeants. Je pense qu’il faut profiter des mois et des années qui viennent pour convaincre les pays en voie de développement et notamment les pays moins avancés, qu’il est de leur intérêt qu’il y ait des règles, pas des règles qui freinent leur développement, des règles qui poussent leur développement.

Patrick Jarreau : Est-ce que vous avez le sentiment que le commissaire européen chargé des négociations Pascal Lamy a été suffisamment intransigeant vis-à-vis des Etats-Unis ?

Christian Sautter : Le résultat est là ! Il est clair que Pascal Lamy qui est un très bon négociateur, je veux lui rendre hommage parce que il a eu…

Olivier Mazerolle : Il s’est fait enguirlander en cours de route tout de même, réprimandé en tout cas !

Christian Sautter : Mais attendez, moi j’étais à Seattle et dans ces conditions qui durent jours et nuits, il y a des petits moments de tension, de friction, ce sont des choses qui arrivent, l’essentiel c’est que l’Europe est entrée dans cette négociation de Seattle unie, et qu’elle en est sortie unie. Et à cette union, Pascal Lamy, me semble-t-il a un grand mérite.

Patrick Jarreau : Mais est-ce qu’elle a été aussi unie que çà parce que vous exprimiez tout à l’heure votre confiance dans le fait que la politique agricole commune était sauvée, mais quand même, dans la discussion qui a eu lieu entre les européens en fin de semaine avant le constat d’échec de la négociation, on a quand même vu plusieurs pays européens qui au fond étaient prêts à entrer dans la logique américaine d’élimination à terme de toute subvention !

Christian Sautter : Il y a eu à tel ou tel moment, telle ou telle position de tel ou tel pays…

Olivier Mazerolle : 5 sur 15, ce n’est pas rien, un tiers !

Christian Sautter : Oui mais je crois que l’Europe n’est pas qu’une zone de libre échange, je pense que la politique agricole commune est une politique fondamentale que nous allons mettre en place, peut-être en parlerons nous tout à l’heure, une politique sociale, à côté de la politique économique et monétaire commune. La politique agricole commune où nous avons pris des résolutions fortes, notamment en matière de baisse des subventions à l’exportation européenne. Elles ont diminué de moitié entre 1992 et 1999, ça c’était dû à la réforme qui a été faite de l’APAC en 92 et nous avons décidé à Berlin, à 15 pays européens, pas à 5 ni à 10, ni à 12, d’une nouvelle diminution des prix, une nouvelle diminution des subventions à l’exportation.
Alors je trouve que lorsqu’on se fait donner des leçons de morale par les Etats-Unis qui, par exploitation, donnent deux fois plus d’aide que nous européens, nous nous avons des aides qui vont plutôt en décroissant et nous les ciblons de plus en plus sur les exploitations familiales, c’est ce que l’on appelle le contrat territorial d’exploitation en France, alors que eux, non seulement leurs aides sont deux fois plus importantes mais en plus elles ont augmenté depuis les 3 dernières années, je pense que l’Europe a eu raison d’être intransigeante.

Anita Hausser : Est-ce que tout est bloqué jusqu’aux élections américaines et d’autres part, est ce qu’il vaut mieux négocier avec les démocrates ou avec les républicains ?

Christian Sautter : Bon, il n’est pas improbable que le fait que la première primaire vous savez, que les candidats à la candidature aux Etats Unis sont désignés par de pré-élections dans des états et une des deux élections primaires se fait dans l’Iowa, qui est un état agricole par excellence, donc cette primaire qui aura lieu je crois fin janvier, a peut-être peut être influencé un peu l’attitude américaine à Seattle. Alors nous allons discuter je crois que nous allons remettre l’ouvrage sur le métier, nous verrons à quel rythme nous pourrons progresser.

Olivier Mazerolle: Avez-vous le sentiment qu’à Seattle est né une sorte d’internationale des citoyens consommateurs du monde entier ?

Christian Sautter : Je pense que la mondialisation qui s’est faite pour les marchandises puisque le commerce est largement libéré, pour les capitaux, pour les informations, je pense que cette mondialisation est devenue davantage citoyenne et moi j’appelais personnellement de mes vœux à une mondialisation citoyenne de ce côté là je crois que je suis exaucé !

Olivier Mazerolle : Vous êtes servi, alors passons…

Patrick Jarreau : Juste un mot quand même, un dernier mot sur ce sujet, Lionel Jospin avait dit il y a quelques temps que José Bové c’était un peu comme d’autres leaders de mouvements de chômeurs ou de mouvements de camionneurs qu’on avait vu apparaître et qu’ils disparaissaient au fond aussi vite qu’ils étaient apparu, il s’est trompé ?

Christian Sautter : Je ne pense pas que Lionel Jospin a eu ces propos critiques sur tel ou tel…

Patrick Jarreau : Si, il avait évoqué camionneurs tarzan ou le chômeur Robin des bois…

Olivier Mazerolle : Personnages gaulois avait-il dit !

Christian Sautter : Et bien il y a un personnage gaulois Astérix qui a la vie longue donc je ne sais pas combien de temps durera…

Patrick Jarreau : Donc ils sont de revoyure !

Christian Sautter : Mais je pense que, à partir du moment où un homme exprime un conviction assez forte, à partir du moment où il dénonce la « mal bouffe » et défend un certain art de vivre, un art de produire français, je pense qu’il restera quelques temps.

Olivier Mazerolle : Autre élément de l’actualité de la semaine, l’euro est tombé à parité avec le dollar, un dollar, un euro, enfin à certains moments légèrement au dessus, à certains moment légèrement en dessous, est ce que c’est gave, embêtant ou finalement indifférent ?

Christian Sautter : Il n’y a pas de fétichisme en la matière, un euro égale un dollar, ce n’est pas une ligne tabou, ce qu’il faut essayer de comprendre c'est pourquoi on est dans cette situation et je crois que l’explication est relativement claire, on a eu une très fore croissance américaine depuis 9 ans, tout le monde anticipait qu’elle ralentirait en 1999, elle n’a pas ralenti donc il y a une sorte de potentiel de confiance des marchés dans l’économie américaine et dans le dollar, l’Europe vous le savez est passée par ce que l’on a appelé un trou d’air mais nous avons maintenant de bonnes informations qui montrent que non seulement l’économie européenne est parti sur une pente à 3%, ce qui est tout à fait inédit par rapport au passé donc je pense que la force de la croissance européenne va tôt ou tard donner de la force à l’euro.

Patrick Jarreau : Mais comment expliquez)vous alors le scepticisme des marchés ?

Christian Sautter : Si je pouvais comprendre complètement la psychologie des marchés, je serais devin…

Anita Hausser : Mais il y a quand même des explications qui sont avancées parce qu’il n’y a pas eu d’harmonisation fiscale en Europe, parce qu’il y a des problèmes en Allemagne, les marchés n’ont apparemment pas apprécié le fait que le Gouvernement allemand vienne à la rescousse de l’entreprise Olisman qu’ils soient hostiles à l’OPA lancée sur Manesman enfin bon qu’il y a une espèce de changement de politique en Allemagne et ça, ça a eu des conséquences sur l’euro !

Christian Sautter : Je ne veux pas me faire l’interprète des marchés mais je crois que ce que regarde fondamentalement les marchés c’est le potentiel de croissance des entreprises qui sont cotées en bourse, les risques dans le domaine de la hausse des prix, du déséquilibre extérieur et je vous le répète les perspectives de croissance de l’Europe sont exceptionnellement bonnes, les chefs d’entreprises en France, vous le savez, les familles aussi sont à un niveau d’optimisme inégalé et les risques d’inflation sont nuls.

Oliver Mazerolle : Mais tout de même, là encore pendant des années et des années les Français ont été habitués à la politique dite du franc fort, les Allemands craignaient que l’euro soit moins fort que ne l’était le mark, et bien voilà l’euro qui était parti très fort par rapport au dollar est tombé progressivement au niveau du dollar en l’espace d’un an, alors encore une fois est-ce que c’est un atout d’avoir une monnaie plus faible que précédemment est ce que c’est un inconvénient ?

Christian Sautter : Je pense que ce que nous avons voulu, les 11 pays qui font partie du conseil de l’euro et la semaine dernière, lundi j’étais avec mes collègues de l’euro 11, nous en avons parlé, ce que nous voulons, c’est un euro stable qui permette une croissance forte. Et bien je crois que l’euro fluctue mais qu’il a un potentiel d’appréciation parce que la croissance forte est au rendez-vous.

Olivier Mazerolle : Oui mais enfin attendez, encore une fois, est ce qu’il y a risque par exemple de dissension au sein de la zone euro, quand les Allemands verront que l’euro est loin de valoir ce que valait le mark, que les Français verront que l’euro ne tient pas ses promesses par rapport à ce que valait le franc ?

Christian Sautter : J’étais lundi, nous étions 11 et même 12 avec le gouverneur de la banque centrale européenne, nous étions tous d’accord sur ce diagnostic que la croissant européenne est repartie, elles est repartie d’une façon homogène c’est vrai, Anita Hausser parlait de l’Allemagne qui a un peu trainé en terme de croissance depuis deux ans mais l’an prochain nous allons tous croître a peu près au même rythme 2,5 à 3 % et nous sommes tous d’accord sur le fait que la croissance va repartir sans tension sur les prix et tôt ou tard ceci donnera à l’euro une plus grande force qu’il a actuellement. On se donne rendez-vous dans un an vous verrez.

Olivier Mazerolle : Donc il n’y a pas de mesures spécifiques à prendre pour soutenir l’euro par une politique de taux d’intérêt ou de cette nature ?

Christian Sautter : Moi je fais tout à fait confiance à la banque centrale européenne qui a su le 8 avril baisser les taux d’intérêt à un moment où la croissance européenne était flageolante, elle a su reprendre cette baisse de 1/2 point le 4 novembre comme preuve que vraiment la croissance était repartie. Moi j’ai confiance dans la banque centrale européenne, j’ai confiance dans l’euro et j’ai confiance dans la croissance de l’ensemble de l’Europe.

Olivier Mazerolle : Alors on va parler de vous maintenant monsieur le ministre. Donc vous êtes le nouveau ministre de l’économie et des finances prenant la succession d’un ministre dont on parlait beaucoup qui était Dominique Strauss Khan, il se trouve que vous avez conservé le bureau qui était le vôtre comme secrétaire d’État au budget et vous avez laissé vide celui de Dominique Strauss Khan, vous avez repris l’ensemble du cabinet, des membres du cabinet de Dominique Strauss Kahn et alors, pardonnez moi mais il y a des commentaires comme ça qui disent dans le fond Christian Sautter il est là pour assurer l’intérim parce que dès que Dominique Strauss Khan pourra revenir il reprendra son poste !

Christian Sautter : Il est clair que si Dominique Strauss Kahn pouvait sortir rapidement des difficultés judiciaires où il est, je serais le premier à m’en réjouir mais si j’occupe mon bureau c’est parce que c’est un bureau traditionnel que je trouve très beau avec un mobilier qui remonte à Napoléon III aux Tuileries. Donc je suis resté dans mon bureau parce que c’est un beau bureau, c’est un point de vue esthétique, ce n’est pas un point de vue politique et c’est vrai que après le départ brutal et qui nous a beaucoup ému, quand je dis nous c’est moi même, les secrétaires d’État, les collaborateurs direct mais je pense l’ensemble de la maison Bercy, qui aimait beaucoup Dominique Strauss Kahn parce qu’il a été un grand ministre des finances, et bien nous avons repris la marche en avant et vous verrez que nous avons devant nous un programme de réforme qui va nous occuper.

Olivier Mazerolle : Mais sur ces commentaires, sur ces commentaires de ministre qui n’est pas là pour longtemps, qu’est-ce que vous avez à dire, qu’est ce que vous avez envie de dire ? En dehors du cas de Dominique Strauss Khan.

Christian Sautter : Attendez, j’ai envie de dire que j’ai pris les pleines responsabilités de ministre de l’économie, des finances et de l’industrie, en plus je les cumule, vous l’avez remarqué avec celles du budget et on est en pleine saison budgétaire puisque les parlementaires examinent non seulement le budget de l’an 2000 mais le budget rectificatif de 99, j’assume la plénitude des responsabilités et j’ai des projets pour l’ensemble de l’année prochaine et au-delà.

Anita Hausser : Vous allez peut-être être obligé de céder votre bureau à un futur secrétaire d’État au budget parce que vous n’allez pas y arriver et vous allez être obligé de monter d’un étage !

Christian Sautter : Il est sûr, non mais les histoires de bureau sont des histoires ridicules…

Anita Hausser : Oui mais enfin c’est symbolique.

Christian Sautter : Je dis simplement qu’il est tôt ou tard…

Anita Hausser : Vous allez peut-être être obligé de vous mettre dans vos meubles si vous voulez !

Christian Sautter : Je suis dans mes meubles, tôt ou tard il faudra que quelqu’un prenne en charge le budget parce que le budget c’est une tache qui est lourde 12 mois sur 12.

Anita Hausser : Plutôt tôt que tard ?

Christian Sautter : Ecoutez, le Premier ministre prendra la décision convenable on pourra en parler l’an prochain.

Patrick Jarreau : Alors en dehors de votre désaccord apparemment avec Dominique Strauss Kahn pour ce qui est des goûts en matière de mobilier à Bercy, est ce que vous êtes à 100 % sur la ligne qui était la sienne, on vous dit volontiers, vous parliez de la banque centrale européenne tout à l’heure, vous exprimiez votre confiance dans la banque centrale européenne mais vous disiez que vous aviez au fond une vision peut être un peu plus dirigiste ou peu plus étatiste que celle de votre prédécesseur ?

Christian Sautter : Moi je peux vous dire quelles sont mes convictions et mes convictions sont fortes et je crois que beaucoup d’entre elles recoupent celles de Dominique Strauss Khan, par exemple je crois à la croissance. Je crois que la croissance ne tombe pas du ciel, je crois que la croissance peut être stimulée par l’État même si ce sont les entreprises, ce sont les salariés qui en font l’essentiel. Donc je crois à la volonté de croissances.

Patrick Jarreau : Donc la dépense publique est un élément important de la croissance selon vous ?

Christian Sautter : Non pas la qualité de la dépense publique, j’y viens dans un instant. Je cois à la croissance partagée c’est-à-dire que spontanément on peut avoir une croissance rapide, c’est le cas des Etats-Unis et des inégalités qui s'ouvrent de plus en plus. Je crois important, et c’est une des responsabilités de la politique économique et sociale, de faire en sorte que tout le monde trouve son compte dans la croissance. Non seulement en terme d’emploi mais aussi en terme de partage du revenu. En matière de finance publique, vous en parlez et c’est très important, je crois qu’il faut utiliser avec parcimonie l’argent des contribuables, il n’y a pas l’argent de l’État, il y a l’argent des contribuables, donc je me suis efforcé en tandem avec Dominique Strauss Khan, de dépenser mieux et je crois que cela fait longtemps que sur une période de 2 ans à 2 ans et demi, les dépenses de l’État n’ont pas été à peu près stables. Donc nous avons financé les priorités, j’y reviendrai si vous le souhaitez, l’emploi, la solidarité, la justice, la sécurité, on va là, financer des contrats de plan très ambitieux pour équiper le pays au début du millénaire prochain mais tout ceci on le fait en prenant des économies, en faisant des économies ailleurs. Donc moi je crois qu’il faut dépenser mieux, je crois aussi qu’il faut réduire les déficits, on parle de tas d’or, il est clair que l’État paie trop d’intérêts. Vous avez les intérêts de la dette de l’État, c’est un peu moins maintenant que le budget de l’éducation nationale ou le budget de l’emploi et de la solidarité, donc il faut réduire la dette publique et il faut si c’est possible, réduire les impôts.

Olivier Mazerolle : Alors dépenser mieux mais voilà beaucoup de personnes vous disent également et notamment c’est le cas des gouverneurs de banques centrales et notamment du conseil des gouverneurs de la banque centrale européenne, vous disent mais il faut aussi dépenser moins !

Christian Sautter : Si l’on peut dépenser moins, ok mais l’important c’est de dépenser mieux parce que pourquoi dépense-t-on ? On dépense pour maintenir une qualité de de service public, une qualité de solidarité. Ce qui m’a frappé dans le débat budgétaire avec le Sénat cette semaine c’est que plus il fallait, plus d’argent pour les routes, plus d’argent pour la sécurité, plus d’argent pour l’enseignement, plus d’argent pour l’équipement du pays, donc je crois que nous devons maintenir une bonne qualité de service public, pourquoi ? Parce que je crois que c’est important pour que notre pays qui est très divers, garde son unité et puis aussi c’est parce que dans la compétition internationales, c’est quelque chose qui joue. Lorsque Toyota est venu a Valenciennes c’est parce qu’il y avait de la main d’œuvre qualifiée, il y avait de bonnes infrastructures de transport, le téléphone marchait bien, il y avait de l’électricité, de l’eau et il y avait si je puis dire, un pays qui tournait rond.

Olivier Mazerolle : Alors dans cette politique, cette volonté de croissance dites vous, certains vous diront également mais la croissance pourrait être encore plus forte en France s’il n’y avait pas un tel niveau élevé de prélèvements obligatoires.

Christian Sautter : Ecoutez, on peut philosopher sur ce sujet, moi je regarde les faits. Les faits, c’est que l’an prochain, d’après le fond monétaire international qui n’est pas inféodé au Gouvernement de Lionel Jospin, nous aurons la médaille d’or de la croissance parmi les grands pays dits du G7, donc on pourrait peut-être avoir une croissance encore plus forte, j’en doute, ceux qui ont défendu les théories que vous dites, n’ont pas eu des résultats extraordinairement brillants. Quant on voit la croissance française entre 1993 et 1997, on ne peut pas dire qu’elle restera dans les annales. Depuis 1997, nous avons retrouvé le chemin de la croissance et les entreprises, les consommateurs, nous sommes dans la période de Noël, ont retrouvé confiance dans l’avenir, nous sommes sortis d’une sorte de pessimisme, de fatalisme, on est passé du côté de la confiance et de la volonté.

Olivier Mazerolle : Ca veut dire que la baisse d’impôt prévue pour l’an prochain va être parcimonieuse ?

Christian Sautter : Non alors, l’an prochain, l’an 2000 nous faisons 40 milliards de francs de baisse d’impôts , c’est la plus forte baisse depuis très très longtemps !

Anita Hausser : Le chiffre vous est contesté. On dit vous reprenez d’une main ce que vous donnez de l’autre !

Christian Sautter : Ecoutez non, 40 milliards de francs, est ce que quelqu’un conteste le fait que la TVA sur les travaux d’entretien du logement a laissé le 15 septembre de 20,6 à 5,5, vous ne le contestez pas je vous remercie. Et le plus extraordinaire c’est que 92 % des artisans ont baissé leurs prix donc on avait dit les artisans vont mettre cette baisse dans la poche, ils ont été, ils ont parfaitement joué le jeu. Est ce que l’on conteste, là je m’adresse aux petites et moyennes entreprises par votre truchement, que la taxe professionnelle est en train de baisser, bon est ce que l’on conteste que la surtaxe que nous avions créés en 97 de façon temporaire, a été supprimée sur les grandes entreprises. Donc l’an prochain, 40 milliards de francs de baisse d’impôts et à côté il y a des redistributions assez compliquées dont je veux bien vous parler.

Olivier Mazerolle :On dit mais je ne sais pas si c’est exact qu’il pourrait être décidé a printemps prochain la baisse de la taxe d’habitation qui pourrait entrer en vigueur dès l’automne 2000 et puis ensuite que pour le budget 2001 en effet il y aura une baisse des impôts sur le revenu, alors vrai ou faux tout ça ?

Christian Sautter : Mais ça ce n’est pas du tout une rumeur, c’est une réalité, la réalité c’est que durant le débat budgétaire, nous avons promis aux parlementaires de la majorité, à ceux de l’opposition aussi d’ailleurs mais qui sont moins attentifs, nous leur avons promis que si nous avions les moyens financiers nécessaires et nous ne le saurons qu’au mois d’avril, il faut boucler les comptes de l’année 1999, nous ferions un effort sur l’impôt direct qui est payé par tous les français.

Olivier Mazerolle : Alors lesquels et comment ?

Christian Sautter : Alors sur la taxe d’habitation nous déciderons au mois d’avril si nous avons les moyens financiers nécessaires de baisser la taxe d’habitation an 2000 !

Olivier Mazerolle : Pour l’automne 2000 donc !

Christian Sautter : Pour l’automne 2000. Ca c’est une promesse qui a été fait par le Gouvernement, à sa majorité et je tiens les promesses que je fais !

Olivier Mazerolle : Et l’impôt sur le revenu en revanche ?

Christian Sautter : Alors l’impôt sur le revenu et aussi la taxe d’habitation qui sont deux impôts directs mais l’impôt sur le revenu n’est payé que par la moitié des Français, nous les baisserons si nous en avons les moyens en 2001 et en 2002.

Olivier Mazerolle : Bien nous allons marquer une pause pour les informations de 19 heures et puis nous allons voir avec vous donc quels sont les autres instruments de votre politique économique.

Patrick Jarreau : Vous parliez de la croissance partagée tout à l’heure, monsieur Sautter. Mais au début de l’année, vous aviez évoqué la nécessité de baisser les impôts sur le revenu et notamment pour les revenus les plus élevés. Est-ce que c’est toujours votre idée ? Est-ce que que vous considérez qu’il faut réduire ce qu’on appelle le taux marginal ? Est-ce que les chefs d’entreprises, les cadres supérieurs sont trop taxés en France par rapport aux pays voisins ?

Christian Sautter : Là, vous faite une confusion qui m’honore entre moi-même et Laurent Fabius qui a avancé une telle idée.

Patrick Jarreau : Mais vous-mêmes, un peu au début de l’année, vous l’aviez évoqué.

Christian Sautter : Je pense que nous allons retravailler les impôts directs, donc la taxe d’habitation, l’impôt sur le revenu. Non pas seulement pour les tranches supérieures mais on regardera sans a priori. Il est clair qu’il faut que l’effort, la réussite soit, si je puis die, récompensée. Mais il faut aussi que l’impôt reste progressif, parce que c’est un des fondements.

Olivier Mazerolle : J’ai une question un peu politique à vous poser là. Lionel Jospin a dit : « il faut réconcilier la classe moyenne avec les classes populaires ». Alors, jusqu’à quel niveau de taux marginal d’imposition appartient-on à la classe moyenne ?

Christian Sautter : Ce qui est sûr, c’est que les classes populaires et les classes moyennes paient toute la taxe d’habitation et que l’impôt sur le revenu, qui est payé que par la moitié des contribuables, touche plutôt les classes moyennes. Je pense que nous ferons un effort, puisqu’il faut aller dans le sens de la justice fiscale…

Olivier Mazerolle : Vous ne répondez pas à ma question là.

Christian Sautter : Non, je ne réponds pas à votre question, parce que je pense que si l’on veut taxer la rente, on peut avoir un taux élevé. Moi, ce qui me parait important et c’est une chose que j’avais faite avec Dominique Strauss Khan, c’est que par exemple, pour les créateurs d’entreprise, nous avons rétabli un système que la majorité précédente avait aboli, de bons de croissance qui donne un statut fiscal favorable à ceux qui décident de créer une entreprise, se paie relativement petitement et se récompenseront, si je puis dire, sur la réussite de l’entreprise. Donc, pour les entreprises de moins de 15 ans, nous avons un sytème qui, je crois, est favorable aux créateurs d’entreprises. Ca, je pense que c’est une bonne mesure fiscale. Mais les rentiers me donnent moins de soucis.

Olivier Mazerolle : Est-ce que vous avez dans vos cartons, d’autres idées concernant la fiscalité ?

Christian Sautter : Alors, j’ai d’abord l’idée, très simple, que nous allons en discuter. Je n’ai pas, contrairement à certains autres dans le passé, la science infuse. Je crois qu’il est très important de discuter avec la majorité parlementaire, dans ses différentes composantes et il est très important aussi de regarder l’impôt par ces effets sur l’emploi. Parce que vraiment la politique du Gouvernement, c’est d’accroître l’emploi et de réduire le chômage. Donc, nous allons regarder, sans préjuger, l’ensemble de la taxe d’habitation. On sait par exemple, qu’à certains moments, la taxe d’habitation freine le retour à l’activité. Je prends un exemple concret puisqu’on vient d’y remédier. Lorsque quelqu’un est au RMI, au revenu minimum d’insertion, il ne paie pas la taxe d’habitation. S’il travaille, s’il travaille au SMIC, il paie la taxe d’habitation et la taxe d’habitation, par exemple en région parisienne, mais pas seulement, ça peut faire parfois, deux semaines, trois semaines, quatre semaines de SMIC. Donc, nous avons décidé, le Premier ministre a décidé que l’on ne paierait pas la taxe d’habitation au moment où on reprend le travail.

Patrick Jarreau : On voit bien que vous êtes plus à l’aise sur la taxe d’habitation que sur l’impôt sur le revenu. Mais c’est quand même là-dessus…

Christian Sautter : Sur l’impôt sur le revenu, nous verrons d’abord quelle marge de baisse on dispose. Et ensuite, nous verrons comment cette baisse, nous la répartissons sur l’éventail.

Patrick Jarreau : Mais quand même, est-ce que vous considérez qu’aujourd’hui que les hauts revenus sont pénalisés en France par rapport à l’Allemagne ou surtout à l’Angleterre.

Christian Sautter : Non, je pense que lorsque je vois par exemple que des frontaliers, par exemple, qui travaillent en Allemagne ou qui travaillent en Belgique ou qui travaillent en Suisse, supplient d’être imposés en France, je me dis que peut être...

Anita Hausser : Ce ne sont pas les hauts revenus ça ?

Christian Sautter : Ce ne sont peut être pas des hauts revenus. Mais je me dis que peut être notre régime fiscal n’est pas si défavorable que cela.

Patrick Jarreau : Et sur les stocks options alors, que est votre position ? Est-ce que l’amendement qui a été adopté par le parlement est durable ? Est-ce que cette taxation va demeurer ou est-ce qu’il faudra d’une manière ou d’une autre, revenir à ce qui était la positon de votre prédécesseur, c’est-à-dire alléger la fiscalité des stocks options.

Christian Sautter : Sur les stocks options, deux points : premièrement, pour les bons de croissance qui sont l’équivalent de stocks options pour les entreprises de moins de 15 ans, nous avons un système qui est favorable. Ca c’est un premier point. Deuxièmement, il n’y a pas eu de décision de prise cet automne durant le débat budgétaire. Simplement, la décision d’inclure ce sujet dans l’ensemble de la réflexion sur l’impôt sur le revenu et il a été dit que dans un certain nombre de cas, la taxation des stocks options se rapprocherait de l’impôt sur le revenu. Pourquoi ? Parce qu’actuellement, ce système qui, en principe, devrait récompenser la réussite, est un système qui est opaque. On en a vu des cas récemment. Un système opaque qui est réservé à un tout petit nombre. Ce que nous voulons, c’est développer l’actionnariat salarial et c’est-à-dire, permettre, à un beaucoup plus grand nombre de salariés de participer à la réussite de l’entreprise. Voilà la direction.

Olivier Mazerolle : Sous quelle forme et à partir de quand cela pourrait-il s’opérer ?

Christian Sautter : Alors, sous quelle forme. Il y a actuellement des systèmes successifs qui sont un peu vieux et un peu compliqués. Il y a l’intéressement, il y a la participation. Il y a le plan de participation dans l’entreprise. Il y a un parlementaire, Jean-Pierre Baligan et l’ancien commissaire au Plan, monsieur de Foucault qui sont en train de travailler. Ils vont me remettre leur rapport en janvier pour mettre à plan l’existant et faire des propositions. Et nous en discuterons entre janvier e le printemps, et ceci rentrera probablement dans la loi sur les nouvelles régulations. Je parle de l’épargne salariale dans la loi sur les nouvelles régulations qui est prévue pour le printemps.

Olivier Mazerolle : Est-ce que là c’est une nouvelle approche de la part du parti socialiste, parce que l’actionnariat salarié c’est d’une certaine façon aussi peut être amener les salariés à participer à la gestion de l’entreprise, aux choix stratégiques à trouver ? Est-ce qu’on se rapprocherait d’un modèle allemand, de ce point de vue ?

Christian Sautter : Je pense qu’il y a au moins deux avantages. Le premier avantage c’est qu’il est important que les salariés puissent participer à la prospérité de leur entreprise, pas seulement par le truchement de leur salaire. Et le deuxième avantage, c’est que je préfère que les avions des entreprises françaises ou des entreprises européennes soient davantage entre les mains des salariés qu’entre les mains de fonds de pension étrangers.

Patrick Jarreau : Mais comment allez-vous faire dans ce cas là pour résoudre la difficulté, réduire la différence entre les entreprises qui sont cotées en bourse, dont les salariés pourront par conséquent comme vous le dites participer à l’expansion à travers la bourse et puis celles qui ne le sont pas ?

Christian Sautter : Alors, effectivement, il faut trouver une manière de renforcer l’épargne salariale pour les centaines de milliers d’entreprises qui ne sont pas cotées. C’est un des points, je sais, sur lesquels réfléchissent Jean-Pierre Baligan et Jean-Baptiste Foucault.

Olivier Mazerolle : On a envie de vous demander, pour vous, quelle est vraiment le moteur de la réduction du chômage. Est-ce que c’est la croissance. Est-ce que ce sont les mesures spécifiques 35 heures emploi jeunes, est-ce que ce sont les créations d’entreprises ? Sur quoi pensez-vous qu’il faut mettre l’accent pour que cette réduction du chômage qui s’est opérée maintenant depuis un grand nombre de mois, depuis un an et demi, continue et peut être s’accélère ?

Christian Sautter : Pour lutter contre le chômage, je vais prendre l’image d’une fusée Ariane. Il y a la fusée centrale, c’est la croissance. La croissance dans la réduction du chômage depuis juin 97, c’est entre les deux tiers. Et les trois quarts de la création d’emplois.
Et puis il y a deux boosters qui sont à côté et qui correspondent à la volonté du Gouvernement de tout faire pour lutter contre le chômage. On a dit dans le passé, on a tout essayé. Et bien nous, nous sommes partis.

Olivier Mazerolle : C’est François Mitterrand qui avait dit ça.

Christian Sautter : Nous sommes partis avec, si je puis dire, une énergie neuve. Donc, la croissance pour les deux tiers et deux boosters.
L’un, les emplois jeunes qui permettent à des jeunes d’acquérir une expérience professionnelle dans des activités non marchandes, mais cela les sort de l’exclusion où beaucoup d’entre eux étaient.
Et l’autre, c’est la réduction négociée du temps de travail.
Donc, la réduction négociée du temps de travail, j’en parle très librement. C’est un moyen, ça n'est pas le moyen, mais c’est un moyen de réduire le chômage.

Olivier Mazerolle : Alors, la croissance étant l’élément central, est-ce que les 35 heures par exemple et les emplois jeunes ne pèsent pas trop lourd sur le budget de l’État, ne vous amène pas à maintenir un niveau de prélèvements obligatoires trop élevés qui ralentirait finalement, contrairement à ce qu’on pourrait croire, la croissance ?

Christian Sautter : Vous revenez avec une obstination que je respecte à la question de tout à l’heure.

Olivier Mazerolle : C’est ce que disent un certain nombre de vos adversaires politiques et un certain nombre d’analystes et les gouverneurs des banques centrales.

Christian Sautter : Oui, ils sont parfaitement respectable les uns et les autres. Mais les faits ne confirment pas leur théorie. Les faits c’est que nous avons financé les emplois jeune et la réduction du temps de travail dans le cadre de dépenses de l’Etat qui sont à peu près constantes, comte tenu de la hausse des prix. C’est une première chose et c’est important. Et deuxièmement, en matière de prélèvements, nous allons engager. Alors, cela fait quelques années que nous le promettons, mais les circonstances n’ont pas toujours été favorables. Il y aura une baisse des prélèvent obligatoires en 2000 et probablement, je l’espère, si la croissance est forte, en 2001 et en 2002. L’expérience montre : l’an prochain, la commission européenne, dans ses prévisions de la semaine dernière, nous prévoit près de 3 % de croissance en 2000 et en 2001. Donc, si l’économie française, les entreprises françaises avaient dans leur sac à dos un poids trop élevé, elles ne progresseraient pas de 3 % ou peut être avons-nous des chefs d’entreprises exceptionnels, je suis prêt à le reconnaitre.

Olivier Mazerolle : Monsieur Sautter alors, comment expliquez-vous justement, alors que la communauté européenne prévoit une croissance un peu plus forte en France que dans les pays voisins, le taux de chômage en France, en revanche, ne baissera pas plus que celui de la moyenne européenne en dépit des mesures prises comme les 35 heures ou les emplois jeunes.

Christian Sautter : Et bien je vois que nous avons une chance qui est qu’en France, nous avons encore des générations qui arrivent sur le marché du travail qui sont plus nombreuses que les générations précédentes et c’est-à-dire, que nous avons une population prête à travailler, qu’elle travaille ou qu’elle soit au chômage, qui progresse, c’est un chiffre, de 0,4 % par an alors que l’Allemagne est déjà dans une phase de décroissance. Donc, nous devons trouver du travail, non seulement pour ceux qui sont au chômage mais aussi pour des générations plus nombreuses. Elles le seront encore quelques années. Voilà peut être l’explication que l’on peut donner.

Anita Hausser : Comment expliquez vous alors que le MEDEF soit tellement remonté contre les 35 heures, contre les emplois jeunes, enfin contre tout ?

Christian Sautter : Que le MEDEF soit remonté, comme vous dites, c’est si je puis dire, son affaire. Moi, ce que je note, c’est que l’opinion importante, c’est l’opinion des chefs d’entreprises et les chefs d’entreprises ont confiance dans l’avenir, dans l’avenir de l’économie française, dans l’avenir de leur propre entreprise. Les enquêtes, qu'elles viennent de la Banque de France, de l’INSEE ou d’ailleurs, le prouvent. Et non seulement des chefs d’entreprises ont confiance dans l’avenir, mais ils le manifestent en investissant. L’investissement des entreprises a été à peu près plat entre 1990 et 1997. Depuis 1998, il est reparti à la hausse, c’est-à-dire que le potentiel de notre pays s’accroit parce que les chefs d’entreprises ont confiance dans l’avenir.

Anita Hausser : Ils créent aussi beaucoup d’emplois à l’étranger.

Christian Sautter : Mais il n’y a pas pour moi, d’opposition entre créer des emplois à l’étranger et créer des emplois en Francce. Je pense que dans le mouvement de croissance, nous avons en France, une progression de l’emploi qui, je crois n’a pas été connue depuis des années et des années.

Patrick Sarrau : Alors, vous parlez tout à l’heure des projets sur la régulations donc que vous préparez pour le printemps prochain. Dans ces projets, il y a notamment une réforme des agences des contrôles des marchés. on avait un peu mis en cause, au moment de l’affaire BNP-Société Générale. Certains, dont Jean-Pierre Chevènement, s’étaient élevés contre le fait que l’Etat n’ait plus aujourd’hui le moyen d’intervenir dans ce type d’opération, fusion ratée en l’occurence entre deux banques. Est-ce que la réforme va permettre de nouveau ou donner de nouveaux moyens à l’Etat pour intervenir dans ce type d’affaire ?

Christian Sautter : Non, le but des réformes sur lesquelles j’ai discuté avec les responsables de ces autorités indépendantes, c’est de moderniser notre système, mais ce n’est pas du tout de revenir d’un contrôle par des autorités indépendantes, la commission des opérations de bourse, le comité des marchés financiers, ou d’autres, vers l’État. Le but, c’est de moderniser nos procédures de régulation, notamment lorsqu’il y a des opérations, des OPA ou des opérations publiques d’échange, de façon à nous adapter au monde qui change. Mais en la matière, régulation ne veut pas dire révolution.

Anita Hausser : Si vos nouvelles dispositions étaient en place, est-ce que ça aurait changé quelque chose dans l’affaire Coca Cola Orangina.

Christian Sautter : Coca Cola Orangina, c’est tout à fait différent. Lorsque Orangina a été l’objet d’une tentative d’achat par Coca Cola, il y a eu un premier examen par une autorité indépendante, qui est le conseil de la concurrence.

Anita Hausser : Justement, est-ce que ça vous allez le modifier ?

Christian Sautter : Non, parce que le conseil de la concurrence, il existe aux Etats Unis. Il existe en Belgique. Je crois que tout récemment, Coca Cola vient aussi d’avoir un problème en Belgique de cet ordre. Je crois qu’il est important de défendre, si je puis dire, les consommateurs et il est clair que lorsqu’une entreprise contrôle 60 % d’un marché, cela aurait été le cas dans le marché des boissons gazeuses non Coca, voyez pour être précis. Lorsqu’une entreprise contrôle 60 % d’un marché, et bien il peut y avoir un problème du point de vue des consommateurs. Lorsque Microsoft a fait l’objet, aux Etats Unis, d’une procédure de cet ordre, c’est exactement en fonction de la même logique.

Olivier Mazerolle : Monsieur Schroeder en Allemagne, à la suite de l’OPA hostile lancé par l’anglais Vodaphon contre l’Allemand, Mannesmann, souhaite que l’Europe se dote d’une directive qui permette de rendre beaucoup plus difficile les OPA hostiles. Est-ce que la France a l’intention de s’associer à l’Allemagne dans cette démarche ?

Christian Sautter : Il faut regarder exactement quelle est la proposition du chancelier. Je crois qu’il faudra qu’on aille peu à peu puisque les marchés des capitaux sont de plus en plus unis, qu’on aille de plus en plus vers des règles qui soient plus harmonisées, au moins au sein des pays de l’Euro 11. Mais je ne sais pas exactement quelle est la proposition du chancelier Schroeder donc j’arrêterai là mon commentaire ?

Olivier Mazerolle : Donc, vous seriez moins régulateurs que les Allemands, là dans ce domaine ?

Christian Sautter : Ecoutez, en matière de régulation, il faut être concret. il faut être précis. Il ne faut pas être spéculatif, si je puis dire. Donc, lorsque nous aurons un projet concret proposé par nos partenaires et nos amis allemands, nous verrons.

Patrick Jarreau : Alors, justement, le même chancelier Schroeder est intervenu d’autre part pour obliger les banques allemandes à venir au secours du groupe de bâtiment Holzmann qui était pratiquement en dépôt de bilan. Alors, est-ce qu’en France le Gouvernement français aurait des moyens similaires d’intervenir le cas échéant et est-ce que vous estimez que ce type d’intervention est une bonne chose.

Christian Sautter : Je crois que lorsque le Gouvernement français intervient dans des affaires industrielles, ça été le cas tout récemment pour constituer le constructeur européen d’aéronautique EADS, c’est un projet où on d’ailleurs retrouvé le chancelier Schroeder et le Premier ministre Jospin, notre logique c’est de…

Patrick Jarreau : L’un est actionnaire, donc c’est un peu différent.

Christian Sautter : Oui, mais notre logique c’est une logique industrielle et sociale. Nous voulons constituer d’abord en France puis à l’échelle européenne des groupes qui jouent, si je puis dire, en première division dans la compétition mondiale. C’est ce qui a été fait sur EADS et encore, tout récemment, les Espagnols sont venus rejoindre le groupe. Ca veut dire quoi ? Ca veut dire que cette entreprise européenne au sens propre du terme, va fabriquer 80 % d’Airbus. Moi, j’ai été à Seattle qui est une ville qui est connue pour Microsoft et pour Boeing, je pense que la constitution de EADS, c’est une bonne chose.

Anita Hausser : Ca c’est une démarche offensive.

Christian Sautter : Et j’imagine que dans d’autres domaines, dans d’autres domaines, nous suivrons la même logique.

Olivier Mazerolle : Il y a encore des ouvertures de capital en 2000, 2001, 2002 pour des raisons industrielles ?

Christian Sautter : Je pense que tout ce qu’il faudra faire pour que l’industrie française et l’industrie européenne soient au premier rang mondial, nous le ferons.

Olivier Mazerolle : Y compris des privatisations si nécessaire.

Christian Sautter : Non, il n’y a pas besoin.

Olivier Mazerolle : Si nécessaire, j’ai dit.

Christian Sautter : Il n’y a pas besoin de privatiser pour être compétitif. Regardez électricité de France, regardez France Télécom, ce sont des entreprises d’envergure mondiale où l’actionnaire État fait son métier.

Olivier Mazerolle : Bon, alors monsieur Sautter, d’autres questions encore. Les relations sociales sont animées en ce moment par un débat que le patronat a entamé avec les syndicats pour la formation d’une nouvelle constitution sociale. Et le patronat dit : « Au fond, la loi sur les 35 heures nous a été imposée, démontre que le paritarisme n'existe pas, c’est du pipeau. Le Gouvernement a repris la main et qu’il se débrouille, et nous, nous allons essayer de nous entendre entreprise par entreprise avec les syndicats. » Alors, vous regardez ça en spectateur ?

Christian Sautter : Non, je regarde de façon très intéressée. Et j’ai remarqué en étant à Seattle, vous voyez j’y reviens parce que c’était un moment fort de la semaine dernière, que le patronat américain était complètement absent. Et pourquoi le patronnat était absent à Seattle, c’est parce que dans le système américain que vous êtes en train de me décrire, il y a peut être un groupe de pression qui représente l’ensemble des entreprises, mais tout se fait entreprise par entreprise.
Je crois que le patronat français, le MEDEF aujourd’hui, est l’héritier d’une tradition de paritarisme où il constitue ce qu’on appelle une force vive, c’est-à-dire qu’il a participé depuis la guerre avec les partenaires sociaux, avec l’État à la reconstruction de l’économie du pays, à son développement et à la mise en place d’un système de protection sociales qui, je crois est très apprécié par l’ensemble de nos concitoyens. Alors, l’idée de dire le paritarisme, c’est fini, est à mon avis une idée qui va ramener le MEDEF à ce qu’est le patronat aux Etats Unis.

Olivier Mazerolle : Il reproche au Gouvernement d’avoir tué le paritarisme par la loi qui impose les 35 heures, par le fait que le budget de la sécurité sociales est fixé par le Gouvernement en accord avec le parlement mais pas par les gestionnaires.

Christian Sautter : Attendez. Là, attendez, monsieur Mazerolle, je ne peux pas vous laisser dire ça.

Olivier Mazerolle : Je dis ce qu’ils disent.

Christian Sautter : Est-ce qu’on considère comme un progrès de la démocratie ou un recul de la démocratie que le budget de la sécurité sociale qui, maintenant dépasse le budget de l’État, soit examiné par les parlementaires et c’est monsieur Juppé qui l’a fait. Donc, vous voyez que je ne suis pas là sur un point de vue partisan. Je trouve extrêmement important que le parlement donne son point de vue sur un sujet aussi important. Il s’agit de prélèvements obligatoires. On n’a pas le choix de payer des cotisations sociales ou de ne pas les payer et je trouve normal que des élus issus du suffrage universel voient comment cet argent est collecté et comment il est dépensé. Alors, vraiment s’indigner de ce que le parlement regarde le budget de la sécurité sociale, c’est imaginer qu’à côté de la légitimité démocratique, il y a une autre légitimité, mais dites mois laquelle ?

Olivier Mazerolle : Moi, je vous restitue ce que dit le MEDEF. Je n’ai pas d’opinion particulière à formuler.

Patrick Jarreau : Est-ce que le Gouvernement a réfléchi à ce qu’il fera si le MEDEF met sa menace à exécution et si effectivement, le 18 janvier, il annonce son retrait de l’assurance maladie, voire de l’ensemble des organismes de sécurité sociale.

Christian Sautter : Nous verrons ce qui se passe le 18 janvier.

Patrick Jarreau : Vous n’allez pas attendre le 18 janvier quand même pour réfléchir.

Christian Sautter : Attendez, laissez moi vous réponde. Dès que j’ai pris mes fonctions, j’ai décidé de voir les principaux partenaires sociaux et j’ai reçu la CFDT, j’ai reçu Force Ouvrière et je vais recevoir la semaine prochaine, la CGT et le MEDEF. Donc, nous allons en parler et je verrai. Je comprendrai mieux quelles sont les intentions des uns et des autres. Ce que je crois, c’est que nous devons, dans la mesure du possible, préserver le paritarisme, parceque le paritarisme est au cœur du fonctionnement de notre modèle social. Si certains veulent s’en écarter, nous aviserons.

Anita Hausser : Monsieur le ministre, vous parliez tout à l’heure de l’épargne salariale qui devrait supplées les fonds de pension américains, enfin anglo-saxons dans les entreprises françaises. Mais d’une manière générale, comment allez-vous mettre sur pied la réforme des retraites.

Christian Sautter : Alors, la réforme des retraites, nous la mettons en train par la méthode Jospin, c’est-à-dire, d’abord un diagnostic : le rapport Charpin vous vous en souvenez. Ensuite, un dialogue. Martine Aubry et d’autres ministres dont le ministre de l’économie et des finances, ont rencontré les partenaires sociaux et le Premier ministre va annoncer au début de l’an prochain, des orientations précises. Précises, pourquoi faire ? Pour pérenniser les régimes de retraite par répartition. Là aussi, la retraite par répartition, c’est au cœur de modèle social. Ce n’est pas du tout un mécanisme désuet, c’est un élément fondamental de la solidarité et l’idée d’y substituer du chacun pour soi. Il y a eu à l’époque une loi sur les fonds de pension en disant, chacun va se débrouiller pour sa propre retraite et puis peut être qu’il y aura une sorte de minimum vital pour tous. Ce modèle de type américain n’est absolument pas le nôtre. Donc, vous allez voir que le Gouvernement qui est parfaitement conscient de ce qu’il faut réformer les régimes de retraite pour les préserver. Il faut réformer la retraite par répartition pour préserver ce système. Vous verrez que nous allons annoncer et tout le monde sera concerné.

Olivier Mazerolle : On peut dire que ces mesures vont être articulées autour d’un coup de booster, pour reprendre votre expression de tout à l’heure, sur le fonds de garantie ?

Christian Sautter : Alors, le fonds de garantie des retraites, nous le dotons progressivement, mais ça n’est pas la solution du problème. Ca permet simplement d’atténuer ce fameux choc démographique, c’est-à-dire le moment où des générations pleines partiront à la retraite.

Olivier Mazerolle : Une dernière question. On approche de Noël, il y aura une prime de Noël pour les chômeurs ? Ils la réclament.

Christian Sautter : Alors, le Gouvernement y travaille, mais je peux vous annoncer. Vous savez que le Premier ministre, le 27 septembre, avait annoncé que les chômeurs surendettés ne paieraient pas d’impôt et la date limite était le 31 décembre. Comme ça prend du temps, j’ai décidé avec l’accord du Premier ministre évidemment, de repousser cette date au 31 janvier. Donc, ça c’est une première chose qui est faite pour ceux qui sont le plus en difficulté. En ce que concerne les chômeurs et les exclus, le Gouvernement travaille et il y aura prochainement des annonces qui seront faites.

Olivier Mazerolles : Merci monsieur Sautter d’avoir participé à cette émission. C’était votre grand jury. Bonne soirée à tous.