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Relations entre la France et l'Algérie : les principales dates depuis 1962

Temps de lecture  11 minutes

Par : La Rédaction

Les relations entre la France et l'Algérie ont connu une alternance de coopérations et de tensions depuis l'accession à l'indépendance de l'Algérie. Retour sur les différentes phases de ces relations.

De l'indépendance au conflit civil algérien

5 juillet 1962 
Proclamation de l'indépendance de l'Algérie après la signature des accords d’Évian du 19 mars 1962. Ces textes comportent un cessez-le-feu, une procédure de transfert de souveraineté de la France à un nouvel État algérien dans le cadre d'une phase de transition, et la définition des rapports futurs entre les deux États (notamment, aide financière de la France contre un accès privilégié aux hydrocarbures du Sahara algérien). 

La France s’engage à mettre à la disposition de l’État algérien des moyens nécessaires pour développer l’enseignement, la recherche scientifique et la formation professionnelle. De nombreux coopérants français sont envoyés en Algérie à cet effet. Ce modèle de coopération prend fin peu après le coup d'État du colonel Boumédiène contre le président Ahmed Ben Bella. 

1967
En application des accords d'Évian qui l'autorisaient à poursuivre ses essais nucléaires au Sahara pendant cinq ans, la France quitte les installations de Reggane et d'In Eker. Elle aura procédé au total à 17 essais nucléaires au Sahara.

27 décembre 1968 
Signature par la France et l'Algérie d'un accord définissant les conditions de circulation, d’emploi et de séjour des Algériens en France. Cet accord définit un régime dérogatoire au droit commun pour les ressortissants algériens. Par exemple, le titre de séjour des Algériens en France est un "certificat de résidence", valable de un ou dix ans. Depuis 1968, l'accord a fait l'objet de trois avenants (en 1985, 1994 et 2001). Ces avenants ont aligné la situation des ressortissants algériens sur le droit commun.

24 février 1971
Nationalisation du pétrole et du gaz algériens jusqu'alors exploités par des sociétés françaises en application des accords d'Évian.

10-12 avril 1975
Valéry Giscard d'Estaing se rend à Alger. C'est le premier voyage officiel d'un président de la République française en Algérie depuis l'indépendance.

30 novembre-1er décembre 1981
Voyage officiel en Algérie de François Mitterrand. À son arrivée à Alger, le président français s'incline devant la tombe de Houari Boumédiène, inhumé dans le carré des martyrs. Houari Boumédiène, deuxième président algérien, a joué un rôle clé dans la lutte pour l'indépendance en dirigeant l'armée des frontières.

3 février 1982
Accord sur la livraison de gaz algérien à la France à un prix supérieur au marché. Le gouvernement justifie ce surcoût dans les termes suivants : "La déclaration commune souligne que cet accord répond à la nécessité de valoriser et de mieux commercialiser les produits de base des pays du tiers monde. Cette question, à laquelle l'Algérie attache une importance toute particulière, constitue l'une des priorités affirmées par le Président de la République dans le cadre du dialogue Nord-Sud."

Janvier 1992
En Algérie, les élections législatives remportées par le Front islamique du salut (FIS) sont annulées. Début d'une guerre civile opposant les groupes islamistes et le gouvernement algérien. 

24-26 décembre 1994 
Prise de contrôle d’un avion d’Air France par des membres du groupe islamiste armé (GIA). Le GIGN intervient le 26 alors que l'avion est posé à l'aéroport de Marseille-Marignane.

1995 
Série d'attentats à Paris revendiqués par le GIA.

Renforcement des relations bilatérales

18 octobre 1999
Promulgation de la loi relative à la substitution, à l'expression "aux opérations effectuées en Afrique du Nord", de l'expression "à la Guerre d'Algérie ou aux combats en Tunisie et au Maroc".

6 octobre 2001 
Sifflets au moment de la Marseillaise et envahissement de la pelouse à la 76e minute lors d'un match France-Algérie au Stade de France. 

2-4 mars 2003
Visite d’État en Algérie du président de la République Jacques Chirac. Signature avec le président Abdelaziz Bouteflika de la "Déclaration d’Alger" qui prévoit le renforcement des relations bilatérales et le développement d’un "partenariat économique privilégié".

23 février 2005
Adoption, par le Parlement français, d’une loi évoquant, dans son article 4, "le rôle positif de la présence française" en Afrique du Nord. Pour le président algérien Abdelaziz Bouteflika, cette loi "représente une cécité mentale confiant au négationnisme et au révisionnisme". Après une décision du Conseil constitutionnel qui considère que l'article 4 de la loi de 2005 a un caractère réglementaire, la disposition est abrogée par le décret du 15 février 2006.

2008
Création d'un groupe de travail franco-algérien sur les essais nucléaires par les autorités des deux pays. Composé d’experts, il a pour mission d’étudier conjointement la question de la réhabilitation des anciens sites d’essais nucléaires au Sahara.

19 décembre 2012
Signature de la déclaration d'Alger sur l'amitié et la coopération entre la France et l'Algérie par François Hollande et Abdelaziz Bouteflika.

Mémoires de la Guerre d'Algérie

15 février 2017
Lors d'un déplacement en Algérie pendant la campagne pour l'élection présidentielle 2017, Emmanuel Macron qualifie la colonisation de crime contre l'humanité dans une interview télévisée.

13 septembre 2018
Dans une déclaration, le président de la République Emmanuel Macron reconnaît la responsabilité de la France dans la mort du mathématicien Maurice Audin pendant la Guerre d'Algérie. Le Président reconnaît également l'usage de la torture par les forces françaises pendant la Guerre d'Algérie.

12 mars 2020
Réunion à Alger de la VIe session du comité mixte économique franco-algérien (COMEFA). 

De 2019 à 2021 
Mouvement du Hirak en Algérie, en réaction à l'annonce d'une cinquième candidature du président Bouteflika à sa propre succession. Ce dernier démissionne de ses fonctions le 2 avril 2019. Le 13 décembre 2019, Adbelmadjid Tebboune est élu président de la République. Le mouvement de contestation se poursuit après l’élection mais s’essouffle avec l’arrivée de la pandémie de Covid-19, mi-mars 2020.

2020 
Emmanuel Macron commande, à l'historien Benjamin Stora, un rapport pour "réconcilier les mémoires autour de la décolonisation de la guerre d’Algérie". Une partie des propositions sont retenues dans le rapport final publié le 20 janvier 2021. Le porte-parole du gouvernement algérien dénonce un rapport "non-objectif" car occultant les "revendications légitimes de l’Algérie, en particulier la reconnaissance officielle par la France de crimes de guerre commis pendant la décolonisation".

2 mars 2021
Conformément à une proposition du rapport Stora, Emmanuel Macron reconnaît la responsabilité de la France dans l'assassinat du militant algérien Ali Boumendjel.

30 septembre 2021 
"Est-ce qu'il y avait une nation algérienne avant la colonisation française ?" Ces propos d'Emmanuel Macron au cours d'une conversation avec des jeunes sont relayés par le journal Le Monde et déclenchent une crise diplomatique entre les deux pays.

17 octobre 2021
Emmanuel Macron commémore les 60 ans de la manifestation du 17 octobre 1961 qui a donné lieu à une répression sanglante contre les Algériens qui manifestaient pour l'indépendance.

5 février 2022
Inauguration à Amboise d'une stèle en hommage à l’émir Abdelkader en présence de l’ambassadeur d’Algérie à Paris.

23 février 2022
Promulgation de la loi portant reconnaissance de la nation envers les Harkis. La loi reconnaît la responsabilité de la France dans les conditions d'accueil et de vie indignes des harkis et de leurs familles, rapatriés d'Algérie après les accords d'Évian de 1962. Une commission nationale de reconnaissance et de réparation est créée.

25-27 août 2022 
Voyage officiel d'Emmanuel Macron en Algérie. Le 27, signature de la Déclaration d'Alger pour un partenariat renouvelé entre la France et l'Algérie. Les deux chefs d'État s'engagent à se retrouver tous les deux ans dans le cadre d’un "Haut Conseil de Coopération", chargé de superviser le dialogue bilatéral.

9-10 octobre 2022
Réunion à Alger du Comité intergouvernemental de haut niveau (CIHN) présidé par les deux Premiers ministres. Cette réunion traduit les actes d’engagement pris dans la Déclaration d’Alger et débouche sur la signature de onze accords dans les secteurs suivants : tourisme, santé, agriculture, entreprenariat, innovation, industrie, social, inclusion et éducation.

15 août 2024
En marge des commémorations du Débarquement en Provence, Emmanuel Macron rencontre le chef du gouvernement du Royaume du Maroc. Lors de cet échange, ils évoquent la lettre du président français envoyée au roi Mohammed VI le 30 juillet 2024 dans laquelle il reconnaît la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Cette reconnaissance, alors que l'Algérie soutient le Front Polisario qui milite pour l'indépendance de ce territoire, provoque une crise diplomatique entre la France et l'Algérie.

1er novembre 2024
Dans un communiqué, Emmanuel Macron reconnait l'assassinat de Larbi Ben M'hidi, l'un des six dirigeants du FLN qui lancèrent l'insurrection du 1er novembre 1954, par des militaires français placés sous le commandement du général Aussaresses.

16 novembre 2024
Arrestation à Alger de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, pour "atteinte à l'intégrité du territoire national".   

10 janvier 2025 
Les autorités algériennes "interdisent de territoire" et renvoient en France un ressortissant algérien expulsé par les autorités françaises pour avoir tenu des propos d'"incitation à la violence".

29 janvier 2025 
Par la voix de son président Abdelmadjid Tebboune, l’Algérie demande que la France assume le nettoyage et le désenfouissement de déchets nucléaires consécutifs aux essais réalisés de 1960 à 1966 dans le Sahara algérien.

13 février 2025
L'Assemblée populaire nationale, chambre basse du Parlement algérien, organise une journée d'étude à l'occasion du 65e anniversaire du lancement des essais nucléaires en Algérie.

6 avril 2025
Les deux chefs d’État, Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune, échangent au téléphone dans l'optique de relancer les relations franco-algériennes. Le ministre des affaires étrangères, Jean-Louis Barrot, visite Alger le même jour, laissant espérer des avancées dans la gestion de la crise entre les deux États.

11 avril 2025
La police française arrête trois ressortissants algériens, dont un agent consulaire, dans le cadre d'une enquête sur l'enlèvement d'Amir Boukhors, un influenceur algérien surnommé "Amir DZ". Réfugié politique en France pour avoir critiqué le gouvernement algérien, il est destinataire de plusieurs mandats internationaux et de demandes d'extradition de la part de l'Algérie.

14 avril 2025
En réaction à l'arrestation des ressortissants algériens par la France, l'Algérie expulse 12 agents de l'ambassade de France. 

15 avril 2025
La France annonce le rappel de l'ambassadeur de France à Alger pour consultation. 12 agents diplomatiques algériens sont expulsés, à la suite des expulsions décidées par l'Algérie la veille. 

14 mai 2025
En réaction à la décision d'Alger d'expulser des fonctionnaires français, Jean-Noël Barrot, ministre des affaires étrangères français, annonce "le renvoi en Algérie de tous les agents titulaires de passeports diplomatiques qui n'auraient pas actuellement de visa".

25 juillet 2025
Bruno Retailleau, ministre de l'intérieur français, annonce la volonté de la France de restreindre les conditions de déplacement en France de certains dignitaires algériens, en réaction au refus de l'Algérie de reprendre 120 de ses ressortissants destinataires d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF). 

25 juillet 2025
La France délivre un mandat d'arrêt international contre Salaheddine Selloum, un ancien premier secrétaire de l'ambassade d'Algérie, mis en cause pour sa participation à l'enlèvement d'Amir Boukhors. 

6 août 2025
Emmanuel Macron appelle à suspendre "formellement" l'accord de 2013 "concernant les exemptions de visa sur les passeports officiels et diplomatiques". Il demande par ailleurs au gouvernement d'user du "levier visa-réadmission (LVR), qui "permet de refuser les visas de court séjour aux détenteurs de passeports officiels et diplomatiques, tout comme les visas de long séjour à tous types de demandeurs", disposition issue de la loi immigration du 26 janvier 2024

7 août 2025
L'Algérie réagit aux annonces d'Emmanuel Macron en accusant la France de s'exonérer de ses responsabilités. Le pays annonce également mettre fin au prêt de biens immobiliers à l'ambassade de France. La révision des baux contractés pour d'autres institutions, comme les instituts français ou les consulats, est également annoncée par le ministère algérien des affaires étrangères. 

17 octobre 2025
L'ambassadeur rappelé à Paris en avril 2025 participe à la cérémonie d’hommage aux victimes du 17 octobre 1961. 

19 octobre 2025
Laurent Nuñez, ministre de l'intérieur français, appelle à renouer le dialogue avec l'Algérie. Il déclare que l'accord du 27 décembre 1968 fonctionne, et que sa remise en question n'est pas "à l'ordre du jour".

30 octobre 2025
L'Assemblée nationale adopte une résolution (non contraignante), déposée par le Rassemblement national, visant à dénoncer les accords franco-algériens du 27 décembre 1968, à une voix près.