Déclaration de M. Manuel Valls, Premier ministre, en réponse à une question sur la lutte contre le terrorisme après l'interpellation de Mehdi Nemmouche, au Sénat le 5 juin 2014.

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Circonstance : Question au gouvernement posée par M. Jean-Pierre Sueur, sénateur (Centre) du Loiret, au Sénat le 5 juin 2014

Texte intégral

L'arrestation de Mehdi Nemouche confirme l'importance de la menace terroriste. À mon tour, je veux m'incliner devant les victimes de cet acte odieux commis à Bruxelles.

L'ennemi de nos valeurs, de notre démocratie est aussi interne. Les mots que j'avais dits en tant que ministre de l'intérieur avaient choqué, ils sont pourtant vrais.

La loi de décembre 2012 a renforcé notre arsenal préventif et répressif. Il fallait aller plus loin : ce fut fait avec la réforme du renseignement ; ce sera encore le cas avec le plan de lutte contre la radicalisation violente et les filières terroristes, que M. Bernard Cazeneuve a présenté en conseil des ministres le 23 mai dernier et que j'avais évidemment préparé.

Nous devons traiter ce sujet sans rien nous interdire, dans le cadre de notre droit. Que faire de ceux qui reviennent ? Et même de ceux qui veulent partir ? Au-delà de toutes les mesures que nous prenons pour combattre les filières et favoriser la réinsertion se pose la question du départ : comment sanctionner ceux qui veulent partir faire le djihad ? 800 Français appartiennent à des réseaux ; 490 ont combattu sur le sol syrien ; 320 sont sur place, 30 y sont morts, 140 sont revenus. Jamais la France n'a fait face à une telle menace. Nous avons failli avoir un attentat à Strasbourg et dans le sud de la France. La menace est réelle et nous ne devons pas la cacher aux Français.

Dans cette lutte, qui doit tous nous rassembler, il faut éviter les amalgames : nos compatriotes de confession musulmane doivent se sentir épaulés par la communauté nationale car, partout dans le monde, les musulmans sont les premières victimes du terrorisme. Face à ce défi pour la France, je sais pouvoir compter sur chacun de vous.


Ce sujet majeur concerne tous les pays. Avec M. Bernard Cazeneuve, nous avons décidé d'amplifier les coopérations avec l'Europe, mais aussi les États-Unis, l'Australie, le Canada, la Jordanie, la Turquie et le Liban qui sont touchés par cette menace.

Dans notre arsenal, la DGSI a été créée précisément pour lutter contre ce danger intérieur, diffus, qui sévit également en Espagne et ailleurs. Sont également posés le problème d'internet et celui de la liberté de la presse : nous avons dit à nos amis américains les problèmes posés par le premier amendement. Nous devons donner une réponse à ce phénomène qui fracture la communauté nationale.

Vous avez rappelé avec raison les paroles de l'ancien président du culte musulman ; merci de votre ton et de votre question qui dépasse les clivages.


Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 10 juin 2014