Sur la période d’un an et demi entre début 2021 et mi-2022, le revenu moyen disponible a baissé de 720 euros par rapport à 2020 sous l’effet, principalement, de la hausse des prix de l’énergie. Les ménages les plus modestes ont été plus fortement touchés malgré des mesures de soutien aux revenus et la mise en place de boucliers tarifaires, constate l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) dans son étude du 19 décembre 2022 sur la hausse des prix de l'énergie.
Des ménages différemment touchés selon leurs revenus…
De 2020 à 2021, les tensions mondiales sur les marchés de l’énergie, au sortir de la crise du Covid-19 et sous l’effet du conflit en Ukraine, ont provoqué une hausse moyenne de 18% des prix de l’énergie :
- 5% pour l’électricité ;
- 20% pour l’essence et 24% pour le diesel ;
- 37% pour le gaz ;
- 41% pour le fioul domestique.
L’Insee observe une hausse de 24,8 milliards d’euros des dépenses des ménages, entre janvier 2021 et juin 2022. Cette hausse est fortement concentrée sur les prix de l’énergie (55%), à consommation inchangée et hors évolution tendancielle des prix.
Globalement, les mesures de soutien aux revenus des ménages déployés par l’État dans ce contexte (chèques énergie, bouclier tarifaire…) n’ont que faiblement compensé la hausse des prix (120 euros sur une hausse de 840 euros en moyenne par ménage).
Les ménages résidant hors zone urbaine, plus dépendants de la voiture et plus souvent équipés de chauffage au fioul, ont été les plus touchés par la hausse des prix (perte de 910 euros en moyenne).
En proportion du revenu disponible, les ménages les plus modestes sont les plus affectés par la hausse des prix tandis que, pour 30% des ménages les plus aisés, cette hausse a un effet relativement faible.
… et selon la nature des mesures mises en place
L'Insee distingue les deux types de mesures mises en place par l'État pour soutenir les revenus des ménages et en observe les effets :
- le bonus du chèque énergie et l'indemnité inflation (3,5 milliards d'euros au total), ciblés vers les 20% des ménages les plus modestes, ont représenté une aide moyenne de 130 euros pour les ménages situés hors unité urbaine, particulièrement impactés par la hausse des prix ;
- le bouclier tarifaire sur certaines énergies et la remise sur les prix à la pompe, non conditionnés aux revenus, ont davantage profité – en termes de montants – aux ménages les plus aisés, plus consommateurs d’énergie (gain de 350 euros en moyenne pour les 30% des ménages les plus aisés contre 180 euros pour les 10% les plus modestes). Même si, note l'Insee, "en proportion du revenu disponible élargi et corrigé, les ménages les plus modestes bénéficient des gains les plus élevés (+0,7% en moyenne pour les plus pauvres, contre +0,4% pour les 30% de ménages les plus aisés)".
Malgré les dispositifs mis en place "les effets conjugués des hausses de prix sont défavorables à l'ensemble des ménages", constate l'étude, mais "la perte de revenu est proportionnellement plus forte pour les plus modestes".