De la police de proximité à la police de sécurité du quotidien
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Gérard Collomb, le ministre de l'Intérieur, a dévoilé les contours de la police de sécurité du quotidien (PSQ) le 8 février 2018. Sa mise en place intervient quinze ans après la suppression de la police de proximité, par le ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy.
Si les deux dispositifs poursuivent les mêmes objectifs généraux : lutter contre le sentiment d'insécurité et accentuer la présence des forces de l'ordre auprès des habitants. Leur mise en application diffère sur un certain nombre de points.
La mise en place de la police de sécurité du quotidien est une promesse de campagne du candidat Emmanuel Macron. Le dispositif est présenté officiellement pour la première fois, lors du discours du Président de la République aux forces de sécurité intérieure, le 18 octobre 2017. La police de sécurité du quotidien n'a pas vocation à réinstaller une police de proximité, ni à créer des postes de police dans les quartiers. L'objectif principal est de réduire le sentiment d'insécurité des français.
La police de sécurité du quotidien
Le Ministre de l'intérieur dévoile les contours de la police de sécurité du quotidien le 28 octobre 2017. Le projet, qui devait initialement entrer en application, en janvier 2018, est présenté le 8 février 2018. Près de 70 000 fonctionnaires des services de police et de gendarmerie ont participé à une consultation sur le projet, entre le 28 octobre et le 10 décembre 2017. Son architecture repose sur les priorités suivantes :
- renforcement des effectifs et augmentation des moyens matériels,
- adaptation des forces de sécurité au numérique, notamment par la simplification de la procédure pénale,
- développer les échanges avec les acteurs privés et publiques locaux.
Les effectifs des services de la police nationale sont renforcés progressivement au sein de certains quartiers choisis par le Ministère de l'Intérieur. Quelques 15 quartiers sont concernés dès 2018 puis 15 autres en 2019. Fin 2020, 30 nouveaux quartiers verront leurs effectifs renforcés. Près de 600 postes y seront consacrés sur la période 2018-2019.
En zone gendarmerie, près de 500 postes dédiés viendront accroître les effectifs au sein des 20 départements sélectionnés. En parallèle, l'expérimentation des brigades et groupes de contact est étendue. Leur nombre devrait atteindre 250 unités d'ici à 2019.
Des moyens supplémentaires sont alloués. Le ministre de l'Intérieur promet une augmentation du budget annuel pour les équipements de l'ordre de 50 % pour la police et de 15 % pour la gendarmerie. Ces budgets sont respectivement de 150 millions d'euros et de 143 millions d'euros.
L'une des originalités du dispositif de la PSQ réside dans la mise à disposition des personnels de la police et de la gendarmerie, de moyens techniques qui n'existaient pas au début du siècle. Près de 110 000 tablettes numériques vont être remises aux agents d'ici 2020 (60 000 pour la gendarmerie et 50 000 pour la police). Quelques 10 000 caméras/piétons équiperont d'ici fin 2019 les personnels en patrouille.
Le ministère a annoncé le lancement d'une brigade numérique consacrée à la lutte contre les cyber-menaces. Par ailleurs, des logiciels de traitement des informations seront développés pour accélérer les travaux des services d'enquête. La dématérialisation de services usagers, concernant notamment l'enregistrement des plaintes complète cette adaptation au numérique.
La coopération à l'échelon locale constitue le dernier volet de la police de sécurité du quotidien. Elle consiste à développer la vigilance citoyenne par la création de référents proximité et sécurité respectivement choisis dans les commissariats et les conseils citoyens. Mais aussi en une sensibilisation aux tâches des forces de sécurité dans le cadre du service national universel, présenté publiquement à la mi-février. La coopération avec la police municipale et la mise en oeuvre d'une nouvelle stratégie d'action avec chacun des 35 400 Maires enrichit ce volet.