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Travail : quels sont les déterminants des professions exercées par les immigrés ?

Temps de lecture  3 minutes

Par : La Rédaction

En étudiant les professions exercées par les immigrés, l'Insee pointe une décote de leur diplôme sur le marché du travail et une logique de spécialisation selon le pays d'origine. L'étude souligne tout de même une amélioration des conditions d'accès à l'emploi des descendants d'immigrés.

En 2019, 53% des immigrés vivant en France possédaient un diplôme au moins équivalent au baccalauréat. Pourtant le taux de chômage des immigrés est nettement supérieur à celui des personnes sans ascendance migratoire directe (13% contre 7%).

Une étude de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) du 29 juin 2023 s'intéresse à l'insertion des immigrés et de leurs descendants sur le marché de l'emploi.

 

Une décote du diplôme sur le marché du travail

En 2019, près de 49% des personnes immigrées en emploi sont dans une profession du "tiers inférieur de l'échelle des qualifications" même si, en moyenne, ces derniers ont un niveau de diplôme plus élevé que les non-immigrés occupant la même profession.

L'Insee observe notamment une décote des qualifications à géométrie variable, mais commune à des zones géographiques ou culturelles d'émigration :

  • les travailleurs immigrés d'Afrique présentent une forte décote de leur diplôme alors que leur niveau de diplôme est proche de la moyenne des immigrés ;
  • les immigrés originaires des pays à niveau de vie plus élevé (Europe de l'Ouest et du Nord, Espagne et Italie, Amérique du Nord) ont un niveau de diplôme supérieur à celui des non-immigrés et une décote très faible voire nulle.

Cette décote subie par les immigrés résulte "d'une forme de discrimination à l'embauche des personnes immigrées" mais elle peut aussi provenir d'autres facteurs dont une non-reconnaissance de diplômes obtenus à l'étranger ou encore une maîtrise lacunaire du français.

Une logique de proximité et de spécialisation

L'étude de l'Insee témoigne d'une logique de proximité qui encadre l'emploi des immigrés.

Par exemple, "un immigré originaire de Roumanie a, en moyenne, 30% de collègues de même origine dans son établissement alors que si l'ensemble des salariés d'origine roumaine étaient répartis aléatoirement dans ces établissements, cette probabilité ne serait que de 0,3%".

Ce phénomène, combiné à une décote commune de leur diplôme, permet de modéliser les spécialisations des immigrés selon leur zone géographique d'origine :

  • les immigrés originaires de Méditerranée orientale (Tunisie, Égypte, Syrie et Irak) et de la mer Noire (Turquie, Bulgarie, Roumanie) sont surreprésentés dans les métiers du bâtiment et des travaux publics (BTP) ;

  • ceux d'origine africaine sont surreprésentés parmi les employés de maison, agents de gardiennage et les agents d'entretien ;

  • on parle aussi d'hyperspécialisation des immigrés originaires de Chine puisque 71% d'entre eux occupent des métiers de l'hôtellerie et de la restauration.

Les descendants d'immigrés subissent moins les difficultés qu'ont pu connaître leurs aînés, liées à la maîtrise de la langue, à la reconnaissance des diplômes étrangers ou au statut administratif.

Ils sont en moyenne plus diplômés que leurs parents. La décote de leurs diplômes est faible, sauf pour ceux dont les parents sont originaires d'Afrique et de Turquie. Ainsi leur plus faible accès à l'emploi doit relever de discriminations liées à l'origine migratoire ou à l'origine sociale.

L'Insee souligne notamment une spécialisation moins intense et différente des descendants d'immigrés.