Texte intégral
Sophie PRIMAS
…largement consacré à la question budgétaire, mais avant de revenir sur ce sujet avec ma collègue Amélie DE MONTCHALIN, ministre des Comptes publics qui nous fait la gentillesse d'être avec nous ce matin, permettez-moi de présenter rapidement les autres textes qui étaient à l'ordre du jour.
En premier lieu, le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères a présenté un projet de loi qui autorise l'approbation d'un accord de coopération en matière de défense entre la France et le Monténégro, signé à Paris le 3 avril 2024. Cet accord s'inscrit dans la stratégie française pour les Balkans occidentaux et renforce la coopération bilatérale entre nos deux pays. Par ailleurs, le ministre d'État, ministre de l'Intérieur, a présenté quant à lui deux textes. Un premier texte est un décret qui modifie l'organisation des services de l'État et qui institue un préfet de police délégué dans le département des Bouches-du-Rhône, ceci afin de rendre plus lisible et plus cohérente l'action et la parole de l'État dans ce département en s'appuyant sur une chaîne de commandement préfectoral unifiée.
Un deuxième texte correspond à une ordonnance qui porte extension et adaptation des dispositions de l'article 80 de la loi du 26 janvier 2024 ayant pour but de contrôler l'immigration, d'améliorer l'intégration sur les îles de Saint-Barthélemy à Saint-Martin, à Wallis et Futuna en Polynésie française, en Nouvelle-Calédonie et dans les terres australes et antarctiques françaises. Elles visent notamment à lutter plus efficacement contre l'immigration irrégulière, à renforcer les mesures d'éloignement et à favoriser l'intégration des étrangers par le respect des valeurs de la République. Il s'agit en fait d'une ordonnance qui est la suite de ce projet de loi qui avait été voté en janvier 2024.
Revenons-en maintenant à la question budgétaire. Hier, le Premier ministre a donné un cap aux Français : remettre enfin de l'ordre dans nos comptes publics pour retrouver la maîtrise de notre destin. Après des semaines de travail, des semaines de consultation, chère Amélie, le Gouvernement a donc désormais une feuille de route claire, ambitieuse, qui repose sur deux piliers : produire plus et dépenser mieux. Avant de céder la parole à la ministre des Comptes publics, je voudrais partager avec vous trois convictions assez simples, ce sursaut budgétaire, nous devons le faire, nous pouvons le faire, et d'ailleurs, nous allons le faire. Voilà les trois convictions.
Nous devons le faire, car la France est aujourd'hui au pied du mur de la dette. Je rappelle que la dernière fois que nous avons voté un budget à l'équilibre, c'était en 1974. Résultat : nous avons laissé filer notre dette, Gouvernement après Gouvernement, à tel point que nous dépenserons cette année plus d'argent pour payer les intérêts à nos prêteurs que pour le budget de nos armées. Et vous savez à quel point ce sujet est sensible. Et bientôt plus d'ailleurs que pour l'éducation nationale. Comment accepter que nous financions depuis 50 ans notre train de vie, à la fois sur le dos de nos enfants et très probablement désormais sur le dos de nos petits-enfants ? Remettre de l'ordre dans nos comptes, c'est donc redonner un espoir et une trajectoire aux jeunes générations de notre nation, c'est retrouver des marges de manœuvre pour investir dans l'avenir, pour la transition énergétique, pour la transition technologique, pour notre indépendance, pour nos écoles, pour notre santé et, bien sûr, pour notre défense.
Seconde conviction, c'est que ce budget, nous pouvons le faire. Le plan que le Premier ministre a présenté hier, il est exigeant, évidemment, mais il repose sur un effort de 43,8 milliards d'euros avec une baisse de dépense qui est tout à fait inédite, qui est répartie équitablement sur l'ensemble de la sphère publique pour atteindre 4,6 % de déficit en 2026. Il repose aussi surtout sur une relance de la production avec trois impératifs : être plus nombreux à travailler, travailler davantage, simplifier la vie des entreprises et des Français pour renforcer notre compétitivité.
Alors oui, ce projet est certes ambitieux, mais il est réaliste, il est crédible et il est juste. Si nous le décidons, nous pouvons, d'ici quelques années, inverser la spirale de l'endettement.
Enfin, et c'est ma troisième conviction, ce sursaut budgétaire, nous allons le faire, nous allons le faire car c'est la raison même de notre présence à nous, ministres, au sein de cette équipe gouvernementale polyphonique que vous soulignez souvent. Accepter de travailler ensemble malgré certaines divergences pour être utiles à nos concitoyens, c'est notre feuille de route. Nous allons le faire surtout grâce et avec les Français qui ont dans leur immense majorité bien compris, que nous ne pouvions plus continuer comme avant, et nous demandent d'agir avec courage et avec lucidité.
À partir d'aujourd'hui, une nouvelle étape s'ouvre. Le Gouvernement a pris ses responsabilités en présentant dès le mois de juillet une vision et un cap pour le budget 2026. Aux parlementaires, désormais, de s'en saisir et d'apporter leurs pierres à l'édifice. Je ne doute pas que les débats seront présents. Ils seront certainement vifs, intéressants, quelquefois peut-être un peu houleux, mais c'est la démocratie. Et je suis convaincue, avec le Premier ministre et l'ensemble du Gouvernement, qu'il existe un chemin et que nous saurons être au rendez-vous de ce moment qui me semble extrêmement important. Amélie, je te laisse là.
Amélie de MONTCHALIN
Alors bonjour à vous tous, mesdames et messieurs.
Effectivement, je crois que nous le sentons tous, la France et les Français méritent du courage, de la détermination, et c'est bien le plan qui est présenté par le Premier ministre, Éric LOMBARD et l'ensemble du Gouvernement. C'est un plan de reprise en main de nos comptes, mais c'est surtout un plan de reprise en main de notre destin, puisque, la porte-parole vient de le dire : les Français attendent de nous que nous trouvions un compromis. Et c'est bien cela que nous allons rechercher à partir de ce plan, d'abord avec les députés, les sénateurs du socle commun. Et dans les deux hémicycles, nous avons la ferme conviction qu'il y a sur tous les bancs des femmes, des hommes qui veulent s'entendre sur l'essentiel, et que le travail est bien le moteur de la croissance, qu'il nous faut assurer la prospérité de notre pays et que la confiance que les Français veulent avoir dans l'avenir passe également par des comptes assainis. C'est bien autour de cet objectif d'indépendance, cet objectif de liberté, cet objectif de reprise en main de notre destin que nous avons construit ces textes budgétaires pour l'an prochain. Et vous le savez, je serai d'ailleurs cet après-midi à l'Assemblée, puis au Sénat, pour en détailler déjà le cadrage, l'architecture, un certain nombre aussi qu'on appelle de plafonds dans les différentes missions, au sein des commissions des finances des deux chambres.
Ce que je veux dire aussi, c'est que ce plan, on parle beaucoup des économies, et j'y reviendrai, mais les économies sont là pour dégager des marges de manœuvre, pour des priorités qui sont celles de notre pays, des Français, et qui sont celles qui sont absolument vitales pour notre avenir.
Une des priorités que nous finançons dans ce budget, c'est évidemment d'abord celle de la sécurité des Français. Sécurité en investissant dans l'armée, sécurité en déployant de nouvelles brigades de gendarmerie, sécurité en investissant dans de nouveaux Canadair, sujet qui a été largement d'actualité malheureusement ces derniers jours, sécurité en investissant dans de nouvelles prisons modulaires pour lutter contre la surpopulation carcérale et lutter contre le narcotrafic.
Dans ce budget également, je veux le redire, nous faisons des économies pour dégager des marges de manœuvre pour que nous arrivions à faire cette transition écologique et énergétique qui est essentielle et peut-être même existentielle. Nous allons, par les moyens que nous mettons en commun, continuer d'investir pour nous adapter au choc climatique, dans l'Hexagone, dans les Outre-mer. On a vu ces derniers mois des cyclones, des canicules, des inondations, nous ne pouvons pas détourner le regard et arrêter d'investir sur ces sujets, de même sur nos ressources en eau, alors que pointe un risque de sécheresse, de même sur la poursuite de la décarbonation de notre industrie et nos transports, de même en continuant à rénover nos bâtiments ou en investissant toujours plus pour que l'électricité soit décarbonée, qu'elle soit renouvelable ou nucléaire.
Et puis, troisième priorité, là aussi que nous assumons, c'est celle de l'investissement pour nos enfants, pour notre jeunesse, en réformant la formation des enseignants, en continuant d'investir pour la recherche et nos universités. Vous le voyez bien si je vous dis tout ça, c'est parce que pour financer ces priorités qui sont celles du temps long et qui méritent notre investissement, eh bien nous devons retrouver des marges de manœuvre budgétaires, et c'est pour cela que nous faisons des économies, nous faisons des choix. Nous n'avons pas fait le choix de la fiscalité, et nous proposons, vous le voyez, un effort assez inédit, inédit dans son volume, mais inédit aussi dans sa répartition.
Vous le voyez, ces marges de manœuvre, nous les mobilisons, nous les cherchons, parce que c'est bien notre souveraineté qui est en jeu, et nous voulons donc présenter, eh bien, ces éléments désormais aux forces politiques, aux groupes parlementaires. Nous avons, comme le disait la porte-parole, évidemment constitué ce plan en consultant, en recevant tous les groupes politiques et parlementaires. Nous allons évidemment continuer à le faire dans un esprit ouvert, mais également avec de la transparence, et avec des convictions, au fond, des boussoles qui, elles, doivent être claires pour les Français. Nous ne voulons pas que ce compromis ressemble à une entente de couloir. Nous voulons que le débat se fasse avec et devant les Français. Nous voulons l'aborder, comme le Premier ministre hier l'a fait, avec beaucoup d'authenticité, beaucoup de sincérité, sans faux-semblants et loin des non-dits qui, on le sait, sont un poison pour notre démocratie.
Très rapidement, maintenant, dans ce plan tel qu'il a été présenté par le Premier ministre, on l'a dit, il est équitablement réparti. Ça veut dire que d'abord, l'État est à nouveau exemplaire. Je dis à nouveau parce qu'en 2025, vous savez que c'est l'État qui porte 75 % de l'effort des économies qui sont faites cette année. Vous le voyez sur la masse salariale de l'État, qui a été largement ralentie. Vous le voyez également dans nos dépenses de fonctionnement. En 2026, la règle que nous nous sommes fixée, c'est que, hors effort de réarmement supplémentaire que vous connaissez, nous ayons les mêmes crédits en 2026 qu'en 2025. Ces mêmes crédits, c'est-à-dire que nous avons pour les opérateurs et pour les ministères, pas plus, mais pas moins pour mener nos missions, avec évidemment des répartitions qui sont présentées dans le fameux tiré à part qui a été remis hier soir au Parlement.
Deuxième élément, ce sont les collectivités territoriales. Elles font beaucoup d'efforts en 2025, et je veux à ce titre les en remercier. Elles sont dirigées partout par des hommes et des femmes de responsabilité, et nous proposons au pays que cet effort soit donc partagé avec elles l'année prochaine, avec des dépenses et donc des recettes de fonctionnement qui soient celles de l'année 2025, plus l'inflation. Ce qui permet, on le voit, à chacun, de pouvoir continuer à faire l'essentiel de ses missions. C'est un effort qui est supérieur à ce qui avait été fait jusque-là, mais que je veux rappeler.
Et puis, notre troisième enjeu, c'est celui de la Sécurité sociale, notamment nos dépenses de santé. On le sait, c'est une source de préoccupation pour nos concitoyens. Vont-ils continuer à être bien soignés ? Notre enjeu, c'est que nous puissions nous assurer que notre système de santé est bien financé, et donc, que ces dépenses n'augmentent pas plus vite que la croissance. Au fond, ce qu'on veut, c'est dédier la même part de notre richesse nationale à la santé chaque année. C'est-à-dire que quand la croissance augmente, nous pouvons d'autant plus augmenter les dépenses de santé et qu'on le stabilise au niveau de ce qu'était la dépense de santé dans les derniers mois. Et ça nous semble être un effort qui est à la fois raisonnable, mais surtout important pour que ce système social, eh bien, soit renforcé. Plus il y a de croissance, plus notre modèle social, lui aussi, est renforcé.
Ce que je veux vous dire, c'est que ces 3 boussoles-là, ces 3 caps, si on les tient pendant 3 ans, eh bien, nous serons à 3 % de déficit. Et c'est en cela que, comme le disait la porte-parole, ce plan, nous devons le faire, nous pouvons le faire, mais nous allons le faire. Et il est en ça réaliste. Il a été construit pour être tenable et que nous puissions arrêter d'augmenter la dette. Je conclurai en vous disant à nouveau que ce plan, ce n'est pas qu'un plan budgétaire. C'est un contrat avec les Français, un contrat de réforme et d'action, un contrat assez simple. On réduit le déficit ; on travaille tous un peu plus nombreux et un peu plus pour créer plus de richesses, et on redonne ainsi à notre pays la capacité d'investir dans son avenir, dans ses priorités, dans ce qui comptera pour nous et pour nos enfants demain. Et c'est un contrat, je pense, que les Français peuvent tout à fait comprendre et voir comme équilibré pour qu'on puisse continuer à les protéger, à améliorer le quotidien. Et puis, je le dirai enfin, c'est bien un effort équitable, un contrat entre nous tous, entre toute la nation, entre toutes les générations, entre tous les Français, qui soit aussi partagé avec l'État, les collectivités, la sphère sociale, et qui soit un effort de solidarité, comme le général DE GAULLE le préposait en 1945, pour que la France, en tant que nation, se réconcilie avec ses finances publiques et ainsi se réconcilie avec ses projets d'avenir. Il nous semble que c'est là une ambition que les Français comprennent, et c'est aussi une obligation pour nous que de remettre notre pays sur ce chemin.
Sophie PRIMAS
(Inaudible) vos questions, on va répondre (inaudible).
Journaliste
Bonjour Madame la ministre, Madame DE MONTCHALIN notamment. Il y a une mesure qui est beaucoup commentée… Je m'adressais plutôt à Madame MONTCHALIN, pardon. Il y a une mesure qui est beaucoup commentée, c'est un euphémisme depuis hier, c'est la suppression de ces deux jours fériés. Est-ce que vous pouvez nous expliquer comment ça va être mis en place exactement ? Il est question de négociations avec les partenaires sociaux. Expliquez-nous comment on arrivera finalement à trouver ces deux jours.
Amélie DE MONTCHALIN
Alors, peut-être d'abord poser quelques faits pour qu'on puisse ancrer ce débat dans une réalité. Le temps de travail en France, vous savez, c'est 1 607 heures par an. Et quand on regarde dans l'ensemble de notre pays, le temps de travail par habitant, nous travaillons en France 100 heures de moins par habitant qu'en Allemagne. Et donc on voit bien qu'on a un enjeu, si on veut rétablir notre écart de PIB et de PIB par habitant par rapport à nos voisins, qui est un enjeu de travailler plus nombreux. C'est l'enjeu du taux d'emploi des jeunes et des seniors, mais c'est aussi l'enjeu de travailler davantage. Si on fait un petit calcul entre nous, 2 jours sur 365, ça revient à peu près à 0,5 % d'activité en plus. Et vous voyez, dans un pays où on cherche la croissance, 0,5 % de croissance en plus, ce serait un effet un peu mécanique, là, je fais un peu de la théorie qui n'est pas complètement raffinée, mais on voit bien que travailler deux jours de plus, c'est générateur de croissance, c'est générateur de richesse. Évidemment, si les écoles sont ouvertes, si les commerces sont ouverts, si les entreprises sont ouvertes, elles produisent de la richesse qui est bénéfique à notre pays. À partir du moment où vous produisez la richesse, il se passe deux choses. Quand vous êtes une entreprise, vous pouvez contribuer un peu plus au budget de l'État. Et quand vous créez de la richesse, vous avez une deuxième conséquence, c'est que vous pouvez payer aussi un peu plus vos salariés. Et on a en France des systèmes de partage de la valeur qui sont bien connus, l'intéressement, la participation, la prime dite prime Macron, les salaires. Et au fond, ce que proposent les Premiers ministres au pays, c'est là aussi un peu un pacte collectif. En travaillant tous un peu plus, en créant tous un peu plus de richesses, nous pouvons contribuer à assainir les comptes publics et nous pouvons surtout avoir un bénéfice pour ceux qui travaillent en salaire, en intéressement, en participation ou en prime dite Macron. Donc ce qui s'ouvre là, c'est, sous l'autorité de Catherine VAUTRIN et d'Astrid PANOSYAN, un cycle de consultation avec les partenaires sociaux pour que nous puissions, dans cette contribution des entreprises, dans la manière de valoriser le travail, trouver la manière de le faire de manière organisée. Ensuite, se posera la question des jours eux-mêmes. Très prosaïquement, c'est que le temps de travail en France va passer à 1 621 heures, c'est ça qui est notre proposition, et le Premier ministre l'a proposé en supprimant ces deux jours fériés. Mais il l'a dit, notre objectif, c'est qu'on travaille plus et qu'on le fasse avec l'objectif de créer des richesses.
Journaliste
Et ce nouveau cycle de consultation va débuter à la rentrée ?
Amélie DE MONTCHALIN
Non, non, il débute là dans les toutes prochaines heures. Vous avez senti que nous étions dans un mode d'action, et donc on n'est pas en train de délayer le débat, on est en train justement de le faire avancer pour que nous ayons, là aussi, des choses très claires pour les Français dès la présentation du budget.
Oscar TESSONNEAU
Bonjour Madame MONTCHALIN, Oscar TESSONNEAU pour le journal RightBrain Magazine. Est-ce que vous pouvez nous en dire un petit peu plus sur les modifications de tranche d'imposition et à partir de quel taux on aura un passage à 11 % pour de nombreux Français à partir du revenu qu'il déclare annuellement ?
Amélie DE MONTCHALIN
Je le rappelle, nous ne voulons pas changer les taux d'imposition. Le Premier ministre a proposé que nous ayons une année de stabilité des prestations sociales, stabilité des retraites et stabilité des barèmes. Et donc, c'est ce point de départ-là. Donc vous lisez le barème de 2025, eh bien vous avez le barème de 2026. C'est ça, la proposition du Premier ministre.
Journaliste
Vous pouvez nous garantir que demain, en Français ordinaire, par exemple, qui gagne 1 800 euros et qui aura une hausse de salaire ne sera pas plus imposée ?
Amélie de MONTCHALIN
La déstabilité, c'est qu'on garde les mêmes règles et que tout ce qui est normalement indexé ne l'est pas. Et c'est un élément important parce qu'évidemment, cette proposition, on l'a faite dans un monde où l'inflation est très faible. Vous imaginez bien que cette proposition, en termes d'impact pour les Français, n'avait absolument rien à voir si elle avait été faite il y a un ou deux ans, quand l'inflation était à 2, puis 5, puis presque 6 %. Donc voilà les termes du débat qui est posé.
Journaliste
Je vous remercie.
Journaliste
Madame la ministre, Madame DE MONTCHALIN. Autre mesure annoncée par le Premier ministre hier, il a appelé à une plus grande équité dans les niches fiscales et sociales. Est-ce que vous pouvez nous dire quelles niches exactement sont menacées ? Est-ce que, par exemple, les services à domicile à la personne sont concernés ? Et quel montant global cela peut-il rapporter ?
Amélie de MONTCHALIN
Alors, le Premier ministre a d'abord posé un principe, qui est un principe, je pense, de salubrité publique. Il est utile et même nécessaire que, régulièrement, eh bien, nous évaluions, nous regardions les dispositifs de dépense, les dispositifs fiscaux, pour savoir si dans le monde de 2025-2026, des choses qui parfois ont été créées il y a 30, 40, 50 ans, correspondent bien toujours à nos objectifs, sont bien toujours utiles, sont bien, comme on dit, calibrées, correspondent à un besoin et correspondent à nos priorités et donc sont efficaces. Dans ce contexte-là, il se trouve que j'ai été... Moi, vous le savez, j'ai eu le grand honneur d'avoir été députée membre de la Commission des finances. Tous les ans, vous avez des parlementaires qui font un travail précis, utile, de regarder les niches fiscales. Pendant des années, il a été considéré que ce travail était un peu anecdotique, un peu secondaire. Le choix du Premier ministre, c'est de considérer que ce travail est essentiel, qu'il doit faire l'objet d'un travail collectif, et que donc, cette année, nous nous engageons à réviser, parfois supprimer, modifier, recalibrer les dispositifs qui viendraient être analysés comme étant les moins efficaces ou qui ne soient pas pertinents. Et donc notre boussole, c'est quoi ? C'est l'efficacité, c'est l'utilité. Et je veux le redire ici, il y a des choses qui sont très utiles. Et si elles sont donc les choses très utiles, même si elles sont coûteuses, eh bien, si elles sont utiles, on les garde. Et donc, par exemple, dans le cas des services à la personne, je le redis, nous ne changerons pas, en tout cas, le Gouvernement n'a pas l'intention et ne souhaite pas changer quoi que ce soit sur la manière dont les familles, pour faire garder leurs enfants, les personnes âgées qui sont notamment en situation de dépendance, les personnes en situation de handicap, continuent d'être soutenue, en fait, par notre solidarité. Les niches fiscales, c'est financé par, au fond, nos ressources, nos impôts. Ce sont les Français, les uns avec les autres, qui font preuve de solidarité via ces mécanismes. Et donc, ça, nous n'y toucherons pas. Après, vous avez vu qu'il y a aussi des propositions qui ont été faites sur un autre mécanisme, qui est celui de l'abattement de 10 % pour les retraités, qui est une forme de niche fiscale et sur laquelle nous avons proposé une réforme, là aussi, de solidarité, d'abord de simplicité, parce que 10 % d'abattement dans la limite de 4 400 euros par foyer, c'est quand même assez compliqué. Et donc, ce que propose le Premier ministre, c'est de dire que maintenant l'abattement est de 2 000 euros par personne, donc c'est extrêmement lisible. Et ce faisant, en fait, vous organisez une solidarité entre les retraités les plus aisés, qui auront un tout petit peu d'impôts en plus à payer, vers les retraités qui sont au début des tranches d'imposition, donc les retraités modestes et de classe moyenne, qui, par ce nouveau système, eh bien, auront un abattement plus grand que celui dont ils bénéficient aujourd'hui. Ce qui vous montre que, vous voyez, notre réflexe, c'est oui, on veut faire des économies, oui, on veut se mettre en condition de pouvoir payer durablement les pensions, mais la manière de le faire, c'est aussi de chercher la solidarité de la justice entre les Français et que chacun contribue à sa juste part. Il me semble qu'il y a là, vous voyez, des pistes, là aussi, que les Français peuvent tout à fait comprendre.
Martin BAUMER
Bonjour Madame la ministre, Martin BAUMER, France Info Télévisions. Je crois que les arbitrages pour les ministères ont été rendus au ministre. Pouvez-vous nous confirmer que seules les armées étaient prévues et la justice voit leur budget en hausse ? Et pourquoi la justice, par exemple, et pas le ministère de l'Intérieur ? Et question qui en découle, est-ce que des ministres ont marqué leur mécontentement face à ces choix ?
Amélie de MONTCHALIN
Alors, d'abord, ce document dont vous parlez s'appelle le tiré à part. C'est un document qui est obligatoire dans le cadre de la Constitution. Nous devons, par notre loi organique, donc par nos règles constitutionnelles, envoyer avant le 15 juillet à minuit, ça a donc été fait hier soir, envoyer au Parlement ce qu'on appelle les plafonds pour les différentes missions. Ce document, il est public, il est consultable par vous tous, il est consultable d'ailleurs par tous les Français que ça intéresse, et il présente ce que nous prévoyons dans le cadre des arbitrages présentés par le Premier ministre, du plan, comment nous finançons nos priorités. Alors, je vous invite à lire ce tableau. Vous allez voir qu'il n'y a pas que les ministères dont vous parlez qui ont des crédits en hausse. Parfois, c'est des petites hausses, parfois, c'est des grandes hausses, les armées, par exemple. Mais vous verrez que le ministère de la Justice, effectivement, a les moyens de déployer l'ouverture de ces nouvelles places de prison. Vous verrez que le ministère de l'Intérieur a les moyens de déployer ces nouvelles gendarmeries, d'acheter des Canadaires et d'accompagner la sécurité des Français. Vous verrez que l'Enseignement supérieur à la recherche a les moyens d'accompagner la politique d'innovation. Vous verrez que l'Enseignement scolaire a les moyens de former, de manière renforcée, ses enseignants. Vous verrez que l'Écologie a des moyens là aussi renforcés. Et vous verrez aussi que dans chaque ministère, il y a des changements. Ce que je veux dire, c'est que quand un ministère a des moyens en hausse, cela ne veut pas dire qu'il ne fait pas d'économie. Cela ne veut pas dire qu'il ne se réorganise pas. Donc il n'y a pas les ministères qui, entre guillemets, ne changeraient rien, et puis tous les autres qui feraient des changements. Tout le monde aujourd'hui contribue d'une certaine manière à l'effort, simplement nous avons des priorités. Nous avons réorganisé, le Premier ministre d'ailleurs le précisera au mois de septembre, beaucoup de notre organisation, nos opérateurs et nos agents. Cela concerne tous les ministères. Et ce n'est pas parce qu'on a un budget en hausse qu'on ne fait pas d'économie par ailleurs. Je peux vous dire, Gérald DARMANIN propose beaucoup de réformes dans son propre ministère. Bruno RETAILLEAU qui a des moyens en hausse également. Et l'ensemble des ministres, d'ailleurs, ce n'est pas parce qu'il y a écrit moins que toutes les lignes baissent. C'est très important aussi. Dans chaque ministère, vous avez des choix qui ont été faits. Et c'est d'ailleurs comme ça qu'on a travaillé. Et donc nous, on n'est pas dans un régime de mécontentement, on est dans un régime de solidarité et surtout de responsabilité devant les Français. On a des priorités, c'est ça qu'on finance, et on le fait en conscience avec un projet pour le pays et un projet pour les Français.
Léonard ATTAL
Une deuxième question pour TF1-LCI. J'ai oublié de me présenter tout à l'heure, Léonard ATTAL. Deuxième question sur les hauts revenus, la contribution annoncée hier par le Premier ministre. Quels revenus sont visés d'abord, est-ce que vous pouvez préciser ? Et quel montant cela peut-il rapporter ?
Amélie DE MONTCHALIN
Dans le cadre de ce projet pour le pays, il a semblé important que l'effort soit équitablement réparti entre l'État, la Sécurité sociale et les collectivités, mais aussi équitablement réparti entre les Français. Nous avions, depuis un an, un nouveau dispositif qui s'appelle la contribution différentielle sur les hauts revenus, qui avait été votée en disant qu'on le conserverait jusqu'à ce que le déficit passe sous la barre des 4 %, donc jusqu'à ce qu'il revienne à 3 virgule quelque chose. Et ce dispositif s'applique aux ménages qui ont plus que 250 000 euros de revenus quand c'est une personne seule, ou 500 000 euros du coup si c'est un couple. Et le Premier ministre a arbitré qu'il souhaitait que nous gardions ce dispositif. Il a par ailleurs indiqué que dans notre pays, quand certains organisent la gestion de leur patrimoine avec des holdings, et que ces holdings sont constituées d'actifs qui ne sont pas productifs, le Premier ministre a aussi indiqué qu'il souhaitait que nous trouvions une manière d'assurer que l'impôt qui existe, est payé, qu'il n'y a pas de sur optimisation, qu'il n'y a pas d'évitement. Et l'ensemble de ces mesures d'équité fiscale représente, vous l'avez vu, à peu près 2 à 3 milliards d'euros, et ce sont des choses que nous allons détailler avec les parlementaires.
Léonard ATTAL
Justement, sur ces mesures qui s'apparentent à des hausses d'impôts, ces mesures, mais je pense aussi au gel du barème de l'impôt sur le revenu, est-ce que le président de la République, qui ne voulait pas de hausses d'impôts, s'est exprimé ce matin ? Plus généralement, est-ce qu'il s'est exprimé sur les annonces du Premier ministre hier ? Merci.
Sophie PRIMAS
Je voudrais répondre à cette question. En effet, le président de la République a réagi à cette présentation du budget en indiquant effectivement que ce budget avait la vertu du courage, de l'audace, de la lucidité et de regarder les objectifs d'investissement auxquels la France doit faire face, la nation doit faire face, avec beaucoup de lucidité et d'honnêteté. Et donc, il a remercié le Premier ministre, encouragé le Gouvernement et rappelé que le nerf de notre nation, c'était bien sûr la croissance. Et donc, il lui semblait que les dispositions qui avaient été prises vont dans le sens de la croissance et du soutien aux facteurs de croissance.
Journaliste
Une deuxième question sur les prises en charge sociales et médico-sociales. François BAYROU a rappelé hier que beaucoup de Français sont en ALD. Est-ce que vous pouvez nous en dire plus sur les types de soins qui ne seront plus pris en charge parmi les Français qui sont en ALD ? Et un deuxième point a été présenté par François BAYROU hier, c'est sur l'utilisation de matériel, notamment les cannes anglaises et les fauteuils roulants. Est-ce que vous pouvez nous expliquer comment la répartition du matériel sera organisée entre les hôpitaux, les structures médico-sociales et autres ?
Amélie de MONTCHALIN
Je vous remercie. Là, on est en train, vous voyez, de construire une architecture budgétaire. Il y a évidemment des principes. Catherine VAUTRIN et Yannick NEUDER et Charlotte PARMENTIER-LECOCQ, évidemment, d'ici au projet de loi de financement de la Sécurité sociale et avec l'ensemble des acteurs, vont préciser ces objectifs. Mais vous l'avez entendu, notamment Catherine VAUTRIN, y est longuement revenue, notre objectif, c'est de faire des choses qui, à la fois, sont protectrices de la santé des Français, qui aussi soient dans la responsabilité collective et qui, au fond, fassent preuve d'une forme de bon sens sur un certain nombre de dispositifs. Donc je la laisserai avec tous les Ministères de son équipe et les ministres de son équipe, surtout, préciser. Mais à nouveau, n'ayons pas en tête que nous allons faire moins bien. Je pense qu'il y a des choses que les Français voient très bien, comme parfois étant source d'ailleurs d'interrogations pour eux. Je crois qu'on connaît tous dans notre pays des personnes qui sont d'ailleurs parfois en ALD, comme on dit, depuis longtemps, et qui parfois disent elles-mêmes que ça fait tellement longtemps qu'elles sont en ALD que leur banque à nouveau leur fait des prêts bancaires, mais que la Sécurité sociale ne les considère pas comme, entre guillemets, guéries. Donc ce sont des questions qui sont des questions sociétales, sociales et qui seront annoncées en temps voulu dans le cadre de notre calendrier budgétaire et de réforme.
Victor DELAIR
Bonjour Madame la ministre, Victor DELAIR pour Le Parisien. Je me tourne plutôt vers vous Madame PRIMAS. Gérard LARCHER a annoncé… propose plutôt d'abaisser la facture pour les collectivités territoriales à 2 milliards d'économies, plutôt que les 5,4 annoncées hier par votre Gouvernement. Est-ce qu'il a raison de tirer la sonnette d'alarme ? Vous êtes plutôt proche de lui. Est-ce qu'il a raison en tout cas de se placer sur ce point de vue-là ?
Sophie PRIMAS
Alors d'abord, je voudrais remercier le Sénat qui a rendu une copie, il y a quelques jours, au ministère à Bercy et au ministère des Comptes publics avec une proposition de budget et d'économie budgétaire et de refonte de nos dépenses publiques. Dans cette copie, le Sénat proposait des économies avoisinant 2 milliards pour les collectivités territoriales. La proposition que nous faisons est évidemment un peu supérieure. Elle est supérieure. Évidemment, c'est le rôle du Sénat et c'est le rôle du président du Sénat d'avoir une réaction de ce type. Mais nous sommes justement dans ce que Madame la ministre tout à l'heure appelait la période parlementaire, la période de discussion. Et nous aurons cette discussion au Sénat, naturellement, comme nous l'aurons probablement aussi à l'Assemblée nationale. Ce qu'il ne faut pas perdre de vue, c'est notre objectif général de 43,8 milliards d'économies globales sur l'ensemble du budget. Et donc, nous sommes à l'écoute du Parlement et des propositions qui seront faites par le Parlement.
Victor DELAIR
Merci.
Journaliste
Rebonjour. Vous allez, Amélie DE MONTCHALIN, tout à l'heure, voir les députés, notamment, les sénateurs également. Qu'allez-vous leur dire sur ce budget pour les convaincre, d'abord, j'imagine, de voter ce budget, mais aussi de ne pas censurer ?
Amélie DE MONTCHALIN
La première chose, d'abord, je pense qu'il faut qu'on ne se dise pas seulement aux députés et aux sénateurs, c'est qu'on entend à nouveau beaucoup depuis quelques semaines, vous savez, depuis quelques mois, depuis qu'on est arrivés, tous les 15 jours, on nous explique qu'on va être censurés. Vous voyez, on est toujours là, et on est là parce qu'on travaille pour les Français, et je pense que les Français attendent de nous qu'on soit au service de leurs priorités et que les moments politiques, notamment d'alternance, sont prévus au calendrier électoral. C'est en 2027. D'ici là, il faut que le travail soit utile. Ce que le Premier ministre a, je crois, montré avec beaucoup de sincérité hier, c'est que ce qu'il a montré comme étant la situation de notre pays, ça n'a pas changé, que vous censuriez, que vous changiez de gouvernement, qu'il y ait des épisodes politiques. Évidemment, le Parlement a le pouvoir de censurer. Et nous, Gouvernement, nous avons le devoir de trouver un compromis parce que c'est vital pour le pays. Donc, la première chose qu'on va faire, d'abord, c'est qu'on va présenter d'abord l'architecture de ce budget. Pourquoi nous avons fait un travail précis, crédible, pourquoi nous croyons que c'est ce qu'il faut faire pour le pays ? Nous allons ensuite travailler avec eux et nous allons nous donner tous les moyens pour que l'intérêt de la nation prévale. Et aujourd'hui, nous ne sommes pas, vous voyez, dans la phase de construction du compromis, nous sommes dans la phase de présentation de la manière dont nous avons organisé cet effort, ce qu'il veut dire, ce qu'il permet, ce qu'il n'est pas. Il n'est pas un plan fiscal de matraquage, il n'est pas un plan d'économie arbitraire, il n'est pas un plan de rabot généralisé. En faisant ce plan de ralentissement affirmé et que nous portons de la dépense publique, nous allons quand même continuer à augmenter nos dépenses. Pour les collectivités, c'est plus 3 milliards. Pour l'État, c'est plus 7 milliards. Pour la santé, c'est plus 5 milliards. Donc, c'est aussi ça qui va être question cet après-midi, que tout le monde comprenne bien ce que nous proposons. Et ensuite, viendra le temps du compromis, du travail, de la présentation du budget. Et donc on a devant nous beaucoup de temps, ce qui est une chance et ce qui est une nouveauté, puisque si le Premier ministre a décidé de le présenter maintenant, c'est pour que nous nous donnions le temps du compromis et que nous fassions passer dans la précipitation, comme je disais, avec des accords de couloir loin des Français et qui parfois ne sont pas compris.
Christelle MÉRAL
Bonjour mesdames les ministres, Christelle MÉRAL, France Télévisions. Une question sur le patrimoine public de l'État, Madame DE MONTCHALIN. En quoi la société foncière qui a été annoncée hier va permettre de mieux valoriser ce patrimoine public alors que la Cour des Comptes avait soulevé de vrais problèmes de mise aux normes d'investissement ? Que va faire concrètement cette société foncière, alors qu'il y a déjà une agence qui vend les biens de l'État, lorsqu'il s'agit désormais davantage de louer ? Et enfin, quelles sont les recettes attendues en 2026 ?
Amélie DE MONTCHALIN
Merci beaucoup pour votre question. D'abord, en préambule, il n'y a pas de patrimoine de l'État, il n'y a que du patrimoine des Français. Tout ce que l'État possède, ça a été payé par l'impôt des Français au cours de décennies, voire parfois de siècles. Et donc notre devoir, nous qui sommes au Gouvernement, qu'on soit ministre, qu'on soit directeur d'administration, qu'on soit préfet, qu'on soit… à tout niveau, ce patrimoine, c'est une richesse de notre pays. On doit donc en prendre soin, le rénover, on doit bien le gérer, bien le connaître, parfois le vendre, parfois acheter, construire, et on doit aussi bien le valoriser. Il a une valeur, ce patrimoine. Et donc comment, dans un pays qui a pendant des siècles construit ce patrimoine qui nous appartient à nous, Français, nous donne des outils de bonne gestion. Et vous l'avez dit, la Cour des comptes et beaucoup d'autres, et je dois dire moi-même puisque je suis aussi en charge de l'immobilier de l'État, par exemple, nous constatons que nous pouvons faire beaucoup, beaucoup mieux. Et donc cette société foncière a pour objectif non pas seulement de s'occuper de faire la cartographie des biens publics, mais aussi du coup leur bon entretien, leur rénovation, leur rénovation énergétique, leur bonne gestion. Et je vais vous donner un exemple très concret. Nous étions avec le Premier ministre il y a quelques semaines à Montpellier. Et à Montpellier, nous avons, avec le maire, et ça se fait, et dans notre vision, avec les collectivités, parce que ces bâtiments, ils ne sont pas n'importe où, ils sont inclus dans des collectivités, dans des endroits où il y a des maires qui eux-mêmes ont des projets. Nous avons, à Montpellier, réorganisé toute notre empreinte immobilière de la direction générale des Finances publiques. Il y avait plus de 7 localisations différentes à Montpellier qui vont être maintenant réorganisées en deux sites, dans des lieux qui sont agréables pour les agents, qui sont adaptés aux besoins, un d'ailleurs en quartier politique de la ville, donc proche des Français. Et vous voyez, ce patrimoine, c'est un outil. Donc il y a évidemment, vous voyez, des biens patrimoniaux très reconnaissables, historiques, mais il y a aussi beaucoup de lieux qui sont des lieux d'accueil et qui doivent être adaptés à nos besoins. Et donc Montpellier est un exemple. J'étais, par exemple, à Rouen, où j'ai inauguré la cité administrative, en faisant un nouveau projet immobilier grâce notamment aux services qui sont ceux qui deviendront demain la foncière de l'État. Nous avons par exemple fait 50 % d'économies sur l'énergie du bâtiment et nous avons donné aux agents les meilleures conditions de travail. Donc combien ça rapporte ? À moyen terme, beaucoup. À court terme, c'est des investissements, mais c'est aussi des ventes. C'est une meilleure gestion. Au fond, ça s'appellerait la gestion de bon père de famille. Qu'est-ce qu'on a ? Comment on le valorise ? Qu'est-ce qui est utile ? Qu'est-ce qui est aussi utile aux Français ? À quel endroit ? Et qu'on ait cette gestion dans l'intérêt des Français. Mais il n'y a pas de patrimoine de l'État, c'est le nôtre.
Journaliste
Oui, mais concrètement en 2026, donc vous n'attendez pas de recettes puisque là, ce dont vous parlez plutôt, c'est de l'investissement.
Amélie DE MONTCHALIN
Il y aura évidemment des décisions qui seront prises sur un certain nombre de projets qui sont parfois déjà lancés, qu'on va accélérer, des choses qui se feront évidemment en 2026, mais vous voyez bien, on est sur une réforme dite structurelle et qui doit nous amener à avoir 3 % de déficit en 2029 et d'arrêter d'augmenter notre dette et d'avoir une gestion un peu stratégique de ces biens.
Mathieu COACHE
Bonjour mesdames les ministres, Mathieu COACHE, BFMTV. Le 20 février dernier, l'Assemblée nationale a voté une taxe de 2 % sur les foyers fiscaux dont la fortune dépasse les 100 millions d'euros, ce qui rapporterait au moins 15 milliards d'euros selon des travaux du Sénat. Est-ce que cette mesure dans le devoir de compromis que vous avez évoqué il y a quelques minutes peut revenir sur la table ou est-ce que vous l'avez définitivement abandonnée ?
Amélie DE MONTCHALIN
Je l'ai dit, nous sommes évidemment ouverts au débat, mais nous avons plusieurs boussoles, des choses qu'il faut dire clairement aux Français. Le Premier ministre, vous savez, je crois que c'était son quatrième principe hier, a dit, "nous ne pouvons pas aujourd'hui, dans la situation à la fois nationale, européenne et mondiale qui est la nôtre, affaiblir le travail et affaiblir les entreprises, et donc affaiblir les entrepreneurs." Vous avez entendu que nous n'avons pas de limite au raisonnement, nous avons nous-mêmes des projets, des réflexions, mais nous ne voulons pas affaiblir nos entreprises, nos entrepreneurs et notre capacité à avoir de la croissance. La proposition dont vous me parlez, qui a été débattue à l'Assemblée, qui a été débattue au Sénat, je m'y suis opposée au nom du Gouvernement, pour la simple et bonne raison que ce mécanisme, s'il était mis en place, ses propres concepteurs considèrent que la manière dont ils auraient le rendement qui est promis se ferait en partie par une exit tax, c'est-à-dire que, vu l'impôt qui existerait en France et qui n'existerait nulle part ailleurs, notamment pas en Europe, il est possible que les 1 800 personnes qui sont concernées par cette proposition – vous pourrez prendre, vous voyez, le TGV, le train ou aller un peu plus loin – et donc ne seraient plus des contribuables français. Ils ont donc proposé eux-mêmes, d'ailleurs, qu'on taxe cette sortie. Et je leur ai fait remarquer que donc au bout de 5 ans, au moment où cette exit tax viendrait à échéance, eh bien nous n'aurions ni les entrepreneurs, ni le rendement pour l'État. Et donc nous sommes prêts, je l'ai dit, à regarder les enjeux de sur-optimisation, les enjeux de holding qui ont des actifs non productifs. Sur tout ça, nous travaillons. Mais si, à la fin, la conséquence, c'est qu'on n'est plus attractif, c'est qu'il n'y a plus d'investissement, c'est qu'on a des entreprises affaiblies et qu'au fond, les gens partent, on voit bien que ce n'est pas notre objectif. Je tiens à vous signaler qu'au Royaume-Uni, sur une proposition beaucoup plus modérée, mais qui a quelques ressemblances, en quelques mois, ce sont 1 400 foyers qui sont partis et qui ont sorti du pays 110 milliards de livres d'investissement. Je ne crois pas que c'était ni bon, vous voyez, pour les services publics britanniques, et ce n'est manifestement pas ce que nous voulons faire en France. Donc, prêts à discuter, mais nous avons une boussole, c'est que le travail des entreprises, les entrepreneurs, nous les voulons en France, motivés, mobilisés, conquérants, et donc, vous voyez, qu'ils ne passent pas les frontières pour les s'installer ailleurs, parce que ça ne résout aucun problème.
Arthur BELLIER
Bonjour, Mesdames les ministres. Arthur BELLIER pour RTL. Petite question pour Madame MONTCHALIN sur les suppressions d'emplois dans la fonction publique annoncées hier par le Premier ministre. Je reprends la synthèse envoyée par Matignon. Vous parlez d'une réduction de 3 000 emplois publics dès l'année prochaine. Plus bas, vous parlez de 1 000 à 1 500 emplois supprimés chez les opérateurs de l'État. Est-ce qu'ils sont compris dans les 3 000 ?
Amélie DE MONTCHALIN
C'est toujours inclus.
Arthur BELLIER
D'accord. Et sur les autres, donc en gros 2 000 emplois, est-ce qu'ils sont déjà fléchés dans votre tête vers quels services de l'État vont devoir supprimer des postes ?
Amélie DE MONTCHALIN
Alors, tout ça sera évidemment présenté dans le cadre du budget. Nous sommes évidemment en très grande transparence, rien ne se fait de manière cachée. Déjà, vous donner là aussi la stratégie. Depuis 8 ans, nous réformons, nous modernisons nos services publics. On vient d'ailleurs de se parler, vous voyez, de comment on aménage les services publics, où est-ce qu'on les localise. J'ai moi-même annoncé la semaine dernière une relocalisation, vous voyez, de beaucoup d'agents des impôts partout en France, à Parthenay, à Brive, sur l'île de La Réunion, pour rapprocher les agents et les sortir parfois des plus grandes métropoles. Donc, vous voyez, c'est aussi une dynamique que nous avons. Et cette modernisation, cette transformation, j'ai été d'ailleurs ministre de la Fonction publique, donc je peux vous en parler avec d'autant plus de volonté, elle permet ensuite, sans dégrader les services publics, eh bien, de nous organiser différemment. Il y a évidemment le ministère dont j'ai la charge aujourd'hui, qui a, par le prélèvement à la source, tellement changé son organisation que pendant des années, et ça a été un effort très important que je veux saluer, mais cette administration a permis de réduire ses emplois. Cette même dynamique a lieu dans d'autres services publics. Les caisses de la Sécurité sociale se réorganisent, des ministères se réorganisent, et donc, nous continuons. Ce que je veux en revanche dire, c'est que ce n'est pas parce que nous annonçons cela qu'il n'y a pas de recrutement. Nous allons évidemment recruter des militaires. Nous allons évidemment recruter des agents pénitentiaires. Si on ouvre des places de prison, il faut qu'il y ait quand même des gens qui puissent travailler dans ces lieux. Nous allons aussi recruter des nouveaux élèves stagiaires, enseignants, parce que vous le savez, Élisabeth BORNE a porté une réforme qui fait que nous allons recruter plus tôt les enseignants. Et donc, pendant deux ans, au lieu de recruter, vous voyez, les enseignants en niveau master, on va les recruter au niveau licence. Pendant deux ans, on va recruter plus d'élèves, dans des proportions que la ministre pourra détailler, mais qui sont importantes. Donc, notre objectif, c'est un meilleur service public, c'est plus d'efficacité, c'est une organisation, donc ce n'est pas du rabot, ce n'est pas quelque chose de vertical qui est décrété de manière arbitraire et aveugle, et c'est comme ça qu'on veut travailler.
Victor DELAIR
Bonjour, Victor DELAIR à nouveau pour Le Parisien. Juste une deuxième question. Je me dirige plutôt vers vous, Madame la ministre DE MONTCHALIN. On a une contre-proposition, notamment des sénateurs qui avaient été mis à l'agenda par Xavier BERTRAND en 2008, concernant les jours fériés et la suppression des deux jours, de peut-être travailler 14 heures de plus par année. Est-ce que c'est une piste ? Est-ce que c'est quelque chose d'envisageable ? Ou est-ce que vous ne l'envisagez pas du tout à ce stade ?
Amélie DE MONTCHALIN
En fait, on peut l'appeler comme on veut. Si on supprime deux jours fériés, le temps de travail, il va augmenter de 14 heures. Il va passer de 1 607 heures à 1 621 heures. C'est ça qu'on veut dire, parce que sinon, autant être clair avec les Français. C'est précisément de tout cela qu'il va être débattu avec les organisations syndicales patronales par Astrid PANOSYAN-BOUVET et Catherine VAUTRIN qui commencent leurs consultations. Mais je peux le dire, effectivement, nous avons un point de convergence, c'est que l'objectif, c'est bien que nous travaillions un petit peu plus, 14 heures de plus dans l'année. C'est passé de 1 607 à 1 621 heures. Et je le redis, si vous faites le calcul, c'est à peu près 0,5 %, si on fait le calcul de manière brute, d'activité en plus. Regardez ce qu'est notre croissance aujourd'hui. Dites-vous ce que ça veut dire, même si on n'arrive à faire que la moitié de l'impact, 0,25 % de croissance en plus, quand vous voyez qu'on est en train d'être à 0,6, 0,7, 0,8, c'est tous les débats que vous avez dans vos journaux, on voit que ça compte et que cette richesse en plus, elle peut être évidemment bénéfique au pays, bénéfises, bénéfique aux salariés.
Journaliste
Ultime question au sujet de l'international, plutôt à destination de Mme PRIMAS, la porte-parole. Nos confrères de Politico assurent que la France ne participera pas à l'initiative américaine d'achat d'armes américaines à destination de l'Ukraine au contraire d'autres pays européens comme l'Allemagne notamment. Est-ce que vous confirmez cette information ? Et est-ce que nous prévoyons, en remplacement, d'envoyer de nouvelles armes françaises à l'Ukraine ? Et pour quelles raisons nous ne participerions pas à cet achat groupé d'armes américaines ? Est-ce que c'est pour des raisons budgétaires ou plutôt de souveraineté militaire ? Merci.
Sophie PRIMAS
Merci de cette question qui me permettrait d'affirmer la volonté de la France d'être aux côtés des Ukrainiens et de continuer son soutien à la fois en ce moment, au moment où elle a besoin d'un armement et d'être soutenue de ce point de vue là, mais aussi dans le futur en essayant de créer les conditions du cessez-le-feu et de l'indépendance de l'Ukraine et d'un cessez-le-feu durable dans le temps. Alors, sur votre question, je n'en ai pas la mécanique exacte, mais ce qui est certain, c'est que nous nous plaçons dans le cadre d'un soutien en armement, d'une façon ou d'une autre, avec, nous le souhaitons, une préférence maximum pour les achats européens d'armement. C'est en tout cas la position très forte qui est portée par la France.
Journaliste
Vous nous confirmez que la France n'achètera pas d'armes américaines pour les envoyer ensuite en Ukraine ?
Sophie PRIMAS
Je ne vous confirme pas ça parce que je n'en ai pas l'information et donc je préfère revenir vers vous un peu plus tard.
Journaliste
Merci.
Sophie PRIMAS
Merci. Est-ce qu'il y a d'autres questions ? Très bien, je vous remercie. J'ai perdu ma petite fiche POL, si vous pouvez venir à mon secours. Il me reste à saluer, je vais vous passer la question POL, dans une seconde, dès qu'on l'a retrouvée. Et je voudrais saluer une influenceuse qui est avec nous. Où est-ce qu'elle est ? Léa PASSION. Voilà. Bonjour à vous. Merci de suivre notre compte rendu. En fait, la question POL portait, et je remercie les internautes qui ont participé, très, très nombreux, portait sur le budget de façon peu étonnante. Voilà. Merci, Antoine. Voilà, la question la plus posée était : comment rembourser la dette grandissante sans faire payer les plus pauvres et en refusant les projets comme la taxe Zucman qu'on a évoquée il y a un instant ? Il y a en effet, et nous l'avons longuement déployé ce matin, un problème de dette dans notre pays. Je veux vous rappeler un chiffre qui est assez étonnant et que le Premier ministre a mis en avant hier, c'est que chaque seconde dans notre pays, notre dette augmente de 5 000 euros. Il faut donc regarder à la fois comment nous en sommes arrivés là. L'aggravation de la dette ne s'explique pas par le manque d'impôts, vous le savez, parce que la France est le pays où il y a le taux de prélèvement obligatoire le plus élevé. Elle s'explique par deux choses. Premièrement, un niveau de production qui est trop faible, et c'est un des axes de développement que nous voulons mettre au cœur de notre stratégie, et également par un niveau de dépense qui est trop élevé. En un mot, nous dépensons chaque année bien plus que ce que nous créons et ce que nous gagnons. Le plan que le Premier ministre a présenté hier vise deux choses. Le premier levier, et je le redis, c'est de produire plus de richesses, et c'est la raison pour laquelle nous sommes très attachés à ne pas attaquer notre capacité productive. Nous devons renforcer notre attractivité pour attirer davantage d'industries et préserver celles qui existent. Cela implique de ne pas augmenter de manière unilatérale et massive les taxes sur le patrimoine productif, ce qui est le cas de la taxe Zucman. Cette taxe impliquerait, en effet, pour beaucoup d'entrepreneurs, de devoir vendre tout ou partie de leur entreprise pour s'acquitter de l'impôt. C'est une fragilisation de notre système économique et c'est également très injuste. Pour autant, nous ne sommes pas aveugles aux enjeux de justice fiscale. C'est pourquoi le Premier ministre a présenté hier des mesures de lutte contre la sur-optimisation fiscale pour que chacun contribue à sa juste part au redressement de nos comptes. Et enfin, second levier qui a été largement abordé, la France doit ralentir ses dépenses. C'est pour cela que le Premier ministre a présenté un effort partagé qui permettra de réduire le train de vie de l'État et de revoir notre organisation pour être beaucoup plus efficace et beaucoup plus efficient au service de l'ensemble des Français. Voilà, je vous remercie pour cette conférence de presse et à la semaine prochaine pour le dernier Conseil des ministres ! Non, l'avant-dernier, l'avant-dernier. Je veux partir en vacances plus tôt, c'est pour ça.
Source https://www.info.gouv.fr, le 17 juillet 2025