Chaque année, le gouvernement publie les résultats du baromètre EY sur l'attractivité de la France. Il recense le nombre de projets d'investissements étrangers en 2023 dans 45 pays européens, y compris en Turquie.
Cette étude a été publiée quelques jours avant l’ouverture du sommet annuel "Choose France", le 13 mai 2024, au cours duquel plusieurs dirigeants d’entreprises étrangères ont annoncé 56 projets d'investissements en France pour une somme de 15 milliards d'euros.
L'attractivité de la France résiste dans une Europe en perte de vitesse
En Europe, le nombre de projets d’investissement directs étrangers (IDE) a reculé de 4% en 2023, sous l’effet du ralentissement économique et des chocs géopolitiques et énergétiques. La France observe une baisse comparable de 5% par rapport à 2022, mais reste la destination la plus attractive d’Europe pour les investisseurs étrangers. Avec 1 194 projets d’IDE en 2023, le pays se place devant le Royaume-Uni (985 projets) et l'Allemagne (733 projets).
Cinq régions françaises figurent parmi les quinze régions les plus attractives d’Europe pour les investissements étrangers : l’Île-de-France, l’Auvergne-Rhône-Alpes, le Grand Est, les Hauts-de-France et l’Occitanie.
La France a mis en œuvre, ces dix dernières années, une série de réformes qui ont contribué à créer un cadre plus favorable aux entreprises (réforme du code du travail, réduction de l’impôt sur les sociétés et des impôts de production, loi Pacte, plans France Relance et France 2030). Le pays a aussi bénéficié des effets du Brexit et des difficultés rencontrées par ses principaux concurrents.
L’industrie demeure l’un des principaux moteurs d’attractivité de la France (530 projets en 2023). Le pays occupe la première place dans onze secteurs sur 15, notamment dans l'automobile, les équipements industriels, la logistique, la pharmaceutique et l'électronique. La France est en tête également dans le secteur de l’intelligence artificielle (IA). Elle est devancée par le Royaume-Uni dans les domaines du digital, de l'énergie et de la finance.
Mais l’Hexagone souffre toujours d’un déficit de compétitivité
En 2023, les investissements étrangers en France ont engendré la création de 39 773 emplois (+4% par rapport à 2022).
Malgré un nombre élevé de projets d'investissement, la France accuse un retard dans la création d'emplois. Chaque projet crée, en moyenne, 35 emplois dans l’Hexagone, tandis que ce chiffre est de 49 en Allemagne, 61 au Royaume-Uni et 299 en Espagne. En cause, le coût du travail qui reste élevé en France et crée un écart de compétitivité par rapport à d'autres pays européens.
Ces écarts sur l’emploi s’expliquent aussi par la difficulté de la France à attirer des projets de créations de sites plutôt que d’extensions de sites existants. Les nouvelles implantations représentent respectivement 75% et 77% des projets au Royaume-Uni et en Allemagne, contre seulement 36% en France. Plusieurs obstacles sont mentionnés par les dirigeants étrangers, comme la longueur des procédures ou encore la rareté du foncier pour les sites industriels et logistiques.
Le baromètre note, par ailleurs, des signes de faiblesse dans certaines industries historiques, telles que la chimie et l’agroalimentaire. En 2023, le nombre de projets d’IDE dans ces deux secteurs a diminué respectivement de 23% et 24%, ce qui soulève des questions sur l'innovation en France.