"Le livret A constitue le placement financier le plus répandu au sein de la population française. Son encours est en progression constante depuis 2017. À la fin de l’année 2023, il s’établissait à 414 milliards d’euros" souligne le rapport d'information de l'Assemblée nationale sur la rémunération de l’épargne populaire et des classes moyennes qui a été publié le 14 mai 2025.
Une épargne réglementée mal rémunérée
Les produits d'épargne réglementée présentent des avantages :
- leur parfaite liquidité (les épargnants peuvent retirer les sommes placées à tout moment) ;
- pour la plupart d'entre eux, l'absence de fiscalité (les intérêts perçus ne sont assujettis ni à l’impôt sur le revenu, ni aux contributions sociales) ;
- la garantie des dépôts par l'État.
Ces avantages expliquent les taux de rémunération relativement faibles.
Selon les rapporteurs, présentés comme "sans risque" par rapport à d’autres placements de moyen et long terme, ces produits particulièrement souscrits par les ménages modestes et les classes moyennes connaissent en réalité :
- un risque certain, l’érosion monétaire, la prise de valeur de l’épargne ne compensant pas la hausse des prix liée à l’inflation ("selon la Banque de France, le rendement réel du livret A est systématiquement négatif depuis 2016, et médiocre auparavant, oscillant entre 0 et 2%") ;
- et un "risque caché", "la perte organisée d’opportunités d’investissements rémunérateurs avec des risques modérés, voire faibles" (selon l'Autorité des marchés financiers, les actions françaises du CAC 40, dividendes réinvestis, affichent depuis 1988 des performances supérieures à celles des autres placements, avec un rendement annuel réel moyen de 6,6%).
Concernant les dispositifs d’épargne logement (plan d'épargne logement, PEL, et compte d'épargne logement, CEL), le rapport relève qu'ils ont "perdu en pertinence" : "ces deux produits ont eu leur utilité dans les années 1970 et 1980 mais, compte tenu de l’envolée des prix de l’immobilier, qui ont triplé en vingt-cinq ans, ils ont perdu en efficacité par rapport à leur objectif premier [...] En outre, la durée du prêt potentiellement octroyé, limitée à quinze ans, se situe en retrait de celles résultant des pratiques de marché auxquelles la valorisation élevée des biens immobiliers a abouti".
Comment améliorer l'attractivité de cette épargne ?
Face à ce constat, parmi les 19 recommandations formulées, les rapporteurs préconisent notamment de :
- simplifier les produits d’épargne réglementée, en réduisant leur nombre et en unifiant leur régime fiscal ;
- garantir à l’épargne réglementée un niveau de rémunération la protégeant de l’érosion monétaire ;
- assurer que le dispositif des PEL et CEL puisse concourir réellement à l’acquisition d’un bien immobilier ou permettre de le transférer à une épargne réglementée existante en l’absence d’acquisition d’un bien ;
- promouvoir des campagnes d’information sur les bons comportements à observer en matière financière et intégrer des connaissances relatives à la finance dans les programmes scolaires et ajouter des actions d’éducation financière à la liste des formations éligibles au compte personnel de formation (CPF) ;
- instaurer chaque année un débat au Parlement sur l’épargne des Français et créer un rapport spécial sur le sujet.