L’objectif du rapport remis le 24 octobre au gouvernement est de donner des clés de compréhension sur le concept de métavers, actuellement objet de nombreux débats.
Qu'est-ce qu'un métavers ?
"Un métavers est un service en ligne donnant accès à des simulations d’espaces 3D temps réel, partagées et persistantes, dans lesquelles on peut vivre des expériences immersives."
Dans cette définition proposée par le rapport, la 3D concerne les trois dimensions de l'espace (ce qui diffère du cinéma 3D qui ne propose que le relief). Les modes d'immersion sont multiples (réalité augmentée ou réalité virtuelle avec ou sans visiocasque, incarnation dans un avatar). La simulation est partagée par tous les utilisateurs connectés et se poursuit en leur absence. Chacun est libre de la rejoindre ou de la quitter.
Il existe différents types de métavers : hyperréalistes ou voxelisés (le voxel dans l'univers 3D est l'équivalent du pixel dans la 2D), projetés sur un écran ou spatialisés (immersion par un visiocasque), possibilités d'interactions plus ou moins développées... Les métavers s'appuient sur des technologies diverses dont les plus poussées sont les visiocasques et les chaînes de bloc (blockchain).
Les secteurs visés par le métavers sont nombreux : tourisme, culture, éducation, médecine, média, travail, administration publique… Les métavers s'annoncent comme de nouveaux médias dans une nouvelle ère du Web : "après l'ère du texte, puis le règne des images, et désormais celui des vidéos, viendrait l'heure d'un médium plus immersif". "Cette transformation se caractérise par le passage du statut d’observateur de l’extérieur à un participant de l’intérieur. Au croisement entre des espaces de jeux vidéo immersifs et des espaces de socialisation en réalité mixte, les métavers s’apparentent à des réseaux sociaux augmentés."
Une régulation nécessaire des technologies
Pour le rapport, les métavers, en réinventant la création numérique et l'expérience utilisateur, constituent une réelle opportunité culturelle pour la France. La mission plaide pour que la France occupe une place prépondérante dans le métavers, forte de ses compétences dans les domaines du virtuel. Elle invite les acteurs publics à se préparer dès maintenant à ce virage technologique afin de ne pas reproduire l'échec du Minitel qui préfigurait Internet dans les années 80.
L’avènement de nouvelles technologies (blockchain, cryptomonnaies, NFT – identification d'authenticité d'une œuvre numérique…) ouvre l’horizon d’un marché où les créateurs et les ayants droit pourraient tirer parti de leurs créations sans nécessairement dépendre des grandes plateformes (Facebook, Google, Apple…) qui d'ores et déjà veulent se saisir de leur position dominante pour occuper le marché.
Face aux potentiels effets pervers, la mission invite les pouvoirs publics à orchestrer une régulation des technologies du métavers, au-delà des normes déjà appliquées dans le secteur du digital (Digital Services Act, Digital Markets Act…).
Il s'agit d'anticiper les implications du métavers dans les champs de l’éthique, de la santé, de la justice, du droit, de l’encadrement fiscal, de la protection de l’intégrité individuelle... Et d'en examiner les enjeux sociétaux – en investissant dans la recherche interdisciplinaire (informatique, neurosciences, sciences sociales...) – et environnementaux (mises en place de solutions écoresponsables, mesure de l'impact environnemental...).
