Texte intégral
AMELIE CARROUER
Bonjour à tous, effectivement ministre de l'Economie et des Finances, Bruno LE MAIRE merci d'être avec nous. Le président estime à environ 5 milliards d'euros, je dis bien environ, la baisse de l'impôt sur le revenu, il a dit hier soir qu'il revenait au gouvernement de préciser en somme le périmètre. Vous êtes là sur le plateau, je vous pose la question : ce sera 5 milliards plus moins, tout le monde va payer cet impôt, même les plus riches ?
BRUNO LE MAIRE
Déjà ce sont 5 milliards qui s'ajoutent à des baisses d'impôts pour les ménages qui ont été engagées depuis le début du quinquennat. C'est la suppression progressive de la taxe d'habitation, c'est la suppression des cotisations assurance-maladie, assurance-chômage, c'est la suppression de la taxe à 20 % sur l'intéressement, tout ça ce sont des mesures de baisse d'impôts pour les personnes qui travaillent. J'ajoute la défiscalisation des heures supplémentaires qui, pour toutes les personnes qui travaillent, notamment ceux qui ont un revenu modeste, est une mesure très forte. Donc le choix que nous avons fait avec le président de la République depuis le début du quinquennat, c'est de soutenir ceux qui travaillent, de baisser leurs impôts. Et ce qu'à dire hier le président de la République en écoutant le message des gilets jaunes, c'est : votre travail va payer davantage, nous allons continuer à baisser les impôts. Alors qu'est-ce que ça veut dire concrètement et qu'est-ce que je proposerai au Premier ministre lundi, à l'occasion de notre séminaire ? D'abord première chose, il ne faut pas qu'il y ait de nouveaux français qui rentrent dans l'impôt, donc tous ceux qui ne payent pas l'impôt ne sont pas évidemment concernés, ne verront pas augmenter leur participation. Ensuite, il y a l'entrée dans l'impôt sur le revenu qui est souvent très brutale pour ceux qui reprennent un travail, et ça n'incite pas à reprendre un travail quand on sait que si on gagne 100 euros de plus on peut perdre jusqu'à 40 euros de prélèvement obligatoire, c'est totalement dissuasif. Donc il faut adoucir l'entrée de l'impôt sur le revenu, c'est une première mesure que je proposerai au Premier ministre.
AMELIE CARROUER
Avec de nouvelles tranches ?
BRUNO LE MAIRE
Non, pas forcément avec de nouvelles tranches, mais en revenant sur l systèmes de décote, je ne veux pas être trop technique sur le sujet. Mais je souhaite vraiment que pour tous ceux qui reprennent un travail, ils aient une incitation à le faire avec la prime d'activité et avec l'adoucissement de la pente d'entrer dans l'impôt sur le revenu. Il est totalement injuste que quand vous reprenez un travail ou quand on vous augmente de 100 euros et que vous êtes dans la première tranche de l'impôt sur le revenu, vous perdiez jusqu'à 40 euros d'impôt sur le revenu. Ensuite, il y a ceux de la première tranche qui ont une tranche à 14 % d'impôt sur le revenu, je souhaite que ces 5 milliards d'euros se concentrent principalement sur cette tranche-là. Et je proposerai également au Premier ministre que tous ceux qui appartiennent à la deuxième tranche de l'impôt sur le revenu, celle qui est à 30 %, puissent également être concernés par cette baisse d'impôt sur le revenu. Au total, ma proposition sera qu'environ 15 millions de foyers fiscaux français puissent être touchés, concernés par cette baisse d'impôt sur le revenu et que, donc, 15 millions de foyers fiscaux puissent se dire en France : quand nous travaillons, ça rapporte davantage parce que notre impôt sur le revenu baisse.
AMELIE CARROUER
Je vous ai bien entendu sur les impôts, on a beaucoup de précisions à vous demander ce matin. Je vais vous demander des précisions sur la durée du travail, vous dites… le président dit, je résume : je ne touche pas aux 62 ans, mais vous rallongez la durée de cotisations, vous dites « libre choix mais avec une décote ». Bruno LE MAIRE, en quoi y a-t-il un libre choix, je vais plus loin, il faudra très probablement (si je résume) cotiser bien plus longtemps pour toucher une retraite à taux plein. Je pose la question : on pourra partir à 62 ans mais on gagnera moins, n'est-ce pas un report de l'âge de départ à la retraite déguisé ?
BRUNO LE MAIRE
Je ne crois pas du tout, c'est un principe de libre choix qui est posé et proposé aux Français. Mais d'abord regardons le constat, le constat c'est que quand vous prenez uniquement les temps pleins, que vous regardez le volume global de travail des personnes qui sont à temps plein annuel, il est de 1.646 heures en France, 200 heures de moins environ qu'en Allemagne. Si on cherche les raisons de l'appauvrissement français, les raisons principales elles sont là : le chômage et le fait que globalement nous ne travaillons pas assez. La première réponse, je tiens à le dire, c'est d'abord de continuer à faire baisser le chômage, si nous voulons plus de travail globalement en France, il faut d'abord poursuivre cette politique pour le travail, pour l'emploi qui est au coeur de notre politique économique. Et puis ensuite, il faut tenir compte de l'allongement de la durée de vie, de la nécessité de financer la dépendance et, donc, inciter les Français à travailler plus longtemps. D'ailleurs les Français le font déjà puisque l'âge moyen de départ à la retraite aujourd'hui, il n'est pas 62 ans, il est quasiment à 64 ans, donc les Français le font déjà. Nous voulons les inciter à le faire davantage tout simplement pour qu'il y ait plus de prospérité, plus de richesse pour les Français et, donc, le moyen de financer notre système social et la dépendance.
AMELIE CARROUER
Je vous repose la question parce qu'elle est simple, mais je l'ai vue très concernante ces dernières heures, notamment sur les réseaux sociaux, on pourra partir à 62 ans mais on gagnera moins !
BRUNO LE MAIRE
On pourra partir à 62 ans, ça reste l'âge légal de départ à la retraite et ensuite, nous allons étudier avec les partenaires sociaux, avec l'ensemble du gouvernement, le Premier ministre nous réunit lundi pour en discuter avec Jean-Paul DELEVOYE, qui est responsable de cette transformation du système de retraite, comment pourra fonctionner ce système de décote. Je ne veux pas être trop précis là-dessus puisque ce n'est pas le sujet dont je suis responsable, je suis sur les impôts et sur la baisse des impôts…
AMELIE CARROUER
Mais ça intéresse !
BRUNO LE MAIRE
Ceux qui travaillent. Mais là, le choix qui a été fait par le président de la République qui me paraît un choix juste, un choix responsable, c'est d'inciter les Français à travailler plus longtemps, c'est de continuer la bataille contre le chômage pour que globalement la France crée plus de richesse et que chaque foyer français soit plus prospère.
AMELIE CARROUER
L'une des surprises de cette conférence de presse, c'est un minimum contributif, un minimum retraite dirais-je à 1.000 euros. Là concrètement encore une fois, on parle de quoi, pas de retraite à moins de 1.000 euros dès lors qu'on a cotisé, c'est garanti ?
BRUNO LE MAIRE
C'est une garantie qui est donnée par le président de la République, sur laquelle une fois encore nous allons travailler, qui est de dire : il faut qu'il y ait un minimum décent pour les retraites, notamment pour tous ceux qui ont des petites retraites. J'étais ministre de l'Agriculture, j'ai vu à quel point pour les agriculteurs qui partent à la retraite, ils ont souvent des retraites qui sont extrêmement faibles. Là, nous nous fixons un objectif social qu'est ambitieux, qui est juste, pas de retraite à moins de 1.000 euros.
AMELIE CARROUER
Alors c'est pour quand, ça coûte combien, je m'adresse au patron de Bercy et c'est financé comment ?
BRUNO LE MAIRE
Pour l'impôt sur le revenu, la baisse doit être engagée à partir du projet de loi de finances de 2020. Donc nous avons plusieurs mois pour travailler, je vous ai présenté les propositions que je ferai au Premier ministre lundi, dont j'ai déjà eu l'occasion de discuter avec lui, avec le président de la République, une baisse d'impôt sur le revenu pour 15 millions de foyers fiscaux, pour les classes moyennes françaises, ça doit être notre priorité absolue. Tous ceux qui travaillent et qui ont le sentiment qu'on leur prend trop par rapport à ceux qui gagnent, dès le 1er janvier 2020, puisque ce sera dans le projet de loi de finances pour 2020. Voilà le calendrier. Quels financements ? Vous avez d'abord la poursuite de la dépense publique… de la baisse de la dépense publique sur l'Etat, et nous allons être, de ce point de vue-là, très exigeants. Le président République a fixé un principe dont je me porte garant, chaque euro de baisse d'impôt sur le revenu doit être financé par un euro de baisse de la dépense publique.
AMELIE CARROUER
Alors on va s'arrêter sur ce point, on va décliner tout ça justement. Les dépenses publiques, puisque vous en parlez, ça reste un peu flou, permettez-moi, quelles dépenses publiques et pour quel montant ?
BRUNO LE MAIRE
D'abord c'est normal que le Président de la République fixe les principes et que le gouvernement mette en oeuvre la politique qu'il a déterminée. La politique elle est cohérente, la rémunération du travail elle est claire, il faut que globalement nous créons plus de richesse dans notre pays, à charge pour le Premier ministre, le gouvernement de mettre ça en musique et de rentrer plus dans les détails. Le financement c'est d'abord la baisse de la dépense publique, de la baisse de la dépense de l'Etat. Le financement c'est également la poursuite des grandes politiques publiques que nous avons engagées sur le logement, avec plus d'un milliard d'euros d'économies, sur l'indemnisation du chômage, le président de la République a annoncé que nous serions ambitieux sur la réforme de l'indemnisation du chômage, sur les Chambres de commerce et d'industrie, réforme que j'ai portée qui permet d'économiser presque un demi-milliard d'euros sur la durée du quinquennat. Donc ces grandes politiques publiques nous permettent de dégager des marges de manoeuvre. La 3ème source de financement qu'a citée le présent la République, c'est les niches fiscales…
AMELIE CARROUER
On va y venir, mais je reste un tout petit sur les dépenses, les dépenses de l'Etat ça veut dire quoi ?
BRUNO LE MAIRE
Les dépenses de l'Etat, ça veut dire les dépenses de fonctionnement, ça veut dire les agences, les organismes qu'a cités le président de la République et qui ne remplissent pas forcément leur utilité. Donc on va regarder ce qui est utile, ce qui n'est pas utile, on se donne plusieurs mois jusqu'à l'examen à l'automne du projet de loi de finances avec Gérald DARMANIN pour que nous regardions tous les organismes publics, toutes les agences de l'Etat et que nous regardions celles qui sont utiles et celles qui ne le sont pas…
AMELIE CARROUER
Est-ce que vous avez des exemples ?
BRUNO LE MAIRE
Celles qui ne le sont pas… je ne vais pas commencer à donner des exemples ici ou là parce que ça va inquiéter beaucoup de monde, mais je peux vous le dire, avec Gérald DARMANIN nous regardons…
AMELIE CARROUER
Ah ! Ça va inquiéter !
BRUNO LE MAIRE
Il y a des agences qui forcément veulent continuer à exister, à fonctionner. Si elles n'apportent pas la preuve de leur utilité, de leur pertinence et de leur utilité pour les Français qui les payent, parce que c'est avec les impôts des Français que nous payons ces agents, ces organismes publics, si elles ne sont pas utiles et qu'elles ne remplissent pas une mission d'intérêt général, elles seront supprimées. C'est ce que nous a demandé président de la République et c'est ce que nous ferons avec Gérald DARMANIN.
AMELIE CARROUER
Pas d'exemple ?
BRUNO LE MAIRE
Aucun exemple pour le moment.
AMELIE CARROUER
D'accord. On se redonnera rendez-vous pour en reparler…
BRUNO LE MAIRE
On se redonnera rendez-vous, mais ne vous inquiétez pas, le travail sera fait. Mais je pense qu'il ne serait pas de bonne politique de commencer à cibler un organisme plutôt qu'un autre. Je pense qu'il est plus juste faire la revue de l'intégralité des organismes publics et des agences qui n'ont pas rempli forcément leur utilité, dire : voilà ! Ca n'est pas utile, ça coûte cher aux Français, on supprime.
AMELIE CARROUER
On en vient aux niches fiscales, pour les entreprises ça fait partie des annonces du président, là encore je vais être très concrète, quelles niches fiscales pour les entreprises, je reprends aussi Le Figaro qui a fait très bien tout ça ce matin en évoquant quelques pistes : le crédit d'impôt pour la compétitivité, le crédit d'impôt en faveur de la recherche, s'attaquer à la TVA réduite dans la restauration encore au régime spécifique de défiscalisation accordée à l'Outre-mer, quelles niches fiscales aux entreprises allez-vous toucher ?
BRUNO LE MAIRE
D'abord, on peut peut-être rappeler que le Président de la République a fait aussi une annonce importante hier sur les niches fiscales. On ne touche pas aux niches fiscales sur les emplois à domicile, et je le rappelle parce que c'est un point auquel je suis très attaché. Je considère que les emplois à domicile ça représente des centaines de milliers d'emplois, souvent pour des personnes peu qualifiées, ça évite le travail au noir, ça permet aussi à des personnes seules ou des personnes âgées d'avoir une aide à domicile. C'est pour moi un vrai combat de maintenir ces aides aux emplois à domicile et, donc, je suis très heureux que le président de la République ait indiqué qu'on ne toucherait pas à ces niches fiscales pour les emplois à domicile. Ensuite sur les niches fiscales pour les entreprises, vous en avez cité certaines, là encore je ne vais pas donner d'exemples précis avant que le travail soit fait. En revanche je recevrai dès la semaine prochaine les représentants des organisations patronales, le Medef, la CPME, les artisans, les commerçants, les professions indépendantes et nous allons faire un travail très précis tous ensemble pour regarder qu'est-ce qui répond à l'intérêt général, qu'est ce qui en revanche mériterait d'être réduit parce que dans le fond, c'est de l'argent public qui n'est pas efficace pour la compétitivité des entreprises.
AMELIE CARROUER
Par exemple Monsieur le ministre ?
BRUNO LE MAIRE
Je ne veux pas anticiper sur des discussions que nous allons avoir avec les entreprises. La seule chose que je peux vous dire, c'est ce qui m'a frappé hier dans l'intervention du président de la République, c'est que nous tenons à la cohérence de notre politique économique. La cohérence c'est le travail, le travail, le travail, la cohérence c'est le soutien à l'innovation, à la recherche pour que la France reste une des grandes puissances économiques du XXIème siècle et qu'elle continue à rester dans la course de l'innovation, de l'intelligence et de la recherche. Donc sur la base de ces grands principes, on pourra regarder ce qui vraiment répond à ces politiques publiques et ce qui n'y répond pas. Et ce qui n'y répond pas, eh bien nous le réduirons.
AMELIE CARROUER
Vous avez évoqué la CPME que vous allez donc recevoir, vous venez de nous l'annoncer sur ce plateau, à la semaine prochaine. Elle fait savoir, la Confédération des petites et moyennes entreprises, très rapidement son inquiétude, voire sa colère suite aux annonces du président en parlant d'Emmanuel MACRON qui n'a pas entendu le ras-le-bol fiscal des petites entreprises. Vous n'avez pas peur de vous les mettre à dos et ne craignez-vous pas par exemple qu'en riposte, elles ne donnent pas cette prime pérennisée, exceptionnelle ?
BRUNO LE MAIRE
Moi je voudrais rappeler à toutes les entreprises, pour lesquelles nous travaillons afin que chacun puisse trouver un emploi, que nous allons transformer cette année le CICE, le Crédit d'impôt compétitivité en allégement de charges ; et que c'est 20 milliards d'euros de trésorerie qui vont être rendus aux entreprises. Je voudrais rappeler que le président de la République a confirmé hier soir que l'impôt sur les sociétés serait ramené à 25 % pour toutes les entreprises sans exception en 2022. Je voudrais leur rappeler qu'il a fait une annonce sur l'intéressement qui est très importante, nous maintiendrons la prime défiscalisée jusqu'à 1.000 euros dans le cadre de l'intéressement. Donc moi je voudrais inviter tous les chefs d'entreprise qui nous écoutent à s'emparer de cette mesure, à signer des accords d'intéressement ou à mettre en place des accords d'intéressement avec leurs salariés, pour pouvoir bénéficier de cette prime défiscalisée à 1.000 euros dans le cadre de l'intéressement. Ayons une attitude positive par rapport à une politique économique qui a été engagée par le président de la République, qui donne des résultats et qui est favorable aux entrepreneurs.
AMELIE CARROUER
Je reviens aux fonctionnaires, il n'y aura pas de suppression de 120.000 postes de fonctionnaires dans le quinquennat, c'était une promesse d'Emmanuel MACRON. Première question très concrète, vous voyez c'est la tonalité de ce matin, combien de postes en moins du coup dans ce quinquennat ?
BRUNO LE MAIRE
J'essaie de répondre très concrètement à tous les sujets qui sont de ma compétence, notamment sur la fiscalité et sur les entreprises. Sur les emplois publics, nous verrons avec Gérald DARMANIN quels sont les emplois publics que nous réduirons moins. Ce que je peux dire simplement, c'est qu'on ne peut pas reprocher au président de la République d'écouter les Français. Une des attentes qui s'est manifestée c'était le travail doit payer, nous y répondons. Une autre attente qui s'est manifestée c'est : nous voulons plus de services publics en particulier dans les milieux ruraux. Quand le président de la République nous dit « il faut qu'il y ait dans chaque canton des maisons de service public où chacun puisse s'adresser, trouver des réponses à ses questions sur les Urssaf, sur le chômage et autres », c'est une bonne nouvelle. Quand il dit que pour toutes les classes de primaire, il ne faut pas qu'il y ait plus de 24 enfants par classe, c'est une bonne nouvelle pour nos enfants et c'est une bonne nouvelle pour l'éducation. Mais la conséquence de ça et je l'assume, c'est qu'effectivement nous allons moins réduire le nombre de fonctionnaires dans notre pays pour répondre aux attentes des Français. Ça veut dire…
AMELIE CARROUER
Ce n'est pas un renoncement ?
BRUNO LE MAIRE
Non, ce n'est pas un renoncement, c'est écouter les Français, c'est écouter tous ceux qui nous ont dit « on se sent isolés, on se sent abandonnés, on a des écoles qui sont surchargées, on n'a pas des services publics à proximité, on habite une zone rurale ». Et moi, je suis élu d'un département rural, je suis élu de l'Eure et je vois dans un certain nombre de cantons de mon département et de ma circonscription beaucoup de Français qui me disent « mais vos services publics, ils sont où, nos écoles, elles sont où, pourquoi est-ce que les classes sont surchargées ? ». Nous y répondons et en ayant le courage de reconnaître, avec la sincérité qui caractérise notre politique économique, qu'effectivement, ça nous amènera à moins réduire le nombre de fonctionnaires que ce que nous avions prévu.
AMELIE CARROUER
Alors je prends la question autrement : du coup, est-ce que vous avez évalué la manière dont vous allez redéployer ces fonctionnaires sur le territoire pour répondre aux attentes que vous venez d'évoquer ?
BRUNO LE MAIRE
L'objectif, c'est que sur chaque territoire rural, sur chaque canton, chaque Français puisse trouver les services publics dont il a besoin, que dans chaque classe…
AMELIE CARROUER
Vous avez évalué le personnel dont vous aurez besoin pour… ?
BRUNO LE MAIRE
Mais ça, ce sera à l'Education nationale et à Jean-Michel BLANQUER de nous apporter toutes les précisions mais un des principes qui ont été fixés et qui me paraissent justes, c'est que chaque Français, où qu'il réside, même dans un canton rural reculé, de pouvoir avoir accès aux mêmes services publics qu'un Français qui habite dans les grandes métropoles. C'est un principe de justice qui me paraît nécessaire et si ça doit nous amener à ralentir un peu la baisse du nombre de fonctionnaires, ce n'est pas dramatique, du moment que de l'autre côté, je le redis, sur la dépense publique, nous ne lâchons rien et que nous regardons, avec le Premier ministre et avec Gérald DARMANIN, très précisément là où nous pouvons faire des économies supplémentaires.
AMELIE CARROUER
Vous êtes en mesure sur ce plateau ce matin de dire « on ne laissera pas filer la dette et le déficit » ?
BRUNO LE MAIRE
Mais je le redis avec la même détermination, nous ne laisserons pas filer le déficit, nous ne laisserons pas filer la dette publique et je ne laisserai pas passer non plus tous les discours de l'opposition que j'entends ce matin qui nous explique que nous ne réduisons pas déficit public alors que pour la première fois, nous avons réduit l'année dernière la dépense publique en volume, alors que pour la première fois depuis 10 ans, nous respectons nos engagements en étant sous les 3 % de déficit public, alors que pour la première fois, nous baissons les impôts dans notre pays. Depuis 10 ans, ils n'ont cessé d'augmenter, on a matraqué les classes moyennes. Depuis deux ans, on commence à baisser les impôts. L'opposition qui réclamait cela devrait avoir l'honnêteté de s'en féliciter plutôt que de le condamner.
AMELIE CARROUER
Alors vous parlez de l'opposition. L'ISF, ça n'y est pas ; le RIC, il n'y aura pas. Ce sont des demandes fortes des gilets jaunes, est-ce que vous n'avez pas peur de relancer la colère ? On voit notamment les tweets de Jean-Luc MELENCHON, Philippe MARTINEZ de la CGT qui dit « avec ces absences notamment, vous allez relancer la colère ». Vous ne craignez pas les prochains samedis ?
BRUNO LE MAIRE
Alors pt qu'eux souhaitent relancer la colère mais je pense que les messages qui ont été envoyés par les gilets jaunes, par tous ceux qui travaillent, qui ne s'en sortent pas, par ces femmes seules qui n'arrivent pas à trouver quelqu'un pour garder leurs enfants, qui n'arrivent pas à s'en sortir à la fin du mois, pour toutes ces femmes qui n'arrivent pas à toucher leur pension alimentaire, nous avons apporté des réponses qui sont très concrètes. Pour tous les Français qui disent « nos institutions ne fonctionnent pas, notre démocratie est bloquée », quand le Président de la République dit qu'on va réduire le nombre de députés et réduire le nombre de sénateurs, qu'on va transformer notre système démocratique, il leur a répondu. Quand il dit qu'il faut mettre fin au monopole de l'ENA et donc mettre fin à l'ENA, la transformer et avoir un meilleur recrutement de fonctionnaires…
AMELIE CARROUER
Vous l'aviez proposé et vous étiez énarque vous-même…
BRUNO LE MAIRE
Oui, je l'ai proposé et je me félicite que le Président de la République ait pris cette décision pour qu'il y ait un meilleur recrutement plus efficace, plus diversifié et une meilleure gestion des carrières des hauts fonctionnaires. Donc il y a, dans tout ce qu'a dit hier le Président de la République, des mesures qui sont fortes et des mesures qui sont cohérentes. On ne renie pas ce que nous avons fait parce que ça donne des résultats, parce que le chômage baisse, parce que nos finances publiques sont en train d'être rétablies et parce que les impôts diminuent pour les Français.
AMELIE CARROUER
Bruno LE MAIRE, il y avait des annonces d'un changement puissant, d'un avant, d'un après, on a un sondage, voilà, pour LCI qui a été révélé hier soir et qui montre que 63 % des personnes interrogées n'ont pas été convaincues par les annonces d'Emmanuel MACRON. Ils sont où l'avant et l'après, il est où le tournant, il est où le « wahou » - je reprends la une de Libération ?
BRUNO LE MAIRE
Moi, j'ai vu de la cohérence et je m'en félicite parce que je pense que le courage politique, il est là, dans la cohérence d'une politique qui dit que c'est le travail qui va permettre aux Français de s'en sortir, c'est la justice, celle qui nous a amenés à réviser nos décisions sur les pensions de retraite ou sur le nombre de fonctionnaires. Et j'ai vu de la clarté. Si nous voulons que notre pays s'en sorte au XXIe siècle, il faut que, collectivement, nous travaillions plus, il faut que les impôts baissent pour que le travail rapporte davantage, il faut que nos entreprises soient compétitives. C'est tout ce qu'a dit le Président de la République. Si nous voulons que notre Nation reste notre Nation, il faut défendre notre culture nationale, il faut lutter contre l'islam politique. Pour la première fois hier, le Président de la République a employé cette expression, il a dit qu'il fallait « lutter avec détermination contre l'islam politique et contre ces réseaux de financement ».
AMELIE CARROUER
Pourquoi le faire maintenant justement ?
BRUNO LE MAIRE
Moi, j'appelle ça effectivement un vrai tournant, une réaffirmation de ce qu'est notre culture nationale et de ce qu'est notre ambition économique. Ne sous-estimez pas la puissance de ce qui a été dit hier par le Président de la République : cohérence de notre politique, clarté sur ce que nous voulons en matière économique, rester une des grandes puissances économiques en Europe dans les 25 prochaines années et réaffirmation d'une identité culturelle, d'un esprit français qui ne s'accommode pas des atteintes à la laïcité et qui lutte avec une détermination totale, farouche comme je le dis depuis des années contre cet islam politique qui gangrène notre société, qui ne respecte pas nos valeurs et qui porte atteinte à notre culture.
AMELIE CARROUER
La campagne des élections européennes laissera certainement le temps d'y revenir.
BRUNO LE MAIRE
Je l'espère.
AMELIE CARROUER
Merci beaucoup Bruno LE MAIRE d'avoir été notre invité ce matin.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 29 avril 2019