Une étude publiée en avril 2023 par France Stratégie analyse les spécificités de la fin de carrière des seniors selon les métiers. Elle brosse un panorama des départs en fin de carrière intervenus entre 2004 et 2019 et examine leurs liens avec le dernier métier exercé.
29% de sorties précoces de l’emploi chaque année
Les départs en fin de carrière (hors retraite et préretraite) peuvent intervenir dès 51 ans et être causés par :
- une longue maladie ou une invalidité. Elles motivent 10% des départs précoces ;
- le chômage (4% des départs) ;
- tout autre type d’inactivité (15%). Il s’agit des plus de 55 ans qui ont renoncé à chercher un emploi ou ne sont pas disponibles (car ils ont la charge d’un proche en situation de dépendance, par exemple).
Ce taux augmente à mesure que la qualification baisse. Il est de :
- 21% pour les cadres ;
- 39% chez les employés peu qualifiés et les ouvriers qualifiés ;
- 46% pour les ouvriers peu qualifiés.
Les départs précoces de l’emploi concernent surtout les métiers peu qualifiés (hébergement-restauration, du bâtiment et des travaux publics (BTP), services à la personne et de l’entretien, manutention).
Les métiers les moins affectés par les retraits précoces comprennent davantage de techniciens et de cadres (médecins, personnels d’études et de recherche, ingénieurs, enseignants…).
Les moins qualifiés cessent plus souvent leur activité pour raison de santé. Les sorties précoces pour chômage ou inactivité touchent quasiment toutes les catégories socioprofessionnelles.
Corrélation entre travail pénible et départ pour raison de santé
Les départs pour maladie ou invalidité sont plus courants chez les ouvriers, les aides à domicile, les employés de maison, les agents d’entretien et les employés de l’hôtellerie-restauration. Les conditions de travail difficiles accroissent le risque :
- d’accidents du travail. Moins fréquents avec l’âge, ils ont néanmoins des conséquences d’autant plus graves que le travailleur est âgé ;
- de maladies professionnelles, particulièrement de troubles musculosquelettiques (TMS).
Une personne de 50 à 69 ans sur trois exerce un métier présentant beaucoup de départs précoces pour raison de santé et des conditions de travail contraignantes (conducteur de véhicules, ouvrier du BTP ou de l’industrie, aide-soignant, aide à domicile, agent d’entretien…). Les trois quarts de ces métiers peinent à recruter. Améliorer les conditions de travail permettrait de retarder les départs en retraite et de favoriser l’embauche.
Comment les 40-59 ans anticipent-ils leur fin de carrière ?
D’après une enquête du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc), l’ensemble des actifs (surtout les femmes) s’inquiètent pour leur fin de carrière. Ils redoutent surtout de :
- ne pas être suffisamment en bonne santé pour tenir jusqu’à la retraite (68%) ;
- voir leurs revenus se dégrader (52%).
Pour favoriser l’emploi des seniors, le Crédoc recommande, notamment, de développer leur formation, de lutter contre les stéréotypes et de repérer dès 45 ans les risques de décrochage.