Déclaration de Mme Anne-Marie Couderc, ministre délégué pour l'emploi, sur le rôle des missions locales d'insertion des jeunes, Perpignan le 26 janvier 1996.

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Circonstance : Inauguration de la mission locale d'insertion de Perpignan (Pyrénées-Orientales) le 26 janvier 1996

Texte intégral

Monsieur le préfet, 
Monsieur le président du conseil général,
Mesdames, Messieurs,

Je suis particulièrement heureuse d'assister à l'inauguration de la mission locale du Roussillon, née de la volonté conjointe de l'État et des collectivités territoriales dans ce département où les problèmes d'insertion des jeunes sont nombreux, puisque sur la zone de la mission locale, on dénombre plus de 4 600 jeunes demandeurs d'emploi de 16 à 25 ans.

Je sais combien les missions locales, parce qu'elles constituent un dispositif original associant l'État, les collectivités territoriales mais aussi les partenaires économiques, sociaux, associatifs jouent un rôle majeur auprès des jeunes en difficulté.

Je veux remercier l'ensemble des partenaires qui ont joint leurs efforts pour créer cette mission locale. Les représentants de l'État, sous votre autorité Monsieur le préfet, les diverses collectivités : les maires des 86 communes constituant la mission locale ainsi que les présidents du conseil régional et du conseil général, qui ont apporté leur contribution à la réalisation de ce projet, au service des jeunes qui ont des difficultés d'insertion à la fois professionnelle et sociale.

Je remercie aussi la délégation interministérielle à l'Insertion des jeunes pour le rôle moteur qu'elle joue pour la création des missions locales et des espaces jeunes.

Il est vrai que nombre d'entre eux ont beaucoup de mal à trouver leur place dans la société. Tous les jeunes sont loin d'être égaux pour accéder à un emploi et plus globalement pour entrer dans la vie active. Beaucoup se heurtent au mur de l'emploi dans un monde où l'avenir du travail est en pleine mutation ; beaucoup trop, à force d'échec, entrent progressivement dans la marginalisation.

L'État se doit d'être présent dans cette lutte contre le risque de fracture sociale, il se doit de prendre des mesures pour favoriser l'insertion des jeunes en difficulté, en faisant un effort particulier pour les jeunes des quartiers de certaines villes qui connaissent un cumul de difficultés.

C'est le sens des engagements pris par le Président de la République et des orientations fixées par le Premier ministre.

C'est le sens des mesures prises par le gouvernement pour favoriser l'accès des jeunes à l'emploi dans le pacte de relance pour la ville.

D'autres mesures seront prises très prochainement pour lutter contre toutes les formes d'exclusion.

Les difficultés que rencontrent les jeunes sur le marché du travail participent à l'inquiétude, voire à l'angoisse de tous face à l'emploi. L'emploi des jeunes est un enjeu national. Un pays qui ne permet pas à ses jeunes d'entrer normalement dans la vie active est un pays qui compromet son avenir.

C'est pourquoi nous nous sommes fixé un objectif ambitieux : 250 000 emplois supplémentaires devront être dégagés cette année. Notre travail et celui des partenaires sociaux s'organisera autour de trois grands thèmes :
    – l'orientation et l'information des jeunes : les jeunes doivent trouver toutes les informations nécessaires pour pouvoir choisir un métier, une formation, en connaissance de cause ;
    – notre deuxième axe, l'amélioration de la formation. L'apprentissage ou les contrats de qualification sont de bonnes filières qu'il faut améliorer et développer. Le financement de l'apprentissage a, d'ores et déjà, été revu pour le simplifier et le rendre plus efficace. Mais nous irons plus loin : quelque 350 000 jeunes devront entrer en 1996 dans des formations en alternance ;
    – le troisième axe d'action concerne l'accès à l'emploi : 9 branches professionnelles ont, d'ores et déjà, pris des engagements en la matière, 8 autres seront prêtes à signer des chartes avec l'État dans les jours qui viennent. Près de la moitié des métiers seront ainsi couverts. Les contacts se multiplient en ce moment avec les entreprises, les professions, les partenaires sociaux pour que des objectifs concrets d'embauche de jeunes soient fixés.

Ces trois axes sont complétés par des efforts particuliers en direction des jeunes en condition d'échec scolaire. Les missions locales font déjà un important travail pour les aider à accéder à l'emploi. Mais l'action de l'État, des collectivités locales, des partenaires sociaux et des entreprises n'est pas assez coordonnée. Des programmes d'insertion régionaux vont être mis en place dans les prochaines semaines pour fédérer l'ensemble des interventions.

Mais l'État ne peut pas et ne souhaite pas tout faire tout seul. Quant au niveau local là où agissent les missions locales, les élus s'associent aux efforts de l'État les solidarités et les responsabilités s'organisent, les réponses apportées aux jeunes sont plus cohérentes et mieux adaptées.

C'est pourquoi la concertation entre tous les acteurs de l'insertion est nécessaire.

C'est ainsi que se développent aujourd'hui les espaces jeunes et je sais qu'à Perpignan, vous y avez été attentifs. Les espaces jeunes ne sont pas une nouvelle appellation des missions locales mais bien le résultat d'un accord négocié entre l'État, l'ANPE, le conseil régional et la mission locale pour apporter plus de solutions aux jeunes en recherche d'emploi et de formation.

C'est ainsi que les relations entre les missions locales et l'éducation nationale ne cessent de se développer pour une meilleure gestion du flux de sortie des élèves du système scolaire pour qu'il n'y ait pas de rupture dans l'accompagnement des jeunes vers la vie active.

C'est ainsi que les relations entre les missions locales et le réseau d'information jeunesse permettent une meilleure information des jeunes.

Toute cette synergie préfigure un réseau public de l'insertion des jeunes indispensable pour mobiliser toutes les énergies nécessaires à informer, accueillir, accompagner les jeunes dans tous les domaines où ils ont besoin d'un appui emploi, formation, mais aussi santé, logement, loisirs, culture.

Je constate qu'à Perpignan, cette volonté commune a porté ses fruits, que l'installation de la mission locale dans ses locaux attrayants est de nature à aider les jeunes dans leur difficile accès à la vie professionnelle et la citoyenneté.

Je vous remercie.